Session d’urgence de l’Assemblée générale: après une année d’invasion russe de l’Ukraine, la Charte des Nations Unies est invoquée avec force
À la veille du premier anniversaire de l’invasion russe de l’Ukraine, l’Assemblée générale a repris, cet après-midi, sa onzième session extraordinaire d’urgence. Avant de se prononcer, demain, sur un projet de résolution intitulé « Principes de la Charte des Nations Unies sous-tendant une paix globale, juste et durable en Ukraine », présenté par le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, les États Membres ont entendu l’appel du Secrétaire général à ne pas perdre un instant si l’on veut parvenir à une paix véritable fondée sur le droit international et en particulier la Charte. Le document fondateur de l’ONU a été invoqué à chaque instant par la majorité des intervenants de haut niveau, parfois en la montrant à la tribune, comme la voie à suivre absolument.
C’est un « triste anniversaire », a déclaré M. Guterres lors de cette session réunie pour examiner le projet de résolution de l’Ukraine. Les délégations se prononceront demain, 23 février 2023, à la date anniversaire du début de l’invasion russe, sur un texte qui prévoit que l’Assemblée « exige de nouveau que la Fédération de Russie retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays ». Elles examineront aussi deux propositions d’amendements rédigées par la délégation du Bélarus qui souhaite en corriger « les inexactitudes ».
En présentant le projet de résolution, le Ministre ukrainien a dressé l’état des terribles atrocités commises par les Russes dans les territoires occupés, qui équivalent à un « génocide » selon ses termes. Il s’est ensuite adressé à ceux parmi les pays qui ne veulent pas prendre le parti de l’Ukraine pour diverses raisons, à ceux qui veulent prendre le parti de la neutralité, en les invitant à prendre le parti de la Charte des Nations Unies. « Prenez le parti du droit international. Prenez le parti des résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies! », a-t-il lancé sous des applaudissements nourris avant d’être appuyé par de nombreuses délégations, notamment occidentales, à l’instar de l’Union européenne. Cette délégation a appelé à une paix fondée sur les principes de la Charte et les États-Unis ont encouragé tous les États Membres à voter pour cette résolution « historique », accusant « le Président Putin d’avoir porté un coup au cœur même de la Charte des Nations Unies ».
Ce projet de texte, s’il est adopté, réaffirme l’attachement de l’Assemblée à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues et appelle à appuyer encore plus les efforts diplomatiques visant à instaurer une paix globale, juste et durable en Ukraine, conformément à la Charte. Outre le retrait des forces militaires russes, le texte mentionne aussi les enquêtes et poursuites à entreprendre pour que les auteurs des crimes les plus graves en droit international qui auront été commis sur le territoire ukrainien répondent de leurs actes.
Qualifiant ce projet de « résolution au rabais » et de « texte antirusse et malveillant », la Fédération de Russie a affirmé être en guerre contre « l’Ouest collectif », contre l’Occident, pour sa survie et son identité. Elle a estimé que l’Ukraine, dans tout ce schéma, n’est rien de plus qu’une monnaie d’échange. La Russie a donc appelé à voter en faveur des « amendements d’équilibrage » du Bélarus. Ce dernier a expliqué l’intérêt de ces amendements qui permettraient, selon lui, de souligner les véritables causes du conflit et d’inclure des termes importants pour que le contenu de la résolution corresponde à son titre.
Cette session est aussi l’occasion de ne pas oublier les conséquences humaines de ce conflit: 20 000 civils et de nombreux soldats morts, d’innombrables blessés, 6 millions de déplacés ainsi que 8 millions de réfugiés en Europe et au-delà. Si le Secrétaire général a mis en garde contre les conséquences possibles d’un conflit en spirale, un « danger clair et présent », il a aussi mis l’accent sur les efforts du Secrétariat de l’ONU pour faciliter les exportations de denrées alimentaires et d’engrais russes vers les marchés mondiaux. Il y travaille d’arrache-pied, a-t-il insisté en y soulignant cette « contribution importante à la lutte contre l’insécurité alimentaire mondiale », qui bénéficie à des millions de personnes, notamment dans le Sud. Il a également félicité l’Agence internationale de l’énergie atomique de s’être engagée auprès des parties en présence pour faire en sorte que la zone autour de la centrale nucléaire de Zaporijia demeure sûre.
Le Secrétaire général s’est en effet inquiété de la grave menace que représentent « les activités militaires irresponsables » se poursuivant autour de la plus grande installation nucléaire d’Europe. Une crainte partagée par M. Csaba Kőrösi, Président de l’Assemblée générale, qui s’est alarmé de la menace « importante » de guerre nucléaire, tout comme des risques d’accident nucléaire. La guerre nucléaire ne peut jamais être gagnée et ne devrait jamais être menée, a-t-il tranché.
Les orateurs de la journée ont dans leur majorité décrié le ciblage systématique des infrastructures civiles, soulignant que cela constitue une violation flagrante du droit international humanitaire, privant des millions d’Ukrainiens d’énergie, d’eau et de chauffage au cœur de l’hiver. Ils n’ont cessé de se référer à la Charte des Nations Unies pour être guidés sur le chemin d’une paix véritable.
En début de séance, le Président a rappelé que, selon sa résolution 77/2 du 7 octobre 2022, les Comores, Sao Tomé-et-Principe et la Somalie sont autorisés à voter à l’Assemblée générale, y compris à la session d’urgence, malgré le retard de paiement de leur cotisation à l’ONU.
La session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale est convoquée à l’initiative des représentants permanents de l’Albanie, de l’Australie, du Canada, du Guatemala, des États-Unis, du Japon, de la République de Corée, de la République de Moldova, du Royaume-Uni, de la Türkiye et de l’Ukraine, ainsi que du Chef de la délégation de l’Union européenne. Elle se poursuivra dans la soirée et reprendra demain, jeudi 23 février, à partir 10 heures.
LETTRE DATÉE DU 28 FÉVRIER 2014, ADRESSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2014/136)
Déclarations liminaires
M. CSABA KŐRÖSI, Président de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale, a commencé par établir un bilan du « triste premier anniversaire » de la guerre en Ukraine, marqué par une année de désespoir, de déplacements, de destruction et de mort à une échelle jamais vue en Europe depuis des décennies. Il a déploré les 20 000 civils et nombreux soldats morts, les innombrables blessés ainsi que les 8 millions de réfugiés en Europe et au-delà, sans compter les 6 millions de déplacés. Il a également décrié le ciblage systématique des infrastructures civiles, soulignant que cela constitue une violation flagrante du droit international humanitaire et que cela a laissé des millions d’Ukrainiens sans énergie, sans eau et sans chauffage au cœur de l’hiver.
Lorsque ces événements font les gros titres de notre actualité, c’est que nous sommes effectivement dans un nouveau chapitre de l’histoire, confrontés à des choix difficiles quant à notre identité en tant que communauté internationale et sur la façon de reconstruire la confiance perdue entre nous dans cette salle, et en nous par les peuples du monde, a fait observer M. Kőrösi.
Ces choix permettront, selon lui, de s’inscrire soit sur la voie de la solidarité et de la détermination collective à défendre les principes de la Charte des Nations Unies, soit sur celle de l’agression, de la guerre, des violations normalisées du droit international et de l’effondrement de l’action mondiale.
L’occasion pour lui de rappeler que pendant toute une année, l’Assemblée générale, le Secrétaire général et la communauté internationale n’ont cessé d’appeler à la fin de cette guerre et à l’adhésion à la Charte des Nations Unies et au droit international. Il a répété qu’envahir un voisin est illégal, qu’annexer le territoire d’un autre pays est illégal. De plus, a-t-il fait observer, au cours de l’année écoulée, chaque État Membre représenté dans cette salle a été touché par ces événements qui ont déclenché une crise énergétique sur tout un continent et provoqué une inflation pernicieuse bien au-delà.
Le Président a aussi rappelé que cette agression a déclenché une crise mondiale de la sécurité alimentaire de la Corne de l’Afrique, touchée par la sécheresse, comme au Yémen, déchiré par la guerre, ou encore dans les camps de réfugiés en Syrie. Saluant l’Initiative céréalière de la mer Noire et les efforts déployés par le Secrétaire général, la Türkiye, l’Ukraine et la Fédération de Russie pour assurer les exportations de produits alimentaires sur les marchés mondiaux, il a appelé les parties à soutenir son renouvellement en mars. La mise en œuvre continue et rapide de ce mécanisme est essentielle pour sauver des vies et stabiliser les prix mondiaux, a-t-il fait valoir en ajoutant qu’elle constitue un excellent exemple de gestion de crise en action.
Sur un autre registre, il s’est alarmé de la menace d’une guerre nucléaire qui reste importante, tout comme les dangers d’un accident nucléaire: la guerre nucléaire ne peut jamais être gagnée et ne devrait jamais être menée, a-t-il tranché, exprimant son ferme soutien au travail important de l’AIEA pour assurer la sûreté et la sécurité nucléaires en Ukraine.
S’adressant ensuite à tous ceux qui souffrent des conséquences de cette guerre, il les a assurés qu’ils ne sont pas oubliés: « Nous vous voyons. Nous vous entendons. » Il a fait part du travail sans relâche, à travers tout le système des Nations Unies, pour trouver des solutions à leur détresse et les accompagner sur le chemin de la reconstruction, félicitant les États Membres qui ont déjà commencé à fournir cette assistance et appelant à un soutien supplémentaire. Pour sa part, l’Assemblée générale a apporté un soutien ferme à une solution politique, a-t-il dit, rappelant les trois résolutions adoptées lors de la onzième session extraordinaire d’urgence qui ont fait référence au dialogue politique, aux négociations, à la médiation ou à d’autres moyens pacifiques.
Le Président de l’Assemblée générale a conclu en soutenant une solution fondée sur la Charte des Nations Unies et le droit international, qui respecte la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. Cette guerre va prendre fin, a-t-il affirmé, confiant que le temps de la reconstruction, de la réconciliation et de la transformation viendra. Pour finir, il a adressé un message aux dirigeants et au peuple de la Fédération de Russie en soulignant que ce pays était et reste un membre exceptionnel de la communauté des nations. Les autres États Membres attendent de la Russie qu’elle revienne sur la voie de l’établissement et de la sauvegarde de la paix, afin de contribuer à la stabilité et à la prospérité communes, a-t-il lancé.
M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a qualifié le premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie de « triste événement » pour le peuple ukrainien et pour la communauté internationale, y voyant un « affront à notre conscience collective ». Cette invasion constitue pour M. Guterres une violation de la Charte des Nations Unies et du droit international, sans compter ses conséquences dramatiques sur le plan humanitaire et des droits humains. En outre, l’impact se fait sentir bien au-delà de l’Ukraine, a-t-il déploré.
Le Secrétaire général a rappelé que la Charte des Nations Unies est sans ambiguïté à cet égard et énonce notamment que « les Membres de l’Organisation s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies ».
De même, l’Assemblée générale a abordé, dans les termes les plus clairs, la tentative de la Fédération de Russie d’annexer illégalement quatre régions d’Ukraine (Kherson, Zaporijia, Donetsk et Louhansk), a poursuivi le Chef de l’ONU, estimant qu’elle avait ainsi réaffirmé les principes bien établis du droit international prévus par la Déclaration relative aux principes du droit international touchant les relations amicales et la coopération entre les États conformément à la Charte des Nations Unies. Selon ces principes, « le territoire d’un État ne peut faire l’objet d’une acquisition par un autre État à la suite du recours à la menace ou à l’emploi de la force » et « nulle acquisition territoriale obtenue par la menace ou l’emploi de la force ne sera reconnue comme légale ».
La position de l’ONU est sans équivoque, a martelé M. Guterres: « Nous sommes attachés à la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. »
Abordant, par ailleurs, le volet humanitaire, le Secrétaire général a indiqué que l’ONU est restée sur le terrain, travaillant avec les partenaires. De fait, a-t-il informé, 4 Ukrainiens sur 10 ont besoin d’une aide humanitaire. Des infrastructures vitales ont été prises pour cible, des systèmes d’eau, d’énergie et de chauffage ont été détruits, en plein hiver, a détaillé le Secrétaire général. De plus, a-t-il ajouté, les organismes des Nations Unies coopèrent avec les pays d’accueil, qui ont reçu plus de huit millions d’Ukrainiens, soit la pire crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale, s’est-il lamenté. Poursuivant, il a rappelé l’appel à l’aide humanitaire à hauteur de 5,6 milliards de dollars, lancé la semaine dernière par les Nations Unies pour couvrir les besoins de la population ukrainienne, exhortant à apporter un soutien sans faille à cette demande.
M. Guterres a fait remarquer qu’il s’est rendu deux fois en Ukraine depuis le début de la guerre et qu’il y a entendu des témoignages de graves violations du droit international humanitaire et des droits humains. Dans ce conflit comme ailleurs, a-t-il averti, l’ONU est déterminée à veiller au respect de la justice et du principe de responsabilité. Il a souligné que les Nations Unies ont travaillé de manière concertée et créative pour trouver des solutions, rappelant qu’elle a aidé à évacuer les civils piégés à Marioupol dans l’aciérie Azovstal.
Il s’est aussi félicité de l’Initiative céréalière de la mer Noire, qui a montré la possibilité pour l’Ukraine et la Russie de faire progresser la sécurité alimentaire mondiale, avec le soutien du Gouvernement turc et des Nations Unies. Une initiative qui a fait une différence, a-t-il salué tout en reconnaissant les difficultés actuelles. Il a ajouté que l’ONU travaille d’arrache-pied pour lever les obstacles subsistant à la mise en œuvre du protocole d’accord conclu entre le Secrétariat des Nations Unies et la Fédération de Russie afin de faciliter les exportations de denrées alimentaires et d’engrais russes vers les marchés mondiaux. C’est aussi une contribution importante à la lutte contre l’insécurité alimentaire mondiale, bénéficiant à des millions de personnes, notamment dans le Sud, a-t-il soutenu.
Sur un autre volet, le chef de l’ONU a fait remarquer, qu’en dépit d’une profonde méfiance, les parties au conflit ont également réussi à faire des échanges réguliers de prisonniers de guerre, facilités par des acteurs régionaux, ce qu’il a souhaité voir se poursuivre et s’étendre autant que possible. Notant que la situation pourrait encore s’aggraver, il a mis en garde contre les conséquences possibles d’un conflit en spirale qui constituent un « danger clair et présent ». Il a souligné la grave menace que représentent les activités militaires irresponsables se poursuivant autour de la centrale nucléaire de Zaporijia, la plus grande installation nucléaire d’Europe. À cet égard, il a félicité l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) d’avoir engagé les parties à faire en sorte que la zone reste sûre. La sécurité et la sûreté de toutes les centrales nucléaires ukrainiennes doivent être garanties, a-t-il demandé.
La guerre attise également l’instabilité régionale et alimente les tensions et les divisions mondiales, tout en détournant l’attention et les ressources d’autres crises et problèmes mondiaux urgents, a déploré le Secrétaire général. Il s’est également inquiété des menaces implicites d’utilisation d’armes nucléaires, jugeant totalement inacceptable l’utilisation dite tactique de ces armes. Il est grand temps de s’éloigner du gouffre, a-t-il pressé, s’élevant contre la « complaisance » qui ne fera qu’aggraver la crise.
« La guerre n’est pas la solution. La guerre est le problème. » Les Ukrainiens, les Russes et les peuples bien au-delà ont besoin de paix, s’est impatienté M. Guterres en concluant qu’une paix véritable et durable doit être fondée sur la Charte des Nations Unies et le droit international. Mais, a-t-il mis en garde, plus les combats se poursuivront, plus cette tâche sera difficile, raison pour laquelle « nous n’avons pas un instant à perdre ».
Projet de résolution (A/ES-11/L.7)
M. DMYTRO KULEBA, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, qui présentait le projet de résolution intitulé « Principes de la Charte des Nations Unies sous-tendant une paix globale, juste et durable en Ukraine », a rappelé qu’il y a un an après le début de l’agression à grande échelle de la Fédération de Russie contre son pays, il se tenait « ici, dans ce lieu prestigieux ». C’était le 23 février 2022. Une force russe massive survolait l’Ukraine, se préparant à porter un coup fatal à son pays et à le rayer de la carte du monde, s’est-il remémoré. Contre toute attente, « nous avons réussi à arrêter l’agresseur beaucoup plus fort et à le chasser de la moitié du territoire nouvellement occupé », a dit le Ministre. Or il a relevé que la Russie, même après avoir échoué si gravement et avoir perdu tant de personnes, veut toujours détruire l’Ukraine en tant que nation.
Personne, a-t-il dit, ne doit se laisser berner par les appels vides de la Russie à négocier. Selon le Ministre, la situation actuelle sur les lignes de front prouve qu’ils veulent la guerre, pas la paix. Ils sont à l’attaque tout le long de la ligne de front, du fleuve Dniepr à la frontière russe, a-t-il décrit en parlant des membres des forces russes. Ils ne cessent de frapper les infrastructures civiles de l’Ukraine avec des salves de missiles de croisière et de drones, a-t-il accusé. « C’est pourquoi nous n’avons d’autre choix que de continuer à nous battre pour notre survie. »
Le Ministre a rappelé les terribles atrocités commises par les Russes dans les territoires occupés, citant les meurtres de civils non armés, les tortures, les viols, les pillages, la terreur, les persécutions politiques, les bombardements aveugles ainsi que des attaques délibérées contre les infrastructures civiles. Il a encore dénoncé les transferts forcés et les déportations de milliers d’enfants ukrainiens qui sont adoptés par des familles russes afin de les « russiser ». Il s’agit pour lui d’un « génocide ». Dès lors, pour l’Ukraine, renoncer signifierait que de telles atrocités seraient commises sur tout son territoire, a expliqué le Ministre.
Il s’est ensuite adressé à ceux parmi les pays qui ne veulent pas prendre le parti de l’Ukraine pour diverses raisons, à ceux qui veulent prendre le parti de la neutralité, en les invitant à prendre le parti de la Charte des Nations Unies. « Prenez le parti du droit international. Prenez le parti des résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies! » Le Ministre a dans la foulée exhorté les Membres des Nations Unies à soutenir le projet de résolution, se disant convaincu que ce texte contribuera aux efforts conjoints pour mettre fin à la guerre ainsi que pour protéger les principes fondamentaux du droit international et de la Charte des Nations unies, des propos accueillis par des applaudissements nourris dans la salle de l’Assemblée générale.
Projets d’amendement (A/ES-11/L.8, A/ES-11/L.9)
M. VALENTIN RYBAKOV (Bélarus) a introduit deux amendements qui ont pour but de « corriger les inexactitudes » du projet de résolution A/ES-11/L.7 intitulé « Principes de la Charte des Nations Unies sous-tendant une paix globale, juste et durable en Ukraine ». Ceux-ci visent, selon lui, à souligner les véritables causes du conflit, ses origines et le conflit lui-même. Ces amendements ont également pour objectif d’inclure dans le texte des termes importants qui permettront d’assurer que le contenu de la résolution corresponde à son titre et d’envoyer un signal fort du réel intérêt de la communauté internationale à amener le conflit en Ukraine à une conclusion rapide et pacifique, a encore précisé le délégué. Il a, en outre, considéré comme une « omission tragique ou un acte délibéré » le fait de ne pas avoir appelé à des négociations pacifiques dans la résolution, qui vise à « parvenir à une paix globale, juste et durable en Ukraine ». À cet égard, il a tenu à rappeler que c’est grâce aux efforts du Président de la République du Bélarus que plusieurs séries de pourparlers entre Kiev et Moscou ont été organisés sur le territoire du Bélarus en février-mars 2022, qui ont suscité un optimisme prudent. Il a estimé que c’est bien la perturbation de ces pourparlers, ainsi que l’approvisionnement continu en armes dans la zone de guerre, qui ont conduit à une prolongation de la confrontation, tançant ceux qui fournissent des armes létales voir même des armes de destruction massive. Il a mis en garde contre la mise en œuvre de ce plan qui entraînera une escalade avec un nombre incalculable de victimes, ce qui ne fera, selon lui, que nuire au règlement du conflit. « Nous ne pouvons pas nous le permettre » et c’est cela « le but de nos amendements », a-t-il explicité.
Le premier amendement A/ES-11/L.8 vise à supprimer la mention suivante au cinquième alinéa du préambule: « , un an après l’invasion totale de l’Ukraine, ». Au septième alinéa du préambule, il souhaite remplacer « de l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, notamment les attaques incessantes contre les infrastructures critiques dans toute l’Ukraine » par « des hostilités en Ukraine ».
En ce qui concerne le dispositif, il est demandé au paragraphe 5 de supprimer cette partie de phrase: « Exige de nouveau que la Fédération de Russie retire immédiatement, complétement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays, et ». Enfin, à la suite du paragraphe 9, il est proposé d’insérer un nouveau paragraphe libellé comme suit: « Condamne fermement les déclarations faites par certains dirigeants du Groupe de contact au format Normandie quant à ce qu’avaient été leurs intentions réelles lors de la mise au point de l’ensemble de mesures en vue de l’application des accords de Minsk, intentions qui étaient incompatibles avec l’objectif de parvenir à un règlement pacifique du conflit dans certaines zones des régions de Donetsk et de Lougansk en Ukraine ».
Quant au deuxième amendement A/ES-11/L.9, il suggère d’introduire un nouvel alinéa à la suite du huitième alinéa du préambule, libellé comme suit: « Constatant avec préoccupation que la zone de conflit continue d’être approvisionnée en armes par des tierces parties, ce qui compromet les chances de parvenir à une paix durable ». À la suite du paragraphe 5 du dispositif, il demande d’introduire un nouveau paragraphe libellé comme suit: « Demande l’ouverture de négociations de paix ». À la suite de l’actuel paragraphe 10, il appelle à introduire un nouveau paragraphe libellé comme suit: « Exhorte les États Membres à s’attaquer aux causes profondes du conflit en Ukraine et alentour, notamment à répondre aux préoccupations légitimes des États Membres en matière de sécurité ». Enfin, à la suite de l’actuel paragraphe 10, il suggère d’introduire un nouveau paragraphe libellé comme suit: « Exhorte également les États Membres à s’abstenir d’acheminer des armes vers la zone de conflit ».
Débat sur la question
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné qu’il y a un peu plus d’un an, « l’Ukraine et ses parrains occidentaux » ont convoqué la onzième session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale des Nations Unies, ce qui a prêté à confusion pour de nombreux États. Depuis lors, de nombreux pays ont compris ce qui s’est passé et ce qui se passe, et le camp occidental a beaucoup plus de difficulté à mobiliser les États Membres de l’ONU en faveur de leur croisade contre la Russie, a-t-il dit. Ceci est également attesté « par un projet de résolution au rabais » qui sera mis aux voix, a relevé le représentant en le qualifiant de « texte antirusse et malveillant ». Il a rappelé que « le régime nationaliste criminel », qui est arrivé au pouvoir à Kiev grâce au soutien occidental par un coup d’État anticonstitutionnel, a mené une guerre sanglante contre les habitants du Donbass dont le seul défaut était qu’ils voulaient rester russes.
Le délégué a relevé que grâce aux révélations bien connues d’un certain nombre de dirigeants occidentaux à la retraite, il ne fait aucun doute que les accords de Minsk, approuvés par le Conseil de sécurité, avaient pour but de préparer l’Ukraine à une guerre contre la Russie. Toutes ces années, le « régime de Kiev » a poursuivi selon lui sa politique inhumaine de bombardement des villes pacifiques des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Au vu des actes des Occidentaux en Ukraine, nous n’avions pas d’autre choix que de protéger la population du Donbass et assurer la sécurité de notre pays par des moyens militaires, a—t-il justifié. Il a exprimé les préoccupations russes de voir s’étendre l’infrastructure de l’OTAN jusqu’à ses frontières, alors que des déclarations « hypocrites » font croire que c’est la Russie qui est responsable de la destruction des systèmes de sécurité régionaux et mondiaux. Il a rappelé que fin 2021, la Russie avait pourtant avancé un certain nombre d’initiatives de désescalade et de renforcement de la confiance dans la zone euro-atlantique. Nous avons invité les États-Unis et l’OTAN à signer des accords de garanties de sécurité, a-t-il dit. Nous avons donné une chance à la diplomatie, a-t-il poursuivi, soulignant que ces propositions furent rejetées avec arrogance par les États-Unis et leurs alliés. Pourtant, si elles avaient été mises en œuvre, ces initiatives auraient permis d’éviter ce que nous voyons aujourd’hui, a—t-il regretté.
Le délégué a affirmé qu’un an après le début de la phase active de la crise ukrainienne, peu de gens doutent aujourd’hui du fait que la Russie n’est pas en guerre avec l’Ukraine, qui a gaspillé son potentiel militaire dans les premières semaines du conflit, mais plutôt avec « l’Ouest collectif » représenté par les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN et de l’UE. Non seulement ils fournissent armes et munitions à Kiev, mais ils lui communiquent également des informations du renseignement et s’entendent sur des cibles pour les frappes de missiles. Il a dit que ces alliés ont abandonné toute pudeur et fixé un objectif: armer l’Ukraine, infliger une défaite stratégique à la Russie, puis la démembrer et la détruire. Au nom de cet objectif, a-t-il relevé, ils ont fermé les yeux en Occident, et les ferment encore maintenant, sur la renaissance du néo-nazisme en Ukraine et la glorification de criminels du nazisme. Il a ensuite évoqué l’hégémonie des États-Unis et de ses alliés qui ne veulent laisser personne gouverner la planète, parce qu’ils la considèrent comme la leur et seulement la leur.
Quant à notre pays, a expliqué le représentant, nous percevons tout cela comme une guerre contre l’Occident pour la survie, pour l’avenir de notre pays et de nos enfants, et pour notre identité. Une guerre dans laquelle, comme il y a 80 ans, nous avons été défiés par un ennemi insidieux et puissant qui voulait nous soumettre, a-t-il expliqué en évoquant des chars allemands à nouveau envoyés afin de tuer les Russes. Et l’Ukraine, dans tout ce schéma, n’est rien de plus qu’une monnaie d’échange, a-t-il analysé. Selon lui, le texte soumis par l’Ukraine ne contribuera pas à la paix, car il vise plutôt à encourager l’Occident dans ses actions, à donner à nos adversaires une raison de prétendre que la Russie est soi-disant isolée dans le monde. « Cela signifie continuer la ligne militariste russophobe, en se cachant derrière un prétendu soutien des États Membres de l’ONU. » De plus, dans les conditions où beaucoup d’entre vous font face à la pression la plus sévère et le chantage de Washington et ses alliés, a lancé le représentant à l’endroit des délégations, il faut soutenir les « amendements d’équilibrage » qui sont devant vous et qui ont été présentés par le Bélarus. Si ces derniers sont rejetés, alors le projet de la résolution restera tel qu’il est maintenant: unilatéral et dénué de toute réalité, a—t-il conclu.
M. JOSEP BORRELL FONTELLES, Haut Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a déclaré: « Nous avons besoin d’une paix fondée sur les principes de la Charte ». C’est le but poursuivi par le projet de résolution, a-t-il ajouté. Il a indiqué que le débat aujourd’hui n’est pas une « question européenne ». Il ne s’agit pas d’un affrontement entre l’Occident et la Russie. Non, cette guerre illicite doit préoccuper chacun d’entre nous: le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest, a insisté M. Borrell. « Nous sommes ici pour rappeler notre soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine au sein de ses frontières internationalement reconnues. » Le Haut Représentant a souligné que, selon l’Article 51 de la Charte, l’Ukraine a le droit de se défendre, comme tout autre État Membre. L’Union européenne (UE) a toujours été un projet de paix, a-t-il rappelé. Comment faire advenir la paix? La première étape vers la paix serait que la Russie cesse ses attaques et se retire de l’Ukraine, a-t-il dit, en ajoutant que l’UE continuera d’aider l’Ukraine d’ici là. Il a aussi assuré que l’UE continuera d’œuvrer pour que la Russie rende des comptes, avant d’appuyer le plan de paix du Président ukrainien. En conclusion, il a appelé chaque État Membre à voter en faveur de ce texte, après avoir indiqué qu’il voterait contre les amendements « manipulateurs » présentés par le Bélarus. Notre monde a besoin d’une paix conforme à la Charte des Nations Unies et au droit international, a-t-il conclu.
M. ANTONIO TAJANI, Ministre des affaires étrangères de l’Italie, a rappelé la position de l’Italie, à savoir que l’agression en cours de l’Ukraine est une violation flagrante de la Charte des Nations Unies. Aucun pays ne peut être en sécurité si la violation de nos principes et règles communs reste inexpliquée, a-t-il ajouté, notant qu’en ce jour anniversaire, « l’Ukraine est toujours debout et nous sommes en pleine solidarité avec le pays et son peuple ». Pour le Ministre italien, les attaques quotidiennes contre leurs vies et leurs infrastructures vitales, qui ont un coût humanitaire dévastateur, sont inacceptables et doivent cesser. Après avoir souligné que le monde entier fait face aux conséquences de ce conflit brutal, en termes de sécurité alimentaire, énergétique, de sécurité nucléaire, de sûreté et de protection de l’environnement, il a insisté sur l’efficacité d’accords techniques sur ces questions spécifiques. Sur ce point, il a cité la création d’une zone de sécurité nucléaire autour de Zaporijia et le renouvellement de l’Initiative céréalière de la mer Noire. Pour M. Tajani, la paix est l’objectif stratégique ultime et, à ce titre, « il ne peut y avoir de paix sans justice, la justice signifiant le plein respect de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues et de ses eaux territoriales ». Estimant qu’une paix globale, juste et durable est nécessaire, comme l’indique clairement la résolution portée à l’attention de cette onzième session extraordinaire d’urgence, il a en outre appelé les États à prendre en compte les préoccupations légitimes et les attentes des pays du Sud qui subissent les conséquences du conflit. L’Italie est prête à faire un pas dans cette direction, a-t-il ajouté.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a souligné que l’Assemblée générale se réunit aujourd’hui pour adopter une résolution « historique », qui marque le premier anniversaire de l’invasion non justifiée de l’Ukraine par la Russie. Elle a rappelé ce qui s’était passé, il y a un an, au Conseil de sécurité, en particulier les avertissements des États-Unis alors que le représentant russe affirmait encore au Conseil que « l’occupation de l’Ukraine n’est pas dans nos plans » et qu’à peine quelques jours avant l’invasion, le Vice-Ministre des affaires étrangères russe disait qu’il fallait « faire cesser cette hystérie ». La Russie ne faisait que réfuter les faits, s’est-elle indignée. En cette froide nuit de février, Mme Thomas-Greenfield avait pourtant demandé à la Russie de retourner dans ses frontières, de renvoyer ses troupes dans leurs baraquements et de dépêcher ses diplomates à la table des négociations, mais « le Président Putin a choisi la guerre », portant ainsi un coup au cœur même de la Charte des Nations Unies. Depuis, nous assistons au massacre de civils innocents, à une crise alimentaire sans précédent, à des menaces à la sécurité nucléaire et énergétique, à la pire crise de réfugiés en Europe et à des crimes contre l’humanité, a dénoncé la représentante. Elle a donc insisté sur l’importance du vote d’aujourd’hui auprès de ses homologues en soulignant que la résolution appelle les nations du monde à appuyer les efforts diplomatiques en faveur d’une paix durable en Ukraine, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale. Ce vote entrera dans l’histoire, leur a-t-elle assuré. Lors de sa visite cette semaine en Ukraine, le Président Biden a clairement réaffirmé la position des États-Unis « aux côtés de l’Ukraine », a poursuivi Mme Thomas-Greenfield. Elle a rappelé s’être elle-même rendue en Ukraine et avoir témoigné ici de la détermination du peuple ukrainien et du Président Zelenskyy. C’est dans le visage des enfants ukrainiens qu’elle a vu l’espoir, a-t-elle confié en appelant à continuer de croire dans le potentiel de la diplomatie et du dialogue.
Mme MÉLANIE JOLY, Ministre des affaires étrangères du Canada, a jugé la guerre de la Russie contre l’Ukraine « injustifiable, illégale, cruelle et inhumaine ». Il faut y mettre fin. L’Assemblée générale est saisie aujourd’hui d’un projet de résolution qui réaffirme son plein appui à la Charte des Nations Unies. Ce texte, a souligné la Ministre, a été rédigé pour refléter les vues et les préoccupations des membres de toutes les régions. Ce projet mérite l’appui de chacun des membres de cette Assemblée, a-t-elle plaidé. La Russie poursuit ses attaques de missiles aveugles contre les villes ukrainiennes, tuant des civils et détruisant des écoles et des hôpitaux. Cette guerre totale du Président Putin visant à détruire une Ukraine libre, indépendante et souveraine et son peuple ne réussira pas, a promis la Ministre. « Le Canada est déterminé à soutenir l’Ukraine de la résistance jusqu’à la reconstruction. » Depuis la première convocation de la onzième session extraordinaire d’urgence, a-t-elle rappelé, nous avons explicitement demandé à la Russie de cesser de recourir à la force contre l’Ukraine, de retirer immédiatement, complètement et inconditionnellement toutes ses forces militaires du territoire de l’Ukraine. La Russie voudrait faire croire qu’il s’agit de vous forcer à choisir votre camp. Le vote d’aujourd’hui ne consiste pas à choisir son camp, a expliqué la Ministre. Il s’agit de choisir la paix, une paix globale, juste et durable en Ukraine. Il s’agit de choisir de respecter la Charte de l’ONU. Il s’agit de respecter le droit de chaque État dans cette salle de tracer son propre avenir. Il s’agit de choisir les règles plutôt que le chaos et d’affirmer clairement que personne, aujourd’hui et à l’avenir, ne peut ignorer les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale.
M. JOSÉ MANUEL ALBARES BUENO, Ministre des affaires étrangères, de l’Union européenne et de la coopération de l’Espagne, a déclaré que l’agression russe contre l’Ukraine n’avait aucune justification et qu’il s’agissait d’une guerre illégale, contraire à la Charte des Nations Unies. Si ce précédent demeure impuni, le monde sera demain confronté à davantage d’insécurité et de violence, a-t-il averti. Il a rappelé que la commission d’enquête sur l’Ukraine mise en place par le Conseil des droits de l’homme en mars avait constaté que les moyens utilisés par la Russie pour tenter de gagner cette guerre étaient eux aussi illégaux, relevant des crimes de guerre et des violations des droits humains, dont des exécutions sommaires, des séquestrations, des actes de torture, des mauvais traitements et des actes de violence sexuelle dans les zones occupées par les forces armées russes. Le représentant a « une fois de plus » exigé le retrait immédiat, complet et inconditionnel des troupes russes de tout le territoire ukrainien, comme l’a ordonné la CIJ le 16 mars 2022. Il a indiqué que l’Espagne est le cinquième pays de l’Union européenne en termes d’accueil d’Ukrainiens déplacés, ayant accueilli près de 170 000 d’entre eux. Pour soutenir l’Ukraine, a ajouté le délégué, l’Espagne a approuvé le plus grand paquet d’aide humanitaire de son histoire pour un seul pays, octroyant 250 millions d’euros pour la reconstruction de l’Ukraine par le biais d’agences multilatérales, sans pour autant négliger les besoins des autres partenaires de l’Espagne dans des régions telles que le Sahel et le Sahara.
M. MARIO ADOLFO BÚCARO FLORES, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a refusé d’accepter l’idée de recourir à la force et à l’agression contre un État, en particulier par un membre permanent du Conseil de sécurité qui a des responsabilités et des obligations particulières pour maintenir la paix et la sécurité internationales. Il a appuyé le langage du projet de résolution qui est cohérent et conforme aux principes de la Charte des Nations Unies, réaffirmant ainsi l’engagement de l’Assemblée générale envers la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Selon lui, l’Assemblée a le mandat et l’autorité pour adopter cette résolution, comme le prévoit le Chapitre IV de la Charte. Il faut également veiller à ce que les auteurs des crimes les plus graves commis contre l’Ukraine répondent de leurs actes, a exigé le représentant ajoutant que la justice pour toutes les victimes du conflit et la prévention de futurs crimes doivent être garanties. Pour cette raison, le Guatemala a cofacilité les négociations sur la création d’un registre des dommages, et soutient toute initiative visant à créer un tribunal spécial sur le crime d’agression commis par la Fédération de Russie. Il est essentiel, a ajouté le représentant, de respecter pleinement les obligations découlant du droit international humanitaire qui visent à protéger la population civile, de garantir un accès humanitaire sûr et de s’abstenir d’attaquer et de détruire les biens indispensables à la survie de la population.
Mme TANJA FAJON, Vice-Première Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Slovénie, a salué la bravoure et le courage du peuple ukrainien. La Slovénie sait par sa propre expérience ce que signifie se battre pour sa terre, a—t-elle déclaré, ajoutant: « Nous sommes solidaires avec les femmes, les hommes et les enfants dont la vie a été changée à jamais par cette guerre injustifiée. » Pour Mme Fajon, les attaques délibérées de l’armée russe contre la population civile et les infrastructures essentielles constituent des crimes parmi les plus graves, qui ne doivent pas rester impunis. De ce fait, le principe de responsabilité doit être respecté, car c’est le seul fondement de la vie lorsque la guerre et ses atrocités prendront fin, a-t-elle argué.
Pour la Vice-Première Ministre, cette guerre nous rappelle à tous à quel point nous sommes globalement connectés et interdépendants. Ses conséquences se font sentir partout dans le monde. Avec la hausse vertigineuse des prix des aliments et de l’énergie et l’inflation imminente, des millions de personnes font face à de sérieux défis. Mme Fajon a noté que ce sont les pays les moins avancés et à faible revenu qui souffrent le plus. Notre réponse humanitaire à d’autres situations de besoin n’est pas diminuée du fait de l’aide apportée à l’Ukraine, a-t-elle assuré.
Mme URMAS REINSALU, Ministre des affaires étrangères de l’Estonie, a déclaré que le siège de la Russie au sein du Conseil de sécurité était légitimement remis en question depuis sa guerre d’agression contre l’Ukraine. La Russie continue de vouloir punir l’Ukraine pour avoir choisi son propre chemin de manière souveraine, a affirmé la Ministre, qui a ensuite détaillé les conséquences de cette guerre, avant d’appeler tous les pays du monde à reconnaître dans la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine une « guerre génocidaire ». Il est de notre devoir de restaurer la paix et la justice et de faire en sorte que l’agresseur soit puni, a-t-elle tranché, ajoutant: « L’agression comme instrument de relations internationales doit être totalement discréditée. » Soulignant la nécessité de juger les atrocités russes commises en Ukraine, la Ministre a appelé à la création d’un tribunal international spécial. Enfin, elle a rappelé le symbole qu’est pour son pays la date du 24 février, puisqu’elle marque l’anniversaire de la Déclaration d’indépendance de l’Estonie en 1918. Ce qui s’est passé l’année dernière nous rappelle combien l’indépendance et la liberté peuvent être fragiles, a conclu la Ministre.
M. ILIA DARCHIASHVILI, Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, a déclaré que son pays reste attaché au règlement pacifique du conflit russo-géorgien, qui repose sur la désoccupation de deux régions géorgiennes par la Russie ainsi que sur la réconciliation et le renforcement de la confiance entre les communautés de part et d’autre des lignes d’occupation. Alors que la Géorgie continue de respecter pleinement l’accord de cessez-le-feu du 12 août 2008 négocié par l’Union européenne, une approche consolidée de la communauté internationale demeure essentielle pour exhorter la Russie à respecter ses obligations en vertu dudit accord et à retirer ses forces militaires du territoire géorgien, a-t-il ajouté. Le Ministre a ensuite affirmé que l’Ukraine a besoin de paix, « que nos pays et nos peuples ont besoin de paix ». Le monde a besoin de paix car il est confronté à des défis mondiaux d’une ampleur sans précédent: changements climatiques, catastrophes naturelles, pandémies, terrorisme, menaces non conventionnelles qui nécessitent nos efforts conjoints, notre coopération, a-t-il poursuivi. À cet égard, il a estimé que l’ONU peut et doit faire tant de choses pour les générations futures. Selon lui, les initiatives de paix doivent aller au-delà du rétablissement de la paix et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et avoir pour corollaire l’objectif de défendre les valeurs fondamentales des Nations Unies. C’est pourquoi il a appelé à voter en faveur du projet de résolution L.7.
M. IAN BORG, Ministre des affaires étrangères et européennes et du commerce de Malte, a exprimé sa grave préoccupation face à la guerre d’agression que mène la Fédération de Russie contre l’Ukraine, en violation de la Charte des Nations Unies, de ses valeurs et de l’ordre international fondé sur des règles. La communauté internationale est horrifiée par les rapports quotidiens, y compris ceux de la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine, faisant état d’attaques contre des civils et des infrastructures civiles. Malgré la bravoure du peuple ukrainien, la Fédération de Russie continue de pousser l’Ukraine vers une crise humanitaire, s’est indigné le Ministre, alors que 40% de la population a un besoin urgent d’une aide humanitaire et que huit millions de personnes sont aujourd’hui réfugiées. Selon lui, les responsables seront tenus pour responsables. M. Borg a exhorté la Russie à retirer sans délai l’ensemble de ses forces du territoire de l’Ukraine et à rechercher une résolution pacifique au conflit conformément au droit international. « L’arrêt immédiat de cette guerre d’agression contre l’Ukraine est la seule voie possible », a-t-il martelé. « Il n’y a pas d’autre solution. »
M. PETER LAUNSKY-TIEFFENTHAL, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Autriche, a déclaré que « nul ne peut rester politiquement neutre et silencieux lorsque la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance d’un État sont attaquées ». Au cours de l’année écoulée, l’Assemblée générale a, par une écrasante majorité, demandé à la Russie d’arrêter cette guerre. Le Ministre a réitéré sa solidarité avec l’Ukraine face à une attaque armée brutale. L’Autriche a fourni bilatéralement 124 millions d’euros d’aide humanitaire, a-t-il souligné. Nous devons également être clairs sur le fait qu’il n’y a pas de paix sans justice, a-t-il ajouté en demandant que tous les crimes commis par la Russie en Ukraine fassent l’objet d’enquêtes et que leurs auteurs rendent des comptes. L’Autriche soutient tous les efforts en ce sens, y compris ceux de la Cour pénale internationale (CPI) et de la Commission d’enquête des Nations Unies basée à Vienne. Le Ministre a aussi condamné les menaces nucléaires répétées, implicites mais indubitables, proférées par la Russie. « La communauté internationale doit s’unir pour veiller à ce que le tabou contre toute utilisation d’armes nucléaires ne soit pas brisé. » La résolution qui sera adoptée demain vise précisément à mettre fin à l’agression contre une nation souveraine et à ses conséquences mondiales; elle vise une paix globale, juste et durable fondée sur les principes de la Charte des Nations Unies. L’Autriche appuie ce texte et encourage à voter « oui », a conclu le Vice-Ministre.
M. RUSLAN BOLBOCEAN, Secrétaire d’État du Ministère des affaires étrangères et de l’intégration européenne de la République de Moldova, a déploré que 12 mois de guerre d’agression injuste et non provoquée ont tué des milliers d’innocents et poussé des millions d’Ukrainiens à fuir leurs foyers, 12 mois de violations flagrantes de la Charte des Nations Unies et du droit international par un membre permanent du Conseil de sécurité. Cette attaque de l’Ukraine par la Fédération de Russie a déstabilisé la sécurité européenne et sapé la stabilité mondiale, a souligné le Secrétaire d’État. Au cours des derniers mois, Moldova a démontré son engagement à assurer la protection des 700 000 réfugiés ukrainiens qui ont cherché refuge sur son territoire. Dans cette optique, la République de Moldova introduira, à compter du 1er mars, un mécanisme de protection temporaire pour les réfugiés ukrainiens, a-t-il indiqué. La République de Moldova a en outre ressenti les conséquences sécuritaires de la guerre en Ukraine, alors que quatre missiles visant l’Ukraine ont traversé notre espace aérien et que des débris de missiles ont atterri sur notre territoire, a précisé M. Bolbocean. Malgré les menaces hybrides et les moyens de pression auxquels est exposé son pays, il s’est dit déterminé à continuer de contrer ces risques de manière légale et pacifique. « Il est de notre devoir moral, en tant que communauté internationale, de continuer à soutenir l’Ukraine », a-t-il martelé. Ce pays se bat aujourd’hui pour assurer notre sécurité à tous. Il est donc nécessaire à ses yeux de veiller à ce que les responsables des atrocités, des meurtres de civils et des dommages causés aux infrastructures rendent des comptes en menant des enquêtes rapides et indépendantes, aux niveaux national et international.
M. BERNAARDO IVO CRUZ, Vice-Ministre des affaires étrangères du Portugal, a dénoncé la stratégie consistant à attaquer sans relâche les infrastructures essentielles, avec un impact considérable sur la population civile. Il a rappelé que le Portugal soutient la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Le pays continuera d’ailleurs, aussi longtemps qu’il le faudra, de fournir une assistance à son gouvernement et à son peuple, tant au niveau bilatéral que dans le cadre de l’Union européenne et de l’ONU. Le Vice-Ministre a appelé l’Assemblée générale à rester unie, à exprimer la condamnation de cette guerre et à appeler à une paix globale, juste et durable. Le projet de résolution qui est présenté est un pas important dans cette direction et nous encourageons tous les États Membres à le soutenir, a-t-il conclu.
M. MARTIN EYJÓLFSSON, Secrétaire d’État permanent de l’Islande, a rappelé que mettre fin à la guerre n’est qu’un premier pas, l’établissement d’une paix juste et durable pour l’Ukraine étant également d’une importance cruciale. La Russie doit et sera tenue responsable de ses actes, a-t-il prévenu, ajoutant que la responsabilité pour les crimes internationaux commis dans le contexte de la guerre, y compris le crime d’agression, est essentielle pour garantir justice et réparations. Il ne peut y avoir d’impunité, a répété le représentant, qui a insisté sur le fait qu’il est de la responsabilité collective des États Membres de mettre fin à la guerre, de défendre l’Ukraine et les valeurs et principes qui sous-tendent la Charte des Nations Unies et le travail de l’ONU. « C’est ce que “nous, les peuples” devons au peuple ukrainien et à toutes les autres victimes innocentes confrontées actuellement au fléau des conflits armés dans le monde entier », a-t-il lancé. « C’est ce que nous devons aux générations précédentes qui ont construit le système de droit international et l’ordre fondé sur des règles, à partir des ruines de deux guerres mondiales et de leurs horreurs inoubliables ». « Et c’est que nous le devons à nos enfants et aux générations futures », a conclu le représentant.
Mme GUILLEN (Costa Rica) a constaté qu’un an après l’invasion non justifiée de l’Ukraine par la Fédération de Russie, les principes directeurs de la Charte des Nations Unies continuent d’être violés. Notre système de sécurité collective est miné. Tout cela à un moment où il aurait fallu construire des alliances pour relever les graves défis mondiaux auxquels l’humanité est confrontée; à un moment où il ne fallait pas perdre de vue la situation au Yémen et au Mali, au Myanmar et en Syrie, en Libye et en Haïti, au Tigré et au Sahel, entre Israël et la Palestine, et en Amérique centrale, s’est-elle indignée. De nombreuses violations graves du droit international par les forces russes et leurs mandataires dans les territoires occupés d’Ukraine ont été documentées, a poursuivi l’intervenante, y compris des crimes de guerre apparents et de possibles crimes contre l’humanité. Le Costa Rica appelle à un cessez-le-feu immédiat et demande instamment à toutes les parties d’honorer leurs obligations internationales de protéger la population civile, en particulier les enfants, et de veiller à ce que les acteurs humanitaires puissent se rendre en toute sécurité et rapidement là où ils doivent apporter leur aide, a expliqué la représentante. En outre, elle a demandé à toutes les parties de s’abstenir d’attaquer les infrastructures civiles dont dépend la population civile, notamment les systèmes d’eau et d’assainissement, les installations sanitaires, les hôpitaux et les écoles. Martelant également qu’il n’y a pas de paix véritable et durable sans justice, et que la justice n’existe pas lorsqu’il y a impunité, elle a expliqué que le Costa Rica soutient l’enquête du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis en Ukraine. Le Costa Rica votera pour cette résolution.
M. MOHAMED AL HASSAN (Oman), au nom du Conseil de coopération du Golfe (CCG), a déclaré que le Conseil suit avec beaucoup d’intérêt l’évolution de la situation en Ukraine, en particulier les aspects humanitaires. L’Article 2 de la Charte des Nations Unies, a rappelé le représentant, oblige les États Membres à régler les différends internationaux par des moyens pacifiques et à s’abstenir d’utiliser ou de menacer d’utiliser la force dans les relations internationales. La solution aux différends et aux désaccords réside dans le recours au dialogue et aux négociations, par des moyens pacifiques et diplomatiques, a insisté le représentant. Le CCG encourage les efforts internationaux et régionaux pour résoudre ce conflit, conformément au droit international. Le CCG salue les efforts déployés par les pays qui ont accueilli les réfugiés des zones de conflit. Le représentant a appelé toutes les parties à respecter leurs obligations humanitaires, y compris en ce qui concerne les blessés, les prisonniers et les personnes disparues, à faciliter un accès rapide et sûr à l’aide humanitaire pour tous ceux qui sont dans le besoin, et à protéger les travailleurs médicaux et humanitaires. En conclusion, le représentant a salué les efforts de l’ONU et des organisations humanitaires pour répondre rapidement aux besoins urgents des civils.
M. SATYENDRA PRASAD (Fidji), au nom du Forum des îles du Pacifique, a soutenu que malgré son éloignement géographique, le Forum ressentait les effets des perturbations majeures des systèmes alimentaires et énergétiques mondiaux causées par cette guerre. Les effets de l’invasion illégale de l’Ukraine par la Fédération de Russie vont « plus loin que les balles ne peuvent voler », bien au-delà des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine, a-t-il déclaré. Ces actes atteignent les foyers des peuples du Forum, rendant la nourriture et le carburant inabordables, augmentant la souffrance des personnes et des économies déjà affaiblies par la pandémie de COVID-19, en particulier celles se trouvant en marge de la société. Si l’ordre mondial actuel demeure imparfait, il est fondé sur des règles offrant la meilleure voie vers un monde meilleur. Pour le délégué du Forum, il offre les meilleurs instruments pour rechercher la justice et la sécurité et le meilleur espoir pour notre avenir commun.
S’exprimant ensuite au nom de son pays, le représentant des Fidji a fait part d’une anecdote personnelle. Au petit-déjeuner ce matin, sa fille, Nehali, lui a posé une question difficile: « Pourquoi partir en guerre est-il considéré comme courageux et audacieux? Faire la paix l’est sûrement davantage! » Le délégué a souhaité que les ressources de la communauté internationale soient mises au service de la paix et que le Secrétaire général dispose de l’espace nécessaire pour forger des voies vers la paix. Il a dressé un parallèle entre la guerre et « la catastrophe climatique que nous vivons, qui ressemble à une guerre - des vies perdues, des infrastructures détruites, la paix et la stabilité compromises ». Lorsque les catastrophes climatiques frappent, le dur chemin de la reconstruction est supporté par le seul pays touché: il faut reconstruire des routes, des écoles, des hôpitaux, des églises, des vies. C’est pourquoi les Fidji sont d’autant plus solidaires de l’Ukraine.
M. JAN KNUTSSON, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Suède, a déclaré que l’agression russe n’était pas seulement une guerre contre l’Ukraine, mais qu’elle remettait en cause l’ordre européen et mondial. Elle constitue une violation flagrante de l’une des règles les plus fondamentales du droit international et de la Charte des Nations Unies, violation commise, qui plus est, par un membre permanent du Conseil de sécurité.
M. Knutsson a condamné les violations par la Russie du droit international humanitaire. Les exécutions sommaires, la torture, les violences sexuelles et sexistes et les déportations forcées ne sont selon lui que quelques exemples des violations inacceptables du droit international commises par la Russie. Tous ces crimes doivent faire l’objet d’une enquête, et leurs responsables, être traduits en justice. À l’instar du reste de l’Union européenne, la Suède fait tout pour atténuer l’impact planétaire de l’agression russe sur la sécurité alimentaire, l’énergie, les finances, l’environnement, ainsi que sur la sécurité et la sûreté nucléaires. Le Vice-Ministre a expliqué que son pays se tenait prêt à apporter son soutien à l’Ukraine de manière constante et significative. La Russie, quant à elle, doit cesser immédiatement ses opérations militaires, retirer sans conditions toutes ses forces de l’ensemble du territoire ukrainien, et respecter pleinement son intégrité territoriale.
M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela), s’exprimant au nom d’un groupe d’États, s’est dit gravement préoccupé par les menaces actuelles et croissantes qui pèsent sur la Charte des Nations Unies, compte tenu du recours croissant à l’unilatéralisme et des tentatives répétées de revendiquer un « exceptionnalisme » inexistant. Le représentant s’est ainsi élevé contre les tentatives de négliger, voire de remplacer, les objectifs et les principes inscrits dans la Charte par un nouvel ensemble de prétendues « règles » qui n’ont jamais été débattues de manière inclusive ou transparente. Il a décrié ces approches sélectives qui n’ont à ses yeux pour objectif que de diviser notre monde en blocs.
Cette situation ainsi que l’application illégale de mesures coercitives unilatérales à l’encontre de plus de 30 pays dans le monde, qui affecte négativement la vie quotidienne de plus d’un tiers de l’humanité, ont non seulement créé une crise systémique dans l’ensemble des relations internationales, mais exacerbent désormais délibérément la crise mondiale multiforme, a dénoncé le représentant. Il a dit être venu aujourd’hui délivrer un message central à l’adresse de ses pairs, qu’il a enjoint d’adhérer strictement à la Charte des Nations Unies, tant dans sa lettre que dans son esprit, pour faire de la paix et de la sécurité internationales une réalité pour tous.
Cette paix ne pourra être atteinte que lorsque nous travaillerons de manière constructive les uns avec les autres et dans un esprit de compromis, a poursuivi le représentant, pour qui le recours continu à une rhétorique incendiaire, à des approches qui sèment la discorde ou à des actions irréfléchies, telles que la fourniture de moyens pour prolonger les conflits, ne servira jamais l’objectif de parvenir à une paix durable.
C’est pourquoi, en tant que nations éprises de paix, les membres du groupe d’États réaffirment leur « attachement indéfectible à la Charte des Nations Unies », et appellent tous les membres responsables de la communauté internationale à offrir une fois pour toutes une chance à la paix. « Nous avons la responsabilité partagée d’empêcher, par nos actions ou nos omissions, le conflit en Ukraine d’atteindre un point de non-retour », a affirmé le représentant.
S’exprimant ensuite en sa capacité nationale, le représentant vénézuélien a exhorté à empêcher que cette Assemblée générale continue d’être utilisée pour faire avancer des initiatives qui ne font pas l’objet d’un consensus, comme celle proposée dans le projet de résolution, et qui ne finissent que par nous éloigner du chemin qui devrait nous unir tous aujourd’hui: celui de la paix.
M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a rappelé que depuis le début de cette guerre, Singapour a adopté une position claire et cohérente selon laquelle l’invasion injustifiable de l’Ukraine par la Russie viole clairement les principes de la Charte des Nations Unies et du droit international. « Et le Conseil de sécurité, dont la Russie est membre permanent, a malheureusement été incapable de s’acquitter de sa responsabilité première du maintien de la paix et la sécurité en raison du veto cynique intéressé de la Russie. » Le délégué a regretté que la Russie ait ignoré les appels clairs et répétés de l’Assemblée générale à retirer immédiatement, complètement et sans condition ses forces militaires du territoire ukrainien et en respecter les frontières internationalement reconnues. La Russie a également ignoré l’ordonnance de la Cour internationale de Justice (CIJ) du 16 mars 2022. M. Gafoor a partagé les préoccupations exprimées dans le texte présenté par l’Ukraine sur les effets de la guerre sur les chaînes d’approvisionnement et les prix alimentaires et énergétiques mondiaux. À cet égard, il a salué les efforts inlassables du Secrétaire général pour assurer un approvisionnement continu par le biais de l’Initiative céréalière de la mer Noire. Singapour exhorte tous les États Membres à voter « oui » sur ce projet de résolution, afin de manifester leur soutien au système multilatéral fondé sur des règles.
M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a indiqué que la Russie avait systématiquement violé tous les principes fondamentaux du droit international humanitaire, avant d’insister sur les répercussions mondiales de l’agression russe. « Soyons très clairs à propos de cette guerre: l’Ukraine ne voulait pas cette guerre, l’OTAN ne voulait pas cette guerre », c’est le seul dirigeant de la Russie qui a décidé de cette invasion, a dit le délégué, qui a insisté sur l’illicéité de l’agression russe. Il a dit sa fierté de coparrainer le projet de résolution, qui insiste notamment sur l’importance de l’établissement des responsabilités pour une paix durable. En conclusion, il a appelé tous les États à se joindre aux efforts visant à la création d’un tribunal spécial pour le crime d’agression.
M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a appelé tous les États Membres à voter en faveur du projet de résolution, qui défend la Charte et souligne la nécessité de parvenir, dans les meilleurs délais, à une paix globale, juste et durable en Ukraine. La Charte est notre bien commun, a-t-il dit, elle est notre rempart contre les assauts de ceux qui veulent faire prévaloir la loi du plus fort sur la force du droit. Pour M. Maes, en lançant son agression à grande échelle, « une agression non provoquée, injustifiée et injustifiable contre l’Ukraine », le 24 février 2022, la Fédération de Russie a non seulement attaqué l’Ukraine, elle a aussi attaqué l’ordre international fondé sur la règle de droit, qui repose sur les dispositions fondamentales de la Charte des Nations Unies.
Après avoir rappelé le bilan « effroyable de cette guerre d’agression lancée par la Russie avec l’implication du Bélarus », le représentant a estimé que le projet de résolution souligne à juste titre la nécessité de faire en sorte que les auteurs des crimes les plus graves au regard du droit international commis sur le territoire de l’Ukraine répondent de leurs actes et que justice soit rendue aux victimes. Il a ensuite salué le travail de la Commission d’enquête établie par le Conseil des droits de l’homme, de même que le travail du Procureur de la Cour pénale internationale. L’enquête menée par le Procureur, en coopération avec les autorités judiciaires ukrainiennes, permettra de traduire en justice les responsables de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et du crime de génocide, a-t-il affirmé. Il a plaidé pour la création d’un tribunal spécial à même de poursuivre les responsables de l’agression contre l’Ukraine, sur la recommandation de l’Assemblée générale des Nations Unies. « Il ne saurait y avoir d’impunité pour le crime d’agression commis contre l’Ukraine », a-t-il déclaré.
Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a rappelé qu’il y a un an, les États Membres s’étaient réunis dans cette même salle alors que 130 000 soldats russes s’amassaient aux frontières de l’Ukraine et en Crimée illégalement annexée. Nous étions nombreux à appeler à la désescalade, au dialogue et au respect de la Charte des Nations Unies, s’est-elle souvenue, et la Russie affirmait alors n’avoir aucune intention d’envahir le pays. Pourtant, le lendemain, la Russie lançait son invasion à grande échelle, le Bélarus fournissant l’une des bases de départ. Depuis, il y a eu des millions de civils déplacés et d’innombrables vies -ukrainiennes et russes– perdues, des centaines d’hôpitaux et des milliers d’écoles détruits et une génération de familles ukrainiennes marquées et traumatisées, a déploré la représentante. Le monde entier a été affecté par ce conflit qui a eu pour répercussion une crise alimentaire et la hausse des prix de l’énergie.
En réaction, a souligné la représentante, l’Assemblée générale s’est réunie six fois au cours de l’année écoulée dans le cadre de sessions extraordinaires d’urgence. Elle a demandé à plusieurs reprises à la Russie de mettre fin à son invasion et de se retirer d’Ukraine; elle a condamné les tentatives de la Russie d’annexer illégalement des territoires ukrainiens; et elle a réaffirmé le respect de la communauté internationale pour la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, et exigé le respect de la Charte. Et pourtant, la Russie continue, s’est indignée la déléguée.
Pendant près de 365 jours, l’Ukraine a résisté, exerçant son droit de légitime défense en vertu de la Charte. Mais au-delà de sa propre survie, ce que l’Ukraine veut vraiment -en fait ce que nous voulons tous, ce que nous n’avons cessé de réclamer- c’est une paix juste, a martelé la représentante. Le Royaume-Uni appelle donc à voter en faveur de la résolution, qui souligne la nécessité d’une paix globale, juste et durable, « une paix qui garantit la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et qui met fin à l’agression constante de la Russie ». Un vote en faveur de cette résolution est un vote pour la paix et la Charte des Nations Unies, a conclu la représentante.
Mme HALLUM (Nouvelle-Zélande) a réitéré la condamnation sans équivoque par son pays de l’agression russe contre l’Ukraine. Appelant de nouveau la Russie à agir dans le respect de la Charte des Nations Unies et des décisions contraignantes de la Cour internationale de justice, la représentante a estimé que la Russie avait le devoir d’agir conformément à ses responsabilités de membre permanent du Conseil. La position néo-zélandaise est reflétée dans ses actes, à savoir un soutien diplomatique, économique et militaire sans précédent à la légitime défense de l’Ukraine. Les principes en jeu -respect du droit international, défense de la souveraineté et de l’intégrité territoriale par la Charte des Nations Unies- sont d’une importance capitale pour la paix et la stabilité des « petits États ». Le temps qui passe ne diminue en rien l’opposition de la Nouvelle-Zélande à l’agression russe contre l’Ukraine, a ajouté la déléguée, qui a appelé tous les États à maintenir la pression sur la Russie pour montrer que ses actions ne demeureront pas sans conséquence.
M. SEDAT ÖNAL (Türkiye) a souligné que depuis le début de la crise, son pays a adopté une position de principe en rejetant la guerre en Ukraine et en la qualifiant d’inacceptable. Nous avons également essayé de faciliter la diplomatie à un stade précoce à la fois à Antalya et à Istanbul, a-t-il ajouté, rappelant que son pays a coparrainé ou voté en faveur de toutes les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la question. En effet, notre position est un prolongement naturel de notre opposition à l’annexion illégale de la Crimée, a encore dit le représentant, avant de réaffirmer le soutien plein et entier de la Türkiye à l’intégrité territoriale, l’indépendance et la souveraineté de l’Ukraine. Le représentant a estimé que « la trajectoire de la crise ne peut pas être décidée uniquement par la dynamique du champ de bataille », proposant qu’une vision claire pour mettre fin à cette guerre par la « diplomatie » soit élaborée le plus tôt possible. À cet égard, il a préconisé de concentrer les efforts sur l’élaboration des contours d’une paix réaliste, durable et surtout viable. L’Initiative céréalière de la mer Noire a prouvé que la diplomatie peut donner des résultats, a-t-il souligné.
Mme PAULA NARVÁEZ OJEDA (Chili) s’est félicitée que le paragraphe 2 du dispositif du projet de résolution soumis à l’Assemblée générale appelle les États Membres et les organisations internationales à redoubler d’appui aux efforts diplomatiques pour parvenir à une paix globale, juste et durable en Ukraine, conformément à la Charte des Nations Unies. Précisant que son pays s’est porté coauteur du texte, la représentante a jugé essentiel d’arrêter la spirale d’un conflit qui ébranle les fondements du système international et se traduit par une perte de confiance dans le multilatéralisme et la démocratie. Cette guerre exacerbe en outre la polarisation, les divisions et les discours de haine, alors que ce dont nous avons le plus besoin est l’unité, a-t-elle ajouté, avant de s’alarmer de la détérioration du régime de maîtrise des armements construit au fil des décennies. Nous pensons qu’il est urgent qu’un dialogue sur la sécurité stratégique s’instaure entre les États dotés de l’arme nucléaire, a déclaré la déléguée, pour qui ce processus doit être soutenu par des régimes de vérification solides et crédibles. Ce sombre tableau de la situation doit selon elle être un encouragement à créer les conditions d’une solution pacifique à ce conflit et à faire en sorte que les obligations assumées soient remplies de bonne foi.
M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) s’est dit troublé qu’après une année de tragédies et de souffrances indicibles, l’espoir d’une résolution pacifique du conflit en Ukraine demeure si mince. Il est déplorable que nous devions débattre aujourd’hui, au XXIe siècle, d’une guerre d’agression perpétrée par un membre permanent du Conseil de sécurité, a-t-il ajouté, pour qui l’invasion militaire de l’Ukraine par la Fédération de Russie et l’annexion de territoires sont autant d’atteintes aux principes du système international que nous défendons depuis sept décennies. Du fait du recours au veto par la Fédération de Russie, le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure de s’acquitter des responsabilités qui lui incombent, et il revient à l’Assemblée générale d’agir d’une voix forte et unie, a-t-il relevé. En tant que pays fondé et reconstruit avec l’aide cruciale des Nations Unies, la République de Corée estime que la résolution considérée aujourd’hui porte sur nos valeurs et principes communs, ainsi que sur le respect de la Charte des Nations Unies. Le représentant a exhorté la Fédération de Russie à faire le choix de retirer immédiatement et sans condition ses forces du territoire ukrainien, comme elle a fait le choix de lancer une invasion il y un an. Une guerre prolongée ne fera que renforcer la solidarité internationale contre la Russie, au détriment de ses intérêts, a-t-il averti.
M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a rappelé que, depuis le début de cette onzième session extraordinaire d’urgence, l’Assemblée générale a adopté cinq résolutions centrées sur la défense de l’intégrité territoriale, les garanties d’accès humanitaire, la protection des civils et la responsabilité. L’Assemblée générale, a-t-il noté, a également le devoir de promouvoir le respect de l’arrêt de la Cour internationale de Justice du 16 mars 2022, par lequel la plus haute instance judiciaire de l’ONU a ordonné à la Fédération de Russie de cesser immédiatement ses opérations militaires en Ukraine. Si de grandes divergences de vues existent parmi les États Membres, deux facteurs les rassemblent, a ajouté le représentant: la reconnaissance de la validité des principes de la Charte des Nation Unies et l’objectif plus vaste de la paix. Pour ces raisons, l’Équateur s’est porté coauteur du projet de résolution, qui, entre autres dispositions, demande la fin des hostilités et souligne la nécessité de parvenir à une paix générale, juste et durable la paix en Ukraine dès que possible. Appelant à voter pour ce texte, il a en revanche dénoncé les amendements « diviseurs » soumis par le Bélarus.
Mme AMATLAIN ELIZABETH KABUA (Îles Marshall) a réaffirmé le communiqué de Palikir du vingt-et-unième Sommet des présidents micronésiens du 13 février 2023, dans lequel les cinq dirigeants des nations insulaires micronésiennes ont condamné l’invasion illégale, brutale et injustifiée de l’Ukraine par la Fédération de Russie. Elle a rappelé leur position selon laquelle l’état de droit, l’ordre international fondé sur des règles et le respect de la souveraineté et des droits humains doivent prévaloir. Soulignant que ces petites îles se situent dans les vastes étendues de l’océan Pacifique Nord, « à l’autre bout du monde », elle a dit que leur position est néanmoins la même que celle de nations démocratiques attachées à la responsabilité et aux droits humains fondamentaux. En tant que petits pays de populations vulnérables, nous comptons étroitement sur des résultats multilatéraux efficaces, a-t-elle reconnu en qualifiant de crimes contre l’humanité les atrocités planifiées commises par « la Russie et ses acteurs » dans son agression contre l’Ukraine, qui sont documentées.
Rappelant que l’ONU est née d’un engagement clair à ne plus jamais répéter les atrocités et l’instabilité, elle a attiré l’attention sur la mise à l’épreuve que constitue cette agression russe. Mais même si le Conseil de sécurité est dysfonctionnel avec notamment le droit de veto, cela ne fera pas taire l’Assemblée générale, a-t-elle tempéré en misant sur la Charte des Nations Unies et sur les États Membres qui sont chargés de traduire ces nobles paroles en réalité. De plus, face aux atrocités épouvantables constatées en un an, notamment les enlèvements d’enfants, elle a souligné que des mécanismes de responsabilisation sont maintenant à l’œuvre. Nous sommes plus forts ensemble et nous ne serons pas divisés, a-t-elle conclu en annonçant son appui au projet de résolution L.7.
M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a affirmé que son pays continuera d’être solidaire de l’Ukraine en soutenant le texte qu’elle propose. Il a rappelé qu’Israël a commencé à apporter son soutien à l’Ukraine une semaine après le début de la guerre. Il y a quelques semaines, Israël lui a envoyé des ambulances blindées en plus d’avoir établi en Ukraine un hôpital de campagne doté d’équipement permettant de pratiquer la télémédecine. De plus, des centaines de patients ukrainiens sont soignés en Israël avec des techniques de pointe que maîtrisent des médecins israéliens, a encore détaillé le représentant. Dans le même temps, a-t-il ajouté, Israël assure la formation de professionnels ukrainiens dans le domaine des soins post-traumatiques. Le délégué a demandé à la communauté internationale de ne point baisser le niveau de son soutien à l’Ukraine. Il a affirmé que le « régime iranien » envoie des armes pour tuer des Ukrainiens et qu’il entend désormais les exporter dans plusieurs sites à travers le monde. « Imaginez ce qu’il en sera quand ils auront l’arme nucléaire », a-t-il lancé en plaidant pour que cela n’arrive jamais.
M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a réitéré la position de principe de son pays selon laquelle les États doivent agir dans le plein respect de la Charte des Nations Unies, promouvoir des actions visant à éviter l’escalade des tensions et favoriser le dialogue et la négociation pour parvenir à une résolution pacifique des différends. Le représentant a d’autre part rappelé que le Mexique, lorsqu’il était membre du Conseil de sécurité, a élaboré avec la France le projet qui a servi de base à la résolution adoptée par l’Assemblée générale le 24 mars 2022 dans le but de réduire les souffrances de la population civile affectée par la guerre en Ukraine. Réaffirmant que les violations du droit international ne doivent pas rester impunies, il a indiqué que son pays soutient les procédures judiciaires engagées devant la Cour pénale internationale et la Cour internationale de Justice. Pour ces raisons, le Mexique appuie le projet de résolution soumis à l’examen des États Membres, a-t-il dit, regrettant que des projets d’amendement au texte aient été soumis à la dernière minute.
M. MITCHELL FIFIELD (Australie) s’est dit fier de coparrainer un projet de résolution qui souligne la nécessité d’une paix globale, juste et durable en Ukraine. Un an après le début de l’invasion illégale et immorale de l’Ukraine par la Russie, cette agression ne peut être « ni normalisée ni minimisée », a-t-il dit, appelant tous les États Membres à démontrer leur engagement à faire respecter le droit international, en particulier la Charte des Nations Unies. Cela confirmera que nous n’accepterons pas une situation où les grands pays déterminent le sort des petits, a fait valoir le représentant, avant de rappeler que ce conflit déclenché par la Russie affecte toutes les nations et tous les peuples. Enjoignant à la Russie de mettre fin à « sa guerre » et de se retirer sans condition du territoire ukrainien, conformément à la décision juridiquement contraignante de la Cour internationale de Justice, il a ajouté que les préjudices subis par l’Ukraine du fait des violations du droit international par la Russie exigent une réparation intégrale de la part de la Russie.
Le représentant a d’autre part réaffirmé que ceux qui fournissent un soutien matériel à la Russie en subiront les conséquences, indiquant à cet égard que l’Australie a imposé des sanctions aux entités bélarussiennes et iraniennes impliquées dans les efforts de guerre russes. Il a, enfin, assuré que son pays continuerait à soutenir le travail important de la Cour pénale internationale et de la commission d’enquête indépendante des Nations Unies, afin de garantir la redevabilité pour les crimes internationaux commis en Ukraine.
M. JEEM LIPPWE (Micronésie) a noté que voilà un an que l’Assemblée générale a adopté une résolution exigeant un arrêt immédiat des hostilités engagées par la Russie contre l’Ukraine. Depuis, le conflit n’a fait que s’intensifier, accompagné de violations des droit humains contre le peuple ukrainien, a-t-il constaté, jugeant déconcertant que la Russie ignore l’appel de la communauté internationale en faveur de l’arrêt des combats et du retrait de ses forces du territoire de l’Ukraine. Dans ce contexte, il a exprimé sa gratitude aux voisins de l’Ukraine qui continuent de fournir de la nourriture, un logement et une protection aux plus vulnérables. Le projet de résolution présenté aujourd’hui essaie de se tourner vers l’avenir, a souligné le représentant, saluant un texte qui souligne la nécessité de parvenir à une paix globale, juste et durable en Ukraine, conformément aux principes du Charte, et qui réaffirme la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.
Mme SARAH SAFYN FYNEAH (Libéria) a appelé la communauté internationale à démontrer sa volonté à défendre les principes de la Charte des Nations Unies. Elle a déclaré que le monde ne peut rester les bras croisés à ne rien faire devant la guerre en Ukraine, avertissant que la postérité nous jugera. Le respect de la Charte est le moyen de faire face aux problèmes de paix et de sécurité, a-t-elle assuré. Et ne rien faire menace le tissu même des Nations Unies, a-t-elle averti en rappelant que le Libéria est l’un des auteurs du projet de résolution qui sera examiné.
M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam) a déploré les milliards de dollars dépensés pour des guerres alors que les ressources manquent pour la paix, le développement, la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) et l’adaptation aux changements climatiques.
Il a plaidé pour que tous les différends soient résolus par des moyens pacifiques et des solutions globales et durables. C’est pourquoi, le représentant a appelé les parties concernées à reprendre d’urgence le dialogue et les négociations pacifiques pour parvenir à une paix globale, juste et durable en Ukraine, en tenant compte des intérêts et des besoins légitimes des parties, conformément au droit international et à la Charte des Nations Unies. Sur un autre registre, il a demandé instamment à l’ONU, aux États Membres et aux partenaires internationaux de continuer à intensifier l’aide humanitaire pour les personnes touchées par le conflit en Ukraine. Le Viet Nam soutient les efforts et les initiatives internationales, y compris ceux de l’ONU et du Secrétaire général, visant à rassembler toutes les parties, a-t-il assuré.
Dans cet esprit, il a souhaité que les résultats des initiatives en cours, telles que l’Initiative céréalière de la mer Noire, servent de base à la recherche d’une solution globale au conflit.
Pour finir, le représentant a fait part de la disposition de son pays, à contribuer aux efforts diplomatiques ainsi qu’à la reconstruction, au redressement et à l’assistance en Ukraine.
M. LUIS UGARELLI (Pérou) a réaffirmé la position de son pays qui se tient fermement aux côtés de l’Ukraine pour demander une paix juste et durable selon les principes de la Charte des Nations Unies, dans le cadre du respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Il a regretté les conséquences de cette guerre sur la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), déjà mis à mal par la pandémie de COVID-19, et déploré les victimes et l’impact de ce conflit sur la vie des personnes qui ont été et continuent d’être affectées. Seule la paix peut apporter un nouveau lendemain, un nouvel avenir, a-t-il défendu. C’est pourquoi, il a exhorté les parties à le construire et à promouvoir un dialogue pour une paix durable. Pour toutes ces raisons, le Pérou s’est porté coauteur de la résolution, a indiqué le représentant.
Mme JEANETT VEA (Tonga) a appelé, un an après le début de l’invasion de l’Ukraine par son voisin, à rechercher des moyens pacifiques de règlement de ce conflit, tels que les prévoit la Charte des Nations Unies. Il y a 77 ans, a-t-elle rappelé, après avoir vécu les horreurs et les destructions de la guerre, nos prédécesseurs se sont réunis pour établir cette auguste instance, suscitant l’espoir d’une humanité capable de créer, de partager et de sauvegarder une paix durable pour tous. C’est pourquoi nous appuyons le projet de résolution dont nous sommes saisis, a expliqué la représentante, soulignant le fait que les principes de la Charte sous-tendent une paix globale, juste et durable en Ukraine. Dans cet esprit, elle a appelé les parties au conflit à rechercher tous les moyens disponibles pour retourner sur la voie de la diplomatie. « Il n’est jamais trop tard pour revenir à la diplomatie », a-t-elle conclu.
M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) s’est dit profondément préoccupé par la situation en Ukraine et a appelé toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à œuvrer à la cessation des hostilités, afin d’instaurer la paix, la sécurité et la stabilité dans la région. Le représentant a déploré les conséquences de ce conflit sur tous les pays, détaillant son impact sur la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, sur l’inflation ainsi que sur la dette en plus d’une augmentation du niveau de la migration forcée. Voilà une année que le conflit a été déclenché avec ses graves conséquences tant en Ukraine que dans le reste du monde, s’est-il impatienté. Durant cette période, cette Assemblée s’est déjà réunie cinq fois et a adopté par vote un certain nombre de résolutions, a-t-il rappelé. Un an plus tard, « nous n’avons toujours pas trouvé de solution et nous n’en voyons pas non plus en vue », a déploré le représentant. Bien au contraire, a-t-il fait observer, les conséquences négatives de la guerre et des conflits continuent de se répercuter dans le monde entier. Il a donc lancé un appel aux principales parties et à la communauté internationale pour qu’elles se tournent sans plus tarder vers d’autres mécanismes afin de parvenir à un véritable dialogue et une recherche sincère de la paix. Pour finir, il a espéré que la résolution présentée, si elle est adoptée, contribuera à cet effort et ne sera pas utilisée comme une nouvelle étape vers des récriminations et des prises de position qui aggraveraient une situation déjà explosive.
M. VLADIMIR VUČINIĆ (Monténégro) a estimé que le fait qu’un membre permanent du Conseil de sécurité, de surcroît État doté de l’arme nucléaire, ait recouru à la force pour porter atteinte à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de son voisin « devrait glacer le sang de tout le monde ». Avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a-t-il constaté, la paix et la sécurité internationales, sur la réalisation desquelles ont été bâties les Nations Unies, sont gravement menacées, « sans doute dans une mesure jamais vue depuis la Seconde Guerre mondiale ». Face à cette guerre, qui ramène à « l’ère sombre de la force brute dans les relations internationales » et dont les retombées se traduisent par des crises énergétiques, alimentaires et financières à travers le monde, il importe de renforcer le multilatéralisme, a plaidé le représentant. Pour soutenir l’Ukraine et défendre la Charte des Nations Unies, nous devons agir de manière décisive, a-t-il ajouté, précisant que, pour ces raisons, le Monténégro votera en faveur du projet de résolution.
M. TAREK LADEB (Tunisie) s’est inquiété des effets de cette guerre qui a déjà fait de nombreuses victimes et engendré des souffrances pour des millions de citoyens. Il a déploré à cet égard les difficultés auxquelles se heurtent la majorité des pays du monde, en particulier ceux en développement.
S’il a dit apprécier les efforts onusiens et internationaux pour mettre un terme à cette guerre et contenir ses effets, il a regretté néanmoins l’arrêt de toute communication entre les parties au conflit ainsi que l’intensification des opérations militaires, craignant leurs conséquences catastrophiques pour la région et le monde. Or, a-t-il estimé, les solutions militaires ne peuvent jamais résoudre toutes les problématiques. Le délégué a insisté sur le fait qu’il n’y a pas d’alternative au dialogue, aux négociations et aux moyens pacifiques pour le règlement des différends et parvenir à des solutions consensuelles basées sur les principes du droit international et de la Charte des Nations Unies.
La responsabilité collective nous oblige donc à mettre la paix et la sécurité ainsi que la protection des vies en tête de nos priorités et au-delà de tout autre considération, a-t-il plaidé. Le représentant a, en outre, souhaité voir la communauté internationale aborder toutes les questions ayant trait aux souffrances humaines dans le monde, qui se poursuivent depuis des dizaines d’années, comme au Moyen-Orient. Il faut aborder ces questions sur un pied d’égalité, en respectant le caractère inaliénable des droits et les principes du droit international et de la Charte des Nations Unies, a-t-il ajouté.
M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a dénoncé « l’hypocrisie » des Occidentaux qui parlent de paix alors qu’ils envoient des armes en Ukraine. Dans le même temps, ces pays briment les États qui veulent coopérer avec la Russie, a-t-il déploré. Il a encore accusé ces pays de lancer également des attaques contre d’autres États au prétexte de protéger leur sécurité. Il a dit que son propre pays en est victime, alors que ces pays se trouvent à des milliers de kilomètres du sien. Dans la même veine, il a relevé que ces pays ne disent rien quand Israël attaque et bombarde la Syrie. Il les a accusés de faire du deux poids, deux mesures. Venant au projet de résolution, il l’a jugé « pas du tout objectif ». Le délégué a, en revanche, dit soutenir les amendements présentés par le Bélarus qui demande que l’on traite des causes profondes du conflit.
Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a réitéré sa ferme condamnation de l’agression contre l’Ukraine et exhorté la Fédération de Russie à cesser immédiatement l’usage illégitime de la force et les opérations militaires sur le territoire ukrainien. Estimant que la diplomatie et le dialogue restent les seuls moyens d’éviter de nouvelles souffrances, la représentante a exprimé son soutien aux efforts du Secrétaire général et des autres acteurs qui continuent d’œuvrer pour faciliter un compromis constructif entre les parties. Elle a relevé à cet égard que l’Initiative céréalière de la mer Noire a constitué une lueur d’espoir pour ceux qui croient en une solution diplomatique à ce conflit. Alors qu’un an s’est écoulé depuis le début de la guerre et que les attaques contre les populations et les infrastructures civiles se poursuivent, elle a demandé aux parties de permettre un accès sans restriction à toutes les zones peuplées, y compris dans les territoires occupés. Elle s’est par ailleurs prononcée pour la destruction totale des armes nucléaires, qui menacent la planète de destruction. Face à cette guerre catastrophique pour l’Ukraine et son peuple, et dont les conséquences affectent le monde entier, l’Argentine continuera de promouvoir le dialogue et un règlement pacifique, a-t-elle conclu.
Mme ILANA VICTORYA SEID (Palaos) a salué la bravoure, la force et le courage des Ukrainiens, qui ont tenu bon et défendu leur indépendance et leur patrie. La Russie aurait pu envisager une victoire rapide, étant donné sa taille et sa puissance, mais au lieu de cela, dans les ruines pulvérisées du Donbass et dans les abris antibombes, les Ukrainiens se sont forgés à nouveau en une démocratie unifiée et plus résistante, a remarqué la déléguée. Alors que la campagne offensive de la Russie et sa revendication illégitime de souveraineté sur plusieurs régions d’Ukraine ne montrent aucun signe d’apaisement, elle a exhorté les États Membres à approfondir les engagements communs, non seulement pour obtenir une résolution juste du conflit dans laquelle l’intégrité territoriale de l’Ukraine est maintenue, mais aussi une résolution dans laquelle les victimes des nombreuses et graves violations qui ont été commises peuvent obtenir justice et réparation. Si l’Ukraine prospère, il en va de même pour un ordre international fondé sur des règles, et la leçon se répercutera dans le monde entier, a-t-elle argué en espérant que cela soit le prologue d’une paix plus stable. C’est pourquoi, a conclu la représentante, les Palaos voteront en faveur du projet de résolution.
M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a expliqué que son pays a pris des mesures pour soutenir de manière continue le peuple ukrainien. Il a prôné le règlement pacifique de tout différend, dans le respect des normes internationales. Il a encouragé le dialogue entre les parties à cette fin.
M. EVANGELOS SEKERIS (Grèce) a jugé inconcevable que nous soyons ici aujourd’hui pour discuter d’une guerre non provoquée et injustifiée, qui a commencé il y a un an. « Une guerre lancée par la Russie contre l’Ukraine, en pleine violation de la Charte des Nations Unies, du droit international et de tous les principes et valeurs qui nous unissent », a-t-il dit. Face à une telle agression, il a salué le courage et la détermination du peuple ukrainien. Un peuple qui lutte contre une menace à laquelle doit être confrontée la communauté internationale dans son ensemble, a-t-il souligné. Le représentant a assuré que la Grèce continue de fournir une aide humanitaire tant en Ukraine qu’aux réfugiés ukrainiens accueillis dans les pays voisins. Il a ajouté que la Grèce s’est engagée à être présente dans les efforts de reconstruction de l’Ukraine. Une communauté grecque autrefois florissante vivait principalement dans des régions maintenant sous occupation russe, a-t-il souligné en évoquant notamment la ville de Marioupol qui est aujourd’hui une ville fantôme.
Mgr GABRIELE CACCIA, Observateur permanent du Saint-Siège, a appelé d’emblée à ne pas oublier que la paix est possible. Pour cela, les parties doivent être ouvertes au dialogue, a-t-il expliqué. Le pape François, a-t-il rapporté, a lancé un appel du fond du cœur pour que les armes se taisent et pour que les conditions soient réunies en vue de commencer les négociations menant à des solutions consensuelles, et non imposées par la force. Décriant le caractère inhumain de la guerre moderne et ses conséquences sur les enfants notamment, il a aussi jugé répréhensible la tactique qui consiste à traiter les soldats comme des objets de consommation, plutôt que des êtres humains dignes. Le pape a exprimé sa proximité avec les innocents en Ukraine, en évoquant « le martyre de l’agression », a cité le nonce en demandant de s’abstenir d’évacuer des enfants vers un territoire étranger sans motif médical impérieux et accord écrit des personnes qui en ont la charge ou de modifier leur « statut personnel ». Il a aussi plaidé en faveur de la réunification des familles. Le nonce a aussi averti que la guerre visant sans discernement à la destruction de villes entières et de leur population est un crime contre Dieu et contre l’homme lui-même, ce qui mérite une condamnation sans équivoque et sans hésitation. Le Saint-Siège, a-t-il poursuivi, salue la mise en œuvre de l’Initiative céréalière de la mer Noire. Condamnant par ailleurs la menace rhétorique d’utilisation de l’arme nucléaire, il a soutenu les efforts de l’AIEA de créer une zone de protection autour de la centrale de Zaporijia. Il a conclu en appelant à une réforme du système multilatéral, qui respecte le principe de l’égalité de souveraineté des États, et en lançant un appel au dialogue et à la diplomatie.
Pour l’Observateur permanent de l’Ordre souverain de Malte, M. PAUL BERESFORD-HILL, il paraît évident que la guerre ne va pas s’arrêter de sitôt. De ce fait, nous devons renforcer notre soutien humanitaire à l’Ukraine, a-t-il prié. C’est d’ailleurs ce que font l’Ordre souverain de Malte et d’autres organisations caritatives catholiques installées aux frontières du pays, qui apportent un soutien multiforme aux populations affectées. Le délégué a appelé l’humanité à prendre conscience que nous ne pouvons pas nous permettre de mener des guerres alors que nous voulons remporter la bataille du climat et du développement durable.