La Deuxième Commission débat des moyens efficaces, comme l’agriculture durable, pour éliminer la pauvreté et garantir la sécurité alimentaire
La Deuxième Commission de l’Assemblée générale, consacrée aux questions économiques et financières, s’est concentrée aujourd’hui sur deux thématiques inextricablement liées: l’éradication de la pauvreté d’un côté, le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition de l’autre. Selon les estimations, rappelées par John Wilmoth du Département des affaires économiques et sociales (DESA), environ 670 millions de personnes vivent dans l’extrême pauvreté. Et plus de 80% d’entre elles se trouvent dans les régions rurales, où les taux de pauvreté sont presque trois fois plus élevés que dans les zones urbaines, comme l’a précisé Benjamin Davis, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Cela représente plus de 1,3 milliard de personnes qui, malgré le rôle qu’elles jouent dans la production alimentaire mondiale, n’ont pas les moyens d’acheter de la nourriture et d’autres produits de première nécessité, a-t-il dénoncé.
Particulièrement vulnérables à la surexploitation des ressources et aux bouleversements climatiques, ces populations rurales ont vu leurs conditions, déjà précaires avant la pandémie de COVID-19, s’aggraver sensiblement à la suite de celle-ci. En effet, après plus de deux décennies de progrès soutenus —notamment en raison d’un transfert massif de main d’œuvre du secteur agricole faiblement productif vers l’industrie et les services, comme en Chine, qui a dit avoir éliminé la pauvreté extrême chez elle—, la tendance s’est récemment inversée. Aujourd’hui, comme l’a rappelé le Mexique, presque 1 personne sur 10 dans le monde (9,2% de la population exactement) est ainsi confrontée à la faim chronique, soit 122 millions de personnes de plus qu’en 2019.
Or, si l’on ne parvient pas à faire reculer plus rapidement et de manière soutenue la pauvreté rurale, il ne sera pas possible de réaliser la plupart des autres objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030, prévient le rapport du Secrétaire général sur cette question. C’est une des clefs de voûte. Par ailleurs, a expliqué M. Davis, tandis que les populations rurales vivant dans la pauvreté sont celles qui contribuent le moins aux changements climatiques, ce sont elles qui sont les plus exposées à ses conséquences et qui disposent des ressources les plus limitées pour s’y adapter. Il y a là une injustice criante à corriger.
Pour remédier à cette situation, les stratégies ne manquent pas, mais leur mise en œuvre n’est pas toujours aisée, comme l’a rappelé la soixantaine de délégations qui ont pris la parole. Le Groupe des 77 et la Chine en ont d’abord énuméré quelques-unes, qui se jouent au niveau international: rendre les structures commerciales existantes plus équitables; cesser l’exploitation des ressources naturelles des pays en développement; leur fournir une assistance financière, notamment par une meilleure gestion de la dette et plus de droits de tirage spéciaux (DTS); ou encore lever les mesures coercitives unilatérales.
Concernant cette dernière demande, récurrente lors des débats de la Deuxième Commission, le Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, par la voix du Venezuela, a évoqué une véritable « pandémie d’unilatéralisme » qui affaiblirait le Programme de développement durable à l’horizon 2030. De son côté, le Groupe des pays les moins avancés (PMA) a demandé à ce que le mécanisme de « stockage alimentaire », prévu par le Programme d’action de Doha en faveur des PMA, devienne pleinement opérationnel, tout en exhortant à donner aux petits exploitants agricoles de ces pays un accès aux nouvelles technologies et aux énergies renouvelables via des transferts de technologies. Bahreïn a d’ailleurs témoigné avoir profité de nouvelles technologies qui lui ont permis d’accroître son utilisation des serres pour protéger les cultures contre les conditions climatiques extrêmes.
« Pour ne laisser personne de côté », la mise en place de programmes de protection sociale doit être une priorité, a défendu la Communauté des Caraïbes (CARICOM), citant plusieurs pays de sa région en exemple. La Thaïlande a détaillé pour sa part sa « philosophie de l’économie de suffisance », qui pousse les communautés locales à relever par elles-mêmes leur niveau de vie. Au niveau local, justement, soutenir l’agriculture familiale est fondamental, a assuré Marcela Villarreal de la FAO, précisant que 77 pays avaient déjà adopté des plans d’action à cet effet. Le Brésil a relancé son programme d’achat alimentaire bénéficiant aux petits exploitants, ainsi qu’un programme de transfert monétaire en espèces qui a permis à 3,4 millions de personnes de se tirer de la pauvreté extrême. Le Brésil a par ailleurs annoncé qu’en tant que président du prochain G20, il voulait créer une agence mondiale contre la faim et la pauvreté.
Pour tenir leur rôle dans la réalisation des ODD, résume le rapport sur « l’avenir de l’alimentation et de l’agriculture », les systèmes agroalimentaires devront tout à la fois être en mesure de répondre à l’augmentation de la demande, exercer une pression moindre sur les ressources naturelles, produire moins d’émissions de gaz à effet de serre et de déchets alimentaires, associer les différents secteurs et parties prenantes (y compris les peuples autochtones, les jeunes et le secteur privé) et offrir des moyens de subsistance décents, équitables et tenant compte des questions de genre. Une somme de défis d’autant plus grands que les systèmes financiers sont affaiblis et que la marge de manœuvre budgétaire est limitée. Mais le statu quo n’est plus tenable, ont tranché la plupart des délégations, convaincues de la nécessité d’un changement en profondeur.
La prochaine séance de la Deuxième Commission aura lieu demain, jeudi 12 octobre, à 15 heures. Elle sera consacrée aux activités opérationnelles de développement.
ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT
DÉVELOPPEMENT AGRICOLE, SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET NUTRITION
Présentation des rapports
M. JOHN WILMOTH, Directeur par intérim de la Division du développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté le rapport du Secrétaire général sur les « activités relatives à la troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2018-2027) » (A/78/239), qui fait le point sur les progrès accomplis et les problèmes rencontrés dans ce cadre, dans un contexte marqué par une série de crises graves se renforçant mutuellement (COVID-19, guerre en Ukraine, crises alimentaire et énergétique, inflation croissante et changements climatiques).
Le rapport constate que la pauvreté a augmenté pour la première fois depuis plus de 20 ans. Selon les estimations, environ 670 millions de personnes vivaient dans l’extrême pauvreté en 2022, soit une hausse de 70 millions par rapport aux projections antérieures à la pandémie. Si ces tendances perdurent, a averti M. Wilmoth, 575 millions de personnes vivront toujours dans une pauvreté extrême en 2030. De plus, entre 690 et 783 millions de personnes souffraient de la faim en 2022, soit 122 millions de plus qu’avant la pandémie.
Le rapport note également que les pays les plus pauvres ont dépensé des milliards au service de la dette, ce qui les a empêchés d’investir dans le développement durable. Par exemple, les pays les moins développés (PMA) consacrent 14% de leurs recettes publiques au service de la dette, contre 3,5% pour les pays développés.
M. BENJAMIN DAVIS, Directeur de la Division de la transformation rurale inclusive et de l’égalité des sexes à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a présenté, en visioconférence, deux rapports du Secrétaire général. Le premier se concentre sur « l’élimination de la pauvreté en milieu rural en vue de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 » (A/78/238); le deuxième aborde « l’avenir de l’alimentation et de l’agriculture: moteurs et déclencheurs de systèmes agroalimentaires durables » (A/78/218). Révélant que plus de 80% des personnes extrêmement pauvres vivent en milieu rural, où les taux de pauvreté sont presque trois fois plus élevés que dans les zones urbaines, le rapport note que les progrès dans la réduction de cette pauvreté ont ralenti, avant même l’éclatement de la pandémie de COVID-19. Et alors que les populations rurales vivant dans la pauvreté sont celles qui contribuent le moins aux changements climatiques, ce sont elles qui sont les plus exposées à ses conséquences, et qui disposent des ressources les plus limitées pour s’y adapter.
Pour remédier à cette situation, le rapporteur a appelé à des stratégies de développement rural inclusives et durables. Il a encouragé des investissements accrus dans les services sociaux et les systèmes de protection sociale, sans oublier de renforcer les droits des peuples autochtones sur les terres et territoires communaux, afin qu’ils puissent prendre part aux décisions sur les questions qui les concernent. Il a ensuite attiré l’attention sur la sécurité alimentaire et la nutrition, notant que près de 29,6% de la population mondiale, soit 2,4 milliards de personnes, étaient en situation d’insécurité alimentaire en 2022. Après avoir évoqué les écarts de genre dans la productivité agricole et l’emploi salarié, il a exprimé ses inquiétudes quant à la durabilité environnementale, insistant sur la nécessité d’adopter une approche holistique, à long terme, qui combine sciences modernes et connaissances locales. Il a enfin mentionné le rôle des fibres naturelles comme alternative aux fibres synthétiques, soulignant leur contribution à l’atténuation et à l’adaptation aux changements climatiques.
Mme MARCELA VILLARREAL, Directrice de la Division des partenariats et de la collaboration avec les Nations Unies de la FAO, a présenté le rapport de la FAO et du Fonds international de développement agricole (FIDA) portant sur la « mise en œuvre des activités relatives à la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale (2019-2028) », contenu dans une note du Secrétaire général (A/78/233). Soutenir l’agriculture familiale est fondamental pour réaliser les objectifs de développement durable, a-t-elle rappelé en notant que les résultats depuis le lancement de la Décennie sont encourageants. Mme Villarreal a précisé qu’au moins 77 pays ont déjà fait évoluer leur politique en ce sens et adopté des plans d’action.
Elle a fait valoir que de nombreuses opérations et activités ont favorisé la participation dynamique des femmes et des jeunes ruraux dans l’agriculture familiale et les économies rurales, leur accès aux ressources et services productifs et leur participation aux processus de dialogue politique. En 2023 et en 2024, la bonne mise en œuvre de la Décennie devrait être encouragée au moyen de ressources financières accrues ainsi que grâce à un engagement politique renouvelé, recommande le rapport.
Discussion générale conjointe
M. ADIEL GUEVARA RODRÍGUEZ (Cuba), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré que l’élimination de la pauvreté et de la malnutrition sous toutes leurs formes est le défi le plus important à relever sur le plan international, recommandant, pour ce faire, une coopération accrue. Or, en dépit des engagements pris à cette fin, le monde ne suit pas la bonne voie pour réaliser le premier objectif du Programme 2030, a déploré le représentant. Il a regretté que, « selon des estimations crédibles », il y avait 650 millions de personnes vivant dans la pauvreté extrême en 2021, soit 1,4% de la population mondiale. Cela représente 70 millions de personnes de plus par rapport aux prévisions prépandémiques, a-t-il précisé. Si la tendance se poursuit, il y aura en 2030, a-t-il prévenu, 500 à 600 millions de personnes qui continueront de vivre dans la pauvreté extrême, et seulement un tiers des pays auront réduit leur niveau de pauvreté nationale de moitié.
Le représentant a également relevé que si la pauvreté règne partout, la grande majorité des pauvres vivent dans les pays du tiers-monde. Ils ne peuvent pas se permettre d’acheter des aliments et de satisfaire à d’autres besoins fondamentaux. Il a relevé que 1% d’augmentation des prix des produits alimentaires pousse des millions de gens dans pauvreté, « comme on l’a vu dans le contexte de l’inflation sur les prix des produits alimentaires durant la pandémie de COVID-19 ». Le représentant a déploré que dans ce contexte, les pays en développement n’aient pas suffisamment été aidés, reconnaissant toutefois que si le montant de l’aide publique au développement (APD) a augmenté, cette hausse résulte des aides apportées aux réfugiés.
Rappelant que l’éradication de la pauvreté est le premier ODD, le délégué a recommandé de s’attaquer aux causes et origines systémiques, tant sur le plan national que sur le plan international. Ainsi, a-t-il énuméré, les structures commerciales existantes doivent être rendues plus équitables; l’exploitation des ressources naturelles des pays en développement, y compris transfrontalières, doit cesser; les pays en développement doivent recevoir les ressources financières nécessaires, y compris par une bonne gestion de la dette et des droits de tirage spéciaux (DTS); et les mesures coercitives unilatérales doivent être levées.
Au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), M. LOK BAHADUR THAPA (Népal) a relevé que bien que l’agriculture soit le secteur le plus important de l’économie des PMA, ces derniers sont également des pays importateurs nets de denrées alimentaires. Cela s’explique par un contexte de risques et d’incertitudes perpétuels. Les conflits et les tensions géopolitiques ont non seulement augmenté le coût des intrants agricoles, mais ont également entraîné des pénuries d’engrais. Par conséquent, a développé l’oratrice, environ deux tiers des personnes confrontées à l’extrême pauvreté dans le monde sont des travailleurs et des familles du secteur agricole. Le Groupe a donc demandé instamment aux partenaires de développement et au système des Nations Unies de concrétiser leur engagement de financer davantage l’élaboration de solutions novatrices pour les PMA dans les domaines de l’agriculture et de la production alimentaire. La création d’un système agroalimentaire plus équitable, plus durable et plus résistant est la clef pour mettre fin à l’instabilité alimentaire dans les PMA, tout comme l’augmentation des investissements dans l’agriculture pour garantir la sécurité alimentaire et l’élimination de la faim.
La modernisation et l’industrialisation de l’agriculture dans les PMA sont une nécessité urgente, a-t-elle aussi pointé en insistant sur la nécessité de transformer les systèmes alimentaires, et plaidant pour l’adaptation aux changements climatiques et la mobilisation des ressources nécessaires pour renforcer la résilience des PMA. Cet effort doit inclure un investissement accru dans les systèmes d’alerte précoce, l’identification des zones susceptibles d’aggraver l’insécurité alimentaire et des mesures de protection sociale ciblées. En outre, la mise en œuvre d’un mécanisme de stockage alimentaire adapté aux PMA contribuerait à réduire l’insécurité alimentaire et l’instabilité dans ces pays, a-t-elle reconnu en demandant instamment que le mécanisme de stockage alimentaire pour les PMA prévu par le Programme d’action de Doha devienne opérationnel. Enfin, la représentante a exhorté à donner aux petits exploitants agricoles des PMA un accès aux nouvelles technologies et aux énergies renouvelables, aux marchés, à la diversification des cultures et à des infrastructures résilientes, entre autres.
Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque) a dit être très préoccupé par la situation en Haïti où la moitié de la population souffre d’une sécurité alimentaire chronique. Pour éliminer la pauvreté et la faim, il faut avoir des plans suffisamment financés et investir dans l’agriculture, a-t-il prôné tout en rappelant que les pays de la région des Caraïbes subissent les conséquences des changements climatiques qui freinent les progrès. Le délégué a donc recommandé des pratiques agricoles résilientes pour accroître la production. Il a demandé d’harmoniser le débat sur la pauvreté avec celui sur la sécurité alimentaire, arguant qu’ils sont liés. La CARICOM, a-t-il poursuivi, concentre ses efforts dans les zones rurales où l’agriculture est la principale source de subsistance. La pauvreté extrême ne saurait être éliminée sans les investissements mondiaux pour atténuer les défis que rencontre le secteur agricole dans le monde en développement, a plaidé le représentant.
Il a notamment demandé des subventions aux agriculteurs et de prendre en compte la dégradation de l’environnement. Il a parlé de la politique agricole commune de la CARICOM, qui comprend des initiatives telles que l’agriculture intelligente face au climat et des projets pour renforcer l’entrepreneuriat rural et agricole. En outre, comme les pays de la CARICOM importent 75% de leurs aliments, ses membres ont adopté la Vision 2025 qui a pour objectif de réduire la facture d’importation d’aliments de 25% dans la région. Ils ont aussi élaboré une stratégie alimentaire pour améliorer la résilience face aux secousses sociales et alimentaires. La mise en place des programmes de protection sociale a été accélérée dans tous les pays des Caraïbes, a encore indiqué le délégué qui a toutefois conclu que les progrès réels ne seront possibles que si la communauté internationale surmonte les problèmes géopolitiques et met un terme aux conflits, sans oublier un meilleur accès aux financements et un allégement de la dette.
Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. DANG HOANG JIANG (Viet Nam) a fait observer que l’agriculture est un secteur clef en Asie du Sud-Est, fournissant du travail à 32% de la population et représentant 22% du PIB, et qu’elle contribue aux efforts régionaux en vue d’alléger la pauvreté, d’éliminer la faim et en faveur du développement durable. L’ASEAN s’est engagée à redoubler d’efforts en faveur de la sécurité alimentaire en renforçant la productivité agricole et les chaînes d’approvisionnement alimentaires, notamment par le biais de pratiques agricoles durables, a indiqué le délégué.
Le représentant a souligné quelques-uns des progrès déjà engrangés en la matière, saluant notamment les efforts visant à parvenir à une économie verte et à exploiter le potentiel de l’économie bleue. Rappelant que la région est très vulnérable aux changements climatiques et à leurs répercussions, il a réitéré l’engagement de l’ASEAN à mettre en œuvre l’Accord de Paris, en particulier selon le principe des responsabilités communes mais différenciées et en fonction des capacités nationales.
Parlant au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, Mme ASBINA MARIN SEVILLA (Venezuela) est revenue sur les conséquences durables de la pandémie de COVID-19, tout en affirmant qu’une autre pandémie affaiblissait le Programme de développement durable à l’horizon 2030: la « pandémie d’unilatéralisme », marquée par la mise en œuvre de mesures coercitives unilatérales qui violent les principes de la Charte des Nations Unies. Selon la représentante, ces mesures exacerbent non seulement la crise humanitaire, mais affectent également l’économie mondiale et contribuent à la hausse des prix alimentaires. Elle a ainsi exhorté à la levée, sans plus tarder, des restrictions sur la production et l’exportation de nourriture et d’engrais, pour promouvoir une agriculture plus durable et résiliente.
La déléguée a poursuivi en mettant en lumière le besoin de réformer la gouvernance alimentaire et agricole mondiale, et en appelant à inclure les pays en développement dans les processus de prise de décisions. « C’est notre responsabilité morale envers les générations actuelles et futures de corriger la trajectoire », a-t-elle conclu, en plaidant pour une plus grande solidarité et coopération internationale.
Mme GLADYS MOKHAWA (Botswana), au nom du Groupe des pays en développement sans littoral (PDSL), a déclaré qu’en raison de leurs vulnérabilités, les PDSL sont parmi les plus durement touchés par les chocs complexes du marché international et par la loi de l’offre et de la demande. Elle a noté en outre que la fragile reprise post-COVID-19 a été freinée par les conditions macroéconomiques mondiales difficiles. Bien que la croissance montre quelques signes d’amélioration, étant passée de 1,43% en 2020 à 3,54% en 2022, celle des PDSL n’a pas suffisamment rebondi pour retrouver les taux d’avant la pandémie (4,26% en 2019), a-t-elle fait remarquer, en s’inquiétant de la lenteur des progrès de ces pays en matière de réduction de la pauvreté par rapport à d’autres pays. La hausse de l’inflation reste d’ailleurs un défi majeur pour bon nombre de ces économies.
Cette situation exerce une forte pression sur les budgets des familles et plonge encore davantage de nombreux ménages dans la pauvreté, a poursuivi la représentante, citant les chiffres de la FAO, qui affirment que l’insécurité alimentaire est passée de 43,4% en 2015 à 57,9% en 2022 dans ces pays. La récente flambée des prix alimentaires mondiaux a également imposé des coûts élevés à de nombreux PDSL, rendant leurs produits alimentaires de base inabordables. Or, sans progrès plus rapides et durables dans la lutte contre la pauvreté, il ne sera pas possible d’atteindre la plupart des ODD d’ici à 2030, a-t-elle prédit.
C’est pour cette raison, et en tenant compte de leurs difficultés particulières, que les pays en développement sans littoral ont besoin d’interventions ciblées pour parvenir à un développement durable et éliminer la pauvreté, a rappelé la représentante, dressant une liste de ce que cela requiert: intégrer les PDSL dans le commerce mondial; soutenir leurs efforts visant à renforcer leur capacité productive; améliorer l’efficacité du transport de marchandises pour faire face aux coûts commerciaux élevés; ou encore soutenir leurs efforts pour parvenir à une transformation structurelle et faire face à l’impact des changements climatiques.
Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), M. ISAIA LAUTASI (Samoa) est revenu sur les défis spécifiques des membres de l’Alliance. Les petits États insulaires en développement (PEID) dépendent largement des importations de denrées alimentaires plutôt que de la production locale, avec plus de 60% des denrées alimentaires importées dans les pays des Caraïbes et du Pacifique (la moitié d’entre eux en importent même plus de 80%). Des solutions existent, certaines étant inscrites dans le rapport du Secrétaire général sur les ODD, a rappelé le délégué en indiquant que l’AOSIS en soutient plusieurs, en particulier la nécessité pour les gouvernements de s’engager de nouveau à augmenter la cadence pour tenir la promesse des ODD. L’Alliance juge aussi important que les gouvernements mettent en place des politiques et des actions concrètes, intégrées et ciblées pour éradiquer la pauvreté et réduire les inégalités.
Il s’agit là de propositions judicieuses, mais la question du financement demeure, a poursuivi le représentant. L’accent mis uniquement sur le revenu national brut (RNB) pour déterminer l’accès aux financements concessionnels compromet la capacité de nombreux PEID à accéder à des financements suffisants et adéquats. Le représentant a rappelé le cercle vicieux, connu de tous: marge de manœuvre budgétaire limitée, endettement croissant et choix difficiles. Ajoutons à cela les effets des changements climatiques, et il devient évident pour le délégué que l’incapacité d’accéder à des financements à long terme et à faible coût empêche les PEID de mettre fin à la pauvreté et de garantir la sécurité alimentaire et la nutrition. Il a donc demandé aux partenaires de développement de respecter leurs engagements, d’accroître leur soutien, ainsi que de mettre en œuvre le Programme d’action d’Addis-Abeba, afin de mobiliser les ressources et les investissements nécessaires. L’architecture financière internationale doit en outre être réformée, a-t-il ajouté.
Le délégué a enfin souligné le paradoxe selon lequel les pays produisant la majeure partie des denrées alimentaires dans le monde et dépendant principalement de l’agriculture pour leur subsistance comptent parmi les plus pauvres de la planète. Les vagues de chaleur extrême, la sécheresse et les inondations ont touché des millions de personnes et coûté des milliards de dollars, affectant les systèmes alimentaires mondiaux et ruinant les récoltes, s’est-il désolé. Dans ce contexte, le délégué a assuré que l’AOSIS continuerait de réclamer la tenue de l’engagement des pays développés de verser annuellement 100 milliards de dollars pour renforcer la résilience des pays en développement.
M. AL-KHAYAREEN (Qatar) a rappelé la contribution financière de 60 millions de dollars de son gouvernement pour appuyer la mise en œuvre du Programme d’action de Doha en faveur des PMA. Cette aide joue un rôle essentiel dans l’élimination de la pauvreté et le renforcement des capacités, s’est-il enorgueilli, en faisant remarquer que le Programme d’action permet d’accélérer la mise en œuvre du Programme 2030. Il a ajouté que son pays accorde une grande importance sur le plan national à l’agriculture et à la sécurité alimentaire. Le pays s’est doté d’une stratégie visant à réaliser l’autosuffisance alimentaire au niveau local en utilisant des technologies modernes.
Poursuivant, le délégué a informé que le Qatar, qui préside actuellement le Conseil exécutif de l’Organisation islamique pour la sécurité alimentaire, a organisé le 1er octobre la neuvième Conférence ministérielle sur le développement agricole pour réaliser les ODD dans ses États membres. Cette conférence a adopté la Déclaration de Doha sur le développement agricole. En outre, avec la Fondation Bill Gates, le Qatar s’est engagé à dépenser 20 millions de dollars pour appuyer le secteur agricole en Afrique subsaharienne, a déclaré le délégué avant d’indiquer que son pays a fourni 90 millions de dollars au Programme alimentaire mondial (PAM) pour répondre aux besoins alimentaires au Yémen.
Mme ANDREA ALEJANDRA BARAHONA FIGUEROA (El Salvador) a mis en avant les efforts de son pays pour promouvoir le bien-être social et une croissance économique soutenue, tout en protégeant l’environnement et surtout en défendant la paix et l’harmonie dans les communautés. Elle a considéré que les mesures de progrès doivent être révisées et aller au-delà du PIB, afin de mesurer le développement durable des pays et de prendre les bonnes décisions en matière d’accès aux financements, qu’ils soient concessionnels ou pas. La représentante a aussi témoigné des mesures prises par son pays pour progresser en termes de sécurité alimentaire et nutritionnelle, par le biais de pratiques agricoles durables et par la modernisation des technologies et des infrastructures rurales. Elle a mentionné également la création récente du Centre de développement du commerce agricole.
Mme MARKOVA CONCEPCIÓN JAMARILLO (Panama) a souligné le rôle crucial des femmes dans la lutte contre la pauvreté et la faim, expliquant pourquoi le Panama avait mis en œuvre des initiatives comme « Réseaux familiaux » et « L’Agenda économique des femmes rurales » pour autonomiser et améliorer la qualité de vie de ces dernières. Elle a alerté sur la crise migratoire sans précédent, exacerbée par le chômage et l’insécurité, notant que celle-ci a « des implications dévastatrices pour notre environnement et nos ressources naturelles » et que la réaffectation de ressources importantes en direction du secours humanitaire est économiquement insoutenable.
Enfin, la représentante a insisté sur l’engagement du Gouvernement panaméen à éliminer « la sixième frontière », celle de la pauvreté. Elle a évoqué la stratégie nationale de Panama pour le développement intégral et durable, ou « Plan Colmena », qui donne la priorité aux 300 communautés les plus défavorisées du pays, notamment les « comarcas indigenas » où vivent les populations autochtones. Y ont été identifiées, grâce à l’indice de pauvreté multidimensionnelle, des privations multiples, maintenues de génération en génération, et contre lesquelles son pays entend lutter en priorité.
Mme CHARLENE ARAVEJO BERIANA (Philippines) a souligné l’importance de la lutte contre la pauvreté en se référant au Plan de développement philippin 2023-2028, qui ambitionne à son terme de faire baisser l’incidence de la pauvreté dans le pays à 9%. Après avoir partagé une définition élargie de la pauvreté comme « état de privation », elle a mis en avant plusieurs politiques de son pays pour la réduire: programme de transferts conditionnels en espèces, accès universel à un enseignement tertiaire de qualité, et loi sur les soins de santé universels.
D’autres programmes ont été évoqués, comme le Programme de développement rural philippin et le Programme spécial pour le développement agricole, qui cherchent à augmenter les revenus ruraux et à améliorer la productivité. Enfin, en ce qui concerne la sécurité alimentaire, elle a mentionné la Voie de transformation alimentaire nationale et le Plan de modernisation et d’industrialisation de l’agriculture et de la pêche 2021-2030.
Mme TAHEREH JALILI (République islamique d’Iran) a déclaré l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes et manifestations est le défi le plus important de la communauté internationale, dans le contexte où, 600 millions, soit 8% de la population mondiale vit dans la pauvreté extrême et que les chiffres augmentent dans la région du Moyen Orient. Les causes de la pauvreté sont complexes et diverses, a dit la représentante, citant, le chômage ou les mesures coercitives unilatérales. En ce qui la concerne la République islamique d’Iran s’est engagée à l’éliminer, a-t-elle aussi assuré, citant de nombreux programmes gouvernementaux visant la création d’emploi, l’aide aux familles, y compris rurales, la diversification de l’économie iranienne, afin qu’elle ne dépende pas que du pétrole, ou encore l’inclusion des femmes dans la sphère politique. Elle a de nouveau insisté sur le poids des mesures coercitives unilatérales dans les origines de la pauvreté, appelant à mettre un terme à ce phénomène, par le biais de la coopération internationale.
M. VÁSQUEZ SOLANO (Mexique) a jugé inquiétant de constater les maigres progrès dans l’éradication de la pauvreté, qui est le premier ODD et bien que nous soyons à plus de la moitié du délai fixé pour réaliser le Programme 2030. Des millions de personnes vivent encore dans la pauvreté, la faim et la malnutrition augmentent, tandis que les effets des changements climatiques deviennent plus évidents. Cela creuse les inégalités et nécessite de renforcer les mécanismes multilatéraux pour faire face efficacement et collectivement à ces crises, a plaidé le représentant. Selon lui, la nécessité d’un nouveau paradigme de développement visant à redistribuer le pouvoir et la richesse et à réduire l’écart entre les pays en développement et les pays avancés est évidente. Une transformation de cette nature est possible. Pour preuve, le Mexique a réussi à sortir 5,1 millions de personnes de la pauvreté au cours des quatre dernières années, a-t-il avancé.
Le représentant a également jugé alarmant de constater qu’en 2022, environ 9,2% de la population mondiale était confrontée à la faim chronique, soit 122 millions de personnes de plus qu’en 2019. Si des mesures concrètes ne sont pas prises, cette tendance continuera de s’accentuer, a-t-il mis en garde, appelant à l’adoption d’actions coordonnées et de réglementations efficaces pour lutter contre les inégalités, réformer les systèmes alimentaires et promouvoir des pratiques agricoles durables. Au Mexique, entre 2018 et 2022, la population mexicaine en situation d’insécurité alimentaire a diminué de cinq millions, notamment par la mise en œuvre des politiques publiques visant à promouvoir l’accès aux aliments nutritifs de base, a-t-il vanté. Concluant, il a préconisé de mettre l’accent sur la sécurité alimentaire comme facteur contribuant à la paix. Il a aussi condamné l’interruption des chaînes d’approvisionnement, des intrants et des aliments de base. Cela s’apparente à une forme de coercition, a-t-il dit.
M. ETOUNDI AYISSI (Cameroun) a relevé que malgré le rythme soutenu des progrès réalisés par son pays, l’ampleur des défis sécuritaires, notamment la lutte contre le terrorisme et les externalités liées à un environnement international « où les intérêts particuliers prennent parfois le pas sur l’intérêt général », de même qu’une conjoncture internationale marquée par des crises, des tensions, des instabilités de toutes sortes, ne permettent pas toujours au Cameroun d’aller aussi vite et aussi loin que le souhaiterait son gouvernement.
Le délégué a aussi noté que l’on ne saurait aborder de bonne foi la question de l’éradication de la pauvreté sans des solutions durables aux problématiques majeures, relatives au poids écrasant du service de la dette, aux flux financiers illicites, au protectionnisme et à la détérioration de l’accès au marché des capitaux à des coûts abordables, entre autres. Il a réclamé, pour relever ces défis, une action collective et une ambition internationale renouvelée.
M. MATEUS PEDRO LUEMBA (Angola) a déclaré que près de deux millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire dans son pays. Le Gouvernement a répondu à ce défi en développant des programmes structurels visant à rendre les communautés rurales plus résilientes. Ainsi, a donné en exemple le représentant, des infrastructures de transport et de stockage de l’eau ont été installées afin d’atténuer les effets de la sécheresse dans les zones peuplées ainsi que dans les zones agricoles et d’élevage. Le projet permettra d’abreuver 250 000 animaux et d’irriguer 5 000 hectares de champs agricoles.
Le délégué a aussi indiqué que l’exécutif avait mis en œuvre un programme d’assistance sociale appelé « Kwenda » qui organise l’envoi d’une aide sous forme d’espèces aux familles les plus vulnérables. Il a aussi parlé d’une réserve alimentaire qui a été créée pour réagir aux conséquences des catastrophes naturelles sur le plan social. L’Angola entend devenir un pays exportateur de produits agricoles sur le continent africain, a annoncé le représentant avant de signaler que le Gouvernement a lancé un dialogue national sur les systèmes alimentaires et mené des consultations publiques sur la deuxième stratégie nationale pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Cette stratégie permettra une mise en œuvre plus efficace des mesures prises, un suivi et une évaluation efficaces des différents plans et programmes de tous les départements ministériels.
M. KANTAPON SANGKHAPREECHA (Thaïlande) a fait observer que plus personne ne vit en-dessous du seuil international de pauvreté en Thaïlande depuis 2016, mais que la lutte contre les inégalités reste l’une de ses priorités. Pour ne laisser personne de côté, la Thaïlande applique une « philosophie de l’économie de suffisance » afin de pousser les communautés locales à relever leur niveau de vie. Elle cherche aussi à améliorer la qualité de vie des plus vulnérables, notamment grâce à la couverture sanitaire universelle et à une éducation de qualité.
Estimant que l’insécurité alimentaire dans les pays en développement est souvent le principal obstacle à l’élimination de la pauvreté, le représentant a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour aider ces pays à élargir leurs capacités agricoles.
M. VOLODYMYR LESCHENKO (Ukraine) a assuré que l’Ukraine ne renoncera pas à son rôle de garant de la sécurité alimentaire mondiale, même dans les circonstances extraordinaires actuelles. Elle est prête à poursuivre ses exportations de denrées alimentaires vers les marchés mondiaux, a déclaré le représentant.
Il a rappelé que depuis le début de la guerre à grande échelle, les ports ukrainiens de la mer Noire et de la mer d’Azov sont bloqués par la Russie, voire attaqués. Pourtant, l’Initiative sur le transport sécurisé de céréales et de denrées alimentaires depuis les ports ukrainiens « Initiative de la mer Noire » a permis à l’Ukraine d’exporter quelque 33 millions de tonnes vers 45 pays, dont 60% en Afrique et en Asie. Le délégué a rappelé que si Moscou a quitté cette Initiative, des voies temporaires de transport ont été ouvertes en août 2023 pour continuer à exporter des céréales. La guerre menée par la Russie contre l’Ukraine est l’une des causes principales de la crise alimentaire mondiale, a martelé le représentant, alertant sur les conséquences sociales, économiques et politiques qui peuvent en découler dans de nombreux pays.
M. JO TONG HYON (République populaire démocratique de Corée) a d’abord insisté sur la nécessité de renforcer la coopération internationale pour augmenter la capacité de production agricole des pays en développement, appelant à l’intensification de la coopération matérielle et technique, à davantage d’investissements financiers et de transferts de technologie, et au développement de systèmes d’irrigation. Il a toutefois critiqué la politisation de cette coopération.
Le délégué a ensuite regretté l’existence de facteurs « artificiels » aggravant la crise alimentaire mondiale, tels que l’imposition de sanctions, le stockage excessif de nourriture pour des intérêts personnels et la production de biocarburants à partir de produits agricoles. Ces actions freinent le développement agricole et perpétuent le cycle de la faim, a-t-il averti. Enfin, le représentant a mis en avant les efforts de son pays pour résoudre les problèmes alimentaires à l’intérieur de ses frontières, telles que la production de semences à haut rendement, l’introduction de systèmes agricoles scientifiques, l’expansion des investissements d’État dans l’agriculture ou la fourniture de logements modernes et gratuits aux agriculteurs.
M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a jugé préoccupant de constater que d’ici à 2030, 30% de la population d’Afrique subsaharienne vivra encore dans une extrême pauvreté. Selon la Banque mondiale, l’éradication de l’extrême pauvreté dans la sous-région nécessiterait dans chaque pays un taux de 9% à partir de cette année, ce qui constitue un défi, puisque cette croissance s’est située à seulement 1,2%, au cours de la décennie avant la pandémie de COVID-19. L’héritage du colonialisme et de l’apartheid, qui a perpétué une extraction soutenue des ressources nationales, se manifestent encore dans les indicateurs socioéconomiques du continent africain.
La Namibie, a poursuivi le représentant, a réalisé des progrès significatifs dans la réduction de la pauvreté, même si les résultats restent inégaux. Le Gouvernement a mis en place des initiatives telles que des banques alimentaires et un système de protection sociale, avec l’idée de réorienter les investissements vers les enfants, qui sont touchés de manière disproportionnée par la pauvreté multidimensionnelle: 51,3%, contre 37,4% chez les adultes, a chiffré le représentant. Par ailleurs, avec le soutien de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les agriculteurs de 5 des 14 régions de la Namibie utilisent désormais une combinaison de techniques nucléaires et d’irrigation économe pour arroser leurs champs. Ceci est particulièrement utile pour les petits exploitants dont la production ne dépendait jusqu’ici que des précipitations.
M. CARLOS IVAN ZAMBRANA FLORES (Bolivie) a commencé par exprimer sa préoccupation face à l’élimination systématique des principes de la Conférence de Rio, en particulier le principe d’équité, non seulement dans les débats de la Deuxième Commission, mais également dans les différents rapports publiés par l’ONU. Il a aussi estimé que concernant l’action climatique mondiale, les faits confirment qu’il ne suffit plus de prendre des mesures d’atténuation et d’adaptation. Il faut aussi parler des pertes et dommages que subissent déjà les pays en développement. L’examen global qui sera réalisé cette année doit, a-t-il dit, encourager l’examen des engagements non tenus et restructurer les mécanismes financiers, en fonction des besoins des pays en développement. Concernant la biodiversité, le représentant a dit que le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal reste le pilier de la mise en œuvre de la Convention sur la diversité biologique. Notre travail futur doit être cohérent avec le reste de nos accords, a-t-il insisté, ajoutant que la mise en œuvre dudit Cadre doit également inclure des actions axées sur la Terre nourricière, c’est-à-dire garantir la non-commercialisation des fonctions environnementales de notre Terre.
Mme NASHWA (Maldives) a axé son intervention sur l’acidification des fonds marins, qui impacte le secteur de la pêche, lequel est primordial pour la santé économique des Maldives. Elle a dénoncé la surpêche et la pêche non autorisée, notamment du thon, une activité que son gouvernement souhaite rendre illégale. Elle a aussi réclamé des investissements dans des systèmes alimentaires résilients et félicité le Secrétaire général pour ses initiatives en ce sens. La déléguée a enfin demandé que les obstacles à l’accès aux nouvelles technologies soient levés et qu’une réforme de l’architecture financière internationale soit rapidement lancée.
Mme CHRISTINE NZUMBU (Kenya) a estimé qu’il est de moins que l’on triomphe de la pauvreté d’ici à 2030, compte tenu des chocs successifs, tels que l’inflation et l’augmentation constante des prix des matières premières et des engrais. Sans une intervention massive, ces problèmes pourraient gravement compromettre l’avenir en Afrique. Dans mon pays, a-t-elle indiqué, le secteur agricole représente 20% du PIB et emploie 40% de la population. C’est la raison pour laquelle le Kenya travaille actuellement à un programme de transformation agricole nommé « Beta » et dans le cadre de sa stratégie de développement agricole, il s’investit dans une agriculture résiliente et dans l’autonomisation des femmes en milieu rural. Mais, a conclu la représentante, nous continuons de réclamer des financements adéquats pour le renforcement des capacités, la recherche et les systèmes d’informations fiables.
M. PISAREVICH (Bélarus) a commencé par saluer le leadership de la Fédération de Russie dans l’acheminement de dizaines de millions de tonnes de céréales vers les pays africains. Il a aussi remercié la Chine pour son aide aux pays en développement, y compris dans le domaine de la sécurité alimentaire. Le délégué a ensuite réclamé la suppression des mesures coercitives unilatérales imposées par les pays occidentaux contre son pays et la Fédération de Russie, et ce, sans mandat de l'ONU. Ces mesures, a-t-il dénoncé, ont causé des difficultés dans la distribution des engrais et de céréales et elles sont à l’origine de la crise alimentaire actuelle dont pâtissent des millions de personnes dans les pays en développement.
Le Bélarus, a protesté le représentant, qui est un des plus grands producteurs d’engrais à base de potassium au monde, a vu ses exportations diminuer dès 2021, compte tenu des sanctions illégales imposées par les pays occidentaux. Aujourd’hui, le Bélarus ne représente plus que 9% de ce marché. Nous vivons dans un monde, a poursuivi le représentant, où la production agricole ne suffit plus et où les gens ordinaires souffrent de la faim, en particulier en Afrique. La crise alimentaire actuelle ne peut être réglée sans un accès aux engrais russe et bélarussiens. Le représentant a demandé aux États qui ont imposé des mesures illégales de renoncer à leur politique néfaste.
Après avoir énuméré les plans nationaux de développement dont le Plan d’action pour la stabilisation et le développement (PA-SD) 2023-2025, M. MAHAMADOU BOKOUM (Burkina Faso) a dit qu’en dépit des efforts fournis dans la réduction de la pauvreté, 4 personnes sur 10 vivaient en 2018 en dessous du seuil de pauvreté national. Le Gouvernement a mis en place des mécanismes de protection sociale et pour ne laisser personne sur le côté, a, avec partenaires, pris des mesures en faveur des groupes vulnérables et de leurs droits fondamentaux. S’agissant des femmes, les interventions portent notamment sur des subsides aux semences améliorées et aux équipements agricoles, et sur l’imposition d’un quota laissant aux concernées 30% au moins des terres agricoles aménagées. En faveur des personnes âgées, le Gouvernement a construit deux centres gériatriques à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso et adopté un Plan stratégique multisectoriel de prise en charge 2021-2025 d’un coût global de 46 millions de dollars. Enfin pour les personnes déplacées, un Plan de réponse humanitaire a été mis sur pied, grâce au soutien des partenaires. En conclusion, le représentant a sollicité l’appui de la communauté internationale pour vaincre l’hydre terroriste au profit d’un développement inclusif.
Pour Mme CAO LIWEN (Chine), la communauté internationale doit déployer des efforts concertés et adopter des politiques intégrées pour accélérer la mise en œuvre des premier et deuxième objectifs de développement durable. Il faut aider les pays en développement, notamment les pays les moins avancés (PMA), à triompher de la pauvreté. Il faut aussi assurer un ordre économique mondial « raisonnable ». Comme les pays ne peuvent totalement dépendre de l’aide, il faut les aider à améliorer leur productivité agricole et la qualité de l’enseignement pour que les zones rurales puissent se développer de façon indépendante. La Chine s’enorgueillit d’avoir éliminé la pauvreté extrême et établi des mécanismes à long terme pour consolider et pérenniser ces résultats, a avoué la représentante.
M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a rappelé que son pays a accueilli le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires à Rome, en juillet 2023, consciente de l’urgence d’inverser la tendance à la hausse de la faim dans le monde. Elle a salué le nouvel appel à l’action pour transformer ces systèmes alimentaires qu’a lancé le Secrétaire général à cette occasion. Pour sa part, le Gouvernement italien vient d’allouer une somme supplémentaire de 2 millions au volet alimentaire du Fonds commun visant à faciliter l’application du Programme 2030. En concluant, le représentant a voulu mettre l’accent sur la question migratoire qui est l’un des résultats de l’insécurité alimentaire. Nous travaillons avec nos partenaires pour nous attaquer aux causes profondes de ce phénomène.
M. AHMED (Émirats arabes unis) a noté que son pays avait consacré 1,4 milliard de dollars à la lutte contre l’insécurité depuis cinq ans. Dans moins de deux mois, a-t-il rappelé, les Émirats accueilleront la COP28 qui encouragera notamment les gouvernements et les entreprises à réduire l’insécurité alimentaire et, plus spécifiquement, les gaspillages alimentaires de moitié. Il a aussi rappelé qu’en mai 2023, les Émirats avaient annoncé leur participation à un programme d’innovation agricole pour un montant de 4 milliards de dollars, conjointement avec les États-Unis. Le délégué a cité en outre une initiative menée avec le Royaume-Uni afin de créer une agriculture résiliente et durable face aux changements climatiques. De plus, en mars 2023, les Émirats se sont joints à la France qui coordonne le programme « Unite Life » pour autonomiser les femmes et lutter contre la malnutrition, a ajouté le délégué, avant de réaffirmer que son gouvernement continuera à soutenir toutes les actions visant à aider la communauté internationale à parvenir à la sécurité alimentaire au niveau mondial.
Mme PETAL GAHLOT (Inde) a rappelé, citant le rapport du Secrétaire général, que son pays a sorti environ 415 millions de personnes de la pauvreté multidimensionnelle sur une période de 15 ans, contribuant ainsi à la baisse des niveaux de pauvreté en Asie du Sud. Un élément important des efforts de réduction de la pauvreté a été l’accent mis sur la lutte contre la pauvreté rurale, grâce à des interventions politiques ciblées, notamment dans le développement du secteur agricole, étant donné que plus de 70% des ménages ruraux indiens dépendent de l’agriculture comme principale source de subsistance, a-t-elle expliqué. De plus, avec une production de céréales alimentaires passant de 50 millions de tonnes en 1950-51, à près de 300 millions de tonnes en 2019-20, l’Inde est devenu un pays exportateur net de produits alimentaires, classé au neuvième rang mondial. Cela a également permit à l’Inde de constituer des stocks alimentaires résilients, capables d’assurer la sécurité alimentaire de plus de 800 millions d’Indiens au cours des trois dernières années de défis sanitaires et géopolitiques, s’est réjoui la représentante.
M. NGUYEN (Viet Nam) a misé sur la sécurité alimentaire pour réduire la pauvreté et éradiquer la faim, tout en appelant à modifier le comportement des consommateurs afin de réduire le gaspillage alimentaire. Il a jugé par ailleurs impératif de transformer les systèmes alimentaires pour qu’ils soient davantage durables et résilients et ainsi mieux capables de résister aux multiples crises, telles que l’insécurité alimentaire, la malnutrition, les urgences sanitaires, les changements climatiques, la perte de biodiversité, les conflits ainsi que la volatilité des marchés, entre autres.
Le représentant a également plaidé pour des emplois décents, en tant que priorité pour assurer la protection sociale. Pour cette raison, il a salué une initiative du Secrétaire général, à savoir l’Accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale et des transitions justes, ainsi que la Coalition mondiale pour la justice sociale, lancée par l’Organisation internationale du Travail (OIT). Il a dit attendre avec impatience leur mise en œuvre, espérant que cela contribue en outre aux préparatifs en vue du Sommet social mondial de 2025. Le délégué a, en conclusion, assuré que son pays n’avait ménagé aucun effort pour réduire la pauvreté multidimensionnelle, étant passé à un taux de 4,3% en 2022, soit une réduction de 0,1 point par rapport à 2021. Cela s’est fait par la mise en œuvre de diverses politiques de soutien aux ménages vivant dans la pauvreté, en particulier ceux des zones reculées et rurales, a-t-il dit.
Le Costa Rica a atteint l’objectif « zéro déforestation nette », a indiqué la représentante avant de se vanter des 719 fermes du pays qui sont reconnues dans le programme « Pavillon bleu écologique » pour leur gestion durable des ressources naturelles. Elle a aussi indiqué que le pays avance dans la mise en œuvre de programmes d’action nationaux dans les domaines suivants: l’atténuation des effets des changements climatiques, le café, les musacées, le bétail, la canne à sucre, la réduction des émissions et la promotion de pratiques durables qui n’affectent toutefois pas la production.
Mme TAHMINA HASANOVA (Tadjikistan) a expliqué que son pays faisait face à la dégradation de ses terres. Face à cela, la priorité de son gouvernement est de renforcer les capacités et la protection des populations les plus vulnérables, comme les enfants, les femmes allaitantes et les élèves de l’enseignement primaire. Un des objectifs est que toutes les personnes vulnérables du pays aient suffisamment pour se nourrir d’ici à 2024, a-t-elle notamment précisé. Les systèmes alimentaires mondiaux doivent être mis à jour, a plaidé la représentante en misant sur la science, l’innovation et les nouvelles technologies pour sortir les États Membres de l’ornière.
Mme LINOUSE VILMENAY JOSEPH (Haïti) a expliqué que les engagements de la communauté internationale pour les PMA en matière de nutrition, de santé, de logement et d’éducation nécessitaient une assistance technique accrue à ces pays et une réforme de l’architecture financière internationale. La Conférence de Doha, l’an dernier, a montré des avancées encourageantes, notamment en matière de commerce, a-t-elle noté. La déléguée a d’ailleurs appelé à intégrer les petits producteurs locaux dans les chaînes de valeur agroalimentaires, « dans des conditions équitables », et dans les circuits commerciaux internationaux.
Elle a aussi demandé d’élargir leurs possibilités d’emploi productif et de travail décent, agricole ou non agricole. Face à des défis majeurs rencontrés par son pays, notamment sécuritaires, la représentante a appelé à un engagement majeur de la part de sa société civile pour sortir de l’ornière. Elle a enfin plaidé pour un transfert de technologies de l’information et des communications au service du développement durable vers les PMA.
M. MAITAFSIR (Nigéria) a reconnu le rôle de la biodiversité pour une agriculture résiliente ainsi que la nécessité de protéger les écosystèmes pour conserver les ressources. Pour éliminer la pauvreté, l’Afrique ne peut faire face seule, sans partenariats avec le secteur privé, a prévenu le représentant. Il a aussi fait valoir que le continent ne peut pas s’en sortir sans politiques ciblées pour lutter contre les inégalités économiques. Le délégué a défendu un système commercial multilatéral universel, réglementé, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable sous l’égide de l’OMC.
M. MATETE PAUL NENA (Lesotho) a déclaré que le Gouvernement lesothan encourage les agriculteurs à utiliser des méthodes agricoles modernes et plus productives afin d’accroître leur production. La production agricole et alimentaire bénéficie de la plus grande partie du budget national pour l’exercice 2023-2024, a-t-il ajouté. Le représentant a aussi indiqué que les propriétaires terriens qui n’ont pas les moyens d’assumer la production agricole sont fédérés au sein du « Block Farming », dans lequel le Gouvernement assume la totalité des coûts de production et donne 20% de la production aux membres. Ce programme a fait augmenter la production au cours de la dernière campagne agricole, s’est-il félicité.
Le délégué a ensuite expliqué qu’après la pandémie de COVID-19, le Lesotho a transformé ses systèmes alimentaires et agricoles grâce à la science, à la technologie et à l’innovation en utilisant des serres pour protéger les cultures contre les conditions climatiques extrêmes. Le représentant a conclu en insistant sur l’importance de poursuivre les investissements dans le secteur agricole.
Mme CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) a dit que son gouvernement promeut l’agriculture durable et investit dans des technologies agricoles innovantes. Le Gouvernement a aussi mis en œuvre des projets de résilience aux changements climatiques qui contribuent à l’amélioration de la sécurité alimentaire et à l’état nutritionnel de 60 communautés du « couloir sec » dans le nord-est du Guatemala. La coopération internationale est essentielle pour relever les défis de la sécurité alimentaire. Il faut, a précisé la représentante, davantage de partage des connaissances, des ressources et des meilleures pratiques. Elle a également souligné l’importance du commerce équitable et durable, d’un cadre réglementaire solide et de financements durables. Le Président du Guatemala, a-t-elle indiqué, a lancé la « Grande croisade nationale pour la nutrition » qui profite aux enfants et à leurs familles. La représentante a encouragé les partenaires internationaux à se servir du Plan stratégique pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle du Guatemala dans leurs interventions dans le pays.
M. GIRMAY (Éthiopie) a plaidé pour un plus grand soutien aux petits agriculteurs et aux femmes des zones rurales. Pour sa part, l’Éthiopie se concentre sur l’amélioration des conditions de vie de la population, dont une bonne partie vit en zone rurale. Le Gouvernement travaille notamment à une amélioration de l’accès aux soins de santé, à l’eau potable, aux transports et autres services. Le représentant s’est réjoui des progrès remarquables enregistrés, puisque le taux de pauvreté est passé de 42% en 2000 à 19% en 2020.
Depuis 2005, le Gouvernement a mis en place des filets de sécurité sociale pour protéger les segments les plus vulnérables de la population et a lancé des programmes spécifiques pour les zones rurales, en mettant l’accent sur l’agriculture à grande échelle, qui a permis de parvenir à l’autosuffisance alimentaire. La bonne mise en œuvre du Programme 2030 dépend de l’amélioration de la situation dans les zones rurales, a conclu le représentant, rappelant les engagements pris de ne laisser personne de côté.
Mme IRINA ALEXANDRA BARBA BUSTOS (Équateur) a estimé que la pauvreté va au-delà du manque de ressources monétaires, car elle englobe aussi toutes les privations dans l’exercice des droits des personnes. L’Équateur est donc favorable aux indicateurs de pauvreté multidimensionnelle, avec des données ventilées, a dit la déléguée. Elle a invité les institutions financières à en tenir compte pour accroître la disponibilité des ressources financières et le développement des capacités des pays en développement.
En collaboration avec la FAO, l’Équateur travaille à la transformation de ses systèmes agroalimentaires afin qu’ils soient durables, efficients, résilients et inclusifs, à faible impact environnemental et couplés à des mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques. Grâce à ses politiques publiques, l’Équateur a réussi à faire reculer la malnutrition chronique infantile de 3,5%, s’est félicitée la représentante, soulignant le rôle important de l’agriculture familiale pour garantir la sécurité alimentaire.
Pour M. ROYSTON ALKINS (Guyana), la pauvreté gêne la mise en œuvre de tous les ODD, et la pandémie n’est pas seule en cause. Le prix des produits agricoles demeure très élevé, compte tenu des changements climatiques et des conflits géopolitiques. Le Guyana, a-t-il indiqué, se concentre sur la sécurité alimentaire, sur l’offre d’un régime sain et sur la protection de ses zones forestières, agricoles et côtières.
Mme ALMEZYAD (Koweït) a témoigné des efforts de son pays pour lutter contre la pauvreté, notamment chez les personnes âgées, les gens dans le besoin et les personnes handicapées. Des aides et des prestations sociales leur sont versées tous les mois, et au niveau international, le Koweït a tendu la main aux PMA par des canaux formels et informels. La déléguée a mis en avant la profondeur historique de l’engagement du Koweït dans l’action humanitaire et a encouragé la coopération internationale.
Mme MARY BETH LEONARD (États-Unis) a dit que depuis le 1er janvier 2021, le Gouvernement américain finance de nombreux programmes du PAM qui ont permis de nourrir des populations dans 120 pays et territoires. Le monde comptera 10 milliards de personnes d’ici à 2050, a rappelé la représentante, en soulignant qu’il faudra en conséquence augmenter de 50% la nourriture disponible. Les États-Unis travaillent ainsi à la mise en place de systèmes agricoles beaucoup plus résilients, capables de résister aux effets des changements climatiques, a indiqué la représentante. Elle a ajouté que son gouvernement a lancé, avec la FAO, des programmes visant à accroître les récoltes, notamment en Afrique.
Elle a ensuite indiqué que les États-Unis et les Émirats arabes unis ont lancé une initiative qui a pour but d’accélérer l’innovation agricole grâce à des investissements plus importants dans la recherche et le développement. Pour la représentante, c’est notamment par des meilleures solutions scientifiques que le monde pourra s’adapter aux changements climatiques à court terme. Elle a insisté sur le fait que l’invasion à très grande échelle de l’Ukraine par la Russie menace la production de céréales de l’Ukraine, demandant à la Russie de revenir à l’Initiative de la mer Noire. « On ne peut pas parvenir à la sécurité alimentaire sans que la Russie arrête sa guerre de choix contre l’Ukraine », a-t-elle conclu.
M. EMERY GABI (Congo) a estimé qu’une action urgente est nécessaire pour inverser la tendance à l’augmentation de la pauvreté et de la faim et pour accélérer les progrès, en particulier dans les zones rurales. L’approche qu’il a recommandée est la connectivité progressive entre les zones urbaines, périurbaines et rurales au moyen d’investissements dans les infrastructures, les biens publics et le renforcement des capacités.
Pour sa part, la République du Congo a mis en place des plans nationaux de développement afin de faciliter la réalisation des ODD en restructurant, industrialisant et diversifiant son économie. L’accent mis sur une croissance économique plus inclusive et diversifiée vise à atténuer la pauvreté et les inégalités en milieu rural, a-t-il expliqué.
M. ALAN EBUN GEORGE (Sierra Leone) a relevé que la hausse des inégalités et le fardeau de la pauvreté poussent des milliers de jeunes à traverser la Méditerranée à gagner l’Europe en quête d’un avenir meilleur. Cette migration aboutit à une fuite des cerveaux et fait baisser la production agricole dans les pays d’origine, ce qui nuit à l’économie des pays en développement, a fait remarquer le représentant. Pour éliminer la pauvreté, il a estimé que les prêts et les dons des organisations internationales, ainsi que les investissements publics et privés, doivent aller vers la création d’emplois décents, en plaçant les femmes au centre des projets, ainsi que vers l’économie verte, l’agriculture, la protection sociale et la numérisation, afin de stimuler la croissance des pays en développement.
Misant sur le développement du capital humain, la Sierra Leone a décidé de consacrer 21% de son budget national à l’éducation, a ensuite indiqué le délégué. Mais la première de ses priorités est de stimuler la production agricole, afin de garantir la sécurité alimentaire à la population.
M. ALSINDI (Bahreïn) a expliqué que la superficie arable limitée de son pays nécessite un développement rapide des nouvelles technologies agricoles. Face aux famines et à la faim, son pays a déployé des efforts pour garantir le développement agricole, dans le cadre de sa stratégie nationale de sécurité alimentaire, en coopération avec la FAO. Cette stratégie mise sur l’innovation pour augmenter la production agricole au niveau local. Plusieurs projets ont été entrepris pour développer les nouvelles technologies agricoles à Bahreïn, y compris en milieu aquatique, dans le domaine halieutique. Plus de 900 agriculteurs ont été formés dans l’augmentation de la production agricole, a ajouté le délégué. Dans le domaine des ressources halieutiques, Bahreïn compte parvenir à la création de 20 millions d’alevins d’ici à 2025.
M. LUIZ FELIPE ROSA DOS SANTOS (Brésil) a reconnu que le chemin vers un avenir durable passe par l’élimination de la pauvreté. Il a regretté un recul en la matière depuis 2015. Le fossé financier fait que les pays en développement sont incapables de se relever de la pandémie, d’autant que des mesures protectionnistes prises par des pays développés -sous prétexte de préservation de l’environnement– sont à déplorer. Il a réclamé des discussions immédiates dans le domaine du commerce international.
Sur le plan national, un programme de transfert monétaire en espèces a été lancé par le Gouvernement brésilien pour garantir un revenu de base, ce qui a permis à 3,4 millions de personnes de se tirer de la pauvreté extrême, a-t-il fait valoir. En juillet, le Brésil a relancé son programme d’achat alimentaire bénéficiant aux petits exploitants. L’engagement du Gouvernement à faire cesser la faim passe aussi par le niveau régional via le renforcement de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire ainsi que par la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) pour mettre en œuvre un grand plan d’alimentation scolaire. Enfin, le Brésil profitera de son prochain statut de président du G20 pour créer une agence mondiale contre la faim et la pauvreté, a annoncé le représentant.
M. MANDLAPER (Afrique du Sud) a lancé un appel pour résoudre les problèmes fondamentaux de développement et les inégalités qui pèsent de manière disproportionnée sur les pays en développement. Le représentant a souligné l’importance des investissements, du transfert de technologies et du renforcement des capacités pour la mise en œuvre des ODD. Il a réitéré la nécessité d’un appui financier prévisible et pérenne, y compris par le respect de tous les engagements pris en matière d’aide publique au développement (APD), par des politiques commerciales favorables, ainsi que par le transfert de compétences et de technologies aux pays en développement. Il faut en outre prendre des mesures urgentes et efficaces à l’ONU pour lutter contre les flux financiers illicites et pour mieux réglementer la fiscalité, a demandé le représentant souhaitant que les pays en développement puissent mobiliser au niveau national les ressources nécessaires pour réaliser les ODD. Le délégué a condamné les mesures protectionnistes unilatérales prises par certains pays qui entravent les efforts de réduction de la pauvreté.
M. ANDRÉS NAPURÍ PITA (Pérou) a souligné les disparités entre les milieux rural et urbain s’agissant des emplois informels, ces derniers étant plus fréquents dans le secteur agricole qui domine largement le marché du travail en milieu rural. Rappelant que des milliards de personnes travaillent dans le secteur agroalimentaire, il a appelé à un système plus durable, plus inclusif et plus équitable. Les petits exploitants agricoles rendent un service à l’humanité, a-t-il affirmé, soulignant le rôle essentiel de l’agriculture pour la conservation des ressources, la nutrition et l’économie. La pomme de terre étant un des aliments les plus consommés, il a encouragé une culture durable et la protection des variétés en voie de disparition. Dans cet objectif, il est revenu sur la proposition de son pays de proclamer le 30 mai, journée mondiale de la pomme de terre afin de sensibiliser le monde à l’importance de ce tubercule pour la biodiversité et la chaîne alimentaire.
M. MD MONWAR HOSSAIN (Bangladesh) a regretté que 2,4 milliards de personnes, principalement des femmes et des enfants, aient encore été confrontées à l’insécurité alimentaire en 2022, rappelant que l’objectif « Faim zéro » est un ODD important pour atteindre les autres ODD, tels que l’élimination de la pauvreté et l’égalité des sexes. Il a indiqué que son pays a transformé son agriculture, par une gestion prudente des terres arables. Mais, a-t-il avoué, il nous faut des financements et un accès élargi aux engrais. Le Bangladesh est d’ailleurs prêt à partager ses bonnes pratiques d’agriculture durable. Les crises externes, a poursuivi le représentant, ne sont pas sans répercussion sur le système agroalimentaire et les pays en développement, les PMA et les PEID étant souvent touchés de manière disproportionnée. Il est donc important de promouvoir de toute urgence des banques alimentaires régionales, de lever les restrictions aux exportations et de corriger les distorsions dans les chaînes d’approvisionnement. Appelant à la coordination des efforts financiers et agricoles, au niveau international, il a souhaité que la communauté internationale revoie la manière dont les produits agricoles sont fabriqués, consommés et gaspillés.
Mme HAFIZA HUMAIRA JAVAID (Pakistan) a expliqué que son pays a connu de graves inondations l’année dernière, qui ont recouvert un tiers du pays et plongé des millions de personnes dans la pauvreté. Selon la représentante, la lutte contre la pauvreté et la faim impose un commerce équitable, une réforme de l’architecture financière internationale et des politiques viables de commerce agricole. Les pays en développement doivent pouvoir se relever après les crises et faire face aux changements climatiques. Quant aux pays développés, ils doivent respecter leurs engagements financiers.
Mme İLKNUR DEMİR (Türkiye) a relevé que tous les pays du monde sont préoccupés par la sécurité alimentaire, ce qui est « tout simplement inacceptable ». Aujourd’hui plus que jamais, la solidarité internationale est indispensable pour construire des systèmes alimentaires plus résilients. En Türkiye, les séismes du mois de février dernier ont gravement touché 11 provinces, ce qui a eu de graves conséquences pour la production agricole, l’industrie alimentaire et les moyens de subsistance des agriculteurs. Forte de cette expérience, la représentante a tenu à souligner la nécessité d’intégrer la réduction des risques de catastrophe dans les politiques sur l’agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition. La science, les technologies et l’innovation ont un rôle à jouer pour renforcer les capacités des pays vulnérables, a fait observer la représentante, en invitant les PMA à recourir à la Banque de technologies des Nations Unies pour la transformation de leur système alimentaire.
M. MUHAMMAD ZULASRI BIN ROSDI (Malaisie) a affirmé que pour la seule année en cours, le Gouvernement malaisien a dépensé plus de 215 millions de dollars pour accélérer les programmes d’élimination de la pauvreté, ce qui a permis d’augmenter les revenus de plus de 50 000 ménages extrêmement pauvres qui ont pu bénéficier d’une formation appropriée dans l’agriculture, le marketing et la numérisation, ainsi que d’un capital de départ. La Malaisie a remodelé son économie et élevé le niveau de vie de la population, en passant d’une économie à faible revenu à une économie à revenu intermédiaire supérieure en une seule génération. La Malaisie poursuit également ses efforts pour résoudre les problèmes de sécurité alimentaire via son plan d’action agroalimentaire. Les politiques nationales, conformes aux quatre piliers définis par la FAO, à savoir la disponibilité, l’accès, l’utilisation et la stabilité, portent leurs fruits.
Le délégué s’est toutefois dit conscient de la nécessité d’assurer l’autosuffisance pour les denrées alimentaires de base, étant donné que les prix deviennent plus volatiles en raison de l’impact des changements climatiques, de la COVID-19 et de l’augmentation du coût des engrais. Dans le cadre d’un effort collectif régional, les nations de l’ASEAN viennent d’ailleurs d’accepter de s’entraider pour surmonter les pénuries de riz et d’autres problèmes alimentaires.
Mme RENATA CHIVUNDU (Malawi) a soutenu que l’agriculture se situait au cœur de l’économie du Malawi, représentant environ un quart du PIB. Le secteur contribue de manière significative à l’emploi, à la croissance économique, aux recettes d’exportation, à la réduction de la pauvreté, à la sécurité alimentaire et à la nutrition. Toutefois, à l’heure actuelle, l’agriculture malawienne n’est pas encore entièrement mécanisée. De nombreux agriculteurs utilisent des méthodes traditionnelles, dépendant de la pluie pour leurs cultures. Des mesures d’investissement ont donc été mises en place pour développer l’irrigation. Les produits horticoles, tels que les légumes, les fleurs, les fruits et le riz, peuvent désormais être cultivés à l’aide de systèmes d’irrigation par gravité, par pompage, par dérivation de rivière ou par aspersion.
Actuellement, a poursuivi la déléguée, le Gouvernement s’efforce de lutter contre la pauvreté et la faim en mettant en place des politiques volontaristes. Depuis trois ans, le Malawi met en œuvre un programme d’intrants abordables -notamment des engrais et des semences- dans le cadre d’une stratégie de lutte globale contre l’insécurité alimentaire, la pauvreté, les inégalités et les vulnérabilités. Par l’intermédiaire du Ministère de l’agriculture, le pays essaye de relever les défis de la pauvreté et de la faim grâce à des « mégafermes », financées en partie par le secteur privé. Cette année, le Malawi en a lancé deux: la « Katunga-Maseya Mega Farm », dans le district de Chikwawa, et la « Linga Mega Farm », dans la baie de Nkhata. Ces deux initiatives contribueront à créer des richesses, s’est réjouie la déléguée.
M. SAŠA MART (Serbie) a dit que la mise en place de systèmes alimentaires durables est l’une des priorités du Gouvernement serbe. Le cadre mis en place pour le développement du système agricole et alimentaire vise une plus grande compétitivité agricole, la gestion durable des ressources, la protection de l’environnement et l’amélioration de la qualité de vie dans les zones rurales avec une réduction de la pauvreté. En Serbie, les secteurs de l’agriculture et de l’industrie alimentaire représentent 15% du secteur de l’emploi et 7% de la valeur ajoutée totale, a indiqué le délégué qui a aussi signalé que la moitié des entreprises du secteur agricole peuvent être qualifiées d’innovantes. Le Gouvernement continuera d’augmenter les fonds alloués à la recherche et au développement dans le domaine de l’agriculture, afin de rapprocher la Serbie du niveau des pays de l’Union européenne, a-t-il assuré.
L’exécutif, a poursuivi le représentant, encourage l’association des petits producteurs agricoles ainsi que le développement de circuits courts d’approvisionnement alimentaire et de marchés alimentaires locaux afin de renforcer la résilience et la durabilité agricoles. Des systèmes d’irrigation, des systèmes de protection contre la grêle, des entrepôts et des centres de collecte avec des équipements de réfrigération pour emmagasiner fruits et légumes sont en cours de construction, a-t-il encore cité parmi les mesures prises. Il a conclu en rappelant que la résilience climatique nécessite des financements pour l’adaptation au climat.
M. DWI WISNU BUDI PRABOWO (Indonésie) a regretté les prévisions selon lesquelles près de 10% de la population mondiale aura encore faim en 2030. Il faut casser le cycle de la pauvreté en faisant de l’élimination de la faim une priorité, a-t-il exhorté. Le représentant a indiqué que l’agriculture est la colonne vertébrale de nombreux pays, surtout dans les pays en développement. Il a donc appelé à aider ces pays en œuvrant pour une agriculture résiliente, qui tienne compte de leurs spécificités. Cette transformation exige, néanmoins, des actions concertées aux niveaux national, régional et international, a-t-il mis en garde, prônant des politiques d’appui pour les petits agriculteurs. Le délégué a ensuite signalé que l’Indonésie aide actuellement ses gouvernements locaux à réagir à la croissance démographique car celle-ci augmente la dépendance aux produits agricoles. Enfin, il a fait observer que la lutte contre la pauvreté est essentielle pour relever le défi d’une transformation durable.
M. BAKHSH (Arabie saoudite) a plaidé en faveur de la coopération internationale pour parvenir à l’élimination de la pauvreté, faisant remarquer qu’il s’agit d’un objectif commun. Pour sa part, l’Arabie saoudite s’efforce de donner l’accès à l’eau propre à tous et de réduire les impacts des crises géopolitiques sur la sécurité alimentaire, a indiqué le représentant. Il a ajouté que son pays avait fait d’énormes contributions, environ 3 millions de dollars, pour l’assistance à la sécurité alimentaire dans le monde. L’Arabie saoudite a aussi essayé d’unir les efforts de différents fonds au niveau régional, a fait valoir le représentant, constatant toutefois que, malgré les progrès réalisés à différents niveaux, parvenir aux ODD no 1 et no 2 reste difficile. Les Nations Unies et ses différentes agences jouent un rôle important pour éliminer la pauvreté et parvenir à la sécurité alimentaire et au développement durable, a-t-il conclu.
M. MUNGANDI (Zambie) a expliqué l’arrêt des progrès en matière de lutte contre la pauvreté par les conséquences de l’inflation, des chocs climatiques et de la pandémie de COVID-19. Une tendance qui touche particulièrement les zones rurales d’Afrique subsaharienne, a relevé le délégué, qui a appelé à placer ces populations au centre des politiques de développement. La Zambie est aux prises avec la pauvreté, qui est élevée, avec un taux de plus de 60% en 2022, a-t-il signalé. En outre, les enquêtes menées par le Gouvernement montrent que la pauvreté augmente plus en milieu urbain qu’en milieu rural.
Le représentant a détaillé les principales priorités du plan quinquennal national en cours, qui passent par l’amélioration de la protection sociale via des transferts en espèces et par des programmes alimentaires, notamment en milieu scolaire. Un programme d’appui pour parvenir à une transformation agricole totale est aussi en place, avec des programmes de mécanisation et d’augmentation de la production, a-t-il encore indiqué.
M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a présenté l’agriculture comme étant l’épine dorsale de son pays. Dans les zones rurales, l’agriculture est le secteur qui fournit le plus d’emplois, a-t-il poursuivi. Des chocs touchant un seul système altèrent d’autres secteurs, a-t-il ensuite déclaré, attirant l’attention sur la tentative de coup militaire au Myanmar et les terres brûlées qui ont considérablement mis en danger la sécurité alimentaire. Le pays fait face à des actes de terreur de la part de la junte militaire, a-t-il expliqué, tels que des frappes aériennes contre les infrastructures civiles et des logements civils incendiés, entre autres.
Le représentant a aussi signalé que la junte militaire met en place des législations arbitraires qui rendent la vie des populations difficile, soulignant que près de 30% des foyers sont touchés par une insécurité alimentaire modérée ou grave et qu’un million d’enfants n’ont pas reçu les vaccinations de base. Les organisations de résistance et d’autres partenaires s’efforcent de fournir une assistance alimentaire et sanitaire mais nous avons besoin du soutien de la communauté internationale, a prévenu le délégué en appelant les États à fournir un appui robuste et efficace pour restaurer la démocratie dans son pays. « Ne laissez pas le Myanmar seul dans ce monde qui tente de mettre un terme à la pauvreté », a-t-il exhorté en conclusion.
Mme LISANDRA MARINA GUTIÉRREZ TÓRREZ (Nicaragua) a appelé à un nouvel ordre mondial multipolaire et à des politiques monétaires justes pour éviter une crise prolongée de la dette publique dans les pays en développement. Les systèmes financiers internationaux doivent permettre un accès équitable et inclusif aux financements, et les pays développés doivent honorer leurs engagements en la matière, a-t-elle pointé. Elle a dénoncé les politiques financières actuelles, qui découlent d’un système capitaliste inique, ainsi que les mesures coercitives unilatérales néfastes, qui grèvent le développement du Nicaragua.
La déléguée a en revanche loué l’initiative mondiale de développement lancée par la Chine et son réseau de coopération, initiative dotée d’une vision équitable et équilibrée. Elle a aussi fait valoir que le Gouvernement du Nicaragua a lancé un plan antipauvreté permettant de tracer un chemin vers la croissance économique pour le pays. Il se base sur un modèle de développement social, économique et culturel, a-t-elle précisé en mentionnant au passage l’existence de la Commission nationale d’économie créative. Ce modèle de développement permet aux familles nicaraguayennes d’entreprendre et de prospérer, a assuré la représentante.
M. HUSSEIN ATHMAN KATTANGA (République-Unie de Tanzanie) a fait remarquer que l’économie tanzanienne ne fonctionne pas de manière isolée et qu’elle subit donc tous les chocs mondiaux récents. Le secteur agricole du pays contribue à hauteur de 26% au PIB et emploie plus de 75% de la population, a-t-il chiffré avant de signaler que la Présidente veut faire de la République-Unie de Tanzanie un centre de l’approvisionnement alimentaire du continent africain. À cet effet, elle a pris des mesures politiques en matière de propriété foncière et a augmenté le budget de l’agriculture de 29% entre 2020 et 2024, a indiqué le représentant qui a aussi parlé des subventions décidées pour les engrais et les semences. La Présidente tanzanienne fait tout pour attirer les jeunes dans ce secteur, s’est-il réjoui.
Poursuivant, il a indiqué que la Présidente compte améliorer les infrastructures routières pour relier les régions, les districts et les villages ainsi que pour améliorer la circulation des denrées alimentaires. Certaines de ces mesures ont déjà été prises faisant en sorte que le taux d’inflation du pays est le plus faible de la région (environ 3,8%), s’est vanté le délégué. Il a ensuite indiqué que la République-Unie de Tanzanie avait accueilli en septembre le forum des systèmes alimentaires pour l’Afrique, qui a permis d’avoir une plateforme pour une action coordonnée à grande échelle.
M. MOHAMED-ESSEGHIR LATROUS (Algérie) a demandé une réponse rapide face à la crise alimentaire mondiale. D’abord, il faut coordonner les efforts pour venir en aide aux populations les plus touchées par la famine, a-t-il recommandé en demandant de veiller à ce qu’il y ait suffisamment d’aliments disponibles. Le représentant a souligné l’importance de la mise en œuvre des recommandations du Sommet sur les systèmes alimentaires, notamment en Afrique. Il a encouragé à faire fond sur les opportunités créées par la Zone de libre-échange continentale africaine.
Le délégué a exigé le retrait des barrières qui entravent les investissements dans ce domaine et appelé à tirer parti des investissements privés et publics. Les chaînes d’approvisionnement doivent rester ouvertes y compris pour les matières premières, a-t-il souhaité. Le représentant a aussi dissuadé les interdictions à l’importation de certaines matières premières, avant de demander de respecter les règles de l’OMC. Le Gouvernement algérien encourage en outre l’innovation scientifique et l’utilisation des nouvelles technologies pour appuyer le secteur agricole, a fait savoir le représentant.
M. MAURA (Mozambique) a estimé que des mesures ambitieuses sont nécessaires pour éliminer la malnutrition et la pauvreté d’ici à 2030. Soulignant que les besoins primaires relèvent des droits humains, il a affirmé que le développement agricole est un pilier de la politique de développement de son pays. Il a attiré l’attention sur deux initiatives, l’une visant la réduction de la malnutrition et l’autre, une gestion intégrée de l’agriculture et des ressources naturelles afin d’améliorer les chaînes de valeur de la production. Mon gouvernement a cinq priorités, a-t-il poursuivi, à savoir la sécurité alimentaire, les revenus des familles, l’emploi, l’intégration sociale et la production et la productivité. Pour accélérer l’intégration socioéconomique, il est nécessaire de jeter les bases d’une agriculture durable, a-t-il estimé, soulignant que son pays a enregistré des progrès significatifs s’agissant de la diminution du nombre de personnes en insécurité alimentaire. Enfin, il a exhorté les partenaires bilatéraux et multilatéraux à honorer leurs engagements.
M. ABDULRAHMAN HASAN YAHYA AL-BARATI (Yémen) a rappelé que la pauvreté multidimensionnelle est bien trop élevée, notamment dans les PMA. Quelque 80% de la population yéménite vit dans la pauvreté. De plus, 24 millions d’habitants ont besoin d’aide humanitaire et 20 millions risquent la famine, a-t-il déploré. Il a également fait état des taux élevés de malnutrition et du manque de soins médicaux, notamment pour les enfants en bas âge et les femmes enceintes. Le Gouvernement résiste à la guerre mais l’économie décline, a-t-il mis en garde. Nous devons œuvrer de concert pour prévenir, via des mesures efficaces, les crises d’acheminement et d’approvisionnement des denrées alimentaires liées aux conflits ou aux changements climatiques, a-t-il exhorté, appelant la communauté internationale à financer intégralement le Plan de réponse humanitaire pour le Yémen. Il a ensuite jugé que la FAO, aux côtés des gouvernements, peut aider considérablement les petits exploitants agricoles, limiter la dépendance à l’aide humanitaire et faciliter la coexistence pacifique. Enfin, reconnaissant la nécessité de la participation des femmes à la production agricole, il a appelé à la levée des restrictions imposées aux femmes dans les régions contrôlées par les milices houthistes.
M. KANISSON COULIBALY (Mali) s’est inquiété des défis auxquels son pays est confronté et qui sapent ses efforts de réalisation des ODD. Il a cité l’insécurité liée au terrorisme, les conséquences des changements climatiques, l’insécurité alimentaire et la crise sanitaire. À ces crises s’ajoutent les sanctions économiques et financières injustes, totalement illégales et clairement inhumaines que la CEDEAO et l’UEMOA ont imposées en janvier 2022. En application des dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, le Gouvernement s’attelle à fournir des dividendes de la paix aux populations à travers l’élaboration et la mise en œuvre, depuis décembre 2015, du Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable (CREED), qui vise à promouvoir le développement inclusif et durable en vue de la réduction de la pauvreté et des inégalités dans un Mali « uni et apaisé ».
M. MOUSSA MAMAN SANI(Niger) a fait observer que le secteur agricole occupe près de 80% de la population active de son pays et représente en moyenne 40% du PIB. Pour capitaliser sur ses atouts, le Niger a mis en place l’Initiative 3N (les Nigériens Nourrissent les Nigériens), une stratégie nationale de sécurité alimentaire et de développement agricole durable. Cette politique de modernisation et de transformation du monde rural vise en particulier à améliorer la productivité et à faire émerger une économie rurale basée sur le développement des petites et moyennes entreprises agricoles, surtout pour les femmes et les jeunes. Le représentant a condamné les « organisations communautaires » qui deviennent des « instruments de menace existentielle et du gangstérisme économique », à travers « des sanctions inhumaines, illégales et illégitimes d’une rare cruauté » qu’elles imposent au peuple nigérien.
Mme TANIA SERAFIM YVONNE ROMUALDO (Cabo Verde) a salué la réduction substantielle de l’extrême pauvreté dans son pays, de 23,7% en 2015 à 13,1% en 2020. Ces progrès, dus à la croissance économique, soulignent la volonté du pays d’obtenir des résultats positifs en matière de développement. Toutefois, le pays demeure aux prises avec les effets combinés de la pandémie de COVID-19 et des changements climatiques. Les indicateurs socioéconomiques révèlent une baisse de 14,8% de la croissance économique en 2020, une diminution de 9% de l’emploi et des pertes de revenus généralisées parmi les ménages. Ces problèmes, associés à la baisse des recettes et à la réduction des investissements dans la protection sociale, contribuent à l’augmentation du ratio dette/PIB, limitant la marge de manœuvre budgétaire du Gouvernement caboverdien.
D’autre part, a souligné la déléguée, les inégalités entre les sexes persistent, la pauvreté touchant de manière disproportionnée les ménages dirigés par des femmes, et les effets des changements climatiques sont déjà évidents, comme en attestent par exemple les pénuries d’eau. Investir dans des solutions basées sur la nature et dans l’énergie verte est un impératif pour en atténuer l’impact, a relevé l’oratrice. Tirant parti de sa position d’État du centre du littoral atlantique et de chef de file de la coopération Sud-Sud, Cabo Verde recherche des solutions résilientes, par le biais de l’intégration régionale et du commerce, en particulier entre les PEID. La collaboration avec les partenaires nationaux et le soutien continu des agences de l’ONU sont essentiels pour naviguer dans les eaux complexes du développement, a souligné la représentante.
M. DMITRY S. ARISTOV (Fédération de Russie) a estimé que l’analyse présentée dans les rapports de ce matin ne donne pas un tableau objectif de la sécurité alimentaire dans le monde. Le problème ne peut pas se concentrer uniquement sur les événements en Ukraine, a plaidé le représentant. Il a rappelé que les États Membres et les programmes des Nations Unies basés à Rome jouent un rôle dans ce domaine. Il a aussi souligné que la Russie prend en compte les intérêts et les besoins des partenaires des pays en développement en versant plus de 120 millions de dollars à la FAO. Le représentant a cru avoir repéré des « thèses dangereuses », présentées par le Secrétariat, s’agissant de ce qu’il appelle « la crise du coût de la vie ». Le délégué a rejeté toute accusation à l’égard de son pays à ce sujet. La Fédération de Russie est un des grands producteurs d’engrais et de céréales dans le monde, a-t-il dit, en assurant qu’il n’y a pas de déficit ou d’insuffisance de production agricole dans le monde.
La raison de la crise, a argumenté le délégué, est que les chaînes de production et de distribution ont été cassées. Il a aussi dénoncé les mesures illégales qui ont été prises par les pays occidentaux, y compris l’imposition de la transition énergétique et le protectionnisme commercial. Le représentant a proposé de s’attaquer aux sanctions imposées par les pays occidentaux sur les populations des pays qui en souffrent. Il a dit être « déçu » du fait que le Secrétaire général de l’ONU ne reconnaisse pas ce problème comme étant un des principaux facteurs de la régression dans le développement social et économique. Le représentant a mis sur le dos des spéculateurs les problèmes de la sécurité alimentaire mondiale. Entre 2021 et 2022, les entreprises ont gagné 14 milliards de dollars grâce à la spéculation, mais qui profite de cet argent? a demandé le délégué.
Mme DEBATABA (Togo) a expliqué que sans son pays, l’agriculture concerne 65% de sa population active, et occupe 60% de la superficie globale du pays. Le Gouvernement a consenti à des efforts notables pour améliorer l’accès aux financements pour développer ce secteur, via la mécanisation, l’utilisation d’engrais, le développement des chaînes de valeur agricoles et l’auto-entrepreneuriat. Un mécanisme incitatif de financement agricole a été lancé en 2018 pour faciliter l’accès des agriculteurs au crédit. Toutefois, l’agriculture demeure soutenue par le secteur bancaire et, à cet égard, le Gouvernement togolais aimerait réduire les taux d’intérêts, dans le but de doper la production. En outre, pour accompagner les agriculteurs les plus vulnérables, environ 2 milliards de francs CFA ont été débloqués pour l’acquisition d’engrais. Le taux de couverture alimentaire a été amélioré et la faim réduite, entre autres, grâce à des projets de cantine scolaire. Malgré ces avancées, toutes les cibles de l’ODD no 2 ne sont pas atteintes, a avoué la déléguée. Sur le plan interne, il faudrait surmonter certaines difficultés internes, comme la faiblesse des financements et un contexte sécuritaire marqué par les attaques terroristes au nord du pays. Sur le plan international, elle a cité comme obstacles la COVID, l’inflation, la crise énergétique et la dette extérieure.