Quatrième Commission: la quête de solutions politiques doit rester centrale dans les efforts de maintien de la paix de l’ONU, affirment les délégations
Cet après-midi, lors du débat général sur le maintien de la paix qui se poursuivait à la Quatrième Commission, les délégations ont été nombreuses à considérer comme primordiale la recherche de solutions politiques aux conflits, notamment pour éviter leur prolongation et leur régionalisation.
Si la Suisse a argué que l’élaboration d’une solution politique doit être principalement prise en charge par le pays hôte, et les opérations de paix aider à créer un environnement propice à cette fin, l’Autriche a pointé que ces efforts ne seront efficaces qu’avec une coopération étroite. Abondant en ce sens, la Norvège a affirmé qu’une paix durable ne peut être obtenue ni maintenue par le seul engagement militaire, avant de rappeler aux membres du Conseil de sécurité leur responsabilité de veiller à ce que les processus politiques continuent de primer dans les mandats des missions de paix, qui doivent être réalisables.
S’accordant à dire qu’une opération de paix ne peut se substituer à un règlement politique, inclusif, acceptable par toutes les parties concernées, les États Membres ont fait valoir que son rôle est de contribuer à créer les conditions propices à une telle issue.
Mais force est de constater que les missions de paix onusiennes sont confrontées à de nouveaux obstacles, imposés par certaines parties, comme les restrictions de la liberté de mouvement, la désinformation, les violations de l’accord sur le statut des forces, ou encore les attaques contre le personnel onusien, ont fait observer les délégations. Des pratiques qui non seulement entravent le bon accomplissement du mandat des missions, mais mettent en péril la sécurité des Casques bleus, a signalé la Suisse, en insistant sur l’importance du soutien politique de l’État hôte aux missions onusiennes.
Pour y faire face et garantir à la fois le succès opérationnel et la sûreté et la sécurité des soldats de la paix, le Portugal a appelé à doter les missions des moyens nécessaires, y compris de nouvelles technologies, mais également à collectivement soutenir le programme d’action pour le maintien de la paix, et les recommandations formulées par le Secrétaire général dans son Nouvel Agenda pour la paix.
Mettant en exergue la question des relations de plus en plus tendues entre certaines missions et leurs pays hôtes, la Norvège a, elle aussi, partagé l’analyse du Secrétaire général dans son Nouvel Agenda pour la paix , qui préconise aux États Membres de réfléchir aux limites et à l’avenir du maintien de la paix à la lumière de l’évolution de la nature des conflits, afin de mettre en place des configurations plus souples, adaptables et efficaces, tout en élaborant des stratégies de transition et de sortie.
Comme par le passé, les délégations ont été nombreuses à faire valoir que le succès de opérations de paix est aussi largement tributaire de mandats clairs, ciblés, séquencés, hiérarchisés et réalisables, dont la formulation doit se fonder sur une évaluation des besoins et des capacités de chacune. Or cela devient de plus en plus compliqué lorsque les tensions géopolitiques et la concurrence entre les membres permanents du Conseil de sécurité empêchent la prorogation sans heurts de ces mandats, s’est inquiétée la Pologne, en appelant le Conseil à tout mettre en œuvre pour permettre aux opérations de paix d’accomplir leurs tâches sans incertitudes inutiles quant à leur avenir.
La Conférence ministérielle de l’ONU sur le maintien de la paix, qui se tiendra, à Accra, au Ghana, les 5 et 6 décembre prochain, sera l’occasion d’aborder tous ces points et d’y apporter des réponses, ont relevé l’Algérie, l’Uruguay et la Côte d’Ivoire, entre autres.
La Commission poursuivra son débat général sur ce point à son ordre du jour demain, mercredi 1er novembre, à partir de 15 heures.
ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS
Déclarations
M. YASSINE SALAH (Tunisie) s’est félicité des efforts déployés par les Casques bleus pour atténuer les tensions et mettre fin aux conflits. Depuis 1960, la Tunisie a participé à 25 opérations de maintien de la paix, et est présente actuellement dans cinq missions. Le représentant a souhaité renforcer la participation des femmes à ces opérations afin de refléter leur rôle de premier plan dans tous les domaines, en particulier la paix et la sécurité. Il s’est félicité des efforts réalisés par l’ONU en matière de maintien de la paix, en ajoutant que ces opérations doivent être régies par les principes contenus dans la Charte des Nations Unies. Le délégué a considéré à cet égard que les missions doivent être établies sur la base de mandats clairs et précis, tout en renforçant la coordination à tous les niveaux afin qu’elles puissent aider les pays à jeter les bases de la paix. Nous devons également rejeter toute ingérence afin d’assurer la sécurité des soldats de la paix face aux menaces auxquelles ils sont confrontés. Enfin, le représentant a préconisé le renforcement de la collaboration entre l’ONU et l’Union africaine (UA), au moyen notamment de ressources adéquates permettant de prévenir les conflits.
M. MUHAMMAD ABDUL MUHITH (Bangladesh) a rappelé la contribution de son pays au maintien de la paix de l’ONU depuis 1968. Plus de 7 000 de ses Casques bleus sont actuellement déployés, a-t-il rappelé, alors que son pays a perdu 167 soldats de la paix au fil des ans. Soulignant les défis multiples auxquels se heurtent les missions, allant des engins explosifs improvisés à la désinformation, en passant par le non-respect des accords sur le statut des forces, le représentant a insisté sur le consentement des parties et la confiance entre les missions et les pays hôtes comme facteurs essentiels au succès des missions. Il a également demandé des ressources à la hauteur des mandats des missions, et des moyens pour garantir la sécurité et la santé des soldats de la paix. Le recours au numérique dans ce contexte est important pour mieux lutter contre les menaces, a-t-il reconnu, à condition que ces technologies soient utilisées de manière responsable en collaboration avec le pays hôte. Il a appelé à mettre l’accent sur les activités de développement des communautés des pays d’accueil pour gagner leur confiance et lutter ainsi contre la potentielle désinformation. Le représentant a ensuite insisté sur l’importance de la formation prédéploiement et tout au long des missions. Face à l’intensification des attaques visant les Casques bleus, il a demandé des mesures et des moyens pour y répondre plus efficacement et traduire les responsables en justice.
M. JUAN ANTONIO BENARD ESTRADA (Guatemala) a condamné les meurtres et autres actes de violence commis contre le personnel des opérations de maintien de la paix de l’ONU. La responsabilité première de la sécurité du personnel déployé et des biens des Nations Unies incombe à l’État hôte, a-t-il rappelé, en soulignant l’importance de traduire en justice les auteurs de telles attaques. De même, il a exprimé sa préoccupation face aux violations constantes des accords sur le statut des forces dans les différentes missions de paix, entravant les mouvements des Casques bleus et leur capacité de s’acquitter de leur mandat. En ce qui concerne l’échec de la transition de certaines missions, notamment la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), le représentant a noté avec préoccupation que, dans certains cas, le Conseil de sécurité n’a pas adopté des mandats réalistes permettant de s’attaquer aux causes profondes des conflits. Selon le délégué, la Commission de consolidation de la paix devrait continuer à jouer son rôle consultatif auprès du Conseil de sécurité et des autres organes de l’ONU afin de promouvoir une approche intégrée et stratégique de la consolidation et du maintien de la paix, en particulier dans les situations de transition.
Pour M. MATEUSZ SAKOWICZ (Pologne), les opérations de paix des Nations Unies restent l’un des outils essentiels des efforts collectifs pour régler les conflits et protéger les civils. Pourtant, s’est-il inquiété, nous voyons que de plus en plus souvent les tensions géopolitiques et la concurrence entre membres permanents du Conseil de sécurité empêchent la prorogation sans heurts des mandats de ces missions. Il a donc appelé à tout mettre en œuvre pour permettre aux opérations de paix d’accomplir leurs tâches sans incertitudes inutiles quant à leur avenir. Sur la base de la participation de la Pologne, notamment à la FINUL, le délégué a argué que l’évolution rapide de l’environnement sécuritaire crée de nouveaux défis pour le maintien de la paix, et qu’il vaut donc mieux adapter les mandats et les stratégies d’engagement des forces de maintien de la paix et renforcer leur efficacité. Il faut aussi mettre l’accent sur la sûreté et la sécurité des soldats de la paix et des civils et s’attaquer au problème des menaces hybrides, telles que les attaques de désinformation contre les opérations de paix. Fort de ce constat, il a soutenu les réformes du maintien de la paix de l’ONU proposées par le Secrétaire général, ainsi que l’initiative Action pour le maintien de la paix et à sa prochaine phase A4P+ et les recommandations du « Nouvel Agenda pour la paix ». Le représentant a appelé à faire fond sur les progrès réalisés en ce qui concerne une approche plus holistique de la prévention des conflits, du maintien et de la consolidation de la paix, tout en soulignant que le retrait ou la réduction d’une opération de paix ou d’une mission politique spéciale constitue un défi important en termes de « continuum de la paix », tant pour les pays hôtes que pour l’ONU.
M. AMARA SHEIKH MOHAMMED SOWA (Sierra Leone) a expliqué que, sur la base des leçons tirées de sa propre expérience du rôle des opérations de maintien de la paix dans la prévention des conflits, le maintien de la paix et de la sécurité, la gestion des crises et la stabilisation postconflit, la Sierra Leone est fermement convaincue que ces opérations doivent constamment être revues de manière holistique afin d’intégrer un large éventail de questions opérationnelles, financières et humanitaires. Aujourd’hui, la Sierra Leone est un pays contributeur de police (PCC), d’observateurs militaires et d’officiers d’état-major pour les missions de maintien de la paix, a-t-il rappelé. Convaincu du rôle que jouent les femmes dans le maintien de la paix, il a soutenu les objectifs énoncés dans la stratégie de parité entre les hommes et les femmes en uniforme 2018-2028 et a annoncé avec fierté que la Sierra Leone a été mise en avant comme l’un des pays ayant atteint l’objectif de 30% d’équité entre les sexes à la fois pour les experts militaires des Nations Unies en mission et les officiers d’état-major. Dans un contexte marqué par l’augmentation de l’insécurité et des tensions géopolitiques, le délégué a réaffirmé que les opérations de paix doivent être dotées d’un mandat clairement défini et de ressources adéquates fondées sur une évaluation réaliste de la situation, afin de leur permettre de s’adapter à l’évolution des circonstances et aux nouveaux développements politiques.
Mme ISATOU BADJIE (Gambie) a réaffirmé l’importance des opérations de paix face aux défis et conflits qui exigent des réponses multilatérales. Il n’y a pas de meilleure alternative à ces opérations dans les pays où elles sont déployées, a-t-elle fait valoir, avant de souligner la contribution de la Gambie à ces missions. Attachée à l’initiative Action pour le maintien de la paix, elle a reconnu la nécessité de l’adaptation aux nouveaux défis en demandant au Secrétariat de faciliter une plus grande coopération entre les pays fournisseurs de contingents et le Conseil de sécurité. Elle a espéré que le modèle de codéploiement expérimenté par le Bangladesh et la Gambie pourra répondre à l’exigence de flexibilité et d’adaptation de ces missions. Le Conseil de sécurité doit faire en sorte que les mandats des missions soient réalistes et réalisables et répondent aux attentes des pays hôtes, a poursuivi la représentante. Avant de conclure, elle a évoqué les efforts de la Gambie pour augmenter la participation des femmes aux opérations de paix et leur assurer une formation adéquate.
M. LUIS FELIPE LLOSA (Pérou) a souligné que la participation de son pays aux opérations de maintien de la paix repose sur une politique permanente de l’État dans laquelle les forces politiques du pays donnent la priorité à la stabilité politique. Il a reconnu le rôle important que les femmes ont joué en facilitant la coordination avec les communautés touchées par la violence dans son pays et en développant des liens étroits avec la population civile. À cet égard, il a déclaré que son gouvernement soutient pleinement les actions développées par le Département des opérations de paix (DPO), conformément à l’initiative Action pour le maintien de la paix et à l’agenda Femmes, paix et sécurité, pour la mise en œuvre de la « stratégie sur la parité des genres applicable au personnel en tenue pour la période 2018-2028 ». Il a souligné que son pays a atteint 18% de participation globale du personnel féminin dans les opérations de paix, avec 44% d’expertes en mission et 13,18% de participation aux contingents militaires.
Le délégué a jugé essentiel d’adopter des mesures visant à accroître l’efficacité des missions, ainsi qu’à renforcer les conditions de sécurité du personnel, y compris l’utilisation de technologies avancées, la fourniture de systèmes modernes d’alerte et de soutien médical, l’élaboration de plans stratégiques de déploiement et d’évacuation des contingents. La formation du personnel chargé d’éliminer les engins explosifs improvisés est essentielle, compte tenu de l’augmentation significative de leur recours par les groupes armés, en particulier au Sahel. En outre, le représentant a souligné que son pays dispose d’un contingent de militaires spécialisés dans la neutralisation des explosifs au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).
M. KIM IN CHOL (République populaire démocratique de Corée (RPDC) a déploré la persistance des conflits dans certaines régions du monde du fait des visées hégémoniques de « forces dominantes » qui incitent à la confrontation et aux guerres. Selon lui, les opérations de maintien de la paix devraient se fonder sur les principes de non-ingérence et de respect de la souveraineté des États contenus dans la Charte des Nations Unies. Au Conseil de sécurité, les questions liées aux opérations de maintien de la paix ne font pas l’objet de consultations avec les partis concernées, mais s’appuient au contraire sur les « objectifs pernicieux de certaines forces » qui ne permettent en aucun cas la paix et la sécurité. Il a cité l’exemple de l’occupation de l’Afghanistan, au nom de la lutte contre le terrorisme, qui a mené à la perte de milliers de vies innocentes. Pour que les opérations de maintien de la paix contribuent à la fin des conflits, le représentant a estimé que le rôle de l’Assemblée générale et du Comité spécial des opérations de maintien de la paix doit être raffermi. Le système de l’ONU « illégal » imposé par les États-Unis dans la péninsule coréenne n’a selon lui rien à voir avec l’Organisation. Il a donc demandé que le commandement américain en République de Corée, qui utilise à mauvais escient le nom de l’ONU, soit démantelé.
M. SARA NDIAYE (Sénégal) a noté avec inquiétude l’augmentation exponentielle des attaques directes qui visent les Casques bleus, avant de saluer les mesures d’atténuation de ces menaces déjà prises. Elles doivent toutefois être renforcées, y compris par la mise en œuvre de l’examen stratégique indépendant des réponses des opérations de maintien de la paix de l’ONU à la menace des engins explosifs improvisés, demandé par le Conseil de sécurité. Attaché à l’établissement des responsabilités pour tous les crimes commis à l’égard du personnel de l’ONU, le Sénégal est également en phase avec la politique de tolérance zéro en matière d’exploitation et d’atteintes sexuelles commises par le personnel onusien, a-t-il assuré. Le délégué a insisté sur l’impératif du respect et de la promotion du multilinguisme dans les opérations de paix pour leur réussite en veillant au principe d’équilibre entre les langues maîtrisées dans la publication des documents et dans le choix des différents acteurs appelés à servir sur le terrain et au siège. Notant que dans bien des zones, particulièrement en Afrique, les opérations de paix se déploient dans des pays francophones où il n’y a plus de paix à maintenir, plus d’État à appuyer, il a remarqué que dans ces cas, les missions onusiennes doivent contribuer au rétablissement de l’autorité de l’État, de la sécurité, de la réconciliation, de la fourniture de services sociaux de base, des réformes politiques et institutionnelles et des échéances référendaires et électorales. En intégrant davantage ces questions qui, jusqu’ici, ne relevaient pas des prérogatives des missions onusiennes, se pose avec acuité la question de l’adaptation des mandats et des ressources, a‑t‑il souligné. Notant que malgré la nature de plus en plus multidimensionnelle de ces missions, les ressources sont en constante diminution, il a plaidé pour un alignement des ressources sur les mandats et non l’inverse, et pour qu’on définisse des mandats réalistes et réalisables, qui tiennent compte des environnements opérationnels. La performance et la crédibilité de ces missions sont largement tributaires de cette condition, a‑t‑il ajouté.
M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a rappelé que plus de 60 000 Autrichiens ont servi dans les opérations de maintien de la paix et que son pays fournit des troupes à 6 des 12 missions actuellement déployées. Il a estimé que la désinformation, les changements climatiques et le terrorisme, et la criminalité transnationale organisée constituent des obstacles de plus en plus fréquents ainsi que le manque de coopération de certains pays hôtes. Ce dont l’ONU a besoin à ce stade, a‑t‑il indiqué, c’est un champ de possibles pour les missions et opérations de maintien de la paix, qu’il s’agisse d’opérations de grande envergure ou de missions de soutien stratégique. Pour y parvenir, le renforcement des partenariats est un élément clef, a‑t‑il estimé, ce qui ne signifie pas moins de maintien de la paix. À cet égard, le délégué a appelé à un financement durable des opérations de soutien à la paix menées en Afrique. Par ailleurs, il a estimé que les opérations de maintien de la paix doivent prendre en compte l’interconnexion des changements climatiques et de la sécurité. À cet égard, il a préconisé le renforcement de la capacité de l’ONU à traiter les questions de climat et de sécurité. Afin de soutenir davantage ce travail important, l’Autriche a décidé de contribuer financièrement au Comité directeur conjoint du mécanisme et d’en devenir membre, a‑t‑il annoncé en conclusion.
Devant la complexité des conflits et des conditions politiques et sécuritaires, M. MOHAMED (Soudan) a préconisé le renforcement de la coordination entre les pays fournisseurs de contingents et de police, l’ONU et les gouvernements hôtes. Il s’est félicité des politiques et stratégies reflétant les principes du multilatéralisme, notamment le Comité spécial de la décolonisation, tout en soulignant la nécessité de l’approbation du pays hôte afin d’éviter toute ingérence dans les affaires intérieures. Il faut également établir une distinction entre l’impartialité et la complicité avec les milices, a-t-il noté, en s’abstenant de violer le droit international et le droit international humanitaire. En outre, l’examen continuel des missions et de leur mandat est essentiel pour éviter les erreurs ou, le cas échéant, y remédier. Selon le délégué, les mandats de paix doivent donc être réalistes, adaptés au théâtre de déploiement et tenir compte des aspirations de la communauté d’accueil, faute de quoi leur crédibilité s’en trouve entachée. S’agissant de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), le Soudan s’est engagé à travailler avec la mission pour lui permettre de réaliser son mandat en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.
M. KAUSHAL KISHOR RAY (Népal) a noté qu’au fil des ans, le maintien de la paix de l’ONU s’est transformé, passant de la « surveillance du cessez-le-feu » à des « opérations multidimensionnelles et polyvalentes », avec des mandats nouveaux et complexes. Il comprend désormais la prévention des conflits, la protection des civils, l’instauration de l’état de droit, la protection des droits humains et la recherche de solutions politiques pour maintenir la paix, la stabilité et le développement. Outre la complexité croissante de leurs tâches, les opérations de paix d’aujourd’hui sont également confrontées à des défis sans précédent, allant d’environnements sécuritaires fluides à la désinformation, en passant par les attaques ciblées contre les soldats de la paix et le manque de coopération du pays hôte dans certains cas. En outre, les missions sont restées sous-financées et dépourvues de ressources suffisantes, a regretté le représentant. Le Népal étant deuxième pays fournisseur de troupes et de forces de police, les soldats de la paix népalais participent à 12 missions de maintien de la paix avec 6 300 personnes déployées et, par conséquent, le représentant a fait part de la préoccupation croissante de son pays face à une situation aussi instable qui porte directement atteinte à la sûreté et à la sécurité des soldats de la paix.
Le représentant a plaidé pour l’intégration des stratégies de consolidation de la paix et de prévention dans le maintien de la paix à travers une approche holistique et intégrée afin de compléter le processus politique mené au niveau national, en facilitant le traitement des causes profondes des conflits. Il a également mis l’accent sur l’impératif de mandats spécifiques au contexte, séquencés, pragmatiques et réalisables. Un dialogue soutenu, ciblé et significatif entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents, le Secrétariat, le pays hôte et toutes les autres parties prenantes est une condition préalable à la formulation, au renouvellement et à la mise en œuvre des mandats, a-t-il également fait valoir. Exigeant la prévisibilité des ressources par le biais d’une contribution financière opportune des États Membres, le représentant a également demandé que le Secrétariat règle tous les remboursements en suspens aux pays fournisseurs de contingents afin de renforcer les capacités opérationnelles des missions de maintien de la paix.
Pour M. JOAQUIM JOSÉ COSTA CHAVES (Timor-Leste), les opérations de paix des Nations Unies doivent contribuer à mettre fin aux conflits et promouvoir une paix juste et durable dans les sociétés sortant d’une guerre en renforçant les capacités nationales de gestion des conflits et en jetant les bases d’une paix et d’un développement durables afin d’aider les pays et les régions à passer pleinement de la guerre à la paix. L’évolution des menaces sécuritaires rendant plus complexe le rôle des Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité, toutes les opérations de paix doivent être dotées de capacités leur permettant de rapidement s’adapter aux différents défis sur le terrain, a‑t‑il souligné, accomplir les tâches multifonctionnelles de consolidation de la paix et exécuter leurs mandats de manière efficace. À cette fin, le représentant a estimé que ces opérations doivent bénéficier d’une planification, d’une gestion et d’un soutien financier adéquats, de suffisamment de temps et de ressources, y compris un soutien technologique, et de toutes les installations indispensables pour garantir la santé, le bien-être et la sécurité de tous les soldats de la paix.
Les opérations de paix doivent aider les pays à se réconcilier et à construire des sociétés résilientes et inclusives, contribuer à la réforme du secteur de la sécurité, et soutenir des processus politiques inclusifs et une culture politique démocratique, a-t-il fait valoir, mais elles doivent également promouvoir la cohésion sociale, la bonne gouvernance et l’état de droit, l’assistance électorale, et l’égalité des sexes. Lors de retraits de missions ou de transitions, elles doivent apporter un soutien suffisant au renforcement des capacités des forces des pays hôtes afin de prévenir le retour de la violence notamment par le contrôle des armes, ce qui déterminera la résilience des accords de paix, a préconisé le représentant. En outre, une conduite adéquate respectant les lois, coutumes et pratiques locales est essentielle, a‑t‑il souligné.
M. TIÉMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) s’est félicité du consensus réalisé en vue de l’adoption du rapport annuel du Comité spécial des opérations de maintien de la paix lors de sa session de fond 2023, qui traduit l’engagement des parties prenantes à assurer le succès des missions de paix. Celles-ci constituent à ses yeux la manifestation concrète de notre engagement collectif à accompagner les processus politiques, à promouvoir les droits humains et à rétablir l’état de droit dans les pays en crise. Après que la Côte d’’Ivoire a accueilli sur son sol une opération de maintien de la paix qualifiée de réussie, le représentant a réitéré l’engagement de son pays à poursuivre sa participation aux missions de l’ONU afin de soutenir les efforts de paix régionaux et internationaux. Estimant que les défis auxquels sont confrontées les opérations de paix nécessitent la poursuite des ajustements de leur architecture en vue de les rendre plus opérationnelles et plus efficaces, il a salué les réformes initiées du Secrétaire général et exprimé son appui au Nouvel Agenda pour la paix. Selon lui, nous devons encore assurer la pleine participation des femmes et des jeunes aux processus de paix et de sécurité. Enfin, le délégué a souhaité que la Conférence ministérielle sur le maintien de la paix qui se tiendra en décembre à Accra permette d’apporter des réponses à ces questions.
Pour M. MARC-ALAIN STRITT (Suisse), la recherche de solutions politiques aux conflits est primordiale. Les efforts de consolidation de la paix, le renforcement de l’état de droit ou les processus de désarmement, démobilisation et réintégration des anciens combattants sont souvent des activités cruciales pour rétablir une paix juste et durable, a‑t‑il fait valoir, et seul un règlement politique, inclusif, acceptable par toutes les parties concernées, basé sur une véritable justice sociale et sur le plein respect des droits humains permet le rétablissement et la consolidation de la paix. Les missions doivent avoir un soutien politique de l’État hôte, a insisté le délégué, et être dotées des moyens adéquats pour remplir leur mandat et combattre les obstacles évoqués. Saluant la mise en œuvre de plus en plus large du Système intégré de planification et d’évaluation de la performance des missions, il a noté qu’il permet d’accroître l’efficacité des missions et partant leur acceptabilité, ce qui, en fin de compte, contribue aussi à la sécurité des Casques bleus. Pour augmenter son impact, il a préconisé que le cycle d’évaluation de la performance soit couplé avec les cycles de planification et budgétaire. Le représentant a également plaidé pour l’utilisation des nouvelles technologies pour une meilleure surveillance des environnements opérationnels et en tant qu’outils d’alerte précoce des missions, ainsi que pour la reddition de comptes pour des violences commises contre les civils ou contre le personnel des missions. Sur la question des partenariats, il s’agit, selon lui, de repenser la collaboration de l’ONU, en matière de maintien de la paix, avec les organisations régionales en général et avec l’UA en particulier. Un financement prévisible, durable et flexible des opérations de soutien à la paix dirigées par l’UA offre des possibilités nouvelles qu’il s’agit d’explorer, a-t-il estimé.
Mme ANA PAULA ZACARIAS (Portugal) a souligné la participation constante de son pays aux opérations de paix de l’ONU, rappelant qu’actuellement il participe aux missions déployées en République centrafricaine et au Soudan du Sud. Notant que les missions sont confrontées à de nouveaux acteurs et à de nouveaux défis, dans des environnements opérationnels plus complexes et hostiles, et qu’elles sont également confrontées à des attentes qui ne correspondent pas à leur mandat et à leur nature, la déléguée a exigé que l’on mette en place des capacités efficaces, y compris des capacités spécialisées, pour leur permettre de faire face aux menaces nouvelles et émergentes et pour garantir à la fois le succès opérationnel et la sûreté et la sécurité des soldats de la paix. Par conséquent le Portugal soutient le programme de réforme des Nations Unies, a-t-elle expliqué: la réforme de la paix et de la sécurité, le programme d’action pour le maintien de la paix et sa stratégie de mise en œuvre, et les recommandations du Secrétaire général dans son Nouvel Agenda pour la paix. Alors que les développements sur le terrain ont confirmé à maintes reprises l’importance de donner la primauté à des solutions politiques en tant que principe central des opérations de paix, la représentante a également argué que le maintien et la consolidation de la paix s’inscrivent dans un continuum et doivent être abordés ensemble. Elle s’est alignée sur les recommandations du Secrétaire général concernant les stratégies de sortie et les transitions des opérations de paix en pointant le rôle potentiel et opportun que peut jouer la Commission de consolidation de la paix dans l’élaboration et à la mise en œuvre de ces transitions.
M. ANDREAS LØVOLD (Norvège) a abordé la question des relations de plus en plus tendues entre certaines missions et les gouvernements hôtes, en partageant l’analyse du Secrétaire général dans son Nouvel agenda pour la paix, où il dit que les États Membres doivent réfléchir aux limites et à l’avenir du maintien de la paix à la lumière de l’évolution de la nature des conflits, afin de mettre en place des modèles de mission plus souples, adaptables et efficaces, tout en élaborant des stratégies de transition et de sortie. Bien que l’époque des grandes missions intégrées de maintien de la paix des Nations Unies soit peut-être révolue, il a appelé à ne pas perdre de vue la valeur inhérente à l’approche globale qu’elles représentent. En particulier dans les situations où l’environnement politique n’est pas propice à la paix. Arguant qu’une paix durable ne peut être obtenue ni maintenue par le seul engagement militaire, le représentant a estimé que le Conseil de sécurité doit veiller à ce que la primauté de la politique reste un principe central des opérations de paix. Celles-ci doivent être déployées sur la base et à l’appui d’un objectif et d’un processus politiques clairement identifiés, a-t-il souligné, et une participation significative des femmes à ces processus doit être garantie. Il a plaidé pour une coopération plus soutenue entre l’ONU et les organisations régionales, en particulier l’Union africaine (UA). Le renforcement de la connaissance de la situation est essentiel, tant pour protéger les civils que pour assurer la sûreté et la sécurité des soldats de la paix, a argué le délégué, en rappelant que l’académie de renseignement sur le maintien de la paix, que la Norvège a contribué à mettre en place avec d’autres États Membres, est un exemple de la manière dont on peut renforcer la capacité des soldats de la paix de l’ONU à analyser les menaces de plus en plus complexes auxquelles ils sont confrontés et à agir en conséquence.
Mme ANDREEA MOCANU (Roumanie) a rappelé que depuis 75 ans, les opérations de maintien de la paix jouent un rôle clef dans la création d’écosystèmes propices aux processus de paix, en désamorçant les tensions potentielles et en protégeant les civils. Malheureusement, la confiance dans ces missions s’amenuise et, par conséquent, leur activité est mise à l’épreuve dans divers contextes. La représentante s’est ensuite félicitée des objectifs de parité fixés par l’ONU pour 2023 pour les officiers d’état-major et les experts au sein des opérations. Elle a émis l’espoir que davantage d’États rejoindront le réseau mondial des points focaux nationaux pour les femmes, la paix et la sécurité en 2023, dont la Roumanie est Coprésidente. Le thème du genre dans les opérations de maintien de la paix sera discuté lors de la conférence internationale qui sera organisée à Bucarest, du 7 au 9 novembre 2023. En outre, la déléguée a fait part de son inquiétude face à la désinformation qui vise les missions, rendant nécessaire une approche harmonisée à l’échelle du système des Nations Unies pour lutter contre ce phénomène, a-t-elle conclu.
Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a reconnu le rôle fondamental des opérations de maintien de la paix dans la facilitation des solutions politiques, la prévention des conflits, la protection des civils et l’état de droit, ainsi que la consolidation et la pérennisation de la paix. En tant que pays qui contribue activement aux opérations de maintien de la paix, El Salvador souligne la pertinence du Comité spécial des opérations de maintien de la paix afin de renforcer l’efficacité des opérations et leur adaptation, ainsi qu’une approche globale face aux défis rencontrés dans l’accomplissement de leur mandat. La représentante a réaffirmé que la recherche de solutions politiques durables aux conflits doit guider la conception et le déploiement des opérations de maintien de la paix, qui sont des mécanismes intrinsèquement temporaires. La représentante a en outre exprimé sa profonde préoccupation face à la multiplication des attaques dirigées contre le personnel des opérations de maintien de la paix. Il est essentiel à cet égard d’améliorer les soins médicaux et de renforcer la fourniture de services médicaux à tous les niveaux, ainsi que l’évacuation du personnel blessé. De plus, El Salvador est déterminé à préserver la crédibilité, l’impartialité et l’intégrité de l’ONU, en appliquant les normes les plus élevées de discipline et de conduite du personnel, a ajouté sa représentante.
Mme. GABRIELA GONZÁLEZ (Uruguay) a réaffirmé l’attachement de son pays au programme de protection des civils dans les conflits armés et reconnu son lien inextricable avec les programmes relatifs aux femmes, à la paix et à la sécurité et aux enfants dans les conflits armés. En ce sens, il est nécessaire de continuer à rechercher de nouvelles approches en matière de protection des civils et de contribuer à son développement dans le cadre du Comité des 34, en tant que plateforme pour des actions réalisables et concrètes, a‑t‑elle proposé. Depuis juillet 2022, l’Uruguay met en œuvre son premier plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité, a‑t‑elle annoncé, et s’engage à respecter les normes les plus élevées en matière d’égalité des sexes dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales. Son pays se prépare à participer à la Conférence ministérielle sur le maintien de la paix qui se tiendra à Accra, au Ghana, les 5 et 6 décembre prochain, a-t-elle précisé, et travaille sur les engagements volontaires qui seront présentés à cette occasion. La déléguée a espéré que cette Conférence donnera un nouvel élan à la coopération internationale en vue de renforcer les capacités de maintien de la paix, de sensibiliser aux dynamiques régionales et d’encourager des solutions adaptées aux besoins locaux.
M. MOHANNAD BAGHDADI (République arabe syrienne), après avoir réaffirmé les buts contenus dans la Charte des Nations Unies, y compris le principe de souveraineté et de non-ingérence, a exhorté les OMP à s’y conformer. S’il s’est félicité des relations entre la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) et le Gouvernement syrien, il a toutefois réaffirmé la nécessité de respecter les réglementations en vigueur et les structures de commandements. Le représentant a déclaré que le Gouvernement syrien soutient les activités des Casques bleus en leur facilitant la circulation ainsi que les déplacements des observateurs, y compris dans le Golan, au travers du passage de Qouneïtra. Il a condamné les autorités d’occupation israéliennes, qui ne respectent pas l’accord de désengagement et prennent pour cibles les civils du côté syrien. De plus, il a réaffirmé l’importance d’établir un distinguo entre des violations mineures du côté syrien, comme des franchissements de frontière par des chasseurs, et celles plus graves commises par Israël, par exemple des attaques aériennes. Il a déploré que les opérations de paix soient déployées au Moyen-Orient depuis des décennies par la faute d’Israël, grevant le budget de l’ONU.
Insistant en outre sur la pleine application de la politique de tolérance zéro concernant l’exploitation et les atteintes sexuelles, il a souligné que cela suppose, entre autres, des mesures préventives, l’ouverture d’enquêtes afin d’amener les auteurs de tels actes à en répondre sans délai et de façon appropriée, l’examen des demandes de reconnaissance de paternité, conformément au droit national, et la fourniture d’un appui aux victimes, comme le prévoient les procédures établies. En tant que pays ayant accueilli plusieurs missions onusiennes au cours des trois dernières décennies, Haïti est bien placée pour discuter de la responsabilité des Casques bleus, a-t-il argué, en dénonçant le fait que les allégations faites contre des membres du personnel de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), concernant de graves violations des droits humains, du droit international humanitaire et des infractions pénales dont d’abus sexuel n’ont pas été suivies d’effets, ce qui a créé un sentiment d’impunité et sapé la confiance du peuple haïtien envers les missions onusiennes. Les victimes ont rarement reçu des réparations adéquates, et l’absence de poursuites efficaces a renforcé le sentiment d’injustice au sein de la communauté, a-t-il fait valoir.
M. AMAR BENDJAMA (Algérie) a fait valoir que les opérations de maintien de la paix ne sauraient se substituer à la prévention des conflits, solution à ses yeux plus rentable à tous les niveaux. Depuis quelque temps, elles sont confrontées à la nature changeante des conflits armés et à de nouveaux défis asymétriques, a-t-il noté, notamment l’expansion des groupes terroristes et criminels. La présence des opérations de paix est ainsi parfois remise en question, en particulier dans certains contextes où il n’y a plus de paix à maintenir. Dans ce contexte, le représentant a exprimé son accord avec l’appel lancé par le Secrétaire général concernant la nécessité d’opter pour une nouvelle génération de missions, des opérations de lutte contre le terrorisme menées notamment par les forces régionales. S’agissant du soutien politique, il a estimé que des processus de paix efficaces sont la clef du succès d’une opération de maintien de la paix et des solutions durables, et figurent parmi les priorités de l’A4P+. Le Conseil de sécurité a un rôle clef à jouer à cet égard, a estimé le délégué, en ajoutant que le soutien politique collectif constitue l’outil le plus précieux des missions pour exécuter leur mandat. Considérant leur rôle essentiel dans la protection des droits humains, il a argué que toutes les missions de paix, y compris la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO), devraient disposer d’une composante consacrée à la surveillance des droits humains. Selon lui, il est temps de jeter les bases d’une nouvelle génération d’opérations de maintien de la paix pilotées par l’UA et appuyées par l’ONU sur le continent africain.
M. SHAMSURI BIN NOORDIN (Malaisie) a rappelé que depuis 1960, son pays a déployé plus de 40 000 soldats de la paix dans plus de 38 opérations de paix, dont 867 sont sur le terrain en ce moment. Fermement convaincu du rôle essentiel de la formation pour un maintien de la paix efficace, il a expliqué que pour améliorer l’interopérabilité et l’efficacité des missions en matière de tactiques, de techniques et de procédures harmonisées, les forces armées malaisiennes ont organisé, en collaboration avec l’initiative mondiale des opérations de paix des États-Unis, un exercice multinational de maintien de la paix - l’exercice Keris Aman 23. Le Centre malaisien de maintien de la paix continue d’être reconnu comme un centre de formation de premier plan dans la région, a-t-il fait valoir, expliquant qu’il collabore avec la Direction de l’instruction et de la coopération militaires du Canada pour former les experts et le personnel de maintien de la paix sur des sujets liés au programme pour les femmes, la paix et la sécurité. Il en a profité pour signaler qu’en ce moment, la Malaisie déploie le plus grand nombre de femmes soldates de la paix au sein de la FINUL, soit 85 personnes. Préoccupé par l’augmentation des attaques visant les soldats de la paix de l’ONU, le représentant a déclaré que dans le cadre des efforts collectifs pour stabiliser les pays en conflit grâce au déploiement d’un plus grand nombre de soldats de la paix, il est impératif de continuer à garantir leur sûreté et la sécurité. Il ne doit y avoir aucun compromis sur cette question, a-t-il tranché, en demandant que le bien-être des soldats de la paix soit une priorité. Pour ce faire, les soldats de la paix doivent disposer des compétences, de la formation, de l’équipement et des mandats nécessaires, a-t-il argué, ce qui signifie aussi que les missions doivent être soutenues par des ressources adéquates pour mener à bien leur mandat. À cette fin, la Malaisie demande instamment au Secrétariat de veiller à ce que tous les pays contributeurs de troupes soient remboursés en temps voulu.
M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a condamné les attaques perpétrées contre le personnel et les biens de l’ONU, laquelle doit prendre toutes les mesures nécessaires pour traduire en justice les responsables. L’environnement sécuritaire international s’est détérioré au cours de la dernière année, a-t-il noté, en particulier dans les zones où sont menées des opérations de paix. Plus de 80% des attaques contre les Casques bleus impliquaient des engins explosifs improvisés, menace qui nécessite selon lui une attention particulière. Le délégué s’est également inquiété des campagnes de désinformation menées contre l’ONU. Pour sa part, la Mongolie a l’intention d’accroître sa contribution aux opérations de maintien de la paix en maintenant quatre unités militaires spécialisées au niveau II.
La Mongolie reconnaît par ailleurs l’importance de la participation pleine et significative des femmes aux opérations de paix, a poursuivi le représentant, notamment le programme pour les femmes et la paix et la sécurité. Elle compte ainsi faire passer la proportion de femmes prenant part à ces missions de 11,9% actuellement à 15% d’ici à 2027, comme le prévoit la stratégie pour la parité entre les sexes à l’échelle du système des Nations Unies. Conscient que la santé mentale des soldats de la paix revêt une importance cruciale, les Forces armées mongoles ont pris des mesures afin d’améliorer la santé mentale des militaires. De façon générale, le délégué a fait valoir que le succès du personnel militaire dans les opérations de maintien de la paix dépend d’une formation appropriée et de la fourniture d’équipements de haute qualité. C’est pourquoi la Mongolie soutient la politique consistant à recourir aux technologies modernes dans de telles opérations.
M. HOANG NGUYEN NGUYEN (Viet Nam) a déclaré que son pays participe de manière proactive à la mise en œuvre du programme de maintien de la paix et des programmes prioritaires de l’ONU depuis son tout premier déploiement de Casques bleus, en 2014. Ainsi, le Viet Nam prendra part à de nouveaux déploiements cette année, au sein de la Mission d’assistance des Nations Unies en République du Soudan du Sud (MINUSS) et de la FISNUA. Le représentant a estimé que les opérations de maintien de la paix comptent parmi les outils les plus importants dont dispose l’ONU pour assurer la paix et la sécurité internationales, bien que ces déploiements s’effectuent dans des environnements politiques et sécuritaires détériorés et complexes. Dans ce contexte, il a exhorté l’ONU et ses États Membres à investir davantage dans l’amélioration de la sécurité des soldats de la paix. De même, les communications stratégiques sont essentielles aux missions de paix afin de favoriser la compréhension mutuelle, de gérer les attentes et de gagner la confiance et le soutien des gouvernements hôtes, des communautés locales et des parties prenantes. Le renforcement des partenariats entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales est tout aussi essentiel à ses yeux pour créer des synergies et accroître l’efficacité des opérations. Afin d’assurer la participation accrue des femmes aux missions de paix, le représentant a relevé l’engagement de son pays à maintenir un ratio élevé de femmes soldats de la paix dans les années à venir.
Droits de réponse
Le représentant d’Israël a réagi aux propos de la République arabe syrienne, en faisant valoir le droit de son pays d’exercer son droit de légitime défense. Tous les sites syriens bombardés l’ont été parce qu’ils dissimulaient des infrastructures du Hezbollah, dont l’objectif est de cibler Israël avec des tirs de mortiers. Si la Syrie ne souhaite pas qu’Israël s’en prenne à ses infrastructures, alors il faudrait qu’elle n’aide pas le Hezbollah, a-t-il ajouté.
Le représentant de la République arabe syrienne, répondant à « ce qu’on appelle » Israël, a rappelé qu’au cours des 10 derniers jours, les Israéliens ont bombardé l’aéroport civil d’Alep, qui sert à l’entrée des personnels humanitaires en Syrie. C’est un aéroport civil, a-t-il précisé.