Soixante-dix-huitième session,
18e séance plénière - après-midi
CPSD/791

Quatrième Commission: dans un paysage géopolitique fragmenté, les opérations de paix doivent miser sur l’efficacité opérationnelle et l’adaptabilité

Constatant que le maintien de la paix est confronté à des défis multiformes et que la force collective des États Membres s’effrite au milieu des divisions politiques, le Sous-Secrétaire général à l’état de droit et aux institutions chargées de la sécurité a encouragé les États à mettre l’accent sur l’amélioration de l’efficacité et l’adaptabilité des opérations de paix, cet après-midi, à l’ouverture du débat général de la Quatrième Commission (chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation) consacré à l’étude d’ensemble des opérations de maintien de la paix. 

Alors que nous célébrons cette année leur soixante-quinzième anniversaire, M.  Alexandre Zouev s’est inquiété de la fragmentation du paysage géopolitique, caractérisé par le passage d’une « action multilatérale cohésive à la rivalité et la polarisation ».  Aggravées par les changements climatiques et la criminalité transnationale organisée, notamment le terrorisme, les conflits d’aujourd’hui sont souvent liés à des dynamiques régionales complexes, a-t-il relevé, comme l’illustre la situation dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) ou encore au Mali.  Le ciblage des Casques bleus au moyen d’engins explosifs improvisés et les campagnes de désinformation visant à saper la crédibilité des missions sont également les symptômes d’une volatilité croissante.  « De tels défis exigent une réponse », a estimé M. Zouev. 

À cet égard, cinq ans après le début de l’Action pour le maintien de la paix (A4P), bientôt complétée par l’Action pour le maintien de la paix Plus (A4P+), la Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix de l’ONU témoigne selon lui de l’ambition collective de renforcer les opérations de paix en vue d’une exécution plus efficace des mandats, tout en améliorant la sécurité des soldats de la paix et la responsabilité de leurs actions. Quelle que soit leur forme, M. Zouev a fait valoir que les missions doivent se fonder sur un mandat clair et réaliste, ancré dans une stratégie politique et doté de ressources appropriées, a fait valoir le haut fonctionnaire.  Le soutien des pays hôtes et un véritable engagement des parties au conflit en faveur de la paix sont également essentiels.

À cette fin, le Département des opérations de la paix (DPO) continue d’adapter la formation et les déploiements aux besoins des missions, a ajouté M. Zouev, en mettant en œuvre les recommandations de l’examen stratégique indépendant de la réponse aux menaces liées aux munitions explosives.  Le plan d’action pour améliorer la sécurité des soldats de la paix a en outre favorisé des progrès dans des domaines tels que la protection des forces, la défense intégrée des bases et la lutte contre les engins explosifs improvisés. 

Au cours des dernières années, le Département de l’appui opérationnel (DOS) s’est efforcé d’intégrer des méthodologies de prospective à ses plans stratégiques, ce qui permet de formuler des priorités clefs, d’anticiper les tendances et de définir les réponses à celles-ci sur un horizon de cinq ans, a expliqué le Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel, M. Atul Khare.  Nous devons encore faire en sorte que les capacités des unités déployées soient pleinement alignées sur les tâches qui leur sont confiées.  À ce jour, plus de 14 000 personnes ont reçu une formation en ingénierie, en médecine, en commandement ou encore en communications et en reconnaissance dispensée par le Programme de partenariat triangulaire. 

S’agissant de la responsabilité à l’égard des Casques bleus, M. Khare a jugé essentiel d’améliorer l’accès des soldats de la paix aux installations et au soutien médicaux, y compris aux services de santé mentale.  Afin d’améliorer les soins d’urgence, toutes les missions disposent désormais d’une procédure opérationnelle d’évacuation sanitaire (EVASAN) primaire actualisée.  En collaboration avec l’Initiative Elsie, le haut fonctionnaire a indiqué que le DOS examine les besoins des femmes afin d’élaborer des normes dans ce domaine.  Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), l’Indonésie a appuyé ces efforts, en arguant que la participation des femmes aux opérations de paix améliorait la performance générale de celles-ci. 

Le Sous-Secrétaire général à l’état de droit et aux institutions chargées de la sécurité a par ailleurs fait état de progrès notables afin de traduire en justice les responsables de crimes commis contre des soldats de la paix depuis 2019, 72 personnes ayant été condamnées en République centrafricaine, en RDC, au Liban et au Mali pour les meurtres de Casques bleus.  Au Mali, où 18 soldats de la paix ont perdu la vie l’an dernier, il a prévenu que la détérioration de la situation sécuritaire mettait en danger la vie des personnels en uniforme et des civils. 

Lorsque l’imposition de la paix devient nécessaire, les organisations régionales telles que l’Union africaine (UA) peuvent être les mieux placées pour répondre aux défis sécuritaires urgents dans leur région, avec le soutien de l’ONU, a rappelé M. Zouev, soutenu par Djibouti, pour le Groupe des ambassadeurs francophones.  Pour le Maroc, qui s’exprimait au nom du Mouvement des non-alignés, une coopération accrue avec l’UA n’est possible que si celle-ci dispose d’un financement prévisible et durable.  Le Togo d’ailleurs a exhorté l’ONU à associer davantage les organisations régionales et sous-régionales à l’élaboration des missions de paix, lesquelles prennent davantage en compte les réalités du pays bénéficiaire.  Un avis partagé par le Pakistan, qui a appelé à établir une distinction nette entre maintien de la paix et imposition de la paix, les organisations régionales ayant un rôle crucial à jouer dans cette dernière. 

La Conférence ministérielle sur le maintien de la paix 2023, qui se tiendra en décembre au Ghana, sera selon M. Zouev l’occasion de générer des promesses de capacités, de combler les lacunes et de forger des partenariats en matière de renforcement des capacités, de formation et d’équipement.

La Commission poursuivra son débat sur les opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects demain, le mardi 31 octobre 2023, à partir de 15 heures.

ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS

Déclarations

Alors que nous célébrons le soixante-quinzième anniversaire des opérations de maintien de la paix, M. ATUL KHARE, Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel, a fait valoir que celles-ci demeurent encore aujourd’hui un extraordinaire exercice du multilatéralisme.  La Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix se veut l’illustration de notre engagement à améliorer les performances du maintien de la paix et à garantir des opérations plus efficaces, a-t-il ajouté, notamment depuis le lancement de l’Action pour le maintien de la paix (A4P).  Au cours des dernières années, le Département de l’appui opérationnel (DOS) s’est efforcé de rationaliser sa fonction de planification stratégique en intégrant des méthodologies de prospective à ses plans stratégiques, ce qui permet de formuler des priorités clefs, d’anticiper les tendances et de définir les réponses à celles-ci sur un horizon de cinq ans.  Ces priorités, poursuivi M. Khare, s’inscrivent dans trois domaines, à savoir un soutien holistique, un appui ciblé et l’amélioration des services.  Dans ces domaines prioritaires, le DOS assure également la gestion des connaissances et une approche cohérente en matière de planification budgétaire.

Le Secrétaire général adjoint a ensuite décrit les efforts déployés pour assurer la mise en œuvre des trois priorités de l’Action pour le maintien de la paix Plus (A4P+) les plus pertinentes pour le DOS.  S’agissant, premièrement, des capacités et de l’état d’esprit, M. Khare s’est dit déterminé à faire en sorte que les capacités des unités déployées soient pleinement alignées sur les tâches qui leur sont confiées.  Le suivi et les rapports trimestriels sur les mesures de performance permettent d’identifier les lacunes dans le matériel appartenant aux contingents déployés et de demander aux pays fournisseurs de contingents et de personnel de police d’y remédier.  À cet égard, le Programme de partenariat triangulaire permet de fournir des formations en ingénierie, en médecine ainsi qu’en commandement, communications, surveillance et reconnaissance.  À ce jour, plus de 14 000 personnes ont reçu une formation dans les différents domaines couverts par le Programme.  Alors que le rôle des missions dirigées par l’Union africaine gagne en vitalité, le Secrétaire général adjoint a expliqué que la portée du Programme sera élargie pour mieux les soutenir.  Il a noté que la réunion triennale du Groupe de travail sur le matériel appartenant aux contingents a mené cette année à une augmentation nette de 1,5% des taux standards de remboursement. 

S’agissant de la responsabilité à l’égard des Casques bleus, M. Khare a jugé essentiel d’améliorer l’accès des soldats de la paix aux installations et au soutien médicaux, y compris aux services de santé mentale.  Afin d’améliorer les soins d’urgence, toutes les missions disposent désormais d’une procédure opérationnelle d’évacuation sanitaire primaire (EVASAN) actualisée.  Le Département a également mis en œuvre des normes de qualité des soins de santé et de sécurité des patients, et créé un groupe de travail transversal sur les bases d’opérations temporaires.  En collaboration avec l’Initiative Elsie, le haut fonctionnaire a indiqué que le DOS examine les besoins des femmes afin de configurer des normes dans ce domaine. 

Enfin, en ce qui concerne la responsabilité des Casques bleus, M. Khare a fait état de progrès tangibles dans des domaines clefs, de la réduction des risques liés aux eaux usées à l’efficacité énergétique.  Au terme d’un processus de consultation mené avec les missions sur le terrain et les États Membres, une voie à suivre pour la stratégie environnementale a été définie jusqu’en 2030, en mettant l’accent sur trois thèmes principaux, soit la responsabilité, l’ambition et la transmission des acquis.  La Stratégie pour la transformation numérique du maintien de la paix des Nations Unies continue en outre de créer les outils nécessaires à la mise en œuvre de la transformation sur la base de trois axes de travail prioritaires, soit tirer parti de la technologie, la connaissance de la situation et lutter contre la désinformation.  La Conférence ministérielle sur le maintien de la paix 2023, qui se tiendra en décembre au Ghana, sera selon lui l’occasion de générer des promesses de capacités, de combler les lacunes et de forger des partenariats en matière de renforcement des capacités, de formation et d’équipement. 

Au nom du Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. JEAN-PIERRE LACROIX, le Sous-Secrétaire général à l’état de droit et aux institutions chargées de la sécurité, M. ALEXANDRE ZOUEV, a déclaré qu’au cours des 75 dernières années, les opérations de maintien de la paix ont aidé des millions de personnes à échapper aux conflits.  Or, a-t-il continué, nous nous trouvons aujourd’hui à un moment critique, alors que le maintien de la paix est confronté à des défis multiformes et que la force collective des États Membres s’effrite au milieu des divisions politiques. Aggravés par les changements climatiques, les tensions géopolitiques et la criminalité transnationale organisée, notamment le terrorisme, les conflits sont souvent liés à des dynamiques régionales complexes, a-t-il relevé, comme l’illustre la situation dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).  Le ciblage des soldats de la paix au moyen d’engins explosifs improvisés et les campagnes de désinformation visant à saper la crédibilité des missions sont également les signes d’une volatilité croissante.  Avec le départ de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), le Mali constitue un exemple poignant des défis posés par un paysage géopolitique fragmenté et le passage d’une action multilatérale cohésive à la rivalité et la polarisation. « De tels défis exigent une réponse », a considéré M. Zouev. 

À cet égard, cinq ans après le début de l’Action pour l’A4P, la Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix des Nations Unies témoigne selon le Sous-Secrétaire général d’une ambition collective de renforcer ces opérations en vue d’une exécution plus efficace des mandats, tout en améliorant la sécurité et la responsabilité des Casques bleus.  L’A4P+ se concentre sur les catalyseurs essentiels à la réalisation des objectifs d’A4P.  Si la priorité numéro 1 du DPO est de soutenir des solutions politiques aux conflits, le maintien de la paix est plus efficace lorsqu’il est utilisé comme un outil politique pour promouvoir une paix durable, a-t-il noté. 

Le Département continue d’adapter la formation et les déploiements aux besoins des missions, a poursuivi le haut fonctionnaire, par exemple en mettant en œuvre les recommandations de l’examen stratégique indépendant de la réponse aux menaces liées aux munitions explosives.  À cette fin, il a exhorté les États Membres à combler leurs lacunes en matière de capacités.  Le Plan d’action pour améliorer la sécurité des soldats de la paix a favorisé des progrès dans des domaines tels que la protection des forces, la défense intégrée des bases et la lutte contre les engins explosifs improvisés.  Des mesures ont également été prises pour intégrer le renseignement sur le maintien de la paix et la gestion de crise.  Constatant que très peu de responsables de crimes commis contre des soldats de la paix ont été traduits en justice, M. Zouev a fait état de progrès notables depuis 2019, 72 personnes ayant été condamnées en République centrafricaine, en RDC, au Liban et au Mali pour les meurtres de Casques bleus.  Au Mali, où 18 soldats de la paix ont perdu la vie l’an dernier, il a prévenu que la détérioration de la situation sécuritaire mettait en danger la vie du personnel en uniforme et des civils.

Poursuivant, le Sous-Secrétaire général a déclaré que la responsabilité des Casques bleus pour leurs actions dans les pays hôtes souligne les efforts collectifs déployés pour assurer un maintien de la paix performant, en mettant l’accent sur une conduite irréprochable et sur une empreinte environnementale réduite, à l’aide d’outils d’évaluation des performances actualisés. Avec la collaboration des États Membres, il s’est dit déterminé à mettre en œuvre des mesures préventives, à maintenir une tolérance zéro et à garantir les droits des victimes. 

La dernière priorité d’A4P+, la coopération avec les pays hôtes, repose sur la confiance et la transparence, a rappelé M. Zouev, en notant qu’un engagement proactif au niveau des pays a produit des résultats positifs.  La stratégie pour la transformation numérique du maintien de la paix permettra par ailleurs aux soldats de la paix de mieux analyser et s’adapter aux différents conflits.  Le haut fonctionnaire a encouragé les États Membres à mettre l’accent sur l’amélioration de l’efficacité opérationnelle, de l’adaptabilité et de l’agilité des opérations de maintien de la paix.  Toutefois, lorsque l’imposition de la paix devient nécessaire, les organisations régionales telles que l’Union africaine (UA) peuvent être les mieux placées pour faire face aux défis sécuritaires urgents dans leur région, avec le soutien de l’ONU.  Quelle que soit leur forme, les missions doivent se fonder sur un mandat clair et réaliste ancré dans une stratégie politique et recevoir des ressources appropriées, a fait valoir le haut fonctionnaire.  Au-delà de mandats bien définis et d’une allocation adéquate de ressources, le soutien des pays hôtes et un véritable engagement des parties au conflit en faveur de la paix restent essentiels, a-t-il dit en conclusion.

Mme ARUNA THANA-BALA-SINGH-AM, Directrice de la Division du droit administratif, qui s’exprimait au nom de la Secrétaire générale adjointe chargée du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité (DMSPC), Mme CATHERINE POLLARD, a mis en exergue certaines des mesures prises par ce Département pour soutenir le maintien de la paix à travers les priorités d’Action pour le maintien de la paix plus (A4P+) et de ses éléments transversaux les plus pertinents: la responsabilité des soldats de la paix; les femmes, la paix et la sécurité; et le maintien de la paix fondé sur les données et la technologie. 

À l’heure où les opérations de paix sont confrontées à des défis immenses et complexes et où le monde entier a les yeux rivés sur elles, il faut redoubler d’efforts pour nous tenir les uns les autres et tenir les soldats de la paix responsables du respect des valeurs fondamentales et des normes de conduite des Nations Unies, a‑t‑elle insisté.  Même si la grande majorité des soldats de la paix servent avec honneur, les actions d’une poignée d’entre eux peuvent néanmoins causer d’énormes préjudices aux victimes et gravement nuire à l’image et à la crédibilité de l’ensemble des Nations Unies, a‑t‑elle fait valoir.  Le Secrétariat de l’ONU reste déterminé à mettre fin à l’exploitation et aux abus sexuels, notamment en assurant la prévention.  Concrètement, le DMSPC a mis sur pied un Groupe de travail interdépartemental de haut niveau pour parvenir à un règlement équitable des demandes de paternité et de pension alimentaire.  Il est chargé d’élaborer une stratégie orientée vers l’action afin de renforcer le partenariat de l’ONU avec les États Membres et d’identifier les actions tangibles nécessaires pour régler correctement ces demandes.  Le DMSPC continue également d’assurer la gestion du fonds d’affectation spéciale en faveur des victimes d’exploitation et d’atteintes sexuelles, a rappelé la haute fonctionnaire qui en a profité pour relancer un appel à contributions pour lever 3 millions de dollars d’ici à mars 2024 auprès des États Membres, notant que 24 d’entre eux y ont donné suite à ce jour.  En outre, la boîte à outils existante pour la gestion des risques de mauvaise conduite fait l’objet d’une révision en ce moment même en tirant les enseignements des cinq années écoulées depuis sa mise en œuvre, a indiqué Mme Thana-Bala-Singh-Am. 

En ce qui concerne la gestion financière, le DMSPC continue d’aider les missions à élaborer des propositions budgétaires responsables, conformément aux mandats pertinents et aux orientations politiques des organes législatifs.  Le Département s’efforce d’améliorer les méthodes budgétaires et de renforcer la discipline budgétaire et la transparence, a‑t‑elle expliqué.  Afin de mieux présenter la valeur et les résultats des missions de la paix aux États Membres, le Département travaille en étroite collaboration avec elles pour s’assurer que tous les éléments des cadres de budgétisation axés sur les résultats sont alignés sur les mandats des missions et clairement en phase avec le niveau des ressources demandées. 

S’agissant du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, Mme Thana-Bala-Singh-Am a réaffirmé l’attachement du Secrétariat à parvenir à une participation significative des femmes aux opérations de paix, concédant toutefois que si les initiatives solides mises en place pour cela ont permis de faire passer leur représentation de 29% en 2019 à 33% en octobre 2023, des problèmes persistent.  Les progrès ont été lents et inégaux, a reconnu la haute responsable, parce qu’il est compliqué d’attirer des femmes dans des rôles traditionnellement dominés par les hommes et dans des lieux d’affectation difficiles.  Les efforts actuels de l’ONU visent à accélérer les progrès et à combler les lacunes persistantes, notamment en améliorant les conditions de travail sur le terrain pour les femmes.  Le contrat de mission du haut fonctionnaire de 2023 comprend justement des objectifs liés à la parité et à la promotion du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, a‑t‑elle rappelé.  Conformément à ce pacte, les cadres sont désormais tenus responsables du suivi et de la réalisation des objectifs paritaires, y compris dans le domaine du maintien de la paix. 

Pour ce qui est de l’amélioration de la sécurité du personnel de maintien de la paix, la haute fonctionnaire a expliqué que le Bureau de l'informatique et des communications (OICT) soutient activement les efforts du Département des opérations de paix dans le cadre d’une stratégie de transformation numérique de ces opérations.  Les priorités technologiques contribueront à faciliter la réalisation des mandats, ce qui profitera grandement aux missions, a‑t‑elle souhaité.

Avant de conclure, Mme Thana-Bala-Singh-Am a souligné l’importance d’une collaboration active de toutes les parties prenantes du maintien de la paix pour faire progresser les priorités d’Action pour le maintien de la paix plus qui guident tous ces efforts. 

Mme OUAZZANI CHAHDI (Maroc), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a souligné les défis sans précédent auxquels les OMP sont confrontées, parmi lesquels l’érosion du consentement des États hôtes.  Elle a mis l’accent sur le rôle clef du Comité des 34 pour fournir des recommandations stratégiques et des orientations claires, ajoutant que l’amélioration de l’efficacité du maintien de la paix nécessite l’engagement continu de toutes les parties prenantes, en plus d’une coopération triangulaire efficace entre les pays fournisseurs de contingents, le Secrétariat général et le Conseil de sécurité.  À cet effet, la déléguée a suggéré la tenue régulière de réunions triangulaires, et l’élaboration par le Conseil de sécurité de mandats clairs, ciblés, séquentiels, réalistes et réalisables.

Elle a rappelé la pertinence des principes de base du maintien de la paix (le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense et de défense du mandat), soulignant l’importance de gérer de façon adéquate les attentes de toutes les parties prenantes, ainsi que de soutenir les opérations par un processus de paix global.  En ce qui concerne la question financière, la représentante a exhorté tous les États Membres à s’acquitter de leurs contributions en totalité, à temps et sans conditions.  Elle a par ailleurs signalé l’importance de la prochaine Conférence ministérielle sur le maintien de la paix de l’ONU à Accra, au Ghana, qui se tiendra en décembre, comme une occasion opportune pour les États Membres de s’engager plus concrètement.

Concernant les défis sécuritaires, la déléguée a condamné sans équivoque la multiplication du nombre d’attaques contre les Casques bleus et appelé à des mesures de protection adéquates, ainsi qu’à une lutte contre l’impunité.  Elle a réitéré le soutien de son groupe à la politique de tolérance zéro du Secrétaire général en matière d’exploitation et d’abus sexuels, affirmant que « la lutte contre ces abus est une responsabilité collective ».  Elle s’est par ailleurs émue de l’état de certaines installations dans les bases d’opérations temporaires, faisant un lien entre les conditions de vie et les actes d’indiscipline.

Abordant la protection des civils, la déléguée a réaffirmé que le Conseil de sécurité en assume la responsabilité principale, tout en insistant sur le rôle clef des dispositifs régionaux, notamment la coopération entre l’ONU et l’Union africaine (UA), à la condition que cette dernière puisse bénéficier d’un financement prévisible et durable.  Pour ce qui est de la participation féminine aux OMP, la représentante a appelé toutes les parties prenantes à accroître celle-ci.  Pour conclure, elle a exhorté à une réduction de l’empreinte environnementale des OMP.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. NASIR (Indonésie) a déclaré que les opérations de maintien de la paix constituent un élément fondamental de la coopération des pays qui en sont membres, lesquels déploient collectivement 5 000 soldats de la paix dans le monde.  Il a exprimé son appui aux efforts pour faire en sorte que les opérations de maintien de la paix s’adaptent aux défis actuels, comme le prévoit le Nouvel Agenda pour la paix.  Il a donc salué la convocation de la prochaine conférence ministérielle sur le maintien de la paix prévue en décembre, au Ghana.  De plus, l’ASEAN a récemment réaffirmé son engagement en vue d’améliorer l’efficacité de sa participation aux missions de paix l’ONU. 

Afin d’assurer de meilleurs efforts, le représentant a dit accorder une grande importance à la mise en œuvre efficace des opérations de maintien de la paix, notamment s’agissant du renforcement des capacités et de la formation des Casques bleus, par le biais du Programme de partenariat triangulaire. Il est également essentiel à ses yeux de resserrer la coopération entre l’ONU, les organisations régionales et les pays hôtes dans le domaine du maintien de la paix.  Le délégué a salué les interactions entre l’ASEAN et l’ONU afin de mettre en œuvre le Plan d’action visant à réaliser la Déclaration conjointe de partenariat 2021-2025.  Enfin, l’ASEAN appuie pleinement les efforts en vue d’assurer une participation plus large des femmes aux opérations de paix, celles-ci améliorant la performance générale de ces opérations. 

M. JAMES MARTIN LARSEN (Australie), prenant la parole au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (Groupe CANZ), a rendu hommage aux Casques bleus tout en s’inquiétant du nombre croissant de défis auxquels les OMP font face, comme les récents événements au Mali en ont fourni l’exemple.  Il a déclaré que, pour leur part, les pays de son Groupe aspirent à être des partenaires en qui « l’on peut avoir confiance ».

Sur le plan sécuritaire, le délégué a averti que 23 années de progrès pourraient être anéanties si l’on ne prête pas attention aux leçons tirées des conflits en Afghanistan, au Soudan ou en République démocratique du Congo.  Sur la question du renforcement de la participation des femmes, il a jugé les progrès trop lents.  Le pouvoir fédérateur des femmes est essentiel pour protéger contre les représailles, a-t-il souligné, appelant à accroître les efforts de parité, surtout dans les postes à haute responsabilité.  Pour ce qui est des ressources financières, il a insisté sur l’importance de doter suffisamment les opérations de paix.

Évoquant les défis liés à la technologie et aux environnements de plus en plus hostiles dans lesquels opèrent les Casques bleus, il a déclaré qu’en la matière, « nos actions comptent plus que nos discours ». Aussi a-t-il plaidé pour une meilleure utilisation de l’innovation dans les OMP.  En conclusion, le délégué a souligné que le maintien de la paix doit s’adapter aux nouvelles réalités tout en restant axé sur « les objectifs de réconciliation ».

Pour M. ANTONIO GAETANO COPPOLA, de l’Union européenne, le maintien de la paix de l’ONU reste un outil essentiel pour assurer la paix et la sécurité dans le monde.  Il a rappelé à cet égard que l’UE couvre un quart de son budget et qu’il existe un partenariat stratégique entre les missions de l’Union et celles de l’ONU sur le terrain.  Le délégué a salué le nouvel outil du Secrétaire général pour une réflexion sur les limites et l’avenir des opérations de paix, à savoir le Nouvel Agenda pour la paix, en appuyant les discussions en cours sur les mises en recouvrement des opérations déployées en Afrique avec l’accord du Conseil de sécurité. Le Sommet de l’avenir offre une bonne occasion pour approfondir les discussions sur l’Action pour le maintien de la paix plus (A4P+), a estimé le délégué.  Il a fait part des préoccupations des membres de l’UE face aux attaques visant des soldats de la paix et le recours aux mercenaires, avant de demander que les opérations de paix disposent de ressources suffisantes pour s’acquitter correctement de leurs mandats.  Le représentant a également reconnu l’importance d’une participation plus élevée des femmes aux opérations de paix de l’ONU à tous les niveaux, avant de demander que le personnel soit mieux formé, y compris à la lutte contre la désinformation et la mésinformation.  Le délégué a dit en outre apprécier le rôle du mécanisme sécurité-climat. 

Au nom du Groupe des ambassadeurs francophones, M. ABDILLAHI (Djibouti) a salué la réflexion en cours afin d’améliorer le maintien de la paix à la lumière des évolutions et des défis sur le terrain.  La note d’orientation sur le Nouvel Agenda pour la paix explore à cet égard des pistes innovantes, mettant en exergue le rôle des organisations régionales.  Toutefois, ce programme gagnerait selon lui à souligner l’importance du multilinguisme dans la revitalisation du multilatéralisme au service de la paix et de la sécurité internationales, afin de tenir compte de la diversité linguistique et culturelle de l’Organisation.  À ses yeux, les opérations de paix ne peuvent être pleinement efficaces sans tenir compte du contexte local, en faisant coïncider les compétences, notamment linguistiques, avec les zones d’intervention.  Il a donc réitéré son appel au DPO et au Département de l’appui opérationnel (DOS) à poursuivre leurs actions en faveur d’une pleine intégration du multilinguisme au maintien de la paix. 

Étant donné le caractère multidimensionnel des opérations de paix, le représentant a jugé essentiel de pouvoir interagir dans la langue des autorités et des populations locales, notamment s’agissant des femmes.  De même, la langue et la culture juridique qui y est associée facilitent le transfert de compétences vers les institutions nationales de l’État hôte et renforce la sécurité du personnel déployé.  Il en va de même à ses yeux de la traduction des manuels de formation et de la documentation.  Selon lui, les ressources financières limitées ne doivent pas entraver les impératifs d’égalité entre les langues de l’Organisation.  Le représentant s’est félicité des solutions proposées par les États membres du Groupe et le Secrétariat de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en vue de parvenir à une meilleure intégration du multilinguisme à l’ONU. 

M. CRAIG BARRINGTON DOUGLAS (Jamaïque), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a mis l’accent sur l’impératif de garantir la sécurité des soldats de la paix, rappelant qu’en tout, 48 déployés par des pays de la Communauté ont trouvé la mort dans l’exercice de leurs fonctions. Saluant l’initiative Action pour le maintien de la paix plus (A4P+), le représentant a insisté sur l’importance de mesurer et d’améliorer la performance du personnel en uniforme et la responsabilité dans les opérations de maintien de la paix.  Leur succès dépend fortement de l’adhésion à l’A4P+ de toutes les parties prenantes, a-t-il argué, y compris les États Membres, l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, les bailleurs de fonds, les pays fournisseurs de contingents et de forces de police, les pays d’accueil, les organisations intergouvernementales, et les organisations régionales.  Il a réaffirmé le soutien de la CARICOM à la participation active des femmes au maintien et à la consolidation de la paix ainsi qu’à tous les efforts visant à promouvoir la paix et la sécurité au sein des nations et entre elles.  Dès lors, le représentant a salué les progrès accomplis dans l’intégration de la dimension de genre dans tous les bureaux du Département des opérations de paix (DPO), tout en invitant ce dernier à continuer de renforcer les efforts visant à accroître le nombre d’officiers féminins dans les missions de maintien de la paix. 

Pleinement conscients des effets déstabilisants que les troubles sociaux et politiques peuvent engendrer dans n’importe quel pays, et en particulier les plus vulnérables, les États membres de la CARICOM s’intéressent vivement aux travaux en cours dans ce domaine, en particulier en ce qui concerne Haïti, a précisé le délégué.  Il a salué le rapport du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) présenté au Secrétaire général le 16 octobre, avant d’exhorter la communauté internationale à accroître le niveau de son soutien et à rester activement engagée dans un partenariat efficace avec le Gouvernement et le peuple haïtiens. 

Mme THARARUT HANLUMYUANG (Thaïlande) a d’abord déploré que les opérations de maintien de la paix soient déployées dans des théâtres de conflit de plus en plus difficiles, la sécurité des Casques bleus étant menacée par le recours à des engins explosifs, la désinformation et un arrière-plan géopolitique international de plus en plus fragmenté.  Ces menaces pèsent aussi sur la protection des civils, alors que le nombre de victimes faites par les conflits dans le monde a atteint l’an dernier son plus haut niveau depuis 20 ans.  Pour relever ces défis, la déléguée a prôné des mandats clairs, des ressources suffisantes et une formation adéquate pour les troupes.  La déléguée a souhaité que les États Membres puissent se mettre d’accord sur des mesures supplémentaires pour satisfaire aux exigences d’un maintien de la paix efficace, lors de la prochaine Conférence ministérielle des Nations Unies sur le sujet, qui se tiendra à Accra en décembre.

L’importance d’une communication stratégique —pour contrer la désinformation et protéger les civils— et d’un engagement accru auprès des parties prenantes a également été mise en avant par la représentante.  Plus spécifiquement, elle a souligné l’importance des consultations et des communications inclusives entre le Conseil de sécurité, les pays hôtes, les pays fournisseurs de contingents et de forces de police, et les autres parties prenantes concernées.  En ce qui concerne le comportement des Casques bleus, la déléguée a insisté sur le fait que l’exploitation et les atteintes sexuelles ne doivent en aucun cas être tolérées dans les opérations de maintien de la paix. Celles-ci ont par ailleurs un rôle à jouer dans la facilitation du développement durable et l’amélioration des conditions de vie des populations locales, a-t-elle ajouté.  La déléguée a enfin réaffirmé l’engagement de son pays à coopérer avec la communauté internationale pour renforcer les capacités des forces de maintien de la paix dans le cadre du projet de partenariat triangulaire.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a exprimé sa préoccupation face aux menaces sans précédent contre la sécurité des Casques bleus, en particulier du fait des engins explosifs improvisés.  Il a appelé à ce que les auteurs des attaques menées contre les soldats de la paix soient tenus responsables.  Le délégué s’est également inquiété de la désinformation croissante à l’encontre des missions de maintien de la paix et des Casques bleus.  Il a dit apprécier les efforts déployés par le Secrétaire général pour remplir les obligations financières de l’Organisation à l’égard des pays fournisseurs de contingents, tout en exhortant les États Membres à verser l’intégralité de leur contribution financière dans les délais prévus.  Ces pays ne devraient pas supporter de charges financières indues du fait du retard ou du non-paiement de leur contribution par certains États, a‑t‑il noté. 

Le représentant a fait sien l’appel lancé par le Secrétaire général, dans sa note d’orientation sur le Nouvel Agenda pour la paix, en faveur d’une réflexion approfondie sur l’avenir du maintien de la paix et la nécessité d’évoluer vers des modèles agiles et adaptables dotés de moyens appropriés. Les missions de maintien de la paix doivent en effet faire partie d’une stratégie politique globale destinée à s’attaquer aux causes sous-jacentes des conflits.  Les missions de paix doivent en outre bénéficier de la pleine coopération et du consentement des pays hôtes.  De plus, a poursuivi le représentant, les mandats des missions de paix adoptés par le Conseil de sécurité doivent être adaptés et être « réalistes et réalisables », en plus de disposer des ressources financières, humaines et matérielles nécessaires.  Enfin, le délégué a appelé à établir une distinction nette entre maintien de la paix et imposition de la paix, les organisations régionales ayant un rôle crucial à jouer dans cette dernière. 

M. EDEM KODZOVI MEDZINYUIE (Togo) a noté que face à la multiplication des crises, des conflits armés et du terrorisme en Afrique, il n’est pas étonnant que ce continent soit celui qui a accueilli le plus grand nombre d’opérations de maintien de la paix dans l’histoire. Sur les 12 missions en cours dans le monde à l’heure actuelle, 7 se déroulent en Afrique.  Dans ce contexte, le délégué s’est félicité de l’intérêt de l’ONU pour la situation sociopolitique des pays africains et de son engagement pour une Afrique « pacifiée ».  Ces opérations, a‑t‑il noté, aident les pays du continent en situation de conflit ou postconflit à restaurer la paix, la sécurité et l’état de droit, ainsi qu’à faciliter le processus politique, le désarmement, la démobilisation et la réintégration des anciens combattants. Il est donc essentiel à ses yeux que les missions de paix disposent de la pleine coopération des pays hôtes et s’effectuent dans le respect de leur souveraineté.  Pour sa part, le Togo figure parmi les 20 premiers pays contributeurs de troupes, avec 1 107 militaires déployés dans sept opérations de maintien de la paix par le monde, principalement en Afrique. 

Le représentant a plaidé en faveur de l’accélération de la mise en œuvre de toutes les initiatives visant à rendre les missions de la paix plus efficaces et légitimes, telles que la Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix et l’A4P+. Il a exhorté l’ONU à associer davantage les organisations régionales et sous-régionales à l’élaboration des missions de maintien de la paix, lesquelles prennent davantage en compte les réalités du pays bénéficiaire. 

M. WAEL MAHMOUD ABDELAZIZ ELDAHSHAN (Égypte) a souligné le sacrifice ultime des Casques bleus et la multiplication des difficultés auxquelles ils font face.  Il a ainsi appelé à adopter des réformes équilibrées qui se renforcent mutuellement, faisant écho à la feuille de route du Caire.  Il convient en priorité d’améliorer la sécurité des soldats de la paix, a insisté le délégué, soulignant l’importance d’un financement adéquat, ainsi que la lutte contre les engins explosifs improvisés et la désinformation. 

En ce qui concerne la gouvernance, il a appelé à un partage des responsabilités. Il a aussi mis en avant l’interdépendance entre le maintien de la paix et les mandats, proposant de s’attaquer aux causes profondes des conflits par des approches politiques réalistes.  Les résultats doivent être mesurés en fonction de la nécessité d’objectifs et de ressources réalisables, a‑t‑il déclaré. Le renforcement des partenariats entre l’ONU et les organisations régionales, notamment l’Union africaine (UA), a également été jugé crucial. 

S’agissant de la diversité et de l’inclusion, le délégué a défendu la présence des femmes dans les zones de conflit.  En conclusion, il a évoqué la Conférence ministérielle prévue à Accra, au Ghana, en décembre 2023 pour aborder les défis opérationnels.

M. JOSÉ DE JESÚS CISNEROS CHÁVEZ (Mexique) a déclaré que son pays a récemment renforcé sa présence en déployant des observateurs et participé à ses premières opérations de maintien de la paix.  Il a jugé essentiel de disposer d’évaluations concernant les défis qui se font jour à ce sujet.  Il est selon lui crucial de reconnaître que les opérations de maintien de la paix multidimensionnelles traversent une crise de légitimité.  La Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) ont récemment été la cible de frustrations de la part des populations locales devant la lenteur des progrès, alimentées notamment par des campagnes de désinformation. Qui plus est, nous avons affaire à des acteurs non étatiques dont les priorités sont incompatibles avec les processus politiques.  Dans ce contexte, il convient selon lui de se concentrer sur des objectifs « réalistes et réalisables », bénéficiant de l’engagement politique des États touchés.  Le représentant a donc appelé à une meilleure coordination avec les organisations régionales et sous-régionales, souvent mieux à même de réagir à ces crises sécuritaires. 

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a d’abord mis en avant l’engagement profond de son pays vis-à-vis des OMP depuis 60 ans.  Aujourd’hui, a-t-il précisé, ce sont plus de 300 soldats, un contingent de l’aviation et deux hôpitaux qui ont été déployés sur différents théâtres d’opérations, au Soudan du Sud, au Liban, au Mali, ou en République centrafricaine.

Le représentant a ensuite exprimé ses vives préoccupations quant à l’aggravation de la violence contre les Casques bleus, et insisté sur le rôle joué par son pays pour promouvoir un règlement pacifique des conflits. L’apprentissage poussé des règlements des Nations Unies, enseignés dans les académies militaires du Sri Lanka, ont beaucoup facilité le déploiement des troupes de son pays, a précisé le délégué. 

Il s’est par ailleurs inquiété des défis logistiques et financiers de plus en plus sérieux auxquels sont confrontées les OMP, défis qui entravent selon lui leur efficacité.  Enfin, il a rendu hommage aux plus de 2 000 soldats dans le monde qui ont payé le sacrifice ultime dans ces opérations.

M. JORGE SAIN SÁNCHEZ FUENTES (Cuba) a exprimé de sérieuses réserves quant à l’élargissement et à la complexification croissantes des mandats des opérations de maintien de la paix, s’alertant d’une dérive susceptible de contredire les principes fondateurs du maintien de la paix.  Il a ainsi mis en garde contre l’utilisation de ces opérations pour des tâches telles que la lutte contre le terrorisme ou la criminalité transnationale organisée, soulignant que cela ne ferait qu’augmenter les menaces envers le personnel impliqué.  Le délégué a rappelé que le respect intégral des principes d’impartialité et de consentement des parties était primordial, et réitéré que les opérations de maintien de la paix ne peuvent être une fin en soi, mais qu’elles doivent servir à établir un cadre sécuritaire propice à des stratégies de développement à long terme. 

Selon le représentant, la responsabilité principale de la protection des civils dans ces opérations incombe aux États.  Et la manipulation politique de cette question est inacceptable, a‑t‑il insisté.  S’il a reconnu que les nouvelles technologies peuvent parfois améliorer la sécurité du personnel de maintien de la paix, le délégué s’est inquiété de l’utilisation de drones, estimant que leur recours doit être évalué au cas par cas, et conformément aux principes de la Charte des Nations Unies.  Enfin, il a souligné l’importance d’une coopération triangulaire accrue, plaidant pour des mandats plus réalistes et mieux définis, ainsi que pour une dotation en ressources suffisantes pour les opérations.

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