Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial déplore l’absence de progrès politique pour mettre fin à une crise d’une ampleur « presque inimaginable » en Syrie
Malgré la récente adoption de la résolution 2672 (2023) permettant la prorogation du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière pour des millions de personnes en Syrie, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie a fait état ce matin, devant le Conseil de sécurité, d’une crise d’une ampleur « presque inimaginable » et de l’absence de progrès substantiels susceptibles de mener à un véritable processus politique capable de mettre un terme au conflit.
Les Syriens demeurent profondément divisés sur leur avenir et, malgré tous nos efforts, aucun progrès substantiel n’a été réalisé pour construire une vision politique commune sur la base d’un véritable processus politique, a reconnu M. Geir O. Pedersen. Ce dernier a expliqué que la Syrie est de facto divisée en plusieurs parties, avec cinq armées étrangères et des groupes armés et terroristes actifs sur son territoire, tandis que de graves violations du droit international humanitaire et des droits humains continuent d’être commises dans l’ensemble du pays.
Afin de freiner l’escalade actuelle, un cessez-le-feu national est essentiel, a souligné M. Pedersen qui a dressé un tableau mitigé de la situation des derniers mois qui a notamment vu une diminution du nombre de frappes aériennes dans le nord-ouest du pays. Affirmant que seule une solution politique globale saura mettre un terme au conflit, l’Envoyé spécial a prôné des actions concrètes susceptibles d’instaurer la confiance et de mettre en œuvre la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité. De même, il a souligné l’importance pour la Commission constitutionnelle de réaliser des progrès substantiels, tout en notant la position inchangée de la Fédération de Russie concernant le lieu des négociations.
Les États-Unis ont exhorté cette dernière à abandonner ses exigences arbitraires, « sans lien avec le dossier syrien ». La délégation russe a souligné pour sa part les efforts déployés par l’Envoyé spécial pour fournir les garanties nécessaires aux délégués par le pays hôte pour assurer la reprise des réunions de l’organe restreint de la Commission. Tout en appelant à surmonter la paralysie de la Commission constitutionnelle, les Émirats arabes unis ont conseillé d’abandonner les approches fragmentaires et temporaires, pour privilégier des « solutions arabes aux crises arabes ».
L’Envoyé spécial a également appelé à progresser sur la question des détenus et des personnes disparues, plaidant en outre pour la mise en place des mesures initiales de renforcement de la confiance « étape par étape », jugeant important d’identifier des mesures « précises, concrètes, vérifiables et réciproques » qui auraient un impact positif sur la vie des Syriens.
Sur le front humanitaire, l’adoption à l’unanimité, en début d’année, de la résolution 2672 (2023) permettant la poursuite du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière, a été saluée à de nombreuses reprises, notamment par la Directrice par intérim de la Division des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Mme Ghada Eltahir Mudawi, qui a toutefois signalé que sa prorogation de six mois pose d’importants défis logistiques et de financement.
Les mandats courts obligent en effet les Nations Unies et les ONG à consacrer une grande partie de leurs efforts à la planification d’urgence, limitant d’autant leur capacité d’aider les personnes dans le besoin, a indiqué le Royaume-Uni, appuyé par la France pour qui une prorogation pour une période de 12 mois, assortie de l’ouverture d’un second point de passage, aurait été préférable.
Fustigeant les raisonnements « trompeurs et cyniques » de membres du Conseil qui s’efforcent d’ignorer les conséquences des sanctions, la Fédération de Russie a affirmé que, sous sa forme actuelle, le mécanisme dans le nord-ouest de la Syrie n’a aucune chance de survivre jusqu’à sa prochaine prolongation, en juillet de cette année, estimant que l’approvisionnement humanitaire de cette enclave doit être assuré avec le consentement de Damas, et non après notification.
Pour sa part, la République arabe syrienne s’est élevée contre l’exploitation et la politisation par les Occidentaux des activités humanitaires, jugeant regrettable que certains responsables américains et européens menacent de ne pas mettre en œuvre les dispositions de la résolution 2672 (2023), notamment dans les domaines du relèvement rapide et de l’électricité. La délégation syrienne a également dénoncé les répercussions des mesures coercitives unilatérales imposées à la Syrie, notamment à son secteur de la santé.
Au nom des porte-plumes du dossier humanitaire syrien, à savoir la Suisse et le Brésil, la délégation brésilienne a fait part de sa vive préoccupation quant au sous-financement chronique du plan d’intervention de l’ONU, alors même que les coûts opérationnels des opérations humanitaires augmentent en raison de la crise du carburant et d’autres défis opérationnels. La représentante de l’OCHA a d’ailleurs précisé que les efforts humanitaires dans le nord-ouest de la Syrie ne sont financés qu’à hauteur de 22%, et à 29% dans l’ensemble du pays.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT
Déclarations
S’exprimant par visioconférence, M. GEIR O. PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, a fait état d’une profonde crise humanitaire, politique, militaire, sécuritaire, économique, d’une grande complexité et d’une ampleur « presque inimaginable », dans laquelle le peuple syrien demeure « piégé ». Les Syriens restent profondément divisés sur leur avenir et, malgré tous nos efforts, aucun progrès substantiel n’a été réalisé pour construire une vision politique commune sur la base d’un véritable processus politique, a-t-il reconnu. Qui plus est, le pays est de facto divisé en plusieurs parties, avec cinq armées étrangères et des groupes armés et terroristes actifs sur le terrain, tandis que de graves violations du droit international humanitaire et des droits humains se poursuivent dans toute la Syrie. Après plus d’une décennie de destructions, de conflits, de corruption et de mauvaise gestion, et de sanctions, le pays est aux prises avec une double crise humanitaire et économique. Environ la moitié de la population d’avant-guerre reste déplacée, soit la plus grave crise de déplacement au monde, s’est alarmé M. Pedersen, avertissant que cela constitue un vecteur d’instabilité dans toute la région.
Seule une solution politique globale saura mettre un terme à cette situation, a fait valoir l’Envoyé spécial, en prônant dans l’intervalle des actions concrètes susceptibles d’instaurer la confiance et de mettre en œuvre la résolution 2254 (2015) du Conseil. Il a indiqué qu’il compte continuer d’engager les parties syriennes au conflit, notamment le Coprésident de la Commission constitutionnelle et le Président de la Commission syrienne de négociation, ainsi que les représentants des acteurs régionaux et internationaux. Au nombre des priorités, il a souligné le besoin de freiner l’escalade actuelle et de rétablir le calme. À cette fin, un cessez-le-feu national demeure essentiel, a-t-il noté, en dressant un tableau mitigé de la situation des derniers mois qui a vu moins de frappes aériennes dans le nord-ouest, mais une escalade militaire dans le nord-est. En outre, les bombardements, les tirs de roquettes et les affrontements intermittents se sont poursuivis le long de toutes les lignes de contact, impliquant un large éventail d’acteurs, y compris le Gouvernement, l’opposition armée, les Forces démocratiques syriennes (FDS) et le groupe terroriste Hay’at Tahrir el-Cham, qui ont lancé plusieurs attaques transfrontalières le mois dernier. Des frappes de drones turcs ont été signalées dans le nord-est et des frappes israéliennes ont été signalées près de Damas et à l’aéroport de Damas, a-t-il précisé.
Sur le front humanitaire, l’Envoyé spécial s’est félicité de l’adoption par le Conseil, à l’unanimité, de la résolution 2672 (2023) permettant la poursuite de l’aide humanitaire transfrontière vitale pour des millions de personnes en Syrie, bien que pour une période de six mois seulement. L’ampleur des besoins à l’intérieur de la Syrie est à son pire niveau depuis le début du conflit, avec une pauvreté, une insécurité alimentaire et une dégradation des services de base sans précédent, notamment dans les camps de déplacés.
Parmi les autres priorités, M. Pedersen a souligné l’importance pour la Commission constitutionnelle de réaliser des progrès substantiels, tout en notant la position inchangée de la Fédération de Russie concernant le lieu des négociations. Selon lui, les questions qui ont été soulevées ont été traitées de manière exhaustive. L’Envoyé spécial a également signalé que les Coprésidents nommés par le Gouvernement n’ont toujours pas répondu à la lettre qu’il leur avait adressée en juin concernant l’amélioration des méthodes de travail de la Commission. Il compte à cet effet intensifier ses efforts pour reprendre les réunions avec ces derniers.
Il a également appelé à progresser sur la question des détenus et des personnes disparues, disant attendre avec intérêt les avancées dans la mise en place d’une institution, comme l’a recommandé le Secrétaire général. Pendant ce temps, sur le terrain, les arrestations arbitraires se poursuivent, a-t-il déploré, tout en notant que les questions de protection sont parmi les principaux facteurs cités par les réfugiés pour expliquer leur décision de ne pas retourner en Syrie, en plus de la situation sécuritaire, des moyens de subsistance, des services de base, du logement et du service militaire. M. Pedersen a ensuite plaidé pour la mise en place des mesures initiales de renforcement de la confiance « étape par étape », jugeant important d’identifier des mesures « précises, concrètes, vérifiables et réciproques » qui auraient un impact positif sur la vie des Syriens.
Mme GHADA ELTAHIR MUDAWI, Directrice par intérim de la Division des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a indiqué que 15,3 millions de personnes, soit 70% de la population syrienne, ont besoin d’assistance humanitaire. En ce moment, les gens en Syrie font face à un hiver rude, avec des pluies, des inondations, des températures frigides, sans oublier l’épidémie de choléra. Dans le nord-ouest du pays, 1,8 million de personnes vivent dans des camps surpeuplés, avec peu ou pas d’accès à l’eau, aux services de santé et à l’électricité. Elle a rappelé que de nombreuses familles vivent leur douzième hiver en déplacement. Elle a aussi relevé que les efforts humanitaires dans le nord-ouest de la Syrie ne sont financés qu’à hauteur de 22%, tandis que dans tout le pays, les efforts pour faire face à l’hiver ne sont financés qu’à hauteur de 29%, se désolant de constater en outre que seulement 47,2% des besoins humanitaires de 2022 ont été financés. Mme Mudawi a indiqué que le choléra se répand dans tout le pays, et que l’ensemble des 14 provinces sont affectées. Grâce à l’appui des donateurs, 2 millions de doses de vaccin oral contre cette maladie sont arrivés dans le nord-ouest de la Syrie, a-telle ajouté, avant d’appeler à plus de fonds pour la réponse contre le choléra.
Sur le plan économique, elle a noté qu’en décembre dernier, la chute de la livre syrienne a conduit à une inflation généralisée. De ce fait, 12 millions de personnes vivent dans l’insécurité alimentaire. Dans la province d’Alep par exemple, le prix du riz a augmenté de 60% entre novembre et décembre, tandis que dans la région de Damas, les prix des fruits et légumes et d’autres produits de base ont augmenté de 20 à 50% depuis le début de ce mois. À cela s’ajoute le manque de carburant, ce qui affecte aussi les actions humanitaires, conduisant à la réduction des missions de terrain et un retard dans la mise en place de projets.
Par ailleurs, à Edleb et à l’ouest d’Alep, des bombardements aériens et des engins non explosés continuent de tuer et blesser des civils, y compris des femmes et enfants. L’an passé, a-t-elle précisé, 145 civils sont morts dans le nord-ouest de la Syrie, dont 58 enfants. Il y a eu aussi 249 civils blessés, dont 97 enfants. Elle s’est félicitée du déminage de 1 million de mètres carrés de terres agricoles dans la région de Damas l’an dernier, tout en constatant qu’il reste encore beaucoup à faire. Elle a ensuite salué la prolongation du mécanisme d’aide humanitaire transfrontière en Syrie par le Conseil de sécurité, soulignant que ce mécanisme est une question de vie ou de mort pour des millions de personnes vivant dans le nord-ouest de la Syrie. Elle a cependant noté qu’une prolongation de six mois pose des défis logistiques et de financement.
Au nom de la Suisse et du Brésil, M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) s’est félicité de l’adoption par le Conseil à l’unanimité, le 9 janvier, de la résolution 2672 (2023), qui réaffirme l’importance d’une assistance humanitaire continue à la Syrie, alors qu’il y sévit une épidémie de choléra, que l’insécurité alimentaire a atteint des niveaux alarmants et que 2,4 millions d’enfants syriens sont privés d’un accès à l’éducation. Le représentant a fait part de sa vive préoccupation quant au sous-financement chronique du plan d’intervention de l’ONU, alors même que les coûts opérationnels des opérations humanitaires augmentent en raison de la crise du carburant et d’autres défis opérationnels.
Cofacilitateurs dans ce dossier, la Suisse et le Brésil soutiennent toutes les modalités garantissant un accès humanitaire rapide, sans entrave et durable à toutes les personnes dans le besoin en Syrie. Le représentant a jugé qu’à l’heure actuelle, le mécanisme d’aide humanitaire transfrontière reste indispensable, car il permet de fournir une assistance vitale à des millions de personnes dans le nord et l’ouest de la Syrie. Concernant les convois à travers la ligne de front, l’orateur a apprécié les efforts mis en place dans le but d’augmenter le nombre de livraisons et s’est félicité de l’actualisation du plan opérationnel.
S’exprimant ensuite au seul nom de son pays, le Brésil, le représentant a réitéré son soutien à l’importante initiative de M. Pedersen concernant les mesures étape par étape et les efforts visant à reconvoquer la Commission constitutionnelle. Il s’est également fait l’écho des appels répétés du Secrétaire général à la plus grande retenue, au maintien des cessez-le-feu convenus ainsi qu’au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie. Réclamant la fin des attaques contre les civils et les infrastructures civiles, le délégué s’est dit très préoccupé par le sort des personnes détenues et disparues en Syrie. Il a salué à cet égard les efforts pour tenter d’apporter des réponses à la souffrance de dizaines de milliers de familles sans nouvelles de leurs proches.
M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a estimé que l’adoption à l’unanimité de la résolution 2672 (2023), qui autorise la prolongation du mécanisme transfrontalier d’aide humanitaire, a été une étape cruciale pour alléger les souffrances du peuple syrien. Appelant les États à contribuer au plan d’intervention humanitaire pour la Syrie, le représentant a également exhorté les bailleurs de fonds à accroître leur soutien aux réfugiés syriens, remerciant à cet égard le Liban, l’Iraq et la Jordanie pour l’accueil de ces personnes. Il a ensuite encouragé l’ONU à poursuivre sa gouvernance et sa supervision en matière de livraisons humanitaires en Syrie, y compris à travers les lignes de front, avant d’exprimer sa préoccupation face aux grands besoins signalés dans le camp de Roukban, dans le sud du pays. Il a enjoint le « régime Assad » à permettre de toute urgence au Croissant-Rouge de venir en aide aux personnes dans le besoin dans ce camp. Alors que les livraisons d’aide à travers les lignes de front pâtissent de l’insécurité généralisée semée par le « régime Assad », il importe que les parties au conflit trouvent un accord de cessez-le-feu dans tout le pays, a plaidé le représentant. Il a également souhaité une reprise rapide des travaux de la Commission constitutionnelle, à condition que la Russie abandonne ses exigences arbitraires sans lien avec le dossier syrien, avant d’appeler le « régime Assad » à nouer un dialogue constructif avec l’Envoyé spécial, conformément à la résolution 2254 (2015), « seule solution viable au conflit ».
Après 12 années de guerre brutale contre le peuple syrien, a poursuivi le représentant, le « régime Assad » n’a toujours pas pris de mesure d’envergure pour trouver une solution politique et accuse les autres pour la guerre qu’il a lui-même lancée. Dès lors, a-t-il indiqué, les États-Unis sont opposés à toute forme de normalisation avec la Syrie. Selon lui, les pays qui envisagent un rapprochement avec Damas doivent se demander pourquoi le « régime Assad » mériterait une telle faveur alors qu’il poursuit le comportement de longue date qui l’a placé au ban des nations. Quant à la situation des détenus et des camps dans le nord-est, il a appelé les États à rapatrier leurs citoyens et, si nécessaire, à les juger dans leur pays. Le « régime Assad » peut démonter son engagement en confirmant le sort et le lieu où se trouvent des milliers de personnes détenues arbitrairement, a-t-il ajouté, demandant que des libérations interviennent et qu’elles soient menées de « façon humaine », c’est-à-dire en publiant la liste des individus détenus, en fournissant à ces derniers des services lors de la transition postdétention, en informant leurs familles et en garantissant un accès sans entraves à des observateurs.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé que les principaux défis sur le terrain en Syrie demeurent la présence militaire étrangère illégale dans le nord-est et le sud du pays, la menace « permanente » d’une autre opération militaire dans le nord et le nombre croissant d’attaques israéliennes sur Damas et ses environs. Ces tensions ont provoqué selon lui la résurgence des activités terroristes de Daech et Hay’at Tahrir el-Cham, en utilisant la couverture de la « zone de sécurité » établie « arbitrairement » par les États-Unis près d’Al-Tanf. Pour le représentant, les mesures visant à assurer la sécurité des voisins de la Syrie ne doivent pas se faire au détriment de sa souveraineté et de son intégrité territoriale. Il a prôné à cet égard la mise en œuvre « complète et effective » des accords issus du processus d’Astana sur Edleb et Zayefrat, avec l’Iran et la Türkiye, en vue de contribuer à une normalisation durable et à long terme en Syrie et dans la région. Pour y parvenir, il n’existe pas d’autre solution que de faire avancer un règlement politique syrien mené par les Syriens, avec le soutien de l’ONU, dans le strict respect de la résolution 2254 (2015) du Conseil, a martelé le représentant. Il a souligné à cet égard les efforts de l’Envoyé spécial pour fournir dès que possible les garanties nécessaires aux délégués par le pays hôte pour la reprise des réunions de l’organe restreint de la Commission constitutionnelle.
Malgré l’action des autorités syriennes, la situation humanitaire se détériore rapidement, a poursuivi le représentant, principalement en raison des sanctions « unilatérales » imposées par les pays occidentaux contre la Syrie. Il a dénoncé les raisonnements « trompeurs et cyniques » des membres du Conseil, qui s’efforcent d’ignorer les conséquences des sanctions, affirmant que le peuple syrien ne se fait aucune illusion sur les véritables intentions des États-Unis et de leurs alliés. Il a estimé que sous sa forme actuelle, le mécanisme d’aide humanitaire transfrontière dans le nord-ouest de la Syrie n’a aucune chance de survivre jusqu’à sa prochaine prolongation en juillet de cette année. Nous devons parvenir à un consensus sur le fait que l’approvisionnement humanitaire de cette enclave doit être assuré avec le consentement de Damas, et non après notification, et en étroite coordination avec le Gouvernement légitime, a-t-il souligné. Le représentant a en outre appelé à trouver une solution durable à la question du retour des réfugiés, non seulement pour assurer le redressement humanitaire de la Syrie, mais aussi pour réduire la charge qui pèse sur les pays d’accueil, notamment le Liban.
M. DAI BING (Chine) a rappelé que la Russie, la Türkiye et la Chine ont récemment tenu des réunions triparties pour œuvrer à la paix en Syrie. Il a appelé la communauté internationale à respecter le droit international dans le cadre de la lutte contre le terrorisme en Syrie, ainsi que la souveraineté nationale syrienne. De même, il a exhorté à mettre un terme à la présence illégale de troupes étrangères et au pillage des ressources syriennes. Notant par ailleurs la nature temporaire du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière qui a été prolongé récemment, le délégué a appelé à passer par les lignes de front pour fournir de l’assistance aux populations. Les projets de relèvement rapide peuvent également doper le développement de la Syrie, a-t-il estimé, appelant les donateurs à les financer dans l’ensemble du pays. Il a enfin appelé les pays concernés à lever les sanctions unilatérales contre la Syrie.
M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a salué l’esprit avec lequel l’Envoyé spécial, M. Pedersen, a cherché à réconcilier les volontés des acteurs politiques, et s’est joint à l’appel à réactiver les réunions de la Commission constitutionnelle à Genève. Reprenant les éléments du rapport du Secrétaire général sur les besoins humanitaires en Syrie, le représentant a déclaré que la situation dans le pays était « l’une des plus complexes au monde », compte tenu des déplacés internes et transfrontaliers, du manque de garanties de sécurité permettant un retour volontaire des réfugiés, ainsi que de l’augmentation de la famine, de la malnutrition, de l’insécurité et de la pauvreté. Dans ce contexte, le représentant de l’Équateur a dit apprécier l’unité du Conseil, dans l’adoption, le 9 janvier, de la résolution 2672 (2023), qui a confirmé la prolongation du point de passage transfrontière de Bab el-Haoua, dans le nord-ouest de la Syrie, pour une période supplémentaire de six mois.
Au nom des A3 (Gabon, Ghana, Mozambique), M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) s’est alarmé de la situation humanitaire en Syrie, sachant que plus de la moitié des Syriens peinent à se nourrir et que les populations du nord-ouest du pays sont parmi les plus vulnérables et dépendent de l’aide humanitaire fournie par le biais du mécanisme transfrontalier des Nations Unies. Dans ce contexte, il s’est dit particulièrement sensible au sort des femmes et des filles qui continuent d’être touchées de manière disproportionnée par la crise, notamment par la violence sexiste, les mariages forcés et précoces et l’accès limité aux moyens de subsistance. Constatant à cet égard que le niveau de financement du Plan de réponse humanitaire pour la Syrie reste faible, il a appelé à une plus grande solidarité, y compris pour les programmes de relèvement rapide. Il importe aussi, selon lui, de lever les sanctions qui pourraient entraver l’accès aux fournitures médicales essentielles et à l’aide humanitaire afin d’éviter les conséquences humanitaires négatives imprévues de ces mesures, conformément à la résolution 2664 (2022) du Conseil.
Le représentant a ensuite noté avec inquiétude que les hostilités, ainsi que les frappes aériennes et les bombardements, se poursuivent le long des lignes de front et dans certaines poches à travers le pays, faisant de nombreuses victimes civiles. Il a donc exhorté toutes les parties à respecter le droit international humanitaire. Face aux risques d’escalade militaire et de détérioration catastrophique de la situation, il a jugé urgent de relancer le processus politique, saluant à cet égard les efforts continus déployés par l’Envoyé spécial pour renforcer la confiance étape par étape et convoquer une neuvième session de la Commission constitutionnelle. Il a encouragé les parties à faire preuve de retenue et de responsabilité en s’engageant à renouer le dialogue et à coopérer en vue d’un cessez-le-feu national. Applaudissant par ailleurs les progrès réalisés dans les opérations transfrontières dans toute la Syrie, suite à la révision par les Nations Unies de leur plan visant à accroître progressivement l’accès et à intensifier l’assistance aux personnes dans le besoin, le délégué a exhorté les parties à garantir le passage en toute sécurité des convois et de leur personnel. Il s’est également félicité de la prorogation, le 9 janvier, de l’autorisation d’acheminement de l’aide humanitaire par le point de passage de Bab el-Haoua pour une période supplémentaire de six mois, jusqu’au 10 juillet 2023. Cette extension est d’autant plus vitale pour les populations syriennes que le mécanisme transfrontalier n’a pas de substitut à ce jour, en termes de taille ou d’impact, a-t-il conclu.
M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) s’est félicité de l’adoption de la résolution 2672 permettant de poursuivre la fourniture d’une aide humanitaire vitale à des millions de Syriens dans le besoin, tout en soulignant qu’une période de six mois est insuffisante. Les mandats courts obligent en effet les institutions des Nations Unies et les ONG à consacrer une grande partie de leurs efforts à la planification d’urgence, limitant d’autant leur capacité d’aider les personnes dans le besoin. Pendant ce temps, le « régime d’Assad » continue de tirer profit de la production et du trafic de stupéfiants, transformant ainsi le pays en un « narco-État » qui alimente l’instabilité régionale. Le représentant s’est toutefois félicité des efforts déployés par l’Envoyé spécial auprès de Damas et des pays de la région, tout en réitérant son appui à un processus politique conforme à la résolution 2254. S’agissant du renouvellement de la Commission constitutionnelle, il a demandé instamment à la Fédération de Russie de cesser de bloquer ce qui devrait être un processus politique mené par les Syriens eux-mêmes. Il est temps de commencer l’examen des questions de fond, a-t-il martelé.
M. FERIT HOXHA (Albanie) a déploré la situation que subissent les enfants et les femmes en Syrie. Selon lui, c’est le « régime syrien » qui est le principal responsable de cette tragédie. Il l’a accusé d’avoir conduit, par ses actions, à la destruction des vies syriennes. Il a déploré que des personnes croupissent en prison sans que leur famille ou le monde ne sache quel est leur sort. Les détentions arbitraires, les disparations forcées et les exécutions sommaires doivent cesser, a-t-il plaidé, en exigeant des comptes aux auteurs de tels actes. Pour poser les jalons d’une Syrie démocratique, le représentant a appelé à la poursuite des travaux de la Commission constitutionnelle. Il a salué le fait que le Conseil ait pu prolonger le mandat du mécanisme transfrontière. Il a demandé la même approche d’unité du Conseil pour le volet politique afin de permettre aux Syriens de vivre une vie sans guerre.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a insisté sur trois points: le refus, par le régime syrien, de tout dialogue politique malgré les efforts de l’Envoyé spécial; la crise humanitaire dramatique du peuple syrien; et la nécessité de continuer à lutter contre l’impunité. Alors que la guerre se poursuit en Syrie, le représentant a de nouveau regretté l’absence de toute ouverture du régime à des négociations, sous l’égide des Nations Unies, sur les bases d’une paix durable telle que définie par la résolution 2254 (2015). En outre, en dépit des efforts de l’Envoyé spécial, la Commission constitutionnelle, qui n’est jamais parvenue à produire une seule ligne d’un texte constitutionnel, en raison de l’obstruction du régime, ne se réunit plus du tout. La France et ses partenaires européens, a souligné le représentant, soutiennent l’Envoyé spécial dans son approche dite « étape par étape », afin de sortir du statu quo. Le régime doit s’y engager, a-t-il martelé. Un régime qui, selon lui, porte seul l’entière responsabilité du drame humanitaire auquel le peuple syrien est confronté.
La brutalité du conflit et la répression du régime, a poursuivi le représentant, ont provoqué un des plus grands mouvements de populations de ce siècle, qu’elles soient déplacées ou réfugiées. Devant cette crise humanitaire dramatique, il a rappelé l’importance de garantir un plein accès humanitaire. À cet égard, a-t-il noté, le renouvellement du mécanisme transfrontalier, bien que pour six mois seulement, était indispensable, mais les acteurs humanitaires auraient eu besoin d’une période de 12 mois, et de l’ouverture d’un second point de passage. Comme les réfugiés aspirent à revenir en Syrie lorsque leur sécurité et le respect de leurs droits seront garantis, il appartient au régime syrien de créer les conditions nécessaires à ce retour, a insisté le représentant.
S’attardant sur la lutte contre l’impunité, les 100 000 portés disparus et les innombrables atrocités commises et largement documentées par les rapports des Nations Unies ainsi que par les témoignages de familles syriennes, le représentant a promis que la France poursuivra sans relâche son combat pour traduire en justice les responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a appelé toutes les parties au conflit syrien à respecter leurs obligations au titre du droit international. Estimant que la sortie de ce conflit ne pourra passer que par une solution politique, elle a dit soutenir les efforts de l’ONU ainsi que de son Envoyé spécial, selon le mandat qui lui est conféré par la résolution 2254 (2015). Saluant les consultations menées par ce dernier avec les principaux acteurs régionaux et internationaux, elle a rappelé que son pays accueille ces pourparlers à Genève, au siège de l’ONU en Europe. Nous avons grand espoir en la reprise prochaine des travaux de la Commission constitutionnelle sous l’égide du Bureau de l’Envoyé spécial, a-t-elle ajouté, précisant que, dans ce cadre, la Suisse soutient les organisations de la société civile syrienne qui participent à l’identification d’une issue politique adéquate et durable.
La représentante a par ailleurs souhaité que le Conseil de sécurité demeure saisi de la question des personnes détenues ou portées disparues en Syrie, dont les résolutions 2254 (2015) et 2474 (2019) soulignent l’importance dans le processus de paix. Après avoir salué les appels de l’Envoyé spécial et des familles ainsi que l’étude du Secrétaire général pour que la lumière soit faite sur le sort de ces personnes, elle a appelé toutes les parties à mettre fin aux pratiques de détention arbitraire et disparitions forcées en Syrie. Elle a également jugé que permettre aux organisations humanitaires spécialisées d’avoir accès à tous les lieux de détention serait un pas essentiel dans cette direction. L’expérience montre que la confiance ne peut pas être restaurée au sein d’une société tant que les familles des personnes disparues n’ont pas obtenu de réponses sur le sort de leurs proches, a-t-elle fait valoir en conclusion.
M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a estimé que le renouvellement du mécanisme transfrontière est un « pansement » qui ne saurait guérir une « blessure profonde ». Ces efforts ne permettent pas, selon lui, de s’attaquer aux causes sous-jacentes de la crise syrienne et à ses effets à long terme. Il a souligné, à cet égard, la nécessité d’abandonner les approches fragmentaires et temporaires, au profit d’une bonne gestion de la crise syrienne fondée sur le principe « solutions arabes aux crises arabes ». En ce qui concerne la situation politique, le représentant a appelé au soutien de l’Envoyé spécial et à la promotion des efforts diplomatiques des pays arabes et de la région. Il importe également de surmonter la paralysie de la Commission constitutionnelle, seule plateforme permettant aux Syriens de s’engager de manière constructive dans un dialogue national mené par eux-mêmes.
S’agissant de la situation humanitaire, le représentant a estimé que l’adoption à l’unanimité de la résolution visant à prolonger le mécanisme humanitaire transfrontalier reflète l’unité du Conseil et l’importance de placer les besoins du peuple syrien avant toute considération politique. Il s’est toutefois inquiété de la détérioration des conditions de vie dans les camps et appelé à des solutions à long terme pour soulager les souffrances du peuple syrien.
Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a salué l’adoption unanime de la résolution 2672 du Conseil de sécurité, le 9 janvier dernier, qui a permis de proroger le mécanisme d’aide humanitaire transfrontière pour six mois supplémentaires. Elle a relevé que les opérations passant par les lignes de front ne peuvent se substituer à la taille et à la portée du mécanisme transfrontière de Bab el-Haoua. Sur le plan politique, elle a demandé instamment la reprise rapide des travaux de la Commission constitutionnelle à Genève, et a exhorté le Gouvernement syrien à s’y engager de bonne foi. Elle a jugé important d’assurer la pleine et égale participation des femmes à toutes les étapes du processus politique. Le seuil convenu de participation de 30% doit être considéré comme le minimum, a-t-elle argué. Elle a dit soutenir les travaux menés par le Mécanisme international, impartial et indépendant pour établir les responsabilités pour les crimes les plus graves commis en Syrie, depuis mars 2011. Elle a aussi dit soutenir l’imposition de sanctions ciblées contre les personnes et entités impliquées dans la répression du peuple syrien.
M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a salué l’unanimisme dont a fait preuve le Conseil ce mois-ci lors du renouvellement du mécanisme, et a espéré qu’il en serait de même lors de la prochaine échéance en juillet. Il s’est dit pleinement conscient des énormes besoins humanitaires en Syrie, notamment pour les activités de relèvement rapide telles que la restauration d’écoles, d’hôpitaux, d’installations d’eau et d’électricité, le déminage, le déblaiement, ainsi que la fourniture d’une aide médicale d’urgence. Il a néanmoins dit croire en la possibilité de reconstruire et, à cette fin, a exhorté toutes les parties, « notamment les autorités syriennes », à s’engager de manière significative dans un processus politique inclusif facilité par l’ONU, conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil.
Appelant le Conseil à veiller à ce que la Commission constitutionnelle fasse de réels progrès, le représentant a vivement encouragé le Gouvernement syrien à traiter de bonne foi la question des détenus et des personnes disparues, et à créer un environnement propice au retour des réfugiés. Dans cet esprit, il s’est dit satisfait de la proposition du Secrétaire général d’établir un nouveau mécanisme visant à faire la lumière sur le sort des personnes disparues et à apporter un soutien aux victimes, aux survivants et à leurs familles. Il a aussi pris note d’une série d’annonces faites par le Gouvernement syrien concernant l’amnistie, espérant une mise en œuvre rapide et vérifiable.
M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a affirmé que la tenue de réunions mensuelles du Conseil de sécurité sur la Syrie « sans aucun développement pertinent » place ses membres dans une routine consistant à répéter les mêmes discours, estimant que ceux qui soutiennent ces discussions tiennent à exploiter cet organe pour répéter des « campagnes de mensonges et de tromperies ». Évoquant ensuite les causes de la grave crise humanitaire que connaît son pays, le représentant les a imputées aux « mauvaises politiques » menées par les États-Unis dans la région et en particulier en Syrie. Ces « politiques malveillantes », a-t-il dit, ont entraîné la destruction de toutes les réalisations aux niveaux politique, économique et social, et ont conduit à l’émergence d’organisations terroristes, telles que Daech et le Front el-Nosra, ainsi qu’à la création de structures étrangères nuisibles à la société syrienne. Selon le représentant, les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN ont inventé divers prétextes pour intervenir directement en Syrie et ont manipulé les dispositions du droit international et de la Charte des Nations Unies pour justifier leur présence militaire illégale sur le territoire syrien. Cela a contribué à menacer la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie, tout en favorisant le pillage des ressources nationales syriennes, principalement le pétrole, le blé et le gaz, a-t-il accusé. De surcroît, a-t-il ajouté, la fourniture par les États-Unis et leurs alliés occidentaux d’un « parapluie de protection et d’impunité » à Israël a contribué à son occupation continue du Golan syrien depuis 1967 et a empêché ce Conseil d’assumer ses responsabilités concernant les actes d’agression répétés d’Israël contre la souveraineté de la Syrie et ses installations vitales, dont la dernière en date est l’attaque de l’aéroport international de Damas en début d’année.
Parallèlement, les États-Unis et leurs alliés européens ont cherché à imposer des mesures coercitives unilatérales à la Syrie, ce qui n’a fait qu’exacerber les souffrances des Syriens à l’intérieur et à l’extérieur du pays, a encore dénoncé le représentant, selon lequel le ciblage du secteur syrien de la santé n’est qu’un exemple de ces mesures « illicites, immorales et inhumaines ». Dans ce contexte, il s’est élevé contre l’exploitation et la politisation par les Occidentaux des activités humanitaires, jugeant regrettable que certains responsables américains et européens menacent de ne pas mettre en œuvre les dispositions de la résolution 2672 (2023), notamment dans les domaines du relèvement rapide et de l’électricité. Tout en condamnant les crimes et les pratiques immorales perpétrés par les États-Unis et leurs alliés, il a appelé le Conseil de sécurité à faire respecter la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie, et à assurer une indemnisation pour tous les dommages causés au peuple syrien à la suite de ces politiques.
Au cours de ces années difficiles, a poursuivi le représentant, le Gouvernement syrien a relevé de manière responsable tous les défis auxquels il était confronté, tandis que le peuple syrien a fait montre d’un « patriotisme élevé » pour combattre le terrorisme. Le Gouvernement syrien a également soutenu des voies de règlement politique et de réconciliation nationale, tout en facilitant l’acheminement de l’aide humanitaire « à ceux qui le méritent », a-t-il affirmé, avant de rappeler le soutien de Damas à toutes les initiatives portées par des « pays frères », à commencer par le processus d’Astana. À ses yeux, une « solution définitive à la crise » exige la cessation des actes d’agression israéliens répétés et systématiques; la fin de la présence étrangère illégale dans le nord-est et le nord-ouest, ainsi que celle des organisations terroristes affiliées et des milices séparatistes; et la levée immédiate et inconditionnelle des mesures de terrorisme économique imposées au peuple syrien. Il a aussi appelé à l’amélioration de la situation humanitaire sans discrimination; au respect des engagements pris par les bailleurs concernant le plan d’intervention humanitaire; et à l’accroissement des projets de relèvement rapide en quantité et en qualité.
M. AMIR SAEID IRAVANI (République islamique d’Iran) a fait valoir que la présence de forces étrangères dans le nord de la Syrie, sous le prétexte de combattre le terrorisme, ne doit pas être utilisée pour violer et saper la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays. Afin de favoriser la sortie de crise, toutes les forces étrangères non invitées doivent quitter la Syrie sans condition préalable, a-t-il argué, et les groupes terroristes doivent être combattus. À ses yeux, le Conseil doit contraindre Israël à mettre fin à ses actes d’agression contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie. Comme les autres membres du processus d’Astana, l’Iran appuie la Commission constitutionnelle, a rappelé le représentant, avant de demander la levée de l’obstacle procédural à ses travaux grâce à l’engagement constructif des parties. Dans ce contexte, il a réitéré son soutien à l’Envoyé spécial afin de résoudre efficacement les différends qui persistent.
Le représentant s’est ensuite félicité de l’adoption à l’unanimité de la résolution 2672 (2023), qui prolonge le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière pour six mois, tout en soulignant l’importance de répondre aux préoccupations légitimes de la Syrie à l’occasion du prochain renouvellement, en juillet. Dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution, le représentant a souhaité que l’accent soit mis sur les projets de relèvement rapide pour appuyer la reconstruction des infrastructures essentielles. Il a ensuite réitéré son appel à la levée des mesures coercitives unilatérales imposées à la Syrie, qui, a-t-il relevé, rendent plus difficile l’acheminement de l’aide humanitaire et retardent le retour des personnes déplacées.
M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Türkiye) a salué la prolongation par le Conseil de sécurité du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière. Il a espéré que les prochaines décisions à son sujet ne seront pas dictées par le besoin d’établir un mandat d’une durée particulière, mais plutôt par l’impératif des besoins sur le terrain, s’inquiétant notamment de la rudesse de l’hiver syrien. Le représentant a ensuite justifié la présence turque en Syrie par le besoin de garantir la sécurité des frontières et d’éliminer les organisations terroristes en Syrie, entre autres. Il s’est dit convaincu que le processus politique est essentiel pour mettre fin à la crise syrienne et a souhaité que la Commission constitutionnelle reprenne ses travaux. Le représentant a indiqué que l’organisation terroriste YPG/PKK (Unités de protection du peuple et Parti des travailleurs du Kurdistan), qui se trouve dans le nord-est de la Syrie, demeure une menace pour la Türkiye. Il a accusé ce groupe de discriminer les populations arabophones en leur imposant une culture qui n’est pas la leur.