En cours au Siège de l'ONU

9250e séance – matin & après-midi   
CS/15184

Le Conseil de sécurité débat des moyens de consolider la paix en investissant dans les personnes et le renforcement des institutions

À l’initiative de sa présidence japonaise, le Conseil de sécurité a tenu aujourd’hui un débat public au titre de la question « Consolidation et pérennisation de la paix » sur le thème « Investir dans les personnes pour renforcer la résilience face à des problèmes complexes ».  Quelque 74 délégations se sont exprimées sur l’édification d’institutions résilientes, l’investissement inclusif dans les personnes mais aussi le financement de la consolidation de la paix et le rôle de la Commission de consolidation de la paix (CCP) et ses relations avec le Conseil de sécurité.

Première à prendre la parole, la Vice-Secrétaire générale a affirmé que les investissements dans le développement, les personnes, la sécurité humaine et la prospérité commune sont aussi « des investissements dans la paix ».  Mais Mme Amina Mohammed a déploré qu’ils aient été, ces dernières années, « très insuffisants » et qu’à l’approche de la mi-parcours du Programme de développement durable à l’horizon 2030, les progrès soient « loin d’être sur la bonne voie », quand ils n’enregistrent pas de graves revers avec la remontée de la pauvreté et de la faim ou encore les retours en arrière dans les droits des femmes.

Pourtant, a insisté la Vice-Secrétaire générale, l’investissement dans l’inclusion « n’est pas seulement juste, il est sage », car il combat les inégalités structurelles, qui sont des facteurs de risque majeurs de conflit violent.  À sa suite, de nombreux intervenants ont appelé à investir dans les personnes et à garantir l’inclusion sociale.  Plusieurs ont mis en avant le rôle de l’éducation.  Malte a vu dans l’alphabétisation un moyen de lutter aussi contre la désinformation et les discours de haine.  Les États-Unis et l’Albanie ont souligné que la participation des femmes garantit une paix plus durable.  Le Mozambique, qui a bénéficié de l’appui de l’ONU pour consolider sa paix dans les années ’90, a rappelé que l’efficacité des actions entreprises en ce sens dépend de l’implication des acteurs locaux.

L’appropriation locale a également été mise en valeur par la Suisse en ce qu’elle permet d’établir la confiance, nécessaire à la construction d’une paix durable, qui est « un travail de longue haleine ».  À cette fin, la Présidente régionale du Réseau paix et sécurité des femmes dans l’espace CEDEAO, représentante de la société civile dans ce débat, a encouragé le Conseil à entendre d’autres voix, comme les partis politiques, la société civile -surtout les femmes et les jeunes- et les organisations syndicales. 

Pour construire -ou reconstruire- la nécessaire vision commune de la consolidation de la paix et de la prévention des conflits, nombre de délégations ont évoqué le Nouvel Agenda pour la paix en cours d’élaboration, dans lequel le Japon ou l’Autriche ont vu une « occasion historique » pour les Nations Unies, les États Membres et leurs partenaires

Quant au Conseil de sécurité, accusé par la Jordanie de s’être trop souvent borné à gérer certains conflits ces dernières décennies, il a été appelé par le Brésil à adopter une approche globale des conflits, qui tienne compte des dimensions politiques, économiques et sociales des crises, sans quoi il aura du mal à faire des progrès significatifs dans la prévention et le règlement des conflits ou dans la gestion de transitions réussies vers la consolidation de la paix.  Le Royaume-Uni a estimé que le Conseil peut faire davantage pour soutenir la prévention des conflits en étant conscient des risques émergents et en travaillant en coopération avec les organes compétents de l’ONU et les organisations régionales pour conduire des réponses intégrées.  L’Afrique du Sud a souhaité qu’il investisse beaucoup plus dans la diplomatie préventive. 

Divers intervenants ont aussi insisté sur le rôle de conseil que la CCP peut et doit jouer aux côtés du Conseil de sécurité.  À l’image du Président de la CCP, M. Muhammad Abdul Muhith, plusieurs se sont félicités de la forte augmentation en 2022 du nombre d’avis écrits que la CCP a adressés au Conseil.  Le Brésil a toutefois estimé que les relations entre les deux organes n’avaient pas encore été pleinement explorées et le Japon a regretté que la communication entre eux reste « à sens unique ».  Ces deux pays ont souhaité des réunions conjointes des deux organes.  Les États-Unis ont plaidé pour une collaboration plus structurée.

Comme l’ont fait observer notamment le Président de la CCP et le Kenya, il n’est pas possible de prévenir les conflits sans financer correctement la consolidation de la paix.  L’adoption en septembre dernier par l’Assemblée générale d’une résolution sur le financement de la consolidation de la paix a été mentionnée à plusieurs reprises.  L’Australie et la République de Corée, parmi d’autres, ont mis en avant leurs contributions au Fonds de consolidation de la paix.  L’Australie a dit soutenir l’idée d’un financement du Fonds par les contributions statutaires des États Membres.  Les Pays-Bas ont fait part de leur frustration face à l’absence d’accord sur la question au sein de la Cinquième Commission, chargée des questions budgétaires.

Plusieurs pays ont également mis en avant les questions humanitaires et les droits humains dans la consolidation de la paix.  En revanche, la Fédération de Russie, condamnée à de multiples reprises aujourd’hui encore pour son invasion de l’Ukraine, a affiché ses réticences face aux tentatives de lier les questions de paix et de sécurité, de développement, de droits humains et d’aide humanitaire sous l’égide du maintien de la paix.  Pour elle, l’utilisation des violations des droits humain et d’autres « facteurs arbitraires » comme indicateurs de conflit ouvre la voie aux abus et à l’ingérence dans les affaires intérieures d’États souverains. 

CONSOLIDATION ET PÉRENNISATION DE LA PAIX: INVESTIR DANS LES PERSONNES POUR RENFORCER LA RÉSILIENCE FACE À DES PROBLÈMES COMPLEXES

Déclarations

Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a souligné que le sentiment de sûreté et de sécurité est actuellement au plus bas dans presque tous les pays, alors que le monde n’a jamais connu autant de conflits violents depuis la Seconde Guerre mondiale et qu’un quart de l’humanité vit dans des endroits touchés par des conflits.  Elle a rappelé qu’avant même la pandémie de COVID-19, les pays touchés par les conflits étaient à la traîne dans la réalisation des objectifs de développement durable et que la crise sanitaire n’avait fait qu’aggraver cette situation désastreuse. 

Reprenant les propos du Secrétaire général sur un monde situé à un « point d’inflexion clef de l’histoire », Mme Mohammed a jugé impératif de repenser nos efforts pour atteindre une paix durable.  La seule voie possible, a-t-elle insisté, est celle d’un développement durable et inclusif qui ne laisse personne de côté.  « Les investissements dans le développement, dans les personnes, dans la sécurité humaine, dans notre prospérité partagée sont aussi des investissements dans la paix », a-t-elle martelé. 

La Vice-Secrétaire générale a déploré que, ces dernières années, « nos investissements ont été très insuffisants » et qu’à l’approche de la mi-parcours du Programme de développement durable à l’horizon 2030, « nos progrès actuels sont loin d’être sur la bonne voie ».  Énumérant les revers subis depuis la pandémie -plus de 200 millions de personnes supplémentaires tombées dans la pauvreté, 820 millions de personnes supplémentaires qui souffrent de la faim, davantage de femmes et de jeunes filles dont les droits sont bafoués, l’abandon des pays en développement par le système financier mondial…-, elle a lancé: « Ces défis ne sont pas seulement des questions de développement.  Ils constituent une menace pour notre coexistence pacifique. »  Elle a invité les États à tenir compte du « rôle fondamental du développement durable pour garantir la paix aux générations actuelles et futures ».

Mme Mohammed a ensuite présenté au Conseil quatre observations relatives à l’instauration et au maintien de la paix sur la base d’un développement inclusif et durable.  Elle a rappelé que les efforts en vue de la paix doivent être « fondés sur une compréhension commune de la paix et de ses voies », estimant que les discussions portant sur les préparatifs du Sommet sur les objectifs du développement durable et du Sommet de l’avenir offrent des « possibilités essentielles de faire progresser » une telle compréhension commune.  Elle a rappelé que la prévention et la consolidation de la paix seraient au cœur du nouvel Agenda pour la paix, de même que l’inclusion.  « Cela revient à reconnaître et à garantir, de la manière la plus large possible, que les droits de l’homme occupent une place centrale dans le nouvel Agenda pour la paix », a encore affirmé la Vice-Secrétaire générale. 

Pour Mme Mohammed, l’investissement dans l’inclusion « n’est pas seulement juste, il est sage », car il induit un plus grand soutien public et une plus grande légitimité, renforce la résilience de la société et s’attaque aux inégalités structurelles, qui sont des facteurs de risque majeurs de conflit violent.  Dans ce contexte, elle a mis en avant la lutte contre les inégalités fondamentales entre les sexes.  Prenant en exemple le cas de l’Afghanistan, elle a affirmé: « Une société fondée sur l’exclusion et la répression ne peut jamais s’épanouir; une société où les droits des femmes et des filles sont bafoués n’est pas une société du tout ».  Elle a aussi rappelé que le Secrétaire général, dans son dernier rapport sur les femmes, et la paix et la sécurité, avait averti du reflux actuel des acquis générationnels en matière de droits des femmes et a réclamé un « changement transformationnel » pour briser ce cycle et garantir l’égalité des sexes.  Mme Mohammed a également rappelé le rôle clef joué par les jeunes dans la promotion de la paix et de la sécurité dans le monde et souhaité que ce rôle soit mieux reflété dans les mandats des opérations de paix.

La Vice-Secrétaire générale a ensuite insisté sur l’importance de la structure de consolidation de la paix.  Elle a en particulier appelé à mieux étudier comment le Conseil de sécurité peut tirer davantage parti du rôle et des conseils que la Commission de consolidation de la paix (CCP) fournit sur d’importants programmes thématiques et transversaux.  « Je demande instamment au Conseil de capitaliser sur les avantages comparatifs de la Commission, afin d’intégrer plus directement dans son travail les objectifs cruciaux de prévention et de consolidation de la paix », a-t-elle déclaré. 

Enfin, Mme Mohammed a rappelé que le succès des efforts collectifs pour faire progresser la paix durable « dépendra d’un investissement adéquat » dans la consolidation de la paix.  Elle s’est dite encouragée par l’adoption unanime par l’Assemblée générale, en septembre dernier, de la résolution sur le financement de la consolidation de la paix.  Elle a notamment salué l’engagement des États Membres à assurer un financement durable, adéquat et prévisible de la consolidation de la paix, « notamment par l’examen des contributions au Fonds pour la consolidation de la paix », lequel demeure le principal instrument de l’Organisation pour investir dans la consolidation et la prévention de la paix.  « Nous ne pouvons pas permettre que les crises -qui sont nombreuses- détournent le financement de ces efforts essentiels », a conclu la Vice-Secrétaire générale.

M. MUHAMMAD ABDUL MUHITH, Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a observé que les défis en matière de consolidation et de maintien de la paix s’étaient multipliés, en particulier dans le contexte de la pandémie mondiale et de la récession économique qui en résulte et est exacerbée par les changements climatiques et la nature changeante de la dynamique des conflits.  Il a jugé impératif de renforcer la résilience des individus, des sociétés et des nations.  C’est pourquoi, a-t-il ajouté, les pays et régions sont de plus en plus nombreux à vouloir s’engager auprès de la CCP.  Il a rappelé qu’en 2022, la CCP s’est engagée pour la première fois en faveur du Timor-Oriental, du Soudan du Sud et de la région d’Asie centrale. 

La leçon essentielle tirée de l’engagement de la CCP dans diverses régions du monde est qu’il est important de soutenir les efforts déployés par les pays pour mettre en place des institutions efficaces, responsables, inclusives et réactives, a estimé M. Muhith.  Il faut donc investir davantage dans le renforcement d’institutions de service public répondant aux besoins de tous les citoyens, dans le cadre de l’état de droit et en couvrant tous les objectifs de développement durable.  La CCP souligne également l’importance de la participation des femmes et des jeunes dans les efforts de renforcement des capacités. 

Pour le Président de la CCP, il faut mettre davantage à profit les avantages comparatifs des différents organes des Nations Unies.  Il a estimé que les synergies entre la CCP et le Conseil de sécurité constituaient une bonne pratique.  Il a rappelé que la CCP avait considérablement renforcé son rôle consultatif auprès du Conseil à la demande de ce dernier, y compris par des arrangements informels, rendant davantage d’avis, et plus rapidement, ce qui a permis au Conseil de prendre des décisions bénéficiant de perspectives plus larges en matière de consolidation de la paix. 

La CCP attend avec intérêt la poursuite des discussions sur les résultats de l’initiative « Notre Programme commun » du Secrétaire général, a poursuivi M. Muhith, qui a ensuite rappelé la nécessité d’un financement adéquat, prévisible et durable de la consolidation de la paix.  Il a enfin annoncé que la CCP organiserait lundi prochain un débat consacré au Nouvel Agenda pour la paix, pour « compléter le processus de consultation en cours par des idées spécifiques à la consolidation de la paix », notamment sur un rôle renforcé et plus stratégique de la CCP. 

Mme DIAGO DIAGNE NDIAYE, Présidente régionale du Réseau paix et sécurité des femmes dans l’espace CEDEAO(REPSFECO), a interpellé les délégations sur les questions auxquelles elles sont invitées à s’exprimer aujourd’hui: Comment le Conseil de sécurité peut-il mieux faire face aux menaces émergentes et aux multiplicateurs de risques afin de réaliser la consolidation et le maintien de la paix?  Par exemple, a-t-elle poursuivi, quels domaines de préoccupation doivent être pris en compte?  Quelles voix doivent être entendues?  Comment créer des synergies constructives entre les différentes parties prenantes?  

L’oratrice a d’abord encouragé le Conseil à entendre d’autres voix comme les partis politiques, la société civile -surtout les femmes et les jeunes- et les organisations syndicales.  Elle a aussi préconisé des approches de « sécurité collaborative », maintenant que la stratégie du tout militaire a montré ses limites, ainsi qu’à systématiser des approches de vulgarisation de certaines résolutions adoptées par le Conseil, ces dernières étant parfois inconnues des acteurs, des pays ou des catégories de population concernées. 

Axant la suite de son intervention sur l’investissement nécessaire dans les femmes et filles pour la consolidation et le maintien de la paix, Mme Ndiaye a appelé à donner la priorité à la scolarisation des filles et à leur maintien à l’école, même en période de conflit, arguant que cela demeure une clef de l’autonomisation des futures générations de femmes.  Elle a pris pour exemple les milliers de filles ayant dû abandonner l’école dans la région du Sahel, entraînant un recul en matière d’autonomisation des femmes.  L’oratrice a appelé à des efforts soutenus pour renforcer les capacités du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, en plus du financement en faveur des institutions œuvrant en matière de genre.  Elle a remarqué qu’ONU-Femmes ne dispose pas de bureaux dans beaucoup de pays africains faute de ressources adéquates.  Elle a aussi interpellé les délégations sur le manque de budget des ministères en charge des femmes au niveau des États, ainsi que des organisations de la société civile œuvrant pour les droits des femmes.  Les infrastructures de base (établissements de santé, écoles) ainsi que les instruments pour alléger le travail quotidien des femmes sont des leviers importants pour leur autonomisation, a-t-elle fait valoir.  Enfin, Mme Ndiaye a appelé à des efforts d’alphabétisation pour développer l’entrepreneuriat rural et urbain: cela contribuera aussi à l’autonomie des femmes et des filles et, à terme, à des sociétés plus stables et plus prospères. 

M. KIMIHIRO ISHIKANE (Japon) a rappelé que chaque situation est unique, a son propre contexte et doit faire l’objet d’une attention soutenue et constante.  Il a appelé à sensibiliser aux « multiplicateurs de risques émergents », citant en particulier l’insécurité alimentaire et énergétique, les urgences sanitaires, les changements climatiques et les violations et abus des droits humains.  Il a rappelé combien facilement la paix et la sécurité avaient pu, récemment, brutalement se détériorer dans certaines régions, et a appelé à adopter une approche intégrée et adaptée.

Pour le Japon, le Conseil devrait jouer un rôle de premier plan pour parvenir à une paix durable en établissant des institutions résilientes et en investissant dans les personnes.  De telles institutions doivent pouvoir offrir des services socioéconomiques de base et de développement tels que les soins de santé et l’éducation, afin de protéger et d’autonomiser les personnes et de les rendre résilientes face à des défis multiformes.  Il faut en outre investir dans les personnes et ce, dans tous les segments de la société, y compris les femmes et les jeunes, qui doivent pouvoir participer de manière proactive à la consolidation de la paix.  Le Conseil peut aussi renforcer le lien entre l’humanitaire, le développement et la paix dans les mandats des opérations de paix, promouvoir davantage l’inclusion.  Le représentant a appelé à intégrer le concept de sécurité humaine dans le travail de l’ONU. 

Le représentant a appelé le Conseil à utiliser plus efficacement les autres organes de l’ONU, en particulier de la Commission de consolidation de la paix (CCP).  S’il s’est félicité de la forte augmentation récente du nombre de briefings et des conseils écrits de la CCP au Conseil, il a toutefois constaté que la communication entre les deux organes restait « à sens unique ».  Il a donc appelé le Conseil à faire des efforts substantiels pour fournir un retour d’information à la CCP et a suggéré la convocation d’une réunion conjointe lors de laquelle tous les membres de la CCP et du Conseil de sécurité s’engageraient.  Il a en outre souhaité que le Conseil sollicite l’avis de la CCP à l’occasion du renouvellement des mandats des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales de l’ONU. 

Le représentant a estimé que le processus en cours d’élaboration d’un nouvel Agenda pour la paix représente une occasion historique pour les Nations Unies, les États Membres et leurs partenaires de reconstruire une vision commune de la consolidation de la paix et de la prévention des conflits et d’améliorer la boîte à outils des Nations Unies à cette fin.  Il a appelé à « mobiliser notre sagesse collective » à cette fin dès maintenant. 

Mme CAROLYN OPPONG-NTIRI (Ghana) a dénoncé les groupes terroristes et les réseaux criminels transnationaux.  Qu’il s’agisse de prendre par la force d’immenses pans d’États, de lancer des assauts contre l’autorité et la présence de l’État, de piller les ressources naturelles et de déstabiliser la société par la désinformation, la radicalisation et le recrutement, en particulier de jeunes, ces groupes cherchent à défaire les États et les gouvernements établis.  À ces facteurs s’ajoutent les déficits de bonne gouvernance, y compris l’incapacité des pays en développement à fournir des services publics essentiels, à créer des opportunités inclusives et à promouvoir la gouvernance participative, ce qui compromet l’efficacité des réponses traditionnelles pour régler ces conflits.  Partant du principe que le meilleur garant du maintien de la paix est la prévention des conflits, la déléguée a encouragé le Conseil à s’attaquer aux nombreux moteurs sous-jacents de ces conflits.  Au Sahel, a-t-elle noté, l’impact des changements climatiques, y compris les déplacements de personnes et l’insécurité alimentaire, ainsi que la pauvreté et l’exclusion, les faibles niveaux d’éducation et le chômage des jeunes ont créé un terrain fertile pour la radicalisation et le recrutement par des groupes extrémistes.  Pour briser le cycle de la violence et l’expansion des activités terroristes vers le Sud et vers les États côtiers, il faut convenir d’actions urgentes pour renforcer la résilience économique des communautés vulnérables dans le cadre d’initiatives nationales et régionales de paix et de sécurité. 

M. ZHANG JUN (Chine) a déclaré que « la consolidation de la paix doit privilégier le développement ».  Le manque de développement est le facteur principal de nombre de questions portées devant le Conseil de sécurité, a-t-il relevé.  Au Sahel par exemple, les terroristes ont exploité le chômage et la pauvreté pour s’implanter et recruter.  La consolidation de la paix doit donc canaliser les ressources vers l’éradication de la pauvreté, l’industrialisation ou encore le renforcement de l’agriculture.  Pour ce faire, les pays développés doivent respecter leurs engagements historiques en matière d’aide publique au développement (APD) et de financement climatique, a plaidé le délégué.  En outre, au sein de l’ONU, la consolidation de la paix doit respecter les priorités nationales et aider les pays à se développer.  Il a souligné que les pays sortant d’un conflit doivent être soutenus en vue de sortir de l’impasse.  C’est l’objectif de la Chine qui investit massivement dans les infrastructures en Afrique à travers la construction de stades, de routes et de réseaux ferroviaires comme ceux de Mombassa-Nairobi et Addis-Abeba-Djibouti qui ont permis l’essor de nombreuses populations.  En Afghanistan, le représentant a appelé les Taliban à respecter les droits des femmes et filles à l’éducation.  De même, il a dénoncé les forces étrangères qui s’installent dans des pays tiers et prennent parti pour une faction contre d’autres.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a souhaité, pour prévenir et répondre aux nouvelles menaces, que le Conseil de sécurité appuie les efforts de paix des organisations régionales.  Jugeant cruciaux l’engagement de l’Union africaine pour le règlement du conflit dans le nord de l’Éthiopie, celui de la Communauté d’Afrique de l’Est dans la région des Grands Lacs ou encore celui de la Communauté de développement de l’Afrique australe au Mozambique, elle a dit soutenir un financement des opérations africaines de paix sur contributions obligatoires des Nations Unies.  Elle a également jugé crucial que l’ensemble du système onusien se mobilise pour traiter les causes profondes des conflits, et notamment les opérations de maintien de la paix qui doivent appuyer le déploiement des services publics et la réforme du secteur de la sécurité, voire soutenir la bonne gestion des ressources naturelles et la lutte contre les trafics.  La déléguée a aussi recommandé que le système onusien prenne en compte l’impact des changements climatiques sur la paix et la sécurité, rappelant à cet égard que la France a rejoint le conseil d’administration du Mécanisme Climat et sécurité de l’ONU dont elle a la coprésidence avec l’Allemagne en 2023.  Après avoir insisté sur l’importance du respect des droits humains et de l’accès à la justice comme conditions de la prévention des conflits, elle a appelé la CCP à concentrer son action sur des situations géographiques précises et à formuler des recommandations opérationnelles au Conseil.  La CCP doit à son avis accompagner les contextes de transition et de postconflit, et appuyer la préparation des retraits d’opérations de maintien de la paix, comme la MONUSCO.  Enfin, après avoir signalé que son pays soutiendra cette année le Fonds de consolidation de la paix à hauteur de 6,5 millions d’euros, elle a estimé que le Sommet du futur de septembre 2024 sera un jalon important dans l’élaboration du Nouvel Agenda pour la paix. 

M. FERIT HOXHA (Albanie), mettant l’accent sur la contribution des femmes à la paix et la sécurité, a souligné que même dans les pays les plus développés, elles ne jouissent pas des mêmes droits que les hommes, et que dans d’autres pays, sous le voile de la culture et du respect des valeurs, les institutions discriminent les femmes jusqu’à les exclure du système éducatif, alors qu’elles devraient devenir des agents du changement.  L’Albanie a quant à elle fait de l’émancipation des femmes une priorité, en renforçant leur participation à tous les niveaux.  Le délégué a appelé à des investissements de meilleure qualité dans le capital humain, particulièrement en matière d’éducation et de santé, pour que les femmes et les filles entrent sur le marché du travail en bonne santé et deviennent des adultes productifs.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a estimé que la Commission de consolidation de la paix était particulièrement bien placée pour jeter un pont entre les discussions des différents piliers de l’ONU pour s’attaquer aux causes profondes des conflits.  Le développement durable et la sécurité étant étroitement liés et essentiels à une paix durable, le Conseil de sécurité doit adopter une approche globale des conflits, qui tienne compte des dimensions politiques, économiques et sociales des crises.  Le représentant s’est félicité des échanges entre le Conseil et la CCP, a estimé qu’ils devraient être plus fréquents et y a vu un élément clef à inclure dans le Nouvel Agenda pour la paix. 

Pour le Brésil, les relations de la CCP avec l’ECOSOC, l’Assemblée générale et surtout le Conseil n’ont toutefois pas encore été pleinement explorées et le Nouvel Agenda pour la paix devrait mettre en évidence les avantages potentiels d’un approfondissement de ces relations.  Le représentant a dit attendre un engagement constructif du Conseil à cet égard.  Il a notamment souhaité que le rôle consultatif de la CCP auprès du Conseil soit renforcé.  Il a suggéré des consultations sur les questions relatives à la consolidation et au maintien de la paix avant la formation, l’examen, le retrait et la transition des différents types d’opérations de paix; une présentation régulière d’avis écrits par la CCP sur les questions figurant à l’ordre du jour des deux organes; un alignement plus poussé des programmes de travail du Conseil et de la CCP; une plus grande interaction entre la Commission et les correspondants du Conseil; une amélioration des méthodes de travail du Conseil concernant cette interaction; et « au moins » une session conjointe annuelle des deux organes. 

À défaut, a prévenu le représentant, le Conseil de sécurité aura du mal à faire des progrès significatifs dans la prévention et la résolution des conflits ou dans la gestion de transitions réussies vers la consolidation de la paix.  Il a aussi insisté sur « le besoin crucial » de favoriser la confiance entre le Conseil et la CCP.

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a affirmé prendre très au sérieux l’ambition conjointe du Conseil de sécurité et de la CCP.  Il a notamment appelé à veiller à ce que les gouvernements locaux aient les outils nécessaires pour éviter que ne se répètent les conflits.  Il a plaidé pour une collaboration plus structurée entre le Conseil et la CCP, en soulignant que celle-ci est la mieux placée pour sensibiliser aux efforts locaux.  Il a dit par conséquent être favorable à un élargissement du rôle de la Commission dans les contextes régionaux et sur les questions transversales comme les droits humains ou les risques liés aux changements climatiques, ce qui suppose de renforcer son pouvoir fédérateur et notamment son rôle consultatif auprès du Conseil de sécurité.  Rappelant que l’objectif du Nouvel Agenda pour la paix est de pérenniser la paix et la sécurité internationales, le délégué a estimé que cela passe par des processus de paix plus légitimes et donc plus inclusifs, en notant que les acteurs internationaux ne peuvent pas être les architectes de la paix.  L’histoire a clairement démontré que lorsque les femmes participent pleinement aux processus de paix, les résultats pour toute la société sont meilleurs et plus durables, a ensuite fait valoir le représentant qui a également encouragé la participation des jeunes à ces processus.  Il a conclu en assurant que la stratégie de prévention des conflits des États-Unis s’inscrit dans le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général. 

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a estimé que pour pérenniser la paix, il faut traiter des causes profondes des conflits, ainsi que des causes internes et externes.  De même, l’enseignement clef que le Mozambique a tiré de son expérience est qu’il est nécessaire de relever les défis de développement afin d’éviter une insécurité endémique.  Il est donc question de mobiliser la volonté politique de tous les acteurs et le soutien de la communauté internationale, y compris pour le financement.  Le délégué a appelé à renforcer les capacités des États sortant d’un conflit, afin qu’ils puissent mettre sur pied les services nécessaires et rétablir le tissu social tout en investissant de manière durable dans la cohésion sociale.  Il a souhaité que les communautés soient elles-mêmes au centre de tous les processus les concernant, avec l’implication de tous, y compris des femmes.  Il a rappelé que de 1992 à 1994, l’ONU a accompagné le Mozambique en matière de consolidation de la paix.  On oublie parfois que toutes les actions entreprises ne seraient pas efficaces sans l’implication des acteurs locaux et régionaux, a-t-il souligné.  Il a aussi insisté sur l’éradication de la pauvreté, l’implication des femmes et des jeunes, les investissements dans les infrastructures, et le fait de mettre l’accent sur les solutions locales.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a énoncé trois conditions clefs pour une paix durable: un engagement à long terme, un investissement continu dans la confiance et un discours franc et transparent à tous les niveaux.  Autant d’éléments qui guident depuis longtemps l’action de la Suisse et qui alimenteront les discussions des prochains mois sur le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général, a-t-elle déclaré.  Faisant remarquer que construire une paix durable est un travail de longue haleine, elle a encouragé les membres du Conseil à poursuivre des discussions constructives à ce sujet, par exemple dans le domaine de la justice transitionnelle ou lors des transitions des opérations de maintien de la paix.  La représentante a d’autre part souhaité que l’accent soit mis sur les actrices et acteurs locaux afin de créer un climat de confiance, saluant à cet égard le travail pionnier de la CCP.  À ses yeux, une paix durable requiert également des institutions fortes et responsables qui protègent et promeuvent les droits des individus.  Elle a prôné une reddition de la justice si ces droits sont bafoués, pour que la confiance en les institutions soit conservée.  Enfin, face aux nouvelles menaces pour la sécurité internationale et aux multiplicateurs de risque que constituent les changements climatiques et les défis liés au cyberespace, elle a recommandé que le Conseil dispose d’informations et de données scientifiques à jour et désagrégées, afin qu’il les intègre dans son travail au quotidien. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a rappelé l’existence d’une myriade de conflits complexes et insisté sur la nécessité de renforcer la notion même de consolidation de la paix.  La représentante s’est félicitée de la coopération accrue entre la Commission de consolidation de la paix (CCP) et le Conseil de sécurité.  Elle a rappelé que son pays contribue au Fonds de consolidation de la paix. 

L’absence de violence n’est pas la paix, a rappelé la représentante.  Elle a insisté sur le rôle de l’éducation, et en particulier de l’alphabétisation, pour prévenir les conflits, car elle permet aussi de lutter contre la désinformation et contre les discours de haine.  Elle a appelé à prendre en compte les droits des femmes et des enfants, nécessaires au renforcement de la consolidation de la paix. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a estimé que de nombreux États africains continuent de ressentir la pesanteur du passé colonial, de la séparation ou du regroupement arbitraire de populations entières, et de frontières au tracé illogique.  Certains anciens empires coloniaux divisent pour mieux régner, exploitant économiquement les populations africaines qui furent sous leur joug.  En matière de consolidation de la paix, a-t-elle poursuivi, « il ne saurait y avoir d’automatismes et de solutions prêtes à l’emploi ».  Chaque situation exige au contraire une approche délicate, impartiale et sur mesure.  Les États, a dit la déléguée, sont les premiers responsables de la prévention des conflits et de la maîtrise de leurs conséquences, et l’aide internationale, si elle est nécessaire, ne doit être fournie qu’avec le consentement du pays hôte, conformément à ses priorités et dans le respect de sa souveraineté.  La déléguée a par ailleurs jugé inacceptable que des donateurs conditionnent l’allocation de l’aide à la satisfaction d’exigences politiques.  La Russie se méfie des tentatives de lier les questions de paix et de sécurité, de développement, de droits de l’homme et de coopération humanitaire sous l’égide du « maintien de la paix ».  Malgré le caractère connexe des différents aspects du travail de l’ONU, il est souhaitable d’opérer une distinction claire entre les mandats de chacun de ses organes.  Invoquer des violations des droits de l’homme, ou d’autres facteurs arbitraires, comme les signes d’un conflit, ouvre la voie à des abus et à l’ingérence dans les affaires intérieures d’États souverains, a-t-elle prévenu. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a estimé que la consolidation de la paix est étroitement liée à la reconstruction postconflit et à la « neutralisation des moteurs de la fragilité ».  Il a encouragé les investissements dans l’éducation, les infrastructures, l’autonomisation des communautés locales et le renforcement du rôle des femmes et des jeunes.  La paix et la sécurité sont liées au développement, a-t-il ajouté, appelant à opter pour des stratégies globales cohérentes.  Le Conseil de sécurité détient la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales, a rappelé le représentant, en encourageant celui-ci à travailler davantage avec d’autres organes du système des Nations Unies afin de répondre de manière holistique et systémique aux causes profondes des conflits, dont des structures de gouvernance déficientes, la pauvreté, les inégalités sociales, économiques et politiques, les niveaux de chômage élevés ou encore les défis sanitaires et environnementaux.  Il est fondamental pour le Conseil de trouver des réponses aux incidences sur la sécurité des facteurs contemporains de conflit, a argué le représentant, notamment les pandémies et les défis environnementaux.  En conclusion, il a insisté sur la pertinence d’une collaboration plus étroite entre le Conseil de sécurité et le système de l’ONU pour le développement, la Commission de consolidation de la paix et l’ECOSOC. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a fait valoir que le coût des conflits est insoutenable, tant en termes de souffrances humaines que de ressources disponibles pour le maintien de la paix et l’aide humanitaire.  Le Nouvel Agenda pour la paix est, selon lui, l’occasion de mettre la prévention au premier plan, de sauver des vies et de faire des économies.  Appelant la communauté internationale à soutenir les efforts visant à renforcer les capacités de prévision de l’ONU afin d’anticiper les risques et d’éclairer les réponses, le représentant a jugé crucial de mieux tirer parti des données et de la technologie pour « comprendre les risques de conflit, notamment là où ils sont exacerbés par les changements climatiques ».  Il a également souhaité que l’ONU dispose des capacités de médiation adéquates et de réseaux plus larges pour aider à résoudre les conflits avant qu’ils ne s’aggravent.  Il importe aussi, selon lui, que les coordonnateurs résidents soient habilités à diriger des approches conjointes de consolidation de la paix afin de « maximiser l’impact des efforts de développement et des actions diplomatiques ».  Enfin, a-t-il ajouté, le Conseil peut faire davantage pour soutenir la prévention des conflits en étant conscient des risques émergents et en travaillant en coopération avec les organes compétents de l’ONU et les organisations régionales pour conduire des réponses intégrées.  La Commission de consolidation de la paix est un élément essentiel de cette équation, ne serait-ce que par son rôle consultatif auprès du Conseil. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a estimé qu’investir dans les personnes est le principal moyen de prévenir les conflits.  Il a noté que la pauvreté, les inégalités et d’autres facteurs qui détériorent le tissu social peuvent favoriser l’extrémisme violent.  Selon le délégué, les missions politiques spéciales et les bureaux de pays des Nations Unies sont des partenaires adéquats pour soutenir les autorités des pays sortant d’un conflit dans la préparation de leurs plans de transition.  La participation des femmes à toutes les étapes de la prévention et de la résolution des conflits et dans les processus de consolidation de la paix est le garant d’une paix durable, a ajouté le délégué qui a aussi insisté sur l’implication des jeunes.  Par ailleurs, plaidant pour le renforcement du Fonds pour la consolidation de la paix, il a évoqué le rôle des institutions financières internationales et des organismes régionaux. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a noté que la résolution adoptée par l’Assemblée générale en septembre dernier est un pas dans la bonne direction, bien qu’elle reste insuffisante pour garantir un financement durable des activités de prévention.  Pour pérenniser la paix, la communauté internationale a besoin de stratégies d’ensemble, a-t-elle dit, avant d’encourager les mécanismes existants, tels que les avis consultatifs de la Commission de consolidation de la paix au Conseil, la participation des différentes formations aux travaux et la tenue de dialogues informels entre le Conseil et la Commission.  Pour la représentante, l’inclusion est la pierre angulaire de la consolidation de la paix car elle favorise la désescalade.  Il est donc essentiel d’investir dans les femmes et la jeunesse, a-t-elle affirmé, relevant que lorsque la société civile, y compris les organisations de femmes, participe aux processus de paix, les accords ont 64% de moins de chance d’échouer.  Prévenir, c’est aussi aller vers un règlement plus rapide des conflits plutôt que d’accepter qu’ils soient gelés, a-t-elle poursuivi, non sans évoquer l’évolution alarmante de la situation dans les territoires palestiniens occupés.  Évoquant ensuite les effets néfastes des changements climatiques sur la paix et la sécurité, elle a relevé que l’instabilité et le manque de ressources qui en découlent peuvent accroître les tensions dans les sociétés en situation de conflit.  Entre 2009 et 2019, ces changements ont entraîné le déplacement de 23 millions de personnes en moyenne et 14 des 25 pays les plus vulnérables sont confrontés à des conflits, a-t-elle précisé, soulignant le besoin de données de meilleure qualité pour analyser cette menace, en plus d’un financement durable et de programmes de renforcement des capacités. 

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a déclaré que son pays ne veut pas être impliqué dans le conflit entre l’Ukraine et la Fédération de Russie, qui l’affecte pourtant puisque la Hongrie accueille un million de réfugiés ukrainiens et que des Ukrainiens d’ethnie hongroise combattent et meurent dans le conflit.  Il a demandé à tous les membres de la communauté internationale d’éviter toute mesure ou déclaration qui ferait perdurer le conflit et a appelé à déployer moins d’armes et à se concentrer davantage sur la recherche d’un cessez-le-feu.  Les Nations Unies n’ont pas été créées par des pays animés du même esprit mais pour faciliter le dialogue, a-t-il ajouté, avant de féliciter la présidence japonaise pour avoir organiser ce débat consacré à la paix.

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a réclamé davantage de financements pour les situations de postconflit et la prévention.  De façon générale, il a appelé à accorder davantage d’importance aux opérations de maintien de la paix pour garantir le succès des efforts du Conseil de sécurité, à renforcer la résilience des pays concernés et à garantir l’accès de ces opérations au budget ordinaire.  Le délégué a aussi appelé à soutenir les efforts des États renforçant leurs institutions avec leurs propres capacités nationales, en prenant en compte le contexte de chacun des pays.  Il a enfin appuyé l’émancipation de femmes pour relever les défis sécuritaires.

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a souligné l’importance d’investir dans le développement afin de s’attaquer efficacement aux moteurs structurels des conflits et libérer le potentiel inexploité du capital humain.  Il a prôné pour cela des institutions étatiques résilientes et responsables, une croissance économique inclusive, une cohésion sociale et une connectivité fiable.  La Pologne a entamé des discussions formelles sur un projet de résolution de l’Assemblée générale concernant le « renforcement de la résilience mondiale grâce à la connectivité des infrastructures régionales et interrégionales », a-t-il indiqué en expliquant que miser sur la connectivité des infrastructures peut renforcer la résilience aux chocs futurs.  Il a aussi fait valoir que cette connectivité constitue une composante primordiale de la cohésion sociale, celle-ci étant essentielle à la construction de la paix.  Les infrastructures de consolidation de la paix doivent intégrer le concept de justice transitionnelle avec ses quatre piliers, a-t-il poursuivi en citant les poursuites pénales, la recherche de la vérité, les dédommagements et les réformes institutionnelles et juridiques.  La pleine réconciliation est le seul moyen d’empêcher la résurgence des conflits et de parvenir à une paix et une stabilité durables, a-t-il estimé.  Il a aussi plaidé pour que les jeunes soient associés à toutes les étapes des processus de paix, arguant que la manière la plus constructive d’autonomiser les jeunes et d’éviter leur radicalisation est d’investir dans une éducation, une formation professionnelle et des opportunités d’emploi de qualité.  Après avoir salué le travail de la CCP, il a encouragé à une plus grande collaboration entre elle et divers organes des Nations Unies, y compris le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et les missions des Nations Unies sur le terrain, mais également l’ECOSOC.

M. CLAVER GATETE (Rwanda) a indiqué que la construction et le maintien de la paix exigent de s’attaquer aux causes profondes des conflits et des crises, notamment la pauvreté, l’exclusion, les inégalités et la discrimination.  Selon lui, une paix durable ne peut être construite que de l’intérieur, et le Rwanda reste déterminé à partager son expérience de consolidation et de maintien de la paix avec la famille onusienne.  Le représentant a expliqué que le parcours du Rwanda vers la consolidation de la paix s’est concentré sur une approche centrée sur les personnes, l’appropriation, l’inclusion et la responsabilité.  Et le renforcement des institutions est devenu une valeur fondamentale dans notre système, a-t-il dit.  Maintenir la paix dans les Grands Lacs est un désir de tous les pays de la région, y compris le Rwanda, a-t-il poursuivi.  Il a fait part de sa profonde préoccupation face à l’évolution de la situation sécuritaire au Nord et au Sud-Kivu.  Le cycle endémique de la violence dans l’est de la RDC, en particulier contre les Congolais de langue kinyarwanda, résulte de défaillances structurelles comme l’absence d’autorité de l’État pour garantir la sûreté et la sécurité des personnes, a-t-il déploré en relevant que cette situation a des effets d’entraînement sur les pays voisins.  Pour résoudre la crise des réfugiés relative à cette situation et pour parvenir à la paix, il a suggéré de traiter des causes profondes de ces conflits.  Le représentant a noté que la RDC abrite plus de 130 groupes armés, dont les FDLR, un groupe armé sanctionné par l’ONU et qui a commis le génocide contre les Tutsis au Rwanda et qui possède une forte autorité dans l’est de la RDC.  Il a donc invité le Conseil de sécurité à s’attaquer aux racines et aux moteurs des conflits en RDC, tout en évitant le deux poids, deux mesures et la politique du bouc émissaire.

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie) a souligné que les défis sont de plus en plus complexes et doivent modifier notre façon d’aborder les conflits, jugeant qu’il importe pour cela de mettre en place des mesures de prévention inclusive.  Il a plaidé pour une approche ascendante en matière de consolidation de la paix, avec « l’appropriation nationale au cœur des priorités » afin d’associer les populations locales, notamment les femmes et les jeunes qui peuvent agir en tant que médiateurs et artisans de la paix dans leurs communautés.  Une autre priorité est l’édification d’institutions résilientes grâce à une bonne gouvernance et aux ressources nécessaires, a-t-il ajouté, affirmant que ces piliers institutionnels donneront plus de chances à une paix pérenne et permettront d’éviter une reprise des conflits.  Cela nécessite par ailleurs des financements prévisibles, a poursuivi le délégué.  À ce sujet, si les partenariats avec les organisations régionales et les institutions financières internationales sont essentiels, la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire doivent aussi être encouragées, notamment en matière de renforcement des capacités et de partage des meilleures pratiques.  Enfin, le délégué a jugé que « les pays ne peuvent plus agir isolément ».  Il a préconisé une meilleure coordination entre la Commission de consolidation de la paix et les trois organes principaux de l’ONU. 

M. MITCH FIFIELD (Australie) a rappelé que les pays qui sortent d’un conflit doivent faire face à des défis multiformes.  Le principal investissement devrait donc être celui de chaque pays dans la résilience des populations face à ces défis et un des meilleurs moyens d’y parvenir est la participation inclusive à la consolidation de la paix.  Pour le représentant, la consolidation de la paix ne se limite pas à l’activité de certains pays.  L’investissement dans la paix durable nous concerne tous.  Il a appelé à investir dans toutes les personnes et à garantir la participation et le leadership pleins, égaux et significatifs des femmes et des jeunes dans la consolidation et le maintien de la paix. 

Le représentant a rappelé que les dépenses mondiales pour la consolidation de la paix ne représentent qu’une fraction des dépenses militaires et des dépenses pour la réponse aux crises et la reconstruction.  Une consolidation de la paix soutenue, inclusive et ciblée permet d’économiser des vies et de l’argent sur le long terme, a-t-il fait observer, citant un exemple venu du Libéria.  Or, a observé le représentant, bien qu’il s’agisse d’une tâche essentielle de l’ONU, la consolidation de la paix est sous-financée et repose trop souvent sur un petit groupe de donateurs qui pratiquent un financement volontaire.  Il a appelé à un financement adéquat, prévisible et durable, appelant tous les États à verser ou augmenter les contributions volontaires au Fonds de consolidation de la paix et a soutenu l’idée de contributions obligatoires pour le Fonds qui, a-t-il rappelé, a fait bénéficier 67 États de toutes les régions du monde à des investissements « opportuns, catalytiques et tolérants ».  Il a rappelé que l’Australie abonde le Fonds depuis sa création en 2006 et qu’elle s’était engagée en janvier dans un nouvel accord de trois ans avec une contribution accrue de 12 millions de dollars australiens.

M. IVARS LIEPNIEKS (Lettonie) a appelé à reconnaître l’ingrédient clef du renforcement de la résilience, à savoir « la confiance »: confiance qui, à son tour, ne peut être construite que sur le respect universel des droits de l’homme et des libertés fondamentales.  Par conséquent, pour renforcer la résilience mondiale, un engagement total et proactif du Conseil en faveur de la protection des droits de l’homme est nécessaire, a-t-il affirmé.  Ensuite, le délégué a jugé important de faciliter l’échange de bonnes pratiques et de créer des réseaux entre les artisans de la paix, et de poursuivre les efforts pour renforcer l’interaction entre le Conseil et la Commission de consolidation de la paix, cette dernière disposant d’une expertise unique dans le domaine du renforcement de la résilience sociétale.  Enfin, la pandémie de COVID-19 a démontré que « l’espace informationnel est devenu un enjeu crucial pour consolider la paix et prévenir les conflits ».  Dans ce domaine, une résilience accrue est nécessaire pour faire face à tout type d’information préjudiciable, en ligne et hors ligne.  Le délégué a préconisé de renforcer l’éducation aux médias et de travailler sur un code de conduite mondial pour l’intégrité de l’information publique. 

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a estimé que le Conseil de sécurité, en tant que principal organe chargé d’assurer la paix et la sécurité internationales, doit s’attaquer aux causes profondes des conflits, notamment l’impact des changements climatiques dans des contextes spécifiques comme au Sahel ou en Somalie.  De même, les aspects sociaux et de développement doivent être pris en compte comme causes sous-jacentes dans la prévention des conflits et la transition vers la paix.  Sans un investissement dans les personnes, pour la prévention et la résilience, le Conseil restera malheureusement dans un « cycle perpétuel de réaction tardive et de simple gestion des conflits », a averti la représentante.  Selon elle, la réponse des organes principaux de l’ONU doit être cohérente pour ne laisser personne de côté.  Il ne s’agit pas de redéfinir le rôle du Conseil et des autres instances, a-t-elle précisé, mais d’utiliser au mieux les outils dont nous disposons déjà.  À ce titre, la Commission de consolidation de la paix est un acteur clef dans ce travail et elle dispose, selon elle, d’un « vaste potentiel inexploité ». 

M. SANGJIN KIM (République de Corée) a souligné le rôle majeur de la Commission de consolidation de la paix face aux défis sécuritaires complexes que connaît le monde.  Il a souhaité une plus grande coordination entre les fonctions de la Commission et celles du Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social.  Le délégué a appelé à renforcer les partenariats et à investir davantage dans la consolidation de la paix.  C’est pourquoi la République de Corée entend augmenter de plus de 70% sa contribution au Fonds pour la consolidation de la paix en 2023. 

Mme SASA JURECKO (Slovénie) a plaidé pour un financement durable et prévisible, indiquant que son pays continuera de contribuer au Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix.  Elle a précisé que la coopération slovène au développement donne la priorité aux investissements visant à améliorer la gestion durable de l’eau, de la sécurité alimentaire et de l’environnement, la transition vers une économie circulaire, la lutte contre les changements climatiques, la bonne gouvernance, l’autonomisation des femmes et des jeunes et l’éducation aux droits humains.  Soulignant le leadership accru des femmes en Slovénie, la représentante a relevé qu’elle est devenue le septième pays le plus pacifique du monde, selon l’indice mondial de la paix 2022.  Réussir la consolidation de la paix exige des partenariats inclusifs avec des acteurs régionaux, nationaux et locaux, a-t-elle poursuivi.  La Slovénie a adopté cette approche en soutenant des projets mis en œuvre par l’organisation ITF Enhancing Human Security et d’autres partenaires, qui promeuvent l’appropriation locale des activités de développement et humanitaires dans les zones de conflit.  Enfin, la représentante a souhaité que, face à la complexité des défis mondiaux, le Conseil de sécurité utilise mieux l’expertise existante, y compris les outils sur la consolidation de la paix environnementale développés par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et le mécanisme de sécurité climatique de l’ONU. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a appelé à miser davantage sur la gouvernance et le développement pour assurer une paix durable.  Il n’est pas non plus possible de prévenir les conflits sans financer correctement la consolidation de la paix, a-t-il affirmé, en rappelant l’adoption, en septembre dernier, de la résolution de l’Assemblée générale sur le financement de la consolidation de la paix.  Il a appelé à exploiter au mieux le potentiel de la Commission de consolidation de la paix (CCP), estimant que des conflits -ou leur reprise- pourraient être évités si on écoutait mieux ses conseils, notamment en ce qui concerne les mandats des opérations de maintien de la paix. 

M. GIANLUCA GRECO (Italie) a estimé qu’investir dans les personnes, dans le cadre de la consolidation de la paix, signifie investir également dans le multilatéralisme.  Cela implique de revitaliser les mécanismes contenus dans le Chapitre VI de la Charte des Nations Unies et d’investir dans les capacités nationales de prévention des conflits, a-t-il ajouté.  Cela signifie aussi s’attaquer aux causes profondes des tensions et des conflits, en s’appuyant sur le rôle des organisations régionales et sous-régionales, selon le délégué qui a aussi mentionné l’importance de renforcer la coopération mondiale entre toutes les régions et tous les États Membres.  Il faut pour cela donner la priorité aux besoins des pays et des régions les plus vulnérables, y compris aux effets des changements climatiques et à ses conséquences directes sur la paix et la sécurité.  Pour le représentant, il est également question de fournir au cadre de consolidation de la paix des moyens de financement durables, adéquats, prévisibles et flexibles, notamment par le biais d’importantes contributions statutaires.  Il a enfin affirmé que le multilatéralisme est le meilleur outil de prévention des conflits.  Nous ne pouvons pas nous diviser entre le Nord et le Sud du monde, a—t-il mis en garde, relevant que l’Italie a l’intention de combler ce fossé croissant et dévastateur, afin de rétablir la confiance et de trouver des terrains communs.

M. OLIVIER MAES (Luxembourg)a noté que la Commission de consolidation de la paix joue un rôle crucial en sa qualité d’organe consultatif et d’accompagnatrice avisée pour les pays sortant d’un conflit.  Il a souhaité que le Conseil de sécurité prenne en compte de façon plus systématique les travaux et avis de la Commission et qu’il ait des échanges plus réguliers avec tous les acteurs de la consolidation de la paix, y compris sur le thème « climat et sécurité ».  Pour être pérenne, la consolidation de la paix doit impliquer la société entière: l’inclusion des femmes, des jeunes, des groupes vulnérables et marginalisés est essentielle.  Pour sa part, le Luxembourg soutient les efforts en la matière dans le cadre de sa politique étrangère féministe, qui inclut aussi les actions de coopération au développement et d’aide humanitaire, a poursuivi le délégué.  Il ne fait pas de doute que l’investissement dans les capacités des personnes est indispensable pour favoriser l’instauration d’institutions résilientes et l’accès des populations à des services publics de qualité, protéger les droits humains et la sécurité des citoyens, et renforcer la confiance dans leurs gouvernements.  C’est dans cette optique que la coopération luxembourgeoise soutient l’éducation en situation d’urgence au Burkina Faso, a-t-il précisé. 

M. IVAN ŠIMONOVIĆ (Croatie) a défendu un multilatéralisme inclusif et en réseau, qui ne fonctionne pas en silo.  Il a estimé que le Nouvel Agenda pour la paix proposé par le Secrétaire général doit refléter ce point.  « Oui, tous les organes de l’ONU ont des mandats différents, mais cela ne signifie pas qu’ils ne doivent pas coopérer, se coordonner et se compléter mutuellement. »  Le Programme 2030 stipule clairement qu’il ne peut y avoir de développement durable sans paix et de paix sans développement durable.  Selon le représentant, un développement inclusif et durable ancré dans les droits de l’homme, l’égalité des sexes et ne laissant personne de côté est la meilleure prévention structurelle des conflits.  La Commission de consolidation de la paix peut être très utile à cet égard en tant que « bâtisseur de ponts » pour relier la paix et la sécurité au développement socioéconomique et à la protection de l’environnement.

M. MARTIN BILLE HERMANN (Danemark), au nom du Groupe des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège, Suède), a estimé que la prévention des conflits et la pérennisation de la paix passent par un investissement dans la résilience face aux ondes de choc qui perturbent les équilibres dans les zones fragiles du monde.  Déjà entravée par la COVID-19 ou la crise climatique, cette résilience est encore affaiblie par les conséquences de l’agression russe contre l’Ukraine, a déploré le représentant.  À ses yeux, le Nouvel Agenda pour la paix donne à l’ONU l’opportunité d’un nouvel élan pour renforcer la résilience et maintenir la paix.  Pour ce faire, il convient selon lui d’intégrer les risques de sécurité liés au climat en tant qu’élément central des stratégies, tout en reflétant les besoins des personnes et des communautés.  L’inclusivité étant à ses yeux « la clef du maintien de la paix », le représentant a appelé à promouvoir la participation pleine, égale et significative des femmes et à garantir aux jeunes un rôle significatif dans la prévention, la résolution des conflits et la consolidation de la paix.  Il a également plaidé pour un renforcement de l’implication de la société civile dans les trois piliers de l’ONU et un « élargissement de la diversité des voix qui informent le Conseil », notamment en collaborant étroitement avec la Commission de consolidation de la paix.  Enfin, il s’est prononcé pour une plus grande coordination entre l’humanitaire, le développement et la paix grâce au système des coordonnateurs résidents et à une collaboration plus étroite entre l’ONU et les organisations régionales.  Cela nécessite un financement adéquat, prévisible et durable pour la prévention et la consolidation de la paix, y compris le financement des organisations locales de femmes et de jeunes et les contributions obligatoires au Fonds pour la consolidation de la paix. 

M. CORNEL FERUȚĂ (Roumanie) s’est prononcé pour une approche holistique des problèmes de paix et de développement et a précisé les mesure prises par son pays pour renforcer les institutions et les compétences humaines, en particulier par l’éducation.  La consolidation de la paix ne peut être réalisée sans une participation active de tous, a-t-il précisé, avant de rappeler que la Roumanie s’était engagée à contribuer à la réalisation des programmes « Femmes, paix et sécurité » et « Jeunes, paix et sécurité ».  Le financement de la consolidation de la paix reste une question essentielle, a poursuivi le représentant, qui a rappelé que l’Union européenne et ses membres sont prêts à s’engager de manière positive dans les discussions portant sur le financement du Fonds de consolidation de la paix.  Il a enfin mis en avant l’importance de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales en matière de consolidation de la paix.

Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a recommandé deux voies d’efforts au sein du dispositif paix et sécurité des Nations Unies.  Elle a d’abord prôné un plus grand investissement dans la prévention, sachant que son pays joue son rôle dans ce domaine, notamment avec une forte contribution (140 millions de dollars ces dernières années) au Fonds pour la consolidation de la paix et un investissement dans les mécanismes d’alerte précoce.  Elle a aussi demandé de s’appuyer sur les succès de la CCP pour consacrer la consolidation de la paix dans les travaux du Conseil de sécurité et au-delà.  Elle a apprécié que la CCP se base sur l’appropriation nationale et l’inclusion, ce qui lui permet, entre autres, de faciliter un dialogue direct entre les parties prenantes et de bien intégrer les points de vue des communautés locales.  La représentante a souhaité que la CCP fournisse des recommandations plus concrètes et plus ciblées au Conseil, sans censure pour raisons politiques ou idéologiques.  Si les États concernés demandent de mettre davantage l’accent sur les efforts de prévention des risques relatifs aux changements climatiques, par exemple, les membres de la CCP ne doivent pas bloquer ces recommandations au Conseil.  Enfin, l’Allemagne étant cofacilitateur du processus Notre Programme commun, elle a assuré vouloir s’assurer que cela soit reflétée dans le Sommet de l’avenir en 2024.

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a réitéré son soutien aux engagements proposés dans le Nouvel Agenda pour la paix, en termes de ressources nécessaires à la prévention en vue de pouvoir assurer des dépenses sociales durables, s’attaquer aux causes profondes des conflits, défendre les droits humains et poursuivre le désarmement.  Il a plaidé à cet égard pour que le Conseil de sécurité et, le cas échéant, d’autres organes des Nations Unies, fournissent davantage de ressources et garantissent un mandat plus large aux entités et missions concernées des Nations Unies afin de contribuer aux résultats du maintien de la paix et de soutenir le programme de développement.  Il faut en outre revoir le concept de consolidation de la paix afin d’aller au-delà de la gestion des conflits, a-t-il poursuivi, de manière que les missions de maintien de la paix soutiennent davantage le développement des pays dans les zones de conflit.  Cela passe par des programmes de renforcement des capacités et le développement d’institutions nationales afin de parvenir à une paix durable et garantir une mise en œuvre efficace et durable des accords de paix.  Constatant à regret que le concept de consolidation de la paix a obtenu des résultats mitigés au sein du système des Nations Unies au cours des trois dernières décennies, le représentant a expliqué cela en partie par la tendance de l’Organisation à gérer les conflits plutôt qu’à s’attaquer de manière efficace et durable à leurs causes profondes et à investir dans l’avenir des institutions publiques et gouvernementales des États touchés par un conflit.  Cela doit changer si nous voulons être sérieux au sujet de la consolidation de la paix, a-t-il tranché.

Mme CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) a réitéré sa condamnation de l’attaque injustifiée et non provoquée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, accusant la Russie d’avoir ainsi porté atteinte à la paix et la sécurité internationales, violant toutes les normes de droit international et affaiblissant l’état de droit.  La représentante a en particulier rappelé que la Fédération de Russie avait pourtant reconnu que les mandats de consolidation de la paix englobent les activités visant à prévenir le déclenchement, l’escalade, la poursuite et la récurrence des conflits.  

Pour la représentante, la consolidation de la paix est plus importante que jamais du fait des multiplicateurs de risque complexes actuels que sont l’insécurité alimentaire, les maladies pandémiques et les effets néfastes des changements climatiques.  Il est donc vital de pouvoir financer la consolidation de la paix, y compris dans le cadre de l’agenda sur le climat et le développement, car un tel financement permet de prévenir les conflits, notamment par le biais du renforcement des capacités.

Le Conseil de sécurité doit prendre en compte les différents outils stratégiques à sa disposition pour inclure une composante de consolidation de la paix dans les mandats de maintien de la paix.  Le Guatemala reconnaît la valeur ajoutée de la CCP en tant qu’organe consultatif du Conseil.  Il reconnaît aussi la valeur de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales et souhaite un renforcement de la relation entre l’Organisation des États américains (OEA) et la CCP.

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a recommandé, au niveau stratégique, de s’attaquer aux causes profondes des conflits telles que la pauvreté, les conflits sociaux ou les différends politiques mal gérés.  Il est donc important de promouvoir des politiques auxquelles les populations accordent une grande importance: combler les écarts de revenus, promouvoir une couverture santé universelle, mettre en œuvre les ODD.  Tout ceci contribue à augmenter les chances de consolidation de la paix et de paix durable, a estimé le représentant.  Au niveau opérationnel, il a recommandé que les acteurs collaborent avec les pays hôtes dans le développement local en fonction des besoins.  Par exemple, au Soudan du Sud, les soldats de la paix thaïlandais ont créé un centre d’apprentissage de l’économie de la suffisance dans les camps de déplacés, afin de transmettre l’approche thaïlandaise du développement agricole et de la gestion de l’eau, de manière à améliorer leurs moyens de subsistance.

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a souligné que c’est la faiblesse de leurs institutions qui empêche les États d’assurer une sécurité adéquate, la fourniture de services de base et l’accès aux opportunités économiques, les rendant ainsi incapables de maintenir un degré suffisant de confiance auprès de leurs citoyens.  C’est pourquoi, selon le délégué, investir dans le renforcement des capacités d’organisation des communautés et des sociétés contribuerait à renforcer la résilience, la capacité d’adaptation et la cohésion sociale des pays touchés par les conflits.  Cela est nécessaire pour les aider à se relever et prévenir les conflits futurs.  Pour faire progresser les processus nationaux de consolidation de la paix, l’inclusion est essentielle, a ajouté le délégué, car elle garantit la prise en compte des besoins de tous les segments d’une société.  La responsabilité d’un État de conduire les efforts de maintien de la paix doit être largement partagée par tous. 

M. MOHAMED SIAD DOUALEH (Djibouti) a mis l’accent sur l’importance de la prévention et du soutien à la revitalisation des mécanismes contenus dans le Chapitre VI de la Charte des Nations Unies qui porte sur les efforts diplomatiques visant l’engagement des parties à un règlement pacifique des différends, et sur la médiation inclusive et limitée dans le temps.  L’objectif fondamental n’est pas la médiation pour la médiation, a-t-il précisé, mais le règlement du litige.  Il a aussi appelé à la cohérence et à la pleine mise en œuvre des résolutions du Conseil, ainsi qu’à l’allocation de ressources adéquates pour la prévention, la mise en œuvre des accords de paix et la reconstruction, et le relèvement postconflit afin de créer des conditions qui minimiseraient les risques de rechute dans un conflit.  Il a ensuite insisté sur l’importance du pouvoir de mobilisation de la CCP en termes de ressources en soutien aux politiques économiques visant à consolider la paix.  Le soutien crucial des partenaires extérieurs, des donateurs bilatéraux, y compris les institutions financières internationales, peut catalyser le financement des pays et compléter les efforts nationaux de mobilisation des revenus, a-t-il noté.  Le délégué a plaidé en faveur d’une collaboration renforcée et plus étroite entre la CCP et le Conseil de sécurité dans le but de développer des stratégies communes sur la mise en œuvre des priorités nationales de consolidation de la paix, et de favoriser une analyse minutieuse et approfondie des défis opérationnels posés aux opérations de paix qui sont confrontées à l’évolution des schémas de conflit, à la propagation du terrorisme et à la diffusion de nouvelles technologies perturbatrices.

Mme PAULA NARVÁEZ OJEDA (Chili) a mis l’accent sur un élément fondamental du maintien de la paix et de la sécurité internationales, qui est l’état de droit, arguant qu’il permet d’avoir des sociétés inclusives, des institutions fortes, l’accès à la justice et des institutions luttant contre l’impunité et la corruption.  Au niveau international, s’ajoute le respect des buts et principes de la Charte ainsi que du droit international, des droits humains et du droit international humanitaire, a-t-elle poursuivi.  Du côté du Conseil de sécurité, la représentante a rappelé qu’il doit prendre les devants dans la prévention des conflits et s’employer à régler ceux existants de manière pacifique et juste.  Cela inclut à son avis un soutien au développement économique durable, à la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes, et au renforcement de la démocratie et de l’état de droit.  Elle a plaidé pour la formation et l’équipement des forces de sécurité et le renforcement des systèmes judiciaires, avant d’appeler les pays les plus puissants à montrer l’exemple dans l’édification d’un système international plus juste et plus équilibré, notamment dans la gouvernance économique et financière internationale.  Elle a conclu en demandant un financement prévisible et à long terme pour mieux planifier le travail de consolidation de la paix, appuyant la proposition du Secrétaire général de créer un mécanisme pour renforcer des domaines prioritaires du Fonds pour la consolidation de la paix.

Mme ANA PAULA ZACARIAS (Portugal) a constaté que la guerre en Ukraine a ajouté de nouveaux défis à une situation déjà désastreuse, marquée par le plus grand nombre de conflits violents depuis 1945, de nouvelles menaces et des inégalités croissantes.  Pour assumer aujourd’hui sa responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Conseil de sécurité doit évoluer et s’adapter au XXIe siècle, a-t-elle professé.  Nous avons besoin, selon elle, d’un Conseil de sécurité véritablement représentatif et inclusif, capable de relever efficacement les défis auxquels nous sommes confrontés et dont la composition reflète la diversité de la communauté internationale.  Le Conseil doit aussi maintenir un dialogue régulier avec l’ensemble des membres ainsi qu’avec les parties prenantes non étatiques - organisations régionales, institutions financières internationales, organismes de développement régional, banques, parlements et secteur privé.  Tous peuvent apporter une vaste connaissance des causes profondes des conflits et contribuer à garantir l’appropriation locale en favorisant la confiance, a affirmé la représentante, souhaitant également que les voix des femmes et des jeunes soient entendues dans cette salle et que ces deux catégories soient incluses à toutes les étapes des processus de consolidation de la paix.  Enfin, le rôle de rassembleur de la Commission de consolidation de la paix doit continuer à être utilisé pour traiter les causes sous-jacentes des conflits et soutenir les priorités nationales en matière de consolidation de la paix. 

M. JOCHEN HANS-JOACHIM ALMOSLECHNER (Autriche) a estimé qu’alors que le monde est toujours plus proche du précipice, le Nouvel Agenda pour la paix représente une occasion historique d’investir davantage dans la paix durable.  Les débats sur ce projet doivent donc être encouragés.  Le représentant a invité à aborder les problèmes de manière holistique et à tenir compte des facteurs économiques, mais aussi climatiques et des droits humains. 

Le représentant a estimé que le Conseil de sécurité devait consulter davantage la Commission de consolidation de la paix, notamment lors de création ou renouvellement de mandats de maintien de la paix dans des pays qui sont aussi au programme de la CCP.  Il s’est prononcé pour la conclusion de partenariats régionaux et pour des réunions annuelles multilatérales associant le Secrétaire général et les dirigeants des grandes organisations régionales.  Il a en outre rappelé que tous les acteurs de la société avaient un rôle à jouer, notamment les femmes et les jeunes car, face à une menace commune, la coopération et la collaboration sont les seules solutions.

M. MARK ZELLENRATH (Pays-Bas) a mis en évidence trois éléments pouvant aider le Conseil à améliorer son potentiel.  D’abord, que cette enceinte écoute davantage les voix des catégories de population directement impactées par ce qu’il se décide dans cette salle - femmes, jeunes, organisations de la société civile.  Le délégué a aussi appelé à faire un meilleur usage de la Commission de consolidation de la paix et à financer les mandats de manière adéquate. 

Il a recommandé d’inclure les éléments suivants dans le Nouvel Agenda pour la paix: une approche de la prévention des conflits centrée sur les personnes; un soutien psychosocial aux victimes, encore trop négligé aujourd’hui; le rétablissement de l’état de droit; et l’amélioration de l’accès à la justice.  Pour le délégué, le Nouvel Agenda pour la paix devrait souligner l’importance de renforcer la protection des civils, en particulier après le retrait des missions, pour empêcher la réapparition des conflits et garantir ainsi la meilleure transition possible du maintien de la paix vers la consolidation de la paix.

M. ARIEL RODELAS PEÑARANDA (Philippines) a insisté sur l’importance d’investir dans les personnes, parce que cela peut contribuer au succès d’initiatives multipartites qui favorisent une culture de paix et la résilience des sociétés.  Soulignant l’importance de miser sur le renforcement de la participation des groupes vulnérables, en particulier les femmes et les jeunes, il a cité en exemple le processus de paix de Bangsamoro, dans le sud des Philippines, qui a mis l’accent sur la promotion d’une feuille de route inclusive, participative, sensible aux conflits, à la culture et au genre.  Les investissements dans l’éducation ont été essentiels pour soutenir le processus de consolidation de la paix dans cette région, a-t-il expliqué en parlant notamment de l’amélioration des infrastructures éducatives, avec des salles de classe résistantes aux effets du climat et des enseignants compétents.  L’incidence de la pauvreté dans la région a considérablement diminué au cours des trois dernières années, passant de 55,9% à 39,4%, la plus forte et la seule réduction à deux chiffres pendant la pandémie, s’est enorgueilli le représentant.  Fort de cet exemple, il a estimé que le Nouvel Agenda pour la paix devrait inclure des moyens par lesquels l’ONU peut fournir des outils et des ressources aux personnes vivant dans des zones de conflit ou à haut risque.  Il est essentiel de fournir l’éducation dans ces zones, a-t-il insisté.  Enfin, il a estimé que la CCP est un ajout important à la capacité de la communauté internationale de promotion de la paix.  Le représentant a donc encouragé une collaboration plus étroite entre le Conseil de sécurité et la Commission.

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a relevé que le Nouvel Agenda pour la paix doit reconnaître que la violence est une réalité quotidienne dans les foyers de nombreuses communautés.  De ce fait, les efforts de consolidation de la paix ne doivent pas se limiter aux conflits interétatiques et aux insurrections armées.  Le Costa Rica encourage donc tous les États à mettre en œuvre des stratégies nationales de prévention de la violence fondées sur des données factuelles.  De même, a dit la déléguée, un tel agenda pour le XXIe siècle devrait reconnaître que même si les forces militaires peuvent jouer un rôle dans des situations spécifiques, « la paix à long terme nécessite de s’attaquer aux cultures militaristes et aux dépenses militaires excessives ».  Elle a terminé en soulignant que la sécurité, le développement, et les droits humains sont inextricablement liés.

M. XOLIXA MABHONGO (Afrique du Sud) a prévenu que le principe d’une paix durable pour tous restera insaisissable tant que les menaces et les risques pour la paix ne seront pas efficacement atténués par les parties concernées.  Il faut transformer la manière dont les causes profondes des conflits et de l’instabilité sont traitées.  Saluant les efforts entrepris par les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales en matière de consolidation de la paix, il a cependant estimé que leur succès est déterminé par le leadership, l’appropriation et la capacité des acteurs nationaux et locaux dans le pays concerné.  Dans ce contexte, investir dans les personnes et les institutions devient vital, a souligné le représentant.  Or, le renforcement des institutions est un exercice complexe et coûteux pour les pays en transition et postconflit qui ont besoin du soutien de l’ONU et de la communauté internationale.  De plus, a-t-il dit, l’obtention d’un financement durable pour les activités de consolidation de la paix reste un défi et un sujet de discussion sans fin.  À l’approche du Sommet de l’avenir de 2024, le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général offre, selon lui, l’occasion de réorienter l’approche du Conseil de sécurité en matière de paix et de sécurité, en particulier dans la consolidation de la paix.  De l’avis du représentant, le Conseil devrait investir davantage dans la prévention des conflits et la diplomatie préventive.  De même, il convient de trouver des moyens novateurs d’impliquer le secteur privé et les institutions non gouvernementales, a-t-il recommandé, ajoutant que les partenariats sont souhaitables pour répondre aux catastrophes naturelles, pandémies et crises financières. 

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déclaré que les personnes étaient au cœur de l’ordre mondial voulu par l’ONU, comme l’annonce le préambule de la Charte.  Rappelant les objectifs de la Charte en matière de développement, le représentant a toutefois estimé que l’on avait accordé une attention insuffisante aux droits des personnes, en particulier en matière d’autodétermination, citant les situations en Palestine et au Jammu-et-Cachemire.  Il a insisté sur la perpétuation des violations des droits humains, affaiblis par le « deux poids deux mesures », de même que sur l’augmentation des inégalités économiques, notamment durant les trois dernières années.

Préconisant un « développement résilient », le représentant a appelé à une application systématique et universelle des 16 objectifs de développement durable.  Rappelant les inondations catastrophiques dans son pays, il a remercié la solidarité et la coopération internationales, qui aident le Pakistan à effectuer une reconstruction résiliente. 

Mme CARLA MARÍA CARLSON (République dominicaine) a préconisé, face aux défis multiples, de prévenir les violences ou leur recrudescence, et de réfléchir aux « vrais enjeux ».  Dans ce contexte, la Commission de consolidation de la paix a permis un échange d’idées bienvenu et devrait, selon elle, être davantage consultée par le Conseil.  Par ailleurs, a-t-elle recommandé, un lien étroit avec les pays dans lesquels l’action de l’ONU se déploie doit être maintenu.  La Commission pourrait jouer un rôle plus important dans des crises parallèles, dans des situations se trouvant dans l’impasse, ou encore dans des situations de transition et de post-déploiement de missions, a suggéré la représentante.  D’autre part, elle a fait observer qu’écouter davantage les femmes et les jeunes rendrait les actions du Conseil plus efficaces pour consolider la paix et la sécurité.  La société civile, les ONG ou encore les institutions financières internationales doivent, elles aussi, être davantage consultées, a conclu la déléguée.

M. ALHAJI FANDAY TURAY (Sierra Leone) a appuyé le point de vue selon lequel investir dans les personnes est fondamental pour renforcer la résilience face à des défis complexes, tels que l’insécurité alimentaire, les maladies pandémiques et les effets néfastes des changements climatiques.  Il a cependant constaté que les investissements dans le capital humain sont insuffisamment pris en compte, voire sapés par les acteurs internationaux de l’action humanitaire, de l’aide au développement, du relèvement après une catastrophe et de la consolidation de la paix.  Il est donc essentiel, à ses yeux, que toutes les parties prenantes, gouvernements, société civile, secteur privé, femmes et jeunes, s’engagent de manière holistique afin de réaliser le potentiel des personnes en élargissant leurs capacités, ce qui implique l’autonomisation des personnes via l’amélioration de leurs compétences, de leurs connaissances et de leur productivité.  À cette fin, a-t-il expliqué, la Sierra Leone a lancé un programme national d’éducation gratuite de qualité, qui met l’accent sur l’inclusion des groupes historiquement marginalisés, en particulier les filles enceintes et les parents apprenants, les enfants handicapés, les enfants des zones rurales et les enfants de familles à faible revenu.  

S’agissant par ailleurs des éléments à inclure dans le Nouvel Agenda pour la paix dans le contexte de la consolidation de la paix, le représentant a suggéré que les femmes et les filles soient placées au centre de la politique de sécurité.  Davantage doit être fait pour assurer une participation significative des femmes et intégrer l’analyse de genre dans tous les aspects de la politique de paix et de sécurité, a-t-il plaidé, appelant également à soutenir les efforts de prévention menés par les jeunes.  En tant qu’acteurs importants dans la réalisation d’une paix durable, les jeunes doivent être traités comme des partenaires dans le travail à long terme de consolidation de la paix et dans la création d’une culture de prévention, notamment en reconnaissant leurs expériences vécues, leur leadership et leur expertise, a soutenu le représentant. 

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a souligné la nécessité d’investir dans l’individu pour briser le cercle vicieux des conflits et faire cheminer les nations sur la voie de la paix et de la prospérité.  Améliorer les compétences des femmes et des jeunes et promouvoir leur éducation, leur santé, leur nutrition sont des éléments susceptibles d’acquérir un capital humain capable de précipiter les pays dans le développement économique.  Seule une main-d’œuvre compétente et saine peut accélérer la prospérité économique et s’attaquer avec résilience aux défis complexes, y compris les chocs externes.

Une consolidation de la paix efficace, a poursuivi le représentant, doit impliquer tout le système des Nations Unies, dont le Conseil de sécurité, la Commission de consolidation de la paix, mais aussi les organisations régionales et les acteurs locaux.  Un dialogue régulier et une coopération robuste entre tous les organes du système des Nations Unies sont nécessaires pour identifier les problèmes et les résoudre avec les instruments et les ressources qu’il faut.  Comme la nature de la menace à la paix est multidimensionnelle, la réponse doit se fonder sur une approche holistique appuyée sur la paix et la sécurité, le développement socioéconomique et les questions climatiques.  Notre réponse doit rassembler les acteurs politiques, dans la confiance et la collaboration, pour mettre fin aux conflits et parvenir à une paix durable, a conclu le représentant. 

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a suggéré que, pour mieux faire face aux menaces émergentes et aux multiplicateurs de risques et réaliser la consolidation et le maintien de la paix, le Conseil de sécurité entende davantage les voix de tous les États Membres.  Il a rappelé à ce propos que l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine fournissent plus de 90% du personnel militaire et de police aux opérations de paix des Nations Unies.  La Mongolie fait partie des pays qui figurent en tête du classement des soldats de la paix par habitant, a-t-il ajouté.  Le délégué a fait remarquer que parmi les trois dimensions de la consolidation de la paix qui se renforcent mutuellement, la dimension socioéconomique et environnementale s’élargit énormément.  Il a donné l’exemple de la pandémie et des conflits qui ont retardé ou même éliminé les progrès durement acquis vers les objectifs de développement durable des pays les moins avancés (PMA), des pays en développement sans littoral (PDSL) et des petits États insulaires en développement (PEID).  Ces pays devraient avoir la possibilité de participer de manière constructive aux débats publics et aux autres activités du Conseil de sécurité, a-t-il plaidé en exprimant son soutien à l’initiative du Secrétaire général visant à élaborer un Nouvel Agenda pour la paix.  La Mongolie est fermement attachée à la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité sur les femmes et la paix et la sécurité, et celles sur la jeunesse et la paix et la sécurité, a-t-il dit en concluant. 

M. OMAR KADIRI (Maroc) a dit soutenir les actions menées par le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les agences onusiennes spécialisées pour assurer une représentation égale des femmes dans les instances nationales, régionales et internationales, ainsi que pour promouvoir leur rôle clef dans la prévention et la résolution des conflits et dans le maintien et la consolidation de la paix.  Il a fait part des efforts en ce sens de son pays qui a lancé, le 23 mars 2022, son plan d’action national « femmes, paix et sécurité ».  Il a aussi salué les efforts considérables investis par le Secrétaire général pour promouvoir le programme « jeunes, paix et sécurité » ainsi que l’importance accordée par celui-ci aux jeunes et aux générations futures dans Notre Programme commun.  En ce qui concerne la collaboration entre le Conseil et d’autres organes onusiens, il a estimé que la communauté internationale dispose d’une bonne pratique avec la relation entre le Conseil et la CCP qui a connu un renforcement louable ces dernières années.  Il a salué les progrès notables dans le renforcement du rôle crucial de la Commission, citant en exemple les 17 recommandations qu’elle a adressées au Conseil en 2022.  Le Maroc est fier de participer à cette dynamique en tant que Président de la configuration RCA de la CCP, a dit le représentant.  À son avis, le Nouvel Agenda pour la paix devrait prendre en considération certaines priorités, comme un engagement plus poussé dans le désarmement, les implications des changements climatiques en matière de sécurité et un renforcement de la valeur et des capacités de prévention, de maintien et de pérennisation de la paix de l’ONU.  Il a réaffirmé l’importance critique de consacrer un financement adéquat, suffisant et prévisible aux actions de consolidation de la paix, soutenant la proposition du Secrétaire général d’allouer 100 millions de dollars du budget ordinaire de l’ONU pour alimenter le Fonds de la consolidation de la paix.

M. ROBERT KEITH RAE (Canada) a notamment dénoncé l’agression de l’Ukraine par la Fédération de Russie, avant d’appeler à plus de solidarité, de créativité et de financements pour répondre à des crises en cascade.  À ses yeux, il convient en premier lieu de tirer parti des avantages comparatifs des différents organes de l’ONU.  Si le Conseil de sécurité a la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales, il n’est pas le seul, a fait valoir le représentant.  L’abus du droit de veto par certains membres exige d’être innovant dans les réponses, a-t-il affirmé, estimant que l’Assemblée générale, le Conseil économique et social et la Commission de consolidation de la paix peuvent jouer un rôle d’appui.  La Commission en particulier, est une enceinte essentielle où les États peuvent dialoguer des situations postconflit.  Grâce à elle, nous pouvons rassembler et ramener à la table les institutions financières internationales et le secteur privé, a ajouté le représentant.  À ses yeux, il importe aussi que les femmes soient incluses dans tous les aspects de la paix et de la sécurité.  Il faut tout faire pour lever les obstacles qui les empêchent de participer aux questions qui les concernent, a-t-il plaidé, avant d’appeler le Conseil à entendre les voix de toutes les femmes, notamment celles touchées par des conflits.  Le représentant a également rappelé que la consolidation exige du temps, de la patience et de l’argent.  Or, si les sommes dépensées dans le maintien de la paix se chiffrent en milliards de dollars, celles concernant la prévention sont négligeables.  « C’est une immense erreur, il faut y remédier. »  Certes les demandes dépassent largement les ressources disponibles, mais si nous ne faisons rien, la transition du conflit à la paix nous échappera, a-t-il prévenu.  Enfin, après avoir exprimé la fierté du Canada d’avoir versé 170 millions de dollars au Fonds de consolidation de la paix, il a espéré que des contribution mises en recouvrement viendront l’abonder. 

Mme JEANNE MRAD (Liban) a fait remarquer qu’il n’y a pas de développement sans stabilité, ni de justice sociale, de sentiment de sécurité, d’égalité des droits et devoirs en l’absence d’un appareil institutionnel sain et solide, capable de résister aux chocs les plus durs.  Déclarant « avec amertume » représenter aujourd’hui un pays qui ne réunit pas les conditions de base pour la constance, frappé par une crise économique et financière qui lui a récemment coûté la perte de son droit de vote à l’ONU, la représentante a fait état d’une « impasse de ses institutions constitutionnelles », aggravée par l’afflux de réfugiés de différentes nationalités.  Le principal moteur de la résilience du Liban reste son capital humain et sa capacité à s’adapter aux crises jusqu’à leur recul, a-t-elle expliqué.  Elle a recommandé au Conseil de sécurité d’aborder les menaces émergentes et les multiplicateurs de risques par le biais d’un dialogue avec un large éventail d’acteurs, dont les pays non membres du Conseil, les experts individuels et les groupes d’experts identifiés par la Division des affaires du Conseil de sécurité, les agences spécialisées des Nations Unies, les organisations régionales, les institutions financières internationales et les acteurs de la société civile, y compris du secteur privé.  À son avis, le mandat fédérateur et transversal de la CCP pourrait être élargi à l’ensemble de ces acteurs afin non seulement de mieux synthétiser l’ensemble des informations et analyses disponibles, mais aussi de créer de nouvelles synergies entre tous les acteurs concernés en vue d’accroître l’agilité et la rapidité des capacités de réaction du Conseil de sécurité, tout en renforçant sa légitimité publique et celle de l’ONU dans son ensemble.

M. FERGAL MYTHEN (Irlande) a appelé à mettre l’accent sur la prévention et l’action précoce, « domaine où le Conseil échoue régulièrement ».  L’accent que place le Nouvel Agenda pour la paix sur la prévention devrait permettre de progresser sur ce point, a-t-il estimé, relevant par ailleurs que l’attention qu’accorde actuellement le Conseil à la situation en Arménie et en Azerbaïdjan est critique.  Le représentant a également insisté sur l’importance d’une action conjointe des acteurs humanitaires, de développement et d’« appui à la paix » ainsi que sur le financement durable des activités de consolidation de la paix.  À ce propos, il a appelé à renforcer les contributions volontaires au Fonds pour la consolidation de la paix.  

Poursuivant, le délégué a exhorté le Conseil à concrétiser les conseils que lui transmet la Commission de consolidation de la paix, notamment en ce qui concerne le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS).  Ses recommandations sur les effets adverses des changements climatiques et le renforcement des institutions doivent être abordées dans le cadre du renouvellement du mandat et de la déclaration présidentielle actuellement à l’étude, a-t-il souhaité.  Le représentant a ensuite appelé le Conseil a privilégier l’inclusivité, notamment des femmes et des jeunes, et à exploiter le potentiel de la société civile, soulignant que la mise en œuvre de la résolution 2594 (2021) doit veiller à ce que les processus de transition des opérations de paix de l’ONU soient inclusifs et effectifs. 

M. FAHAD M. E. H. A. MOHAMMAD (Koweït) a invité la communauté internationale à prêter davantage attention aux organisations régionales et sous-régionales qui ont un plus grand rôle à jouer dans la prévention des conflits et la médiation.  Il a rappelé le lien étroit entre paix, sécurité et développement durable.  De ce fait, la poursuite du développement durable nécessite la mise en place d’une atmosphère faite de stabilité politique, sécuritaire, sociale et économique.  Le délégué a également insisté pour davantage d’investissement dans l’humain, notamment les femmes et les jeunes pour préserver la paix durablement.  Il a appelé à façonner la diplomatie préventive, expliquant que la médiation, la prévention des conflits et leur règlement pacifique sont des piliers fondamentaux de la politique étrangère koweïtienne.

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a relevé que l’investissement dans la résilience, pour être efficace et cohérent, doit prendre en compte la participation des femmes et des jeunes dans les différentes instances et dans les processus de prise de décision, et en particulier dans tous les aspects liés à la paix et aux plans de transition.  Il a également jugé essentiel de promouvoir les investissements qui contribuent à la reconstruction et la création d’institutions solides pour relever les zones touchées par les conflits.  Et ces investissements visant à consolider la paix doivent contribuer à l’amélioration de la gouvernance, laquelle génère à son tour une augmentation de la confiance.  La confiance est un élément essentiel pour encourager les entreprises productives locales dans les zones de postconflit, a souligné le délégué.  Il a expliqué que l’investissement dans les capacités productives, en plus de générer des opportunités économiques, aide à reconstruire le tissu social, avec la contribution louable des associations et autres organisations de la société civile.

Nous sommes tous d’accord, a déclaré M. KYAW MOE TUN (Myanmar), que les buts et principes de la Charte sont plus que jamais menacés; des millions de personnes souffrant des conflits prolongés à travers le monde.  Dans mon pays, a-t-il dit, le Gouvernement démocratiquement élu n’a épargné aucun effort pour améliorer les institutions publiques, par plus de transparence et de responsabilité mais aussi par la protection d’un espace pour la presse et la société civile.  Toutefois, depuis le 1er février 2021, des généraux corrompus et brutaux, comptables de leurs actes devant personne, ont exploité les institutions en place pour servir leurs propres intérêts et effectuer un coup d’État.  Depuis lors, le peuple de Myanmar a perdu sa foi dans toute institution dirigée par la junte illégitime, compte tenu des atrocités voire des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre commis en toute impunité.  Les militaires ont même fait du pays un paradis pour la criminalité transnationale organisée.  Dans une telle dictature, il est clair qu’aucun investissement ne sera consenti pour le développement socioéconomique, les droits humains ou la sécurité humaine. 

Il est de la plus haute importance que les approches internationales pour régler cette situation tendent vers une union fédérale démocratique, comme seul système à même de garantir la paix et la justice.  Le Gouvernement d’unité nationale et toutes les forces démocratiques du Myanmar sont prêts à coopérer étroitement avec la communauté internationale à cette fin, a conclu le représentant. 

Mme AKSOLTAN ATAEVA (Turkménistan), intervenant au nom des États d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Ouzbékistan et Turkménistan), a informé que la zone de paix, de confiance et de coopération de l’Asie centrale a été proclamée par l’Assemblée générale dans sa résolution 76/299 du 28 juillet 2022.  Elle a passé en revue certaines des initiatives lancées par les pays de sa région pour contribuer à la paix et à la stabilité dans le monde, citant notamment la création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale et les efforts en cours pour célébrer l’Année internationale du dialogue comme gage de paix.  Elle s’est félicitée de l’adoption par consensus de la résolution 76/305 de l’Assemblée générale sur le financement de la consolidation de la paix, notant que le financement demeure un défi critique qui exige un engagement collectif pour mobiliser des ressources fiscales adéquates, prévisibles et durables.  La représentante a également appelé à renforcer les investissements dans le capital humain, notamment pour assurer la participation des femmes et des jeunes au maintien de la paix et à la prévention des conflits afin de réaliser la justice sociale.  C’est d’ailleurs dans cette optique qu’a été créé, en 2020, le Groupe de femmes d’influence d’Asie centrale, première plateforme du genre qui a marqué un tournant historique en 2022 en participant à une session de la Commission de consolidation de la paix. 

M. AZRIL BIN ABD AZIZI (Malaisie) s’est dit convaincu que le Conseil de sécurité a bénéficié de son interaction accrue avec la Commission de consolidation de la paix.  Ces relations, a-t-il préconisé, doivent être renforcées, compte tenu du nexus consolidation et maintien de la paix.  Il a aussi estimé que l’appui aux pays en proie aux conflits doit se fonder sur le principe d’appropriation nationale pour refléter au mieux les besoins des parties prenantes nationales et garantir l’inclusivité et la légitimité.  Il a insisté sur l’impératif qu’est l’engagement régional en faveur d’une paix durable.  Le rôle des femmes et des jeunes dans la paix et la sécurité, a-t-il poursuivi, doit être véritablement intégré dans tous les efforts.  Le représentant a rappelé qu’au fil des ans, son pays a déployé 849 hommes et femmes dans les opérations de paix de l’ONU dont 85 sont actifs en ce moment-même.  La Malaisie a également fourni un appui aux programmes de renforcement des capacités, grâce à son programme de coopération technique. 

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a insisté à son tour sur la nécessité d’un partenariat fort entre les Nations Unies, les pays hôtes et ceux qui ont une certaine expérience pour créer les conditions de la stabilité régionale et jeter les bases de la croissance économique et du développement durable.  C’est là le moyen de faciliter un retrait sans heurt des opérations de paix et des processus de transition.  Une meilleure performance des opérations de paix dépend, a poursuivi le représentant, d’une bonne compréhension du contexte local, y compris l’histoire, la culture, le droit coutumier, les besoins et priorités nationales.  Ces connaissances cruciales peuvent être acquises par un engagement plus actif avec les communautés locales et la société civile, y compris par une participation effective des femmes, des jeunes et des personnes handicapées.  Grâce à une approche globale, les Nations Unies pourront faire mieux en matière de paix et de consolidation de la paix, a conclu le représentant.  

M. MAJID ABDEL FATTAH ABDELAZIZ, Observateur permanent de la Ligue des États arabes, a salué la vision perspicace de Boutros Boutros-Ghali, ancien Secrétaire général de l’ONU, qui avait jeté les bases de la consolidation de la paix dans son Agenda pour la paix initié en 1992.  L’Observateur a déploré l’incapacité du Conseil de sécurité à régler des différends de longue date, notamment ceux de la région arabe et du continent africain, ce qui a conduit à la propagation du terrorisme et des conflits.  Il aussi dénoncé le deux poids, deux mesures dans l’application des résolutions relatives aux problèmes cruciaux.  Il a mentionné l’occupation étrangère des terres de pays tiers, comme c’est le cas en Palestine et en Ukraine.  Face à ces défis, il a appelé à un engagement collectif en faveur des dispositions du droit international et du droit international humanitaire, tout en veillant à ne pas les appliquer de manière sélective, selon des interprétations tendancieuses, ou encore en fonction de son statut de membre permanent au Conseil ou des alliances politiques et militaires extérieures.  L’Observateur a par ailleurs appelé au renforcement de la coopération institutionnelle entre l’ONU, notamment le Conseil de sécurité, et les différentes organisations régionales.  Il a souhaité que cette coopération permette d’améliorer les capacités d’alerte précoce de ces organisations et renforce leurs capacités à prévenir les conflits.  Dans ce contexte, a-t-il déclaré, la Ligue des États arabes se tient prête à agir avec le Conseil de sécurité, en application des nombreuses déclarations présidentielles sur la coopération entre les deux organisations.

Quelque 80 années après la création des Nations Unies, a fait observer, M. DAVID BAKRADZE (Géorgie), le monde lutte toujours pour rétablir la paix dans plusieurs parties du monde, y compris dans notre région où l’agression militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine et l’occupation par ce même pays de deux régions géorgiennes causent d’énormes souffrances, avec des conséquences pour la sécurité internationale et le développement durable.  Les guerres féroces et les conflits prolongés requièrent une action décisive du Conseil de sécurité, a martelé le représentant.  La paix ne peut durer que si tous les États Membres adhèrent strictement aux principes de la Charte et font preuve de responsabilité.  La clef, a estimé le représentant, est l’adoption d’une approche globale et intégrée.  Le Nouvel Agenda pour la paix doit envisager des actions audacieuses pour le règlement des conflits et renforcer le programme femmes et paix et sécurité.  Compte tenu du lien entre paix et développement, il faut répondre aux besoins socioéconomiques des peuples et protéger leurs droits.  En la matière, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un des plans d’action les plus importants pour les peuples, la planère, la prospérité et la paix, a conclu le représentant. 

Mme SOPHEA EAT (Cambodge) a estimé que pour être efficace dans le renforcement de la résilience face aux multiples défis, il faut avant tout donner la priorité au maintien de la paix et à la stabilité politique.  À cette fin, il faut miser, selon elle, sur la diplomatie préventive et la prise en compte des préoccupations, y compris les préoccupations sécuritaires de toutes les parties prenantes.  En ce sens, le Cambodge, a-t-elle dit, appuie l’appel du Secrétaire général à un investissement accru dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix, dans le cadre du Nouvel Agenda pour la paix.  La représentante a mis l’accent sur les synergies et le partenariat entre les processus internationaux et nationaux. 

Le Cambodge en est un bon exemple, s’est-elle enorgueillie, en faisant référence aux trois décennies de guerre et de génocide.  Alors que le pays a grandement bénéficié des efforts internationaux de maintien et de consolidation de la paix, la paix et la stabilité ont été obtenues grâce à notre politique « gagnant-gagnant » lancée en 1998, a expliqué la représentante.  Le leadership du pays et son appropriation des stratégies de développement ont permis d’améliorer progressivement la situation économique, et la liberté politique et sociale, sans que personne ne soit laissé pour compte.  La représentante a insisté sur le rôle des femmes et des jeunes pour la consolidation de la paix et le développement durable.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) rappelé le statut de son pays comme grand contributeur de troupes aux opérations de paix des Nations Unies et comme membre fondateur de la Commission de consolidation de la paix.  À ce titre, il a insisté sur la primauté des gouvernements nationaux dans l’identification et la gestion des priorités, des stratégies et des activités liées à la consolidation de la paix.  Il a aussi jugé indispensable de forger une cohésion sociale et de rechercher la confiance de l’opinion publique dans les institutions de gouvernance.  En tant que plus grande démocratie du monde, l’Inde, a-t-il poursuivi, est convaincue que l’existence de structures de gouvernance représentatives, inclusives et résilientes est un moteur de stabilité, sans oublier qu’une gouvernance soucieuse d’égalité entre les sexes et d’inclusivité sont les piliers de la refondation d’une nation. 

Le maintien et la consolidation de la paix s’excluent mutuellement, a estimé le représentant.  Par conséquent, l’idée de confier aux opérations de paix des activités de consolidation de la paix ne renforce aucun de ces domaines.  La composante militaire d’une opération de paix ne peut jouer qu’un rôle de soutien.  Le représentant a conclu sur la nécessité urgente de financer de manière prévisible et durable les activités de consolidation de la paix, sur une base consensuelle.

M. ANTONIOS PAPAKOSTAS (Grèce) a souligné le rôle central du Conseil de sécurité dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix, en coopération avec les organisations internationales, régionales et sous-régionales.  Il a appuyé la mise en œuvre de l’initiative « Notre Programme commun » du Secrétaire général, et de l’introduction de réformes de la gouvernance mondiale, afin d’améliorer l’efficacité du système multilatéral dans sa réponse aux situations de crise et de conflit.  Le représentant a ensuite appelé le Conseil de sécurité à mieux prendre en compte le rôle consultatif de la CCP, ceci afin d’utiliser pleinement ses capacités uniques à promouvoir une analyse commune parmi les différentes missions intégrées de l’ONU. 

Le pilier de tout effort de consolidation et de pérennisation de la paix, a martelé M. YASAR ALIYEV (Azerbaïdjan), doit être l’État concerné.  Le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États est crucial pour tout progrès.  Chaque guerre a ses propres spécificités mais les principes des relations de bon voisinage et de coopération sont universels, a souligné le représentant.  Mon pays, a-t-il dit, subit toujours l’agression de sa voisine, l’Arménie qui n’a aucune intention de changer de politique.  Notre expérience, a poursuivi le représentant, est l’illustration même de la nécessité de faire davantage pour prévenir et régler les conflits, assurer le respect de la souveraineté et de l’intégrité des États, lutter contre la haine et la désinformation et consolider la paix.  Soutenir les pays affectés par un conflit doit rester l’engagement du système des Nations Unies.  L’Azerbaïdjan, a conclu le représentant, est déterminé à défendre sa sécurité, sa souveraineté et son intégrité territoriale, à protéger son pays et à assurer la paix et la stabilité de la région par tous les moyens, dans le strict respect de la Charte et du droit international. 

M. MARTÍN JUAN MAINERO (Argentine) a constaté que la plupart des conflits violents qui ont éclaté après la guerre froide n’étaient pas le produit de relations de pouvoir entre États.  Ces conflits ont émergé principalement dans des pays connaissant une mauvaise gouvernance, des tensions ethniques ou religieuses et des inégalités structurelles de développement, a-t-il relevé, estimant en conséquence que le maintien de la paix et de la sécurité internationales implique de couvrir de manière cohérente le développement socioéconomique, les droits humains et les questions humanitaires.  Alors que de nombreux processus de paix échouent en phase initiale ou s’éternisent dans des négociations circulaires, le représentant a jugé essentiel d’accorder une attention particulière aux besoins des sociétés sortant d’un conflit.  La transition de la guerre à la paix n’est pas un exercice technique, mais un « processus hautement politique » qui nécessite une coordination entre les principaux organes de l’ONU.  À cette aune, le représentant a souligné le caractère crucial du travail de la Commission de consolidation de la paix pour l’architecture de règlement des conflits et pour la construction d’institutions plus fortes et inclusives.  Observant que ces travaux ont pris un nouvel élan à la suite du débat sur la mise en œuvre du Programme 2030, il a jugé inexact d’affirmer que plus de dépenses pour la consolidation de la paix signifient moins de financement pour le développement.  Selon lui, la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire sont des exemples importants de la façon dont différentes économies en développement peuvent s’entraider.  Il a donc souhaité que des programmes similaires soient envisagés lors du financement des activités de consolidation de la paix. 

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a identifié quatre domaines essentiels dans l’approche de la consolidation et du maintien de la paix par le Conseil de sécurité, en commençant par la recherche et la mise en œuvre de solutions politiques durables aux conflits, avec pour horizon la lutte contre leurs causes profondes.  Les réponses sécuritaires doivent être plus efficaces, a ajouté la représentante qui a recommandé d’adopter des mesures pour assurer l’inclusion et la participation effective de tous les acteurs de la société à toutes les étapes des processus de paix, de mettre en place des institutions efficaces et résilientes et d’investir dans les personnes tout au long de leur cycle de vie.  Deuxièmement, elle a insisté sur le renforcement du rôle consultatif et de liaison de la CCP afin que l’ONU ait une approche collective cohérente.  En troisième lieu, la représentante a appelé la communauté internationale à s’attaquer résolument au déficit de financement de la consolidation de la paix.  En approuvant la première résolution sur le financement de ce domaine, l’Assemblée générale a établi une série de mandats dont la mise en œuvre est urgente pour prévenir et mettre fin aux conflits, répondre aux demandes d’appui des États Membres et avancer vers le relèvement, la reconstruction et le développement, a-t-elle rappelé.  Elle a donc plaidé pour un financement adéquat, prévisible et durable.  Enfin, elle a jugé nécessaire de continuer à renforcer l’intégration, la coordination et la cohérence dans le domaine de la consolidation de la paix à tous les niveaux, en appelant à plus de dialogue et à la mise en place d’alliances stratégiques pour élargir l’impact des interventions et des initiatives de consolidation et de pérennisation de la paix.

Au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, Mme ILANA SEID (Palaos) a estimé que, l’une des menaces à la paix découle du fait que ces États insulaires ont servi de site pour les essais nucléaires.  Le Pacifique, a-t-elle rappelé, a subi plus de 300 explosions expérimentales sur cinq décennies.  La déléguée a appelé à un engagement plus fort en faveur de la non-utilisation et de l’élimination totale des armes nucléaires.  La seconde grande menace, a-t-elle poursuivi, tient aux changements climatiques dont le danger s’accroît puisqu’ils deviennent un multiplicateur d’instabilité et de conflit.  Lorsqu’une grande partie de l’espace budgétaire d’un pays en développement est occupé par les urgences climatiques, il y a moins à consacrer au développement.  Dans ce contexte, la représentante a réitéré l’appel des petits États insulaires à la nomination d’un représentant spécial du Secrétaire général pour les changements climatiques et la sécurité, lequel éclairerait les travaux du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.

M. JEEM S. LIPPWE (Micronésie) a souligné que dans le continent du Pacifique bleu, les menaces ne viennent pas des armées étrangères mais bien de l’élévation du niveau de la mer et des changements climatiques.  Ce sont là, a-t-il dit, des menaces qui ne sont pas moins dangereuses que la guerre ou les armes de destruction massive et qui, à ce titre, méritent d’être intégrées aux efforts de consolidation de la paix.  Le représentant a donc insisté sur la nomination d’un représentant spécial du Secrétaire général pour les changements climatiques et la sécurité car les informations que ce dernier fournirait sur les conséquences sécuritaires des changements climatiques seraient précieuses pour le Conseil de sécurité et les Nations Unies, en général.  J’implore le Conseil, a-t-il dit, d’accorder plus d’attention aux risques sécuritaires liés au climat que des pays comme le nôtre vivent quotidiennement.  Faire porter le fardeau à ceux qui contribuent le moins à ce phénomène n’est ni pratique ni juste, a martelé le représentant. 

Il est grand temps, a estimé M. MONWAR HOSSAIN (Bangladesh), de renforcer nos efforts collectifs et de rationaliser le travail de tous les organes des Nations Unies pour écarter les menaces et les multiplicateurs de risques, et consolider la paix et le développement durable.  Il faut, a plaidé le représentant, renforcer les mandats de consolidation de la paix des opérations de paix.  Il faut aussi renforcer l’approche préventive dans le travail de consolidation de la paix.  Le représentant a dit attendre avec impatience le moment où le Nouvel Agenda pour la paix viendra compléter les activités de consolidation de la paix des Nations Unies.  Il a insisté sur l’urgence qu’il y a à financer de manière adéquate, prévisible et durable la consolidation de la paix et à envisager, ce faisant, toutes les options.  Le représentant a conclu en soulignant l’importance de la coopération Sud-Sud et triangulaire pour aider les pays à mettre en œuvre leurs initiatives de consolidation de la paix, en facilitant l’échange des pratiques exemplaires entre les organisations nationales, les acteurs non étatiques et les ONG. 

Mme CECILIA FORGBE MC GILL (Libéria) a déclaré qu’investir dans les personnes, en particulier les femmes et les jeunes, et leur donner les moyens d’être des agents de changement positif dans leurs sociétés respectives non seulement renforcent les capacités des pays en matière de prévention et d’atténuation des conflits mais assurent également l’inclusivité.  Elle a d’autre part jugé essentiel d’assurer la fourniture d’un soutien technique pour faciliter le renforcement de la résilience des institutions des sociétés touchées par un conflit ou en phase de postconflit, notamment dans les domaines économiques, démocratiques, sociaux et de gouvernance.  Évoquant les mesures prises au niveau national en faveur de l’autonomisation des femmes et des filles, la représentante a fait état du lancement, en juin dernier, avec le soutien de l’ONU, d’une campagne de financement pour la réhabilitation et l’autonomisation des jeunes à risque.  Elle a d’autre part signalé le soutien apporté par la Commission de consolidation de la paix aux programmes nationaux d’autonomisation des femmes et des jeunes ainsi qu’aux efforts visant à assurer la participation pleine, égale et significative des femmes à la consolidation de la paix et aux processus politiques.  Dans le même ordre d’idées, a-t-elle ajouté, le Fonds pour la consolidation de la paix soutient les initiatives du Gouvernement libérien en vue de contribuer à un environnement électoral plus apaisé avant, pendant et après les élections de cette année. 

M. SERHII BRATCHYK (Ukraine) a soutenu la nécessité, pour le Conseil de sécurité, de se concentrer sur les multiplicateurs de risques complexes, tels que l’insécurité alimentaire, dans le contexte du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  À titre d’exemple, il a rappelé que la stratégie de l’invasion russe de l’Ukraine comprenait comme composante immédiate le blocus total des ports maritimes ukrainiens et des exportations alimentaires ukrainiennes.  De ce fait, des millions de personnes dans le monde ont été au bord de la famine, ce qui, à son tour, a conduit à une détérioration de la sécurité régionale et, entre autres, affecté les efforts de consolidation de la paix dans les pays et régions concernés.  L’Initiative céréalières de la mer Noire est un bon exemple, selon le représentant, des efforts concertés de la communauté internationale avec un important rôle de facilitateur de l’ONU et de la Türkiye pour forcer la Russie à l’accepter.  Le système des Nations Unies devrait avoir pour priorité de soutenir les efforts nationaux visant à créer des mécanismes et des institutions efficaces et inclusifs capables de s’attaquer aux facteurs politiques et socioéconomiques des conflits dans le monde, a-t-il estimé.  Cela comprend les questions liées à la promotion et à la protection des droits humains et du rôle des femmes et des jeunes à toutes les étapes de la consolidation de la paix, a souligné le représentant.  Il a encouragé des approches, au cas par cas, tenant dûment compte des causes profondes d’un conflit. 

Le délégué a salué les efforts de la CCP et appuyé l’objectif énoncé dans Notre Programme commun d’élargir son rôle afin qu’elle puisse traiter des questions transversales de sécurité dans une perspective de prévention.  En tant que pays qui résiste à une agression armée, l’Ukraine a toujours plaidé en faveur de la nécessité de développer la boîte à outils de la prévention de l’ONU, a-t-il précisé.  Il a regretté que l’ONU n’ait pas réussi à empêcher l’invasion d’un pays souverain et indépendant, qui a entraîné des souffrances humaines, la destruction d’infrastructures essentielles, un nombre énorme de morts et une crise humanitaire sans précédent.  Pour le représentant, la seule voie viable pour maintenir la paix est de veiller à ce que le règlement d’un conflit soit fondé sur les principes de la Charte des Nations Unies, en particulier le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États à l’intérieur de leurs frontières internationalement reconnues.

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a déclaré qu’il a été démontré que l’inclusion des femmes aux pourparlers de paix augmente la probabilité d’un accord de paix durable, tandis que leur participation aux opérations de maintien de la paix permet d’améliorer la mise en œuvre des mandats.  Elle s’est inquiétée de l’inversion des acquis générationnels en matière de droits des femmes dans de nombreuses régions du monde, soulignant ensuite que le Conseil de sécurité a l’obligation de veiller à ce que les processus de paix soient inclusifs et sensibles au genre, conformément à la résolution 1325 (2000) et à ses résolutions de suivi.  Le programme pour les femmes et la paix et la sécurité doit figurer dans tous les programmes et situations nationales, et il faut faire de l’autonomisation des femmes en tant qu’agents du changement une priorité.

La représentante a également attiré l’attention sur le travail important que réalise la Commission de consolidation de la paix dans le domaine de la justice transitionnelle, notamment en Gambie, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo et au Soudan.  Elle a appelé à un engagement plus poussé de la Commission sur la question de la justice transitionnelle en tant que sujet autonome, afin de renforcer le rôle essentiel qu’elle joue dans la mise en œuvre et la complémentarité de nombreux programmes thématiques du Conseil de sécurité

M. DAVIT KNYAZYAN (Arménie) a prôné une approche fondée sur les droits humains, inclusive et centrée sur les personnes, pour que la coopération internationale soit efficace dans sa réponse aux besoins humanitaires et de développement des personnes touchées par les conflits.  Il a souligné l’importance de la résilience du système des Nations Unies face aux manipulations visant à légitimer les conséquences de l’usage de la force et des atrocités criminelles.  Saluant le Nouvel Agenda pour la paix, qui met fortement l’accent sur la prévention, la lutte contre la violence, le respect des droits humains et la participation égale et significative des femmes à la consolidation et au maintien de la paix, il a souligné la nécessité de faire face aux risques de génocide et d’autres atrocités criminelles.  Le représentant a alerté sur les tentatives, dans sa région du monde, de règlement énergique des conflits ainsi que sur l’incitation à la violence et à la haine, le déni des droits humains fondamentaux et les violations du droit international humanitaire.  Il a rappelé que depuis 46 jours, les personnes et marchandises en provenance et à destination du Haut-Karabakh se voient refuser un passage sûr et sans entrave par le couloir de Latchine.  Il en a décrit les conséquences sur les enfants et les familles, l’électricité et les écoles.  Le délégué a dénoncé « les actions agressives sur le terrain, les déclarations bellicistes et haineuses des plus hauts dirigeants de l’Azerbaïdjan, encourageant le nettoyage ethnique et les crimes de haine ».  Il a donc appelé Le Conseil de sécurité à assumer sa responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales et à prendre des mesures opportunes et efficaces pour empêcher l’Azerbaïdjan de tenter de nettoyer ethniquement le Haut-Karabakh de sa population autochtone.

Dans une reprise de parole de son pays, Mme RABIA IJAZ (Pakistan) a dénoncé les propos de l’Inde, l’accusant de présenter des faits erronés « années après années ».  Elle a affirmé que le Jammu-et-Cachemire ne fait pas partie de l’Inde et en a pris pour preuve le fait que le Conseil de sécurité ait reconnu le droit du peuple de cette région à l’autodétermination.  Rappelant que cela fait 70 ans que l’Inde s’y oppose, elle a souligné que le Jammu-et-Cachemire occupé par l’Inde est la zone la plus militarisée au monde et qu’elle fait face aux pires atrocités.  Mais son peuple reste résolu à exercer son droit à l’autodétermination, a-t-elle assuré. 

 

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