9260e séance - matin & après-midi
CS/15199

La perte du statut d’État et la préservation des zones maritimes au cœur du débat du Conseil de sécurité sur l’élévation du niveau de la mer, véritable « multiplicateur de menaces »

La perte du statut d’État et la question connexe de la préservation des zones maritimes ont été au cœur du débat public que le Conseil de sécurité a tenu aujourd’hui sur l’élévation du niveau de la mer et ses conséquences sur la paix et la sécurité internationales.  La quasi-totalité des quelque 70 orateurs à s’être exprimés, dont le Secrétaire général qui a parlé de « multiplicateur de menaces » et de « marée montante de l’insécurité », ont tiré la sonnette d’alarme, avant de proposer des pistes, notamment sur le plan juridique, afin d’y remédier. 

Dans une intervention à la tonalité très sombre, le Secrétaire général a indiqué que le niveau de la mer a davantage augmenté depuis 1900 qu’au cours des trois millénaires antérieurs.  « Si les températures augmentaient de deux degrés Celsius, cette élévation du niveau de la mer pourrait doubler. »  Il a précisé qu’avec un tel scénario des pays comme le Bangladesh, la Chine, l’Inde et les Pays-Bas seraient menacés.  Des mégalopoles comme Le Caire, Los Angeles, Lagos, Londres ou encore Djakarta seraient également gravement affectées. 

Le Secrétaire général a rappelé que les 900 millions de personnes vivant dans les zones côtières de faible élévation sont en danger, tandis que Mme Coral Pasisi, Directrice chargée des changements climatiques de la Communauté du Pacifique (CPS) et Présidente de Tofia Niue, a rappelé que c’est la « vie de nos enfants et petits-enfants » qui est en jeu.  Afin d’y remédier, il a appelé à traiter la cause profonde de ce phénomène -la crise climatique-, en rappelant que le monde s’achemine vers une augmentation des températures de 2,8 degrés Celsius, « peine de mort pour les pays vulnérables ». 

Sur le plan juridique, le Secrétaire général a appelé à mettre en place des solutions « innovantes », pour faire face aux impacts de l’élévation du niveau de la mer en termes de déplacements forcés de population et de l’existence même du territoire terrestre de certains États.  « Les droits humains des personnes ne disparaissent pas lorsque leurs foyers disparaissent. »  Le Secrétaire général a aussi repris à son compte certaines idées de la Commission du droit international (CDI) pour y remédier.  

M. Guterres a évoqué une série d’options qui consisteraient à préserver le statut d’État malgré la perte de territoire, à céder ou à attribuer des portions de territoire à un État touché, voire à créer des confédérations d’États.  Il a enfin exhorté le Conseil à donner à cette question « la visibilité qu’elle mérite », tandis que le Président de l’Assemblée générale a souligné « la responsabilité d’agir » de ce dernier.  Même son de cloche du côté du Ministre des affaires étrangères de Malte qui a assuré que son pays veillerait à ce que cet enjeu demeure au centre des discussions du Conseil. 

Dans ce droit fil, le Coprésident du Groupe d’étude de la CDI sur l’élévation du niveau de la mer et Ministre des affaires étrangères de la Roumanie, M. Bogdan Aurescu, a jugé crucial le concept de sécurité juridique en ce qui concerne les zones maritimes, en appelant à la sauvegarde des droits des États affectés.  La hausse du niveau de la mer ne peut être invoquée comme un changement fondamental de circonstances pour mettre fin à un traité établissant une frontière maritime ou pour s’en retirer, a-t-il précisé. 

Ce besoin de sécurité juridique a été partagé par la majorité des délégations, à l’instar de la Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, qui a indiqué que l’élévation du niveau de la mer risque d’affecter de manière significative l’étendue des revendications nationales en matière de juridiction maritime.  « Il est donc urgent d’établir des règles claires, au niveau international, pour sauvegarder la certitude et la stabilité de ces frontières, si l’on veut éviter de nouveaux conflits sur l’accès aux ressources. » 

Une position pleinement partagée par les États-Unis et le Japon qui ont souhaité que les pays côtiers voient leurs zones maritimes préservées, nonobstant l’élévation du niveau de la mer.  À l’instar de Singapour, du Chili ou bien encore de l’Italie, les délégations ont été nombreuses à souligner l’importance fondamentale de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Ce traité doit être le cadre au sein duquel toutes les questions liées au droit et à la mer, y compris celles de l’élévation du niveau de la mer, doivent être traitées, a tranché la délégation de Singapour. 

Mais ce sont bien les petits États insulaires en développement (PEID) qui se sont montrés les plus pressants dans leurs interventions.  Ainsi, la représentante de Palaos, au nom de 12 petits États insulaires en développement du Pacifique, a exhorté le Conseil à soutenir leur appel pour la sécurisation de leurs zones maritimes et à appuyer la demande d’un avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur les obligations des États en matière de changements climatiques, qu’on appelle « l’initiative de Vanuatu ». 

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), Samoa s’est félicité que certains des plus grands États côtiers aient une compréhension similaire du droit international, reconnaissant la nécessité d’assurer la sécurité juridique.  Le délégué a rappelé l’existence d’une présomption fondamentale de maintien du statut d’État en droit.  « Priver les États insulaires de leur souveraineté est contraire à un siècle de pratique étatique », a-t-il argué en soulignant qu’il s’agit d’un exercice de pouvoir inacceptable par des États plus grands. 

De nombreuses délégations ont enfin demandé la désignation d’un représentant spécial du Secrétaire général sur les changements climatiques et la sécurité.  Une proposition balayée par la Fédération de Russie qui a, au contraire, estimé qu’il n’y a pas de lien entre climat et sécurité.  Dans son intervention, le délégué russe a renvoyé aux travaux de la Sixième Commission chargée des questions juridiques, jugeant prématuré, comme l’a fait l’Inde également, de discuter de ce problème au Conseil.  Ce dernier devrait plutôt traiter du règlement des conflits, a-t-il tranché. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

L’élévation du niveau de la mer et ses conséquences sur la paix et la sécurité - S/2023/79

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a détaillé le « multiplicateur de menaces » que représente l’élévation du niveau de la mer.  Pour les millions de personnes vivant dans les zones côtières de faible élévation et dans les petits États insulaires en développement, cette élévation est un « torrent de problèmes ».  Il a ainsi rappelé que l’accès à l’eau, à la nourriture, aux soins de santé sont menacés par ce phénomène, des secteurs économiques entiers, tels que la pêche, étant à risque.  L’existence même de certains pays est menacée, a-t-il ajouté.  Il a rappelé que le niveau de la mer a davantage augmenté depuis 1900 qu’au cours des trois millénaires antérieurs.  En outre, les océans se sont davantage réchauffés lors du siècle dernier qu’au cours des 11 000 années antérieures.  Si les températures augmentent de deux degrés, cette élévation du niveau de la mer pourrait doubler, a-t-il prévenu.  Avec un tel scénario, des pays comme le Bangladesh, la Chine, l’Inde et les Pays-Bas sont à risque et des mégalopoles devront faire face à de graves conséquences, a prévenu le Secrétaire général, en citant le Caire, Lagos, Maputo, Bangkok, Dhaka, Djakarta, Mumbai, Shanghai, Copenhague, Londres, Los Angeles, New York, Buenos Aires ou bien encore Santiago.  Il a précisé que les 900 millions de personnes vivant dans les zones côtières de faible élévation sont en danger, soit 1 personne sur 10 dans le monde.  Il a évoqué les conséquences « impensables » de ce phénomène, en parlant de la « disparition pour toujours » de pays entiers, des exodes de masse et une rivalité toujours plus aiguë pour l’accès à l’eau et à la terre. 

Après un tel constat, M. Guterres a invité à remédier à « cette marée montante de l’insécurité » en agissant dans trois domaines, tout d’abord en répondant à la cause profonde de l’élévation du niveau de la mer, à savoir la crise climatique.  En l’état des politiques actuelles, le monde s’achemine vers une augmentation des températures de 2,8 degrés, ce qui est « une peine de mort pour les pays vulnérables ».  Nous avons urgemment besoin d’une action plus concertée pour réduire les émissions et assurer une justice climatique, a tranché le Secrétaire général, en appelant notamment à honorer l’engagement des 100 milliards de dollars de financement climatique.  Les pays en développement doivent disposer des ressources nécessaires pour renforcer leur résilience face aux catastrophes climatiques, a-t-il estimé. 

Deuxièmement, nous devons parvenir à une compréhension plus fine des causes profondes de l’insécurité, a estimé le Chef de l’ONU.  Il a ainsi appelé à mieux identifier, afin d’y remédier, les facteurs qui sapent la sécurité, en mentionnant la pauvreté, les discriminations et les catastrophes naturelles, telles que l’élévation du niveau de la mer.  Il a également exhorté à améliorer nos systèmes d’alerte précoce pour protéger les communautés les plus vulnérables. 

Troisièmement, nous devons aborder les conséquences de la montée des eaux sur les cadres juridiques et les droits humains, a poursuivi M. Guterres.  L’élévation du niveau de la mer provoque littéralement un rétrécissement des masses terrestres, entraînant de possibles litiges liés à l’intégrité territoriale et aux espaces maritimes, a-t-il dit.  Selon lui, le régime juridique actuel doit être tourné vers l’avenir et combler les lacunes des cadres existants.  Il a précisé que cela inclut le droit international des réfugiés.  Il a aussi appelé à mettre en place des solutions juridiques et pratiques innovantes, pour faire face aux impacts de l’élévation du niveau de la mer sur les déplacements forcés de populations et sur l’existence même du territoire terrestre de certains États.  Les droits humains des personnes ne disparaissent pas lorsque leurs foyers disparaissent, a-t-il souligné.  L’an dernier, a-t-il rappelé, la Commission du droit international a examiné cette question et exploré, pour y remédier, une série d’options qui consisteraient notamment à préserver le statut d’État malgré la perte de territoire, à céder ou à attribuer des portions de territoire à un État touché, voire à créer des confédérations d’États.  Il a jugé essentiel de tenir ces débats pour trouver des solutions, tout en soulignant la nécessité de continuer à œuvrer pour protéger les populations touchées et garantir leurs droits humains essentiels. 

Enfin, le Secrétaire général a souligné que le Conseil de sécurité a un rôle essentiel à jouer pour mobiliser la volonté politique nécessaire afin de relever les défis de sécurité dévastateurs que pose la montée des eaux.  Nous devons tous continuer de donner à cette question toute la visibilité qu’elle mérite, a-t-il affirmé.

M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale, a commencé par citer le poète syrien de l’Antiquité Publilius Syrus, selon qui « n’importe qui peut tenir la barre quand la mer est calme ».  Mais nos mers ne sont pas calmes aujourd’hui, elles montent.  Or, a-t-il lancé à l’adresse des États Membres, vous n’avez pas besoin de moi pour savoir que les déplacements de centaines de millions de personnes posent un risque sécuritaire.  Il a également signalé qu’avec une bonne partie de l’agriculture mondiale concentrée sur les plaines côtières et les îles à basse altitude, l’élévation du niveau des mers et des océans soulève des questions à long terme pour la survie de l’humanité, ainsi que des questions juridiques sans précédent, qui sont au cœur même de l’identité nationale et étatique: qu’arrive-t-il à la souveraineté d’une nation –ou à son adhésion à l’ONU– si elle coule sous la mer? s’est-il demandé.  Il existe des règles sur la création d’États, mais aucune sur leur disparition physique.  Qui s’occupera de leurs populations déplacées?  Comment les premières modifications apportées aux rivages influenceront-elles les frontières maritimes?  Et de quelle manière cela affectera-t-il les zones économiques exclusives?  

À ces risques et incertitudes, s’ajoute le fait que ce phénomène ouvrira la porte aux conflits et aux différends, mettant en danger la paix et la sécurité mondiales, a mis en garde le Président.   Et là où cette porte est ouverte, ce Conseil a la responsabilité d’agir, notamment en intégrant l’analyse climatique dans la planification des efforts de prévention des conflits et de protection et en reconnaissant l’importance de l’action climatique dans la consolidation de la paix.  Nous disposons des données et des cadres.  Ce qu’il faut maintenant –comme toujours– c’est la volonté politique d’agir, a affirmé M. Kőrösi. 

Le Président de l’Assemblée générale a ensuite rappelé qu’en 2012, l’ouragan Sandy a forcé le Siège de l’ONU à New York à fermer pendant trois jours consécutifs, un fait sans précédent.  Les eaux de l’East River se sont répandues dans les niveaux inférieurs du Secrétariat.  « Il y avait des poissons qui nageaient dans le sous-sol, à côté des serveurs de l’ONU », a-t-il rappelé.  Dans la foulée, elle a été vivement critiquée pour son silence et son manque de préparation.  Plus d’une décennie plus tard, êtes-vous prêt?  Avez-vous fait votre part pour défendre la responsabilité collective de gérer les risques de sécurité liés au climat?  Avez-vous tiré les leçons de la prévention? a interrogé M. Kőrösi pour qui les urgences climatiques ouvrent aussi de nouvelles fenêtres de coopération et d’inclusion. 

M. BOGDAN AURESCU, Coprésident du Groupe d’étude de la Commission du droit international sur l’élévation du niveau de la mer et Ministre des affaires étrangères de la Roumanie, a averti que l’élévation du niveau de la mer représente un risque réel pour plus des deux tiers des États Membres de l’ONU, qui sont susceptibles d’être touchés, directement ou indirectement, et ce, même si les objectifs de l’Accord de Paris sont atteints.  Il a parlé notamment des côtes qui risquent d’être « repoussées » vers les terres, ce qui affecte les lignes de base et les zones maritimes, menaçant ainsi les droits des États côtiers sur ces espaces et l’accès aux ressources qui s’y trouvent.  Cette perte de ressources dont dépendent les populations littorales pour leur subsistance est susceptible d’entraîner une concurrence accrue pour les ressources naturelles, ainsi que des migrations forcées et des déplacements de populations, a-t-il indiqué avant de mentionner aussi l’impact potentiel sur les installations militaires côtières et les infrastructures critiques.  Plus important encore, cela peut entraîner la perte du territoire de l’État, a poursuivi M. Aurescu, non sans rappeler que c’est une menace existentielle pour les États côtiers de faible altitude et en particulier pour les petits États insulaires en développement (PEID), dont la surface terrestre peut être totalement recouverte par la mer. 

Face à de telles implications sécuritaires, le Ministre a plaidé pour une responsabilité commune renforcée afin de réagir rapidement et efficacement, en utilisant tous les outils politiques, juridiques et institutionnels fournis dans le cadre de l’ONU.  Selon lui, il existe au moins deux options d’action pour protéger les côtes, et donc le territoire de l’État, sa population et ses droits, les zones maritimes et leurs ressources, l’une d’elle consistant à protéger physiquement la côte par des fortifications et une consolidation côtières.  Il a cependant fait valoir que les PEID et de nombreux États côtiers de faible altitude ne peuvent pas se permettre financièrement de telles opérations.  La communauté internationale doit donc trouver des instruments innovants pour soutenir ces efforts, a-t-il dit, avant de rappeler qu’il avait proposé en septembre dernier, en marge de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale, la création d’un fonds volontaire international à cet effet.  Renouvelant cette proposition, il a ajouté que la deuxième option est l’utilisation du droit international.  La Commission du droit international a ainsi inclus à son ordre du jour dès 2019, sur proposition de son groupe d’étude, le thème « Élévation du niveau de la mer en relation avec le droit international », ce qui a donné lieu en 2020 à la présentation d’un premier document thématique, puis à des débats fructueux à la Commission en 2021 et à la Sixième Commission. 

S’agissant des solutions juridiques à élaborer, M. Aurescu a jugé d’importance primordiale les concepts de stabilité juridique, de sécurité, de certitude et de prévisibilité en ce qui concerne les zones maritimes.  Il a également parlé du document supplémentaire sur ces points essentiels, sur lequel travaille la Commission, indiquant qu’une solution destinée à assurer cette sécurité a déjà été proposée, approuvée par des États de diverses régions du monde.  Cette solution possible fait référence à l’interprétation de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, selon laquelle il n’y a aucune obligation en vertu de ce traité de maintenir à l’étude les lignes de base et les limites extérieures des zones maritimes, ni de mettre à jour les cartes ou les listes de coordonnées géographiques une fois déposées auprès du Secrétaire général de l’ONU.  En d’autres termes, a-t-il expliqué, la préservation des lignes de base et des limites extérieures des zones maritimes est cruciale pour la stabilité et la sécurité juridiques, permettant ainsi de sauvegarder les droits des États affectés à l’égard des zones maritimes sous leur juridiction et les ressources qui s’y trouvent.  Dans le même temps, a poursuivi le Coprésident, la stabilité et la sécurité juridiques signifient également que la hausse du niveau de la mer ne peut être invoquée, conformément à la Convention de Vienne sur le droit des traités, comme un changement fondamental de circonstances pour mettre fin à un traité établissant une frontière maritime ou pour s’en retirer. 

Au-delà des aspects liés au droit de la mer, M. Aurescu a estimé que la communauté internationale doit faire face aux conséquences humanitaires croissantes de l’élévation du niveau de la mer et éviter, par exemple, d’éventuelles situations d’apatridie « de facto ».  Il a préconisé plusieurs mesures, notamment la préservation des droits fondamentaux et la conservation de l’identité des personnes concernées, la sauvegarde des droits des États touchés en ce qui concerne leur patrimoine culturel, la préservation du droit à l’autodétermination des populations touchées et l’octroi d’un soutien financier et technique pour aider les États affectés à préserver leur propre existence.  Il a aussi appelé à garantir la protection des droits humains, sur la base d’une coopération internationale entre les États touchés, les États tiers, les organisations internationales et autres parties prenantes concernées, prévenant que les groupes vulnérables, tels que les femmes, les enfants, les personnes âgées et les populations autochtones, risquent de souffrir le plus.  Il est également crucial d’impliquer les populations locales dans le processus de prise de décisions relatif à leur relocalisation, a souligné le Coprésident, selon lequel ne pas le faire pourrait constituer une menace pour la paix et la sécurité. 

Observant enfin que les options possibles du droit international ne se limitent pas aux travaux de la Commission, M. Aurescu a rappelé qu’une demande d’avis consultatif a été adressée en décembre dernier au Tribunal international du droit de la mer, portant sur certaines questions juridiques concernant les obligations spécifiques des États au titre de la Convention en matière de protection et de préservation du milieu marin face aux changements climatiques.  Il a également évoqué l’initiative de Vanuatu, qui vise à demander l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur les obligations des États en matière de changements climatiques.  Ces efforts pourraient, selon lui, encourager un niveau d’ambition plus élevé pour l’action climatique à l’avenir.

Mme CORAL PASISI, Directrice chargée des changements climatiques de la Communauté du Pacifique (CPS) et Présidente de Tofia Niue, a cadré le débat en rappelant que d’ici à 2050, « c’est-à-dire au cours de la vie de nos enfants et petits-enfants », l’élévation du niveau de la mer aura dépassé au moins 1 mètre pour la plupart des petits États insulaires en développement (PEID) tandis que les catastrophes marines extrêmes qui, jusque-là, arrivaient une fois tous les 100 ans, se produiront chaque année.  L’élévation du niveau de la mer et les impacts des changements climatiques sont à la fois une menace directe pour la sécurité et un multiplicateur de menaces pour les individus, les communautés, les provinces, les nations et certainement pour le continent bleu du Pacifique, a-t-elle tranché.  À cet égard, elle a remarqué qu’une menace à la sécurité d’une personne est mieux définie par le prisme de ceux qui en sont frappés que par ceux qui continuent d’en être les plus responsables. 

Mme Pasisi a prévenu qu’il ne s’agit que d’une question de temps pour que la menace de l’élévation du niveau de la mer et des changements climatiques ne devienne une menace pour la paix et la sécurité de tous les pays du monde.  Pour de nombreux PEID, cette réalité est déjà sur nos côtes et pour certains, elle les a déjà emportés, s’est-elle impatientée.  Quant à la question de savoir quelle est la gravité de cette menace pour le statut d’État et la sécurité des PEID, elle a répondu que tout le monde sait que le continent du Pacifique bleu est un « patchwork d’intérêts géopolitiques, forgé par les guerres mondiales, travaillé via la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et coloré par la mondialisation ».  Il est aujourd’hui menacé d’être déchiré par cette menace, une situation exacerbée par l’ambiguïté du droit pour gérer les impacts de l’élévation du niveau de la mer sur les points de base qui servent à fixer les zones économiques exclusives.  Mme Pasisi a également dénoncé le mépris continu de la responsabilité de cette menace croissante et l’impunité, qui alimentent l’incapacité d’agir pour arrêter les changements climatiques, malgré les preuves évidentes de la menace existentielle qui pèse sur de nombreux États, communautés et individus dans le monde entier. 

Pour sa région et les nations qui la composent, il s’agit bien d’une question de sécurité d’une importance capitale, a affirmé l’intervenante, expliquant ainsi pourquoi les dirigeants du Pacifique ont élaboré les déclarations suivantes: en 2018, la Déclaration de Boe sur la sécurité régionale; en 2021, la Déclaration sur la préservation des zones maritimes face à l’élévation du niveau de la mer liée aux changements climatiques; et en 2022, la Stratégie pour le continent du Pacifique bleu à l’horizon 2050.  Elle a espéré que le mois prochain, la résolution de l’Assemblée générale demandant un avis consultatif à la Cour internationale de Justice (CIJ) sur les obligations de États en matière de changements climatiques sera adoptée. 

Mme Pasisi a tenu à rappeler aux membres du Conseil de sécurité que bien avant que la terre ne soit submergée, elle se dégrade tellement qu’elle ne peut plus soutenir la vie humaine et les écosystèmes complexes qu’elle abritait autrefois.  Cela se manifeste déjà dans les PEID et les États côtiers, leur a-t-elle dit: les récifs coralliens blanchissent, causant des dommages irréparables et affectant les sources alimentaires vitales, les moyens de subsistance et le tissu culturel des communautés et des pays côtiers.  L’eau de mer s’infiltre dans les nappes phréatiques délicates et menace la salinisation de l’eau potable et des terres arables.  Elle a attiré l’attention sur le fait que les connaissances et pratiques traditionnelles des peuples autochtones, qui constituent la grande majorité des populations des îles du Pacifique, se perdent à mesure que les ressources naturelles sont érodées par l’élévation du niveau de la mer et les impacts climatiques.  Elle a aussi souligné les impacts non économiques uniques et, à bien des égards, encore plus préoccupants: la guerre contre les changements climatiques a un adversaire beaucoup plus grand que dans une guerre classique et la capacité de l’arrêter est hors de votre contrôle direct, a-t-elle expliqué.  Elle a rappelé les pertes et dommages subis et les craintes pour l’avenir des enfants. 

Malgré cette réalité, les PEID restent résolus et comptent parmi les plus ambitieux pour donner l’exemple, a assuré l’intervenante: ils font pression pour une plus grande responsabilité de notre génération envers la suivante, que nous soyons assis sur une plage ou dans une tour de verre.  Elle a précisé que l’équité intergénérationnelle est une responsabilité que nous devons tous assumer et qui est au cœur du mandat du Conseil de sécurité.  Elle a recommandé que celui-ci commence par reconnaître et plaider pour arrêter les émissions de gaz à effet de serre, tout en soutenant les efforts des régions et des pays les plus à risque pour sécuriser leur espace juridictionnel sur la planète et la certitude de leur existence en tant qu’États à l’avenir.  Il faut aussi développer et mettre en œuvre une politique ambitieuse de verdissement des pratiques de l’ONU et de ses instances et acteurs clefs de terrain, a poursuivi Mme Pasisi en soulignant que les guerres sont coûteuses non seulement pour les peuples et les nations, mais aussi pour la stabilité de l’environnement mondial.  Elle a exhorté les membres du Conseil à se rendre dans le PEID pour prendre pleinement la mesure de la situation et à donner une voix aux plus vulnérables, en particulier les femmes, les filles et les enfants qui sont touchés de manière disproportionnée.

M. IAN BORG, Ministre des affaires étrangères et européennes et du commerce de Malte, a indiqué que les risques d’insécurité climatique liés aux océans sont une réalité quotidienne pour de nombreux pays, alors que de telles menaces affectent de manière disproportionnée les États insulaires, les PEID, les régions côtières et les villes basses, menaçant leur existence même.  Malte, en tant qu’État insulaire, ne connaît que trop bien cette réalité, a-t-il témoigné.  « Aujourd’hui, notamment en tant que membre du Conseil de Sécurité, notre engagement est tout aussi fort pour faire en sorte que cela demeure un élément important des discussions au sein de cet organe. »  Selon le Ministre, les craintes exprimées sur les conséquences humanitaires désastreuses qui pourraient résulter de l’élévation du niveau de la mer ne sont pas juste des discours rhétoriques, puisque la science prévoit que jusqu’à un milliard de personnes seront menacées par les aléas climatiques spécifiques aux zones côtières d’ici à 2060, et que des centaines de millions de personnes seront déplacées dans ce contexte d’ici à l’an 2100.  Ce schéma ne fera qu’augmenter si aucune mesure n’est prise, a-t-il averti, invitant le Conseil à traiter ces risques de manière appropriée. 

Alors que les questions juridiques soulevées par l’élévation du niveau de la mer sont examinées par la Commission du droit international, les risques évidents liés à la sécurité exigent l’attention de ce Conseil, a justifié le Ministre.  Selon lui, les conséquences politiques et sécuritaires de l’élévation du niveau de la mer reflètent une réalité catastrophique qui, si elle n’est pas prise en compte, peut conduire à un monde complètement différent que celui dans lequel nous vivons actuellement.  Il a également déploré le fait qu’alors que les changements climatiques catalysent de nouvelles vagues d’activisme à travers le monde, les menaces et les violences contre les femmes défenseures de l’environnement augmentent, surtout contre les femmes autochtones.  Leur protection doit donc faire partie intégrante du programme mondial de consolidation de la paix et de maintien de la paix, a plaidé M. Borg. 

Mme VERÓNICA NATANIEL MACAMO DLHOVO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, a déclaré que l’ampleur de la vulnérabilité de son pays aux risques climatiques a incité le Gouvernement à mener des études scientifiques détaillées sur leurs conséquences.  Ces études ont permis d’avoir une vision globale de l’impact du niveau de la mer, en particulier dans les régions basses, comme les deltas du Zambèze et du Limpopo inférieur.  Au cours des 12 derniers mois seulement, le Mozambique a subi cinq tempêtes tropicales et cyclones dont le dernier a touché près d’un million de personnes, a poursuivi la Ministre en indiquant que de nombreuses villes, dont la capitale, Maputo, souffrent d’une grave érosion causée par l’élévation du niveau de la mer et d’autres facteurs.  Un problème qui affecte également d’autres grandes villes côtières d’Afrique, telles que Lagos, Luanda, Dar es-Salaam, Alexandrie, Abidjan, Le Cap et Casablanca.  Or, a-t-elle prévenu, si aucune mesure urgente n’est prise pour protéger ces villes, elles risquent de disparaître dans un proche avenir. 

La Ministre a également parlé des petits États insulaires en développement (PEID), où les déplacements de population, la perte de territoire et les risques de perte d’identité nationale peuvent affecter profondément la stabilité, la paix et la sécurité de ces nations.  L’éventualité de pertes de territoire résultant de l’élévation du niveau de la mer est une question sensible, a noté la Ministre, expliquant qu’elle implique une série de préoccupations liées au statut d’État, à l’identité nationale, au statut de réfugié, à la responsabilité de l’État, à l’accès aux ressources et à la paix et à la sécurité internationales.  L’élévation du niveau de la mer risque d’affecter de manière significative l’étendue des revendications nationales en matière de juridiction maritime, a-t-elle aussi relevé.  Il est donc urgent selon elle d’établir des règles claires, au niveau international, pour sauvegarder la certitude et la stabilité de ces frontières, si l’on veut éviter de nouveaux conflits sur l’accès aux ressources.  La Ministre a jugé encourageants les résultats de la stratégie nationale d’adaptation aux changements climatiques du Mozambique, qui vise à atténuer les risques accrus.  En conclusion, elle a demandé de formuler une solution unanime au déplacement et à la perte de territoire: la communauté internationale doit réfléchir à la question de savoir comment réaffirmer le principe d’autodétermination et la continuation de l’État même dans les situations où le territoire aurait été perdu.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a exhorté le Conseil à agir, des milliards de personnes risquant d’être déplacées et de devenir des « réfugiés climatiques ».  Ce Conseil doit agir de manière ciblée et immédiate, a-t-elle précisé.  La représentante a redit l’engagement de son gouvernement à réduire les émissions des États-Unis, en appelant les autres pays à se montrer ambitieux.  Nous travaillons avec nos partenaires au renforcement des systèmes d’alerte précoce, a-t-elle notamment signalé.  Elle a appelé de ses vœux une politique internationale visant à lutter contre ce phénomène, avant d’appeler à la préservation des zones maritimes, nonobstant ladite élévation.  Il est crucial de ne pas remettre en cause ces zones maritimes, a-t-elle insisté.  Elle a conclu en appelant aussi à remédier de concert à la perte du statut d’État, qui est une question très complexe selon elle. 

M. THOMAS GÜRBER, Secrétaire d’État du Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse, a estimé que le Conseil de sécurité a un rôle clef à jouer face à l’élévation du niveau de la mer, en intégrant les évaluations des risques posés dans ses activités, y compris les missions de maintien de la paix et les missions politiques spéciales.  Dans ce cadre, a-t-il relevé, le droit international doit servir de boussole, la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et le principe de prévention des dommages en étant des composantes cruciales.  Il a constaté que les impacts des changements climatiques et l’élévation du niveau de la mer se font déjà sentir aujourd’hui, de manière différenciée en fonction des contextes.  Comme l’eau qui relie les glaciers suisses et les îles pacifiques, leurs effets sur la paix et la sécurité dépassent les frontières et nous concernent tous, a souligné le représentant.  Raison pour laquelle la Suisse a pris les devants en lançant avec la Norvège l’Initiative Nansen ainsi que la Plateforme sur les déplacements liés aux catastrophes naturelles basée à Genève.  Cette plateforme vise à améliorer la protection des personnes déplacées au-delà de leurs frontières dans le contexte des catastrophes et des changements climatiques, a expliqué le Secrétaire d’État.  Il a donné l’assurance que son pays continuera son engagement pour limiter les effets négatifs des changements climatiques sur la paix et la sécurité lors de son mandat au Conseil de sécurité.

M. MAJID AL SUWAIDI (Émirats arabes unis), Directeur général de la vingt-huitième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28), a constaté que l’urgence de la crise climatique est particulièrement évidente dans les océans, où l’on assiste à une élévation du niveau des eaux mais aussi à une acidification de cette ressource vitale.  Alors que la communauté internationale n’est pas en bonne voie pour atteindre l’objectif d’une limitation à 1,5° C du réchauffement climatique, un grand nombre de territoires risquent de devenir inhabitables avant même d’être submergés, a-t-il souligné, appelant au nom de son pays, les Émirats arabes unis, à une réponse coordonnée à l’échelle de tout le système multilatéral.  Notre obligation est d’inverser la trajectoire actuelle avec des mesures fortes, inclusives et durables, a-t-il insisté, avant de plaider pour que la question du déplacement potentiel de millions de personnes se trouve au cœur des efforts de préservation de la paix et de la sécurité internationales. 

Déplorant à cet égard le manque d’implication du Conseil de sécurité sur ces questions, le Directeur général de la future COP28 a préconisé une approche plus ciblée et plus sensible au contexte de chaque pays.  Il importe aussi, selon lui, d’appuyer un financement de meilleure qualité, alors que les efforts climatiques restent aujourd’hui sous-financés.  Dans ce cadre, une réforme des institutions financières internationales et des banques de développement est une nécessité, a-t-il ajouté, souhaitant à cet égard que les conclusions de la COP27 soient rendues opérationnelles.  Saluant la réponse rapide mise en place par les acteurs humanitaires en faveur des plus vulnérables ainsi que l’appel du Secrétaire général, il a appelé de ses vœux des plans d’investissement annuels et une meilleure collecte des données à des fins d’anticipation.  Il a aussi encouragé la Commission du droit international à poursuivre ses travaux sur les incidences de l’élévation du niveau des eaux sur le droit de la mer.  Enfin, il a demandé que les communautés touchées soient davantage entendues pour prévenir et répondre aux problèmes de sécurité. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a reconnu d’emblée le lien intrinsèque qui existe entre climat et sécurité.  Les changements climatiques affectent la sécurité et on risque d’arriver à un point de non-retour hypothéquant notre survie, a-t-il mis en garde, évoquant notamment la menace existentielle de la montée des eaux pour les PEID et États côtiers.  Les changements climatiques aggravent la pauvreté, le sous-développement et entraînent des déplacements massifs de personnes, ce qui est souvent une cause de conflit, a poursuivi le représentant en citant à titre d’exemple les 30 millions de Pakistanais déplacés l’an dernier par les inondations.  Nier cela, c’est se voiler la face et hypothéquer l’avenir de nos enfants, a affirmé le délégué qui a regretté que le Conseil de sécurité n’ait toujours pas placé cette menace existentielle au cœur de son travail.  Il faut insister sur les conséquences des changements climatiques sur la sécurité et réagir face aux risques en la matière.  Et les Nations Unies doivent accroître la coopération interinstitutionnelle pour l’échange d’informations sur la sécurité climatique, notamment par la nomination de représentants spéciaux.  Il faut en outre accorder la priorité aux systèmes d’alerte précoce qui ont fait leurs preuves, a poursuivi le représentant.  Il a estimé que les plans climatiques ambitieux resteront un vœu pieux à moins d’établir une liste des choses à faire et des efforts sérieux á déployer pour atténuer les effets des changements climatiques sur la sécurité.  Il a ajouté que ces efforts doivent commencer au niveau national, rappelant à ce sujet que l’Albanie est le premier pays de sa région à avoir adopté une stratégie sur les changements climatiques et un plan d’action sur l’atténuation et l’adaptation.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a appelé le Conseil de sécurité à examiner l’éventail des risques que les effets des changements climatiques font peser sur la paix et la sécurité internationales, pour envisager une action au niveau international ou régional.  La réponse attendue est avant tout préventive et comprend l’évaluation des risques, la planification et un financement approprié pour la résilience et le renforcement des capacités des États fragiles.  Le représentant a aussi relevé que l’élévation du niveau de la mer est susceptible remettre en cause les trois caractéristiques fondamentales qui permettent de définir un État, à savoir un territoire délimité et défini, une population et une autorité indépendantes. 

Poursuivant, le délégué a indiqué qu’au rythme actuel, en Afrique, des centaines de millions de personnes seront exposées à l’élévation du niveau de la mer d’ici à 2030, avec certaines métropoles côtières africaines de faible altitude qui pourraient devenir inhabitables à moyen terme.  Avec l’éventualité des déplacements de populations, il est à redouter que l’arrivée d’un grand nombre de personnes déplacées, ayant parfois des identités ethniques ou religieuses différentes, puisse exacerber des tensions sociales sous l’effet des facteurs identitaires ou liés à l’accès aux ressources, aux moyens de subsistance et aux services préexistants, a-t-il expliqué.  Il y a aussi, a-t-il dit, des risques induits d’exacerbation des instabilités sociales ou politiques, y compris la radicalisation à même de déclencher des conflits, aussi bien intra qu’interétatiques.  Dans le même temps, les tensions et les conflits peuvent affecter la capacité des pays à faire face aux risques sécuritaires liés au climat et accroître considérablement la fragilité des pays.  Ainsi, les pays les plus vulnérables aux impacts des changements climatiques sont également susceptibles de présenter des niveaux élevés d’insécurité, réduisant leur capacité à répondre ou à s’adapter à ces impacts, a-t-il constaté. 

Selon le délégué, la meilleure façon de prévenir, d’atténuer ou de gérer les risques sécuritaires liés au climat est de s’attaquer à leurs causes.  Il a appuyé l’appel lancé pour la nomination d’un représentant spécial sur le climat et la sécurité, lequel comblerait une lacune critique dans le système des Nations Unies, tout en fournissant au Conseil les informations dont il a besoin.  Aujourd’hui plus que jamais, la question n’est plus de savoir si le Conseil de sécurité est compétent pour se saisir de ces questions, mais plutôt de savoir comment les travaux du Conseil prendront en compte les risques sécuritaires multiformes liés aux changements climatiques, a-t-il conclu.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a tout d’abord rappelé que l’Accord de Paris fixe pour cap de limiter le réchauffement climatique à 1,5° C et d’accroître la capacité d’adaptation, d’atténuation et de résilience aux changements climatiques, notamment dans les pays les plus vulnérables.  Il a ensuite relevé que le dernier rapport du GIEC sur les océans et la cryosphère prévoit une élévation du niveau marin mondial de 48 centimètres en 2100, ce qui signifie que des espaces productifs, des terres agricoles, des habitations, seront demain submergés et inhabitables, essentiellement dans les petits États insulaires en développement dont la survie est en jeu.  Au-delà de la montée des eaux, tous les effets cumulatifs du dérèglement climatique sont des sources potentielles d’instabilité et de conflit, a-t-il ajouté, évoquant notamment la raréfaction des ressources, la disparition des terres submergées, les migrations forcées et l’insécurité alimentaire. 

Appelant à anticiper et répondre à l’état d’urgence auquel l’océan est confronté, le représentant a plaidé pour une approche globale et préventive.  Pour sa part, a-t-il indiqué, la France contribue aux efforts déployés en la matière par la communauté internationale à travers des initiatives visant à accroître la résilience des États aux changements climatiques, dont l’initiative CREWS, qui vise à améliorer les systèmes d’alerte précoce aux risques climatiques dans les pays les plus vulnérables aux catastrophes.  Aux yeux du représentant, l’ensemble du système des Nations Unies doit agir de manière coordonnée pour réduire les risques climatiques, que ce soit dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, de l’Accord de Paris ou du Conseil de sécurité.  Dans cet esprit de mobilisation, il a rappelé que, conjointement avec le Costa Rica, la France accueillera en 2025 la prochaine Conférence des Nations Unies sur les océans. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a appelé le Conseil à agir chaque fois que la paix est menacée, même s’il ne pourra pas, seul, apporter une réponse à la crise climatique.  Il a appuyé les efforts déployés pour la réduction des risques de catastrophe.  Le délégué a plaidé pour une prévisibilité juridique face à la montée des eaux au bénéfice notamment des PEID qui sont en première ligne.  Les pays côtiers doivent voir leurs zones maritimes préservées, nonobstant l’élévation du niveau de la mer, a tranché le délégué, en insistant sur la « clarté » de la position de son pays sur cette question. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a reconnu l’importance de la question de l’élévation du niveau de la mer due aux changements climatiques, en particulier pour les petits États insulaires, mais a estimé que cette question doit être discutée dans un forum inclusif, légitime et représentatif, avec le mandat et les bons outils pour lutter contre les changements climatiques et leurs implications.  Or, a-t-il souligné, il n’entre pas dans le mandat du Conseil de sécurité de discuter des changements climatiques.  Si, comme indiqué dans la note conceptuelle, l’objectif de cette discussion est de se concentrer sur la manière de prévenir les problèmes politiques et de sécurité liés à l’élévation du niveau de la mer et de renforcer la résilience, alors ce débat peut s’avérer indésirable et contre-productif, selon le délégué.  Tout d’abord, il a fait valoir que l’un des principaux rôles de l’ONU est d’être une source de données et de preuves fiables, de même pour le Conseil de sécurité.  Or, dans ce cas, il n’y a aucune preuve prouvant que les changements climatiques causent directement des conflits armés, a relevé le représentant.  Son deuxième argument est que, malgré les nombreux outils dont dispose le Conseil, il ne dispose pas de ceux dont il aurait besoin pour lutter contre les changements climatiques ni pour renforcer la résilience face à ses impacts. 

Le représentant a plutôt été d’avis que les conséquences des changements climatiques et de l’élévation du niveau de la mer doivent être traitées par le biais du droit international et de la coopération pour le développement.  Le premier s’intéresse aux implications politiques et juridiques de l’élévation du niveau de la mer pour les États, tandis que la seconde est une condition nécessaire à la mise en œuvre des objectifs consensuels du Programme 2030, du Cadre de Sendai, de la CCNUCC et de l’Accord de Paris.  Les COP de la CCNUCC sont les enceintes où les pays les plus touchés par les changements climatiques et leurs implications ont un siège permanent, contrairement au Conseil de sécurité de l’ONU, a rappelé le représentant avant de réitérer sa position selon laquelle les solutions aux implications juridiques complexes du sujet doivent être élaborées dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, y compris la Réunion des États parties.  Le Tribunal international du droit de la mer a également un rôle important à jouer à cet égard, notamment dans le cadre de l’avis consultatif présenté par la Commission des petits États insulaires sur le changement climatique et le droit international en décembre 2022, a-t-il ajouté.  Sur le front du développement durable, le représentant a relevé que, malgré l’énorme intérêt manifesté pour les océans aujourd’hui, l’ODD no 14 est toujours le moins financé de tous.  Si nous voulons renforcer la résilience des pays et des communautés touchés par l’élévation du niveau de la mer, la première étape consiste à atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés à cet égard, dont certains sont déjà dépassés, a-t-il martelé.  Qui plus est, les pays développés ne semblent pas autant désireux de remplir leurs engagements en matière de financement climatique dans le cadre de la CCNUCC que d’insister pour traiter ces questions au sein du Conseil de sécurité, a noté le délégué. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a estimé que les efforts d’adaptation, de protection, de réhabilitation et d’hébergement pour réduire les risques côtiers doivent être soutenus de toute urgence, en particulier pour les petits États insulaires en développement.  De tels efforts exigent des partenariats internationaux renforcés et un financement adéquat, dans le respect des pratiques de gestion des ressources communautaires et des solutions axées sur la nature.  En outre, le représentant a souligné la nécessité de réduire d’urgence les émissions de gaz à effet de serre, appelant les principaux pays émetteurs à redoubler d’efforts pour s’aligner sur l’objectif de 1,5 degrés Celsius, 2 degrés Celsius étant une condamnation à mort pour les petits pays insulaires en développement du Pacifique, d’Asie et d’Afrique. 

L’action climatique est impossible sans un financement adéquat, a-t-il souligné.  Mais un financement adéquat est impossible si les pays développés continuent de refuser d’assumer leurs engagements et leurs obligations.  Ils doivent, au minimum, commencer par respecter les engagements pris lors de la COP la plus récente, notamment en déboursant les 100 milliards de dollars promis de longue date aux pays en développement, en opérationnalisant le fonds pour les pertes et dommages convenu à Charm el-Cheikh; en réapprovisionnant le Fonds vert pour le climat d’ici à la COP28; et en faisant progresser les plans de systèmes d’alerte précoce pour protéger chaque personne sur Terre d’ici cinq ans.  Enfin, nous devons renforcer les mécanismes existants pour prévenir et résoudre pacifiquement les conflits en cette ère de changements climatiques, a préconisé le délégué. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a plaidé pour que la communauté internationale agisse davantage pour limiter de toute urgence l’augmentation de la température mondiale à 1,5° C et pour qu’elle analyse et anticipe les risques d’élévation du niveau des mers, tout en planifiant des réponses.  Pour cela, il faut des données et des preuves, a-t-elle recommandé, pour notamment analyser les risques de conflit dans une optique climatique, le système onusien devant être mieux à même d’analyser les informations et les intégrer dans le processus décisionnel des Nations Unies.  Elle a estimé que le Conseil de sécurité a un rôle clair à jouer pour encourager le système de l’ONU à examiner et à répondre aux implications sécuritaires des changements climatiques.  Il a aussi un rôle à jouer, a-t-elle ajouté, dans l’élaboration de stratégies cohérentes pour atténuer et traiter les risques liés au climat pour la paix et la sécurité. 

La représentante a également appelé à venir en aide aux États côtiers, indiquant à cet égard que son pays est engagé dans plusieurs programmes visant à accroître la résilience des pays en développement face aux changements climatiques, notamment le Blue Planet Fund, le programme de capacité et de résilience des PEID et le Fonds vert pour le climat.  Enfin, prenant note des inquiétudes de certains États Membres relatives aux risques de litiges frontaliers maritimes résultant de l’élévation du niveau de la mer, elle a assuré que le Royaume-Uni reste ouvert à des solutions pragmatiques et créatives et continuera à échanger à ce sujet avec d’autres États et la Commission du droit international.

M. ZHANG JUN (Chine) a espéré que l’étude de cette problématique en lien avec le droit international, effectuée par la Commission du droit international, permettra d’aboutir à des résultats significatifs.  Le délégué a constaté depuis l’année dernière un recul important dans la politique énergétique d’un certain nombre de pays qui se tournent à nouveau vers les énergies fossiles, tout en relevant que la promesse des pays développés (100 milliards de dollars pour l’action climatique) n’a pas été tenue à ce jour.  Il a plaidé pour un multilatéralisme véritable et pour le renforcement de la coopération, avant de demander le respect du principe des responsabilités communes mais différenciées.  La CNUCC et l’Accord de Paris étant les cadres principaux en termes de lutte contre les changements climatiques, il a invité à respecter leurs objectifs.  En outre, le représentant a appelé à tenir compte des préoccupations et besoins des PEID et à les aider à développer leur résilience et permettre leur développement vert, avant de rappeler que la conservation de l’environnement marin est une responsabilité collective pour toute l’humanité parce que l’océan est le socle du développement de tous.  Il a reproché au Japon d’avoir déversé des centaines de tonnes d’eau contaminée dans la mer, en l’exhortant à protéger l’environnement marin.  Il a conclu en rappelant les efforts et succès de son pays en faveur d’un développement vert et économe en carbone.  La Chine a 45 instruments de coopération avec 38 pays en développement sur les questions de lutte contre les changements climatiques, a-t-il ajouté. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a constaté que la montée du niveau de la mer peut générer une crise humanitaire à la suite des déplacements qui feront des « réfugiés climatiques » du fait de la perte de territoires.  De ce fait, les analyses de la Commission du droit international sont d’une importance critique pour comprendre les implications juridiques de l’élévation du niveau de la mer et pour éviter des conflits.  Le délégué a jugé important d’établir un indice multidimensionnel de vulnérabilité qui doit servir à débloquer des ressources et transférer des technologies aux pays en développement.  Il a rappelé l’engagement des pays développés de fournir 100 milliards de dollars par an, de 2020 à 2025, pour financer les mesures d’adaptation.  Il a salué la création récente d’un fonds pour répondre aux pertes et dommages dérivés des changements climatiques.  Le représentant a ensuite souligné l’importance de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), afin de mettre en avant le leadership et la participation pleine et équitable des femmes à tous les niveaux de prise de décisions sur la question de l’impact des changements climatiques.  Il a également appelé à renforcer les capacités d’analyse des missions de paix sur la question climatique.

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie), citant un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), a été d’avis que le lien entre climat et sécurité n’a aucune base scientifique.  L’influence du climat sur les conflits est plutôt faible, a-t-il argué.  S’il a reconnu que les conséquences économiques du changement du niveau de la mer peuvent provoquer de l’instabilité, il a estimé trompeur et nocif de corréler les causes au climat.  Le représentant a attiré l’attention sur les aspects juridiques de la question, renvoyant au débat à ce sujet au sein de la Commission du droit international.  Les experts juridiques ne sont pas parvenus à une conclusion unanime, a-t-il noté en signalant que les résultats de leurs travaux ne sont attendus qu’en 2025.  Le délégué a aussi renvoyé aux travaux de la Sixième Commission chargée des questions juridiques estimant qu’il est prématuré de discuter de ce problème au Conseil de sécurité.  Il faut respecter la division du travail du système des Nations Unies, a-t-il tranché. 

Le représentant a rappelé que cette division du travail n’a pas été conçue par les États fondateurs de l’ONU par hasard.  La recherche de solutions de qualité et innovantes aux défis auxquels le monde est confronté doit se faire à l’aide d’outils adaptés, a-t-il conseillé.  Il en a déduit que le Conseil devrait traiter des questions relatives au règlement des conflits, tandis que les questions de développement, y compris la dimension environnementale, devraient être examinées dans le cadre des travaux de l’Assemblée générale, de l’ECOSOC, du forum politique de haut niveau pour le développement durable, et de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Le délégué s’est associé à l’inquiétude de son homologue de la Chine qui s’est dit préoccupé par le projet de déversement dans l’océan par le Japon des eaux usées de la centrale nucléaire de Fukushima.  Tokyo devra faire preuve de transparence, a-t-il exigé.  En conclusion, il a apporté le soutien de sa délégation aux besoins des PEID en les invitant à en discuter dans le cadre du système des Nations Unies pour le développement.

M. MUHAMMAD FAISHAL IBRAHIM, Ministre de l’intérieur et du développement national de Singapour, a appelé le Conseil à assumer ses responsabilités face aux changements climatiques et à l’élévation du niveau de la mer.  Il a rappelé que tous les efforts pour remédier à l’élévation du niveau de la mer doivent être conformes au droit international.  Toute solution contraire ne fera que saper l’état de droit au niveau international et ne pourra qu’être préjudiciable à la paix et à la sécurité internationales, a-t-il prévenu.  Enfin, le Ministre a souligné l’importance fondamentale de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer qui doit être le cadre au sein duquel toutes les questions liées au droit et à la mer, y compris celles de l’élévation du niveau de la mer, doivent être traitées. 

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a déclaré que les conséquences profondes de l’élévation du niveau de la mer démontrent clairement que les changements climatiques constituent une menace pour la sécurité et méritent l’attention systématique du Conseil de sécurité, déplorant le recours au véto lors de la mise aux voix d’une résolution sur cette question en 2021.  Elle a également estimé que la communauté internationale doit veiller à ce que les États et les pays particulièrement touchés par le phénomène aient la certitude juridique de pouvoir prendre des décisions au nom de leurs populations. 

Notant que l’élévation du niveau de la mer soulève la question du statut juridique des États, elle a également engagé la communauté internationale à renouveler son attachement au droit à l’autodétermination des peuples énoncé dans les Pactes internationaux relatifs aux droits de l’homme.  Selon elle, les situations de montée des eaux, où le territoire est inondé et les individus sont contraints de se réinstaller, ne devraient pas constituer un défi à la persistance de l’État.  Toute inondation totale ou partielle du territoire d’un État ou d’un pays, ou la relocalisation de sa population, ne devrait pas modifier la présomption du droit international selon laquelle seules les personnes concernées devraient pouvoir déterminer le mode d’expression de leur droit à l’autodétermination, y compris par le biais d’un État, a ajouté la déléguée.

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a estimé, au regard des impacts disproportionnés de l’élévation du niveau de la mer sur les PEID, que le Conseil de sécurité ne doit pas rester à l’écart de cette question en tant qu’organe responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il l’a donc invité à envisager les implications des changements climatiques sur la paix et la sécurité par rapport à son rôle dans la prévention d’éventuels conflits futurs.  Pour ce faire, le Conseil doit être informé par diverses parties prenantes, telles que des scientifiques, des organisations régionales, d’autres entités des Nations Unies et la société civile, a-t-il préconisé.  Notant à cet égard que les opérations de paix des Nations Unies dont les mandats reflètent les risques liés au climat peuvent également être « les yeux et les oreilles du Conseil sur le terrain », il a encouragé le Groupe informel d’experts sur le climat et la sécurité à renforcer son rôle dans l’intégration et le développement des informations et analyses recueillies par ces différentes sources. 

Le représentant a ajouté que la République de Corée, en tant que pays de la région Asie-Pacifique, partage les préoccupations des pays insulaires du Pacifique concernant les impacts de l’élévation du niveau de la mer.  À ce propos, il a indiqué que son pays accueillera cette année le tout premier sommet République de Corée-pays insulaires du Pacifique.  Ce partenariat, a-t-il précisé, sera soutenu par une augmentation de 21% de l’aide publique au développement (APD), destinée à aider à la transition énergétique à faible émission de carbone des pays partenaires.  Le délégué a ajouté que son pays continuera à soutenir les initiatives régionales, telles que l’« Initiative des nations montantes » lancée pour préserver le statut d’État et la culture des pays des atolls du Pacifique qui sont confrontés à des menaces existentielles en raison de l’élévation du niveau de la mer.

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a rappelé que la question de l’élévation du niveau de la mer affectera à terme l’existence même et les moyens de subsistance des États, en particulier plusieurs États côtiers de faible altitude et de petits États insulaires en développement (PEID) et leurs peuples.  La souveraineté des États impactés sera remise en cause, les zones et accords maritimes seront affectés et des millions de personnes seront forcées de se déplacer au cours des prochaines décennies.  Pour le représentant il ne fait pas de doute que cela aura des implications massives sur la paix et la sécurité internationales en raison des conflits potentiels découlant des défis à la souveraineté et des différends maritimes.  Il est donc de la plus haute importance que la communauté internationale, y compris l’ONU, agisse pour empêcher que de telles implications ne se produisent et contenir les effets de la montée du niveau de la mer, en particulier sur la paix et la sécurité internationales.  Il a insisté sur l’importance de la coopération internationale à cet égard, et sur le besoin de combler les lacunes juridiques, en soulignant le rôle de la Commission du droit international (CDI).  Les Parties à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer devraient également envisager de négocier un protocole ou un autre instrument pour traiter des aspects maritimes de l’élévation du niveau de la mer, y compris le changement potentiel des lignes et points de base, a encore suggéré le représentant.  Il a ajouté que le Conseil de sécurité a un rôle important à jouer en mettant en évidence les défis à la paix et à la sécurité internationales découlant de l’élévation du niveau de la mer en proposant des actions et des stratégies pour en prévenir les conséquences, a conclu le délégué. 

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a souligné que l’impact négatif des changements climatiques coûtera à l’Égypte plus de 6% de son PIB chaque année.  En effet, le delta du Nil en Égypte est identifié par le quatrième rapport d’évaluation du GIEC comme l’un des trois points chauds de vulnérabilité extrême dans le monde en raison de sa faible altitude.  De ce fait, une augmentation de l’élévation du niveau de la mer affectera 25% de la population égyptienne et 90% des terres agricoles du pays.  Il a estimé que le financement de l’adaptation demeure une priorité, se félicitant que la COP27 à Charm el-Cheikh a réussi, après 30 ans, à réaliser une avancée historique sur les modalités de financement des pertes et dommages et la création du fonds y relatif. 

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a déclaré que l’action climatique est plus que jamais nécessaire, appelant au respect de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, de l’Accord de Paris et des accords conclus lors de la COP27 à Charm el-Cheikh, y compris le nouveau fonds pour les pertes et dommages des pays vulnérables aux changements climatiques.  Le délégué a souligné l’importance de renforcer les mesures de réduction des risques de catastrophe et de garantir la disponibilité d’une aide humanitaire efficace et sûre.  Il ne faut pas non plus sous-estimer le problème de l’élévation du niveau de la mer et ses implications juridiques sur le statut d’État, a ajouté le délégué qui a appelé à clarifier le régime juridique de protection des personnes touchées par la montée du niveau de la mer.  Le représentant a ensuite exhorté le Conseil de sécurité à examiner les nombreux facteurs qui peuvent avoir des impacts sur son champ d’action y compris les effets de l’élévation du niveau de la mer.

M. ARIEL RODELAS PEÑARANDA (Philippines) a fait remarquer que son pays est menacé par l’élévation du niveau de la mer, avant de souligner la complexité du lien entre sécurité et climat.  Il a insisté sur la gravité de la question de la perte du statut d’État et appelé à la préservation des zones maritimes.  Le délégué a insisté sur l’importance de la sécurité juridique afin d’éviter tout litige.  Enfin, le délégué a invité à atténuer les conséquences des changements climatiques. 

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie) a affirmé que le danger réel posé par les changements climatiques et l’élévation du niveau des mers oblige à prendre de réelles mesures, en particulier pour les pays touchés qui ont besoin des capacités nécessaires et d’une résilience accrue, dans le respect de leurs priorités nationales.  Dans cette perspective, la coopération et le partage d’informations entre États et au sein de toutes les entités onusiennes sont une nécessité, a relevé le représentant, avant d’annoncer que l’Indonésie serait prête à jouer son rôle dans la lutte contre les changements climatiques. 

Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) a témoigné de l’intensification des phénomènes météorologiques extrêmes en indiquant que, pour la troisième fois de son histoire, son pays vient de déclarer l’état d’urgence nationale en réponse au passage destructeur du cyclone Gabrielle.  Alors que les effets des changements climatiques continuent de s’accélérer, les impacts associés affecteront fondamentalement la sécurité mondiale, a-t-elle prévenu, avant de rappeler que, d’ores et déjà, certains pays insulaires du Pacifique connaissent une élévation du niveau de la mer jusqu’à quatre fois supérieure à la moyenne mondiale.  Si sa gravité varie selon les États et les régions, ce phénomène aura des implications pour tous les États et posera des menaces spécifiques à la paix et à la sécurité de la communauté internationale dans son ensemble, a insisté la représentante, pour qui il est crucial de coopérer pour élaborer des réponses à ces questions. 

Relevant que les effets de l’élévation du niveau de la mer soulèvent aussi d’importantes questions juridiques relatives à la paix et à la sécurité internationales, elle a rappelé que les zones maritimes et les droits aux ressources qui les accompagnent sont essentiels aux économies, aux identités et aux modes de vie des pays, en particulier des PEID.  À cet égard, elle a réitéré l’appui de son pays à la Déclaration de 2021 des dirigeants du Forum des îles du Pacifique sur la préservation des zones maritimes face à l’élévation du niveau de la mer liée aux changements climatiques.  Après s’être félicitée de l’appui international dont a bénéficié cette déclaration, elle a dit attendre de la communauté internationale qu’elle veille à ce que les droits maritimes dont dépendent de nombreux États soient préservés.  Enfin, elle a réaffirmé son soutien à l’initiative de Vanuatu en faveur d’un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur le climat. 

M. MARTIN BILLE HERMANN (Danemark) est revenu sur l’étude du GIEC sur l’élévation du niveau de la mer et la menace existentielle que cela représente pour certains pays côtiers et les PEID.  Alors que les changements climatiques sont un multiplicateur des risques, y compris les risques sécuritaires, il a rappelé que le Conseil de sécurité a le rôle de sensibiliser aux menaces à la paix et à la sécurité, y compris lorsqu’il est question de sécurité humaine, a-t-il souligné.  Il a suggéré que le Conseil demande au système de l’ONU de renforcer son expertise pour faire face aux risques sécuritaires liés aux changements climatiques, ainsi que les interactions entre l’ONU et les acteurs régionaux et locaux.  La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer constitue le cadre idoine pour s’attaquer à ce défi, a-t-il estimé.  Il a toutefois constaté que les incidences de l’immersion complète d’un territoire n’ont pas encore été pleinement identifiées, et a souhaité que les risques climatiques soient inclus dans les rapports dont est saisi le Conseil de sécurité.

M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam) a indiqué que 11 à 26% de la population du Viet Nam, principalement dans le delta du Mékong et du fleuve Rouge, est confrontée à différents risques d’inondations.  Il a également rappelé qu’en octobre 2021, le Viet Nam a organisé une réunion du Conseil de sécurité selon la formule Arria sur la même question que le débat d’aujourd’hui.  La lutte contre les changements climatiques et l’élévation du niveau de la mer doit être globale et nécessite des efforts concertés qui placent les personnes au cœur de la solution, a-t-il préconisé.  Selon le délégué, ces efforts doivent aller de pair avec les solutions pour faire face aux causes profondes de l’insécurité, telles que la pauvreté et les inégalités.  Il a recommandé au Conseil de sécurité d’organiser davantage de réunions d’information avec des scientifiques et autres experts sur l’impact de l’élévation du niveau de la mer sur la paix et à la sécurité.  Le Conseil peut également envisager d’établir un système d’alerte précoce en rapport à la hausse du niveau de la mer dans les régions en conflit, a-t-il encore proposé. 

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a demandé à l’ONU de se concentrer de manière plus systématique et ambitieuse sur le lien qui existe entre changements climatiques et sécurité mondiale en gardant à l’esprit le mandat du Conseil.  Il faut éviter au monde de sombrer, a-t-il lancé.  Il a recommandé de travailler avec les groupes vulnérables affectés, en particulier les femmes, les enfants et les jeunes.  Le lien entre paix, développement et environnement doit demeurer au cœur des efforts pour assurer la sécurité et le bien-être à l’échelle mondiale, a-t-il insisté.  Il a ensuite indiqué que la Slovénie, qui assurera la présidence future de la Convention de Barcelone, est attachée à la protection de l’écosystème maritime et est consciente de son importance pour la paix et la sécurité dans la région de la Méditerranée.

Mme PAULA NARVÁEZ OJEDA (Chili) a exprimé son appréciation quant à l’étude réalisée par la Commission du droit international sur l’élévation du niveau de la mer en vue de l’élaboration des réponses sur des questions telles que la protection des personnes touchées ou la stabilité des délimitations maritimes.  Elle a insisté sur l’importance de certains principes, tels que l’équité, le principe des responsabilités communes mais différenciées, le devoir de coopérer, le principe du pollueur-payeur ou bien encore la préservation des zones maritimes. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a dit que son pays redouble d’efforts pour renforcer la résilience climatique des États insulaires africains.  Depuis le premierSommet de l’action africaine convoqué par le Roi Mohammed VI, en marge de la COP22 à Marrakech en 2016, trois commissions africaines sur le climat ont été lancées et opérationnalisées, dont une dédiée aux petits pays insulaires, présidée par les Seychelles, s’est-il félicité.  Le représentant a souligné que le Maroc s’est joint à l’initiative, portée par Vanuatu, visant à solliciter un avis consultatif de la CIJ afin de clarifier les droits et obligations des États en droit international en ce qui concerne les conséquences des changements climatiques, notamment vis-à-vis des États les plus impactés.  En outre, il continue de renforcer sa coopération dans le domaine de la gestion intégrée des zones côtières pour parvenir à un développement durable.  Le Maroc a ainsi présenté en 2019, avec un large soutien des États Membres, la première résolution des Nations Unies sur le renforcement de la coopération dans le domaine de la gestion intégrée des zones côtières, visant à prévenir les catastrophes, à atténuer leur impact et à promouvoir le développement durable des zones côtières, a encore fait valoir le délégué. 

Mme ANA PAULA ZACARIAS (Portugal) a rappelé que le Portugal a été parmi les premiers pays à s’engager en faveur de la neutralité climatique d’ici à 2050 et que, lors de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les océans, en 2022, il a promu un nouvel ensemble d’engagements plus ambitieux pour la mise en œuvre des objectifs du Programme 2030 liés aux océans.  Dans ce contexte, la représentante a appelé la communauté internationale à se concentrer sur le renforcement de la résilience et sur l’adaptation à ces impacts et à leurs conséquences.  Elle a ajouté que, conformément à l’initiative « Early Warnings for All » à laquelle il adhère, le Portugal a fait du renforcement de la réponse humanitaire et d’urgence dans les PMA et les PEID l’un des principaux principes de sa coopération au développement.  À ce propos, elle a estimé que les efforts collectifs en termes de préparation doivent inclure la capacité de répondre aux questions juridiques soulevées par l’élévation du niveau de la mer.  Saluant les travaux menés à ce sujet par la Commission du droit international, elle a aussi appuyé l’initiative de Vanuatu, qui vise à demander un avis consultatif à la Cour internationale de Justice sur les obligations des États en matière de changements climatiques.  Enfin, jugeant que le système des Nations Unies est le mieux placé pour promouvoir une réponse coordonnée à ces défis, elle a souhaité que le Conseil de sécurité continue d’œuvrer en faveur d’une approche globale pour faire face aux impacts sur la sécurité et aux risques posés par les changements climatiques, y compris par le biais d’une résolution.

Mme JEANNE MRAD (Liban) a souligné le besoin d’agir ensemble et dans le cadre multilatéral, avec les Nations Unies au centre, pour être mieux préparé aux menaces de l’élévation du niveau de la mer.  Si pour les PEID ce n’est ni plus ni moins qu’une question de survie qui est en jeu, les régions côtières n’en sont pas moins affectées, a remarqué la représentante en énumérant les conséquences néfastes telles que la perte des moyens de subsistance, la raréfaction des ressources, les déplacements forcés, la pression migratoire et l’insécurité alimentaire.  Cela ouvre la voie à plus d’instabilité, à une aggravation du risque sécuritaire, ainsi qu’à des tensions, voire des conflits, a-t-elle expliqué, ce qui se ressent plus fortement pour des États et des régions déjà fragilisés.  Dès lors, l’accent doit être mis sur le renforcement de la prévention, a estimé la déléguée en plaidant pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  S’agissant du rôle du Conseil de sécurité, elle a jugé nécessaire qu’il comprenne mieux les liens entre l’instabilité, les conflits et les risques climatiques.  Elle a aussi parlé de la Commission de consolidation de la paix qui, en tant qu’organe consultatif, devrait examiner les répercussions du dérèglement climatique sur la paix et la sécurité et permettre ainsi de développer des stratégies de prévention des conflits et de pérennisation de la paix en intégrant des considérations climatiques.  Toutefois, renforcer la prévention doit s’accompagner d’un financement prévisible et durable, a-t-elle souligné, soucieuse notamment pour les États les plus touchés par la montée de la mer. 

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a estimé que le Conseil de sécurité devrait traiter des questions concernant le climat et la sécurité comme une priorité essentielle.  Il a relevé que l’élévation du niveau de la mer détruit les moyens de subsistance des populations.  Ces dernières sont obligées de se déplacer et cela crée des conflits pour l’accès à l’eau douce et aux terres fertiles.  D’un point de vue juridique, a-t-il constaté, l’élévation du niveau de la mer affecte plusieurs domaines tels que la souveraineté territoriale, le statut d’État, la délimitation des frontières, les droits des zones économiques exclusives, ainsi que des questions concernant la protection des personnes affectées.

Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT (Guyana) a déclaré que l’élévation du niveau de la mer a un impact sur la sécurité alimentaire et hydrique en Guyana où plus de la moitié de la population vit à au moins 182 centimètres en-dessous du niveau de la mer.  Elle a appelé à examiner les implications juridiques de l’élévation du niveau de la mer, car ce phénomène a des conséquences territoriales, notamment l’érosion des côtes, la perturbation des lignes de base et par conséquent des limites déterminées par celles-ci.  Dans les situations où les frontières ne sont pas définies, il existe une possibilité encore plus grande de tension et de conflit, a-t-elle averti.  La déléguée a ensuite insisté sur l’importance des mesures d’atténuation et d’adaptation, de la coopération internationale et de l’équité.  La nécessité d’un financement urgent pour le climat est primordiale, a-t-elle ajouté.

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a estimé que le Conseil de sécurité n’est pas le lieu où traiter des questions touchant aux changements climatiques ou à l’élévation du niveau de la mer.  Le lien scientifique ou les preuves des conséquences des changements climatiques sur la paix et la sécurité sont très limités, selon elle.  La représentante a affirmé que le meilleur cadre pour lutter contre les changements climatiques est celui de la Convention-cadre sur les changements climatiques.  Elle a dit soutenir le mécanisme de compensation des pertes et dommages établi à Charm el-Cheikh (Égypte), qui doit inclure les questions touchant à la préservation du mode de vie.  L’oratrice a rappelé les promesses non tenues sur le plan financier en matière de développement.  Elle s’est demandé s’il n’était pas ironique que les pays en développement, censés assumer le fardeau de toutes les actions nécessaires de résilience climatique, d’économie sans carbone, de gestion des conséquences des changements climatiques et d’élimination de la pauvreté pour des millions de personnes dans le monde, doivent gérer en même temps les perturbations et les incertitudes touchant aux chaînes d’approvisionnement.  La simplification à l’extrême des causes des conflits ne permettra pas de régler le problème, a terminé la représentante.

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a exprimé la préoccupation de son pays, « petit État côtier mais grand pays océanique » face à l’élévation du niveau de la mer et à ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales.  Elle a appelé à respecter les limites fixées par l’Accord de Paris sur le climat en matière d’émissions, de redoubler d’efforts pour l’adaptation et l’atténuation, et d’honorer les engagements pris sur le plan financier, notamment en alimentant le nouveau fonds pour les pertes et dommages liés aux changements climatiques.  Défendant l’idée d’une justice climatique, elle a averti que l’élévation du niveau de la mer peut être à l’origine de nouveaux conflits liés à la terre et aux ressources, mais aussi de graves crises migratoires.  Dans ce contexte alarmant, le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix doivent selon elle réagir en tenant compte de toutes les questions de sécurité humaine.  Les États insulaires et côtiers sont confrontés à un défi unique, avec la possible perte d’une partie ou de la totalité de leur territoire, perspective qui saperait le socle même de l’ordre international actuel, a souligné la déléguée.  Elle a également jugé urgent de mieux comprendre les conséquences juridiques de ce phénomène, saluant les travaux menés dans ce sens par la Commission du droit international et la demande d’avis consultatif adressée à la CIJ par les PIED.  Enfin, après s’être prononcée pour un débat sur les incidences pénales internationales des « écocides », elle a rappelé que son pays organisera en 2025, conjointement avec la France, la prochaine conférence des Nations Unies sur les océans. 

M. EVANGELOS SEKERIS (Grèce) a affirmé que la Convention sur le droit de la mer établit la base juridique idoine pour régler et réglementer toute question pertinente pouvant survenir.  Par exemple, a-t-il dit, la Convention n’impose aucune obligation de revoir ou de recalculer les niveaux de référence ou les limites extérieures des zones maritimes établies conformément à ses dispositions.  Il a souligné à cet égard l’importance de sauvegarder la stabilité des frontières maritimes, confirmée par les pratiques et la jurisprudence internationale, a-t-il dit.  Il a donc fait observer que l’élévation du niveau de la mer n’affecte pas les frontières maritimes.  Nous devons améliorer notre prise de conscience des risques de sécurité liés au climat, en améliorant notre compréhension des liens entre les impacts de l’élévation du niveau de la mer et la sécurité, a-t-il conclu.

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a expliqué que son pays n’est pas à l’abri de la montée du niveau de la mer, ce qui représente une grave menace pour ses moyens de subsistance.  Il est grand temps que cette question soit examinée, a-t-il déclaré, en appelant à faire front commun face aux ramifications des incidences de l’élévation du niveau de la mer dans le monde entier.  Il faut travailler ensemble pour éviter les menaces à la paix et à la sécurité liées à ce phénomène, a-t-il insisté.  Le représentant a ensuite passé en revue les mesures prises en Thaïlande pour augmenter sa résilience à ce phénomène, notamment la construction de digues.  Il a constaté que le cadre juridique existant qui s’applique aux victimes de l’élévation du niveau des mers est fragmenté, et a salué le travail de la Commission du droit international sur cette question. 

M. JEEM LIPPWE (États fédérés de Micronésie) a estimé que l’élévation du niveau de la mer présente un défi qui nécessite la saisie du Conseil de sécurité, étant donné que cela pose un problème particulièrement sérieux pour la paix et la sécurité des petits États insulaires en développement comme la Micronésie.  Il a mentionné une école de pensée en droit international qui estime qu’une fois que l’élévation du niveau de la mer inonde la totalité du territoire terrestre d’un État, alors cet État cesse automatiquement d’exister et ne jouit plus dudit statut au sein de la communauté internationale.  Le délégué a invité le Conseil de sécurité à rejeter cet avis « profondément perturbateur pour la paix et la sécurité d’un peuple ».  Il a enfin réitéré la demande de plusieurs PEID de voir créer un poste de représentant spécial du Secrétaire général sur les changements climatiques. 

M. JOSÉ ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine) a dit que l’élévation du niveau de la mer pourrait submerger 13% de son territoire national d’ici à 2050 alors que le pays ne dispose pas des ressources nécessaires pour faire face aux dommages potentiels.  Le coût de l’inaction face aux changements climatiques pourrait entraîner des pertes annuelles jusqu’à 22 000 milliards de dollars d’ici à 2050, soit environ 10% de l’économie mondiale, a-t-il ajouté.  Le représentant a expliqué que la République dominicaine fait partie des pays directement touchés d’autant que son économie repose en partie sur le tourisme qui est l’un des secteurs parmi les plus vulnérables face à l’élévation du niveau de la mer et aux changements climatiques.  Dès lors, il a demandé d’anticiper les conséquences de l’élévation du niveau de la mer en tenant compte de toutes les questions liées à la souveraineté et aux délimitations maritimes.  Il faut en outre utiliser les outils disponibles pour lutter contre les changements climatiques et ses conséquences sur la sécurité internationale, a ajouté le délégué avant de rappeler que la disponibilité de ressources est le seul moyen pour garantir la pérennité de l’économie de son pays.  Il a donc misé sur la création du fonds permettant de compenser les pertes et préjudices liés aux changements climatiques.

Si mon pays n’a pas de littoral, a déclaré M. COLLEN VIXEN KELAPILE (Botswana), il n’en subit pas moins les effets des changements climatiques.  Comme les petits États insulaires en développement, l’Afrique, a aussi souligné le représentant, contribue très peu aux émissions de gaz à effet de serre mais supporte le plus grand impact négatif, y compris les sécheresses prolongées, les inondations, les cyclones et les tempêtes qui tous se sont intensifiés.  Tout indique que dans les décennies à venir, les déplacés seront au nombre de 113 millions d’ici à 2050.  En conséquence, a indiqué le représentant, le Botswana a lancé un processus exhaustif pour identifier les zones à risque et développer une feuille de route sur la mobilité climatique.  Il est en effet important que la réponse du continent se fonde sur des données et des informations fiables. 

Le représentant a plaidé pour la mise en œuvre des engagements pris en matière de financement et d’accès aux systèmes d’alerte rapide.  Les organisations régionales, a-t-il ajouté, devraient aussi appuyer le travail de météorologie et de planification pour traiter des risques transfrontaliers et exploiter les opportunités qui viennent avec le mouvement et la réinstallation des populations. 

M. DAVID ABESADZE (Géorgie) a estimé que la lutte contre les effets des changements climatiques sur la sécurité devrait figurer au cœur du programme de prévention des conflits du Conseil de sécurité et faire l’objet d’analyses approfondies.  Dans ce contexte, nous pensons que l’évaluation des risques de sécurité liés au climat et les réponses à y apporter devraient être davantage intégrées dans les travaux du Conseil, notamment dans le cadre des activités de maintien et de consolidation de la paix de l’ONU.  Il a indiqué que la Géorgie, en tant que partie à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et à l’Accord de Paris, a présenté une mise à jour des contributions déterminées au niveau national à la CCNUCC et planche également sur la stratégie de développement à faible émission à long terme (2050), qui planifiera la trajectoire de la Géorgie pour l’atténuation des changements climatiques de façon pérenne. 

Au nom des 12 petits États insulaires en développement du Pacifique, Mme ILANA VICTORYA SEID (Palaos) a souligné que l’élévation du niveau de la mer constitue une menace existentielle pour les îles basses et les atolls du Pacifique.  Ce phénomène a déjà provoqué l’inondation de bon nombre de nos côtes et entraîné des déplacements de population, tout en faisant pénétrer l’eau de mer dans nos nappes phréatiques, a expliqué la représentante.  Pour faire face à cette menace, a-t-elle poursuivi, le Président de Kiribati a lancé une stratégie de « migration dans la dignité » et a acheté 5 500 acres aux Fidji pour assurer une production alimentaire supplémentaire et un lieu de réinstallation potentiel, dans le cas où l’élévation du niveau de la mer rendrait son pays inhabitable.  De même, craignant une inondation totale, les Tuvalu ont entrepris de télécharger une version virtuelle de son pays dans le métaverse afin de préserver sa culture, a-t-elle relaté, précisant que, loin d’être de la science-fiction, ces exemples illustrent ce qui se produit aujourd’hui dans de nombreux États insulaires.  Mais ces mesures extrêmes ne concernent pas seulement les PEID puisqu’aux États-Unis, l’Administration Biden a versé 75 millions de dollars à trois communautés tribales d’Alaska et de Washington gravement touchées par les effets des changements climatiques pour qu’elles se réinstallent sur des terres plus élevées.  « Payer pour déménager n’est pas une solution que nous pouvons accepter », a-t-elle ajouté, appelant la communauté à faire davantage pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. 

À cette aune, la représentante a demandé au Conseil de sécurité de soutenir l’appel des PEID concernant leurs zones maritimes et la nécessité de les sécuriser face à l’élévation du niveau de la mer.  Elle l’a également appelé à soutenir l’initiative menée par Vanuatu et soutenue par les îles du Pacifique, qui vise à solliciter un avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur les obligations des États en matière de changements climatiques.  Elle a d’autre part réitéré l’appel des PEID pour la désignation d’un représentant spécial du Secrétaire général sur les changements climatiques et la sécurité, qui informerait les travaux futurs du Conseil et de l’Assemblée générale.  Enfin, elle a invité le Conseil à venir dans le Pacifique, pour voir de visu l’élévation du niveau de la mer et écouter les histoires des personnes touchées.  Si les PEID sont en première ligne de cette crise, ce sont 149 des 193 États Membres de l’ONU qui sont exposés à cette menace, a-t-elle conclu. 

M. ANDREJS PILDEGOVIČS (Lettonie) a dénoncé d’emblée l’absence de volonté politique, en prévenant que si l’on parle souvent des générations futures, c’est peut-être la nôtre qu’il faudra sauver et plutôt qu’on ne le pense.  Nous n’avons pas d’exemple d’un État submergé ou rendu inhabitable mais nous savons tous que la perte d’un territoire est toujours précédée par une perte d’habitat et de moyens de subsistance.  Il est donc nécessaire de développer, d’actualiser et de mettre en œuvre de toute urgence des stratégies d’adaptation qui soient holistiques et fondées sur les meilleures données scientifiques disponibles.  En la matière, la coopération internationale a un rôle crucial à jouer. 

À cet égard, le représentant a dit attendre avec intérêt le rapport sur l’Indice de vulnérabilité multidimensionnelle et la quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement.  Il a d’ailleurs indiqué que son pays a présenté sa candidature au Bureau du Comité préparatoire.  La question de l’impact de l’élévation du niveau de la mer n’est pas étrangère au droit international, a-t-il souligné, en parlant d’un droit qui couvre le phénomène des États qui ont un contrôle très limité sur leur territoire, comme en témoigne l’expérience des pays baltes.  Le représentant a donc soutenu l’initiative de Vanuatu de demander à la Cour internationale de Justice (CIJ) un avis consultatif sur les changements climatiques.  Quant au Conseil de sécurité, il a regretté que le projet de résolution de 2021 sur la menace que font peser les changements climatiques sur la paix et la sécurité internationales se soit heurté au veto d’un seul membre permanent. 

M. ANTHONY JOHN HINTON (Canada) a estimé que face au phénomène de l’élévation du niveau de la mer, l’expérience vécue et les solutions innovantes doivent être au centre des efforts ainsi qu’un engagement actif à soutenir la participation significative des personnes les plus touchées afin de mener une lutte décisive contre les changements climatiques.  L’initiative « Rising Nations », lancée par Tuvalu et les Îles Marshall, est un exemple d’action positive, a souligné le représentant dont le pays travaille activement en collaboration avec des partenaires internationaux pour favoriser la résilience, en particulier dans les zones les plus vulnérables.  Ces efforts couvrent les différents aspects des conséquences de l’élévation du niveau des mers, de l’aide à la prévention à l’atténuation en passant par l’adaptation aux changements climatiques. 

Les efforts incluent un soutien financier et technique à plusieurs initiatives dont le Mécanisme de résilience Canada-Caraïbes, un partenariat multidonateurs administré par la Banque mondiale; le Fonds CARICOM pour l’adaptation au climat, qui contribue à éloigner les États membres de la Communauté des Caraïbes des risques de catastrophes naturelles; ou encore l’Initiative d’évaluation des risques de catastrophe et de financement dans le Pacifique, qui fournit aux États insulaires du Pacifique des outils de modélisation et d’évaluation de ces risques.  Le Canada, a encore expliqué le représentant, est en train de mettre sur pied un centre d’excellence OTAN pour les changements climatiques et la sécurité en collaboration avec ses alliés et partenaires, ainsi qu’avec des intervenants de plusieurs secteurs d’activités.  Le nouveau centre d’excellence contribuera à identifier et à traiter l’étendue et la complexité des risques sécuritaires posés par les changement climatiques. 

M. FERGAL MYTHEN (Irlande) a dit que son pays, État insulaire, a travaillé avec ses partenaires dans les PEID pour renforcer leur résilience et amplifier leur voix dans d’importants forums multilatéraux.  Il a souligné à cet égard la nécessité de remédier aux vulnérabilités spécifiques de ces pays, comme cela est reconnu dans le Programme 2030, en espérant que les institutions financières internationales en tiennent également compte.  Notant que les aspects juridiques de l’impact de l’élévation du niveau de la mer sont cruciaux, il a jugé opportun de réaliser une étude plus approfondie de ce domaine en relation avec le droit international.  L’Irlande se félicite que ce sujet soit actuellement à l’ordre du jour de la Commission du droit international, a-t-il déclaré en assurant que son pays continuera à s’engager sur les questions liées au droit de la mer, au statut d’État et aux questions liées à la protection des personnes touchées par ce phénomène.  Le représentant a également réaffirmé le caractère universel et unifié de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, qui établit le cadre juridique dans lequel toutes les activités dans les océans et les mers doivent être menées. 

M. ODD REIDAR HUMLEGARD, Représentant spécial d’INTERPOL, a prévenu que l’élévation du niveau de la mer, qui cause la rareté des ressources, peut être exploitée par les groupes criminels.  Les flux migratoires, causés par les changements climatiques, augmentent aussi les risques de traite des êtres humains, alors que la fréquence des catastrophes naturelles alimente les conflits, le terrorisme, et l’instabilité.  Aucun pays ni aucune organisation ne peut seul réduire les risques climatiques.  Les programmes d’INTERPOL sur la sécurité de l’environnement et sur les communautés vulnérables aident les pays à s’attaquer au nexus climat-sécurité.  Après avoir attiré l’attention sur les sept objectifs d’INTERPOL qui complètent les objectifs de développement durable, le Représentant spécial a estimé que ces deux séries d’objectifs peuvent ensemble conduire au renforcement de la capacité d’enquêter sur les crimes écologiques, à la protection des communautés dépendantes des ressources, à la création de mécanismes propres à protéger la biodiversité et les ressources naturelles et à la perturbation des réseaux de la criminalité organisée. 

Mme JOSEPHINE MOOTE (Kiribati) a appelé la communauté internationale à renforcer les efforts collectifs et accroître les investissements climatiques.  À cet égard, a-t-elle suggéré, le Conseil de sécurité devrait par exemple inviter les non-membres du Conseil à les informer de la situation actuelle dans les régions les plus vulnérables, y compris le Pacifique.  La représentante a également appelé à renforcer les initiatives de préparation et d’alerte précoce, tout en demandant que soient prévues des dispositions d’accès à la justice pour les victimes des changements climatiques au regard du droit international.  La déléguée a également appelé à renforcer la prise en compte du genre dans le débat sur les changements climatiques.  Elle a ensuite appelé le Conseil à adopter une résolution sur les changements climatiques similaire à celle adoptée en l’an 2000 sur les femmes et la paix et la sécurité. 

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), M. FATUMANAVA-O-UPOLU III PA’OLELEI LUTERU (Samoa) a déclaré que l’élévation du niveau de la mer n’a pas d’effet sur le statut d’État ou de souveraineté de ces États.  Les dirigeants de l’AOSIS ont affirmé qu’il n’y a aucune obligation légale en vertu de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de maintenir sous examen les lignes de base et les limites extérieures des zones maritimes, ni de mettre à jour les cartes ou la liste des coordonnées géographiques une fois déposées auprès du Secrétaire général.  Le représentant s’est dit encouragé de voir que d’autres États, y compris certains des plus grands États côtiers, ont une compréhension similaire du droit international, reconnaissant la nécessité d’assurer la stabilité, la sécurité, la certitude et la prévisibilité juridiques. 

Il a ensuite indiqué qu’il existe une présomption fondamentale de maintien du statut d’État en droit international, estimant inéquitable et injuste de suggérer maintenant que, dans le contexte de l’élévation du niveau de la mer, on devrait appliquer strictement les critères élaborés dans un accord régional signé il y a près d’un siècle et ratifié par 16 pays.  Selon le représentant, ces critères ne s’appliquent pas à la continuation des États.  Priver les États insulaires de leur souveraineté est contraire à un siècle de pratique étatique, a-t-il argué en soulignant qu’il s’agit en outre d’un exercice de pouvoir inacceptable par des États plus grands, qui de plus est contraire au principe d’autodétermination.  Concernant les obligations des États de faire face aux risques associés à l’élévation du niveau de la mer, le délégué a dit qu’il s’agit d’un défi mondial qui nécessite la coopération internationale.  S’attendre à ce que les petits États insulaires assument le fardeau de l’élévation du niveau de la mer sans l’aide de la communauté internationale serait le comble de l’iniquité, selon lui. 

Mme AMATLAIN ELIZABETH KABUA (Îles Marshall) a appelé le Conseil de sécurité à n’épargner aucun effort pour promouvoir la mise en œuvre de sa Déclaration présidentielle du 20 juillet 2011 dans laquelle il exprime sa préoccupation face aux éventuelles implications sécuritaires de la perte de territoire causée par l’élévation du niveau de la mer.  Quand le Conseil ne parle plus, chaque État Membre doit prendre le relais et agir, a martelé la représentante.  Ce qu’il faut surtout, a-t-elle estimé, c’est la volonté politique de commencer un travail dûment appuyé par un représentant spécial des Nations Unies.  Le Conseil quant à lui peut contribuer à promouvoir l’action en prenant note de l’initiative des Îles Marshall et des autres États membres du Forum des îles du Pacifique sur les frontières maritimes géoréférencées.  Il peut aussi souligner l’importance de la sécurité et la fragilité de la région de l’Océanie et encourager le système des Nations Unies, dont le Fonds pour la consolidation de la paix, à faire plus.  Le Conseil peut encore mesurer l’ampleur des mesures de résilience et d’adaptation qu’il faut pour réduire les risques sécuritaires causés par l’élévation du niveau de la mer et pourquoi pas, évaluer l’efficacité desdites mesures.  Ce n’est pas parce que les questions sont difficiles ou que les États concernés sont éloignés que le Conseil peut se soustraire à sa responsabilité d’agir correctement, s’agissant en particulier d’une région qui élargit son champ d’engagement géostratégique. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a considéré que, en tant que principal acteur multilatéral du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Conseil de sécurité peut apporter un éclairage important sur la question de l’élévation du niveau de la mer et ses conséquences sur les conflits.  Au minimum, cela encouragera toutes les parties prenantes à agir avec plus d’urgence et d’ambition alors que ce problème grimpe dans la liste des priorités mondiales, a estimé le représentant.  Il a estimé que le Conseil peut intégrer des mesures d’adaptation et d’atténuation du climat dans tous ses travaux, y compris les mandats politiques spéciaux et les mandats de maintien de la paix, en veillant à leur mise en œuvre.  Tous les pays, et en particulier les nations industrialisées, doivent réduire radicalement leurs émissions de gaz à effet de serre pour réaliser les objectifs de l’Accord de Paris, a-t-il rappelé.  Il leur a également rappelé qu’ils doivent aussi, conformément à leurs engagements, apporter leur soutien aux pays en développement, notamment aux PEID, afin de renforcer leur résilience et leur adaptation face à la crise climatique. 

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a appelé le Conseil à remédier aux conséquences de l’élévation du niveau de la mer.  Les mesures d’adaptation et d’atténuation doivent être intégrées dans les mandats des missions de la paix, a-t-il estimé, notant en outre que l’appui financier est également critique.  Le délégué a appelé à continuer d’examiner les implications juridiques de la montée du niveau de la mer et a salué le travail abattu sur ce sujet par la CDI, avant d’insister sur la centralité de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  En conclusion, le délégué italien a espéré que le Conseil restera saisi de cette question.

M. VILIAMI VA’INGA TŌNĒ (Tonga) a jugé que le maintien de la paix et de la sécurité internationales face à l’impact de l’élévation du niveau de la mer passe par le maintien des zones maritimes de sa région, lesquelles ont été créées conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Dans leur Déclaration, a-t-il rappelé, les dirigeants du Pacifique ont proclamé que leurs zones maritimes et les droits et privilèges associés doivent être respectés quels que soient les changements physiques causés par l’élévation du niveau de la mer.  Le représentant a annoncé que du 27 au 30 mars, sa région va se réunir pour démêler les questions et implications juridiques complexes de l’élévation du niveau du mer sur la qualité d’État et la protection des personnes affectées.  Ces efforts concertés, a-t-il expliqué, sont menés pour contribuer de manière substantielle au travail de la Commission du droit international sur les menaces croissantes que fait peser l’élévation du niveau de la mer sur le bien-être, la sûreté et la sécurité des populations.  Le représentant a réclamé, une nouvelle fois, la nomination d’un représentant spécial du Secrétaire général pour les changements climatiques et la sécurité qui enrichirait le travail du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale. 

M. MAX HUFANEN RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a souligné qu’une des préoccupations majeures des pays comme le sien est la protection des personnes déplacées par l’élévation du niveau de la mer.  En la matière, il a souligné l’importance de la coopération internationale pour s’attaquer aux aspects humanitaires et liés aux droits de l’homme.  Une autre préoccupation majeure, a-t-il poursuivi, est la question des zones maritimes et celle, fondamentale, de la souveraineté nationale des pays qui pourraient être engloutis par l’océan.  Au regard du droit international, la qualité d’État ne disparaît pas avec l’élévation du niveau de la mer.  Le Conseil de sécurité, a-t-il dit, doit se montrer proactif et attaché aux preuves et à la science pour mieux s’attaquer aux réalités d’aujourd’hui.  Il doit être réaliste face aux menaces que font peser les changements climatiques sur la paix et la sécurité internationales.  Avant de conclure, le représentant n’a pas manqué de réclamer, une nouvelle fois, la nomination d’un représentant spécial qui servirait de point focal pour le nexus climat-sécurité au sein du système des Nations Unies.

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, a constaté que les changements climatiques, dont l’élévation du niveau de la mer est une conséquence directe, sont un facteur de conflit et un multiplicateur de risques.  Il a recommandé une approche conjointe de la communauté internationale pour minimiser ces menaces, jugeant urgent que le Conseil de sécurité assume son rôle à cet égard, notamment en intégrant systématiquement les questions de sécurité liées au climat dans ses résolutions.  À son avis, le Conseil devrait également envisager de créer la fonction de représentant spécial sur le climat et la sécurité.  Reconnaissant que le mécanisme de sécurité climatique des Nations Unies contribue à améliorer la coordination, l’analyse intégrée et l’éducation au sein du système onusien, il a estimé que la création du Groupe informel d’experts sur le climat et la sécurité peut également aider le Conseil de sécurité à réagir aux menaces liées aux changements climatiques.  Le représentant a par ailleurs salué l’annonce du Secrétaire général sur les systèmes d’alerte précoce, avant de réitérer l’appui de l’UE aux travaux de la Commission du droit international relatif au statut des États et à la protection des personnes face à l’élévation du niveau de la mer.  Toute réponse à ce phénomène doit toutefois respecter le cadre juridique établi par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, qui reflète le droit international coutumier, a-t-il fait valoir. 

Le représentant a ensuite détaillé l’action menée par l’Union européenne pour répondre aux effets des changements climatiques dans le domaine de la sécurité, notamment dans son action extérieure.  En tant que premier contributeur mondial au financement climatique et donateur humanitaire majeur, l’UE soutient les efforts de réduction des risques de catastrophe, d’action anticipative, d’adaptation et d’atténuation, a-t-il affirmé, mentionnant son soutien à plus de 140 programmes d’États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique et d’institutions régionales au travers de la Facilité mondiale pour la réduction des risques de catastrophe et le relèvement.  De plus, l’UE préside actuellement la Plateforme sur les déplacements liés aux catastrophes et finance plus de 80 projets d’adaptation en Afrique, en Asie, dans les Caraïbes et dans le Pacifique, dans le cadre de l’initiative « EU Global Climate Change Alliance Plus ».  Enfin, a-t-il ajouté, l’UE a appuyé lors de la COP27 la création d’un fonds sur les pertes et dommages liés au dérèglement climatique.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. GLENTIS THOMAS (Antigua-et-Barbuda) a souligné que l’absence d’une action concertée et collective contre les changements climatiques a transformé l’élévation du niveau de la mer en une réalité dévastatrice et invalidante pour plusieurs pays de sa région.  Le représentant a ensuite insisté sur plusieurs points et d’abord sur le fait que rien dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer n’oblige les États à réexaminer les limites des zones maritimes ni à actualiser la liste des coordonnées géographiques déposées auprès du Secrétaire général de l’ONU.  Les zones maritimes et les droits et privilèges associés doivent être respectés quels que soient les changements physiques causés par l’élévation du niveau de la mer.  Le droit international consacre en outre le maintien de la qualité d’État, d’autant plus que la perte de territoire due à l’élévation du niveau de la mer n’est pas un phénomène naturel mais bien anthropique.  Il serait donc injuste que l’on laisse ce phénomène empiéter sur la faculté des peuples d’exercer leur droit à l’autodétermination, par le biais de leur État. 

S’agissant de la protection des personnes, le représentant a insisté sur l’aspect juridique de la coopération qui fait obligation à la communauté internationale d’aider les États les plus affectés par l’élévation du niveau de la mer.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à travailler plus étroitement avec le Secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et à accorder l’attention requise aux conséquences humanitaires des risques sécuritaires découlant du climat. 

M. TAPUGAO FALEFOU (Tuvalu) a rappelé que la menace que représente l’élévation du niveau de la mer pour la souveraineté de son pays est loin d’être hypothétique.  Alors que nous n’avons pas du tout contribué à la crise actuelle, les îles du Pacifique sont en première ligne de catastrophes climatiques imminentes, s’est-il alarmé.  Dans ce contexte, le représentant a appelé de ses vœux des garanties pour une existence permanente « au-delà de la vie de nos atolls », un système qui reconnaisse et préserve notre intégrité culturelle, notre capital humain et économique ainsi que notre souveraineté.  Aussi les îles du Pacifique insistent-elles pour que des mesures soient prises au sein des instances juridiques internationales, a-t-il lancé. 

Mme CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) a constaté que l’élévation du niveau de la mer touche directement plus de 70 États, soit plus du tiers de la communauté internationale.  Si les États côtiers de faible altitude et les petits États insulaires sont les premiers touchés par ce phénomène, d’autres États sont susceptibles d’être indirectement frappés, par exemple par des déplacements de population, un manque d’accès aux ressources et des menaces à la sécurité alimentaire, a-t-il averti, jugeant impératif d’aborder cette question comme une menace à la paix et à la sécurité internationales.  Pour prévenir une possible montée des tensions entre États, le Conseil de sécurité doit, selon elle, exercer le rôle fondamental que lui assigne le Chapitre VI de la Charte, en exhortant les parties à régler pacifiquement leurs différends, notamment par le biais de la Cour internationale de Justice et du Tribunal international du droit de la mer.  Dans le même ordre d’idées, a poursuivi la représentante, les actions dans le domaine de la coopération internationale devraient inclure une assistance et un transfert de capacités aux pays en développement, y compris les États insulaires, afin qu’ils puissent répondre à leurs besoins d’adaptation aux conséquences des changements climatiques.  Dans l’immédiat, la déléguée a exhorté les États à poursuivre leur collaboration avec la Commission du droit international, afin de clarifier la manière dont le régime juridique international répondra à cette situation.  À ses yeux, il importe que l’ordre juridique international offre suffisamment de sécurité et de stabilité aux États quant à leurs droits souverains respectifs, conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Elle a par ailleurs souligné l’importance des efforts préventifs et de l’action régionale, dont un exemple est l’initiative de mobilité climatique de la Grande Caraïbe, qui permet de compiler des données, de modéliser la mobilité climatique future et d’élaborer un programme d’action commun.

M. SERHII DVORNYK (Ukraine) a rappelé que son pays a toujours défendu les actions concertées visant à lutter contre les changements climatiques en tant que menace à la paix et la sécurité internationales.  Conscient de l’ampleur du problème de l’élévation du niveau de mer qui menace les perspectives d’avenir et la viabilité des certains états comme les PEID, il a estimé que ce phénomène pourrait devenir une menace accrue pour la paix et la sécurité.  Les États Membres ont peu de temps pour réagir à ce phénomène et l’agression de la Russie sape notre capacité à concentrer tous les efforts sur le règlement des menaces qui existent déjà comme la menace climatique, a regretté le représentant.  Dès qu’un règlement d’une paix juste sera possible en Ukraine, sur la base de la Charte, le représentant a appelé à conjointement redoubler d’efforts pour lutter contre les changements climatiques et préserver les pays menacés par la montée du niveau de la mer. 

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a appelé les Nations Unies et les États à s’attaquer au problème de l’élévation du niveau de la mer qui pourrait avoir des conséquences durables sur la paix et la sécurité internationales.  Ce défi mondial requiert des solutions mondiales, a-t-il dit.  Au niveau national, le Bahreïn a entrepris de décarboniser son économie et se tourne désormais vers des sources d’énergie renouvelables.

Mme MARGO REMINISSE DEIYE (Nauru) a déclaré que des mesures ambitieuses doivent être prises pour mettre en œuvre l’Accord de Paris et le plan de Charm el-Cheikh, se félicitant de l’annonce du Secrétaire général sur les systèmes d’alerte précoce.  Elle a ensuite rappelé les demandes formulées par sa délégation de longue date, à savoir la nomination d’un représentant spécial sur le climat et l’insécurité et l’inclusion des femmes dans le cadre des efforts de prévention, ainsi que la formation de tout le personnel des Nations Unies chargé de ces questions.

M. SAMADOU OUSMAN (Niger) a tout d’abord estimé que, dans la droite ligne de l’initiative nigéro-irlandaise de décembre 2021, l’adoption d’une résolution sur les risques des changements climatiques pour la sécurité renforcerait la capacité du Conseil de sécurité à mieux comprendre ce phénomène et à y faire face dans le cadre de son mandat.  Selon lui, il s’agirait notamment d’améliorer la collecte de données ainsi que le suivi et l’analyse des effets des changements climatiques dans le contexte des conflits armés et des urgences humanitaires.  Le représentant a ensuite averti que, d’ici à 2050, les impacts climatiques devraient intensifier les mouvements de population vers les villes africaines à croissance rapide, dont beaucoup se trouvent dans des zones côtières vulnérables, notamment en Afrique de l’Ouest.  Pour éviter les déplacements incontrôlés, il est nécessaire de fournir aux personnes et aux communautés confrontées aux facteurs de stress climatique les informations et les ressources dont elles ont besoin pour décider en connaissance de cause si, quand et où se déplacer, a-t-il plaidé.  Dans cet esprit, le Gouvernement nigérien travaille en étroite collaboration avec le centre mondial pour la mobilité climatique afin de réaliser une analyse approfondie, au niveau national, de la dynamique migratoire déclenchée par les changements climatiques, a ajouté le délégué, en se disant solidaires des États et des peuples des îles du Pacifique confrontés à une menace existentielle liée à la montée du niveau de la mer.  Enfin, après avoir appelé à renforcer maintenant la résilience en Afrique et dans les autres régions vulnérables au climat, il a souhaité que les promesses faites aux pays en développement soient enfin tenues, non sans avertir que « la fenêtre se rétrécit rapidement ».

J’avais tout juste 9 ans mais je me souviens très bien du jour où des vagues ont inondé mon île et ma maison, a raconté Mme THILMEEZA HUSSAIN (Maldives).  Mon père empilait désespérément des sacs de sable et je me souviens encore de ma frayeur et du sentiment que nous allions nous noyer.  C’était à un temps où les changements et les sciences climatiques n’étaient qu’à leur début mais les inondations de Malé ont convaincu tout le monde du lien entre émissions de gaz à effet de serre, hausse de la température et par conséquent, élévation du niveau de la mer.  En réponse, a poursuivi la représentante, le Gouvernement des Maldives a organisé une conférence d’urgence sur l’élévation du niveau de la mer avec 14 ministres des petits États insulaires en développement, des scientifiques et des observateurs.  C’était une véritable révolution puisque c’était la première réunion de la sorte à souligner le danger du réchauffement climatique et de l’élévation du niveau de la mer pour les petites îles et à insister sur la nécessité incontournable d’une forte coopération internationale pour gérer la crise.  C’est cette conférence-là qui a donné lieu à l’Alliance des petits États insulaires.  C’est à la fois étonnant et déprimant puisque nous discutons et négocions toujours, plus de 30 ans plus tard. 

Aujourd’hui, a poursuivi la représentante, l’humanité est au bord d’une triple crise planétaire: changements climatiques, pollution et perte de la biodiversité tous liés entre eux.  Elle s’est donc dite déçue que des États s’opposent à une plus grande implication du Conseil de sécurité dans la question des changements climatiques.  Le mandat du Conseil, a-t-elle dit, est clair: il doit se pencher sur tout différend ou toute situation qui pourrait conduire à une friction internationale ou donner lieu à un conflit et déterminer si ce différend ou cette situation constitue une menace à la paix et à la sécurité internationales.  Le Conseil n’a pas à résoudre la question des changements climatiques, il doit seulement la reconnaître et s’attaquer au risque qu’elle engendre pour la paix et la sécurité.  Il s’agit après tout, a insisté la représentante, de protéger la vie, les moyens de subsistance et l’intégrité territoriale.  Nous ne pouvons plus payer le prix de la négligence et de l’inaction et dans un élan de solidarité, agissons maintenant, a martelé la représentante avant de décrire les initiatives de son pays et de plaider pour une forte implication des femmes dans les efforts internationaux, compte tenu de leur vulnérabilité particulière. 

L’Observateur permanent du Saint-Siège, Mgr GABRIELE CACCIA, a appelé les États développés qui ont grandement contribué au réchauffement de la planète à payer le prix de l’adaptation et de l’atténuation dans les pays en développement.  Il a aussi demandé que la communauté internationale fasse davantage pour soutenir les migrants climatiques qui ne jouissent, pour le moment, d’aucune protection juridique de la part de la communauté internationale.  Il a demandé de placer la dignité humaine et le bien commun au-dessus de tout.

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a estimé, concernant la condition d’État et sa continuité en cas de perte éventuelle de territoire, que la Commission du droit international est l’entité compétente pour les aspects juridiques du sujet.  S’agissant des victimes de ce fléau, elle s’est souvenue des normes internationales visant à préserver l’intégrité et le bien-être de l’individu et demandé s’il est nécessaire de préparer un projet de traité pour résoudre ce problème ou si des solutions peuvent être proposées dans le cadre du droit international actuel.  Elle a aussi abordé la question des effets de l’élévation du niveau de la mer sur les limites des espaces maritimes: une fois les lignes de base et les limites extérieures des espaces maritimes d’un État côtier ou archipel déterminées, elles ne devraient plus être réajustées au cas où le changement du niveau de la mer affecterait la réalité géographique de la côte, a-t-elle déclaré. 

Concernant les effets des modifications de la ligne le long de la côte, les limites maritimes convenues, l’intervenante a souligné que le concept de « changement fondamental de circonstances » n’est pas applicable aux accords frontaliers conformément à l’article 62 de la Convention de Vienne sur le droit des traités.  La question des impacts de l’élévation du niveau de la mer devrait être considérée de manière beaucoup plus large dans le contexte des principes de stabilité des traités, en particulier ceux liés aux limites internationales et frontières, a-t-elle recommandé.  Pour elle, cette question complexe mérite une analyse approfondie dans le cadre de l’Assemblée générale. 

M. MARK ZELLENRATH (Pays-Bas) s’est félicité de la visée de consacrer au moins 50% des financements publics pour le climat aux mesures d’adaptation, là où son pays dépense déjà près de 70%.  Le représentant a ensuite suggéré la création, par la Commission du droit international, de groupes d’études sur l’élévation du niveau de la mer.  Pour lui, le Conseil de sécurité se saisit de manière appropriée de cette question, dans la mesure où ce phénomène climatique pose des risques à la stabilité internationale. 

M. MUHAMMAD ABDUL MUHITH (Bangladesh) a indiqué que son pays côtier à faible altitude est menacé directement par l’élévation du niveau de la mer, à tel point qu’une élévation des eaux d’un mètre seulement pourrait inonder l’essentiel de son territoire et aboutir au déplacement de 14 millions de personnes d’ici à la fin de ce siècle.  Pour faire face à cette menace existentielle, le Bangladesh a adopté une stratégie complète mais cet ensemble de mesures n’aura que peu d’effets si la réponse internationale aux changements climatiques reste lente et inadéquate, a argué le représentant.  Avertissant que l’élévation du niveau de la mer peut aggraver les risques existants, notamment en sapant la sécurité énergétique et alimentaire des États touchés, il a appelé à une réaction collective et coordonnée, menée dans un esprit de solidarité et de coopération.  Selon lui, le déplacement des personnes affectées par la montée des eaux représente une grave menace sécuritaire que la communauté internationale doit prendre au sérieux.  À l’échelle du Bangladesh, ce sont 110 000 personnes qui sont forcées de quitter leur territoire chaque année, ce qui pose d’énormes problèmes dans un pays où les terres sont rares et dont une partie du sud sert à l’accueil de 1,2 million de réfugiés rohingya.  Le Programme d’action du Secrétaire général sur les déplacements internes constitue, à ses yeux, une occasion de répondre à ce problème croissant.  Mais il faut aussi faire davantage pour contrer les risques climatiques via l’atténuation et l’adaptation, a-t-il ajouté, exhortant les pays développés à respecter leurs engagements en faveur des pays vulnérables.  Dénonçant le déni d’une partie de la communauté internationale, malgré les appels des scientifiques et des pays touchés, il a conclu en réitérant son appui à l’initiative « historique » du Vanuatu, qui vise à obtenir un avis consultatif de la CIJ sur les obligations des États en matière de changements climatiques.

M. MOHAMMED ABDULAZIZ H. ALATEEK (Arabie saoudite) a appelé la communauté internationale à trouver des solutions constructives pour protéger les populations exposées aux menaces de l’élévation du niveau de la mer.  Il faut faire face aux changements climatiques et à leurs effets sur le développement durable du point de vue économique, environnemental et social, a fait valoir le représentant.  Il a encouragé pour cela la mise en œuvre de la Convention-cadre de l’ONU et de l’Accord de Paris.  Pour sa part, le Royaume a lancé deux initiatives qui sont l’Arabie saoudite verte, qui vise notamment à planter 10 milliards d’arbres dans tout le Royaume, et le Moyen-Orient vert.  Les deux initiatives misent sur une économie circulaire pour le carbone, la reforestation, la réhabilitation des terres et la protection des coraux.  Quant à l’atténuation des émissions des gaz à effet de serre, le représentant a estimé qu’il faut garantir le financement de toutes les solutions prometteuses et disponibles en mettant l’accent sur les émissions de gaz quelles que soient les sources d’énergie en vue de parvenir à la neutralité carbone.  C’est ce que fait le Royaume a-t-il indiqué, en rappelant que l’Arabie saoudite va réduire ses émissions de 278 millions de tonnes annuelles d’ici à 2030, soit le double de ce qui a été annoncé précédemment en 2015.  En outre, le Royaume a l’intention d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2060.  Soulignant l’importance des solutions équilibrées pour renforcer l’économie mondiale tout en faisant face aux changements climatiques, le délégué a fait valoir que l’adaptation n’est pas moins importante que l’atténuation des effets des changements climatiques.  Les mesures d’adaptation contribuent à créer un environnement plus résilient aux changements climatiques, a-t-il expliqué en citant à ce titre le programme de Glasgow-Charm el-Cheikh.

M. ANTONIO RODRIGUE (Haïti) a indiqué que dans son pays, les conséquences des changements climatiques constituent une menace directe aussi bien pour les établissements côtiers de l’île, qui sont densément peuplés, que pour leurs économies.  Les bidonvilles fortement peuplés des villes côtières d’Haïti se rencontrent essentiellement dans les plaines alluviales, ce qui rend les plus pauvres davantage vulnérables aux phénomènes hydrométéorologiques extrêmes.  Les hausses anticipées du niveau moyen de la mer et de la température de surface des eaux marines ont également des implications sur la plupart des secteurs stratégiques du pays; notamment sur la pêche, sur l’agriculture et sur le tourisme.  Ceci sans oublier la santé et le bien-être de notre population.  À ces sources de pression viennent se greffer celles relatives aux variabilités et changements climatiques susceptibles de contribuer à une exacerbation du processus de dégradation de l’espace côtier haïtien, d’où la formulation de recommandations visant la protection des mangroves et des écosystèmes marins ainsi que des infrastructures côtières touristiques et agricoles. 

La paix et le développement vont de pair dont une des conditions est la sécurité humaine, a souligné le représentant.  La gestion de cette sécurité, dans toutes ses dimensions, doit, par conséquent, s’inscrire dans une approche globale qui récuse l’unilatéralisme pour s’appuyer sur la force des interdépendances.  Elle exige une concertation accrue entre États et des actions cohérentes à tous les échelons national, bilatéral, régional et mondial. 

Compte tenu de la réelle sensibilisation à la vulnérabilité des États, en particulier les pays côtiers en développement et les petits États insulaires en développement, mon pays, a souligné M. MICHAEL IMRAN KANU (Sierra Leone), qui a présenté sa candidature à un siège non-permanent du Conseil de sécurité pour la période 2024-2025, juge qu’un engagement fort en faveur de la sécurité climatique n’est rien moins qu’un impératif.  La réponse doit être globale et multidimensionnelle, a dit le représentant qui a reconnu le travail abattu par le Conseil de sécurité pour intégrer les changements climatiques dans les résolutions spécifiques à chaque pays.  S’agissant de l’élévation du niveau de la mer, il faut, a-t-il estimé, accorder toute l’attention requise aux risques identifiables et répondre aux conséquences humanitaires et aux questions liées à la souveraineté nationale et à la délimitation voire aux différends maritimes.  Le représentant s’est donc félicité de l’étude sur l’élévation du niveau de la mer sous l’angle du droit international.

Lors d’une reprise de parole, Mme SHINO MITSUKO (Japon) a rejeté les références qui ont été faites lors de ce débat au rejet supposé de liquides issus de la centrale nucléaire de Fukushima, avant d’affirmer que les eaux qui seront rejetées dans la mer par son pays ne contiennent des quantités de produits radioactifs que très inférieures aux normes règlementaires admises sur le plan international. 

M. ZHANG (Chine) a repris la parole pour aborder à nouveau la question du rejet d’eaux contaminées de Fukushima dans le Pacifique, par le Japon.  Il s’agit d’au moins 400 000 tonnes d’eau contaminées sur 30 ans, a-t-il rappelé en craignant que cela ne mette gravement en danger les écosystèmes marins et la santé des pays voisins.  Il ne s’agit donc pas d’une question privée qui ne concerne que le Japon, a souligné le représentant.  Si ces eaux contaminées, une fois traitées, sont inoffensives, comme l’affirme le Japon, alors il pourrait les rejeter dans ses propres lacs ou autres, a-t-il proposé.  La Chine demande donc au Japon qu’il prenne en considération les préoccupations des autres parties et ne fasse rien sans être tombé d’accord avec les pays voisins, et que la communauté internationale suive de près cette question importante, a déclaré en conclusion le délégué.

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