ECOSOC: le forum politique de haut niveau entend les messages des régions et réfléchit aux moyens de faire face aux crises en vue d’accélérer la réalisation des ODD
Le forum politique de haut niveau, organisé sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), a entendu aujourd’hui les messages des régions et de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, avant de tenir une table ronde ministérielle sur les moyens de surmonter les crises actuelles. Onze pays ont présenté leur examen national volontaire.
Cette longue séance de travail a débuté dans la matinée avec la présentation des rapports d’activité des présidents des forums régionaux sur le développement durable. La Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe (CEE), également Coordonnatrice des cinq Commissions régionales des Nations Unies, a relevé qu’au-delà des crises multiples, les problèmes structurels à plus long terme ne disparaissent pas, qu’il s’agisse de la pauvreté, des inégalités, des changements climatiques ou de la perte de la biodiversité. Les régions, a fait valoir Mme Olga Algayerova, représentent une part importante de la solution.
Les cinq forums régionaux des Nations Unies sur le développement durable permettent ainsi aux gouvernements, aux partenaires régionaux du système onusien et aux autres parties prenantes de discuter des politiques innovantes s’agissant de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), a-t-elle expliqué, cédant ensuite la parole aux présidents des forums d’Asie-Pacifique, d’Europe, d’Amérique latine et des Caraïbes, d’Afrique et de la région arabe.
La responsable du forum Asie-Pacifique sur les femmes, le droit et le développement a confirmé que le monde n’est pas en bonne voie pour atteindre les ODD d’ici à 2030, la pandémie ayant mis au jour des problèmes systémiques qui se traduisent par une régression dans plusieurs régions. Au rythme actuel, la région d’Asie-Pacifique ne pourra réaliser les ODD avant 2065, a averti Mme April Porteria, appelant de ses vœux la multiplication des espaces de mobilisation des ressources financières, une plus grande participation du public et des approches fondées sur l’inclusivité, la justice et la solidarité, pour ne laisser personne de côté.
Le dialogue interactif qui a suivi a offert aux secrétaires exécutifs des cinq Commissions économiques régionales des Nations Unies l’occasion d’apporter leur éclairage. Celui de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) s’est ainsi félicité de ce que, malgré l’accumulation de crises, un grand nombre d’États investissent dans les réformes socioéconomiques, la connectivité, l’atténuation des changements climatiques et la transition à l’énergie verte. Sans marge de manœuvre budgétaire, les pays en développement n’iront pas loin en matière d’ODD, a toutefois averti son homologue de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), pour qui il est primordial d’aider ces pays à garantir leur sécurité alimentaire, leur transition énergétique et leur adaptation climatique.
La Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) a rappelé que sa région fait face à une crise de la dette, de l’inflation et des inégalités. Elle a également souhaité que la communauté internationale assume ses responsabilités en matière d’assistance climatique, sa région étant l’une des plus touchées par le réchauffement de la planète alors qu’elle n’émet que très peu de dioxyde de carbone. Il faut créer un marché du carbone dans les 16 pays du bassin du Congo, a renchéri la représentante de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), arguant que les pays qui émettent le plus de CO2 ne contribuent pas assez aux efforts d’adaptation et d’atténuation. Nous n’arriverons pas au ODD si nous ne parvenons pas à concilier croissance économique et protection de l’environnement, a soutenu la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe (CEE), qui a invité les États à créer des synergies pour hâter le pas.
Le forum politique a ensuite pris connaissance des recommandations de la sixième session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, présentées par sa Présidente, Mme Leila Benali, Ministre de la transition énergétique et du développement durable du Maroc. Le forum a aussi entendu 11 pays présenter leur examen national volontaire, à savoir l’Érythrée, le Gabon, la Grenade, les Pays-Bas, Andorre, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, la Jordanie, le Kazakhstan, le Sénégal et le Soudan.
La séance s’est achevée en fin d’après-midi par une table ronde ministérielle intitulée « Accélérer la réalisation des ODD d’ici à 2030: faire face aux crises en cours et surmonter les défis ».
Le forum politique de haut niveau poursuivra ses travaux demain, vendredi 15 juillet, à partir de 9 heures. Il devrait les conclure par l’adoption d’une déclaration ministérielle.
RÉUNION MINISTÉRIELLE DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL
Messages des régions
Le forum politique de haut niveau a entendu les rapports d’activité des présidents ministériels des forums régionaux sur le développement durable, avant de procéder à une discussion interactive avec les secrétaires exécutifs des cinq commissions régionales des Nations Unies.
En ouverture de cette séance, Mme OLGA ALGAYEROVA, Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe et Coordonnatrice des Commissions régionales, a noté qu’au-delà des crises multiples que connaît le monde, de la pandémie de COVID-19 à la guerre en Ukraine, les défis structurels à plus long terme ne disparaissent pas, qu’il s’agisse de la pauvreté, des inégalités, des changements climatiques ou de la perte de biodiversité. Tout cela a laissé une brèche dans notre trajectoire pour atteindre les ODD, a-t-elle constaté, estimant que les régions représentent une part importante de la solution pour relever les défis immédiats et à plus long terme, au travers d’efforts déployés aux niveaux local, national, sous-régional et mondial. Nos cinq forums régionaux sur le développement durable sont des plateformes essentielles pour les gouvernements, les partenaires régionaux du système des Nations Unies et les autres parties prenantes pour identifier les goulots d’étranglement et discuter des politiques innovantes en matière d’ODD, a-telle fait valoir, avant de céder la parole aux présidents ministériels des forums régionaux sur le développement durable.
Au nom du forum de l’Asie-Pacifique, M. DON PRAMUDWINAI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, s’est félicité que plusieurs instances intergouvernementales et composantes des Nations Unies aient participé au neuvième forum organisé en mars à Bangkok. Les délibérations, a-t-il dit, ont montré que les pays de la région, soutenus par la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), participent à un effort concerté pour reconstruire en mieux et transformer les défis en occasions à saisir. Elles ont également fait apparaître que les pays en développement ont besoin de plus de soutien pour se remettre en bonne voie vers les ODD. Le forum a par ailleurs réaffirmé l’importance de la protection sociale, de l’éducation de qualité, de l’égalité des genres, de l’atténuation des changements climatiques et des investissements dans l’économie bleue et verte. Le Vice-Premier Ministre a insisté sur l’importance des partenariats, indiquant que le forum a particulièrement salué celui entre le Bureau Asie et Pacifique (APAC) et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Selon lui, des outils régionaux comme le Centre de l’ASEAN pour le développement durable sont utiles pour soutenir la mise en œuvre du Programme 2030 au niveau régional. Enfin, il a souhaité que l’expertise des Commissions régionales, à commencer par la CESAP, soit davantage prise en compte par l’ECOSOC pour développer des approches régionales en faveur des ODD.
Pour l’Europe centrale et orientale, M. EDIL BAISALOV, Vice-Président du Conseil des ministres du Kirghizistan, a indiqué que les gouvernements de la région ont réaffirmé leur attachement au Programme 2030 lors du forum régional qui s’est tenu à Genève en avril. Les participants ont souligné qu’il ne peut y avoir de développement durable sans paix, et pas de paix sans développement durable, a-t-il souligné, avant de plaider pour une accélération dans la mise en œuvre des ODD. Cela implique, selon lui, des approches systématiques et des réponses politiques intégrées, car les problèmes ne peuvent être résolus isolément. Les initiatives de relance à court et moyen terme doivent être alignées avec des objectifs de développement durable à long terme, a-t-il souligné, appelant à l’établissement de synergies à tous les niveaux et à un renforcement du système multilatéral, conditions sine qua non pour espérer atteindre les ODD.
Président de la cinquième session du forum de l’Amérique latine et des Caraïbes organisée en mars dans son pays, M. ARNOLDO ANDRE TINOCO, Ministre des affaires étrangères et du culte du Costa Rica, a précisé que 33 pays ont participé à cette session, qui s’est concentrée sur l’aide aux plus vulnérables. Parmi les propositions qui ont émané de ce forum, il a cité le renforcement du multilatéralisme en matière de financement du développement, l’amélioration des mesures environnementales, l’accroissement de la résilience des institutions et la recherche de nouveaux moyens de règlement des conflits. Il a noté que son pays a mis l’accent sur la nécessité de promouvoir des programmes de financement novateurs et de développer la coopération internationale pour le développement. Rappelant que la crise liée à la pandémie a entraîné une chute de 6,8% du PIB régional, il a plaidé pour une révision des conditions d’accès aux financements, notamment pour les pays à revenu intermédiaire.
Au nom de la région Afrique, M. UZZIEL NDAGIJIMANA, Ministre des finances et de la planification économique du Rwanda, a évoqué les tendances qui ont émergé du forum régional qui s’est tenu en mars à Kigali. Il a notamment cité la pénurie de vaccins contre la COVID-19, qui freine la mise en œuvre du Programme 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, l’importance de la lutte contre les flux financiers illicites, estimé à 88 milliards de dollars par an, l’inégalité climatique pour un continent qui a une faible empreinte carbone et la nécessité d’investir dans l’éducation, la science, la technologie et l’innovation. En vue du relèvement post-pandémie, a-t-il dit, le forum a appelé la communauté internationale à accroître la disponibilité des vaccins dans la région. Il a également souhaité que les pays africains mettent en œuvre des politiques budgétaires qui soutiennent l’économie verte et l’action climatique. Enfin, après avoir invité les parties au Pacte climatique de Glasgow à établir un prix du carbone raisonnable, aligné sur l’Accord de Paris, pour permettre aux pays africains de tenir leurs engagements climatiques tout en accélérant la réalisation des ODD, il a rappelé aux pays développés l’engagement qu’ils ont pris de verser 100 milliards de dollars chaque année pour permettre aux pays en développement de répondre adéquatement aux effets des changements climatiques.
Président de la huitième session du forum de la région arabe, qui s’est tenue en mars dernier, M. NASSER SHRAIDEH, Ministre de la planification et de la coopération internationale de la Jordanie, a indiqué que les échanges ont essentiellement porté sur les retombées de la pandémie, notamment les problèmes sanitaires, le chômage des jeunes et l’aggravation des inégalités. Il a aussi été question des effets des changements climatiques, de l’insécurité alimentaire, des déplacements de population et de la migration forcée. Les participants, a-t-il dit, ont réfléchi aux moyens d’atteindre les ODD en soutenant la croissance économique et en créant des emplois, afin de parvenir à la justice économique et sociale et à la durabilité environnementale. Ils sont tombés d’accord sur le fait que le relèvement doit être durable et équitable, ce qui implique des mesures pratiques, notamment en matière d’accès à une éducation de qualité et aux compétences numériques. Le forum s’est également prononcé pour une réforme des systèmes d’enseignement, avec une mise à jour des cursus, et pour une plus grande participation des femmes à la vie publique. Il a par ailleurs appelé à garantir la pêche durable, à protéger la biodiversité marine, à mieux évaluer les défis terrestres frontaliers comme les tempêtes de sable et à adopter des budgets fondés sur les ODD.
Réagissant à ces présentations au nom des grands groupes et autres parties prenantes, Mme APRIL PORTERIA, responsable du Asia Pacific Forum on Women, Law and Development, a confirmé que le monde n’est pas en bonne voie pour atteindre les ODD d’ici à 2030, la pandémie ayant mis au jour des défis systémiques qui se traduisent par des régressions dans plusieurs régions, en particulier dans la sienne, en Asie-Pacifique. Au rythme actuel, ma région ne pourra réaliser les ODD avant 2065, a-t-elle affirmé, en s’appuyant sur les estimations de la CESAP. Il faut donc lever les obstacles dus à de mauvaises pratiques et s’appuyer sur le processus des examens nationaux volontaires en le faisant descendre au niveau local, a-t-elle préconisé, avant d’appeler de ses vœux une multiplication des espaces de mobilisation des ressources financières et une plus grande participation du public, dans le cadre d’approches fondées sur l’inclusivité, la justice et la solidarité, afin que nul ne soit laissé de côté.
La parole a ensuite été donnée aux délégations, en commençant par l’Iraq qui a appelé à une coopération accrue pour le relèvement et à des transferts de technologie aux pays en développement pour leur permettre de produire des vaccins. Le Maroc a appuyé cette position, tout en souhaitant que des efforts soient faits pour alléger le fardeau de la dette des pays vulnérables afin de les aider à progresser vers les ODD.
La France, représentée par un membre du réseau Cités unies France, a demandé que les autorités locales à la tête de territoires soient désormais considérées comme des alliées des gouvernements nationaux pour mener à bien des projets de coopération. Par la voix de son congrès des autorités locales, le Conseil de l’Europe a lui aussi appelé à mieux intégrer les expériences pratiques des responsables locaux dans l’élaboration des politiques nationales.
Le Liban s’est dit convaincu que la coopération régionale est essentielle pour répondre aux risques transfrontaliers. À cet égard, il a appelé la communauté internationale à alléger les conséquences des déplacements forcés sur la base du principe de responsabilité partagée. La République dominicaine a, elle, réclamé davantage de ressources budgétaires pour rester sur la voie des ODD, un avis partagé par l’Égypte qui a plaidé pour une modification des structures de financement et la promotion de mécanismes mixtes et durables pour atteindre les ODD, en particulier l’ODD 2 « faim zéro ».
La Chine a pour sa part évoqué sa coopération avec des organisations régionales, à commencer par l’ASEAN, afin de mettre en place des partenariats constructifs visant à ce que personne ne soit laissé pour compte. Elle a également souligné son implication en faveur de l’Afrique, indiquant avoir fourni à ce continent une aide dépassant les 10 milliards de dollars ainsi qu’un milliard de doses de vaccin contre la COVID-19. Plus centré sur sa région, le Guatemala a salué le rôle joué par la CEPALC pour favoriser la coopération régionale et la réalisation du Programme 2030.
Sur une note plus sombre, l’Ukraine a annoncé que des missiles russes ont touché le centre de la ville de Vinnytsia, faisant des morts et des blessés. La délégation a également accusé la Fédération de Russie d’accroître l’insécurité alimentaire en empêchant l’exportation des céréales ukrainiennes dont dépendent des millions de personnes dans le monde. Elle a déclaré que l’Ukraine fait de son mieux pour acheminer ces livraisons par voies ferrée et fluviale, faute de pouvoir le faire par la mer Noire. La communauté internationale doit faire preuve d’unité et exercer des pressions sur Moscou pour qu’il cesse sa guerre, a-t-elle lancé, ce à quoi la Fédération de Russie a répondu que l’Ukraine semble oublier ses huit années de bombardements sur la population du Donbass. Affirmant que l’armée russe ne frappe que des cibles militaires dans le cadre de son « opération », elle a également souhaité que les discussions restent centrées sur les ODD. De son côté, le Bélarus a regretté que la Fédération de Russie ne puisse plus participer aux travaux de la Commission économique pour l’Europe, alors qu’elle en est un des principaux bailleurs de fonds. Il a appelé chacun à coopérer et à ne plus recourir à des mesures unilatérales qui freinent l’avancée des ODD.
Le grand groupe des parties prenantes LGBTI a mis l’accent sur le sort des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres en Asie centrale, où la pandémie de COVID-19 accroît leur marginalisation. Outre la discrimination, la violence et l’exclusion, ces personnes ont des difficultés d’accès aux papiers d’identité et sont victimes d’atteintes à leurs droits, notamment au droit à la santé sexuelle et reproductive, et de stérilisation forcée, a-t-il alerté.
Les secrétaires exécutifs des Commissions régionales des Nations Unies ont ensuite été invités à donner leur avis. Mme ARMIDA SALSIAH ALISJAHBANA, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a constaté que, partout, les ODD ont du mal à progresser et que la vulnérabilité des populations tend à s’aggraver sous le coup des crises. La seule bonne nouvelle, a-t-elle dit, est que les États Membres ne restent pas inertes et s’évertuent à aller de l’avant, en particulier pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Elle a également salué le fait que les États investissent dans les réformes socioéconomiques, la connectivité durable, l’atténuation des changements climatiques et la transition énergétique verte.
Mme ROLA DASHTI, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie occidentale (CESAO), a, quant à elle, rappelé que sa région fait face aux crises de l’endettement, de l’inflation et des inégalités, lesquelles constituent selon elle une « bombe à retardement » car 10% de la population possède l’essentiel des biens, aux dépens des systèmes de protection sociale. Elle a également signalé que sa région est l’une des plus touchées par les effets des changements climatiques alors qu’elle émet peu de dioxyde de carbone. La communauté internationale doit assumer ses responsabilités en matière d’assistance, a-t-elle estimé.
Sans marge de manœuvre budgétaire pour les pays en développement, nous n’irons pas loin en matière d’ODD, a averti M. MARIO CIMOLI, Secrétaire exécutif par intérim de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), pour qui il est primordial d’aider ces pays à garantir leur sécurité alimentaire et à maîtriser leurs prix, tout en favorisant leur transition énergétique et leur adaptation aux changements climatiques. Les économies en développement sont confrontées à une crise historique, a-t-il insisté. « Si on ne prend pas en compte leur situation, les ODD resteront de belles promesses », a-t-il averti.
Mme MAMA KEITA, qui s’exprimait au nom de Mme VERA SONGWE, Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, a plaidé pour la création d’un marché du carbone dans les 16 pays du bassin du Congo, au motif que les pays qui émettent le plus de CO2 ne contribuent pas suffisamment aux efforts de lutte contre les changements climatiques. Il faut donc des solutions novatrices pour faciliter l’accès à des financements publics et privés dans la lutte contre les émissions, a-t-elle souligné, souhaitant à cet égard que l’Afrique centrale devienne un « pôle de solutions énergétiques et environnementales ».
Concluant cette discussion, Mme OLGA ALGAYEROVA, Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe et Coordonnatrice des Commissions régionales, a souhaité que les États Membres accélèrent le rythme pour les ODD en essayant de cerner les principaux obstacles à leur mise en œuvre et en créant des synergies. Malgré le marasme actuel, elle a signalé quelques rares avancées, notamment dans le domaine de l’éducation. Elle a toutefois reconnu que les inégalités continuent de se creuser, à commencer par celle entre les femmes et les hommes, et que les écosystèmes sont en danger. De fait, a-t-elle prévenu, nous n’arriverons pas au ODD si nous ne parvenons pas à concilier croissance économique et protection de l’environnement.
Cette table ronde avait pour modératrice Mme ROSA MALANGO, Directrice du Bureau des Commissions régionales à New York.
Message de la Présidente de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement
Mme LEILA BENALI, Ministre de la transition énergétique et du développement durable du Maroc, a présenté les recommandations de la sixième session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, qu’elle a présidée. Elle a rappelé que cette assemblée contribue à l’intégration de la dimension environnementale dans la mise en œuvre du Programme 2030 et dans les efforts de relèvement économique et post-COVID. Elle a recommandé avant tout de reconstruire en mieux, à l’échelle et au rythme nécessaires, et de sorte à ne laisser personne de côté. Il faut, dans ce cadre, des transformations fondamentales menant au développement durable et permettant de passer à l’action pour lutter contre les changements climatiques, les pertes en biodiversité ainsi que la pollution et le gaspillage, a-t-elle plaidé. Mme Benali a expliqué la nécessité pour cela d’adopter des politiques ayant des effets multiplicateurs et de faire progresser la réalisation des ODD. Elle a cité notamment la nécessité de promouvoir des changements transformateurs et systémiques, de renforcer l’utilisation de la science pour faciliter des changements d’attitude (consommation et production), de promouvoir des approches basées sur les écosystèmes et des solutions basées sur la nature. Elle a aussi prôné des infrastructures durables et résilientes, l’économie circulaire, la lutte contre la pollution plastique, une meilleure gouvernance environnementale, entre autres.
Table ronde ministérielle sur le thème « Accélérer la réalisation des ODD d’ici à 2030: faire face aux crises en cours et relever les défis »
Les crises mondiales multiples et interdépendantes comme la pandémie de COVID-19, l’urgence climatique et l’impact des conflits en Ukraine et ailleurs, mettent en péril les chances de réaliser les objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030, a fait remarquer d’emblée le Modérateur de la table ronde ministérielle. Ces crises ont contribué à l’émergence de nouveaux problèmes liés à l’insécurité alimentaire, à la dette, à l’inflation, aux perturbations dans les chaînes d’approvisionnement et à l’envolée des prix de l’énergie, causant une instabilité sociale, économique et environnementale, a-t-il poursuivi dans son intervention liminaire.
Alors que ces crises réduisent à néant des années, voire des décennies, de progrès en matière de développement durable, les nouveaux problèmes, dont beaucoup étaient imprévisibles, il y a seulement un an, ralentissent les efforts pour reconstruire en mieux, se sont alarmés plusieurs intervenants.
Face à ces temps troubles qui provoquent une érosion de la résilience, comme l’ont relevé, entre autres, le Ministre d’État du Bangladesh, nous devons nous mettre au travail, a aussi pressé la Ministre des finances de l’Éthiopie, car le seul moyen de relever ces défis passe, ont dit plusieurs délégations, par un effort collectif pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). Il faut, a conseillé la Ministre du plan et du développement économique de l’Égypte, s’approprier ces objectifs. Elle a d’ailleurs parlé de la nouvelle initiative nationale pour une vie décente dans les économies rurales, dotée d’un budget de 50 millions de dollars.
De fait, a acquiescé le Vice-Ministre des affaires multilatérales du Venezuela, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 doit être notre feuille de route pour des sociétés plus justes et plus inclusives. Le Mozambique, qui entrera au Conseil de sécurité en 2023, a insisté sur son ferme engagement en faveur du développement durable. À ce stade, a souligné le Vice-Premier Ministre et Ministre du plan de l’Iraq, l’objectif national est de préserver les acquis de la lutte contre Daech et de la reconstruction. Le Ministre des finances et de la planification économique du Soudan n’a pas dit autre chose à propos des efforts nationaux déployés depuis 2019.
Que faut-il faire pour que les plans contre les crises intègrent au mieux la lutte contre les inégalités, l’action climatique, la protection de l’environnement et la promotion des modes de consommation et de production durables? se sont interrogés les petits États insulaire en développement, comme Kiribati qui a dit craindre pour le Programme à l’horizon 2030.
Il faut avancer avec un front uni, a préconisé le Ministre de l’écologie et de l’environnement de la Chine, fervent partisan des partenariats internationaux. Avant même la crise de la COVID-19, a rappelé le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, nous savions que la réalisation des objectifs du développement durable pouvait nous échapper si nous ne nous attaquions pas aux causes sous-jacentes de l’instabilité des prix. Les erreurs qu’ont faites les grandes puissances occidentales dans leurs politiques macroéconomiques des produits alimentaires et énergétiques avaient causé l’instabilité des marchés mondiaux des matières premières, bien avant l’opération militaire russe en Ukraine. Pointer un doigt accusateur sur les autres et se lancer dans une spirale de sanctions unilatérales ne peuvent que causer l’inflation.
Plusieurs intervenants ont partagé leurs expériences post-COVID-19, à l’instar du Maroc qui a dit avoir adopté une stratégie de relance pour redéfinir les priorités et remettre le citoyen au centre du système, a précisé la Ministre de l’énergie, de la transition énergétique et du développement durable. Quelles mesures faut-il pour aider les pays en développement, y compris les pays en situation particulière et les pays à revenu intermédiaire, à faire face aux crises et aux défis émergents? La Secrétaire d’État à la coopération internationale de l’Espagne, a fait part du plein engagement de son pays à canaliser volontairement 20% de ses droits de tirage spéciaux au Fonds monétaire international (FMI). Le Ministre du plan, du développement et des initiatives spéciales du Pakistan a exhorté la communauté internationale à tenir ses promesses, y compris celles liées à la lutte contre les changements climatiques. Il faut être solidaire, a renchéri la Ministre de l’environnement, de l’énergie et des entreprises de Malte, membre élu du Conseil de sécurité. Elle a appelé tous les États à s’unir et à élargir l’accès aux technologies les plus innovantes qui peuvent contribuer à la recherche de solutions adaptées à chaque réalité.
La question des réfugiés s’est également invitée à la table ronde, à travers l’intervention du Directeur général de la mobilisation des ressources au Ministère de l’économie, du plan et de la coopération internationale du Tchad, classé quatrième parmi les pays d’accueil. La Ministre fédérale chargée des affaires de l’Union européenne de l’Allemagne a rappelé l’aide de son pays aux réfugiés d’Ukraine.