En cours au Siège de l'ONU

Soixantième session,
Réunions virtuelles - matin & après-midi
SOC/4901

Commission du développement social: appels pressants à des investissements dans l’agriculture durable et les emplois ruraux pour une reprise résiliente 

  Au quatrième jour de sa session 2022, la Commission du développement social a poursuivi, aujourd’hui, sa réflexion sur les moyens de faire reculer la faim et la pauvreté dans le cadre d’une reprise post-COVID-19 inclusive et résiliente en entendant les participants à un forum multipartite centré sur ce thème prioritaire plaider en faveur d’investissements dans l’agriculture durable et la création d’emplois décents, tout particulièrement dans les zones rurales. 

Convaincue que le plein emploi est une garantie d’inclusion et de sécurité commune, la Secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI) a estimé que 575 millions de nouveaux emplois doivent être créés d’ici à 2030.  Selon Mme Sharan Burrow, investir dans des emplois respectueux du climat et élaborer des plans de transition qui prévoient des emplois dans les infrastructures, le transport, l’économie des soins et le passage de l’industrie lourde à des politiques énergétiques et industrielles qui servent les communautés pourrait générer jusqu’à 300 millions d’emplois. 

De même, la création d’emplois dans l’agriculture durable est un bon moyen de renforcer les systèmes agroalimentaires et d’atténuer la faim, a-t-elle assuré, indiquant que 200 millions d’emplois pourraient être créés d’ici à 2050 grâce à la transition vers des pratiques agricoles vertes et plus durables. 

Promouvoir un relèvement résilient suppose de faciliter la création d’emplois dans les zones rurales et semi-urbaines, qui restent très souvent sous-développées, a renchéri la Présidente de la Red Dot Foundation Global.  Pour aider les femmes de ces zones à réaliser leurs aspirations et celles de leurs familles et communautés, Mme Elsa Marie D’Silva a dit voir dans le mentorat un moyen efficace de combler le fossé des connaissances, renforcer la confiance et créer un écosystème de soutien.  

Dénonçant pour sa part un système de production alimentaire facteur de pauvreté, de faim, de malnutrition et de perte de biodiversité, la Secrétaire générale de l’Association des agriculteurs d’Asie pour un développement rural durable a appelé les États Membres à soutenir activement la mise en œuvre de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale 2019-2028.

Mme Esther Pecunia a également jugé crucial d’adopter des approches « agroécologiques », soulignant leur capacité à produire simultanément des revenus plus élevés et un travail décent, des régimes alimentaires plus diversifiés, un environnement plus sain et des systèmes alimentaires plus résilients.  Elle a par ailleurs appelé à financer directement les organisations paysannes afin de les soutenir dans la culture de plantes résilientes au climat, l’irrigation et le stockage et la conservation durable des nourritures.    

Pessimiste quant à l’idée d’une « récupération juste », le Président de l’Alliance coopérative internationale (ACI) a, lui, constaté que le monde est aujourd’hui confronté à une « deuxième pandémie », celle de la pauvreté et de la faim, qui a été aggravée par celle de COVID-19.  Dans ce contexte alarmant, où plus de 64 millions de personnes supplémentaires seront poussées dans la pauvreté cette année, les coopératives ont fourni un effort considérable pour protéger la production alimentaire des petits agriculteurs et maintenir la chaîne d’approvisionnement, a fait valoir M. Ariel Guarco, selon lequel les économies d’échelle ont permis de réduire le nombre d’intermédiaires et donc de maîtriser l’inflation.  « Si les défis sont mondiaux, les solutions doivent être locales », a-t-il souligné.

Avant l’ouverture du dialogue avec les délégations, le fondateur de Red Solidaria a mis l’accent sur la nécessité de prendre en compte les personnes vulnérables dans les politiques de relèvement.  « Le monde postpandémie devra s’occuper des exclus », a soutenu M. Juan Carr, avant d’enjoindre la communauté internationale à maintenir ses efforts sociaux pour venir en aide aux plus pauvres et aux plus marginalisés.  « Cet objectif est atteignable », a-t-il insisté.  

En introduction de ce forum, la Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande a relevé que, « derrière la malnutrition, se cachent la pauvreté, les conflits, les changements climatiques et la dégradation de la biodiversité ».  En 2015, a rappelé Mme Hanna Sarkkinen, le Sommet des Nations Unies sur le développement durable a permis de forger un consensus entre différents acteurs de la chaîne alimentaire.  Il a aussi contribué à orienter les consommateurs vers la pérennisation de régimes alimentaires viables d’ici à 2030, à commencer par la restauration en milieu scolaire, qui est l’un des premiers filets de sécurité sociale dans le monde, a-t-elle ajouté, en invitant les différentes parties prenantes à en tenir compte dans l’optique d’une reprise résiliente.  

La Commission du développement social a repris sa discussion générale dans l’après-midi.  Elle poursuivra ses travaux demain, vendredi 11 février, à partir de 15 heures.

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE - E/CN.5/2022/2

Thème prioritaire: Assurer un relèvement inclusif et résilient après la COVID-19 pour garantir à chaque personne des moyens de subsistance, le bien-être et la dignité: éliminer la pauvreté et la faim sous toutes leurs formes et dans toutes leurs dimensions aux fins de la réalisation du Programme 2030 - E/CN.5/2022/3

Examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation de certains groupes sociaux

Intervention liminaire

Mme HANNA SARKKINEN, Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande, a appelé à mobiliser la volonté et les ressources nécessaires pour lutter contre la malnutrition sous toutes ses formes et a souligné la nécessité de s’attaquer aux moteurs de la faim, rappelant que derrière ce phénomène se cachent la pauvreté, les conflits, les changements climatiques et la dégradation de la biodiversité. 

Soulignant l’importance de fournir des repas scolaires sains et gratuits, elle a indiqué que son pays avait intensifié son soutien pour aider les pays à ramener leurs programmes des repas scolaires aux niveaux d’avant la pandémie et à les étendre.  Le Sommet mondial de l’ONU de 2015, a-t-elle rappelé, a permis de forger un consensus entre différents acteurs de la chaîne alimentaire et d’orienter les consommateurs vers la pérennisation de régimes alimentaires viables d’ici à 2030, à commencer par la restauration en milieu scolaire, qui, a-t-elle ajouté, est le filet de sécurité sociale le plus répandu au monde.  Mme Sarkkinen a ensuite fait savoir que la Finlande et la France travaillent en étroite collaboration avec d’autres États Membres, le Programme alimentaire mondial (PAM) et d’autres partenaires pour créer une coalition mondiale des repas scolaires afin de garantir que chaque enfant reçoive un repas scolaire nutritif et sain d’ici à 2030.  Elle a également souligné l’importance d’investir dans le renforcement de la protection sociale et de l’accès aux services et à l’éducation pour tous, tout en soutenant l’emploi, le travail décent et des conditions de travail équitables. 

La Ministre a également souligné l’importance de concrétiser pleinement les droits des femmes et des jeunes filles en évitant les entraves systémiques qui les empêchent de parvenir à un équilibre entre leur vie de famille et leur vie professionnelle, plaidant en outre pour le renforcement des services et des droits sexuels et reproductifs.  « La lutte contre la pauvreté et la faim et la sécurité alimentaire n’aboutiront pas sans la justice sociale et l’égalité des sexes », a-t-elle déclaré.

Panélistes

Mme SHARAN BURROW, Secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI), a souligné que l’augmentation de la pauvreté et de la faim est directement liée à la perte massive d’emplois et de revenus provoquée par la pandémie de COVID-19.  Pour les femmes, a-t-elle relevé, la perte de revenu a atteint quelque 800 milliards de dollars.  En conséquence, l’informalité, qui représente 60% de la main-d’œuvre mondiale, a augmenté dans tous les pays, de même que la violence sexiste.  Dans ces conditions, Mme Burrow a estimé que le monde a besoin d’un nouveau contrat social basé sur les ODD, en particulier l’ODD 8 qui est, selon elle, la clef de la sécurité sociale et économique.  Avec ses cibles sur l’emploi, la protection sociale des travailleurs, le travail décent, la croissance inclusive et la préservation de l’environnement, l’ODD 8 offre un effet de levier important pour d’autres objectifs, a-t-elle affirmé, notant que les niveaux d’emploi, de salaires et de protection sociale sont essentiels dans la lutte contre la pauvreté, la faim et les inégalités. 

Convaincue que le plein emploi est une garantie d’inclusion et de sécurité commune, la Secrétaire générale de la CSI a souhaité que 575 millions de nouveaux emplois soient créés d’ici à 2030.  D’après elle, il faut pour cela investir dans des emplois respectueux du climat et élaborer des plans de transition qui prévoient des emplois dans les infrastructures, le transport, l’économie des soins et le passage de l’industrie lourde à des politiques énergétiques et industrielles qui servent les communautés.  La combinaison peut générer jusqu’à 300 millions d’emplois, a assuré Mme Burrow.  De même, la création d’emplois dans l’agriculture durable peut renforcer les systèmes agroalimentaires et atténuer la faim, a-t-elle poursuivi, indiquant que, selon la FAO, 200 millions d’emplois pourraient être créés d’ici à 2050 grâce à la transition vers des pratiques agricoles vertes et plus durables.  Dans ce cadre, il est essentiel que la reprise permette la création d’emplois décents, ce qui implique que les gouvernements se conforment aux droits humains et au droit du travail, tout en faisant respecter la responsabilité des entreprises.  Il importe également, selon elle, que les gouvernements accordent la priorité aux systèmes de protection sociale universelle, conformément aux normes de l’OIT.  En outre, a-t-elle ajouté, il convient de réfléchir à la création d’un fonds mondial de protection sociale pour aider les pays plus pauvres à construire des systèmes durables réalisant de réels progrès sur les ODD 1 et 2. 

Pour concrétiser ces priorités, les sources de financement sont disponibles, a assuré Mme Burrow.  Mais nous avons besoin de plus de coopération pour faire reculer l’austérité, a-t-elle expliqué, saluant à cet égard les recommandations du rapport du Secrétaire général sur la lutte contre l’évasion et la fraude fiscales, l’intensification de la coopération fiscale internationale, les engagements en matière d’APD, la réattribution des droits de tirage spéciaux et le renforcement de l’allègement de la dette.  De plus, la prospérité économique doit permettre d’offrir un salaire minimum vital aux travailleurs et d’éliminer l’écart de rémunération entre les sexes.  Enfin, la Secrétaire générale de la CSI a plaidé pour une reprise solidaire qui ouvre la voie à un partage de la prospérité.  Soulignant l’importance du dialogue social pour parvenir à des réponses inclusives et efficaces, elle a rappelé que, depuis le début de la pandémie, les syndicats collaborent avec les organisations d’employeurs et les gouvernements pour amortir les effets de la crise sur la vie, les emplois et les revenus des personnes.  Il est urgent, à présent, que les « échecs multilatéraux », notamment le nationalisme vaccinal, soient résolus, a-t-elle conclu. 

Mme ESTHER PENUNIA, Secrétaire générale de l’Association des agriculteurs d’Asie pour le développement rural durable, a indiqué que les exploitants familiaux représentent 90% des agriculteurs et produisent 80% de la nourriture dans le monde, précisant en outre que les petites familles agricoles représentent 84% des exploitants familiaux.  Elle a dénoncé le système de production alimentaire actuel qui, dominé par les capitalistes et les grandes entreprises, a engendré la pauvreté, la faim, la malnutrition, la perte de biodiversité et la dégradation de l’écosystème.  Afin de favoriser des systèmes alimentaires durables, elle a appelé à appuyer la mise en œuvre de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale (2019-2028) qui fournit un cadre pour aider les pays à développer des politiques publiques et mobiliser des investissements fondés sur les droits afin de soutenir l’agriculture familiale dans une perspective holistique.  La Décennie tire parti du potentiel unique des agriculteurs familiaux pour promouvoir des changements transformateurs dans les systèmes alimentaires afin d’atteindre les ODD, notamment en identifiant des liens, en priorisant l’action et en habilitant des millions d’agriculteurs familiaux, a-t-elle indiqué.  

Mme Penunia a également recommandé d’intégrer des approches plus agroécologiques, qui, a-t-elle affirmé, peuvent simultanément assurer des revenus plus élevés et un travail décent, des régimes alimentaires plus sains et plus diversifiés, un environnement plus sain, une augmentation du puits de carbone.  Elles favorisent également des systèmes alimentaires plus résilients et durables dans lesquels producteurs et consommateurs sont responsabilisés et mieux connectés les uns aux autres.  La Secrétaire générale a ensuite plaidé pour un financement direct des organisations paysannes et leur inclusion dans les structures de gouvernance et de mise en œuvre des institutions de financement.  S’appuyant sur les chiffres du rapport CERES 2030, elle a appelé à investir entre 14 et 19 milliards de dollars par an dans les associations d’agriculteurs, pour permettre aux petits exploitants de travailler ensemble, offrir une formation aux jeunes, et promouvoir la culture de plantes résilientes au climat, l’irrigation ainsi que le stockage et la transformation durable des récoltes.

M. ARIEL GUARCO, Président de l’Alliance coopérative internationale (ACI), a décrété que le monde est confronté à une deuxième pandémie, celle de la pauvreté et de la faim, qui a été aggravée par celle de la COVID-19.  Plus de 64 millions de personnes de plus seront poussées dans la pauvreté cette année, selon les estimations de l’ONU, a fait observer l’intervenant, en anticipant que l’idée d’une récupération juste, où personne ne serait laissée pour compte, paraît de plus en plus lointaine.  Dans ce contexte, a-t-il indiqué, les coopératives ont fourni un effort considérable ces dernières années pour protéger la production alimentaire des petits agriculteurs et maintenir la chaîne d’approvisionnement grâce à des économies d’échelle qui ont permis de réduire le nombre d’intermédiaires, et donc de maîtriser l’inflation jusqu’à un certain point.  M. Guarco a également souligné le travail accompli par l’Alliance avec la FAO pour mettre en valeur la contribution des coopératives dans la lutte contre la faim.

Mme ELSA MARIE D’SILVA, Présidente de Red Dot Foundation Global, a indiqué que sa structure travaille sur les questions d’égalité des sexes, de sécurité et de justice.  Par le biais de sa plateforme technologique Safecity, la fondation s’emploie à combler le manque de données dans les signalements de violence sexuelle et sexiste.  En outre, elle fournit aux communautés et aux institutions des informations pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles.  Notant à cet égard que la pandémie de COVID-19 a eu un effet différencié sur les hommes, les femmes « et les autres genres », elle a souligné l’impact disproportionné subi par les femmes, du fait de l’augmentation de la violence domestique, de l’intimidation et du harcèlement en ligne, mais aussi des pertes d’emploi et de la part accrue du travail de soins.  

Dans l’optique d’une reprise inclusive et résiliente, Mme D’Silva a évoqué certains enseignements tirés des programmes de sa fondation en Inde.  Elle a tout d’abord estimé que, pour lutter efficacement contre la violence à l’égard des femmes, des investissements sont nécessaires pour éduquer sur les droits, les préjugés inconscients et l’importance des témoignages.  Il importe aussi de créer des foyers d’accueil et des centres d’intervention en cas de crise, a-t-elle préconisé, avant d’en appeler à des investissements supplémentaires en matière de lignes d’assistance téléphonique, de centres de conseil, et de cercles d’écoute et d’éducation sur la santé mentale dans les écoles et les collèges. 

Pour Mme D’Silva, il est également essentiel de faciliter la création d’emplois dans les zones rurales et semi-urbaines, qui restent souvent sous-développées.  Pour aider les femmes de ces zones à réaliser leurs aspirations et celles de leurs familles et communautés, le mentorat est un moyen efficace de combler le fossé des connaissances, de renforcer la confiance et de créer un écosystème de soutien, a-t-elle assuré.  Enfin, elle a souhaité que les jeunes puissent bénéficier d’une plateforme pour participer activement au développement social.  Ce faisant, « nous encourageons la citoyenneté active, le leadership responsable et la sensibilité interculturelle ». 

M. JUAN CARR, entrepreneur social et fondateur de Red Solidaria, a exhorté à prendre en compte les personnes vulnérables dans les politiques de relèvement post-COVID-19.  Le monde postpandémie devra s’occuper des exclus, a insisté le panéliste qui a demandé à réfléchir sur la façon dont le monde s’occupera des personnes marginalisées.  Les pays ont réussi à transcender leurs différences pour établir un réseau mondial de riposte contre la COVID-19, et il importe à présent de déterminer par quel moyen maintenir ce réseau pour aider les plus pauvres et les plus marginalisés.  Cet objectif est atteignable, a assuré M. Carr déplorant toutefois le peu de réunions consacrées aux plus exclus.  Il doit cependant bien y avoir une façon de venir en aide aux plus pauvres, de réunir les forces, de renforcer les connexions, et de renforcer ce réseau mondial pour aider les plus marginalisés, a estimé le panéliste.

Dialogue interactif

Suite à l’intervention des panélistes, le représentant de la Chine a souligné que, dans son pays, les infrastructures et les portefeuilles numériques ont permis l’acheminement dans les grandes villes de produits issus des campagnes, et donc de rapprocher agriculteurs et consommateurs.  Il s’est ensuite intéressé aux mécanismes capables d’exploiter le potentiel des régions les moins développées. 

Quelles mesures pourraient être prises pour mettre en œuvre des approches éthiques sur le plan professionnel, a souhaité savoir l’ONG Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur qui s’est aussi intéressée aux partenariats avec les communautés locales et leur impact sur les salaires et les systèmes de protection sociale décents.  Existe-t-il des exemples de politiques sociales particulièrement inclusives pour remédier à la faim et à la pauvreté, s’est enquis le Portugal

La Secrétaire générale de la CSI a regretté qu’il n’y ait pas encore assez de chefs d’entreprises qui s’engagent en faveur d’une protection sociale et de salaires décents, ainsi que du respect des droits de la personne.  Aussi est-il nécessaire de mettre davantage en valeur les compagnies qui ont eu ce courage, ou qui ont accepté de changer de modèle économique. 

À la représentante de l’Argentine, qui avait souhaité savoir s’il existait des exemples de partenariats pour appuyer la lutte contre la pauvreté, la Secrétaire générale de l’Association des agriculteurs d’Asie pour un développement rural durable a cité les Philippines, où une réforme agraire a été adoptée en 1988, « deux ans après le renversement du dictateur ».  Avant cette loi, de nombreux exploitants n’étaient pas les propriétaires des terres qu’ils cultivaient, 70% des revenus revenant aux propriétaires.  Aujourd’hui, une formation juridique est dispensée aux agriculteurs pour leur donner la possibilité d’avoir accès aux terres, doublant leurs revenus, a précisé Mme Penunia.   

Pour ce qui est de la solidarité internationale nécessaire pour mettre en place des mesures concrètes dans le contexte de la pandémie, la Présidente de Red Dot Foundation Global a appelé à améliorer l’inclusion des travailleurs ruraux, citant l’exemple de l’Inde où le Gouvernement a lancé un mode de paiement numérique pour les personnes nécessiteuses et mis en œuvre un programme d’aide pour les travailleurs migrants et de distribution de médicaments.  Des mesures d’atténuation des catastrophes ont aussi été entreprises dans le cadre d’une coalition « public-privé ». 

« Si les défis sont mondiaux, les solutions doivent être locales », a souligné le Président de l’ACI, notant que chaque communauté doit trouver les solutions qui lui conviennent.  Il a plaidé pour un modèle de développement plus démocratique dans lequel le système financier serait au service du développement local et financerait des projets locaux.  Il faut également raccourcir la chaîne d’approvisionnement et la rendre plus éthique, car vendre 10 fois plus cher le produit d’un agriculteur local n’est pas viable pour cet agriculteur, a-t-il indiqué, mettant en avant le rôle des coopératives et des centres d’achats qui collaborent avec des producteurs familiaux en Argentine.  

Appelant à faire preuve d’empathie envers les personnes exclues, le fondateur de Red Solidaria a plaidé pour la création d’un réseau mondial de solidarité qui inclut les gouvernements, utilise les technologies de l’information et des communications (TIC), et serve de porte-voix pour les personnes privées de moyens de communication.  Il faut faire émerger des solutions concrètes, aller à la rencontre de l’autre, a-t-il insisté avant d’appeler de nouveau à la création d’un réseau pour venir en aide aux personnes en difficulté, aux chômeurs et aux marginaux.

Discussion générale

Au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, le Samoa a rappelé que la pandémie a aggravé les défis auxquels faisaient déjà face les petits États insulaires en développement (PEID), notamment en raison des fermetures de frontières qui ont durement affecté les économies et les moyens de subsistance.  Alors que la réouverture reste problématique, nous comptons aujourd’hui des cas de COVID-19 sur nos territoires, a alerté la délégation, appelant à l’envoi d’un aide médicale et alimentaire d’urgence dans l’archipel des Tonga et les Îles Salomon.  Selon elle, la mobilisation de financement pour le relèvement des PEID devrait être prioritaire afin que ces États fragiles n’aient pas à choisir entre la réponse à la pandémie et la réalisation des ODD.  À cette fin, elle a plaidé pour l’octroi aux PEID de financements à des conditions avantageuses et pour un allègement de leur dette.  Jugeant nécessaire à cet égard que les institutions financières internationales adoptent un indice de vulnérabilité, elle a appelé à un soutien accru du système multilatéral aux PEID en vue de la mise en œuvre effective du Plan d’action de la Barbade et des Orientations de Samoa.   

Mme VINDHYA PERSAUD, Ministre des services humains et de la sécurité sociale du Guyana, a indiqué que son pays a été touché en 2021 par de graves inondations, qui ont aggravé les conséquences de la pandémie.  Les prix des produits de base ont augmenté, frappant de plein fouet les populations les plus vulnérables.  Elle a précisé que l’égalité entre les genres et l’inclusion sociale sont au cœur de la stratégie de développement de son pays.  La Ministre a ainsi cité les programmes spécialisés mis sur place au bénéfice des personnes handicapées.  Des effets concertés ont été consentis pour que les jeunes participent pleinement aux efforts de développement, a-t-elle fait savoir avant de souligner que le relèvement requiert une approche holistique, inclusive, rapide et responsable en vue de la mise en œuvre du Programme 2030.

Offrant un aperçu des récents développements dans son pays, Mme AICHA NANETTE CONTE, Ministre de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables la Guinée a déclaré que les autorités de transition avaient adopté un plan pour le rétablissement de l’État et engagé des efforts de relance, en plaçant la problématique du développement social en leur centre.  Le Gouvernement a en outre signé des documents pour mettre fin à la violence contre les enfants et les femmes, et adopté des lois et un cadre juridique pour la protection des personnes handicapées, y compris celle qui sont atteintes d’albinisme.  Après avoir été aux prises avec la pandémie, la Guinée se porte bien, a assuré la Ministre, mais la crise sanitaire a eu un impact profond sur les populations vulnérables.  Pour y remédier, elle a indiqué que le Gouvernement intensifie ses efforts, depuis le renforcement du fonds de lutte contre la pauvreté jusqu’à la mise en œuvre de projets ciblés pour le redressement postpandémie. 

Mme IWONA LULA, Ministre de l’égalité des sexes, de l’enfance et de la protection sociale du Libéria, a relevé que les chocs économiques ont été exacerbés par la pandémie.  Près de 3% de la population au Libéria est ce que l’on appelle des « pauvres muldimensionnels », dont de nombreuses femmes, a-t-elle déclaré.  La Ministre a indiqué que son pays se relève progressivement, avec un accès plus équitable aux systèmes de protection sociale et un soutien renforcé aux agriculteurs.  Elle a aussi mentionné les efforts accrus pour remédier aux violences à caractère sexuel, évoquant la finalisation d’un projet de loi interdisant les excisions.  Enfin, la Ministre a déclaré que son pays a besoin d’un soutien pour éradiquer la pauvreté.

M. CARLOS LEAL TELLERÍA, Ministre du pouvoir populaire pour l’alimentation du Venezuela, a jugé essentiel de promouvoir une éducation nutritionnelle et une sensibilisation à l’impact des modèles alimentaires imposés par les grandes entreprises, qui, a-t-il affirmé, menacent l’essence culturelle et l’histoire de nombreux peuples, ainsi que la durabilité alimentaire, l’objectif de « faim zéro » et la durabilité des milieux naturels.  Le Ministre a dénoncé l’imposition illégale de « mesures coercitives unilatérales cruelles et inhumaines contre plus de 30 millions de Vénézuéliens » qui entravent les efforts du Gouvernement et l’accès aux fournitures et services de base.  Il a ensuite demandé à toutes les instances internationales de se joindre à la campagne en faveur de la levée complète et immédiate de ces sanctions. 

Mme MARIA INES CASTILLO, Ministre du développement social de Panama a affirmé que son Gouvernement a maintenu tout au long de la pandémie des dispositifs de lutte contre la pauvreté et les inégalités, notamment au travers son « plan de la ruche », qui vise à accélérer la mise en œuvre des ODD.  Cette stratégie d’intervention territoriale, a expliqué la Ministre, s’appuie sur une offre multisectorielle articulée avec le soutien des gouvernements et des communautés locales.  Le Gouvernement national a également garanti un socle de protection sociale par le biais de son plan « Panama Solidario » et s’est employé à bâtir des systèmes alimentaires durables, qui sont soucieux du développement humain de la population, a-t-elle souligné, ajoutant qu’une reprise résiliente et durable postpandémie nécessitera de contrôler la COVID-19 à court et moyen terme.  À cet égard, elle a indiqué que le plan de vaccination national a pour l’heure permis d’administrer sept millions de doses de vaccin.

Mme DONNA COX, Ministre du développement social et des services familiaux de Trinité-et-Tobago, a souligné que la pandémie avait conduit son gouvernement à renforcer les filets de protection sociale et à subventionner revenus et salaires.  Il a par ailleurs œuvré à la numérisation des services sociaux pour contribuer à l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes.  Et des changements transformateurs de ces services sociaux ont par ailleurs été entrepris, en veillant à ce qu’ils soient délivrés par l’entremise d’un seul guichet, a-t-elle ajouté.  En tant que petit État insulaire en développement, Trinité-et-Tobago est particulièrement sensible aux changements climatiques, a ensuite relevé la Ministre, qui a fait valoir les stratégies d’adaptation qui faciliteront la résilience de son économie.  Enfin, a-t-elle indiqué, le Gouvernement a continué d’établir un développement via une stratégie nationale de réduction de la pauvreté, déterminé à éliminer la pauvreté multidimensionnelle.

Mme ANNE SPIEGEL, Ministre des affaires familiales, des personnes âges, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne, a fait part des efforts de son gouvernement pour aider les enfants et les jeunes à rattraper les jours d’enseignement manqués pour cause de pandémie et à retrouver des liens sociaux.  Elle a fait état d’un programme d’action de deux milliards d’euros et du versement d’une allocation familiale de base destinée à aider le plus grand nombre d’enfants possible.  La Ministre a ensuite cédé la parole à deux délégués de la jeunesse qui ont mis l’accent sur l’exclusion dont souffrent les jeunes vivant en milieu rural et sur la nécessité d’associer tous les jeunes aux politiques qui les concernent afin de faire d’eux des agents du changement social, de la croissance économique et de l’innovation technologique.

M. AHMED ADAM BAKEET, Ministre du développement social du Soudan, a indiqué que son gouvernement s’efforce de mettre en œuvre les accords de paix, de faire tourner l’économie et de réaliser le Programme 2030 en mettant l’accent sur la lutte contre la faim et la pauvreté et la protection des déplacés, des femmes et des enfants.  S’agissant du relèvement postpandémie, le Gouvernement vient en aide aux familles nécessiteuses grâce à des programmes de transfert d’argent et d’aides en nature dont ont pu bénéficier 570 000 ménages.  Un fonds de retraite a été établi de même qu’une politique de couverture sanitaire et un plan de lutte contre la violence en collaboration avec les institutions financières.  Le Ministre a également fait état d’actions en faveur des éleveurs, tout en soulignant que son gouvernement a besoin de l’assistance internationale.

Mme HESSA BINT ESSA BUHUMAID, Ministre du développement communautaire des Émirats arabes unis, a indiqué que son gouvernement a adopté un plan de développement économique fondé sur 33 initiatives pour faire face à la nouvelle situation économique dans le contexte de la pandémie.  Elle a expliqué que son pays a consacré 30 milliards de dirhams pour soutenir 13 500 petites, moyennes et grandes entreprises, créant 25 000 emplois.  Le Gouvernement a également distribué plus de 2 000 tonnes de matériel médical à un total de 117 pays et envoyé des équipes sanitaires en Sierra Leone, au Liban, en Jordanie et au Turkménistan.  Elle a aussi indiqué que les Émirats arabes unis ont contribué 10 millions de dollars à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en 2021.  Notant que la pauvreté est la conséquence de la conjugaison de nombreuses causes, la Ministre a aussi fait part des efforts de son pays pour investir dans l’éducation.      

M. LOBIN CLARKE LOWE, Ministre de l’agriculture du Malawi, a indiqué qu’en 2021, 161 millions de personnes dans le monde ont souffert d’une insécurité alimentaire aigue, soit une augmentation de 4% par rapport à 2020.  Il a ensuite détaillé les politiques mises en place par son pays pour se relever de la pandémie, y compris le renforcement de la campagne vaccinale, l’embauche de personnel de santé supplémentaire et le développement du commerce électronique.  Malheureusement, nos efforts ont été mis à mal par les conséquences dévastatrices du cyclone Ana qui a frappé le Malawi en janvier de cette année, a déploré le Ministre.  Rappelant les liens entre changements climatiques, sécurité alimentaire et pauvreté, il a plaidé pour une coopération internationale et régionale renforcée pour un relèvement en mieux.

Mme ESTELA GUZMÁN DE TEJADA, Vice-Ministre du développement rural de la République dominicaine, a plaidé pour un relèvement inclusif afin d’éliminer la pauvreté et de réaliser les ODD.  Elle a évoqué les difficultés d’approvisionnement en matières premières de son pays, s’inquiétant en outre de la hausse du prix des denrées alimentaires.  Elle a ensuite détaillé les grands axes de la politique agricole et de consommation de la République dominicaine, dont un soutien renforcé aux petites exploitations familiales, le forage de nouveaux puits, un meilleur usage de l’eau ou bien encore la promotion de modes de consommation durables.  Enfin, elle a insisté sur l’importance d’une pleine participation des jeunes et d’un bon relèvement au plan régional.

M. ENRIQUE FERNANDO SANTIAGO ROMERO, Secrétaire d’État en charge du Programme 2030 de l’Espagne, a déclaré que l’engagement de son pays en faveur des ODD a guidé les mesures adoptées par le Gouvernement espagnol pour faire face aux effets de la COVID-19, évoquant la mise en place d’un « bouclier social » qui a permis d’aider les personnes les plus vulnérables au plus fort de la crise.  Notre conviction est que les pays qui ont pris de telles mesures se rétabliront mieux en protégeant leur économie et leur système de protection sociale, a indiqué le Secrétaire d’État.  Dans le cadre de ce « bouclier social », a-t-il ajouté, le Gouvernement a également soutenu l’emploi et le tissu productif via des subventions aux PME et aux travailleurs indépendants.  Il envisage à présent de pérenniser certaines de ses mesures d’urgence, notamment le « revenu minimum vital » réservé aux personnes sans aucun revenu et l’interdiction des expulsions pour ceux qui n’ont pas d’alternative en matière de logement.

M. PAULINO FRANCO DE CARVALHO NETO, Secrétaire à la souveraineté nationale et à la citoyenneté du Brésil, a expliqué qu’au plus fort de pandémie, son gouvernement, qui a vacciné 70% de la population, a fourni une aide d’urgence par le biais de transferts monétaires mensuels pouvant atteindre 60% du salaire minimum, une prestation dont ont pu bénéficier 70 millions de personnes en situation de vulnérabilité, soit environ un tiers de la population brésilienne.  Il a aussi indiqué que le programme Bolsa Família avait été remplacé par le programme Auxílio Brasil à la fin de 2021, faisant passer le nombre de bénéficiaires de 14,7 millions à 16,9 millions de familles, avec une prestation moyenne réajustée de 20%.  Il a précisé que cette nouvelle initiative intègre des programmes publics, simplifie le panier de prestations et favorise l’autonomisation des familles.  Le Gouvernement fédéral a également encouragé les dons aux banques alimentaires par des incitatifs fiscaux, adopté une nouvelle politique de lutte contre le gaspillage alimentaire qui favorise les dons de surplus de nourriture et mis en place un ensemble de mesures de relance d’une valeur de plus de 221 milliards de dollars. 

Le représentant de la Colombie a expliqué que, face à la pandémie, son gouvernement avait décidé de mettre en place des actions rapides de solidarité nationale et d’apporter des aides financières aux étudiants pour les aider à suivre leur cursus, pour un montant de trois milliards de pesos.  Il a également fait état d’un programme de revenus solidaires et d’un autre relatif à la TVA pour atténuer les incidences économiques de la pandémie.  Plusieurs programmes d’investissements ont également été mis en place à l’initiative de la présidence colombienne, dans le cadre des efforts de réduction de la pauvreté, sous la forme du renforcement des capacités des entreprises et de la sécurité alimentaire, a précisé la délégation, en se félicitant à cet égard du soutien apporté par le système des Nations Unies. 

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