La Cinquième Commission évalue la rénovation de l’Africa Hall et du Palais des Nations, dont la stratégie de valorisation du patrimoine foncier
La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a évalué ce matin, le cours des travaux de rénovation de l’Africa Hall, siège de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), à Addis-Abeba, et du Palais des Nations, à Genève, dont la stratégie de valorisation du patrimoine foncier appartenant à l’ONU qui nécessite en 2024, une enveloppe de 1,7 million de dollars.
Dans ses rapports, le Comité des commissaires aux comptes (CCC) relève des « failles » dans la gestion du projet de rénovation de l’Africa Hall qui ont provoqué un retard de 42 mois par rapport au calendrier approuvé et des pertes estimées à 3,69 millions de dollars occasionnées par la résiliation du contrat initial. Pour 2024, le Secrétaire général indique que les dépenses, qui s’élèvent à 21 209 100 dollars, seront en partie financées par les crédits ouverts et les quotes-parts déjà versées les années précédentes par les États Membres.
Étant donné que le financement du projet est comptabilisé dans un compte pluriannuel, le solde non utilisé de 7,4 millions de dollars servira à couvrir en partie les besoins de financement en 2024. Par conséquent, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) recommande l’ouverture d’un crédit de 13,4 millions de dollars, estimant que la somme de 1,7 million pour le démarrage du projet lié au centre des visiteurs n’est fondé, à ce stade, que sur des hypothèses.
Au nom du Groupe des États d’Afrique, l’Éthiopie a dit attendre avec impatience l’achèvement des travaux, malgré les contraintes financières. Elle a souligné qu’Addis-Abeba est « la capitale politique de l’Afrique », une plaque tournante du transport aérien et lieu de plusieurs sites touristiques, dont l’Africa Hall.
À Genève, a dit la Suisse, la rénovation du Palais des Nations, dite « Plan stratégique patrimonial », a progressé au cours de cette année; le contrat pour le bâtiment E ayant été attribué avec succès alors que le nouveau bâtiment H reste un exemple remarquable d’un environnement de travail moderne et durable. Mais, constate le CCQAB, le projet, dont le montant estimatif est de 836,5 millions de francs suisses, a continué de subir des retards. Le dernier plan de dépenses révisé pour 2014-2027 fait apparaître une augmentation de 46,6 millions, principalement due à l’allongement des délais et à la multiplication des modifications apportées aux travaux.
Le CCQAB s’attarde surtout sur l’actualisation de la stratégie de valorisation du patrimoine foncier appartenant à l’ONU, à Genève qui, selon les experts, pourrait générer entre 254 et 457 millions de francs suisses sur une période de quatre-vingt-dix ans. Il appelle toutefois à une extrême prudence, arguant que les chiffres relatifs aux recettes se fondent sur des hypothèses non vérifiées. Le CCQAB note en outre qu’il faudrait que les États Membres apportent des ressources considérables pour que la stratégie soit mise en œuvre entre 2024 et 2028, soit 19,2 millions de francs suisses pour la première phase et 27,3 millions pour la seconde.
Le Comité consultatif conseille plutôt à l’Office des Nations Unies à Genève de continuer de rechercher des locataires pour les parcelles de terrain offrant des possibilités de valorisation et recommande, par conséquent, à la Cinquième Commission de ne pas approuver l’enveloppe de 1,7 million de dollars, demandée pour les travaux préparatoires de la stratégie de valorisation.
La Commission, dont la session a été prolongée jusqu’au 15 décembre, tiendra une autre séance publique demain, mardi 21 novembre à partir de 10 heures, sur l’administration de la justice à l’ONU.
RAPPORTS FINANCIERS ET ÉTATS FINANCIERS AUDITÉS ET RAPPORTS DU COMITÉ DES COMMISSAIRES AUX COMPTES
Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur le rapport du Comité des commissaires aux comptes pour l’année terminée le 31 décembre 2022 (A/78/578)
Dans son rapport, le Comité consultatif note que toutes les entités auditées ont une nouvelle fois reçu une opinion sans réserve de la part du Comité des commissaires aux comptes. Il félicite ce dernier pour la qualité de son rapport.
Déclarations
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. RICHARD TUR DE LA CONCEPCIÓN (Cuba) a, d’emblée, attiré l’attention sur le retard pris dans la publication des rapports, demandant que des mesures pratiques soient prises pour donner à la Commission suffisamment de temps pour délibérer sur des questions de fond. Le représentant a noté que, sur 17 entités auditées, 8 ont clôturé l’exercice budgétaire avec un excédent et 9 ont accusé un déficit, contre 15 et 2 en 2021. Il a aussi noté cette fois « avec inquiétude » que le Centre du commerce international (ITC) et l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) ont montré un actif net négatif pour la quatrième année consécutive.
S’agissant de l’état financier déficitaire des opérations de maintien de la paix, le délégué a préconisé de surveiller systématiquement cette tendance, à la lumière de la crise de trésorerie récurrente du côté du budget ordinaire et des retards dans le versement des contributions. Il a salué le fait que toutes les entités auditées ont reçu une opinion sans réserve de la part du Comité des commissaires aux comptes. En revanche, il s’est dit préoccupé par un certain nombre de questions soulevées par le Comité dont la gestion du fonds de recouvrement des coûts et le manque de transparence dans celle des ressources extrabudgétaires.
Il a pointé le doigt sur le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS) qui a de nouveau reçu une recommandation l’invitant à prendre toutes les mesures nécessaires pour récupérer les fonds associés aux pertes liées aux investissements. Pour finir, le représentant a demandé, une nouvelle fois, au Secrétariat de s’expliquer sur les retards dans la mise en œuvre des recommandations du Comité des commissaires aux comptes.
Mme GUO ZHIQI (Chine) a rappelé que beaucoup de pays sont encore sous pression financière et qu’en conséquence l’ONU doit améliorer sa gestion budgétaire et accroître son efficacité. La représentante s’est dite préoccupée par le fait que le règlement financier ne soit pas toujours respecté. Elle a rappelé l’importance du principe de responsabilité et de la discipline budgétaire au Secrétariat, lequel, a-t-elle insisté, doit renforcer les mesures de contrôle et d’audit afin de donner l’exemple à toutes les entités du système des Nations Unies. Rappelant qu’en 2022, le taux de mise en œuvre des recommandations du Comité des commissaires aux comptes était de 52,49%, la représentante a encouragé le Secrétariat à améliorer la situation.
PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR 2024
Rapport du CCQAB sur l’état d’avancement des travaux de rénovation de l’Africa Hall à la Commission économique pour l’Afrique à Addis-Abeba (A/78/7/Add.19)
Pour ce rapport, le Comité consultatif a examiné celui du Secrétaire général (A/78/350) qui fait le point sur les progrès accomplis dans le cadre du projet, y compris sur la conception, les activités relatives à la passation de marchés, la gouvernance du projet, les services de gestion des risques, l’avancement des travaux de construction et l’état des contributions volontaires. Le rapport contient par ailleurs un calendrier d’exécution du projet mis à jour et des prévisions de dépenses révisées.
Au 30 septembre 2023, le montant cumulé des dépenses s’élevait à 22 733 200 dollars. Pour 2024, il s’agit d’une enveloppe de 21 209 100 dollars. Le Comité note que le centre des visiteurs aura besoin d’un budget de démarrage de 1,15 million de dollars mais estime que ces prévisions se fondent à ce stade sur des hypothèses dont la viabilité ne sera vérifiée que quand les activités seront lancées. Il recommande l’ouverture d’un crédit net de 13 475 700 dollars aux fins de l’exécution du projet en 2024, qui sera imputé sur le fond de réserve.
Rapport du CCQAB sur le Plan stratégique patrimonial de l’Office des Nations Unies à Genève (A/78/7/Add.18)
Pour l’établissement de ce rapport, le Comité consultatif a examiné celui du Secrétaire général (A/78/503) qui fait le point des activités de planification et de construction menées entre le 1er septembre 2022 et le 31 août 2023; les informations financières ayant été établies à partir des données disponibles au 31 juillet 2023. Le Plan stratégique prévoit la rénovation du Palais des Nations, qui comprend une partie historique, agrandie dans les années 1950; la rénovation des salles de conférence et le démantèlement des sept étages supérieurs de la tour de bureaux du bâtiment E; et la construction d’un nouveau bâtiment permanent à usage de bureaux dit bâtiment H, pour un montant estimatif ne devant pas dépasser 836 500 000 francs suisses pour la période allant de 2014 à 2023.
Dans sa résolution 70/248 A, l’Assemblée générale a approuvé que le projet soit en partie financé par un prêt à taux zéro consenti par le pays hôte et autorisé le Secrétaire général à déposer une demande de prêt pour un montant de 400 millions de francs suisses.
Mais, constate le CCQAB, le projet a continué de subir des retards et tout porte à croire que les travaux censés finir à la fin de 2025, ne le seront qu’en 2026. Le dernier plan de dépenses révisé 2014-2027, fondé sur le budget maximum approuvé de 836,5 millions de francs suisses, fait apparaître une augmentation de 46,6 millions, principalement due à l’allongement des délais et à la multiplication des modifications apportées aux travaux.
Au 31 juillet 2023, le montant cumulé des dépenses financées au moyen des contributions des États Membres s’élevait à 281,4 millions de francs suisses et devait atteindre 286,5 millions à la fin de l’année, ce qui signifie que le solde des crédits ouverts et mis en recouvrement auprès des États Membres, devrait être d’environ 20,9 millions de francs suisses à la fin de l’année mais il pourrait varier en fonction de l’avancement des travaux et de l’utilisation de la réserve pour imprévus. Compte tenu de ce solde, le montant des crédits à ouvrir pour 2024 est fixé à 21,7 millions de francs suisses.
Informé, le CCQAB recommande que l’Assemblée générale arrête les modalités d’ouverture des crédits et de mise en recouvrement des contributions et approuve la création d’un compte spécial pluriannuel, la mise en œuvre de la stratégie de valorisation actualisée et les prévisions de dépenses relatives aux travaux préparatoires liés à cette stratégie d’un montant de 1 723 500 dollars, ainsi que la réduction correspondante du montant total des prévisions de recettes pour 2024, ce montant étant ramené de 26 675 200 dollars à 24 951 700 dollars.
Déclarations
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. DIOSDADO DE JESÚS HERNÁNDEZ MORERA (Cuba) a dit attendre avec impatience de plus amples informations sur la révision du calendrier global du Plan stratégique patrimonial ainsi que sur le dépassement du budget. Il a noté avec préoccupation l’absence de décision sur les modalités d’ouverture de crédit, compte tenu de l’ampleur du projet. S’agissant la stratégie de valorisation, le représentant a pris note de la proposition actualisée et a dit apprécier les mérites de cette stratégie. Il a toutefois réaffirmé que la valorisation des terrains ne doit pas être à la charge des États Membres.
S’agissant de l’Africa Hall, il a noté que l’achèvement du projet est actuellement prévu pour juin 2024 avec un retard global de 42 mois et souligné l’importance du principe de responsabilité pour veiller à ce que le projet soit mis en œuvre dans les limites du budget et du calendrier révisé approuvés. Pour finir, le représentant a souhaité recevoir de plus amples informations sur le financement des travaux de construction du centre des visiteurs, tout en soulignant que les tarifs devraient être abordables pour assurer l’accès du grand public.
Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. YOSEPH KASSAYE YOSEPH (Éthiopie) a souligné que la rénovation de l’Africa Hall est un projet qui a généré une belle opportunité de renforcer les relations uniques entre le continent africain et les Nations Unies. Le Hall est le lieu de naissance de l’Organisation de l’unité africaine, a-t-il rappelé, notant qu’il abrite également le siège de la Commission économique pour l’Afrique des Nations Unies (CEA) depuis des décennies. Tout en reconnaissant les difficultés rencontrées pour remettre le projet sur la bonne voie, il a dit attendre avec impatience l’achèvement des travaux, malgré les contraintes financières. Le représentant a souligné qu’Addis-Abeba, « capitale politique de l’Afrique », plaque tournante du transport aérien et lieu de plusieurs sites touristiques, offre une excellente opportunité d’améliorer la visibilité de l’Africa Hall. Le représentant a voulu, à cet égard, que l’on s’inspire de la politique éthiopienne consistant à rendre abordable les sites touristiques, y compris par des exonérations spéciales pour les enfants et les étudiants.
Il a aussi mis en avant la grande capacité de l’Éthiopie dans le secteur de la construction et appelé le Secrétariat à l’exploiter. Il a assuré que toutes les dispositions administratives ont été mises en place et que le Gouvernement éthiopien a offert le site où sera installé le centre des visiteurs de l’Africa Hall. Il a invité les amis de l’Afrique qui ne l’ont pas encore fait à profiter de cette occasion unique pour apporter leur marque dans cette « Maison de l’Afrique ».
Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a dit que pour être moderne, efficace et durable, l’ONU doit opérer au sein d’infrastructures qui répondent aux nouvelles normes technologiques, requièrent une faible consommation d’énergie et garantissent l’accès aux personnes à mobilité réduite, tout en respectant et en valorisant le patrimoine. Malgré des circonstances difficiles, les travaux ont progressé au cours de cette année. La représentante s’est réjouie du fait que le contrat pour le bâtiment E ait été attribué avec succès et a estimé que le nouveau bâtiment H reste un exemple remarquable d’un environnement de travail moderne et durable. Le projet, a-t-elle reconnu, est confronté à des défis et subira vraisemblablement de nouveaux retards. Il faut, a-t-elle dit, tenir compte du potentiel du projet et du coût d’une sous-utilisation. En tant qu’État hôte, la Suisse réitère son engagement dans le soutien financier du Plan patrimonial.