Le débat de la Deuxième Commission sur le développement durable met en avant l’urgence de l’action climatique, à quelques semaines de la COP28
La Deuxième Commission (questions économiques et financières) est revenue, aujourd’hui, sur la question du développement durable, au cœur de ses travaux cette année. « Notre monde est pétri d’inégalités. La crise climatique s’aggrave. La faim, l’insécurité alimentaire, la crise de la dette continuent de s’aggraver, en particulier pour les pays les plus vulnérables. Tout cela alors que la guerre en Ukraine et d’autres conflits aux quatre coins du globe se poursuivent comme le montre, une fois de plus, l’inquiétante escalade de la situation au Moyen-Orient », s’est inquiété, en préambule de son discours, le Président de l’Assemblée générale, M. Dennis Francis, qui a plaidé pour une cessation des hostilités après la tragique attaque de civils israéliens par le Hamas samedi. Voulant faire preuve d’optimisme, il a cependant jugé la Deuxième Commission parfaitement capable de « catalyser l’action » nécessaire pour régler ces problèmes et atteindre les 17 objectifs de développement durable (ODD) du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Ce qui est le plus ressorti des 16 rapports présentés ce jour, ainsi que des discours des différentes délégations, est à n’en pas douter l’urgence climatique, dont les effets sont ressentis chaque jour de façon plus intense, plus imprévisible et plus dévastatrice. « Il n’y a pas meilleure illustration de la myopie de nos systèmes économiques et politiques dominants que l’intensification de la guerre que nous livrons contre la nature », a alerté Mme Yongyi Min, du Département des affaires économiques et sociales (DESA), qui a toutefois estimé qu’il « n’est pas encore trop tard pour limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré Celsius, éviter les pires effets de la crise climatique et garantir la justice climatique ». C’est ainsi davantage vers les actions possibles que vers les sombres constats maintes fois partagés que s’est tournée la discussion du jour.
À cet égard, « la COP28 (à Dubaï fin novembre) doit aboutir à des résultats concrets susceptibles de nous éloigner du statu quo et d’établir véritablement une nouvelle base pour la coopération internationale en matière d’action climatique », a espéré l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS). Le délégué samoan qui parlait au nom de ces pays a ainsi proposé de mettre en œuvre pour de bon le fonds pour les pertes et les préjudices, décidé lors de la COP27, mais non encore pleinement opérationnel. Parlant au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, le délégué vénézuélien a de son côté rappelé la nécessité impérieuse de réduire « effectivement » les émissions de gaz à effet de serre.
Espérant que les pays développés rempliront leurs engagements pris dans l’Accord de Paris et augmenteront leurs contributions au financement des mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques dans les pays en développement, à hauteur de 100 milliards de dollars par an —une demande partagée par de nombreuses délégations—, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), par la voix de la déléguée des Philippines, a réaffirmé le principe des « responsabilités communes mais différenciées ». Elle a par ailleurs évoqué deux plans d’action de l’ASEAN en cours d’élaboration: un pour la gestion des espèces exotiques envahissantes et l’autre pour l’action climatique communautaire.
Le délégué iraqien s’est inquiété en particulier de la raréfaction de l’eau dans son pays et sa région, provoquant une perte de biodiversité et une dégradation des sols, tandis que la Secrétaire exécutive adjointe de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification a évoqué l’ambition du G20 de réduire de 50% les terres dégradées du monde d’ici à 2040. Elle a aussi misé sur la prochaine conférence de la Convention, prévue en décembre en Arabie saoudite, comme un « moment charnière » pour la résilience aux catastrophes naturelles.
S’il y a une chose que les changements climatiques ont en effet mis en évidence, c’est la nécessité de combler les lacunes en matière de réduction des risques de catastrophes, a rappelé Mme Mami Mizutori, Représentante spéciale du Secrétaire général pour ce sujet. Tirant la sonnette d’alarme sur la lenteur des progrès dans ce domaine, elle a noté que bien que le nombre de pays dotés de stratégies nationales soit passé de 55 en 2015 à 126 en 2022, le nombre de personnes touchées par des catastrophes est lui passé de 1 092 pour 100 000 habitants pour la période 2005-2014 à 2 034, pour la période 2013-2022. « Les catastrophes peuvent instantanément anéantir des décennies de développement », a-t-elle averti. La représentante péruvienne, s’exprimant au nom du Groupe des Amis pour la réduction des risques de catastrophe (qui comprend également l’Australie, l’Indonésie et la Norvège), a de son côté insisté sur une « approche basée sur la résilience », qui doit aller au-delà des risques naturels et inclure les risques biologiques, technologiques, environnementaux et économiques.
Le représentant de la Tunisie, tout en exprimant les préoccupations du Groupe des États d’Afrique sur les obstacles à la réalisation des ODD sur son continent, a mis en avant le potentiel des énergies renouvelables en Afrique, qui dispose de soleil, de vent et de ressources géothermiques en abondance. En vue d’offrir une énergie abordable à tous, il a appelé à davantage d’investissements dans la numérisation, les technologies innovantes et des systèmes de fourniture d’énergie transfrontaliers.
Enfin, plusieurs délégations, comme l’Iran, le Venezuela ou le Groupe des 77 et de la Chine, ont dénoncé les sanctions unilatérales qui empêchent les pays qui les subissent (actuellement une trentaine) de faire face aux exigences du développement et aux conséquences des changements climatiques, notamment en dissuadant les investissements et en sapant la coopération internationale.
La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 10 octobre, par une réunion commune avec l’ECOSOC à partir de 10 heures, avant de continuer son débat sur la thématique du développement durable dans l’après-midi.
Déclaration du Président de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale
M. DENNIS FRANCIS, Président de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale, a commencé par rappeler l’importance croissante des enjeux débattus par la Deuxième Commission (affaires économiques et financières), particulièrement en raison de l’impact persistant de la pandémie de COVID-19 sur l’économie et la société mondiales. Il a ensuite abordé les multiples crises auxquelles le monde est confronté: inégalités croissantes, urgence climatique et crises alimentaires et financières, notamment dans les pays vulnérables, et a évoqué les conflits mondiaux persistants, comme la guerre en Ukraine et les tensions au Moyen-Orient. Revenant sur « les attaques menées par le Hamas samedi, qui ont entraîné une escalade ayant fait des centaines de morts et des dizaines de blessés, en Israël et dans l’État de Palestine », il a condamné la violence et appelé à une cessation immédiate des hostilités, insistant sur la nécessité de dialogues diplomatiques pour avancer vers une solution à deux États.
En ce qui concerne l’économie, le Président a appelé à l’élaboration d’un « nouveau mécanisme pour restructurer la dette et d’un système financier international plus juste », citant l’économiste Jayati Ghosh, qui est intervenue en ouverture des débats de la Commission. Sur une note plus optimiste, il a rappelé que la déclaration politique adoptée lors du Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD), le mois dernier, offre une « liste de choses à faire » pour intensifier les progrès sur les 17 ODD. Cette liste inclut: l’intensification de l’action climatique, le financement du développement et les transitions clef dans des secteurs tels que l’énergie; l’extension des protections sociales et l’amélioration de l’éducation; la mise en œuvre de solutions numériques pouvant stimuler les progrès pour 70% des cibles des ODD; la mobilisation des moyens financiers pour combler le déficit d’investissement annuel « stupéfiant » de 4 000 milliards de dollars; la réforme du système financier international, en s’appuyant sur le plan de relance des ODD et en abordant le financement du climat; la nécessité d’adopter, au-delà du PIB, un indice de vulnérabilité multidimensionnelle.
Mais « ce qui fait défaut et qui est donc nécessaire sans plus attendre », a-t-il estimé, « c’est la volonté politique de respecter nos engagements ». Et la Deuxième Commission est parfaitement capable de « catalyser l’action », a-t-il affirmé, l’exhortant à partager ses conclusions avec la Cinquième Commission (administrative et budgétaire) pour une action diligente. Le Président a également annoncé la décision stratégique de relancer le Conseil consultatif sur les petits États insulaires en développement (PEID), les pays les moins avancés (PMA) et les pays en développement sans littoral (PDSL), dans l’espoir d’une action imminente. « Je suis convaincu que, en travaillant de manière créative et collaborative, nous pouvons renforcer et améliorer notre système multilatéral », a-t-il conclu.
DÉVELOPPEMENT DURABLE (A/78/80, A/78/210, A/78/228, A/78/276, A/78/280, A/78/312, A/78/362, A/78/372)
Présentation des rapports
Mme LOTTA TAHTINEN, de la Division des objectifs de développement durable (ODD) du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté les cinq rapports du Secrétaire général suivants:
- « Les technologies agricoles au service du développement durable: ne laisser personne de côté » (A/78/228)
- « Mesures de coopération pour évaluer et faire mieux connaître les effets sur l’environnement des déchets provenant de munitions chimiques immergées en mer » (A/78/276)
- « Parvenir au développement durable: réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment grâce à l’adoption de modes de consommation et de production durables, en faisant fond sur Action 21 » (A/78/208)
- « Suivi et application des Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (Orientations de Samoa) et de la Stratégie de Maurice pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement » (A/78/222)
- « Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable » (A/78/201)
Mme ANDREA MEZA, Secrétaire exécutive adjointe de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, a présenté le « Rapport du Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique », contenu dans la note du Secrétaire général intitulée « Application des conventions des Nations Unies sur l’environnement » (A/78/209).
Mme MAMI MIZUTORI, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, a présenté le rapport sur la « Mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030)» (A/78/267).
Mme LIGIA NORONHA, Sous-Secrétaire générale et Cheffe du Bureau de New York du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a présenté le rapport intitulé « Renforcement de la coopération pour la gestion intégrée des zones côtières aux fins du développement durable » (A/78/293).
Mme IVANA ZIVKOVIC, Administratrice assistante et Directrice du Bureau régional pour l’Europe et la Communauté d’États indépendants du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a présenté le rapport intitulé « Coopération et coordination internationales en vue du rétablissement de la santé de la population, de la régénération de l’environnement et du développement économique de la région de Semipalatinsk au Kazakhstan » (A/78/312)
M. DAVID COOPER, Secrétaire exécutif par intérim de la Convention sur la diversité biologique, a présenté le « Rapport du Secrétaire exécutif de la Convention sur la diversité biologique », contenu dans la note du Secrétaire général intitulée « Application des conventions des Nations Unies sur l’environnement » (A/78/209).
Mme ZORITSA UROSEVIC, Directrice exécutive de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), a présenté le rapport intitulé « Tourisme durable et développement durable en Amérique centrale » (A/78/210).
M. DANIELE VIOLETTI, Directeur principal de la coordination des programmes de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, a présenté le « Rapport du Secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques relatif aux travaux de la Conférence des Parties à la Convention », contenu dans la note du Secrétaire général intitulée « Application des conventions des Nations Unies sur l’environnement » (A/78/209).
M. LIFENG LI, Directeur de la Division de la mise en valeur des terres et des eaux de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a présenté le rapport sur la « Lutte contre les tempêtes de sable et de poussière » (A/78/237).
M. ELIOT MINCHENBERG, Directeur du Bureau de New York de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a présenté le « Rapport de la Directrice générale de l’UNESCO sur l’éducation au service du développement durable dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », contenu dans la note du Secrétaire général sur « L’éducation au service du développement durable » (A/78/219).
Mme YONGYI MIN, Cheffe de la section de suivi des objectifs de développement durable de la division des statistiques du DESA, a présenté l’édition spéciale du rapport du Secrétaire général sur les « Progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de développement durable: vers un plan de sauvetage pour les peuples et la planète » (A/78/80).
M. AHMAD AL-HAMMAL, Conseiller régional du PNUD pour la région du Levant, a présenté le rapport du Secrétaire général sur la « Marée noire sur les côtes libanaises » (A/78/280).
Discussion générale
Parlant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. FRANK TÉLLEZ ALONSO (Cuba) s’est inquiété de la dégradation de la situation mondiale, rappelant qu’aucun ODD n’était aujourd’hui pleinement atteint. Appelant à mettre fin aux inégalités et aux iniquités, il a d’abord soutenu une réforme de l’architecture financière et économique, avec notamment une meilleure gestion des prêts, une émission de nouveaux (DTS), des taux d’emprunt réduits, et un renforcement des financements pour le climat.
À l’instar du Secrétaire général, il a exhorté la communauté internationale à s’engager sur un plan de relance pour les pays en développement alignés sur les ODD, ainsi que les pays développés à respecter leurs engagements en matière d’APD. Reconnaissant des avancées en ce qui concerne l’environnement, il a salué l’établissement d’un fonds pour les pertes et préjudices, qui devrait être, selon lui, abondé à la hauteur de 20 milliards de dollars par an.
Impatient que se tienne à Antigua-et-Barbuda en 2024 la quatrième Conférence internationale sur les PEID, il a appelé à des transferts de technologie du Nord vers le Sud et a estimé que l’unilatéralisme et le protectionnisme, incompatibles avec les accords de l’OMC, devraient être éliminés. Il a enfin demandé la levée des mesures coercitives unilatérales, qui entravent la capacité des pays en développement à atteindre les ODD.
Mme PRAMITA ADHIKARI (Népal), parlant au nom du Groupe des pays les moins avancés, a déploré que, selon les prévisions, environ 575 millions d’individus vivront encore dans l’extrême pauvreté en 2030, sachant que les efforts pour la réalisation des ODD sont largement compromis par les multiples crises. À mi-parcours, les PMA n’ont progressé que sur 28% des ODD, des progrès en dessous de la moyenne, a-t-elle informé, alors que 12 des 17 ODD mentionnent clairement les PMA. Les progrès sur plusieurs ODD, en particulier celui de « faim zéro », sont entravés par l’inflation des prix de l’alimentation et de l’énergie. Déplorant la diminution des financements par l’aide publique au développement (APD) et des fonds de développement institutionnels, elle a appelé à davantage de soutien financier et technique pour mettre fin aux inégalités. Le poids de la dette porté par les PMA, qui continue d’augmenter, diminue encore davantage l’espace fiscal nécessaire pour atteindre les ODD, a-t-elle mis en garde. Soulignant les trop grandes disparités dans les financements pour la réalisation des ODD, la représentante a demandé que les PMA puissent se reposer sur des sources externes de financement.
Afin d’augmenter significativement les financements pour stimuler la mise en œuvre des ODD, le Programme d’action de Doha constitue une étape importante, a-t-elle déclaré, appelant les pays et les institutions financières à prendre les mesures nécessaires. La déléguée a également demandé une « transformation radicale » de l’architecture financière mondiale afin que les opportunités de financements coïncident davantage avec les besoins spécifiques des PMA. Étant donné que les transferts de technologies permettent d’augmenter la résilience des industries, elle a ensuite appelé la communauté internationale à mettre en œuvre un système de transactions sur le plan multilatéral, qui soit équitable, ouvert et non-discriminatoire, afin d’augmenter la capacité de production dans les PMA et connecter les chaînes de productions aux niveaux régional et mondial.
M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déclaré que les dirigeants des États de la CARICOM appellent à un « élan d’engagements des parties prenantes pour les étapes suivantes de la réalisation des ODD ». Le redressement durable des régions côtières et des petits États insulaires en développement dépend de l’accès à des financements abordables, fiables et adéquats, a-t-il indiqué, prônant l’adoption d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour mieux mesurer les besoins en financement. Le délégué a misé sur le plan de relance des ODD, qui offre, selon lui, l’opportunité de corriger le déséquilibre de l’architecture financière mondiale. Il a également placé ses espoirs dans la tenue de la quatrième Conférence internationale des PEID, en 2024, qui sera l’occasion d’élaborer un nouveau programme d’action pour l’accès aux financements de ces pays, afin de leur permettre de mener une transformation numérique, de garantir la sécurité alimentaire et de réduire les risques liés aux catastrophes naturelles, notamment. Réaffirmant l’importance de limiter la hausse des températures pour la survie dans les Caraïbes, le délégué s’est réjoui de la mise en œuvre du fond pour les pertes et les préjudices à l’occasion de la COP28 et a appelé les États à accélérer la transition énergétique. « En tant que gardiens d’une biodiversité marine et terrestre importante, nous maintenons notre engagement envers l’utilisation durable de ces ressources », a-t-il conclu.
Mme LEILA CASTILLON LORA-SANTOS (Philippines), parlant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a rappelé que la Vision ASEAN 2025 et le Programme 2030 promeuvent tous deux un développement centré sur l’humain pour « ne laisser personne de côté ». Elle a réaffirmé l’importance des partenariats de l’ASEAN et en particulier de ses interactions avec l’ONU. Rappelant que l’ASEAN est l’une des régions les plus exposées aux catastrophes naturelles dans le monde, qui font un nombre important de morts et entraînent des pertes économiques conséquentes, la représentante a signalé que l’Accord de l’ASEAN sur la gestion des catastrophes et les interventions d’urgence sert de plateforme commune et d’épine dorsale de la politique régionale pour la gestion des catastrophes dans la région. Elle a aussi fait valoir l’existence du Centre de coordination de l’aide humanitaire de l’ASEAN pour la gestion des catastrophes.
La déléguée a réaffirmé l’engagement des membres de l’ASEAN envers la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et de l’Accord de Paris, en particulier le principe des responsabilités communes mais différenciées. Elle a dit attendre avec intérêt la COP28, réitérant son appel aux pays développés pour qu’ils remplissent les engagements de l’Accord de Paris et augmentent leurs contributions au financement de l’action climatique. Elle a encouragé à partager les meilleures pratiques, l’expérience et les connaissances sur l’action climatique et à accentuer le transfert de technologie et le renforcement des capacités en matière d’adaptation aux changements climatiques et d’atténuation de leurs effets.
Soulignant la nécessité d’une stratégie régionale coordonnée pour faire face aux changements climatiques, elle s’est félicitée des progrès accomplis dans la finalisation de l’accord d’établissement du Centre de l’ASEAN pour les changements climatiques, dont la création officielle est prévue cette année au Brunéi Darussalam. À cet égard, elle a parlé de deux plans d’action de l’ASEAN en cours d’élaboration: un pour la gestion des espèces exotiques envahissantes et un autre pour l’action climatique communautaire. La représentante a également parlé de ce que fait la région en faveur de la protection de la biodiversité et des ressources naturelles, de même que pour favoriser l’économie circulaire.
Parlant au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a exprimé une vive inquiétude quant aux politiques menées par les « anciennes puissances coloniales et leurs alliances militaires », qui aggravent les tensions géopolitiques mondiales et les défis sur la route du développement durable. Il a insisté sur la nécessité d’une accélération de la mise en œuvre du Programme 2030 et a prôné un multilatéralisme revitalisé. Le représentant a soutenu l’Initiative pour le développement mondial, promue par la Chine, comme une plateforme pour accélérer la réalisation des ODD et a plaidé pour la reconnaissance pleine et entière du droit au développement comme un droit humain universel, indissociable et inaliénable.
Soulignant les impacts désastreux des changements climatiques, particulièrement dans les pays vulnérables, le représentant a appelé à« transformer les promesses en actions ». Il a notamment évoqué des actions urgentes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et insisté sur la nécessité pour les pays développés et les institutions financières internationales de fournir des ressources aux pays en développement pour l’atténuation et l’adaptation. Le délégué a salué l’importance, malgré certaines lacunes, de la récente déclaration politique issue du Sommet sur les ODD, avant de condamner les mesures coercitives unilatérales que subissent plus de 30 nations, une entrave à leur développement économique et social et à l’atteinte des ODD. Il a réclamé une cessation immédiate de ces mesures illégales, affirmant qu’elles exacerbent les crises mondiales et prolongent la souffrance humaine.
Au nom des pays en développement sans littoral (PDSL), Mme LORATO MOTSUMI (Botswana) a fait savoir que, face aux multiples crises en cours dans le monde, les 32 PDSL restent en marge du commerce mondial, leur part atteignant à peine 1%. Selon des estimations récentes, les exportations et le développement humain augmenteraient respectivement de 18 et 19% si ces pays n’étaient pas enclavés, a fait remarquer la représentante. Le commerce est en effet un moteur essentiel de la croissance économique, de la création d’emplois et de la réduction de la pauvreté dans les pays développés comme dans les pays en développement, mais en particulier dans les PDSL.
Les PDSL doivent surmonter les obstacles et les problèmes qui les empêchent de s’intégrer pleinement dans les chaînes de valeur régionales et mondiales et dans les réseaux d’investissements, a alerté la représentante en expliquant que l’un des principaux obstacles tient aux coûts élevés de transport. Elle a rappelé un autre facteur qui entrave le développement durable des PDSL, qui relève des changements climatiques, car ces pays sont particulièrement touchés par les catastrophes et leurs répercussions. Les PDSL sont convaincus qu’il est encore possible de modifier leur trajectoire de développement, ce qui demande de travailler ensemble dans un esprit de solidarité et de partenariat, a conclu la déléguée en disant miser beaucoup sur la troisième Conférence des Nations Unies sur ces pays.
M. ISAIA LAUTASI (Samoa), intervenant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a rappelé que les PEID étaient reconnus par la communauté internationale comme un cas particulier pour le développement durable. Malheureusement, a-t-il poursuivi les PEID sont aujourd’hui encore davantage vulnérables en raison de l’inaction de cette même communauté internationale à combattre les changements climatiques, la dette croissante, l’accès insuffisant aux financements et la mauvaise gestion des océans. Il a ensuite mentionné que le prochain programme d’action pour ces pays représente l’opportunité d’ouvrir la voie à une prospérité résiliente, ce qui requiert néanmoins des approches innovantes pour une transformation socioéconomique et environnementale dans les PEID. Les crises ayant décimé les économies de ces pays et compromis leur capacité à atteindre les ODD, il a estimé que leur avenir était peu prometteur si la communauté internationale ne corrigeait pas le cap rapidement.
Face aux effets des changements climatiques, le représentant a jugé nécessaire de mettre en place des actions concrètes pour limiter l’augmentation de la température, mettre en œuvre le fond pour les pertes et les préjudices, et œuvrer vers une transition énergétique durable. Il est également essentiel de s’occuper d’urgence des manquements dans la réduction des risques de catastrophe mis en lumière dans l’évaluation à mi-parcours du Cadre de Sendai, a-t-il déclaré, soulignant la nécessité de prendre en compte les répercussions directes d’une mauvaise gestion de l’environnement et des ressources naturelles sur les sociétés.
Mme JULISSA MACCHIAVELLO (Pérou), s’exprimant au nom du Groupe des Amis pour la réduction des risques de catastrophe comprenant l’Australie, l’Indonésie, la Norvège et le Pérou, a souligné que l’opportunité se présente, à mi-parcours du Programme 2030, d’accélérer le développement durable en adoptant une approche basée sur la résilience et la gestion des risques. Cette gestion doit aller au-delà des risques naturels et inclure les risques biologiques, technologiques, environnementaux et économiques, a-t-elle estimé. Il est essentiel d’intégrer la réduction des risques de catastrophe dans les secteurs du développement durable, de l’action climatique et des efforts humanitaires en prenant en compte la diversité de genre, les handicaps et les droits humains, a-t-elle poursuivi.
La déléguée a insisté sur l’importance de cette approche pour permettre aux États Membres d’améliorer la résilience et de prévenir les crises futures. L’intensification du phénomène climatique El Niño pourrait également avoir de graves répercussions sur les économies mondiales dans les prochains mois, a- t- elle ensuite mis en garde, mentionnant, entre autres, les retombées sur l’agriculture, la sécurité alimentaire et l’accès l’eau. Il est impératif de se mobiliser pour limiter les répercussions de ce phénomène, a-t-elle exhorté.
Elle a ensuite estimé que la déclaration politique de l’examen à mi-parcours du Cadre de Sendai devrait parler de l’intégration de la réduction des risques de catastrophe dans le travail des institutions financières internationales et de l’augmentation des financements pour la prévention des catastrophes, tout en appelant à un renforcement des cadres juridiques et de contrôle pour la gestion des risques. Il y a beaucoup d’opportunités, durant cette session, de faire progresser l’intégration de la réduction des risques de catastrophe et du renforcement de la résilience dans les principaux processus intergouvernementaux liés au développement durable, a-t-elle conclu, précisant que la coopération doit être locale, régionale et mondiale et inclure les risques de l’intelligence artificielle.
Par la voix de M. TAREK LADEB (Tunisie), le Groupe des États d’Afrique s’est dit très préoccupé par les sérieux obstacles qui se dressent sur la voie des ODD et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA). En effet, l’impact de la pandémie, les évolutions géopolitiques et la hausse des risques dus aux changements climatiques constituent une grave menace pour le développement du continent. Ces problèmes ont poussé encore davantage de personnes dans la pauvreté et ont augmenté les inégalités et les vulnérabilités. Le représentant a mis en exergue le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine adopté par l’UA, qui vise à lutter contre la pauvreté, l’insécurité alimentaire et la malnutrition. Il a toutefois mis en garde que le manque d’investissements dans l’agriculture reste un obstacle.
Le représentant a aussi prévenu que les mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques nécessitent un financement estimé à 3 000 milliards de dollars d’ici à 2030. À cet égard, il a réitéré l’appel des États d’Afrique pour que les banques multilatérales de développement et les institutions financières internationales réforment leurs pratiques et leurs priorités . Les énergies renouvelables ont un immense potentiel pour le développement à long terme de l’Afrique, qui dispose de soleil, de vent et de ressources géothermiques en abondance, a aussi fait remarquer le délégué. En vue d’offrir une énergie abordable à tous, il a prôné davantage d’investissements dans de nombreux domaines, notamment la numérisation, les technologies innovantes et des systèmes de fourniture d’énergie transfrontaliers.
M. ABDELLAAL (Égypte) a plaidé pour un développement durable basé sur l’équité et une « responsabilité commune mais différenciée », mentionnant la stratégie nationale et les différentes initiatives mises en place pour atteindre les ODD et éliminer la pauvreté en Égypte. Il a ensuite estimé que la Deuxième Commission doit traiter d’un certain nombre de questions dans le cadre des changements climatiques et des problèmes environnementaux. La COP27, organisée en Égypte, a permis, entre autres, la mise en place d’un fond pour les pertes et les préjudices qui a mis en exergue le rôle de la coopération multilatérale, a-t-il rappelé. Le délégué a souligné l’importance d’utiliser ces résultats pour répondre au besoin des pays en développement.
Il est également essentiel de discuter, de manière intégrée et dans le contexte de l’ONU, de la diversité biologique et de la désertification, a estimé le représentant. Il n’y a, à son avis, nul besoin de mettre en place un système parallèle pour discuter des tempêtes de sable qui saperait les efforts de l’ONU. La Deuxième Commission doit également se pencher sur la transition énergétique durable pour assurer l’approvisionnement en énergie pour tous, a-t-il exhorté. Dans ce contexte, il a mentionné les initiatives de son gouvernement pour assurer l’approvisionnement en énergie durable via, notamment, un plan solaire, et appelé la communauté internationale à accorder un appui financier aux pays en développement en faveur des énergies renouvelables.
M. AL-KUWARI (Qatar) a salué la tenue du Sommet sur les ODD, rappelant que son pays avait mené, avec l’Irlande, les négociations pour la rédaction de la déclaration politique qui en est résulté. Celle-ci aidera à atteindre les ODD, a-t-il espéré. Le représentant a estimé que le Programme 2030 jouait un rôle essentiel dans le développement durable, affirmant l’intention du Qatar de continuer à le mettre en œuvre. Il a mentionné les nombreux efforts et progrès réalisés en ce sens, notamment au travers d’initiatives nationales ou en coopération avec des partenaires internationaux dans les domaines de l’environnement et de l’éducation.
Réitérant l’engagement de son pays envers la paix, la sécurité et le développement dans le monde entier, le délégué a encouragé la coopération internationale pour répondre aux crises et fournir une assistance humanitaire au niveau multilatéral et bilatéral, entre autres. Il a souligné l’importance des partenariats avec l’ONU pour que tous puissent bénéficier des efforts réalisés. Le Qatar, a-t-il témoigné, a contribué à des programmes visant à fournir des solutions novatrices pour le développement durable, y compris dans les PMA.
Mme MANUELA RÍOS SERNA (Colombie) a averti que la « fenêtre d’action » pour lutter contre les changements climatiques se referme petit à petit. Insistant sur la nécessité de réformer radicalement le modèle économique mondial, elle a appelé à une transformation du système financier international et a plaidé en faveur de l’élaboration d’instruments financiers innovants pour augmenter l’investissement public et libérer de l’espace budgétaire. Rappelant le manque flagrant de volonté politique pour atténuer la crise au niveau mondial, elle a vanté l’engagement du Président colombien, Gustavo Petro Urrego. La représentante a ainsi exposé les priorités de la Colombie en matière d’action climatique, y compris la transition vers des sources d’énergie renouvelables et la mise en œuvre du cadre Kunming-Montréal pour la biodiversité. Elle a aussi célébré la récente adoption par son pays de l’Accord sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologiquemarine (BBNJ). « Nous avons besoin de sociétés plus résilientes et mieux préparées. C’est pourquoi la prévention des risques doit être intégrée dans toutes les décisions politiques et de planification », a-t-elle conclu.
Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a réitéré son appel à renforcer le multilatéralisme et a encouragé une meilleure coopération internationale en faveur des pays en développement et des populations les plus vulnérables. Depuis 2001, El Salvador enregistre une moyenne annuelle de pertes dues aux catastrophes équivalant à environ 60% de ses dépenses publiques annuelles, a fait remarquer la représentante. À ce propos, elle s’est inquiétée du rythme inégal et insuffisant de respect des engagements pris dans le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe. Elle a aussi plaidé pour des ressources financières « nouvelles, supplémentaires, prévisibles et adéquates », notamment par l’opérationnalisation du fonds pour les pertes et les préjudices, et a appelé les nations développées à respecter leur engagement de financement climatique à hauteur de 100 milliards de dollars par an, sur le principe des responsabilités communes mais différenciées.
Mme MARILYN DEL CARMEN THOMPSON RAMIREZ (Panama) a invité les délégations à démontrer que le Programme 2030 reste leur feuille de route pour le développement en faveur des personnes, de la planète, de la prospérité, des alliances et de la paix. Pour preuve de son engagement en faveur de la réalisation du Programme 2030, le Panama a mis en place un plan national d’action climatique et un plan national sur le genre et les changements climatiques, instruments qui lui ont permis de rester parmi les sept pays neutres en carbone, s’est enorgueillie la représentante. Le programme de transition énergétique est l’une des autres priorités du Panama, dont 80% de l’électricité produite est déjà renouvelable. Le Panama, a ajouté la déléguée, a aussi été le premier pays d’Amérique latine à adhérer à la Convention sur l’eau, le 6 juillet 2023, dans l’objectif de promouvoir la protection et l’utilisation durable des ressources hydriques.
Selon M. JASSER JIMÉNEZ (Nicaragua), des résultats concrets sont urgents pour préserver et défendre le droit à la vie sur la Terre nourricière, fondés sur le principe des responsabilités communes mais différenciées, avec équité, justice climatique et une indispensable politique de réparation, sous la forme d’une coopération directe et inconditionnelle, en particulier avec les pays les plus vulnérables aux impacts des changements climatiques. À cet égard, le représentant a salué l’initiative de développement mondial lancée par la Chine, qui a permis de faire beaucoup de progrès dans la construction de réseaux de coopération pour éliminer la pauvreté, entre autres objectifs. Il a par ailleurs qualifié d’illégales et de terroristes les mesures coercitives unilatérales imposées par des « pays impérialistes et néocolonialistes » à plus de 30 pays.
M. WISSAM AL NAHHAS (République arabe syrienne) a réaffirmé l’engagement de son gouvernement à s’approprier les ODD qui sont conformes aux objectifs du pays. Il a néanmoins déploré les politiques qui violent la Charte des Nations Unies, rappelant que la Syrie rejette la politisation des mesures d’aide. Elle a aussi déploré certaines restrictions imposées aux agences humanitaires en Syrie par des organisations ou des pays. Les mesures unilatérales coercitives constituent « une forme de terrorisme économique » qui sape les efforts des pays pour atteindre les ODD, a-t-elle martelé. Elle a précisé que c’était encore davantage le cas dans le contexte des catastrophes climatologiques et environnementales, citant en exemple le récent tremblement de terre qui a diminué la capacité de son pays à acheminer des machines pour libérer les personnes coincées sous les décombres. Nous appelons donc à la levée immédiate des mesures coercitives unilatérales afin de ne laisser personne pour compte, a-t-elle insisté, réitérant la volonté de son pays d’œuvrer pour le développement durable, la sécurité alimentaire, l’accès à l’éducation et la transition vers énergie renouvelables.
Mme TAHEREH JALILI (République islamique d’Iran) a rappelé que la pauvreté est le défi le plus pressant et qu’il ne peut pas y avoir de stratégie unique, chaque pays ayant ses propres spécificités. Elle a également mentionné que les droits inaliénables doivent être respectés, ce qui requiert un accès aux financements sans discrimination. Dans ce cadre, elle a appelé à la levée immédiate des sanctions coercitives unilatérales et « illégales ». Elle a ensuite expliqué les progrès réalisés par son pays pour atteindre les ODD. Dans le domaine de la sécurité alimentaire, des initiatives pour améliorer l’agriculture ont été entreprises mais la pénurie d’eau continue de menacer la durabilité, a-t-elle reconnu. La représentante a aussi parlé de ce qu’a fait l’Iran pour réduire le risque de catastrophes naturelles: le pays a renforcé les systèmes d’alarme précoce, les infrastructures et les mécanismes de réponse, tout en augmentant les investissements dans la recherche et l’éducation.
La déléguée a fait valoir d’autres initiatives lancées par son pays, qui concernent notamment l’accès à l’éducation publique gratuite, le traitement des maladies infectieuses et la baisse de la mortalité infantile, tout en signalant que l’accès aux médicaments pour les enfants est rendu difficile par les sanctions. Par ailleurs, elle a attiré l’attention sur l’accueil de millions de personnes déplacées, alors que l’Iran subit des sanctions et n’a reçu aucun soutien de la communauté internationale pour assurer leurs besoins primaires, appelant les États Membres à honorer leurs engagements à ce titre. Face à la vulnérabilité de son pays aux catastrophes naturelles, elle a espéré que des solutions seraient trouvées pour lutter contre la dégradation des sols, les tempêtes de poussière et la pénurie d’eau. Si l’Iran a organisé une conférence avec l’ONU le mois dernier sur ces problèmes, les sanctions unilatérales empêchent les pays qui les subissent de faire face aux changements climatiques, notamment en dissuadant les investissements et en sapant la coopération internationale, a-t-elle regretté.
Mme ELENA CURZIO VILA (Mexique) a demandé d’accélérer l’action climatique, avec des solutions scientifiques ambitieuses et durables et respectueuses de la nature. Il faut garantir des résultats aux moyens de la mise en œuvre des engagements, du renforcement des capacités, du transfert de technologie et du financement climatique, a précisé la représentante. Elle a exhorté à mobiliser les ressources pour l’adaptation et l’atténuation, et à rendre opérationnel le fonds pour les pertes et les préjudices en faveur des pays vulnérables aux changements climatiques. Le Mexique, a-t-elle dit, reste attaché au Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030) ainsi qu’à la mise en œuvre du Cadre mondial de Kunming-Montréal pour la biodiversité. La déléguée a aussi appelé à mobiliser des ressources pour le Fonds pour le Cadre mondial de la biodiversité.
La représentante a apporté son appui à l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique, y compris dans le milieu marin. Dans le cadre du suivi de la Conférence sur l’eau de 2023, elle a encouragé à faire progresser les travaux sur l’ODD no6 (eau propre et assainissement) et à accorder une plus grande priorité aux débats sur la résilience à la sécheresse. Elle a enfin indiqué que le Mexique continuera d’œuvrer pour la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes et de promouvoir des villes intelligentes, durables et inclusives, ainsi qu’une urbanisation ordonnée.
Mme NELLY BANAKEN ELEL (Cameroun) a exhorté la communauté internationale à intensifier les stratégies orientées vers l’action pour parvenir aux ODD, en tenant compte des progrès sans précédent aux niveaux social, économique et scientifique déjà réalisés. Le Cameroun joue un rôle essentiel pour ce qui concerne la séquestration de carbone, mais reste préoccupé par le fait que la tarification équitable des systèmes écosystémiques des forêts n’est pas encore reconnue, a indiqué la déléguée. Elle a ajouté que, dans le cadre des partenariats forestiers du bassin du Congo, le Cameroun attend des parties prenantes qu’elles respectent leurs engagements.
Faisant savoir que son pays avance vers la neutralité carbone et qu’il a augmenté sa production d’énergie renouvelable pour qu’elle atteigne 25% d’ici à 2030, la représentante a dit espérer pouvoir compter sur la volonté politique de tous les États et de tous les partenaires pour garantir un transfert de technologies efficace. Elle compte aussi sur eux pour respecter les engagements financiers envers les pays qui en ont le plus besoin, en vue de protéger la planète pour les générations à venir.
M. MATEUS PEDRO LUEMBA (Angola) a rappelé que l’Angola est l’un des pays d’Afrique sub-saharienne les plus touchés par les changements climatiques et les événements météorologiques extrêmes, notamment des inondations et des sécheresses, ce qui entrave son processus de développement. Les pertes économiques dues aux catastrophes ont en effet mis en péril ses efforts pour parvenir aux ODD en restreignant les ressources publiques destinées à l’éducation ou à la protection sociale, a expliqué le représentant. Il a rappelé que l’Angola avait approuvé le Cadre de Sendai en 2015 et adopté un plan national de développement 2023-2027 pour consolider sa stratégie de prévention, d’atténuation, de riposte et de relèvement, dans toutes les situations de catastrophe. Le pays a aussi mis en place des systèmes d’alerte précoce afin que toutes les communautés soient informées des menaces et afin de déclencher des plans de riposte dans les temps, a encore témoigné le délégué.
Mme FATEN NEAMAH JASIM JASIM (Iraq) a rappelé que le développement durable peut être atteint grâce à la coopération et que son pays continuera à mettre en œuvre le Programme 2030 dès qu’il aura surpassé les répercussions des multiples crises en cours ou récentes. Face aux changements climatiques et à la raréfaction de l’eau, l’Iraq subira encore davantage de difficultés à l’avenir, a-t-elle averti. Parmi celles-ci, la perte de la biodiversité, la dégradation des sols et la sécheresse. Réitérant l’importance de l’utilisation durable des ressources, elle a mentionné la volonté de son pays d’assurer un accès fiable et abordable à l’énergie. Elle a mis l’accent sur les ressources dont ont besoin les États pour garantir une réponse efficace aux crises économiques et sanitaires. L’Iraq est parmi les pays les plus vulnérables aux changements climatiques, a-t-elle affirmé, insistant sur le principe de responsabilité partagée mais différenciée. Dans ce cadre, elle a demandé un soutien pour mettre en œuvre les stratégies nationales d’adaptation aux changements climatiques, notamment en ce qui concerne les tempêtes de sables qui posent de graves problèmes économiques et sanitaires, et la raréfaction de l’eau qui demande un vrai mécanisme concerté pour la gestion des ressources en eau.
M. KANOK PHUAKNUEM (Thaïlande) a insisté sur la nécessité d’accélérer l’action climatique pour protéger la planète. Néanmoins, le renforcement des mesures ne peut se faire sans appui financier et technologique vers les pays en développement, notamment en ce qui concerne le transfert de technologies, a-t-il prévenu. En outre, le représentant a souligné la nécessité de parvenir à un équilibre entre adaptation et prévention. L’intensification et l’augmentation de la fréquence des catastrophes appellent à renforcer la résilience en mettant l’accent sur la préparation et la réduction des risques, a-t-il insisté. Dans ce cadre, il a appelé au financement et au développement des systèmes d’alertes précoces qui permettent de sauver des vies. Il a également mentionné les partenariats Sud-Sud et les démarches nationales de son pays, notamment via un modèle d’économie circulaire verte et un renforcement du rôle des communautés locales. Si nous voulons transformer les ODD en réalité, il faut plus de financements, notamment du secteur privé, a-t-il conclu, en insistant sur le fait qu’il n’y a pas d’avenir durable sans développement durable
Mme NIGAR BAYRAMLI-HAMIDOVA (Azerbaïdjan) a assuré que son pays est prêt pour relever les défis communs et participer à l’accélération de la mise en œuvre du Programme 2030. Il a dit que son gouvernement présentera son quatrième examen volontaire à ce sujet en juillet 2024. Le pays entend réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici à 2050 « y compris dans les zones libérées », a-t-elle indiqué, avant de signaler également son intention d’augmenter la proportion de l’énergie renouvelable à 30%. La recherche de la paix et de la stabilité est essentielle pour le développement durable, a poursuivi la représentante en expliquant que la transition de l’Azerbaïdjan vers la phase d’après-conflit est essentielle pour le rétablissement de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de son pays.
L’accent sera mis sur la restauration, la reconstruction et la réintégration des régions libérées, a-t-elle précisé, en indiquant qu’il faudra créer des villes intelligentes dans la région du Haut-Karabakh où le Gouvernement s’engage à créer un pôle pour l’économie verte et le tourisme en intégrant les technologies. L’objectif est non seulement de reconstruire les infrastructures, mais aussi de promouvoir des environnements urbains intelligents renforçant la qualité de vie pour les résidents. Enfin, la représentante a annoncé que son pays créait un ODD no 18 sur le déminage pour faciliter le retour des personnes déplacées.
M. VOLODYMYR LESCHENKO (Ukraine) a dit qu’avant l’invasion, en février 2022, son pays avait progressé sur 14 des 17 ODD, notamment en ce qui concerne la réduction de la pauvreté, la réforme de l’éducation, l’énergie renouvelable, la décentralisation et le développement urbain durable et communautaire. Le monde est marqué aujourd’hui par des conflits, des pandémies et les changements climatiques, menaçant la mise en œuvre des ODD, a déploré l’intervenant. Il a dénoncé en particulier les conséquences de la guerre en Ukraine qui a considérablement ralenti les progrès en matière de réalisation des ODD au niveau national et international. Il a souligné notamment les violations de la zone exclusive de Tchernobyl, la saisie et la menace à la sécurité sur la centrale nucléaire de Zaporijia, les hostilités contre les entreprises chimiques du Donbass, l’explosion du barrage hydroélectrique de Kakhovka, qui ont causé des pertes environnementales considérables pour l’Ukraine.
« Notre pays a connu plus de 2 500 cas de dégâts environnementaux en raison de l’agression russe », a dénombré le représentant en rappelant que l’attaque de la Russie du 6 juin 2023 contre la centrale nucléaire avait constitué un crime odieux provoquant la destruction 495 000 hectares, y compris de 10 parcs naturels nationaux. En outre, il a indiqué que huit réserves naturelles et deux réserves de biosphère sont toujours occupées par les agents étrangers, que près d’un tiers des forêts ukrainiennes ont été endommagés, que 600 espèces animales ont été affectées et que 80 espèces d’animal sont en voie d’extinction. L’Ukraine est le pays qui compte le plus de mine dans le monde, a ajouté le délégué en concluant que cette guerre sape les efforts de son pays pour atteindre les ODD.
Selon M. JO TONG HYON (République populaire démocratique de Corée), il est important de créer un environnement paisible propice au développement durable et à la survie de l’humanité. Aussi a-t-il regretté que certains États cherchent la confrontation et alimentent des conflits, ce qui crée des obstacles à la réalisation des ODD. La situation grave qui prévaut dans la péninsule coréenne, provoquée par des exercices militaires conjoints de grande envergure et des manœuvres de provocation par les États-Unis, est l’un des principaux obstacles au développement durable en République populaire démocratique de Corée, s’est insurgé le représentant.
En outre, a-t-il poursuivi, certains pays développés empêchent des pays en développement d’accéder aux services financiers et aux marchés internationaux en imposant des demandes déraisonnables et des restrictions politiques. Il a également dénoncé les sanctions unilatérales et les mesures coercitives. Les pays en développement ne doivent plus tolérer cet arbitraire de la part des pays développés, a conclu le représentant.
M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a estimé que des accords et des partenariats sont nécessaires pour parvenir aux ODD, en particulier les numéros 1 (élimination de la pauvreté), 8 (emploi décent) et 10 (réduction des inégalités). Plaidant pour des transferts de technologie, il a souligné que les outils de ce type peuvent aider à combler les écarts dans l’accès à l’alimentation ou à la santé. Le représentant en a appelé à la solidarité véritable et à la coopération entre États Membres pour trouver des solutions aux problèmes communs, en créant un environnement propice au partage de la prospérité. Par ailleurs, défendre l’égalité des genres n’est pas seulement une question de justice mais aussi le premier pas pour libérer l’innovation, la diversité et la cohésion sociale, a-t-il recommandé.
M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (État plurinational de Bolivie) a regretté l’élimination systématique du principe d’égalité dans de nombreux documents et lors de plusieurs réunions. Le bilan devra permettre la révision des engagements non tenus et la restructuration des mécanismes financiers afin de prendre en compte les besoins des pays en développement, a-t-il estimé. Selon lui, le financement pour le climat doit être doté de mécanismes d’évaluation et prendre en compte le principe de responsabilité, notamment historique, pour que l’action climatique soit abordable à toutes et tous. En outre, il a déclaré que la biodiversité est un pilier important et que le travail de la communauté internationale doit être cohérent avec le reste des accords. Il a également prôné l’inclusion d’actions en faveur de la Terre et de la mer dans la mise en œuvre du plan mondial afin d’éviter la marchandisation des apports de la Terre nourricière. Dans cette Deuxième Commission, a-t-il conclu, il faut veiller à ne pas réduire le développement durable à une approche environnementale, mais adopter une approche holistique qui veille à inclure la lutte contre la pauvreté et les inégalités
Mme HALA HAMEED (Maldives) a déclaré que son pays est déterminé à réaliser la transformation numérique et compte participer, à ce titre, aux négociations intergouvernementales pour le Pacte numérique. En outre, elle a rappelé que les PEID sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques, ce qui appelle un accès facilité aux financements. Des solutions à long terme ne peuvent être efficaces qu’avec une réforme de l’architecture financière internationale, a-t-elle mis en garde, appelant à mettre en place un Index de vulnérabilité multidimensionnel. En outre, elle a estimé que les changements climatiques représentent une menace significative pour le développement durable. Les changements climatiques n’ayant pas de frontières, elle a donc demandé à la communauté internationale d’agir pour limiter la hausse des températures au-delà de 1,5 degré Celsius. Elle a ensuite expliqué les efforts des Maldives pour protéger les océans et les écosystèmes marins via une initiative contre le plastique, appelant la communauté internationale à œuvrer à un accord contraignant pour lutter contre la pollution plastique. Par ailleurs, elle a indiqué que le développement durable nécessite l’inclusion des femmes et le respect de leurs droits, son pays ayant progressé dans ce domaine. À l’approche de de la quatrième Conférence sur les PEID, nous nous engageons à contribuer au développement durable et à réaliser le Programme 2030, a-t-elle ajouté en conclusion.
M. EMMANUEL KINGI KENGA (Kenya) a fait état de pertes économiques dues à la sécheresse au cours des 50 dernières années en Afrique qui dépassent 70 milliards de dollars. Les projections indiquent que d’ici à 2050, les impacts climatiques pourraient coûter aux pays africains 50 milliards de dollars par an, a-t-il ajouté, expliquant que les gouvernements africains allouent environ 10% de leur PIB au financement des efforts d’adaptation. Il a misé sur la Déclaration de Nairobi des dirigeants africains sur les changements climatiques et sur « les discussions de l’ambition climatique 2023 » pour donner un nouvel élan. Le Kenya, a-t-il ajouté, reconnaît le rôle essentiel de la conservation de la biodiversité dans la satisfaction des besoins culturels, économiques et environnementaux; il a pris des mesures pour promouvoir l’utilisation durable des ressources terrestres. Le délégué a aussi signalé que son pays vise à augmenter d’ici à 2032 sa couverture forestière, de 12,3% à 30%.
Pour garantir l’inclusion dans la mise en œuvre du Cadre de Sendai, a-t-il poursuivi, les pays doivent veiller à la participation des communautés et des parties prenantes dans les efforts de réduction des risques de catastrophe. La réalisation de l’accès universel à l’énergie est essentielle pour des économies résilientes, a encore dit le délégué constant que l’Afrique subsaharienne fait face à un déficit d’accès à l’électricité. Pour ce qui le concerne, le Kenya vise 100% d’utilisation d’énergie renouvelable d’ici à 2030 et un réseau de 100 Giga Watt d’ici à 2040.
M. PISAREVICH (Bélarus) a jugé indispensable d’examiner ensemble les progrès insuffisants réalisés pour les ODD no 12 et no 13 et de procéder à un réexamen sérieux des pratiques antérieures en matière de production et de consommation. Il est urgent que toutes les parties mettent en place des modèles rationnels de consommation, comme approuvé par une résolution de l’Assemblée générale en 2022. Estimant qu’il y a suffisamment de denrées alimentaires pour que personne ne souffre d’insécurité alimentaire ou de faim, le représentant a expliqué que la crise alimentaire n’est due qu’au fait que des pays occidentaux ont introduit des sanctions économiques contre le Bélarus et la Russie, ce qui a entraîné une très nette baisse de l’offre d’engrais et de produits alimentaires sur les marchés mondiaux. Les États qui ont créé des obstacles doivent les éliminer. L’essentiel est de passer à une économie circulaire et verte, a insisté le représentant.
M. ABDOUL KARIM DIPAMA (Burkina Faso) a fait valoir que, malgré la crise sécuritaire et humanitaire que vit le Burkina Faso, des progrès significatifs ont été enregistrés dans plusieurs domaines: la croissance économique, la mobilisation des ressources domestiques et le renforcement du mécanisme de partenariat mondial qui a permis de doubler l’aide publique au développement entre 2016 et 2021. Convaincu que cette soixante-dix-huitième session marque le début d’une nouvelle phase de progrès accéléré dans la réalisation des ODD, le représentant a voulu attirer l’attention sur la nécessité de prendre en compte les besoins des pays à forts défis sécuritaire, humanitaire et climatique, comme le sien, afin de ne laisser personne de côté.
M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a expliqué que son pays met en œuvre une campagne nationale de plantation d’arbres pour réduire les effets des émissions, augmenter l’activité économique et réduire la pauvreté, combattre la désertification, protéger la santé des enfants et des femmes, et améliorer la qualité de vie. La Mongolie ayant décidé de dépenser au moins 1% de son PIB pour lutter contre les effets des changements climatiques et de la désertification, le délégué a exprimé l’intérêt de son pays de coopérer avec l’ONU et d’autres nations intéressées afin d’atténuer la dégradation des sols et trouver des solutions agricoles intelligentes. En outre, les steppes sont extrêmement vulnérables alors qu’elles assurent la sécurité alimentaire dans de nombreux pays et contribuent significativement au PIB, a-t-il expliqué. C’est pourquoi la résolution de l’Assemblée générale sur les steppes et les pasteurs, à l’initiative de la Mongolie, permettra de mieux comprendre leur importance et de promouvoir l’innovation pour sortir cette profession de la pauvreté et limiter la dégradation des steppes.
Mme JINGNAN GUO (Chine) a estimé qu’il est prioritaire de rendre les fruits du développement plus équitables. Il est également nécessaire d’appliquer une responsabilité commune mais différenciée et de mettre en œuvre l’Accord de Paris en tenant compte des pays en développement, a-t-elle poursuivi. Elle a ensuite affirmé que la Chine est dans les temps pour réaliser la neutralité carbone et qu’elle a investi dans des partenariats Sud-Sud afin d’aider d’autres nations à y parvenir. En outre, elle a rappelé la nécessité de protéger la biodiversité, de promouvoir la protection de la nature et d’œuvrer simultanément à un développement de qualité qui préserve la planète. Dès lors, elle a fait remarquer que des investissements financiers conséquents sont nécessaires afin d’améliorer les modes de production, de s’écarter des ressources traditionnelles des énergies et d’assurer une transition énergétique juste et de qualité. À ce titre, elle a cité quelques exemples d’efforts réalisés par son pays, notamment le fait que la Chine est le principal pays producteur et vendeur de véhicules énergétiques et que de grandes parties de son territoire sont consacrées au développement des énergies vertes. Dans un esprit de concertation, mon pays souhaite s’efforcer de réaliser le Programme 2030 en temps voulu, a-t-elle ajouté en conclusion.
M. NGUYEN (Viet Nam) a déclaré que le financement du développement doit être assuré par des sources internationales, publiques et privées, y compris l’aide publique au développement, l’investissement étranger. Il a exhorté les pays développés à respecter leurs engagements financiers envers les institutions financières internationales. Les pays en développement doivent avoir un accès adéquat au financement concessionnel et au financement climatique, a déclaré le délégué, en demandant un investissement accru pour le développement du capital humain, y compris dans l’éducation de la petite enfance, les technologies numériques et l’éducation dans les situations d’urgence. Au cours des sept dernières années, le Viet Nam a réalisé le Plan d’action national pour la mise en œuvre du programme de développement durable à l’horizon 2030. Le Gouvernement a pris de nouveaux engagements en matière d’action climatique pour atteindre l’objectif de zéro émission d’ici à 2050. Il a aussi mis en place un partenariat pour une transition énergétique juste afin de mobiliser des ressources suffisantes pour réaliser ses ambitions climatiques et progresser vers un développement vert, la transition énergétique et l’économie circulaire.
M. MAYSOUN HASSAN SALIM ALDAH ALMATROOSHI (Émirats arabes unis), après avoir rappelé que son pays sera l’hôte de la COP28 cette année, a insisté sur l’engagement de son gouvernement à parvenir à un résultat final ambitieux, de nature à réaliser des progrès concrets en matière d’action climatique. Des sociétés résilientes, a-t-il considéré, exigeront de passer par l’accélération de la transition énergétique et l’amélioration des financements à cette fin. Pour leur part, les Émirats arabes unis œuvrent, avec le Panama, à l’élaboration d’une résolution proclamant la Journée internationale de l’énergie propre pour promouvoir la transition énergétique mondiale. Sur le plan national, a continué le délégué, son gouvernement entend actualiser son plan national de réduction des émissions de 40%.
M. EMERSON CORAIOLA YINDE KLOSS (Brésil) s’est dit convaincu que la réduction des inégalités entre et au sein des pays devrait être au cœur des efforts visant à accélérer la mise en œuvre du Programme 2030. Le Brésil mise également beaucoup sur la COP28, qui aura lieu à Dubaï en fin d’année et devrait se pencher sur les avancées et les lacunes, en particulier au regard du financement climatique. Le représentant a fait valoir les mesures décisives prises par le Gouvernement du Président Lula, comme celle de réduire de 50% en huit mois la déforestation de l’Amazonie, avec l’engagement de parvenir à zéro déforestation d’ici à 2030. Afin de veiller à assurer des conditions de vie décentes aux plus de 50 millions de personnes qui vivent dans les huit pays amazoniens, notamment les peuples autochtones, le Sommet de l’Amazonie, qui s’est tenu en août à Belém, a lancé un nouveau programme de coopération, a encore signalé le représentant.
Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a rendu compte du premier Sommet ministériel sur la durabilité écologique organisé la semaine dernière au Costa Rica avec le Programme régional pour l’Amérique latine et les Caraïbes de l’OCDE. Des exemples ont été mis en avant pour faire face aux défis mondiaux et régionaux de manière coordonnée et efficace et avancer vers une transition juste basée sur trois piliers: augmenter la productivité, améliorer l’inclusion sociale et renforcer les institutions, la gouvernance et la durabilité environnementale.
La région mise sur l’investissement dans la résilience par le biais de la prévention, de la préparation et de la riposte rapide et inclusive, ce qui implique la mise en œuvre urgente des résultats de la révision du Cadre de Sendai. Elle élabore par ailleurs une nouvelle tarification pour services écosystémiques des mangroves, qui vise à en distribuer de manière plus équitable les bénéfices aux communautés côtières. Le Costa Rica a aussi intégré la production durable du paysage agricole dans la marque pays « Esencial Costa Rica », qui met en valeur les actions contre la déforestation, pour la réduction des émissions, l’efficacité énergétique et des modèles de production durables, efficaces et rentables.
Mme HAJI ZAINI (Brunéi Darussalam) a déclaré que son pays restait déterminé à accélérer les actions pour atteindre les ODD. Dans ce but, le Brunéi Darussalam a mis en place un outil pour faciliter l’accès aux données et ainsi assurer un suivi robuste de la réalisation des ODD. Par ailleurs, la déléguée a attiré l’attention sur le rôle des jeunes qui ont contribué à l’élaboration des politiques au sein du Conseil législatif, rappelant que la mobilisation des jeunes est essentielle pour former les futurs dirigeants qui mettront leur vision de la durabilité en action. La déléguée a mis l’accent sur les efforts réalisés par son gouvernement pour diminuer le chômage chez les jeunes et améliorer leur santé mentale, entre autres.
La déléguée a aussi mentionné les efforts entrepris pour intégrer les ODD dans les politiques nationales. Son gouvernement, a-t-elle dit, a lancé des initiatives pour assurer la prospérité économique, l’accès à l’éducation, à des emplois décents et à des écosystèmes durables. La représentante a également mentionné les modèles d’économie circulaire et l’optimisation des ressources,parmi les mesures prises par le Gouvernement de son pays.
Mme EL OUATIKI (Maroc) a déclaré que son pays ne ménagera pas ses efforts pour accélérer les progrès vers les ODD. Elle a mentionné les politiques nationales efficaces de son pays, le plan d’action climatique qui vise à réduire les gaz à effet de serre d’ici à 2030, les nombreux investissements dans l’énergie renouvelable, ainsi que les initiatives visant à promouvoir la résilience du continent africain face aux changements climatiques. Réitérant l’appui du Maroc au plan de relance des ODD, elle a appelé à des systèmes d’échange dans le domaine du climat et à un partage des technologies afin d’aider les pays africains à faire face à la crise alimentaire et environnementale. Durant la COP28 qui se tiendra prochainement, elle a recommandé de travailler en toute solidarité et de veiller à l’accès aux financements pour les projets d’adaptation au climat. Elle a ensuite mentionné le renforcement des statistiques au niveau national qui permet une meilleure évaluation des ODD. Réitérant la volonté du Maroc de conclure des partenariats Sud-Sud, elle a rappelé que le développement durable nécessite davantage de ressources à cet égard pour l’Afrique.
Mme PETAL GAHLOT (Inde) a souligné la diversité des défis en Inde et la nécessité, par conséquent, d’adapter une démarche localisée en ce qui concerne les ODD. Elle a ainsi mis en avant la mission « Lifestyles For Environment » et « Mission LiFE » comme un exemple de consommation et de production durables conforme à la sagesse ancestrale indienne. Sur le plan du multilatéralisme, la représentante a rappelé la collaboration de son pays avec les partenaires du G20 pour établir le « Plan d’action du G20 2023 pour accélérer les progrès sur les ODD », et elle a réaffirmé le soutien de son pays aux PEID, notamment par le biais de son initiative de Coalition pour une Infrastructure Résiliente aux Catastrophes (CDRI).
La déléguée a également souligné l’importance de la « politique nationale de l’économie bleue » en Inde pour gérer de manière durable plus de 7 500 kilomètres de côtes, soutenant plus de quatre millions de pêcheurs. Elle a par ailleurs appelé à des actions urgentes de la part des pays développés pour aider les pays du Sud à atteindre leurs objectifs climatiques, en soulignant les priorités issues de la COP27 en 2022, et mis en lumière la nécessité d’un engagement politique fort pour lutter contre la désertification et la biodiversité. Enfin, elle a regretté l’impact des conflits géopolitiques sur la sécurité énergétique des pays du Sud et vu dans l’Alliance solaire internationale, fondée par l’Inde et la France, un rayon d’espoir pour atténuer ces pressions.
Mme YEO YUAN FANG (Singapour) a mis l’accent sur la menace existentielle posée par les changements climatiques, comme le rappellent les catastrophes récurrentes à travers le monde . Des progrès ont été faits pour limiter le réchauffement climatique, a reconnu la représentante, pour souligner qu’ils sont loin d’être suffisants. Aussi en a-t-elle appelé à avancer plus rapidement, à prendre des mesures plus solides et à rester ferme dans la trajectoire de transition vers un avenir à faibles émissions de carbone. Le coût de l’inaction sera infiniment plus élevé que le coût du maintien des engagements et de l’ambition pour le climat, a-t-elle conclu.
M. GEORGE EHIDIAMEN EDOKPA (Nigéria) a expliqué que son pays avait lancé l’Initiative de l’espoir renouvelé qui s’appuie sur les 17 ODD, ainsi que financé 75 entreprises qui pourraient avoir des effets multiplicateurs pour améliorer la productivité. Réitérant son engagement à continuer à collaborer avec l’Union africaine, le délégué a dit que le Nigéria appuie la position commune qui promeut un développement durable équitable. Il a prôné une mobilisation des ressources et des initiatives de réformes fiscales. Le plan de relance du Secrétaire général permettra de financer les ODD dans les pays en développement, a-t-il espéré, appelant néanmoins à la réforme de l’architecture financière internationale et à l’allégement de la dette via notamment une convention fiscale internationale. En outre, il a jugé nécessaire d’aider le continent africain à lutter contre les flux financiers illicites, ainsi qu’à éradiquer la pauvreté et assurer un accès à l’eau potable.
M. TAPIWA ROY RUPENDE (Zimbabwe) s’est alarmé de la menace croissante pour la vie que constituent les changements climatiques. Pour redoubler d’efforts dans ce domaine, il a requis une action collective des entreprises et des gouvernements, malgré la récession mondiale entraînée par la pandémie. Attaché aux principes du Programme 2030, le délégué a appelé à un sursaut de la communauté internationale et à des investissements transformateurs. À l’échelon national, afin de devenir un pays à revenu intermédiaire d’ici à 2030, le Zimbabwe cherche à diversifier ses exportations, ainsi qu’à profiter de la consolidation de la chaîne commerciale régionale, a-t-il indiqué. Le délégué a également fustigé les mesures coercitives unilatérales « illégales et iniques » frappant son pays, arguant qu’elles font obstacle au développement durable zimbabwéen.
Mme IRINA ALEXANDRA BARBA BUSTOS (Équateur) a relevé que son pays, au cours de son histoire, avait été très peu contributeur de gaz à effet de serre. Il s’est pourtant engagé de plain-pied dans la lutte contre les changements climatiques, en œuvrant dans le cadre d’une stratégie nationale ambitieuse, s’est-elle félicitée tout en invitant les pays développés à ne pas moins mobiliser, comme promis, 100 milliards de dollars par an pour que les pays en développement puissent s’adapter et renforcer leurs capacités. Elle a aussi indiqué que la stratégie nationale de l’Équateur est calquée sur le Programme 2030 concernant la biodiversité et la lutte contre les déchets plastiques.
M. ALKHURAIBET (Koweït) a invité à faire le bilan des progrès réalisés et à évaluer les défis persistants sur la voie de la réalisation des ODD. Seuls 15% des objectifs sont « dans les temps », a déploré le représentant, espérant que davantage de résultats seront enregistrés dans les années à venir. Pour sa part, le Koweït a mis en place une stratégie de développement avec sept priorités visant à transformer le pays en pôle commercial, financier et culturel, a-t-il indiqué. Le représentant a insisté sur la stabilité, qui va de pair avec le développement, et sur l’importance de respecter les accords entre le Koweït et l’Iraq, invitant ce dernier à « prendre la mesure des conséquences de ses actes ».
M. AMARA SHEIKH MOHAMMED SOWA (Sierra Leone) a rappelé l’attachement de son pays à mettre en œuvre les ODD de manière intégrée. Attirant l’attention sur la transformation de l’économie de son pays, il a ensuite mentionné l’ambitieux programme de son gouvernement pour l’éducation et l’inclusion. La Sierra Leone accorde la priorité aux investissements via des négociations multipartites qui incluent les Nations Unies, les gouvernements et la société civile, a-t-il expliqué. Les cinq prochaines années devraient voir la mise en œuvre du cadre stratégique, a-t-il, par ailleurs, assuré. En outre, il a mentionné les efforts de son pays, notamment dans les domaines de la croissance alimentaire, la résilience de l’agriculture, la création d’emplois, l’efficacité des services publics, la diversification de l’économie, l’adaptation aux changements climatiques et la diversité de genre.
Par ailleurs, le délégué a rappelé que les PMA africains continuent d’être confrontés à des défis liés à leurs particularités, ce qui nécessite une aide spécifique pour que ces pays puissent atteindre les ODD. Il a appelé la communauté internationale à accorder la priorité au financement climatique, à l’annulation des dettes et à la réaffectation des droits de tirage spéciaux (DTS) non utilisés. Il a conclu en soulignant que l’action multilatérale est une nécessité pour réaliser le développement durable pour tous.
Mme HAFIZA HUMAIRA JAVAID (Pakistan) a relevé un écart croissant dans le financement consacré à la réalisation des ODD dans les pays en développement, qui sont par ailleurs les plus touchés par les changements climatiques. Elle a suggéré de mettre en œuvre tous les engagements pris dans le cadre du Programme 2030, du Programme d’action d’Addis- Abeba et de l’Accord de Paris. La recapitalisation des banques multilatérales est également importante pour avancer vers le développement durable, de même que l’opérationnalisation du fonds pour les pertes et les préjudices, a recommandé la représentante.