L’Assemblée générale entérine une résolution appelant à une « paix globale, juste et durable en Ukraine » sur la base de la Charte des Nations Unies
Dans le cadre de sa onzième session extraordinaire d’urgence reprise hier et à quelques heures seulement du premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, l’Assemblée générale a adopté, aujourd’hui, à une large majorité, une nouvelle résolution destinée cette fois à défendre les principes de la Charte des Nations Unies « sous-tendant une paix globale, juste et durable en Ukraine ». Si les condamnations de l’agression russe ont dominé les interventions des États Membres, de nombreuses voix se sont également fait entendre pour appeler au dialogue et à la diplomatie en vue d’un règlement négocié du conflit.
La résolution, qui exige de nouveau que la Fédération de Russie « retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays », a été entérinée par 141 voix pour, 7 voix contre et 32 abstentions, après le rejet de deux propositions d’amendement soumises par le Bélarus. Le résultat du vote a été salué par une salve nourrie d’applaudissements dans la salle de l’Assemblée générale.
La Fédération de Russie, appuyée par le Bélarus, l’Érythrée, le Mali, le Nicaragua, la République arabe syrienne et la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a voté contre la résolution, tandis que la Chine, l’Inde ou encore la République islamique d’Iran se rangeaient dans le camp des abstentionnistes.
La Chine a justifié son abstention, en faisant valoir que le dialogue et les négociations sont les « seules voies possibles » pour mettre fin à cette crise. Exhortant la communauté internationale à unir ses forces pour faciliter de tels pourparlers, elle a aussi estimé qu’envoyer des armes en Ukraine ne fait que « verser de l’huile sur le feu » et prolonger le conflit, une position appuyée par Cuba. Plus mesurée, l’Inde a noté que si la résolution met à bon escient l’accent sur l’importance d’une intensification des efforts diplomatiques, elle montre aussi les limites du système de l’ONU pour régler les nouveaux conflits.
Considérant pour sa part que le texte « n’aborde pas de manière impartiale et globale tous les aspects de cette crise, y compris les provocations qui l’ont rendue possible », la République islamique d’Iran a proposé au Secrétaire général de créer un groupe transrégional chargé de favoriser un dialogue constructif et d’envisager des solutions de règlement à la crise.
« Ne soyons pas neutres quand il s’agit de faire respecter la Charte », a rétorqué le Ministre des affaires étrangères du Danemark, au nom des pays nordiques. Se taire face à l’injustice, c’est se placer du côté de l’oppresseur, a-t-il martelé, résumant le sentiment d’une majorité de délégations, selon lesquelles le droit de l’Ukraine de se protéger est consacré par l’Article 51 de la Charte. Aucun pays ne peut se sentir en sécurité dans un monde où une grande puissance, « qui de plus est dotée de l’arme nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité », décide de s’en prendre à ses voisins, a souligné la Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France.
En conséquence, laisser la Russie gagner cette guerre reviendrait à permettre à un État de fouler au pied la Charte des Nations Unies, a averti son homologue de l’Albanie, non sans mettre en garde contre un retour à « la logique des années 30 ». La vérité, a relevé la Ministre des affaires étrangère de l’Allemagne, est que si la Russie arrête de se battre, cette guerre prendra fin. « Si au contraire l’Ukraine arrête de se battre, elle disparaîtra de la carte ». Un avis partagé par le chef de la diplomatie du Japon, pour qui une paix décidée par un État agresseur serait une « paix injuste » et un « terrible précédent pour le reste de la planète ».
Dans ce contexte, le Ministre des affaires étrangères de la Pologne a jugé fondamental de veiller à ce que la Russie réponde pleinement de ses crimes. Il a été rejoint par ses homologues de la Lituanie, de la République tchèque et de la Roumanie, qui ont tous trois plaidé pour la création d’un tribunal spécial pour juger le crime d’agression commis contre l’Ukraine, la Cour pénale internationale n’étant pas compétente à cet égard. Cuba a cependant estimé que la résolution ne saurait constituer une base juridique pour créer un tribunal international, en l’absence d’un mandat de l’Assemblée générale.
Parmi les pays ayant voté en faveur du texte, des voix se sont également élevées pour appeler à garder ouverte la voie du dialogue entre les parties au conflit. Le Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie a ainsi demandé la tenue de pourparlers de paix sous l’égide de l’ONU, tout en mettant en garde les « grands pays » contre toute rhétorique incendiaire, « alors qu’ils n’ont perdu aucune vie dans cette guerre ». Baisser les bras et laisser le conflit s’intensifier serait une « grave erreur », a approuvé son homologue de la Suisse, en invitant les États Membres à envoyer un message fort de paix et de respect du droit international.
Sur cette même ligne, l’Uruguay a souhaité qu’à travers les mécanismes de négociation prévus par la Charte et avec la participation du Conseil de sécurité et du Secrétaire général, des voies de dialogue soient trouvées pour permettre aux parties de s’accorder sur des mesures de désescalade. De même, la Colombie a exhorté toutes les parties à rechercher une solution négociée, pacifique et durable au conflit.
La représentante de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale a quant à elle exhorté la communauté internationale à soutenir une « paix démocratique » déterminée par et pour les Ukrainiens. Se disant convaincue qu’ « une Russie démocratique n’aurait pas déclenché cette tragédie », elle a également souligné la nécessité de tracer la voie d’un retour de la démocratie en Fédération de Russie, dans le cadre d’une paix régionale.
LETTRE DATÉE DU 28 FÉVRIER 2014, ADRESSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2014/136)
Suite du débat et décision sur les projets d’amendement et le projet de résolution
M. LARS LØKKE RASMUSSEN, Ministre des affaires étrangères du Danemark, s’exprimant au nom des pays nordiques, a condamné la « guerre brutale » menée par la Fédération de Russie en Ukraine et dénoncé de multiples violations du droit international par les forces armées russes, y compris des déportations et des adoptions forcées, des viols, l’usage de la torture, ainsi que des attaques inhumaines contre des infrastructures essentielles comme des écoles. Face à cela, la communauté internationale porte une responsabilité commune, celle d’enquêter et de rendre la justice, a-t-il considéré. La résolution présentée aujourd’hui demande de dénoncer cette agression, d’appuyer une paix globale, juste et durable sur la base de la Charte, a expliqué le représentant. Elle exige que la Russie retire immédiatement ses forces et engage à coopérer dans un esprit de solidarité pour remédier aux conséquences mondiales de cette guerre. « Soyons honnêtes, a interpellé le Ministre, il s’agit de faire respecter le droit international, la Charte, et la paix. » Ne soyons pas neutres quand il s’agit de faire respecter la Charte, car « se taire face à l’injustice, c’est choisir d’être du côté de l’oppresseur ». Si l’Ukraine cesse de lutter, le pays disparaîtra, a alerté M. Rasmussen. Le droit de l’Ukraine à se protéger est consacré par l’Article 51 de la Charte, a-t-il encore rappelé. L’agression russe n’a aucune justification légale ou morale. Aujourd’hui, nous avons la possibilité de voter pour la paix. Ne laissons pas passer cette occasion, a martelé le Ministre.
M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a déclaré qu’en tant que voisin immédiat d’un pays en guerre, son pays est directement affecté par le conflit en Ukraine. « La Hongrie mène actuellement la plus grande opération humanitaire de son histoire, avec plus d’un million de réfugiés sur son territoire. » Cette guerre faite de souffrances ne fait selon lui que des perdants. À ce stade, le seul moyen de sauver des vies est d’instaurer la paix, a fait valoir le Ministre, en demandant la mise en place d’un cessez-le-feu et la tenue de pourparlers de paix sous l’égide de l’ONU, tout en gardant ouvertes les voies du dialogue entre les parties. « Les Hongrois ont déjà payé un lourd tribut du fait de cette guerre », a insisté le Ministre en mettant en garde les « grands pays » contre toute rhétorique incendiaire alors qu’ils n’ont perdu aucune vie dans cette guerre. Les Hongrois ne veulent pas que cette guerre régionale se transforme en conflit mondial, ni qu’elle soit le début d’une nouvelle guerre froide dans leur région, a-t-il averti.
Mme OLTA XHACKA, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de l’Albanie, a rappelé à son tour qu’il y a un an de cela, le monde « retenait son souffle ». Peu après, a-t-elle relaté, la Russie commettait un acte d’agression contre son voisin, l’Ukraine, violant ainsi la Charte des Nations Unies et le droit international. Cet acte a depuis été fermement condamné par un grand nombre de résolutions de l’ONU, tandis qu’un arrêt de la Cour internationale de Justice (CIJ) a demandé à la Russie de suspendre son « opération militaire spéciale » et de retirer ses troupes du territoire de l’Ukraine. Constatant que la brutalité, les bombardements délibérés de zones civiles, les exécutions sommaires et l’utilisation de mercenaires sont « la véritable nature » de la guerre déclenchée par la Russie, la Ministre a rappelé que ce conflit auquel Moscou essaie de trouver des « prétextes », a des effets délétères sur le monde entier. Laisser la Russie gagner cette guerre reviendrait, selon elle, à permettre à un État de fouler au pied la Charte des Nations Unies. « On reviendrait à la logique des années 1930 », a-t-elle averti, avant d’exprimer le soutien de son pays au projet de résolution qui appuie l’instauration d’une paix durable en Ukraine. La Ministre a conclu en indiquant que l’Albanie a demandé un vote enregistré sur les propositions d’amendement soumises par le Bélarus.
Selon Mme CATHERINE COLONNA, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, la Russie a déclenché sa guerre d’agression contre l’Ukraine sans aucune justification et de manière totalement illégale, violant les principes les plus fondamentaux de la Charte. Un an de guerre marquée par des exactions en séries et par « des crimes si graves et si systématiques » que la Cour pénale internationale (CPI) a lancé des enquêtes pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, a rappelé la Ministre. La détermination de la France à soutenir l’Ukraine est absolue, pour qu’elle puisse non seulement résister, exercer son droit de légitime défense, mais aussi pour qu’elle puisse faire respecter sa souveraineté et son intégrité territoriale, qui sont aussi des principes qui nous unissent. L’agression de la Russie, a-t-elle déclaré, porte une atteinte grave à la paix et à la stabilité internationales, et donc à la paix et à la sécurité de chacun des États Membres.
Aucune délégation n’aurait la moindre raison de se sentir en sécurité dans un monde où une grande puissance, qui de plus est dotée de l’arme nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité pourrait, à son bon vouloir, décider de s’en prendre à ses voisins pour les priver de leur liberté ou pour annexer des pans de leur territoire. La Russie tente de convaincre certains que ses tentatives pour bouleverser l’ordre mondial et d’imposer un ordre basé sur la force joueront en leur faveur. « C’est une illusion », a rétorqué la Ministre. Les faits sont là: c’est la Russie, et la Russie seule, qui a voulu la guerre, et qui fait peser des risques sur la sécurité alimentaire mondiale, notamment dans les pays les plus vulnérables. Le vote d’aujourd’hui doit permettre de rappeler ces règles et principes, sans lesquels la paix et la sécurité ne seraient que des mots vains. Le projet de résolution de l’Ukraine est le fruit d’un processus de négociation transparent et universel, que la France soutient totalement, a conclu la Ministre.
M. RASTISLAV KÁČER, Ministre des affaires étrangères et européennes de la Slovaquie, s’est inquiété de voir le multilatéralisme s’effondrer alors qu’un membre permanent du Conseil de sécurité viole de manière flagrante les principes et valeurs fondamentaux des Nations Unies. Il a condamné fermement l’agression militaire non provoquée et injustifiée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, et réitéré son appel au retrait inconditionnel des troupes russes de l’ensemble du territoire ukrainien. Ignorant les appels du Secrétaire général, la Fédération de Russie poursuit sa rhétorique trompeuse et sa désinformation en promouvant « une sorte de réalité alternative ». L’insécurité alimentaire mondiale et l’inflation exacerbées par l’agression russe affectent principalement les pays les plus vulnérables du monde, a en outre noté le Ministre, tandis que des millions d’Ukrainiens ont dû fuir leurs foyers. Devant ces menaces non seulement contre l’Ukraine mais également « contre la souveraineté de n’importe quel pays », le Ministre a demandé aux États Membres de réaffirmer leur engagement indéfectible envers la Charte des Nations Unies et le multilatéralisme en votant en faveur de la résolution.
M. GORDAN GRLIC RADMAN, Ministre des affaires étrangères et européennes de la Croatie, a dénoncé la violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies que constitue l’agression russe contre l’Ukraine. Le fait qu’elle soit menée par un membre permanent du Conseil de sécurité, un État doté de l’arme nucléaire, ne manquera pas d’avoir des implications durables pour l’ONU dans son ensemble, a-t-il affirmé. Appelant à ne pas rester silencieux face à ceux qui détruisent et violent les droits humains et souverains les plus fondamentaux des États, le Ministre a averti que les coûts d’un échec seraient transmis aux générations futures. De même, nous devons soutenir tous les efforts visant à établir la responsabilité des crimes commis en Ukraine, a-t-il ajouté en saluant l’ordonnance de la Cour internationale de Justice (CIJ) demandant à la Fédération de Russie de suspendre immédiatement son « opération militaire spéciale ». Pour le Ministre, le soutien continu de la grande majorité des États Membres aux résolutions de l’Assemblée générale appelant à la fin de l’agression russe témoigne de leur détermination à protéger la Charte. Le projet de résolution débattu aujourd’hui est une nouvelle démonstration de cette détermination, a-t-il conclu.
M. ZBIGNIEW RAU, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a déclaré que la Russie doit retirer ses forces du territoire de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues immédiatement, complètement et inconditionnellement. Il a jugé fondamental de veiller à ce que la Russie réponde pleinement de ses crimes. La Pologne soutient également toute initiative internationale visant à obtenir des réparations, sous une forme adéquate, pour tous les torts causés par la Russie dans cette guerre. Aujourd’hui, à la lumière du « mépris total » de la Russie pour le droit international et les principes de la Charte des Nations Unies, le Ministre a appelé la communauté internationale à confirmer son engagement envers les règles fondamentales de l’ordre international. « En se dressant contre la Russie, les Ukrainiens sont entrés dans l’histoire. » Ils se sont opposés à la « tyrannie » avec courage et résilience. Ils ont choisi de se battre et de défendre leur indépendance, leur liberté et leur identité. Plus que cela, pour le Ministre, ils défendent un ordre international fondé sur des règles. La courageuse nation ukrainienne mérite compassion, soutien et solidarité, et la Pologne continuera à aider l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra, a-t-il assuré. En plus d’offrir un abri à des millions de réfugiés ukrainiens, la Pologne continue de faciliter les transferts de fonds. Principale porte d’entrée de l’aide à l’Ukraine, elle continuera à jouer ce rôle aussi longtemps que nécessaire.
M. YOSHIMASA HAYASI, Ministre des affaires étrangères du Japon, a interpellé les membres de l’Assemblée en leur demandant de s’imaginer un instant qu’un membre permanent du Conseil de sécurité lance une agression contre leur patrie, s’empare de leur territoire, puis cesse les hostilités en demandant la paix. « J’appellerais ça une paix injuste », a déclaré le Ministre. Ce serait une victoire pour l’agresseur si de telles actions étaient tolérées et ce serait un terrible précédent pour le reste de la planète. Le monde retournerait à la loi de la jungle, et sur terre ou en mer, la force brute et la coercition prévaudraient. Pour le Ministre japonais, la paix doit être fondée sur les principes de la Charte des Nations Unies.
Le Japon soutient donc, a dit le Ministre, le projet de résolution et demande aux délégations réunies aujourd’hui de faire de même. La Russie doit, avant tout, retirer ses troupes immédiatement et sans condition de l’Ukraine. L’Assemblée générale l’a exigé, tout comme le Secrétaire général et la Cour internationale de Justice (CIJ), a-t-il rappelé. Hélas, selon lui, la Russie semble se moquer des résolutions de l’Assemblée générale et des ordonnances de la CIJ, comme si elles n’étaient que de simples morceaux de papier. La Russie ne se contente pas d’abuser de son droit de veto, elle abuse également de son statut d’État doté de l’arme nucléaire par « sa rhétorique irresponsable ». Les menaces nucléaires de la Russie, sans parler de l’utilisation de ces armes, ne seront jamais tolérées par le Japon. Quant aux amendements proposés par le Bélarus, ils ne sont, pour le Ministre, qu’une tentative de détourner l’attention des États Membres du fait que l’agression russe viole les principes de la Charte des Nations Unies. Le Ministre a demandé instamment aux délégations de voter contre.
« Nous ne voulions pas de cette guerre », a déclaré d’emblée Mme HADJA LAHBIB, Ministre des affaires étrangères, des affaires européennes, du commerce extérieur et des institutions culturelles fédérales de la Belgique. Elle a rappelé que tous les États Membres de l’ONU se sont engagés à respecter l’intégrité territoriale des États et à régler leurs différends de façon pacifique. « C’est tout ce que la Russie a bafoué le 24 février dernier. » Niant l’existence d’une guerre de l’Occident contre la Fédération de Russie, elle a déclaré que si l’Ukraine est la première victime de ce conflit, c’est l’ensemble de la communauté internationale qui est touchée du fait de son impact sur la sécurité alimentaire, financière et énergétique. Malgré l’Initiative céréalière de la mer Noire, l’agression de l’Ukraine par la Russie a aggravé les crises sur d’autres continents. Pour la Ministre, les crimes commis par la Fédération de Russie à Boutcha, Irpin ou Marioupol, « villes à jamais marquées par l’horreur », ne doivent pas rester impunis. Pendant que la Cour pénale internationale (CPI) mène ses enquêtes, il nous faut, a estimé la Ministre, définir les principes d’une paix globale, juste et durable. Elle a appelé au retrait immédiat et sans condition de toutes les forces militaires russes du territoire ukrainien.
M. JAN LIPAVSKÝ, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a déclaré que l’ambition malveillante de la Russie ne visait pas uniquement l’Ukraine, la Russie voulant modifier l’ordre international et établir un monde défini par des sphères d’influence et des relations néocoloniales au lieu de partenariats établis sur un pied d’égalité. Notre région -l’Europe centrale- a connu sa propre expérience tragique de la politique impériale agressive de la Russie, a rappelé le Ministre, se disant convaincu que, dans l’intérêt du rétablissement de la paix et de la sécurité internationales, il est essentiel de dire « non » au projet impérialiste de la Russie. « Nous devons tous être conscients que n’importe quel pays peut être la prochaine victime de la Russie », a-t-il ainsi averti. Dans le contexte actuel, il a jugé que l’Ukraine ne se défend pas seulement elle-même, elle défend également les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies. Après avoir plaidé pour la création d’un tribunal spécial compétent pour le crime d’agression en Ukraine, et assuré que la Tchéquie maintiendra et intensifiera si besoin son aide humanitaire au peuple ukrainien en 2023, il a apporté son plein soutien au projet de résolution. Ce texte défend les principes d’égalité souveraine et d’intégrité territoriale des États et ne devrait pas laisser la place à l’adoption de positions neutres, a-t-il considéré. Il a conclu son intervention en insistant sur le fait que si les États Membres n’agissent pas maintenant, cela équivaudra à accepter un nouvel ordre international fondé sur l’usage de la force brutale et le colonialisme.
M. GABRIELIUS LANDSBERGIS, Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, a rappelé que la guerre sanglante lancée voilà un an en Ukraine par la Russie, aidée par le Bélarus, avait en fait débuté en 2014 dans le Donbass et en Crimée. Elle se poursuit aujourd’hui, causant une grave crise humanitaire en Ukraine mais aussi une crise alimentaire et financière dans le reste du monde. Condamnant les actes de génocide commis en Ukraine par la Russie, notamment le ciblage de populations civiles, les transferts forcés d’enfants ukrainiens, les cas de torture et les violences sexuelles, il a applaudi la grande résilience de l’Ukraine et la solidarité affichée par l’Assemblée générale, qui a condamné à plusieurs reprises ces violations de la Charte des Nations Unies et privé la Russie de son siège au Conseil des droits de l’homme. Le Ministre a également salué les efforts du Secrétaire général pour permettre l’envoi de céréales à ceux qui en ont besoin et la création par l’ONU d’une commission d’enquête indépendante. Il a cependant constaté que la Russie poursuit son agression parce que la communauté internationale la laisse agir, en raison notamment de la paralysie du Conseil de sécurité. Face à ce blocage, il revient selon lui aux États Membres de relever le défi. Nous devons appuyer la formule de paix du Président Zelenskyy, exiger le retrait complet des troupes russes de toute l’Ukraine et demander que les auteurs de crimes rendent des comptes, a-t-il affirmé. Notant à cet égard que la Cour pénale internationale (CPI) n’est pas compétente pour le crime d’agression, le Ministre a plaidé pour la création d’un tribunal spécial. Il a ajouté que le projet de résolution aura le soutien de son pays pour défendre la souveraineté et l’intégrité de l’Ukraine, mais aussi la pertinence de la Charte.
M. BUJAR OSMANI, Ministre des affaires étrangères de la Macédoine du Nord, a déclaré que la Fédération de Russie, en violant la Charte des Nations Unies, avait choisi délibérément le mauvais côté de l’histoire. La majorité des États Membres de l’ONU ont clairement reconnu ce fait regrettable en votant les précédentes résolutions pertinentes de cette onzième session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale, a-t-il dit, exhortant une fois de plus la Russie « à mettre fin à cette guerre insensée et à retirer ses troupes du territoire souverain de l’Ukraine ». Pour le Ministre, la Russie a décidé en 2022 de violer l’un des principes les plus fondamentaux du droit international et de lancer une véritable guerre d’agression contre L’Ukraine, « État Membre fondateur de l’ONU et voisin », ce qui a brisé la paix et installé l’insécurité et l’incertitude. Il a estimé que la communauté internationale ne peut permettre que cette violation flagrante de toutes les normes et de tous les principes reste « sans réponse ». Ajoutant que la justice et la responsabilité sont nécessaires dans l’intérêt des victimes et qu’elles sont également des conditions préalables pour éviter de nouvelles agressions et un recours non provoqué à la force dans les relations internationales, il a apporté le soutien de son pays à l’enquête du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis en Ukraine. Selon le Ministre, l’adoption aujourd’hui du projet de résolution est d’une importance capitale.
M. WOPKE HOEKSTRA, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a estimé que la guerre d’agression dont on marquera demain le premier anniversaire n’est pas seulement une attaque contre l’Ukraine. C’est une atteinte au principe de souveraineté et à la Charte des Nations Unies que nous avons tous signée, mais aussi une attaque contre notre sécurité, contre nos économies et contre les objectifs de développement durable, a-t-il souligné. « Si nous fermons les yeux sur l’agression de la Russie, si nous lui permettons de piétiner la Charte des Nations Unies, si la force devient le droit, alors je ne vois que plus de difficultés, plus d’instabilité et plus de souffrance devant nous », a prévenu le Ministre. Dans ce contexte, la seule voie à suivre est selon lui de veiller à ce que l’Ukraine survive en tant qu’État à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues et d’œuvrer pour une paix réelle, juste et durable. Cette guerre peut se terminer aujourd’hui si la Russie retire ses troupes, mais tant qu’elle durera, les Pays-Bas feront tout leur possible pour aider l’Ukraine et pour soutenir l’ordre international basé sur des règles, a-t-il poursuivi, avant d’appeler à voter en faveur du projet de résolution présenté à l’Assemblée générale.
M. EDGARS RINKEVICS, Ministre des affaires étrangères de la Lettonie, a condamné dans les termes les plus forts l’agression à grande échelle de la Russie contre l’Ukraine, rendue possible, a-t-il ajouté, par le Bélarus. Les actions de la Russie sont motivées par ses « ambitions impérialistes et coloniales ». Elles sapent l’ordre international ancré dans la Charte des Nations Unies. En tant qu’État doté d’armes nucléaires, la Russie continue d’utiliser une rhétorique irresponsable. Cette semaine encore, elle a suspendu sa participation au nouveau Traité de réduction des armements stratégiques. Il s’agit là d’un membre permanent du Conseil qui tente de modifier les frontières d’un État souverain par la force militaire, alors même que les cinq membres permanents ont précisément la responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales, s’est indigné le Ministre. Alors que plus de 17 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur pays, les horribles crimes commis en Ukraine rappellent l’expérience amère subie par le peuple letton pendant l’occupation soviétique. Le Ministre a condamné la déportation illégale de civils ukrainiens vers la Russie ainsi que l’adoption illégale forcée d’enfants ukrainiens. Il a aussi condamné la conscription forcée des citoyens ukrainiens dans les forces armées russes.
La propagande russe, a poursuivi le Ministre, cherche à justifier une invasion illégale, à nier les crimes commis et à se dérober à la responsabilité des conséquences mondiales de la guerre. Le Ministre a voulu que l’on résiste à cette désinformation par la vérité et les faits. Pour la contrer, la Lettonie continuera à soutenir les médias indépendants, a-t-il dit, avant de saluer la formule de paix en 10 points du Président ukrainien Volodymyr Zelenskyy et de soutenir ainsi une vision de la paix fondée sur les principes de la Charte. Exhortant la Russie à retirer ses forces, il a demandé à tous les États Membres de voter en faveur du projet de résolution.
M. IGNAZIO CASSIS, Ministre des affaires étrangères de la Suisse, a fustigé la poursuite de l’agression militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, qui menace l’ordre sécuritaire qui prévalait en Europe, avec des conséquences désastreuses. Le coût humain est impossible à chiffrer, s’est alarmé le Ministre, en faisant le décompte des souffrances et des destructions engendrées par le conflit alors que nous commémorerons l’année prochaine le soixante-quinzième anniversaire des Conventions de Genève de 1949. Toutefois, baisser les bras serait une grave erreur, a encore dit le Ministre, en appelant les États Membres à envoyer un message fort de paix et de respect du droit et des principes qui nous unissent. Il a condamné les graves violations du droit international humanitaire et des droits humains commises en Ukraine. À ses yeux, la pénurie d’énergie, l’insécurité alimentaire, l’inflation et les migrations nous placent face à notre dépendance les uns des autres. Notre unité est décisive, a insisté le Ministre, pour atténuer les conséquences de la guerre sur les plans humain, sécuritaire, politique et économique. Pour sa part, la Suisse, qui fournit une aide humanitaire à l’Ukraine, accueille des réfugiés, a lancé l’été dernier le processus de reconstruction à Lugano.
M. KOSTADIN KODZHABASHEV, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie, a salué le fait qu’au cours de l’année écoulée, l’Assemblée générale s’était régulièrement réunie pour s’élever contre cet acte d’agression ignoble contre l’Ukraine et contre la violation de la Charte des Nations Unies. Ensemble, nous devons continuer à défendre les principes de la Charte des Nations Unies, du droit international et de l’ordre fondé sur des règles, car ils sont notre seule garantie pour la paix, a-t-il dit. Pour le Vice-Ministre, la Fédération de Russie porte l’entière responsabilité de cette agression et de toutes les destructions et pertes en vies humaines, et elle sera tenue pour responsable conformément au droit international. Il a jugé qu’aujourd’hui, l’Assemblée porte une « responsabilité historique », celle de défendre les principes de la Charte, la paix et l’ordre international fondé sur des règles. La Bulgarie est fière de s’être portée coauteure du projet de résolution en ce qu’il représente un symbole de la paix, a-t-il ajouté. Il a souligné que le but de ce texte était d’aider à mettre fin à ce conflit et de réaffirmer le soutien de tous aux principes internationaux sur lesquels doit se fonder une paix globale, juste et durable.
M. PETER BURKE, Ministre des affaires européennes et de la défense de l’Irlande, a jugé que la guerre en Ukraine confirme le mépris flagrant de la Russie pour la vie humaine, la Charte des Nations Unies et le droit international au sens large. Saluant l’attitude de l’Ukraine, qui reste ferme dans sa résistance et la défense de ses principes démocratiques, il a estimé qu’après avoir choisi de déclencher cette guerre, la Russie peut choisir d’y mettre fin. Il a également rappelé qu’au-delà de l’Ukraine, ce conflit a des effets qui se font sentir dans le monde entier. Appelant la Russie à cesser immédiatement les hostilités et à se retirer sans condition de l’ensemble du territoire ukrainien, il l’a aussi enjointe à s’abstenir de toutes nouvelles menaces, y compris nucléaires. De plus, a mis en garde le Ministre, si nous ne parvenons pas à tenir la Russie pour responsable, si nous ne répondons pas à son attaque contre la Charte, le monde deviendra plus dangereux pour nous tous. Il a donc invité tous les États Membres à soutenir le projet de résolution.
Mme JOHANNA SUMUVUORI, Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères de la Finlande, a indiqué que le projet de résolution concerne certes l’Ukraine, mais aussi « chacun d’entre nous ». « Votre pays, s’il était envahi, ne souhaiterait-il pas recevoir notre appui? » a-t-elle demandé, avant d’affirmer qu’il est de notre devoir en tant qu’Assemblée générale de réitérer notre appui ferme à l’Ukraine et aux principes de la Charte car, « lorsque l’ordre international basé sur des règles est attaqué, nous devons tous le défendre ». Elle a ensuite rappelé qu’aux termes de l’Article 51 de la Charte, chaque État Membre a le droit de se défendre, avant d’exhorter la Russie à mettre un terme à son invasion et à retirer ses forces du territoire ukrainien. Nous continuerons d’apporter notre ferme soutien à l’Ukraine aussi longtemps que cela sera nécessaire, a-t-elle affirmé, avant de soutenir l’initiative de paix du Président ukrainien. « Mais seule la Russie peut mettre fin à cette guerre et aux souffrances du peuple ukrainien », a-t-elle conclu.
Mme ARLENE BETH TICKNER (Colombie) a rejeté l’usage de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout pays, qui constitue une violation directe des buts et principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies et du droit international. Par ailleurs, nous rejetons toute agression non provoquée d’un État contre un autre, laquelle n’entraîne que des conséquences négatives pour la population civile, en particulier les femmes, les filles et les garçons, et d’autres groupes vulnérables, a ajouté la représentante. Au Président de l’Assemblée générale, elle a indiqué que, conformément à sa politique de paix totale, le Gouvernement colombien continuera d’exhorter toutes les parties à rechercher une solution négociée, pacifique et durable au conflit en Ukraine.
M. CARLOS AMRÍN (Uruguay) a condamné l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie, avant d’exhorter cette dernière à retirer ses forces du territoire ukrainien dès que possible. Pour le représentant, les deux parties au conflit doivent faire de leur mieux pour retourner à la table des négociations afin de régler pacifiquement leurs différends, comme le stipule la Charte des Nations Unies. Réitérant son ferme appui à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, il a indiqué que l’Uruguay votera pour le projet de résolution à l’examen, qui appelle à la fin de la violence et au rétablissement d’une paix juste et durable. Le représentant a souhaité qu’à travers les mécanismes de négociation prévus par la Charte, avec la participation du Conseil de sécurité et du Secrétaire général, des voies de dialogue seront trouvées pour permettre aux parties de s’accorder sur des mesures de désescalade du conflit.
M. DAI BING (Chine) a déclaré que les principes de la Charte devaient être respectés et que tous les efforts visant à régler cette « crise » par des moyens pacifiques devaient être promus. Il a ainsi appelé les parties à la raison. Il faut protéger femmes et enfants, respecter les droits des prisonniers de guerre, ainsi que les conventions relatives à la sûreté nucléaire, afin d’éviter tout accident ou guerre nucléaire. « Le dialogue et les négociations sont les deux voies possibles pour mettre fin à cette crise », a résumé le représentant. Si la Russie et l’Ukraine doivent revenir au dialogue, il faut réfléchir collectivement aux raisons pour lesquelles les pourparlers ont été arrêtés, a-t-il ajouté. Le représentant a demandé aux deux pays d’envisager des options « réalistes ». La communauté internationale, quant à elle, doit unir ses forces pour faciliter les pourparlers. Quoi qu’il en soit, l’envoi d’armes à l’Ukraine ne ramènera selon lui en aucun cas la paix. Cela ne fera qu’ajouter de l’huile sur le feu et prolonger le conflit, tout en augmentant le prix à payer pour les populations civiles. La communauté internationale doit tout mettre en œuvre pour organiser des pourparlers de paix au lieu d’aggraver la situation, a insisté le représentant. « Il faut absolument éviter les effets de contagion. »
M. AMIR SAEID IRAVANI (République islamique d’Iran) a jugé essentiel de rester attaché à l’objectif d’un règlement pacifique de la crise en Ukraine, conformément aux principes de la Charte. Toutes les parties doivent se conformer aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international, sachant que seule une solution négociée pérenne, passant par l’abandon de leurs ambitions militaires, permettra de restaurer la stabilité dans la région, a-t-il dit. Le représentant a proposé la constitution d’un groupe transrégional par le Secrétaire général de l’ONU, qui serait chargé de favoriser un dialogue constructif et d’envisager des solutions de règlement à la crise. Il a ajouté que, pour l’heure, l’instauration d’un cessez-le-feu immédiat doit prévaloir sur tout le reste. Selon le représentant, « le projet de résolution n’aborde pas de manière impartiale et globale tous les aspects de cette crise, y compris les provocations l’ayant rendue possible ». Ce texte ne rassemble pas les États mais polarisent les positions, a-t-il ajouté, soulignant l’importance d’une évaluation impartiale et objective de la situation tenant compte de tous les points de vue. Après avoir annoncé que sa délégation s’abstiendrait lors du vote, il a assuré à l’Assemblée que l’Iran restera déterminée à œuvrer à la restauration d’une paix durable dans la région. Au représentant israélien, il a ensuite reproché, par ses propos tenus hier, de participer à une véritable « campagne iranophobe » ayant pour seul but de détourner l’attention de la communauté internationale des politiques « démoniaques » menées par son pays à l’encontre du peuple palestinien et dans toute la région du Moyen-Orient. Il a en outre rejeté toutes les allégations visant son pays quant à l’utilisation de prétendus drones iraniens par la Russie contre des civils ukrainiens.
M. CORNEL FERUȚĂ (Roumanie) à l’approche du premier anniversaire de la guerre d’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, a souhaité la paix au peuple ukrainien et la victoire des principes. Il s’est inquiété du niveau « alarmant » des hostilités, des souffrances inimaginables pour la population civile, des attaques contre les infrastructures critiques et des atrocités qui sapent l’ordre international fondé sur des règles. La guerre hybride que mène la Russie fait proliférer la désinformation et l’ingérence afin de déstabiliser la région et les États les plus vulnérables, mais aussi notre unité et notre solidarité, a relevé le représentant. En s’attaquant aux principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies, la Fédération de Russie, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, s’attaque également au fondement même de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il ajouté. La Roumanie est donc pleinement engagée dans les efforts internationaux visant à mettre fin à l’impunité de la Fédération de Russie et appuie la création d’un tribunal spécial pour ce crime d’agression. Le délégué a par ailleurs indiqué que le port roumain de Constanța est devenu la principale porte d’entrée des exportations de céréales ukrainiennes. Il a réitéré son appui à la poursuite de l’Initiative céréalière de la mer Noire, avant de prévenir que les négociations visant à mettre un terme au conflit ne pourront commencer que lorsque l’Ukraine sera prête. Elle seule pourra en définir les modalités.
Mme SOUREK, de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale, a déploré une année de morts, de destructions et de dévastations au quotidien en Ukraine et appelé la Fédération de Russie à retirer immédiatement et sans condition ses troupes du territoire ukrainien. À terme, la responsabilité de la Russie dans ce conflit devra être examinée conformément à la résolution 60/147 de l’Assemblée générale et à la Déclaration universelle des droits de l’homme. Dans l’intervalle, l’intervenante a encouragé le Secrétaire général à continuer de promouvoir des pourparlers et d’assurer la protection des civils dans les zones de guerre. « Ce conflit concerne autant la démocratie que la souveraineté. » Elle a noté que les Ukrainiens ont à maintes reprises réaffirmé leur attachement aux valeurs démocratiques, ce qui s’est traduit par une amélioration constante et progressive de divers indicateurs démocratiques. Dans cette optique, une paix globale, juste et durable en Ukraine doit être une paix démocratique déterminée par et pour les Ukrainiens, avec le soutien de la communauté internationale. De même, nous ne devons pas perdre de vue la nécessité de tracer la voie du retour de la démocratie en Fédération de Russie, dans le cadre d’une paix régionale. « Une Russie démocratique n’aurait pas déclenché cette tragédie », a-t-elle conclu.
Mme ANNALENA BAERBOCK, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a déploré les conséquences de la guerre d’invasion russe qui n’a pas seulement apporté de terribles souffrances au peuple ukrainien, mais a également creusé des plaies béantes dans le monde entier. Partout, des familles luttent pour joindre les deux bouts à cause de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, a déploré la Ministre. Elle s’est dite convaincue que tous sont d’accord sur le fait que les souffrances en Ukraine et dans le monde entier doivent cesser. Heureusement, il existe un plan que « nous avons sous les yeux », a-t-elle rappelé en faisant référence à la Charte des Nations Unies, dont les principes s’appliquent à chaque État et énoncent l’égalité souveraine, l’intégrité territoriale et le non-recours à la force. Dès lors, a-t-elle estimé, le chemin vers la paix est également très clair: la Russie doit retirer ses troupes d’Ukraine. La Russie doit arrêter les bombardements. La Russie doit revenir à la Charte des Nations Unies, a-t-elle martelé. Certains disent qu’en armant l’Ukraine, nous versons de l’huile sur le feu. À ceux-là, elle a répondu: « Nous n’avons pas choisi cette guerre. » Nous aussi, nous préférerions consacrer notre énergie et notre argent à lutter contre la crise climatique ou à renforcer la justice sociale. « Mais la vérité est que si la Russie arrête de se battre, cette guerre prendra fin. Si au contraire l’Ukraine arrête de se battre, alors, elle disparaîtra de la carte », a-t-elle mis en garde. Le vote d’aujourd’hui concerne notre avenir à tous et met chacun devant ses responsabilités.
Explications de vote avant vote
Le représentant de Djibouti a déploré la détérioration continue de l’aspect sécuritaire et l’intensification du conflit, scénario encore plus assombri par la menace d’un accident nucléaire et une rhétorique inquiétante laissant planer une possible utilisation de l’arme nucléaire. Confus quant aux raisons de ce conflit, sans qu’une perspective claire de médiation ne se dessine, il a souhaité que le projet de résolution permette d’éclaircir la situation. Nous ne devons jamais abandonner, il faut promouvoir inlassablement une paix juste, dans l’esprit de la Charte des Nations Unies, a martelé le représentant. La paix et la sécurité ne peuvent être assurées que lorsque tous les États Membres respectent la sécurité territoriale et l’indépendance politique des autres États Membres. Les guerres d’agression ne peuvent être tolérées. De tels actes doivent être condamnés et dénoncés sans relâche: c’est pourquoi Djibouti soutient sans réserve le projet.
Le délégué du Nigéria a déploré l’incapacité de la communauté internationale à négocier la paix entre la Fédération de Russie et l’Ukraine, qui sont toutes deux membres de l’ONU. Alors que cette guerre entraîne destructions et crise humanitaire en Ukraine et qu’aucun pays dans le monde n’est épargné par ses conséquences, il a exhorté l’ONU à faire davantage pour y mettre un terme et parvenir à une paix durable entre Russes et Ukrainiens. Saluant les efforts du Secrétaire général et de la Türkiye pour aider à l’approvisionnement en céréales des pays qui en ont le plus besoin et assurer l’accès humanitaire, il a souhaité que cette approche soit approfondie pour faire cesser les combats, avec l’appui des pays et des entités qui exercent une influence sur les belligérants. De tous les éléments de la Charte des Nations Unies, les plus importants sont les principes de souveraineté des États et de règlement pacifique des différends, a estimé le représentant. S’il importe aussi selon lui que toutes les parties soient tenues pour responsables des crimes commis, il s’est dit réservé quant au paragraphe 9 du dispositif du projet de résolution, relatif aux enquêtes et poursuites à mener au niveau national et international, craignant qu’il durcisse les positions et rende plus difficile la recherche d’une solution.
Le représentant du Népal a indiqué que sa délégation voterait en faveur du projet de résolution, relevant toutefois que le texte aurait gagné à rappeler de manière plus marquée que la négociation et le dialogue doivent prévaloir dans toute recherche d’une paix durable en Ukraine.
La déléguée de l’Afrique du Sud a regretté que la guerre en Ukraine continue de détruire des infrastructures essentielles et de faucher des vies, en plus d’exacerber les crises alimentaire et énergétique mondiales. Si des actions urgentes sont nécessaires pour mettre fin à la guerre, la communauté internationale n’a pas présenté de propositions concrètes pour y parvenir. La déléguée a exprimé son appui à la résolution proposée, même si elle a considéré qu’elle ne jette pas les bases d’une paix durable.
Le représentant de la Thaïlande a demandé à l’ONU de déployer tous ses efforts dans le cadre de la diplomatie préventive et de ne pas prendre part au « jeu de la moralité » qui classe des situations très complexes entre le bien et le mal. Pour que le processus de règlement du conflit démarre, il faut essayer d’en comprendre les causes profondes d’une manière « objective ». De fait, a fait valoir le représentant, le monde est suffisamment vaste et riche pour que des pays aux idéologies et aux formes de gouvernement politique diverses puissent coexister pacifiquement. La guerre en Ukraine représente un défi sans précédent qui menace l’équilibre géopolitique, financier, économique et sécuritaire du monde entier, a-t-il reconnu. De son point de vue, les guerres ne peuvent être réglées que par des engagements et des dialogues, par le pragmatisme, et non par l’idéologie, et encore moins par la mentalité du vainqueur.
La représentante de l’Angola a estimé que le projet de résolution proposé par l’Ukraine aurait dû inclure les contributions de tous les États Membres. Elle a émis des réserves sur le paragraphe 9 concernant les enquêtes et les poursuites pour que les auteurs des crimes les plus graves commis sur le territoire ukrainien répondent de leurs actes. Un tel paragraphe, a dit la représentante, ne saurait promouvoir un règlement durable d’un conflit lequel ne peut être réglé que par le dialogue. Le rôle de l’Assemblée générale, a-t-elle martelé, est de préserver le principe de la coexistence pacifique entre États.
Le représentant du Brésil a expliqué que l’élément le plus important de la résolution, selon lui, était son appel à la communauté internationale à redoubler d’efforts pour parvenir à une paix juste et durable en Ukraine. Il a aussi dit apprécier l’aspect humanitaire du texte, y compris l’appel lancé pour le plein respect du droit international humanitaire: toutes les mesures doivent en effet être adoptées pour réduire les souffrances des civils. Il est grand temps de commencer des pourparlers de paix plutôt que d’attiser le conflit, a-t-il ajouté. L’appel pour une cessation complète des hostilités du paragraphe 5, sans condition préalable, ne doit pas être un obstacle pour le début des négociations. Cette résolution, a insisté le représentant, doit être conçue comme un pas important vers la paix, d’autant plus que le conflit a de nombreuses répercussions sur les pays en développement compte tenu de son impact sur les prix des denrées alimentaires et l’énergie.
Le représentant de la Malaisie a appelé à la fin des hostilités en Ukraine et à des négociations entre les parties au conflit. À cette fin, il a souhaité que toutes les parties prenantes tiennent compte des préoccupations légitimes en matière de sécurité, tant de l’Ukraine que de la Russie, compte tenu des facteurs géopolitiques complexes. Indiquant qu’il votera en faveur du projet de résolution, il a regretté l’incapacité du Conseil de sécurité de s’acquitter de sa responsabilité principale.
La représentante du Royaume-Uni a appelé les États à voter contre les amendements proposés par le Bélarus, qui sont une tentative de saper –si cela était encore possible- la Charte des Nations Unies et de donner raison à l’agresseur. À l’inverse, la résolution cherche véritablement à parvenir à une paix juste et durable en Ukraine, conformément à la Charte des Nations Unies.
Explications de vote après vote
Le délégué de Cuba a expliqué s’être abstenu lors du vote sur la résolution en raison des mesures prises par certains pays pour exacerber les tensions sur le terrain avec l’afflux d’armes et l’imposition de sanctions unilatérales qui ne font que prolonger le conflit. Cette résolution n’est pas propice, selon lui, au dialogue et aux négociations nécessaires à l’établissement d’une paix pérenne. À ses yeux, cette résolution ne peut constituer une base juridique permettant la création de tribunaux internationaux, l’Assemblée générale n’ayant pas de mandat à cet égard.
Le représentant de l’Égypte a dit avoir voté en faveur de la résolution en raison de l’attachement profond de son pays aux buts et principes de la Charte des Nations Unies. Ce vote coïncide avec le premier anniversaire de ce conflit dont les retombées, a-t-il rappelé, ont touché le monde entier, notamment les pays en développement, à l’instar de son pays, qui ont directement pâti de cette crise. Il a évoqué ses incidences sur la sécurité alimentaire et énergétique, et la perturbation de la chaîne d’approvisionnement. Le représentant a regretté que la communauté internationale n’ait pas œuvré de concert pour trouver un règlement à cette crise. Pour finir, il a exhorté toutes les parties concernées à rechercher un mécanisme idoine afin de reprendre dans les plus brefs délais les négociations et de s’attaquer aux causes profondes de la crise.
Le délégué du Soudan du Sud a expliqué avoir voté en faveur du texte, pour la simple raison que le conflit doit cesser. Il a précisé que son pays s’était toujours abstenu lors des votes concernant la crise en Ukraine. Il a affirmé qu’il n’y aura pas de solution militaire au conflit.
Le représentant de l’Indonésie, s’il a expliqué avoir voté pour la résolution, a toutefois déploré que certains éléments n’apparaissent pas dans la version définitive du texte. Il a craint notamment qu’elle manque son objectif de rapprocher les pays en guerre. Son esprit n’appelle pas selon lui la communauté internationale à créer les conditions favorables pour mettre fin à la guerre, et il y manque un appel aux parties à des négociations de paix directes.
Le représentant du Lesotho, appelant les parties à régler leurs différends de manière pacifique, a expliqué s’être dissocié de l’alinéa 7 du préambule et du paragraphe 5 du dispositif de la résolution. Son vote, a-t-il ajouté, est basé sur une véritable volonté de paix. La guerre en Ukraine entraîne de profondes conséquences politiques et économiques pour le monde entier, or, selon lui, la résolution creuse le fossé entre les parties et n’ouvre pas la voie à un règlement diplomatique du conflit.
La représentante de l’Inde a indiqué s’être abstenue, en expliquant son vote par le fait que le texte, qui met à bon escient l’accent sur l’importance d’intensifier les efforts diplomatiques pour parvenir à une paix globale en Ukraine, montre également « les limites du système de l’ONU pour régler les nouveaux conflits ». En effet, a-t-elle dit, un an après le début des hostilités nous ne pouvons que constater que le conflit s’intensifie sur plusieurs fronts.
Le représentant du Pakistan a dit s’être abstenu parce que les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale ne sont pas pleinement respectés, comme en atteste l’occupation illégale du Jammu-et-Cachemire. Certaines dispositions de cette résolution sont incompatibles avec la position de principe de mon pays, a-t-il expliqué.
Droits de réponse
Le délégué de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a rejeté les remarques « intolérables » proférées la veille par la République de Corée, affirmant n’avoir jamais eu d’accord de livraison d’armes avec la Russie et ne prévoyant pas d’en avoir à l’avenir. Par ailleurs, il a estimé que l’avance de l’OTAN à l’Est a créé une situation qui a conduit au conflit en Ukraine. Il a pointé du doigt l’acheminement d’armements d’un montant colossal au mépris des préoccupations sécuritaires de la Russie. Enfin, le délégué a lié la récente visite du Secrétaire général de l’OTAN en Corée du sud à la volonté d’exercer des pressions sur ce pays pour qu’il fournisse un soutien militaire à Kiev, assurant que cela se retrouvera sur le champ de bataille en Ukraine. Si la Corée du Sud continue à provoquer son pays, elle sera face à une crise sécuritaire, a-t-il mis en garde.
La représentante de l’Inde a demandé au Pakistan, qu’elle a accusé de provoquer son pays à la moindre occasion, de « balayer devant sa porte » et de s’interroger sur l’accueil qu’il réserve aux groupes terroristes les plus dangereux.
Réagissant aux propos de l’Inde, le représentant du Pakistan a affirmé que la communauté internationale ne reconnaît pas le Jammu-et-Cachemire comme une partie du territoire indien. Répéter le contraire n’en fait pas pour autant une réalité. Le représentant a souligné que cela fait 70 ans que l’Inde empêche le Jammu-et-Cachemire de prendre son destin en main, grâce au déploiement de quelque 9 000 soldats. Mais, a-t-il prévenu, les exactions ne font que renforcer la détermination du peuple du Jammu-et-Cachemire.
Le représentant de la République de Corée a estimé que l’intervention de la RPDC est tout simplement contraire à la Charte des Nations Unies et aux principes mêmes de la résolution qui était à l’examen.
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a condamné la « politique agressive » des États-Unis et de la République de Corée, en particulier leurs exercices militaires conjoints menés à l’encontre des intérêts sécuritaires de son pays. Si cette politique perdure, cela conduira à une crise, a-t-il averti: la République de Corée doit comprendre que sa politique de soumission aux États-Unis la conduira à son « autodestruction ».