9254e séance – matin
CS/15192

Conseil de sécurité: en Ukraine, un bilan humanitaire accablant après presque un an de guerre

À l’approche du premier anniversaire du conflit déclenché par la Fédération de Russie en Ukraine, le Conseil de sécurité s’est réuni aujourd’hui pour entendre le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, qui a dressé un bilan accablant, susceptible de s’aggraver si les entraves à l’assistance prêtée par l’ONU et ses partenaires ne sont pas levées et ce, dans un contexte où la violence ne montre « aucun signe d’apaisement ».

M. Martin Griffiths, qui est également le Coordonnateur des secours d’urgence, a commencé par rappeler que 17,6 millions d’Ukrainiens –soit près de 40% de la population– ont besoin d’une aide humanitaire et que plus de 7 000 civils ont été tués, le bilan réel étant « certainement plus élevé ».  En outre, près de 8 millions de personnes ont fui vers les pays voisins et 5,3 millions ont été déplacées à l’intérieur de l’Ukraine.  Par ailleurs, un nombre incalculable se sont terrées dans des sous-sols pendant des jours et des semaines pour se protéger des bombes, pendant que des maisons, des écoles, des hôpitaux et d’autres infrastructures civiles essentielles continuent d’être détruits par des missiles russes.

Alors que l’aide humanitaire est plus vitale que jamais, M. Griffiths a annoncé le lancement, d’ici à la fin de ce mois, du Plan de réponse humanitaire pour l’Ukraine en 2023, d’un montant de 3,9 milliards de dollars, en vue de prêter assistance à plus de 11 millions de nécessiteux.  Si plus de 650 organisations opèrent actuellement dans les 24 provinces de l’Ukraine, l’accès aux zones sous contrôle militaire temporaire de la Fédération de Russie est devenu de plus en plus imprévisible et semé d’entraves, a regretté le Secrétaire général adjoint: malgré des négociations répétées, aucun convoi interinstitutions n’a pu s’y frayer un chemin. 

« Permettez-moi de rappeler quelques règles de base de la guerre  », a poursuivi le Secrétaire général adjoint, qui a mis l’accent sur l’obligation pour toutes les parties de veiller constamment à épargner les civils dans la conduite de leurs opérations militaires et permettre et faciliter l’acheminement rapide et sans entrave de l’aide humanitaire aux personnes dans le besoin, « où qu’elles se trouvent ».  Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, le renouvellement de l’Initiative céréalière de la mer Noire au-delà du mois de mars revêt un caractère essentiel, l’ONU faisant également pression pour faciliter les exportations de denrées alimentaires et d’engrais en provenance de la Fédération de Russie, lesquelles restent un élément clef d’un effort plus vaste pour lutter contre l’insécurité alimentaire mondiale. 

L’Ukraine a démenti aujourd’hui les allégations de la Fédération de Russie, selon qui les exportations d’engrais russes seraient bloquées par des navires militaires, assurant que c’était tout le contraire.  Si l’Initiative céréalière s’est avérée moins opérationnelle le mois dernier, la faute en incombe à la restriction délibérée du nombre d’équipes d’inspection à bord des navires par la Fédération de Russie, et par ses frappes, 114 cargos étant toujours bloqués dans les eaux territoriales de la Türkiye. 

Aux accusations de violations commises par Moscou à l’encontre de la population ukrainienne, lancées par son homologue ukrainien et plusieurs autres délégations, le représentant russe a répondu en invoquant le dernier rapport en date de l’ONG Human Rights Watch, qui affirme que Kiev utilise contre les civils du Donbass des mines antipersonnel interdites.  Citant aussi la frappe, « provenant d’un système de tir américain HIMARS », qui a fait 14 morts dans un hôpital de la ville de Novayadar, dans la « République populaire de Lougansk », le représentant russe s’est étonné du silence autour de cette violation par les alliés de l’Ukraine, preuve selon lui de leur implication directe dans le conflit et leur complicité dans les crimes commis. 

À l’opposé de ce narratif, la France a estimé que la Russie mise ouvertement sur l’hiver pour « faire plier » le peuple ukrainien, une stratégie « d’usure » qui justifie de soutenir les efforts de l’Ukraine en vue d’assurer sa légitime défense.  Si plusieurs membres du Conseil ont, à l’image de la Suisse ou du Ghana, plaidé pour une « désescalade » du conflit, le Gabon n’a pu que constater que les « perspectives de dialogue entre les parties tardent à émerger; aucune ne paraît prête à s’asseoir autour de la table de négociations; bien au contraire, chacun affûte ses armes, affine sa tactique et durcit sa rhétorique ».  De fait, ce sont les transferts d’armes et de munitions qui dominent le débat public sur le conflit en Ukraine, a déploré pour sa part le Brésil, qui a constaté que la paix est « un mot qui jusqu’à présent n’a pas été souvent utilisé ». 

L’Ukraine a annoncé son intention d’organiser, le 22 février, soit deux jours avant l’anniversaire de l’invasion, une manifestation de haut niveau avec 30 autres États Membres, afin d’examiner les graves violations commises à l’encontre de son pays par la Fédération de Russie et réfléchir à une position unie afin de la contraindre à cesser son agression et à retirer ses troupes de son territoire.  Le Conseil doit quant à lui tenir une séance de haut niveau le 24 février, jour même de l’anniversaire, sous la présidence du Ministre des affaires étrangères de Malte.  Toutefois, à la demande de la Fédération de Russie, l’Ukraine sera de nouveau au programme du Conseil le mercredi 8 février.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Déclarations

M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, a fait observer que le premier anniversaire de la guerre en Ukraine approche avant de rappeler quelques chiffres, à commencer par le fait que 17,6 millions d’Ukrainiens –soit près de 40% de la population– ont besoin d’une aide humanitaire et que plus de 7 000 civils ont été tués, sachant que le bilan réel est certainement plus élevé.  En outre, près de 8 millions de personnes ont fui vers les pays voisins et 5,3 millions ont été déplacées à l’intérieur du pays, beaucoup cherchant refuge dans des centres d’accueil.  Un nombre incalculable de personnes se sont terrées dans des sous-sols pendant des jours et des semaines pour se protéger des bombes, pendant que des maisons, des écoles, des hôpitaux et d’autres infrastructures civiles essentielles ont été détruits. 

Cette violence, a constaté le Secrétaire général adjoint, ne montre aucun signe d’apaisement.  La semaine dernière encore, des frappes aériennes ont touché des hôpitaux de part et d’autre de la ligne de front, faisant des dizaines de morts et de blessés parmi les civils.  Le peuple ukrainien continue d’impressionner le monde entier par sa résilience, malgré la violence meurtrière et le fait qu’aucune des horreurs de la guerre ne lui a été épargnée.  La communauté humanitaire fait de son mieux pour l’aider, en livrant des générateurs à des hôpitaux, des abris, des points de chauffage, des installations de pompage d’eau, des écoles et des lieux d’accueil pour les personnes déplacées à l’intérieur du pays.  Une aide vitale a ainsi été apportée aux villages proches de la ligne de front dans les oblasts de Donetsk, Zaporijia, Kherson et Kharkiv, en utilisant des convois interinstitutions pour offrir une palette de services de soutien, facilités par un partenariat constructif avec les autorités nationales, régionales et locales. 

Le Plan de réponse humanitaire pour l’Ukraine en 2023, que M. Griffiths lancera lui-même plus tard ce mois-ci à Genève, nécessite 3,9 milliards de dollars pour prêter assistance à plus de 11 millions de nécessiteux.  Avant février 2022, les partenaires humanitaires fournissaient déjà une assistance principalement à l’Est, de part et d’autre de la ligne de front dans les oblasts de Donetsk et de Louhansk.  Aujourd’hui, cependant, plus de 650 organisations humanitaires opèrent dans les 24 oblasts de l’Ukraine.  Mais l’accès humanitaire aux zones sous contrôle militaire temporaire de la Fédération de Russie est devenu de plus en plus imprévisible et semé d’entraves, a remarqué M. Griffiths, qui a déploré que, malgré des tentatives et des négociations répétées, aucun convoi humanitaire interinstitutions n’ait pu se frayer un chemin entre les deux zones. 

« Au risque de me répéter, permettez-moi de rappeler quelques règles de base de la guerre », a poursuivi le Secrétaire général adjoint.  Toutes les parties, a-t-il dit, doivent veiller constamment à épargner les civils dans la conduite de leurs opérations militaires et permettre et faciliter l’acheminement rapide et sans entrave de l’aide humanitaire pour les nécessiteux, « où qu’ils se trouvent ».  Dans ce contexte, le renouvellement de l’Initiative céréalière de la mer Noire au-delà du mois de mars revêt un caractère essentiel.  L’ONU a également continué à faire pression pour faciliter les exportations de denrées alimentaires et d’engrais en provenance de la Fédération de Russie, lesquelles restent un élément clef de notre effort plus vaste pour lutter contre l’insécurité alimentaire mondiale.  À la veille de cet horrible anniversaire –qui vient s’ajouter aux huit années de conflit précédentes– il reste encore beaucoup à faire, a ajouté M. Griffiths qui a conclu en invitant chacun à « aller de l’avant avec une vigueur renouvelée pour apporter au peuple ukrainien la paix et le soutien dont il a besoin et qu’il mérite ».

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a regretté qu’alors que nous nous approchons de la triste commémoration du 24 février, la Russie poursuive sa stratégie cynique de frappes contre les infrastructures civiles ukrainienne.  Une nouvelle vague de bombardements a eu lieu le 26 janvier, alors que la Ministre française des affaires étrangères se rendait à Odessa pour marquer son soutien au peuple ukrainien et saluer la décision prise la veille par l’UNESCO d’inscrire la ville sur la liste du patrimoine mondial en danger, a-t-il rappelé, avant de condamner avec la plus grande fermeté cette stratégie de ciblage systématique des infrastructures et des populations civiles, constitutive de crimes de guerre.  Il est grand temps que cela cesse, a poursuivi le représentant, qui a rappelé qu’en un an, la guerre lancée par la Russie avait, selon les chiffres disponibles, tué plus de 7 000 civils ukrainiens et blessé plus de 11 000 autres.  Les chiffres réels sont sans doute largement supérieurs, a-t-il ajouté. 

Le représentant a également noté que le Haut-Commissaire aux réfugiés, M. Filippo Grandi, avait rappelé récemment que l’intensification des combats allait entraîner une nouvelle hausse du nombre de réfugiés, alors que 8 millions de personnes ont déjà quitté le pays et que plus de 6 millions sont déplacées sur le territoire ukrainien.  La Russie a ouvertement misé sur l’hiver pour faire plier le peuple ukrainien, s’est indigné le représentant, estimant que l’on ne saurait permettre à cette stratégie de réussir et qu’il fallait continuer de soutenir les efforts de l’Ukraine pour assurer sa légitime défense.  C’est dans cet esprit que la France a organisé, le 13 décembre dernier, la conférence « Solidaires du peuple ukrainien », qui a permis d’aider l’Ukraine à parer aux besoins de l’hiver les plus pressants, en mobilisant plus d’un milliard d’euros, a rappelé le représentant.  Pour sa part, a-t-il rappelé, la France reste pleinement mobilisée.  Citant quelques opérations emblématiques, il a indiqué que la France a livré au cours des dernières semaines 63 générateurs de haute puissance et 5 millions d’ampoules LED.  L’intégralité des engagements qu’elle a pris sera tenue d’ici à la mi-février, permettant ainsi d’avoir un impact concret sur la vie quotidienne de millions d’Ukrainiens a-t-il promis. 

Passant aux conséquences plus larges de l’agression russe, M. de Rivière a cité l’insécurité alimentaire globale, qui a atteint des niveaux d’acuité sans précédent, avant d’appeler la Russie à ne pas faire obstacle au renouvellement de l’Initiative céréalière de la mer Noire d’ici au 19 mars prochain.  Pour sa part, la France s’engage à travers l’initiative FARM, l’opération « Sauvez les récoltes » et les corridors de solidarité européens, qui facilitent l’accès des pays vulnérables aux céréales et aux engrais.  Le représentant a exhorté la Russie a enfin respecter les règles, y compris celles de la Charte des Nations Unies, celles relatives à la protection des civils et celles du droit international humanitaire, y compris en permettant sans délai ni entrave l’accès des acteurs humanitaires aux populations civiles qui se trouvent dans les territoires qu’elle occupe. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a rappelé que l’Ukraine compte six millions de personnes déplacées, avant de se dire profondément préoccupé par la situation des femmes et des filles, qui sont les plus exposées à la violence.  Il a déploré l’escalade permanente et les bombardements contre les infrastructures critiques, les hôpitaux et les écoles en Ukraine.  Il a réaffirmé l’obligation de garantir l’accès humanitaire et de mettre fin aux attaques contre des cibles civiles.  Le représentant a appelé à mettre fin à l’agression militaire afin de faire place à un dialogue qui permette le rétablissement de la paix, dans le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de l’Ukraine.  Enfin, il a appuyé les travaux de la Cour pénale internationale et de la Cour internationale de Justice.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a rappelé que ce mois de février est le douzième depuis le début de la guerre en Ukraine, appelant les belligérants au respect du droit international humanitaire et à permettre un accès sans entrave aux nécessiteux, en l’absence de toute politisation ou marchandage.  Il les a appelés à respecter strictement leurs engagements internationaux relatifs à la protection des civils et en particulier des enfants, des femmes et des personnes vulnérables, ainsi qu’à s’abstenir de toute attaque visant des infrastructures civiles.  Les allégations faisant état du recours aux violences sexuelles et à leur utilisation comme arme de guerre sont particulièrement alarmantes, a dénoncé le représentant, qui a également condamné le recours aux armes à sous-munitions, aux mines antipersonnel ou aux armes téléguidées. 

En dépit de l’élan de solidarité constaté depuis le début de la guerre au travers d’une assistance multiforme, les besoins humanitaires restent encore incomplètement couverts, s’est inquiété M. Biang.  Or, tout semble indiquer une tendance à la guerre d’usure.  « Les perspectives de dialogue entre les parties tardent à émerger; aucune des parties ne paraît prête à s’asseoir autour de la table de négociations; bien au contraire, chacun affûte ses armes, affine sa tactique et durcit sa rhétorique », a constaté le représentant.  Plus que jamais, il est temps d’envisager la fin de cette guerre, de mettre fin au flot de morts et de destructions et d’activer les canaux de la diplomatie pour « faire taire les armes » en Ukraine, a-t-il conclu.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a réitéré la condamnation par son pays des attaques contre des cibles civiles, en violation du droit international et du droit international humanitaire.  Il a exhorté toutes les parties à permettre et à faciliter l’accès rapide, sûr et sans entrave de l’aide humanitaire à ceux qui en ont besoin et à protéger les civils, y compris le personnel humanitaire et les personnes en situation de vulnérabilité, en particulier les enfants.  Il ne doit y avoir ni politisation de l’aide humanitaire ni application sélective du droit international humanitaire, a-t-il rappelé.  Particulièrement alarmé par les signes récents d’escalade, le représentant a dit suivre avec inquiétude les nouvelles concernant le lancement d’une nouvelle offensive militaire, alors même que l’envoi d’armes et de munitions vers la région s’intensifie.  Il a notamment pointé du doigt le recours aux mines antipersonnel. 

Alors que la logique d’une solution militaire au conflit prévaut toujours entre les parties, le Brésil appelle à trouver ceux qui veulent la paix, « un mot qui jusqu’à présent n’a pas été souvent utilisé », a regretté le représentant qui a constaté que ce sont les transferts d’armes et de munitions qui dominent le débat public sur le conflit en Ukraine.  Le manque de volonté dans les années 1990 et 2000 de créer une architecture de sécurité européenne durable était une bombe à retardement dont nous voyons aujourd’hui les conséquences, a-t-il déploré.  Seule une solution politique convenue par tous peut apporter une paix durable dans la région et offrir aux deux parties la possibilité de coexister en harmonie, a-t-il insisté.  À la lumière du rapport de M. Griffiths sur la détérioration de la situation humanitaire, la priorité du Conseil de sécurité et des acteurs régionaux devrait être la cessation immédiate des hostilités et l’ouverture de négociations de paix, a insisté le représentant, qui a renouvelé l’appel de son pays à un cessez-le-feu sans conditions préalables et son soutien à tout effort de médiation.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a rappelé que l’invasion russe a été dévastatrice pour la population ukrainienne et a dit soutenir une action humanitaire neutre en Ukraine.  Elle a déploré le manque d’accès humanitaire dans les territoires sous contrôle russe, avant d’appuyer l’Initiative céréalière de la mer Noire.  Elle a plaidé pour une prorogation de cette initiative et exhorté la Russie à s’acquitter des engagements pris dans ce cadre.  La Russie doit cesser de rechercher des coupables et reconnaître des vérités fondamentales, à savoir les souffrances qu’elle inflige à la population ukrainienne et mondiale, a ajouté la représentante, qui a demandé le retrait unilatéral des forces russes en Ukraine et la fin de l’agression russe.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a rappelé que la guerre en Ukraine constituait une catastrophe déclenchée par un seul pays, la Fédération de Russie.  Or, a déploré le représentant, le conflit ne connaît aucun signe d’apaisement, comme en témoignent les frappes russes récentes contre des infrastructures civiles ukrainiennes.  Odessa, une ville inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, est ainsi plongée dans les ténèbres. 

Le représentant s’est ensuite alarmé de constater que cette guerre avait une incidence majeure sur les plus vulnérables, à commencer par les enfants, des millions d’entre eux ne pouvant se rendre à l’école.  Innombrables sont ceux qui sont exposés au stress post-traumatique et à la dépression, a-t-il averti, avant de souligner que cette guerre avait aussi poussé à la hausse la mortalité infantile. 

De nombreux pays, y compris l’Albanie et la Fédération de Russie elle-même, subissent les conséquences économiques du conflit, a rappelé le représentant, qui a exhorté le Conseil à ne pas devenir victime de son impuissance face à un membre permanent.  Pour lui, il est plus que jamais nécessaire de continuer de faire état de toutes les violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme, et d’aider l’Ukraine à se défendre. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a condamné l’invasion russe en Ukraine dans les termes les plus forts, y compris les attaques russes délibérées de cibles civiles qui menacent la vie et l’avenir du peuple ukrainien, alors que l’hiver bat son plein.  Condamnant également toutes les violations du droit international et des droits humains, le représentant a souligné qu’il ne saurait y avoir d’impunité pour les crimes de guerre.  Saluant la mise en œuvre de l’Initiative céréalière de la mer Noire, il a exhorté la Russie à faciliter plus avant et sans obstruction les exportations de céréales en provenance d’Ukraine.

Le Japon travaille de concert avec la communauté internationale pour venir en aide aux Ukrainiens sous forme d’aide humanitaire et aide alimentaire à hauteur de 1,5 milliard de dollars, ainsi qu’en soutenant les Ukrainiens réfugiés au Japon.  À l’avenir, cette coopération du Japon avec la communauté internationale se poursuivra, avec un accent mis sur l’aide humanitaire d’urgence, le déminage et la reconstruction de l’Ukraine, indiqué le représentant. 

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a déploré l’escalade de la confrontation en Ukraine et rappelé que les femmes et enfants sont les premières victimes de la guerre.  La communauté internationale doit faire front commun et apporter une aide humanitaire en Ukraine, a déclaré le représentant, avant de regretter que la perspective d’un règlement négocié s’éloigne.  Par son histoire, le Mozambique connaît le lourd tribut de la guerre, a-t-il ajouté.  À cette aune, il a exhorté les parties à renouer le dialogue et à s’acquitter de leurs obligations humanitaires.

M. DAI BING (Chine) a constaté que le conflit ne montre aucun signe d’apaisement, les parties concernées n’ayant fait preuve d’aucune volonté pour tenter d’y trouver une solution pacifique.  La priorité devrait être de respecter les dispositions du droit international humanitaire, en commençant par lever toutes les entraves pesant sur l’acheminement de l’aide, a estimé le représentant.  S’agissant des questions de sécurité financière, alimentaire et énergétique, les parties devraient assumer leurs responsabilités en mettant fin à la perturbation des chaînes d’approvisionnement.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a déclaré que l’ampleur de la crise humanitaire, des violations graves du droit international humanitaire et des droits de l’homme décrite par le Secrétaire général adjoint se traduisait notamment par des besoins humanitaires massifs.  Citant les chiffres de l’OCHA, la représentante a noté que les attaques contre les infrastructures civiles aggravent encore plus la situation de la population civile.  Elle s’est dite « consternée » par les attaques indiscriminées contre les infrastructures énergétiques menées par la Russie, avant de lui renouveler son appel en vue d’une désescalade immédiate, de l’arrêt des combats et de son retrait sans délai de l’ensemble du territoire ukrainien.  Les responsables de cette agression et de tous les crimes commis doivent être traduits en justice, a ajouté la représentante. 

Mme Baeriswyl a salué le travail des acteurs humanitaires en Ukraine et demandé qu’un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave leur soit assuré sur l’ensemble du territoire ukrainien, y compris dans les zones occupées par la Russie.  Elle a annoncé que la Suisse poursuivrait son soutien à la population affectée en livrant des équipements d’hiver et en réhabilitant les infrastructures énergétiques et les logements.  Au-delà, elle a appelé à faire dès maintenant avancer le processus de reconstruction. 

Rappelant que les conséquences humanitaires de la guerre se faisaient sentir au-delà de l’Ukraine, la représentante a rappelé que certaines solutions diplomatiques, comme l’Initiative céréalière de la mer Noire, avaient contribué à en diminuer l’impact.  Elle a encouragé toutes les parties à poursuivre les efforts de ce type.  Face à l’« impératif humanitaire urgent » que représente la protection de la population civile, elle a appelé les membres du Conseil à œuvrer sans relâche pour une paix juste, conforme au droit international et pour la protection des civils.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a réaffirmé l’obligation des parties belligérantes de prendre des mesures spécifiques visant à préserver des vies et la dignité humaine malgré la poursuite de la guerre.  Il a instamment demandé à toutes les parties d’accorder un accès humanitaire sans entrave et de s’abstenir de nouvelles attaques de missiles ciblées contre des installations résidentielles, des installations énergétiques et d’autres infrastructures civiles.  Le respect par les parties des principes de la proportionnalité et de la distinction est crucial pour sauver des vies, a-t-il insisté, et, dans le cas de l’Ukraine, cela contribuerait à garder les hôpitaux, les écoles et les marchés ouverts et fonctionnels.

Mettant l’accent sur l’impact des conflits violents sur les enfants, le représentant a argué que l’avenir des enfants ukrainiens dépendait des actions prises aujourd’hui pour promouvoir la paix et la sécurité internationales.  Il a appelé à n’épargner aucun effort pour contribuer à mettre fin à la guerre et redonner aux enfants la promesse d’un avenir pacifique, en saluant les mesures prises par l’UNICEF pour alléger le sort des enfants. 

Face à la multiplicité des défis posés par la guerre, il faut une réponse humanitaire globale et efficace impliquant une approche multisectorielle et une coordination entre les différentes agences des Nations Unies, a poursuivi le représentant.  Quant au Conseil de sécurité, il doit continuer d’appuyer le travail de tous les organismes opérant en Ukraine d’une manière qui assure une assistance et une protection optimales à la population.  Pour le Ghana, il est impératif aujourd’hui d’intensifier les efforts diplomatiques en Ukraine.  À cet égard, le représentant a appelé les membres du Conseil à travailler de manière unie pour soutenir la désescalade des tensions et œuvrer à la cessation de hostilités.  Nous devons intensifier les efforts de paix et aider les parties à négocier pour répondre à leurs préoccupations par le dialogue et un règlement négocié, a-t-il conclu.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a souligné les souffrances du peuple du Donbass, soumis au pilonnage ukrainien.  Il a accusé les « deux maîtres occidentaux » de l’Ukraine -les États-Unis et le Royaume-Uni- d’avoir contraint l’Ukraine à refuser la paix quelques semaines après le début de l’opération militaire spéciale.  Il a estimé que les efforts pour trouver une formule de paix auraient été plus fructueux si les « nationalistes et nazis ukrainiens » ne violaient pas le droit international humanitaire en se cachant derrière leur propre population civile comme un bouclier humain.  Il a aussi dénoncé les actions criminelles perpétrées par les forces armées ukrainiennes contre les habitants du Donbass et des territoires devenus russes après les référendums de septembre dernier. 

Comme preuves de violation du droit international humanitaire, le représentant a mentionné la frappe du 28 janvier, provenant d’un système de tir américain HIMARS, contre un hôpital de la ville de Novayadar dans la République populaire de Lougansk, qui a tué 14 personnes.  Il a dénoncé l’absence de réaction devant ces violations par les États-Unis et d’autres pays de l’OTAN qui fournissent des armes à Kiev, y voyant « une fois de plus » la confirmation de leur implication directe dans le conflit et leur complicité dans les crimes commis.  Il a assuré que les crimes commis par des groupes armés ukrainiens avec l’appui de l’Occident ne resteraient pas impunis.  Le représentant a également indiqué que le dernier rapport de l’ONG Human Rights Watch -organisation qu’il est difficile de soupçonner de sympathie pour la Russie, a-t-il ajouté- montre que l’Ukraine utilise contre la population civile du Donbass des mines antipersonnel interdites.

Pour toute personne sensée, il est clair qu’aujourd’hui, la guerre n’est pas entre l’Ukraine et la Russie, mais entre la Russie et l’OTAN et l’Occident, lesquels utilisent l’Ukraine comme une arme dans leur « croisade » géopolitique contre la Russie, a affirmé M. Polyanskiy.  Il a mentionné les propos d’une membre polonaise du Parlement européen, Mme Anna Fotyga, qui a évoqué les avantages considérables qui découleraient de l’effondrement de la Russie.  Enfin, le représentant a dénoncé cet « ennemi insidieux » qui cherche à détruire la Russie et sa culture, l’Ukraine n’étant qu’un « outil aveugle » entre ses mains.  Nous devons gagner pour l’avenir de nos enfants et celui des enfants ukrainiens, dont les pères sont envoyés par le régime criminel de Kiev à une mort certaine, a ajouté le représentant, qui a conclu en affirmant: « Il est de notre devoir d’arrêter les criminels nazis de Kiev. »

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a rappelé que les chiffres communiqués par le Secrétaire général adjoint ont toutes les raisons d’augmenter en plein hiver, alors que les infrastructures électriques et de chauffage sont gravement endommagées à travers tout le pays.  Il est donc d’autant plus nécessaire, a-t-elle souligné, que les voisins de l’Ukraine, l’ONU, les pays donateurs et les acteurs humanitaires continuent de soutenir la réponse, dans le respect du droit international humanitaire et, en particulier, des protections spéciales accordées par les Conventions de Genève. 

Après avoir réaffirmé l’importance de l’Initiative céréalière de la mer Noire et du protocole d’entente entre la Russie et l’ONU pour faciliter l’exportation d’engrais, la représentante a rappelé le terrible avertissement adressé par le Programme alimentaire mondial, selon lequel l’incapacité à faire face à l’insécurité alimentaire mondiale pourrait entraîner une « déstabilisation planétaire massive ».  Pour leur part, les Émirats arabes unis œuvrent à la livraison d’un paquet d’aide d’un montant de 100 millions de dollars, annoncé l’an dernier, a rappelé Mme Nusseibeh. 

La représentante a toutefois assuré qu’il n’existe aucune autre alternative à la résolution pacifique du conflit, son gouvernement se disant prêt à continuer à faciliter une médiation constructive susceptible de produire des résultats positifs tangibles, comme ce week-end, pendant lequel a eu lieu un nouvel échange de prisonniers. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a regretté les atrocités de la guerre « non provoquée » en Ukraine, en accusant les forces russes d’avoir pris pour cible les infrastructures civiles, les systèmes énergétiques et les terres arables en Ukraine alors que l’hiver bat son plein.  La Russie doit cesser de bombarder les infrastructures critiques ukrainiennes et de tuer des civils innocents, a insisté la représentante, ajoutant qu’en attendant, la communauté internationale doit apporter le soutien humanitaire requis à l’Ukraine.  Elle a regretté que même les travailleurs humanitaires soient victimes des attaques russes sur les lignes de front et a exigé un accès humanitaire sans entrave et en toute sécurité à tout le territoire ukrainien.  Elle a également accusé la Russie de déporter des enfants ukrainiens en Russie pour adoption, en dénonçant cette violation flagrante des principes de protection de l’enfance. 

La guerre du Président Putin a des effets ravageurs au-delà des frontières, a poursuivi Mme Thomas-Greenfield en évoquant les huit millions d’Ukrainiens qui ont cherché refuge en Europe depuis le début du conflit ainsi que l’exacerbation de la crise alimentaire mondiale liée au conflit.  À ce sujet, la représentante a rappelé à la Russie qu’elle avait passé un accord avec l’ONU pour faciliter les exportations sans entrave de céréales, de denrées alimentaires et d’engrais depuis les ports de la mer Noire, en l’exhortant à le respecter et à ne plus empêcher les navires de quitter les ports ukrainiens. 

La représentante a dit avoir entendu les appels à la négociation et a rappelé que celle-ci est entre les mains d’une seule personne, le Président Putin, qui peut donner une chance à la paix et mettre fin à ce conflit en retirant immédiatement ses troupes de l’Ukraine.  À court terme, elle a exhorté tous les pays à appuyer le plan de riposte humanitaire de l’ONU 2023 ainsi que le plan d’aide aux réfugiés, qui devrait être présenté à Genève la semaine prochaine. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a dénoncé la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, en rappelant que 17,7 millions d’Ukrainiens ont aujourd’hui besoin d’une aide humanitaire.  Mettre un terme à l’agression russe est la seule façon d’interrompre « le cycle des violences et des horreurs » en Ukraine, a affirmé la représentante, avant de souligner la nécessité que les auteurs de violations répondent de leurs actes.  Déplorant le manque d’accès humanitaire dans les territoires sous contrôle russe, elle a aussi dénoncé les restrictions imposées aux visites du Comité international de la Croix-Rouge auprès des prisonniers de guerre ukrainiens.  Enfin, elle a exhorté la Russie à mettre un terme à cette guerre insensée et à revenir à la table des négociations.

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) s’est félicité de la tenue de cette séance du Conseil, alors que se poursuivent les attaques « barbares » de l’armée russe contre la population civile de son pays.  Même si elle ne donne pas toujours lieu à des frappes, toute menace déclenche immédiatement le retentissement des sirènes, perturbant le bien-être des Ukrainiens, qui doivent immédiatement cesser leurs activités pour se réfugier dans des abris, a expliqué le représentant.  Les forces russes ont en outre infesté le territoire ukrainien d’engins explosifs extrêmement dangereux, nous contraignant à un gigantesque travail de déminage une fois que l’agresseur se sera retiré, a-t-il poursuivi. 

Le représentant a ensuite démenti les allégations de la Fédération de Russie selon qui les exportations d’engrais russes seraient bloquées par des navires militaires, assurant que c’était surtout le contraire, raison pour laquelle l’Initiative céréalière de la mer Noire n’a pas été aussi opérationnelle le mois dernier que le précédent.  M. Kyslytsya a estimé que la faute en incombe aussi à la restriction délibérée du nombre d’équipes d’inspection russes à bord des navires.  En outre, du fait des frappes russes, 114 navires se trouvent toujours dans les eaux territoriales de la Türkiye, a-t-il accusé, et les exportations ont diminué de 33%, par rapport au mois précédent. 

Le représentant s’est désolé du sort des enfants ukrainiens, 16 000 étant séparés de leurs familles.  Aussi a-t-il demandé qu’ils soient réunis avec elles et que la Russie remette en liberté tous les mineurs « déportés » sur son territoire.  L’Ukraine, a indiqué son représentant, organisera, le 22 février, une manifestation de haut niveau avec 30 autres États Membres, afin d’examiner les graves violations commises à l’encontre de son pays et réfléchir à une position unie pour contraindre la Fédération de Russie à cesser son agression et à retirer ses troupes.  Il a invité tous les pays qui le souhaitent à y participer.

M. REIN TAMMSAAR (Estonie), qui s’exprimait au nom des États baltes (Estonie, Lituanie et Lettonie), a dénoncé les niveaux de destruction épouvantables à la suite des attaques russes indiscriminées visant des civils et des infrastructures civiles ukrainiennes.  Cela a réduit des villes et des villages entiers en ruines, causé des morts, des déplacements et des souffrances humaines et affecté les approvisionnements en énergie et en eau, a-t-il rappelé.  Les Ukrainiens ont été exposés au froid glacial, privés d’abri, de lumière, de chaleur et d’eau potable, s’est indigné le représentant, qui a accusé la Fédération de Russie d’avoir provoqué la plus grande crise humanitaire en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, forçant des millions de personnes à quitter leur foyer.  Huit millions d’Ukrainiens ont cherché protection en Europe, a-t-il rappelé, en exigeant que la Russie mette fin à ses pratiques illégales, y compris les déportations d’enfants ukrainiens des territoires occupés par la Russie et les violences sexuelles. 

Les pays baltes demandent un accès inconditionnel aux prisonniers de guerre ukrainiens par le CICR, a poursuivi le représentant, en insistant sur le fait qu’il ne saurait y avoir d’impunité pour les crimes de guerre commis par la Russie en Ukraine.  Les pays baltes sont favorables à la création d’un tribunal international chargé de poursuivre le crime d’agression contre l’Ukraine. 

Alors que le tragique premier anniversaire du début de la guerre d’agression de la Russie en Europe approche, le représentant a souhaité que ce soit aussi le dernier, et qu’il soit possible de mettre fin en 2023 à cette guerre brutale.  Le chemin vers la paix doit être juste et fondé sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international, a-t-il insisté.

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a déclaré que la Russie devait « comprendre que nous continuerons, plus que jamais, à nous tenir aux côtés du Gouvernement et du peuple ukrainiens ».  Le représentant a dénoncé les « attaques inhumaines » perpétrées par la Russie contre les infrastructures civiles, en rappelant qu’elles constituent une violation du droit international humanitaire.  Il a rappelé que son pays avait fourni 45 millions de dollars d’aide humanitaire à l’Ukraine.  Il a plaidé pour une prorogation de l’Initiative céréalière de la mer Noire et exhorté la Russie à éviter toute désinformation et politisation de cette initiative, qui constitue une véritable « lueur d’espoir ».  Enfin, il a constaté que la Russie n’avait pas, pour l’heure, démontré de véritable engagement en faveur de la paix, avant de saluer l’initiative pour une paix juste du Président ukrainien.

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne(UE), a d’abord mis l’accent sur la nécessité de faire respecter le droit international humanitaire et de fournir une assistance humanitaire continue en raison des souffrances incommensurables causées par les frappes russes contre les infrastructures civiles essentielles et les civils eux-mêmes.  Rappelant que les auteurs des différents crimes au regard du droit international devraient rendre des comptes, il a salué les efforts déployés en ce sens et a réaffirmé le soutien de l’Union européenne aux enquêtes du Procureur de la Cour pénale internationale. 

Rappelant que la grande majorité des réfugiés ukrainiens avaient trouvé refuge dans les pays de l’Union européenne, M. Gonzato a estimé que la principale priorité était désormais de fournir des abris afin d’aider la population à survivre aux températures glaciales de l’hiver.  L’Union européenne contribue au rétablissement des infrastructures énergétiques de l’Ukraine et livre des équipements pour assurer le fonctionnement du réseau électrique, a-t-il ajouté.  Il a également rappelé, pour s’en féliciter, que la solidarité envers l’Ukraine allait au-delà de l’Europe, puisque ce sont 47 États qui se sont engagés lors de la Conférence de Paris de décembre dernier, à verser un milliard d’euros supplémentaires.  Il a demandé à la Russie de permettre un « accès humanitaire complet aux territoires temporairement occupés » en passant par les lignes de front.  Il a également pris note des « efforts impressionnants » du Gouvernement ukrainien et de la société civile et a félicité les Nations Unies pour leur travail de coordination.

Le représentant a relevé que l’agression russe avait entraîné « une forte contamination par les mines terrestres », qui limite l’acheminement de l’aide et empêche les civils de rentrer chez eux en toute sécurité.  Il s’est également dit gravement préoccupé par la poursuite des attaques des forces russes autour des sites nucléaires ukrainiens, notamment la centrale nucléaire de Zaporijia, « illégalement saisie ».

Pour M. Gonzato, la première étape vers une paix durable serait un arrêt immédiat des hostilités par la Fédération de Russie et le retrait inconditionnel, complet et immédiat de toutes ses forces de l’ensemble du territoire de l’Ukraine.  En attendant, l’UE reste « déterminée à apporter le soutien dont l’Ukraine a besoin » et ce, « aussi longtemps qu’il le faudra ».  Pour l’Union européenne, l’Ukraine ne défend pas seulement elle-même et son peuple, mais aussi les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies.  Elle soutient l’initiative ukrainienne pour une paix juste et la formule de paix du Président Zelenskyy et s’efforcera d’obtenir le plus large soutien international possible en sa faveur. 

Le représentant a également rappelé les efforts consentis pour faire face aux conséquences mondiales de la guerre, et apporté le soutien de l’Union européenne à la prolongation au-delà de mars prochain de l’Initiative céréalière de la mer Noire et sa mise en œuvre intégrale.  Rappelant que le soutien de l’Union européenne à l’Ukraine lui avait permis d’exporter quelque 23 millions de tonnes de céréales entre mai et décembre 2022, il a rappelé que l’Union européenne, premier fournisseur mondial d’aide alimentaire et d’aide au développement, avait augmenté son soutien financier pour faire face à la crise alimentaire mondiale.

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a rappelé que son pays soutient l’Ukraine depuis le tout début de la guerre et ce, sur trois fronts.  Premièrement, elle accueille et soutient la plus grande communauté de réfugiés ukrainiens.  Deuxièmement, elle fonctionne comme une plaque tournante pour le transfert de l’aide humanitaire internationale par sa frontière terrestre avec l’Ukraine.  Troisièmement, elle apporte une aide humanitaire à l’Ukraine.  En 2022, la Pologne a ainsi dépensé plus de 9 milliards de dollars, soit 1,5% de son PIB, en aide humanitaire pour les réfugiés ukrainiens, selon de récentes estimations de l’OCDE, ce qui représente en moyenne plus de 5 600 dollars des États-Unis par habitant, a souligné le représentant, ce qui fait de la Pologne l’un des principaux donateurs de l’Ukraine.  M. Szczerski a assuré que son pays restait déterminé à poursuivre ce soutien, y compris pour garantir l’approvisionnement en énergie de la population civile innocente, qui souffre des attaques de la Russie contre les infrastructures critiques. 

Alors que l’Ukraine a demandé plus de 25 000 générateurs et 1 500 stations thermiques mobiles, certaines entreprises privées et publiques et le service d’incendie de l’État de Pologne ont offert plusieurs centaines de générateurs et d’équipements liés à l’énergie, a poursuivi le représentant.  En janvier de cette année, une plateforme logistique spéciale a été créée en Pologne dans le cadre du mécanisme de protection civile de l’Union européenne dans le contexte des besoins de l’Ukraine liés aux défis du secteur de l’énergie, a-t-il notamment détaillé.  En outre, depuis février 2022, plus de 9,5 millions de personnes ont traversé la frontière vers la Pologne depuis l’Ukraine, dont plus de 2,5 millions ont été évacuées.  Quatre-vingt-quinze pour cent des évacués étaient des femmes et des enfants, principalement des Ukrainiens, bien que plus de 100 000 représentaient au total plus de 180 nationalités, a encore précisé le représentant.  Selon les dernières données du HCR, plus de 1,5 million de réfugiés ukrainiens sont enregistrés pour une protection temporaire en Pologne.  Ils ont reçu un numéro d’identification personnel polonais et bénéficient des mêmes services publics (écoles, soins de santé, prestations sociales) que tout autre citoyen polonais, a expliqué le représentant, ajoutant qu’environ 450 000 réfugiés avaient pris un travail en Pologne, ce qui équivaut à 70% du groupe éligible. 

Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a rappelé que son pays avait accueilli plus d’un million de réfugiés ukrainiens depuis le début de la guerre.  L’aide bilatérale allemande à l’Ukraine s’élève à 12,5 milliards d’euros, a-t-elle précisé.  Elle s’est dite préoccupée par l’accès humanitaire dans les territoires sous contrôle russe, avant de dénoncer les déportations forcées d’enfants ukrainiens en territoire russe.  La représentante a plaidé pour une prorogation de l’Initiative céréalière de la mer Noire et exhorté la Russie à cesser de reporter les inspections de navires prévues dans ce cadre.  Enfin, elle a demandé à la Russie de cesser les hostilités et de retirer ses forces du territoire ukrainien.

M. MARTIN BILLE HERMANN (Danemark), au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), a mis l’accent sur trois aspects, à commencer par les violations flagrantes et continues du droit international humanitaire par la Russie et la nécessité de fournir un accès complet, sûr et sans entrave aux acteurs humanitaires.  En effet, les besoins les plus importants sont ressentis dans les zones sous le contrôle militaire temporaire de la Russie, a remarqué le représentant, en appelant la Russie à respecter ses obligations en tant que Puissance occupante.  Il a ensuite dénoncé les conséquences négatives de la guerre d’agression de la Russie sur les prix mondiaux des denrées alimentaires, rappelant que la semaine dernière, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) avait signalé que les graves conséquences de la guerre en Ukraine réduiraient d’environ 40% les superficies plantées en blé d’hiver.  Dans ce contexte, à l’approche de la date de renouvellement de l’accord en mars, il est de la plus haute importance que l’Initiative céréalière de la mer Noire soit prolongée « sans heurts », a mis en garde le représentant.

M. Hermann a souligné le rôle essentiel de la responsabilité pour les crimes commis dans le contexte de l’agression.  Les pays nordiques sont alarmés par le très grand nombre de crimes de guerre signalés depuis l’invasion du territoire ukrainien par la Russie, dont les allégations de violences sexuelles commises par des soldats russes en Ukraine.  Aussi, le représentant a salué les initiatives importantes telles que la Commission d’enquête sur l’Ukraine établie par le Conseil des droits de l’homme et a exprimé le soutien des pays nordiques à la Cour pénale internationale.

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