Comité des Palestiniens: face aux tensions croissantes, le Secrétaire général appelle à mettre fin aux mesures unilatérales qui alimentent le conflit
Dans un contexte marqué par des tensions politiques accrues et l’enlisement du processus de paix au Moyen-Orient, le Secrétaire général a exhorté les parties à mettre un terme aux mesures unilatérales qui alimentent le conflit, ce matin, devant le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. Le Comité, qui a renouvelé le mandat de son Président, M. Cheikh Niang, du Sénégal, a également adopté son programme de travail pour 2023.
« La situation dans les territoires occupés est, plus que jamais depuis des années, une poudrière », s’est alarmé M. António Guterres, en faisant état d’une opération des forces armées israéliennes et d’affrontements ayant fait 10 morts et plus de 80 blessés, ce matin même, à Naplouse. Le haut fonctionnaire a exprimé sa profonde préoccupation face aux opérations militaires et aux attaques récentes menées contre des civils, qui ont fait de nombreuses victimes, ainsi qu’à la violence liée aux colons qui accompagne l’expansion des colonies de peuplement. « L’incitation à la violence ne mènera nulle part et doit être rejetée par tous », a prévenu le Secrétaire général.
Même constat de la part du Président du Comité, qui a fait état d’une escalade « alarmante » de la situation sécuritaire dans les territoires occupés, y compris à Jérusalem-Est, tandis que les politiques « illégales » d’Israël continuent d’entraver les droits des Palestiniens et la concrétisation de la solution des deux États. Comme le Secrétaire général et de nombreuses délégations, M. Cheikh Niang a appelé les parties à préserver le statu quo des Lieux saints et à s’abstenir de toute action unilatérale susceptible d’attiser les tensions.
Après avoir appris ce matin, à son réveil, la nouvelle d’un « nouveau massacre » perpétré dans les territoires occupés, l’Observateur permanent de l’État de Palestine, M. Riyad H. Mansour a demandé une plus grande sécurité pour les civils palestiniens ainsi que la mise en œuvre de l’ensemble des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, qui appellent notamment à désarmer les colons israéliens et à autoriser une présence internationale dans les zones occupées.
Pendant que la population palestinienne évite les déplacements par peur des colons, le Gouvernement israélien légalise neuf nouveaux avant-postes et compte accroître ses fournitures d’armes aux colons, a déploré M. Mansour. Il en va, selon lui, de la crédibilité de l’Organisation: « le Gouvernement israélien actuel n’a pas commis le carnage de Naplouse par accident. Non: le Gouvernement israélien connaît les décisions prises mais sait que “rien ne suit”», a-t-il relevé.
Les mesures punitives prises par Israël à la suite de la résolution de l’Assemblée générale demandant un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) au sujet de l’occupation pourraient déstabiliser davantage la situation financière et institutionnelle de l’Autorité palestinienne, s’est encore inquiété le Secrétaire général. « Nous ne pouvons pas perdre de vue l’objectif longtemps recherché de mettre fin à l’occupation et de parvenir à une solution à deux États », a encore dit M. Guterres, en réitérant son attachement à une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient, permettant la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien.
À cet égard, la déclaration présidentielle adoptée le 20 février dernier par le Conseil de sécurité a reçu l’aval de nombreuses délégations, qui l’ont toutefois considérée « insuffisante », alors que des crimes continuent d’être commis contre le peuple palestinien. Pour la Türkiye, cependant, cette déclaration constitue un pas en avant pour mettre un terme à cette « situation alarmante ». La Chine a évoqué de son côté l’opposition ferme exprimée lundi dernier par les membres du Conseil face aux mesures unilatérales qui entravent la paix, telles que la construction de colonies par Israël.
Après avoir exprimé son appui à la demande d’avis consultatif de la CIJ par l’Assemblée générale, l’Égypte a jugé essentiel de veiller à ce que la question palestinienne reste au cœur des préoccupations de la communauté internationale afin de préserver le droit des Palestiniens à un État indépendant. Une opinion partagée par la Tunisie, qui s’est félicitée de l’ouverture du Comité à des organisations régionales et à la société civile, afin d’attirer l’attention sur les « violations graves » commises par la Puissance occupante.
Pour la Jordanie, la question palestinienne se trouve aujourd’hui à un « tournant » du fait de l’imbrication de facteurs régionaux et de l’élection du gouvernement « le plus extrémiste et le plus à droite » de l’histoire d’Israël. Toutefois, a rappelé la Namibie, « il n’existe pas de plan B à la solution des deux États ».
En début de séance, le Comité a adopté son programme de travail* pour 2023, qui prévoit notamment le soutien du Bureau à la mise en œuvre de la résolution de l’Assemblée générale visant à solliciter l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) concernant l’occupation du Territoire palestinien occupé. Le 15 mai 2023, le Comité commémorera le soixante-quinzième anniversaire de la Nakba en organisant un événement de haut niveau à l’Assemblée générale.
Le Comité a en outre reconduit dans leurs fonctions les Vice-Présidents sortants M. Pedro Luis Pedroso Cuesta, de Cuba; M. Arrmanatha Christiawan Nasir, de l’Indonésie; M. Neville Melvin Gertze, de la Namibie; et M. Jaime Hermida Castillo, du Nicaragua. Le Président poursuivra ses consultations avec les membres du Comité afin de pourvoir un poste vacant de vice-président et un autre de rapporteur.
La prochaine réunion du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.
* A/AC.183/2023/L.3
DÉCLARATION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a fait part de sa profonde préoccupation face à la violence persistante en Cisjordanie occupée et en Israël, dans un contexte de tensions politiques accrues et d’enlisement du processus de paix. « La situation dans les territoires occupés est, plus que jamais depuis des années, une poudrière », s’est alarmé le Secrétaire général, en faisant état d’une opération des forces armées israéliennes et d’affrontements qui ont fait 10 morts et plus de 80 blessés, ce matin, à Naplouse. Devant les tensions croissantes s’agissant des Lieux saints de Jérusalem, il a appelé les parties à préserver le statu quo et à éviter toute action provocatrice. M. Guterres s’est en outre inquiété des récentes attaques menées contre des civils et des opérations militaires, qui ont fait de nombreuses victimes. L’expansion continue des colonies de peuplement, les expulsions, les démolitions et la violence liée aux colons menacent l’État palestinien et entravent la capacité du peuple palestinien à vivre en paix et en sécurité, s’est alarmé le Secrétaire général, en demandant la cessation des mesures unilatérales qui alimentent le conflit. « L’incitation à la violence ne mènera nulle part et doit être rejetée par tous », a-t-il argué.
Les mesures punitives prises par Israël à l’encontre de l’Autorité palestinienne à la suite de la résolution de l’Assemblée générale demandant un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) concernant l’occupation pourraient déstabiliser davantage la situation financière et institutionnelle de l’Autorité palestinienne, s’est encore inquiété le Secrétaire général. De même, les tendances violentes qui ont dominé 2022 continuent de faire payer un lourd tribut humain aux Palestiniens et aux Israéliens, et se traduisent notamment par une augmentation alarmante du nombre de décès de femmes et d’enfants palestiniens. « Les auteurs de tous les actes de violence doivent répondre de leurs actes », a-t-il martelé. « Rien ne saurait justifier les actes de terrorisme. »
Estimant que le règlement du conflit israélo-palestinien constitue un élément clef d’une paix durable au Moyen-Orient, M. Guterres s’est félicité de l’engagement positif des dirigeants israéliens et palestiniens, tout en déplorant l’absence prolongée de dialogue politique. Il a réitéré à cet égard l’appui de l’ONU à la reprise des négociations directes entre les parties. Dans cette optique, le haut fonctionnaire a salué les efforts visant à faire progresser la réconciliation intrapalestinienne et à ramener un gouvernement palestinien légitime à Gaza. Il a également salué la décision d’Israël d’assouplir certaines restrictions à la circulation des personnes et des biens à destination et en provenance des territoires occupés, tout en appelant à la levée complète des fermetures « débilitantes », conformément à la résolution 1860 (2009) du Conseil de sécurité. M. Guterres a par ailleurs encouragé les États Membres à apporter leur appui à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui demeure une « bouée de sauvetage » pour les réfugiés palestiniens.
« Nous ne pouvons pas perdre de vue l’objectif longtemps recherché de mettre fin à l’occupation et de parvenir à une solution à deux États », a conclu le Secrétaire général, en réitérant son attachement à une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient, à même de réaliser les droits inaliénables du peuple palestinien, conformément au droit international, aux résolutions pertinentes de l’ONU et aux accords antérieurs.
M. CHEIKH NIANG, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, s’est dit honoré, en son nom et en celui de son pays, le Sénégal, d’être reconduit à la tête du Comité. Il a débuté cette première séance de la session de 2023 du Comité en constatant que l’année précédente a été particulièrement difficile pour le peuple palestinien, avec le plus grand nombre de décès enregistrés par l’ONU depuis qu’ils ont commencé à être documentés en 2005. La poursuite de l’occupation a entraîné le déplacement supplémentaire de centaines de milliers de personnes, y compris de Jérusalem-Est, tandis que les politiques illégales d’Israël portent gravement atteinte aux droits des Palestiniens à un avenir d’indépendance et à la solution des deux États, a-t-il relevé, faisant état d’une évolution alarmante de la situation, marquée par des attaques, des violences et des opérations militaires. En 2023, on semble voir le cycle de violence se poursuivre dans un contexte de blocage du processus de paix, a observé M. Niang, avant de souligner l’importance du statu quo des Lieux saints, tel que garanti par le Royaume de Jordanie. Saluant la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité du 20 février dernier, qui condamne la politique de colonisation illégale d’Israël, il s’est dit persuadé que le meilleur moyen de favoriser une paix durable est de renoncer à toute forme de violence et de politique du fait accompli en vue de retourner à la table des négociations. Dans cette perspective, il convient selon lui d’œuvrer à la relance du processus en mettant sur la table toutes les questions en suspens. Il importe également que toutes les parties s’abstiennent d’actions unilatérales susceptibles d’attiser les tensions, a ajouté le Président du Comité, qui a une nouvelle fois condamné toutes les formes de violence, quels qu’en soient les auteurs et l’origine. M. Niang a invité Israël et la communauté internationale à veiller à ce que les droits inaliénables du peuple palestinien soient respectés et maintenus, y compris celui de vivre dans la paix et la liberté dans un État indépendant. Il a par ailleurs rappelé que l’UNRWA continue d’être confronté à de graves problèmes financiers, exhortant les États Membres à soutenir son action pour les réfugiés palestiniens. Il a enfin assuré le Secrétaire général que le Comité accompagnera ses efforts visant à promouvoir la solution des deux États.
M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a d’abord dit s’être réveillé aujourd’hui en apprenant un « nouveau massacre » perpétré par l’armée israélienne il y a quelques heures dans la ville de Naplouse, agression ayant coûté la vie à 10 Palestiniens, y compris des enfants et des personnes âgées, et ayant blessé 102 personnes, selon un bilan encore provisoire. 2022 fut l’année la plus sanglante dans les territoires depuis le début, en 2005, des relevés effectués par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA); 2023 s’annonce encore plus meurtrière. Le représentant s’est insurgé contre ces violences et s’est fait l’écho de l’appel du peuple palestinien demandant plus de sécurité, ainsi qu’un accès par les forces d’occupation aux travailleurs humanitaires vers les zones en proie aux violences, accès aujourd’hui injustement nié et bloqué.
Le représentant a demandé la mise en œuvre de toutes les résolutions du Conseil, y compris la résolution 904 (1994), adoptée après un massacre commis à Hébron. Ces résolutions appellent à désarmer les colons israéliens et à autoriser une présence internationale temporaire dans les zones occupées. Le dernier rapport du Secrétaire général a demandé d’étendre les mécanismes existants pour fournir plus de protection aux populations: M. Mansour a vivement demandé que ces mécanismes soient mis en œuvre pour de bon. Ces zones se trouvent sous le contrôle total des autorités palestiniennes, l’armée israélienne ne peut donc s’y rendre pour y semer la terreur et la désolation, a-t-il martelé.
Évoquant une explosion de violence à venir si rien n’est fait, ainsi que les nombreuses réunions consacrées au conflit au Conseil de sécurité en raison de la « politique israélienne violente », le délégué palestinien a affirmé que si le Conseil de sécurité agissait pour de bon dans d’autres contextes de par le monde, ses résolutions adoptées devraient également être appliquées dans le cas du conflit israélo-palestinien.
La population palestinienne évite les déplacements par peur des colons, et le Gouvernement israélien va leur fournir encore davantage d’armes. M. Mansour a dit perdre sa crédibilité quand il annonçait à son peuple l’adoption de résolutions du Conseil qui ne sont finalement jamais suivies d’effets. L’ONU, elle aussi, est en train de perdre sa crédibilité pour les mêmes raisons. Alors que « les résolutions ne prennent pas corps », le Gouvernement israélien actuel n’a pas commis le récent carnage de Naplouse par accident. Non: le Gouvernement israélien connaît les décisions prises mais sait que « rien ne suit ». La communauté internationale doit mettre en œuvre ces résolutions pour de bon et protéger la population palestinienne.
M. Mansour a enfin annoncé qu’il adresserait une lettre dans les heures à venir au Secrétaire général, ainsi qu’au Conseil de sécurité et au Président de l’Assemblée générale, afin de les prier de mettre en œuvre les résolutions adoptées. Il a ajouté espérer que la communauté internationale soutiendrait les Palestiniens face aux massacres commis par un Gouvernement israélien « cruel et sans pitié ». Condamnant la légalisation par ce même gouvernement de neuf nouveaux avant-postes, il a conclu en émettant, une fois encore, le souhait d’une solution à deux États, basée sur l’instauration d’un État de Palestine indépendant, selon le tracé des frontières d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale.
ADOPTION DU PROGRAMME DE TRAVAIL POUR 2023
Déclarations
M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a noté que la situation dans les territoires occupés palestiniens continue de se détériorer, notamment en raison de la poursuite des activités des colonies de peuplement israéliennes, sapant ainsi toute possibilité d’un règlement pacifique des différends. Il a condamné les violations récentes perpétrées par Israël dans les territoires occupés, notamment la destruction de maisons palestiniennes et le blocus imposé depuis 15 ans dans la bande de Gaza. Le délégué a exprimé son appui à la demande d’avis consultatif de la CIJ demandé par l’Assemblée générale. Il est selon lui essentiel de veiller à ce que la question palestinienne reste au cœur des préoccupations de la communauté internationale afin de préserver le droit des Palestiniens à un État indépendant, sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.
M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a constaté que, depuis plus de 70 ans, le peuple palestinien se voit refuser la jouissance de ses droits. Responsables de cette situation, les autorités israéliennes poursuivent leur politique d’occupation, de meurtres, de changements démographiques et d’accaparement des ressources, a-t-il accusé, dénonçant des actions constitutives de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Face à ces crimes, la communauté internationale doit intervenir pour contraindre Israël à répondre de ses actes, a poursuivi le représentant, avant de condamner les agissements de ce même État dans le Golan syrien occupé. Regrettant le silence du Conseil de sécurité à cet égard, il a averti que la région est aujourd’hui confrontée à une instabilité sans précédent. Enfin, se disant favorable aux efforts visant à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale pour ce qui est de la question palestinienne, il a appelé la communauté internationale à mettre un terme aux crimes systématiques commis par Israël à l’encontre du peuple palestinien et a réaffirmé le droit inaliénable de ce peuple à vivre en paix dans un État indépendant.
M. X (Tunisie) a loué le rôle important du Comité et ses efforts essentiels pour que le peuple palestinien puisse exercer ses droits inaliénables, notamment son autodétermination et l’instauration d’un État de Palestine indépendant, selon le tracé des frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Il s’est félicité de l’ouverture du Comité à d’autres organisations des Nations Unies, telles que les organisations régionales, ainsi qu’aux ONG et à la société civile, pour mieux sensibiliser le monde à la question palestinienne et attirer l’attention sur les violations graves commises par la Puissance occupante. Il s’est également félicité du programme de renforcement des capacités du Comité, et a dit attendre avec intérêt de collaborer à la mise en œuvre dudit programme pour 2023. Le délégué a conclu en évoquant la séance du Conseil de sécurité du 20 février, où il a été dit que la politique de développement israélienne constituait une menace dangereuse à la solution des deux États.
Mme CEREN HANDE ÖZGÜR (Türkiye) a condamné la décision annoncée par les autorités israéliennes de légaliser neuf avant-postes en Cisjordanie considérés comme illégaux, même en vertu du droit israélien. Elle a appelé Israël à mettre un terme à ses actions qui sapent le processus de paix et entraînent davantage de violence dans la région, ainsi qu’au respect du droit international dans les paramètres établis par les résolutions des Nations Unies. Dans l’intervalle, la représentante a souligné que la fin de l’occupation est une condition préalable à toute solution pérenne. Elle a noté avec un profond regret que l’année 2022 a été la plus meurtrière depuis que l’ONU a commencé à enregistrer les décès des civils en 2005. La déléguée a toutefois considéré la déclaration présidentielle adoptée cette semaine par le Conseil de sécurité comme un pas en avant pour mettre un terme à cette « situation alarmante ». De même, les violations continues perpétrées par Israël dans les Lieux saints ne laissent selon elle que présager ce qui nous attend à l’avenir.
M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a affirmé que la responsabilité du Comité est d’aider les peuples d’Israël et de Palestine à résoudre leur long conflit. Il a toutefois constaté que, malgré l’adoption de résolutions et de décisions visant à permettre au Comité de promouvoir la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien, de contribuer à la fin de l’occupation israélienne et de mobiliser une assistance internationale en faveur du peuple palestinien, il n’y a pas de fin en vue au conflit et aux injustices. Tout en se félicitant de la résolution du Conseil de sécurité appelant au « plein respect du droit international humanitaire, y compris la protection de la population civile », il s’est dit conscient de l’urgence de la situation, qui, selon lui, reste « très instable et désespérée ». Appelant à ce que l’année 2023 soit celle de la revitalisation de la coopération mondiale, le représentant a réitéré son souhait de voir Israéliens et Palestiniens vivre en paix dans une région stable. Il a réitéré son soutien à la conviction du Secrétaire général et de l’écrasante majorité des États Membres, selon laquelle il n’existe pas de plan B à la solution des deux États. Il importe, par conséquent, de relancer un dialogue politique qui aborde l’injustice historique de l’occupation, sur la base des frontières d’avant 1967 et conformément au droit international et aux résolutions pertinentes de l’ONU, a plaidé le délégué.
Pour M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie), l’heure n’est pas aux félicitations dans un tel contexte de violences et alors que la tâche à accomplir est herculéenne pour réaliser le rêve du peuple palestinien: celui d’une patrie indépendante, qui deviendrait un membre à part entière des Nations Unies. Le délégué a réaffirmé la reconnaissance par son pays de l’engagement du Secrétaire général dans sa quête d’une paix juste et pérenne. Lundi dernier, le Conseil de sécurité a pris des mesures en réponse aux dernières violences dans les territoires palestiniens occupés. Même si la guerre en Europe accapare l’attention de la communauté internationale, cela montre selon lui que la cause de la Palestine n’est pas oubliée. Évoquant l’occupation illégale par l’occupant rendant la vie des Palestiniens de plus en plus dangereuse et difficile, le représentant a parlé, « sans exagérer », d’un « enfer sur Terre » vécu par le peuple palestinien et d’une poursuite des violences éloignant le Comité et la communauté internationale de leur objectif, à savoir la solution des deux États. Se félicitant toutefois de l’adoption du programme de travail par le Comité, il a appelé à la vigilance et à la coopération de toute la communauté internationale pour que l’occupation illégale cesse.
M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a réaffirmé son appui à l’indépendance et aux droits inaliénables du peuple palestinien à l’autodétermination et à la réalisation de ses aspirations nationales légitimes. La solution des deux États est le seul moyen, le plus juste et le plus largement soutenu par la communauté internationale, de mettre fin à l’un des conflits les plus douloureux auxquels l’humanité est confrontée depuis des années. Faisant sien l’appel du Secrétaire général à « redoubler d’efforts pour faire de la paix une réalité mondiale », le délégué a prôné l’adoption d’urgence de mesures susceptibles de favoriser un environnement propice à la reprise du dialogue et de négociations crédibles et directes pour parvenir à une paix durable. Plus de 75 ans se sont écoulés depuis la partition de la Palestine, a-t-il rappelé, 75 années au cours desquelles le peuple palestinien a résisté à « l’agression coloniale » et à la « politique criminelle d’apartheid » perpétuée en toute impunité par la Puissance occupante. Le représentant a exprimé sa grave préoccupation face à l’aggravation croissante de la situation sur le terrain du fait des attaques menées par les forces d’occupation israéliennes. À cet égard, il a appelé à prendre des mesures « urgentes et prioritaires » pour assurer la protection internationale de la population civile palestinienne.
M. MOHAMMAD ALI JARDALI (Liban) a remercié le Comité de déployer des efforts pour rendre visible la question palestinienne. Il s’est félicité à cet égard que des activités soient organisées cette année pour marquer le soixante-quinzième anniversaire de la Nakba, notamment le 15 mai prochain à l’Assemblée générale. Il s’agit, a-t-il souligné, de mettre en exergue la situation difficile du peuple palestinien, qui est exacerbée par la politique d’occupation et de colonisation d’Israël. Le représentant a souligné l’attachement du peuple palestinien à sa terre et aux efforts en faveur de la solution des deux États. Or, en dépit des initiatives dans ce sens et des résolutions successives des Nations Unies, la situation continue de se détériorer, a-t-il déploré, observant que la réalité injuste de l’occupation reste inchangée, de même que l’expansion des colonies, menée au mépris du droit international. La seule issue, a conclu le délégué, s’appuie sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en vue de parvenir à un État palestinien sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.
Mme GUI DAN (Chine) a déploré la violence grandissante en Cisjordanie, la violation du caractère sacré des Lieux saints, et la mort de civils, y compris des enfants. Elle a aussi évoqué la réunion, lundi dernier, du Conseil de sécurité, et l’opposition ferme exprimée par ses membres aux mesures multilatérales entravant la paix, telles que la construction de colonies par Israël. La majorité écrasante des membres du Conseil souhaite que se réalise la solution des deux États, basée sur l’instauration d’un État de Palestine indépendant, selon le tracé des frontières d’avant 1967, et l’impasse des négociations ainsi que les retards pris dans la mise en œuvre de la solution des deux États doivent cesser, a-t-elle imploré. Le Conseil de sécurité porte une responsabilité importante dans cet échec, selon la déléguée. Il doit désormais prendre des mesures tangibles dans l’esprit de la Charte des Nations Unies. La Chine soutiendra de manière indéfectible la cause palestinienne, a-t-elle conclu.
M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ, de la Ligue des États arabes, a déclaré que la question palestinienne demeure centrale pour son organisation et pour les gouvernements arabes et musulmans qui défendent la paix et la stabilité. Le trentième Sommet arabe a organisé un sommet pour la résistance et le développement le 12 février dernier, dont le communiqué final réaffirmait la solidarité avec le peuple palestinien. Selon le représentant, Israël doit être tenu responsable de ses décisions, notamment celle portant sur l’armement des colons. Il a condamné la construction de 10 000 unités de logement et de nouvelles colonies dans les territoires occupés, et appelé le Conseil de sécurité à prendre les responsabilités qui lui incombent à cet égard. Le délégué a dénoncé les « doubles standards » entre l’occupation de la Palestine et celle de l’Ukraine, qui fait l’objet de nombreuses réunions du Conseil et de l’attention soutenue des États Membres de l’ONU. Nous devons en outre augmenter le nombre de pays qui reconnaissent l’État palestinien afin qu’il puisse devenir membre à part entière de l’ONU. Enfin, a poursuivi le délégué, nous devons établir un cadre politique pour le Quatuor et tenir une conférence internationale sur la question palestinienne, comme l’a demandé à plusieurs reprises l’Autorité palestinienne, sans obtenir de réponse.
Mme NORDIANA BINTI ZIN ZAWAWI (Malaisie) a estimé que le Comité est aujourd’hui confronté à une « tâche herculéenne ». Il doit en effet soutenir le processus de paix tout en mobilisant l’aide en faveur du peuple palestinien, dont la quête d’indépendance se poursuit depuis bien trop longtemps, a-t-elle observé. Dans ce contexte, la représentante s’est dite convaincue que la solution des deux États pourrait se concrétiser si les membres du Conseil de sécurité déployaient tous les efforts nécessaires. Enfin, après avoir exprimé le soutien de son pays à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et appelé à un financement prévisible de ses activités, elle a réitéré son appui infaillible au droit du peuple palestinien à disposer de lui-même et de parvenir à son indépendance.
M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a paraphrasé le pape François, déclarant que le monde souffrait d’une « famine de paix ». Aujourd’hui n’est pas un jour propice aux félicitations selon lui, les violences continuelles montrant que la communauté internationale n’a pas su prendre les bonnes décisions dans la région. Le délégué a rebondi sur les propos de l’Observateur permanent de l’État de Palestine, Riyad Mansour, en lui assurant que Sri Lanka ne ménagerait aucun effort pour collaborer à résoudre la question israélo-palestinienne. Il a appelé les délégués à « prier » pour qu’un jour, toutes les religions puissent coexister dans la paix parmi les Lieux saints, et pour que les Palestiniens puissent rejoindre de nouveau leurs terres, et reconstruire avec les Israéliens ce qui pourrait être le meilleur endroit pour vivre sur Terre.
M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a constaté que nous ne sommes pas prêts à reprendre les négociations sur la question palestinienne, malgré les nombreuses résolutions en ce sens adoptées par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité. « La paix est la seule direction vers laquelle nous devons tendre », a ajouté le délégué, en dénonçant les politiques du deux poids, deux mesures au sein des Nations Unies. Selon lui, le Conseil est pris en otage pour ce qui est de la question palestinienne, et il a été récemment accaparé par une seule et unique thématique. Le temps est venu de constater que le Conseil est incapable de s’acquitter de ses fonctions s’agissant de la question palestinienne, a considéré le représentant, balayant l’adoption cette semaine d’une déclaration présidentielle insuffisante alors que des crimes sont commis quotidiennement contre le peuple palestinien.
M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a constaté à son tour que le peuple palestinien continue de subir le joug de l’occupation israélienne, avant de saluer les efforts continus visant à aider ce peuple à créer un État indépendant sur les frontières de 1967. Pour le représentant, la question palestinienne est aujourd’hui à un « tournant », en raison de plusieurs facteurs régionaux et de l’élection du gouvernement « le plus extrémiste et le plus à droite » de l’histoire d’Israël. Dans ce contexte, a noté le représentant, le Comité joue un rôle essentiel dans la mesure où il agit pour la protection des droits du peuple palestinien, confronte Israël à ses pratiques et sensibilise le public à la situation. Regrettant à ce propos que les médias aient tendance à dépeindre Israël comme la victime et le peuple palestinien comme l’agresseur, il a dénoncé le fait qu’Israël ait tenté de « diaboliser » les Palestiniens, et notamment les enfants palestiniens, lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité sur la question de Palestine. Cela exige une réponse de la communauté internationale, s’est-il indigné, appelant le Comité à braquer les projecteurs sur ce type de pratique. Tous les États Membres qui défendent la liberté et le droit des peuples à l’autodétermination doivent dénoncer cette réalité, a renchéri le délégué, selon lequel le soixante-quinzième anniversaire de la Nakba sera l’occasion de procéder à un exercice de sensibilisation au sein de l’Assemblée générale. Enfin, après avoir invité les membres du Comité à l’appuyer la demande d’avis consultatif à la CIJ, il a jugé urgent de lutter contre les tentatives israéliennes d’effacer l’identité arabe et chrétienne, notamment au travers des activités de peuplement à Jérusalem-Est. Assurant que le Royaume hachémite de Jordanie s’emploie à assumer ses responsabilités en tant que garant des sites saints de Jérusalem, il a souhaité que le Comité attire l’attention du monde sur ces questions.
M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) s’est dit à la fois touché et préoccupé par les dernières informations en provenance de Palestine. La situation s’aggrave avec le temps et ceci confirme qu’il est de la plus haute importance que le Comité redouble d’efforts pour réaliser le rêve historique du peuple palestinien. Le délégué nicaraguayen a de nouveau exprimé la solidarité du Gouvernement sandiniste du Nicaragua envers le peuple palestinien, ainsi que son soutien à une solution à deux États basée sur l’instauration d’un État de Palestine indépendant, selon le tracé des frontières d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale.
Mme FEDA ABDELHADY, de l’État de Palestine, a fait état d’un « nouveau deuil douloureux » pour le peuple palestinien devant les pertes de vies et la dévastation qui lui sont infligées génération après génération. Il nous faut des mesures concrètes de reddition de comptes afin d’assumer les responsabilités qui nous incombent au titre du droit international ainsi que nos obligations morales face à l’inhumanité dont souffrent les Palestiniens depuis plus de 75 ans, a ajouté la déléguée.
Reprenant la parole, M. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a déclaré avoir reçu pour instruction de sa hiérarchie d’intervenir auprès du Conseil de sécurité « s’agissant de la protection de notre peuple » face au nouveau massacre commis ce matin en Cisjordanie. Le Gouvernement israélien « extrémiste » risque maintenant de détruire toute la région. M. Mansour a dénoncé la dernière agression commise à Naplouse ce matin. Il a prié les États Membres de préparer des interventions écrites à la CIJ en vue de son avis consultatif concernant l’occupation israélienne des territoires palestiniens.
M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a condamné les crimes contre l’humanité qui continuent d’être commis contre le peuple palestinien. L’apartheid est une réalité quotidienne et concrète pour ce peuple, a-t-il dénoncé, jugeant inacceptable que cette spirale se poursuive inlassablement. Le représentant a relevé que, cette semaine, le Conseil de sécurité a eu l’occasion de « corriger ce cap » et de sortir de la « léthargie » qui caractérise ce dossier depuis 70 ans. Il a cependant estimé que la déclaration présidentielle adoptée lors de cette réunion du Conseil reste « insuffisante » car elle ne va pas assez loin. Pour finir, il a réitéré son soutien au peuple palestinien et a dit partager les vues exprimées quant au rôle du Comité.