9235e séance – matin
CS/15166

Conseil de sécurité: les délégations constatent une fois de plus l’absence de progrès dans le dossier de l’utilisation présumée d’armes chimiques en Syrie

Une fois de plus, « aucun progrès » n’a été réalisé dans le dossier relatif à l’utilisation présumée d’armes chimiques en République arabe syrienne, selon les participants à la séance mensuelle du Conseil de sécurité sur cette question, même s’ils ont exprimé leurs désaccords sur les responsabilités de cette impasse.

Tous les efforts déployés par le Secrétariat technique de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) afin d’organiser la prochaine série de consultations entre l’Équipe d’évaluation des déclarations et l’Autorité nationale syrienne se sont avérés infructueux, a ainsi déclaré le Directeur du Bureau des affaires de désarmement et Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement, M. Adedeji Ebo, venu présenter un rapport dont la Fédération de Russie a jugé qu’il s’agissait d’une « copie conforme » du précédent.

Le Secrétariat technique a fourni à la République arabe syrienne une liste des déclarations en suspens et d’autres documents demandés par l’Équipe d’évaluation depuis 2019, dans le but d’aider ce pays à régler les 20 questions en souffrance à l’heure actuelle.  Cependant, a-t-il regretté, la République arabe syrienne n’a toujours pas répondu.  M. Ebo a toutefois annoncé qu’une équipe restreinte sera dépêchée en Syrie pour y mener des activités limitées du 17 au 22 janvier 2023.

Cette situation « frustrante » incombe avant tout au « régime syrien », ont tranché plusieurs membres du Conseil, à l’instar de la France qui l’a accusé d’avoir fait échouer la réunion bilatérale prévue en novembre avec le Secrétariat technique de l’OIAC.  La faute à Damas, qui empêcherait la tenue de ces réunions depuis juin 2021, ont abondé les États-Unis.  Le Secrétariat technique de l’OIAC et le Gouvernement syrien devraient faire preuve de davantage de coordination pour que la réunion prévue de longue date entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre des affaires étrangères de la Syrie puisse avoir lieu, a tempéré la Chine.

Rejetant les allégations de la Fédération de Russie et la Syrie, selon lesquelles les experts de l’OIAC auraient outrepassé leur mandat, les États-Unis ont accusé ces deux pays de désinformation.  Damas a utilisé des armes chimiques, notamment du chlore et du gaz sarin à au moins huit reprises, a lancé de son côté le Royaume-Uni.  C’est l’occasion pour le « régime syrien » de commencer enfin à se conformer à ses obligations, a insisté le délégué, appuyé par le Japon.

Le dossier syrien suscite la « lassitude », tant il est dépourvu de toute valeur ajoutée, a de son côté observé le représentant russe.  Un sentiment auquel a fait écho la République islamique d’Iran, pour qui il s’agit d’un gaspillage des ressources précieuses de l’ONU et du temps dont dispose le Conseil.

Le représentant syrien a argué de son côté de la bonne volonté de son gouvernement, qui a délivré plus de 500 visas d’entrée aux fonctionnaires du Secrétariat technique de l’OIAC au cours des neuf dernières années.  Cependant, il a tenu à souligner le « caractère illégal » de la création de l’Équipe d’enquête et d’identification, qui relève d’une « manipulation des textes de la Convention », raison pour laquelle Damas ne reconnaîtra aucune de ses conclusions, a-t-il assuré.

Pour sa part, le Secrétariat technique de l’OIAC reste pleinement déterminé à aider la Syrie à s’acquitter des obligations déclaratives qui lui incombent en vertu de la Convention sur les armes chimiques, des décisions des organes directeurs de l’OIAC et de la résolution 2118 (2013) du Conseil de sécurité, a assuré le Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (S/2022/1016)

Déclarations

M. ADEDEJI EBO, Directeur du Bureau des affaires de désarmement et Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement, a commencé par déplorer que tous les efforts déployés par le Secrétariat technique de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) afin d’organiser la prochaine série de consultations entre l’Équipe d’évaluation des déclarations et l’Autorité nationale syrienne, n’aient pas été fructueux. 

Le Secrétariat technique a fourni à la République arabe syrienne une liste et d’autres documents demandés par l’Équipe d’évaluation depuis 2019, dans le but, a-t-il dit, d’aider ce pays à régler les 20 questions en suspens à l’heure actuelle.  Cependant, a-t-il regretté, la République arabe syrienne n’a toujours pas répondu.

Pour cette raison, le Secrétariat technique de l’OIAC a informé l’Autorité nationale syrienne de son intention de dépêcher une équipe restreinte pour mener des activités limitées au niveau national du 17 au 22 janvier 2023.  Une décision accueillie par ailleurs favorablement par la Syrie qui a demandé des informations supplémentaires afin de prendre les dispositions nécessaires. 

Comme cela a été souligné à maintes reprises auparavant, en raison des lacunes, des incohérences et des divergences identifiées qui ne sont toujours pas résolues, le Secrétariat technique continue d’estimer qu’à ce stade, la déclaration présentée par la République arabe syrienne ne peut être considérée comme exacte et complète conformément à la Convention sur les armes chimiques, a fait valoir le Haut-Représentant adjoint.

Pour sa part, a-t-il dit, le Secrétariat technique de l’OIAC reste pleinement déterminé à assurer la mise en œuvre complète par la République arabe syrienne de toutes ses obligations en matière de déclaration et à aider la Syrie à s’acquitter des obligations qui lui incombent en vertu de la Convention, des décisions des organes directeurs de l’OIAC et de la résolution 2118 (2013) du Conseil de sécurité. 

En ce qui concerne les inspections des installations de Barzé et de Jamraya du Centre d’études et de recherches scientifiques (CERS), le Secrétariat technique de l’OIAC continue de planifier la prochaine série d’inspections, qui aura lieu en 2023, a-t-il informé. 

Poursuivant, M. Ebo a fait part de son regret que la République arabe syrienne n’ait pas encore fourni d’informations ou d’explications techniques suffisantes pour permettre au Secrétariat technique de l’OIAC de clore la question liée à la détection d’un produit chimique du tableau 2 dans les installations de Barzé du CERS en novembre 2018.  Il n’a pas non plus reçu les informations demandées concernant le mouvement non autorisé des deux cylindres lié à l’incident à l’arme chimique qui a eu lieu à Douma le 7 avril 2018, qui ont été détruits lors d’une attaque contre une installation de production d’armes chimiques. 

C’est pourquoi il a appelé les autorités syriennes à répondre d’urgence à toutes les demandes du Secrétariat technique de l’OIAC.

Pour ce qui est de l’invitation adressée par le Directeur général de l’OIAC au Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la République arabe syrienne pour qu’il participe à une réunion en personne, il a noté que, alors que le Secrétariat technique de l’OIAC attend toujours une réponse à la dernière version de l’ordre du jour soumise en décembre 2021, Damas a proposé une réunion préliminaire à Beyrouth.  Comme les membres du Conseil en ont été précédemment informés, depuis lors, la communication entre les responsables chargés des préparatifs de la réunion entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre syrien a été relancée grâce au Secrétariat de l’OIAC, a précisé le haut fonctionnaire. 

S’agissant de l’accord tripartite conclu entre l’OIAC, le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS) et la République arabe syrienne, il a cru comprendre que, le 8 décembre 2022, toutes les parties ont accepté de le proroger pour une période de six mois, allant du 1er janvier au 30 juin 2023.  De même, la mission d’établissement des faits de l’OIAC continue d’étudier toutes les informations disponibles relatives aux allégations d’utilisation d’armes chimiques dans ce pays, rappelant que la mission a été déployée en République arabe syrienne du 6 au 12 novembre 2022 pour y mener des entretiens avec des témoins des incidents.

Parallèlement, l’Équipe d’enquête et d’identification poursuit également ses enquêtes sur les incidents pour lesquels la mission d’établissement des faits a déterminé que des armes chimiques ont été utilisées ou probablement utilisées en République arabe syrienne.  L’Équipe publiera d’autres rapports en temps voulu, a encore indiqué M. Ebo. 

Enfin, en ce qui concerne la décision intitulée « Lutte contre la détention et l’emploi d’armes chimiques par la République arabe syrienne » adoptée le 21 avril 2021, M. Ebo a été informé que, malheureusement, Damas n’a encore mis en œuvre aucune des mesures mentionnées dans le paragraphe 5 de la décision.  Le Secrétariat technique de l’OIAC continuera donc à dialoguer avec les autorités concernant la mise en œuvre de ces mesures et continuera à faire rapport au Conseil exécutif de l’OIAC comme prévu, a conclu le Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement.

M. XXXXX (Fédération de Russie) a déploré que le Conseil commence sa nouvelle année de travail avec le dossier syrien, qui suscite la « lassitude » tant il est dépourvu de toute valeur ajoutée.  Nous avons dit à plus d’une reprise qu’il ne sert à rien de discuter de ce sujet juste « pour marquer le coup » et complaire à un certain nombre d’États occidentaux, a tranché le délégué, en déplorant la « dévalorisation » du Conseil.  Il a accusé le Directeur général de l’OIAC, M. Fernando Arias, d’inventer des prétextes farfelus pour ne pas s’exprimer devant ce Conseil, le rapport à l’examen étant une copie conforme du précédent.  À cette aune, le délégué a estimé qu’il n’y avait aucun intérêt à entamer une discussion sur le fond.

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a jugé, au contraire de la Russie, « tragique », et non honteux, de démarrer l’année 2023 par un débat sur l’utilisation présumée d’armes chimiques par la Syrie.  Il s’est félicité que l’Équipe d’évaluation se rende dans le pays, car « beaucoup de questions demeurent sans réponse », notamment celles relatives à la détection, en 2018, d’une substance toxique dans le Centre syrien d’études et de recherches scientifiques, ainsi que la destruction de deux cylindres de chlore.  En outre, a-t-il souligné, le régime syrien doit fournir les documents demandés à plusieurs reprises par l’Équipe d’évaluation de l’OIAC depuis 2019.

Aux affirmations répétées de la Russie selon lesquelles le Directeur général de l’OIAC ne se serait pas entretenu avec le « régime » syrien, le représentant des États-Unis a rétorqué qu’au contraire, c’est ce régime qui empêche la tenue de ces réunions depuis juin 2021.  Il a aussi battu en brèche l’argument russe et syrien selon lequel l’équipe de l’OIAC aurait dépassé les limites de son mandat.  « C’est faux », a-t-il affirmé, accusant la Russie de mener une « campagne de désinformation ».  Au contraire, l’OIAC et l’ONU ont conclu que le régime syrien avait utilisé des armes chimiques à huit reprises, et que les « efforts inlassables » de l’Équipe d’évaluation avaient poussé le régime à changer de déclaration à 17 reprises.  Le délégué a une fois de plus appelé Damas à cesser d’empêcher les équipes de l’OIAC d’effectuer leur travail.

S’exprimant au nom du groupe des trois pays africains membres du Conseil de sécurité, les A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a noté avec regret l’absence de développement significatif sur le dossier des armes chimiques syriennes que le Conseil examine sur une base mensuelle.  Il a encouragé la République arabe syrienne à renforcer sa coopération avec le Secrétariat technique de l’OIAC, conformément à la résolution 2118 (2013) et à la Convention sur les armes chimiques.  Dans cet esprit, le représentant a réitéré l’appel des A3 en faveur d’un engagement constructif entre le Secrétariat technique de l’OIAC et les autorités nationales syriennes afin de régler d’urgence toutes les questions en suspens qui entravent des progrès significatifs dans la mise en œuvre intégrale de la résolution 2118 (2013).

M. FABIO CUNHA PINTO COELHO (Brésil) a regretté que, comme les mois précédents, peu de choses aient changé dans la situation sur le terrain ou dans les relations entre la République arabe syrienne et l’OIAC.  À ses yeux, la tenue de réunions mensuelles sur le dossier des armes chimiques syriennes lorsqu’il y a « peu ou pas d’évolution pertinente » n’est efficace ni en termes de temps ni en ressources.  Saluant les efforts déployés pour organiser une réunion entre les représentants de l’OIAC et les autorités syriennes à Beyrouth en novembre dernier, le représentant a toutefois regretté que cette rencontre n’ait pu avoir lieu.  Face à l’impossibilité de mener des cycles complets de consultations, il a exprimé son soutien aux efforts visant à permettre l’envoi d’une équipe réduite afin de mener des consultations limitées dans le courant du mois.  Le représentant s’est également félicité de la prolongation de l’accord tripartite entre le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS), l’OIAC et la République arabe syrienne. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a déploré le manque de progrès sur ce dossier, avant d’exprimer l’attachement de son pays à l’universalisation de la Convention sur les armes chimiques.  Elle a exhorté la Syrie à coopérer avec l’OIAC et à s’acquitter des obligations découlant de la convention précitée.  Les déclarations de la Syrie demeurent inexactes et incomplètes, a tranché la déléguée, en appuyant pleinement l’OIAC et son Secrétariat technique.  Elle a en outre apporté son soutien au travail de la mission d’établissement des faits.  En conclusion, la déléguée de Malte a exhorté la Syrie à coopérer avec l’OIAC et à apporter les garanties demandées sur son programme d’armes chimiques. 

M. ARIAN SPASSE (Albanie) a jugé inacceptable le manque persistant de coopération de la Syrie avec l’OIAC, constatant que les déclarations de Damas ne sont ni exactes ni complètes.  Il a également regretté que la Syrie refuse de délivrer le visa d’un membre de l’Équipe d’évaluation des déclarations malgré la résolution 2118 (2013), qui l’y oblige.  Le représentant a cependant espéré que la visite éventuelle d’une équipe réduite apportera un changement à cet égard.  Il a d’autre part condamné le refus par la Syrie de répondre à la liste de 20 questions de l’Équipe d’évaluation des déclarations, ce qui, selon lui, crée une incertitude quant à l’élimination du programme d’armes chimiques syrien.  Réitérant son soutien total au travail « objectif, impartial et professionnel » des équipes de l’OIAC, le délégué a salué la décision, adoptée lors de la vingt-cinquième Conférence des États parties à la Convention sur les armes chimiques, de suspendre les droits de vote et les privilèges de la Syrie en raison de ses entraves répétées à la Convention.

Mme GHASAQ YOUSIF ABDALLA SHAHEEN (Émirats arabes unis) a constaté que le dossier chimique syrien reste aujourd’hui l’un des dossiers « les plus politisés de ce Conseil ».  Elle a réitéré la position ferme de son pays, qui rejette et condamne l’utilisation des armes chimiques en toutes circonstances.  Pour faire des progrès tangibles dans ce dossier, il importe d’engager un dialogue constructif, a-t-elle prôné, soulignant l’importance de la communication et du dialogue entre l’OIAC et les autorités syriennes.  La représentante a également enjoint les parties à travailler dans un esprit fondé sur les principes qui ont présidé à l’établissement de l’OIAC, à savoir une approche consensuelle et la non-politisation des questions.  Dans ce contexte, elle a salué l’accord permettant d’envoyer une équipe réduite pour mener des activités en Syrie ce mois-ci et a appelé de ses vœux des consultations bilatérales dès que possible.

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a regretté l’absence de progrès sur le dossier des armes chimiques en Syrie, malgré les efforts déployés par l’Équipe d’évaluation des déclarations pour clarifier toutes les questions en suspens.  À cet égard, il a espéré que cette équipe sera autorisée à reprendre ses travaux.  Il est inacceptable que, neuf ans après l’adhésion de la Syrie à la Convention sur les armes chimiques, sa déclaration nationale ne puisse toujours pas être considérée comme exacte et complète, a estimé le délégué.  C’est pourquoi il a appelé les autorités syriennes à rester engagées en faveur de la pleine mise en œuvre de leurs obligations au titre de la Convention sur les armes chimiques et des résolutions respectives du Conseil de sécurité, notamment la résolution 2118 (2013), et à coopérer pleinement et de bonne foi avec l’OIAC et ses équipes.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a exprimé l’attachement de son pays au respect du droit international, notamment de la Convention sur les armes chimiques.  Elle a exhorté la Syrie à respecter ses obligations en tant qu’État partie à la Convention.  « Parmi ces obligations, la Syrie doit fournir une coopération pleine et entière à l’OIAC. »  Les activités de surveillance de cette organisation jouent un rôle clef dans la réalisation de l’objectif commun des États, qui est d’exclure complètement la possibilité de l’emploi des armes chimiques, a déclaré la déléguée, en apportant son entière confiance à l’OIAC.  « Depuis près de 10 ans, les séances régulières de ce Conseil ont servi à rappeler un enjeu central: prévenir la mise au point, la fabrication, le stockage, l’emploi et le transfert de telles armes et assurer leur destruction », a-t-elle rappelé.  Enfin, elle a indiqué que la Suisse continuera à s’engager avec la plus grande fermeté contre l’emploi et la prolifération d’armes chimiques.

M. SUN ZHIQIANG (Chine) a réitéré son opposition à l’emploi d’armes chimiques en toutes circonstances, avant de prôner le dialogue pour régler la question à l’ordre du jour.  Évoquant le projet de réunion entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre des affaires étrangères de la Syrie, le représentant a ainsi estimé que le Secrétariat technique de l’OIAC et le Gouvernement syrien devraient faire preuve de davantage de coordination afin que cette rencontre puisse avoir lieu.  Le délégué a aussi souhaité que les informations fournies par le Gouvernement syrien sur les organisations terroristes utilisant des armes chimiques soient prises en compte par le Secrétariat technique de l’OIAC.  Enfin, il a estimé à son tour que la fréquence des réunions sur le dossier des armes chimiques syriennes devrait être revue à la baisse afin de rendre le travail du Conseil de sécurité plus efficace.  RAS

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a estimé que l’absence de progrès est frustrante, mais la responsabilité en incombe au régime syrien.  C’est le « régime » syrien qui refuse obstinément de coopérer, avec une mauvaise foi évidente, a-t-il argué.  C’est lui qui a choisi de faire échouer la réunion bilatérale prévue en novembre avec le Secrétariat technique en posant des conditions financières qu’il savait impossibles à respecter, a-t-il ajouté.  De son côté, le Secrétariat déploie des efforts inlassables pour mettre en œuvre son mandat, a constaté le représentant.  Il a appelé la Syrie à faciliter le déploiement de l’équipe réduite de l’OIAC et à coopérer enfin.  Selon le délégué, il est temps que la Syrie se mette en conformité avec ses obligations internationales, seul moyen pour elle de rétablir ses droits et privilèges.  Il ne doit y avoir aucune impunité pour les auteurs d’attaques chimiques, a-t-il insisté en conclusion. 

M. FERGUS JOHN ECKERSLEY (Royaume-Uni) a rappelé qu’en 2013, à la suite de multiples attaques aux armes chimiques menées par la Syrie, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité la résolution 2118 (2013).  Depuis lors, a-t-il ajouté, il est apparu clairement que la Syrie a conservé une capacité d’armements chimiques, en violation de la résolution 2118 (2013) et de la Convention sur les armes chimiques.  Pour preuve, de nouvelles attaques de ce type ont eu lieu, a fait valoir le représentant, accusant le « régime syrien » d’avoir utilisé des armes chimiques, notamment du chlore et du gaz sarin, à au moins huit reprises.  La Syrie a, dès lors, fait tout son possible pour détourner et nier les efforts légitimes de l’OIAC visant à obtenir des réponses aux nombreuses lacunes et omissions graves de la déclaration de Damas sur les armes chimiques, a-t-il déploré. 

Pire encore, s’est indigné le délégué, la Syrie continue d’afficher son mépris pour les obligations qui lui incombent en vertu de la Convention sur les armes chimiques et de la résolution 2118 (2013).  Jugeant toutefois qu’il n’est pas trop tard pour renverser la situation, il a salué, dans ce contexte, l’initiative du Secrétariat technique de l’OIAC d’envoyer une équipe réduite en Syrie en janvier.  C’est l’occasion pour le « régime syrien » de commencer enfin à se conformer à ses obligations car cette situation relève de sa responsabilité, a-t-il conclu. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a loué le professionnalisme et l’impartialité du travail abattu par l’OIAC.  Il a déploré le manque de progrès sur ce dossier, la déclaration de la Syrie demeurant incomplète.  Il a exhorté la Syrie à remédier aux questions en suspens s’agissant de cette déclaration et à s’acquitter de ses obligations en vertu de la Convention sur les armes chimiques.  Le délégué a aussi exhorté ce pays à coopérer de bonne foi avec l’OIAC et à lui fournir les éléments demandés.  Le Japon s’est dit convaincu que le Conseil doit demeurer saisi de ce dossier, a conclu le délégué.

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a d’abord mis en garde contre le gaspillage de temps et de ressources du Conseil de sécurité, réaffirmant que la Syrie avait condamné à plusieurs reprises l’usage d’armes chimiques en toute circonstance, et qu’elle n’en avait d’ailleurs jamais utilisé.

Selon le délégué, la première occurrence de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie s’est produite le 19 mars 2013, lorsque des groupes terroristes ont lancé une bombe dans la région d’Alep, tuant 25 personnes, la plupart des soldats de l’armée syrienne.  Le représentant a jugé regrettable qu’en dépit d’une demande officielle de la Syrie d’envoyer une équipe indépendante pour enquêter sur cet indicent, rien n’ait été fait en ce sens à ce jour.  La Syrie, qui a adhéré volontairement à la Convention sur les armes chimiques et détruit tous ses stocks en 2014 dans des conditions difficiles, a coopéré pleinement avec l’OIAC, s’engageant à mettre en œuvre la Convention avant même son entrée en vigueur.

Au cours des neuf dernières années, plus de 500 visas d’entrée ont été octroyés par la Syrie aux fonctionnaires du Secrétariat technique de l’OIAC.  En outre, la Syrie, qui a salué l’organisation de négociations de haut niveau entre le Ministre des affaires étrangères syrien et le Directeur général de l’OIAC, attend la tenue de ces négociations le plus rapidement possible.  Le délégué a cependant souligné le « caractère illégal » de la création de l’Équipe d’enquête et d’identification, étant donné que la Convention n’a pas confié au Secrétariat technique un mandat l’autorisant à déterminer les responsabilités en cas d’utilisation d’armes chimiques.  Il s’agit là, selon lui, d’une « manipulation des textes de la Convention », et la Syrie ne reconnaîtra donc aucune conclusion formulée par cette équipe.

Concernant sa coopération avec l’OIAC, la Syrie a tout fait pour faciliter la visite de l’équipe de la mission d’établissement des faits en novembre 2022, et renouvelé son appel pour que l’équipe demeure impartiale dans son travail, s’agissant notamment de prélèvement d’échantillons, d’entretien avec les témoins, et du fait de ne pas s’appuyer sur des « sources ouvertes ».  Le délégué a par ailleurs salué la demande du Secrétariat technique d’effectuer une visite en Syrie d’une équipe réduite pour effectuer des activités limitées.  Tout ceci montre, selon le délégué syrien, l’engagement de son pays pour coopérer avec l’Équipe d’évaluation et son désir de la voir mener à bien son travail.

Appelant le Secrétariat technique à faire preuve de professionnalisme et de neutralité, le représentant a demandé aux États Membres de traiter le dossier de manière technique, sans politiser le débat.  La bonne foi de la Syrie n’est plus à démontrer, contrairement à l’attitude de « certains pays occidentaux », a-t-il estimé en conclusion.

Mme CEREN HANDE ÖZGÜR (Türkiye) a formé le vœu qu’au cours de la prochaine réunion du Conseil de sécurité sur ce dossier, les membres de l’organe soient informés de la mission d’enquête de l’équipe réduite de l’OIAC qui doit prochainement se rendre en Syrie.  La représentante a également appelé à lutter contre l’impunité liée à l’utilisation d’armes chimiques.  Selon elle, la question des armes chimiques reste de première importance et mérite de continuer de figurer au programme de travail mensuel du Conseil.

M. AMIR SAEID JALIL IRAVANI (République islamique d’Iran) a, lui aussi, constaté l’absence de développement depuis la dernière séance du Conseil sur ce dossier.  Les réunions mensuelles du Conseil sur cette question représentent de toute évidence un gaspillage des ressources de l’ONU et du temps des membres du Conseil, a tranché le délégué.  Il a soutenu le règlement des questions en suspens par le biais d’une coopération équilibrée.  Le travail de l’OAIC doit être impartial et professionnel, a-t-il ajouté, en appelant à ne pas politiser la Convention sur les armes chimiques sous peine de la fragiliser.  Enfin, le délégué iranien a salué la volonté de dialogue de la Syrie et jugé légitimes les préoccupations de cette dernière.  

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