Après la suspension par la Russie de l’Initiative céréalière en mer Noire, le Conseil de sécurité résonne d’appels au dialogue
Alors que la Fédération de Russie a annoncé, le 29 octobre dernier, son intention de suspendre, temporairement, sa participation à l’Initiative céréalière de la mer Noire, des appels au dialogue ont été lancés, ce matin, au Conseil de sécurité afin de sauver ce mécanisme vital qui représente une « lueur d’espoir » pour des milliards de personnes, lors d’une séance qui a été émaillée d’échanges assez vifs.
Le représentant russe, qui avait demandé la tenue de cette réunion, a expliqué que la décision de son gouvernement de suspendre temporairement et de manière « indéfinie » sa participation à l’Initiative est liée aux « agissement de l’Ukraine » en mer Noire, et en particulier aux frappes contre des navires russes, perpétrées à l’aide de drones britanniques et américains. Des frappes constitutives d’une violation des accords d’Istanbul ayant permis la mise en œuvre de cette initiative, a-t-il ajouté. Les autorités de Kiev mettent en danger le fonctionnement du corridor humanitaire, qu’elles utilisent à des fins militaires, a argué le représentant russe.
Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Martin Griffiths, a reconnu que ce serait en effet un « grave abus » si cette initiative était instrumentalisée, de quelque manière que ce soit, pour obtenir un avantage opérationnel militaire, dans un contexte où les exportations de ces « deux greniers mondiaux » que sont l’Ukraine et la Russie sont vitales pour nombre de pays.
Pour autant, a précisé M. Griffiths, les cargos de l’Initiative peuvent être suivis en temps réel sur des sites Internet publics. Les données de 9 millions et demi de tonnes d’expéditions ont même été consultées à plus de 70 000 reprises sur le site Internet de l’ONU. De plus, les inspections rigoureuses du Centre conjoint de coordination (CCJ), comprenant des inspecteurs russes, ont passé au peigne fin les cales de stockage, les salles des machines et les réservoirs des navires plus de 800 fois et n’ont révélé que des manquements mineurs, a encore indiqué le haut fonctionnaire.
Revenant sur l’aspect économique de la suspension, la Secrétaire générale de la Conférence des Nations Unies pour le développement (CNUCED), Mme Rebecca Grynspan, a déclaré que l’Ukraine et la Fédération de Russie fournissent en effet et à elles seules près de 30% du blé et de l’orge exportés mondialement, 20% du maïs et plus de la moitié de l’huile de tournesol. Avec le début de la guerre, les prix des produits qui avaient déjà une tendance à la hausse, ont explosé.
Pour preuve, l’Indice FAO des prix des produits alimentaires a enregistré son plus haut niveau historique: le prix du blé a augmenté de 6%, et celui des engrais de plus de 50%. Résultat, plus d’un milliard et demi de personnes, dans plus de 90 pays, se trouvent dans une situation d’extrême vulnérabilité. Avec de tels chiffres, la crise du coût de la vie pourrait devenir une crise d’immense ampleur, a-t-elle mis en garde.
Plusieurs membres du Conseil et délégations invitées ont rejeté en bloc les accusations de la Fédération de Russie, les jugeant « sans aucune preuve tangible et dénuées de tout fondement ». La Fédération de Russie se sert du Conseil de sécurité comme d’une plateforme de propagande pour promouvoir ses fausses accusations et son faux récit.
Cette stratégie est un « prétexte » qui vise à travestir la réalité et à détourner l’attention de la communauté internationale de la responsabilité « unique et exclusive » de Moscou dans la guerre d’agression qu’elle mène contre l’Ukraine, alors que c’est bel et bien la flotte russe en mer Noire qui occupe illégalement les eaux ukrainiennes et que depuis la signature de l’Initiative, la Russie a bombardé des installations portuaires en Crimée à trois reprises, dont l’une seulement un jour après l’entrée en vigueur de l’Initiative.
En décidant de suspendre sa participation à l’Initiative céréalière, la Russie veut faire le choix délibéré d’un recul et celui de se servir de la faim comme d’un moyen de pression, ont accusé la France, l’Allemagne, les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Albanie et l’Ukraine, pour qui, la « seule chose avec laquelle la Russie est capable de nous nourrir, c’est sa désinformation ».
Au milieu de ce climat d’accusations mutuelles, des voix se sont aussi élevées pour appeler au dialogue afin de résoudre ce problème qui assombrit plusieurs horizons et affecte la sécurité alimentaire à long terme au plan mondial, compte tenu du rôle essentiel de l’Ukraine et de la Russie dans la chaîne alimentaire mondiale et du fait que cette Initiative avait fait briller une lueur d’espoir pour la paix en Ukraine, contribuant aussi à la baisse des prix du blé et d’autres produits de base, en particulier dans les pays du Sud.
Après huit mois de conflit, l’urgence est de parvenir à une désescalade et de trouver rapidement une issue au conflit. Alors que le monde fait face à une crise sans précédent, il n’y a pas d’autres moyens qu’une cessation des hostilités et la tenue d’un dialogue de bonne foi, a déclaré la Chine, pour qui la mentalité et les postures de guerre froide ne permettront pas de résoudre ce conflit, seuls la diplomatie et le dialogue y parviendront.
Les deux parties, leurs alliés et partenaires pourraient recourir aux bons offices du Secrétaire général, ont suggéré les Émirats arabes unis, la Norvège, l’Irlande, l’Inde, la Chine, le Gabon, le Ghana et le Kenya. Cela est d’autant plus possible que l’Initiative céréalière de la mer Noire a démontré la capacité des parties belligérantes à parvenir à un accord par le dialogue et la coopération, au moins sur les questions humanitaires, ont argumenté le Ghana et le Mexique.
L’Organisation est prête à répondre aux préoccupations et à écouter les suggestions de toutes les parties, alors que nous approchons de la date à laquelle doit être prorogée cette initiative le 19 novembre, a répondu le Secrétaire général adjoint en conclusion.
MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES
Déclarations
M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a déclaré que les nouvelles allégations d’atteinte à la sécurité en relation avec les exportations de céréales ukrainiennes sont préoccupantes et font peser des craintes sur l’initiative céréalière de la mer Noire. Alors que la Fédération de Russie a annoncé son intention de suspendre sa participation, ce serait un grave abus, si cette initiative était instrumentalisée, de quelque manière que ce soit, pour obtenir un avantage opérationnel militaire. L’ONU, qui a le privilège d’aider les parties à mettre en œuvre cet arrangement unique est prête à enquêter, avec les États parties à l’Initiative, sur toute preuve présentée, s’est engagé M. Griffiths, ajoutant que le Centre conjoint de coordination (CCJ)–composé de représentants des quatre signataires de l’Initiative– a établi des processus pour de tels incidents et accidents.
Le Secrétaire général adjoint a ensuite affirmé que les opérations du CCJ sont un livre ouvert, une base de données ouverte: les voyages des cargos de l’Initiative peuvent être suivis en temps réel sur des sites Internet publics. Toutes les parties partagent les mêmes informations sur les navires, la cargaison, l’inspection et les destinations. Les données de neuf millions et demi de tonnes d’expéditions sur le site Internet de l’ONU ont été consultées plus de 70 000 fois. Par ailleurs, des inspections conjointes rigoureuses, comprenant des inspecteurs russes, ont passé au peigne fin les cales de stockage, les salles des machines et les réservoirs des navires plus de 800 fois. Les perquisitions n’ont révélé que de nombreuses incohérences mineures: documents manquants, sacs de riz d’une précédente cargaison, passeport d’un membre d’équipage mal enregistré.
Le CCJ a enregistré quelque 60 déviations de navigation, dans plus de 820 voyages facilités par le CCJ et des mesures correctives ont été convenues par consensus.
Cependant, a poursuivi M. Griffiths, dans les jours qui ont précédé la suspension de sa participation par la Russie, le processus s’enlisait déjà, en raison d’une capacité d’inspection insuffisante. Or, les exportations de ces deux greniers mondiaux que sont l’Ukraine et la Russie sont vitales pour nombre de pays, dans un contexte où les prix du blé ont bondi de 6%. Chaque augmentation d’un point de pourcentage pousse quelqu’un, quelque part, dans l’extrême pauvreté, a mis en garde le Secrétaire général adjoint. Les assureurs nous disent que leurs primes pourraient augmenter d’un quart ou de moitié pour les expéditions en mer Noire. Pour cette raison, l’ONU est encouragée par la déclaration de la Fédération de Russie, selon laquelle elle ne se retire pas de l’Initiative, mais ne fait que suspendre temporairement ses activités de mise en œuvre. L’Organisation est, pour sa part, prête à répondre aux préoccupations et à écouter les suggestions de toutes les parties, alors que nous approchons de la date à laquelle doit être prorogée cette initiative le 19 novembre, a-t-il conclu.
Mme REBECA GRYNSPAN, Secrétaire générale de la Conférence des Nations Unies pour le développement (CNUCED), a déclaré d’emblée que la réunion se tient dans un contexte de crise à la fois aiguë et prolongée et que, conscient de la gravité de la situation, le Secrétaire général avait créé en mars dernier le Groupe d’intervention mondiale à la crise mondiale. Nos analyses initiales étaient alarmantes et il a été démontré qu’elles n’étaient pas erronées puisque l’Ukraine et la Fédération de Russie fournissent près de 30% du blé et de l’orge exportés à l’échelle mondiale, le cinquième du maïs, et plus de la moitié de l’huile de tournesol. Avec le début de la guerre, les prix des produits qui avaient déjà une tendance à la hausse, ont explosé. En mars, indice FAO des prix des produits alimentaires a enregistré son niveau le plus élevé de l’histoire, a-t-elle rappelé, soulignant que le monde n’avait pas été en mesure d’accuser cette hausse. Une grande partie du monde n’a pu absorber ce choc extérieur causé par la hausse des prix, exacerbant les inégalités. Les effets des changements climatiques et de la pandémie COVID-19 avaient d’ores et déjà épuisé la capacité de la plupart des régions du monde à affronter les chocs extérieurs, a-t-elle expliqué. Il en résulte que, selon la CNUCED, plus de 1,6 milliard de personnes dans plus de 90 pays se trouvent dans une situation de vulnérabilité extrême face une hausse de la pauvreté, de la faim et de la dette. Il s’agit là du début d’une crise du coût de la vie aux proportions mondiales, a signalé Mme Grynspan.
D’autre part, il y a eu une hausse des prix partout dans le monde et le plan du Secrétaire général prévoyait deux initiatives parallèles: l’Initiative céréalière de la mer Noire, et le Mémorandum d’entente pour la promotion d’exportations sans entrave des engrais russes aux marchés mondiaux. Aux côtés de la Türkiye, les deux accords ont été signés le 22 juillet à Istanbul, ce qui a conduit à une amélioration du bien-être. Ainsi, les exportations de blé de la Russie ont triplé et celles de l’Ukraine quadruplé depuis la période à l’examen. Les trois quarts du blé sont parvenus aux pays en développement, dont 20% aux pays les moins avancés. Partant, 100 millions de personnes ont pu échapper à la pauvreté mais les volumes restent inférieurs aux exportations car ces deux pays ont moins produit qu’en 2021. Elle a pointé la hausse du prix du blé de 6%, sans compter la pénurie d’engrais qui fait que les petits producteurs ne peuvent plus travailler, notamment en Afrique de l’Ouest, où cela dépasse 50%. La crise du coût de la vie pourrait devenir une crise d’immense ampleur de la disponibilité des produits, a prévenu la haute fonctionnaire. Ainsi, l’accent est à présent mis sur l’accès aux engrais. Elle a indiqué que le coût de la transaction sur la prime d’assurance, le transport et le coût d’exportation des produits russes restent très élevés. La première cargaison d’engrais devrait partir à destination de l’Afrique début novembre, a encore déclaré Mme Grynspan, soulignant les efforts de nombreux pays européens pour appliquer les sanctions. Elle a demandé des précisions sur l’allègement de ces mesures et encouragé à la reprise des efforts pour réactiver l’Initiative céréalière. Rappelant la déclaration faite samedi par le Secrétaire général de l’ONU, elle a assuré qu’il ne fallait pas sous-estimer les difficultés mais au contraire les surmonter.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a indiqué avoir demandé cette séance en raison des agissements de l’Ukraine en mer Noire, où elle a frappé des navires de la flotte russe sous couvert d’exportations de céréales. Les spécialistes russes ont découvert des fragments de drones sous-marins et analysé les modules de navigation de fabrication canadienne, a dit le représentant. Et, selon le Ministère russe de la défense, ces attaques terroristes ont été menées par Kiev sous la direction de spécialistes britanniques. M. Nebenzia a également condamné l’utilisation d’un drone de renseignement stratégique américain, qui viole les accords d’Istanbul du 22 juillet et fait une croix sur leur dimension humanitaire. Les pays occidentaux n’ont même pas exprimé leur étonnement face à ces attaques, a-t-il affirmé.
Pour la partie ukrainienne, il est évident que le corridor humanitaire en mer Noire est utilisé à des fins militaires, a-t-il assuré. Il faut donc, selon lui, suspendre pour une durée indéfinie l’Initiative céréalière. Des représentants de l’ONU, de l’Ukraine et de la Türkiye ont convenu de passages de plusieurs navires, sans participation et sans accord de la Russie, qui doit pouvoir inspecter ces cargos dans le corridor. Les autorités de Kiev, et non la Russie, mettent en danger le fonctionnement du corridor humanitaire, a martelé M. Nebenzia. Le représentant a encore dénoncé des tentatives d’utiliser le processus d’inspection à de mauvaises fins et le blocage des exportations russes par Washington. La Russie a toujours œuvré de bonne foi à garantir l’exportation de denrées agricoles ukrainiennes vers des pays qui en ont besoin et non pas à des fins commerciales. À qui profite l’Initiative de la mer Noire? s’est demandé M. Nebenzia, rappelant que la Russie avait envoyé des céréales en Afrique.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a regretté que la Russie utilise le Conseil de sécurité comme une plateforme de propagande estimant que ses accusations du samedi 29 octobre contre le Royaume-Uni et l’Ukraine ne s’appuient sur aucune preuve tangible et sont dénuées de tout fondement. La stratégie russe vise, selon le délégué, à travestir la réalité et à multiplier les allégations outrancières. Elle vise aussi à détourner l’attention de la communauté internationale sur la responsabilité unique et exclusive de la Russie dans la guerre d’agression qu’elle mène contre l’Ukraine. Personne ne doit être dupe de l’objectif de la Russie, a averti le représentant rappelant que cela fait maintenant plusieurs semaines qu’elle cherche un prétexte pour se retirer de l’Initiative sur les exportations de céréales en mer Noire. « Nous connaissons depuis samedi le prétexte qu’elle aura choisi », a dit le représentant.
Selon le délégué, ladite Initiative est un succès, comme l’a rappelé le Secrétaire général déclarant que 9 millions de tonnes de céréales et d’autres produits alimentaires ont été́ exportées depuis le 22 juillet dernier par voie maritime. Les prix du blé avaient baissé sous l’effet de la reprise des exportations, a-t-il encore rappelé. Tout doit être mis en œuvre pour que l’Initiative se poursuive, a prié le représentant constatant que les accords d’Istanbul produisent les effets attendus. En décidant de suspendre sa participation à la mise en œuvre de ces accords, la Russie choisit d’imposer l’insécurité alimentaire et la malnutrition au monde entier, et en particulier aux pays en développement qui dépendent fortement des exportations ukrainiennes, a prévenu M. de Rivière. « Elle a fait le choix délibéré de se servir de la faim comme d’un moyen de pression et d’une arme de guerre. » Elle joue cyniquement le sort de millions de personnes qui seront affectées par les effets de la baisse des récoltes en 2023 et 2024, a encore prévenu le représentant en demandant que cesse ce chantage irresponsable de la Russie. Les exportations par la mer Noire doivent se poursuivre, a-t-il martelé, appelant encore la Russie à revenir au respect des accords conclus le 22 juillet dernier. La France mobilisera ses partenaires européens pour la mise en œuvre des « voies de solidarité » qui ont permis l’exportation de près de 13 millions de tonnes de céréales et autres produits alimentaires, a-t-il annoncé en conclusion.
M. MADHU SUDAN RAVINDRAN (Inde) a déclaré que, alors que l’Initiative céréalière de la mer Noire et la coopération des parties à ce jour avait apporté une lueur d’espoir pour la paix en Ukraine et contribué à la baisse des prix du blé et d’autres produits de base, sa suspension devrait encore aggraver les problèmes de sécurité alimentaire, d’approvisionnement en carburant et en engrais auxquels le monde est confronté, en particulier les pays du Sud. Pour cette raison, l’Inde soutient donc l’engagement du Secrétaire général avec les parties pour obtenir le renouvellement et la mise en œuvre intégrale de l’Initiative, y compris la facilitation des exportations de denrées alimentaires et d’engrais depuis l’Ukraine et la Fédération de Russie. Le représentant a également indiqué que l’Initiative céréalière de la mer Noire et sa mise en œuvre réussie au cours des quatre derniers mois sont conformes à la position de longue date de l’Inde, selon laquelle la diplomatie et le dialogue sont la seule solution pour mettre fin à ce conflit en cours.
M. FERGAL MYTHEN (Irlande) a déploré la décision de la Fédération de Russie de suspendre sa participation à l’Initiative céréalière de la mer Noire, lueur d’espoir pour faire face aux crises mondiales actuelles. En tournant son dos à cet effort conjoint, la Russie risque d’affamer des millions de personnes, a-t-il prévenu, en exhortant ce pays à revenir sur sa position. Le représentant a en revanche conseillé la prise de mesures concertées afin que les produits se trouvant dans les entrepôts ukrainiens puissent être transportés vers les ports africains comme l’Éthiopie et le Yémen notamment. Les parties doivent travailler dans un esprit de dialogue pour préserver cette Initiative à même de sauver des vies, a-t-il plaidé.
M. MARTIN KIMANI (Kenya) a déploré le retrait de la Russie de l’Initiative sur les exportations de céréales en mer Noire, qui rend la vie de millions de personnes n’ayant rien à voir avec la guerre encore plus difficile. La sécurité alimentaire mondiale, en particulier pour les pays et les régions les plus fragiles, ne devrait pas être mise en danger par l’attaque contre la flotte de la mer Noire le 29 octobre, a déploré M. Kimani. Il a donc souhaité que le Secrétaire général crée une mission d’établissement des faits et de vérification sur toute action armée ou tout blocage qui serait lié à la guerre en Ukraine et qui menacerait la sécurité alimentaire mondiale. Une telle mission permettrait aussi de mettre un terme à la tendance actuelle à utiliser le Conseil comme une plateforme de propagande plutôt que de délibération et de l’aider dans son mandat de protéger la paix et la sécurité internationales, a estimé le représentant. Enfin, M. Kimani a, une nouvelle fois, proposé que les parties au conflit, ainsi que leurs alliés et partenaires, aient recours aux bons offices du Secrétaire général pour la médiation et le règlement du conflit en Ukraine ainsi que pour stabiliser la sécurité en Europe.
Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a dit que la suspension de la participation de la Russie à l’Initiative céréalière, ce week-end, signifie que plus de 100 navires demandant l’autorisation d’entrer dans les ports ukrainiens pour charger du grain pour nourrir le monde ne peuvent pas le faire. Elle a souligné les graves conséquences de cette suspension et insisté sur le fait que, face à la crise alimentaire mondiale, le Royaume-Uni n’a sanctionné ni les exportations russes de denrées alimentaires ni celles d’engrais vers des pays tiers. Ces mesures d’atténuation sont en place et seront maintenues pour éviter les impacts indirects des sanctions, a assuré la représentante notant qu’il n’y a pas eu de diminution des exportations de céréales russes depuis le début de la guerre de la Russie contre l’Ukraine. Répondant au « prétexte russe » pour justifier la suspension de la participation à l’Initiative céréalière, la représentante a rappelé que c’est la flotte russe de la mer Noire qui occupe illégalement les eaux ukrainiennes et bombarde des villes ukrainiennes. Mettre fin à l’Initiative céréalière déclencherait une vague sans précédent de faim et de misère contre laquelle le Groupe de réponse à la crise mondiale du Secrétaire général a mis en garde en juin, a-t-elle rappelé. En conclusion, la représentante a demandé à la Russie de renouveler sa coopération dans le cadre de l’accord afin que les expéditions de céréales puissent continuer comme avant. Elle a aussi appelé la Russie à travailler avec toutes les parties pour garantir que l’Initiative céréalière de la mer Noire soit renouvelée ce mois-ci.
M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a déclaré que l’accord sur le transport des céréales est la preuve que la diplomatie et le dialogue peuvent parvenir à des résultats concrets. Il est aussi la preuve que les Nations Unies restent pertinentes, a-t-il ajouté. C’est pour cette raison que la délégation mexicaine espère le retour au bon fonctionnement régulier de l’Initiative céréalière de la mer Noire, dont le blocage aura des conséquences, pour les pays en développement en particulier. Le représentant a appelé les parties à trouver un accord pour la poursuite de cette initiative.
M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a jugé l’annonce russe de se retirer de l’Initiative « préoccupante » et « totalement inacceptable ». Ce mécanisme vital doit demeurer fonctionnel pour de nombreux pays dans le besoin, alors que plus de 190 millions de personnes se trouvaient déjà en proie à une insécurité alimentaire aigüe avant le début de l’agression russe en Ukraine. En Afrique, en Asie, en Europe, les pays coopèrent pour lutter contre la faim; à l’inverse de la Russie qui, une fois de plus, montre qu’elle est prête à militariser l’aide alimentaire, a dénoncé l’orateur.
Le représentant, qui se félicite des efforts du Secrétaire général de l’ONU en cette sombre période, a affirmé que toute mesure visant à entraver l’Initiative revenait à augmenter la faim dans le monde, exhortant la Russie à reprendre sa participation et même à l’étendre. Les États-Unis, a-t-il dit, ont déjà fourni l’équivalent de plus de 6 milliards de dollars d’aide alimentaire depuis le mois de février pour lutter contre la faim dans le monde, ainsi que 2,3 milliards d’aide publique au développement.
Le Gouvernement russe avait, lui, annoncé l’envoi de 500 000 tonnes de céréales aux pays dans le besoin. « Ce serait bienvenu, cette mesure n’a que trop attendu, mais elle ne peut pas se faire en bloquant des quantités encore plus importantes de céréales depuis l’Ukraine », a pointé l’orateur. Le délégué américain a rappelé à la délégation russe que les engrais et les céréales étaient exclus des sanctions américaines contre la Russie. Il a ajouté que depuis la signature de l’Initiative, la Russie avait « omis » de dire qu’elle avait bombardé des installations portuaires en Crimée à trois reprises, dont l’une seulement un jour après l’entrée en vigueur de l’Initiative.
Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a attiré l’attention sur le rôle essentiel de l’Ukraine et de la Russie dans la chaîne alimentaire mondiale, qui fait que les événements qui s’y produisent ont souvent des répercussions immédiates à court terme sur les prix des denrées de base à l’échelle mondiale. Cela affecte la sécurité alimentaire mondiale à long terme de personnes dans le monde entier, et en particulier dans les communautés les plus vulnérables d’Afrique et du Moyen-Orient, s’est-elle inquiétée. Elle a remarqué que les attaques menées au cours du week-end contre des navires russes dans la baie de Sébastopol et la suspension de la Russie de sa participation à l’Initiative de la mer Noire ont déjà fait grimper les prix et peuvent menacer l’approvisionnement en céréales des pays les plus fragiles. Mme Nusseibeh a jugé vital que toutes les parties gardent leur confiance dans le mécanisme de l’Initiative et qu’elles reprennent le processus. Alors que le conflit en est à son huitième mois, elle a réitéré l’importance d’une désescalade et de trouver rapidement une issue au conflit. Pour parvenir à une paix durable, il n’y a pas d’autre solution qu’une cessation des hostilités dans toute l’Ukraine et de mener un dialogue de bonne foi pour un règlement diplomatique, a-t-elle conclu.
Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a déclaré que l’Initiative céréalière de la mer Noire a démontré la capacité des parties belligérantes à parvenir à un accord par le dialogue et la coopération, au moins sur les questions humanitaires. Elle a donné de l’espoir pour l’avenir, s’est enthousiasmée la représentante. Pour elle, la réponse internationale à la signature de l’accord a reflété une demande claire d’approvisionnement sans entrave de céréales de l’Ukraine vers d’autres parties du monde pour aider à faire face aux prix alimentaires exceptionnellement élevés. Rappelant les conséquences positives de l’Initiative, elle a exhorté la Fédération de Russie à reconsidérer sa décision d’en suspendre sa participation. L’engagement total de toutes les parties à la mise en œuvre de l’accord sur les céréales est crucial pour éviter une inversion des gains notable et un rebond des hausses des prix alimentaires, a-t-elle insisté, craignant l’aggravation de la crise si rien n’est fait pour rétablir l’Initiative à l’approche de l’hiver. Elle a appelé tous les membres du Conseil et la communauté internationale à soutenir les engagements du Secrétaire général et de la Türkiye pour sortir de l’impasse actuelle. Enfin, elle a appelé à la retenue contre les actions unilatérales susceptibles de bouleverser la reprise complète de l’Initiative céréalière et son éventuel renouvellement, en novembre.
M. GENG SHUANG (Chine) a reconnu qu’il n’est pas aisé d’ouvrir un corridor dans une zone de guerre. C’est pour cette raison que les parties doivent tout faire pour trouver un accord. La Chine prend donc note de la décision de suspension par la Fédération de Russie en raison d’attaques contre ses navires à Sébastopol. Sa délégation espère donc que le Secrétaire général permettra de renouer un dialogue entre les parties. Le représentant a également dit que les engrais russes sont d’une importance vitale pour le reste du monde, en particulier pour les pays en développement. Pour cette raison, la Chine appelle à la levée des sanctions délétères pesant sur le commerce international pour que le blé et les engrais russes puissent être exportés. La mentalité et les postures de guerre froide ne permettront pas de résoudre ce conflit, qui ne peut l’être que par la diplomatie et le dialogue, a conclu le représentant.
Mme MONA JUUL (Norvège), soulignant que l’Initiative sur les exportations de céréales en mer Noire devait être pleinement mise en œuvre et renouvelée, a demandé à la Fédération de Russie de lever sa suspension afin de réduire au minimum l’impact de sa décision sur les populations qui dépendent de ces expéditions. Elle a réclamé, en outre, le maintien d’une ligne de transport qui doit rester ouverte pour assurer la fourniture de nourriture aux personnes et aux pays les plus vulnérables du monde. La Norvège continue de soutenir les efforts du Secrétaire général pour le dialogue et la médiation entre les parties dans la recherche d’un accord céréalier renouvelé, a-t-elle assuré, souhaitant que cela aboutisse à la paix et la liberté pour le peuple ukrainien, avec le plein rétablissement de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de leur pays. La Norvège ne reconnaît pas et ne reconnaîtra aucune annexion illégale du territoire ukrainien, y compris la Crimée et la ville de Sébastopol, a-t-elle ajouté.
M. FERIT HOXHA (Albanie) a rappelé que l’Initiative céréalière de la mer Noire représentait une lueur d’espoir dans un océan de désespoir. Ce mécanisme, qui a fonctionné sans heurt, devrait être prorogé, a estimé le représentant. La décision de la Russie de se retirer d’un engagement international est un recul, les prix vont s’envoler à nouveau et les pays qui ont faim vont devoir attendre, a-t-il déploré. Pour quelle raison une poignée de personnes au Kremlin doit décider de qui peut manger ou pas, de dicter le sort de l’Afrique? a lancé M. Hoxha. La Russie évoque l’attaque de drones mais n’oublions pas que c’est la Russie qui occupe cette partie de la mer Noire, a-t-il asséné.
M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a dit profondément regretter la suspension de l’Initiative céréalière de la mer Noire avec des conséquences qui seront dramatiques, en termes de sécurité alimentaire, en particulier pour les pays en développement. Le simple fait de pointer du doigt les autres ne nous rapprochera pas d’une solution, a dit le représentant, exhortant les parties à retourner à la table des négociations et à renouveler, sans tarder, les engagements de juillet dernier. Il n’est pas exagéré de dire que la vie de millions de personnes dépend de l’Initiative céréalière, a-t-il affirmé.
M. Costa de Filho a également dit être conscient que le conflit en Ukraine a des causes complexes, parmi lesquelles l’architecture de la sécurité collective en Europe. Pour cette raison, il n’est peut-être pas réaliste de s’attendre à une solution à court terme à cette crise, a-t-il reconnu. Dans ce contexte, des mesures créatives et pragmatiques, telles que les accords d’Istanbul et l’échange de prisonniers de guerre, devraient être encouragées par la communauté internationale. Et en la matière, le représentant a réitéré la volonté de son pays de contribuer à explorer de nouvelles voies de dialogue. Le prix à payer pour retarder une solution diplomatique, de bonne foi et sans conditions préalables, est tout simplement trop élevé, a-t-il ajouté en conclusion.
M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a rappelé que la signature, le 22 juillet dernier, de l’accord sur les céréales sous les auspices des Nations Unies et de la Türkiye a été une source d’espoir dans un contexte de crise, d’incertitudes économiques, de pénurie de vivres, avec un risque avéré d’insécurité alimentaire pour plusieurs pays ou régions fragiles, même si toutes les cargaisons ne sont pas parvenues à destination. La suspension et la remise en cause de l’Initiative céréalière de la mer Noire relative à l’accord assombrit plusieurs horizons, notamment celui de la sécurité alimentaire pour de nombreuses populations qui dépendent des approvisionnements fournis. Le représentant a exhorté les parties à utiliser le dialogue qui a servi à la négociation et à la conclusion de l’accord pour pouvoir aborder les questions liées à sa mise en œuvre, et permettre une poursuite sans entrave des exportations. Le monde fait face à une crise humanitaire sans précédent, a rappelé le délégué, pour lequel chaque partie est responsable de ne pas contrarier le processus de mise en œuvre de l’Initiative céréalière de la mer Noire.
Dans une reprise de parole de son pays, M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a donné des chiffres différents de ceux présentés par le Centre conjoint de coordination. Selon lui, au 29 octobre dernier, 409 navires étaient passés par le corridor céréalier dont plus de 40% en partance pour l’Europe. L’exportation totale de denrées alimentaires était de 9,5 millions de tonnes, dont 43% de maïs et 29% de blé. Notant que cela ne correspond qu’à un tiers des exportations totales, il a souligné que tout le blé ukrainien n’est pas de qualité alimentaire. Malgré cela, plus de la moitié des bénéficiaires se trouvaient dans des pays à revenu élevé, la grande majorité étant des pays de l’Union européenne.
Toujours selon lui, les pays à revenu faible ou même intermédiaire ont reçu moins d’un quart des exportations, a-t-il dit, soulignant qu’en trois mois seulement, 2,3 millions de tonnes ont été exportées, dont seulement 225 000 millions de tonnes, soit 2,3% par le biais du Programme alimentaire mondiale (PAM). À ce jour, aucune confirmation n’a été reçue des pays de la part de l’Union européenne quant à savoir si ses pays membres transfèrent ou revendent commercialement aux pays pauvres tout ou partie de ces céréales achetées à l’Ukraine.
M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine), a déclaré que le terrorisme contre les civils est devenu une « marque de fabrique » de la Fédération de Russie dans sa guerre d’agression contre l’Ukraine. Pour preuve, ce matin même, des missiles et des drones russes ont attaqué des installations énergétiques et d’autres infrastructures civiles cruciales en Ukraine. Il a ensuite déclaré être « indigné, mais pas surpris » par l’annonce de la Fédération de Russie de suspendre sa participation à l’Initiative céréalière de la mer Noire. Ce pays n’a jamais abandonné ses tentatives d’aggraver la crise alimentaire mondiale pour faire chanter le monde. La Fédération de Russie bloque effectivement le corridor humanitaire depuis septembre. Son intention est claire: forcer l’Ukraine à succomber aux exigences du Kremlin en brandissant le spectre de la faim, a-t-il dit.
M. Kyslytsya a aussi souligné que l’engagement de l’Ukraine envers l’Initiative n’avait pas été ébranlé par des attaques et des provocations armées délibérées et régulières, y compris après le bombardement par la Fédération de Russie du port d’Odessa, le lendemain même de la signature de l’Initiative. L’Ukraine a même fait tout son possible pour assurer le fonctionnement du corridor céréalier malgré les « attaques terroristes » de la Fédération de Russie contre ses infrastructures énergétiques. L’Ukraine continuera de récolter et d’expédier des produits agricoles pour assurer la sécurité alimentaire mondiale, a-t-il annoncé. Le représentant a poursuivi en affirmant que la « seule chose dont la Russie est capable de nous nourrir, c’est de sa désinformation ». Moscou utilise même le Conseil de sécurité pour promouvoir de « faux récits », au risque de le discréditer. Il faut y mettre un terme, a avancé le délégué ukrainien.
M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Türkiye) a loué les résultats de l’Initiative, qui a notamment permis de juguler la hausse des prix, tout en prévenant qu’une augmentation des prix conjuguée à l’inflation entraînerait des conséquences catastrophiques sur l’insécurité alimentaire mondiale. « L’Initiative doit être préservée », a martelé l’orateur turc, qui a appelé à trouver le moyen de venir à bout des difficultés, et au « bon sens », à la « retenue », et à penser aux plus vulnérables. Il a appelé à ce que les deux accords idoines soient respectés de bonne foi, espérant que « la raison l’emporterait ».
M. THOMAS PETER ZAHNEISEN (Allemagne) a souligné que, contrairement aux fausses accusations entendues, la mise en place de l’Initiative céréalière de la mer Noire a été une réussite: plus de 9 millions de tonnes de céréales ont déjà été livrées, en grande partie à des pays en développement, et l’Initiative a ramené les prix à des niveaux d’avant-guerre. Malheureusement, ils sont encore trop élevés, a-t-il regretté. C’est la raison pour laquelle les ministres des affaires étrangères du G7 discuteront en fin de semaine, avec la Commission de l’Union africaine et leurs homologues du Kenya et du Ghana, de la suspension de la Russie de sa participation à l’Initiative, de ses conséquences mondiales potentielles et de la meilleure manière de soutenir les efforts du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et de la Türkiye. Le représentant a salué la décision prise rapidement par l’ONU, la Türkiye et l’Ukraine de continuer à acheminer des céréales par la mer Noire. Il a appelé toutes les parties impliquées à contribuer à assurer une circulation des cargos en toute sécurité.
M. CORNEL FERUȚĂ (Roumanie) a estimé que l’Initiative céréalière de la mer Noire s’est avérée déterminante pour débloquer les exportations de céréales dans la région de la mer Noire, sachant qu’elle a aidé à éviter une pénurie alimentaire pour des millions de personnes dans le monde. Cette Initiative doit être mise en œuvre et étendue, a prié le représentant qui a condamné la suspension par la Russie de sa participation. Ce pays doit revenir sur sa décision et reprendre la mise en œuvre de l’Initiative, a-t-il requis. Rappelant les effets positifs de cette initiative, le délégué a déclaré que son pays fait déjà beaucoup pour soutenir l’exportation de céréales ukrainiennes vers différentes parties du monde en exportant plus de 5,8 millions de tonnes de céréales d’Ukraine via les routes, les chemins de fer et les ports roumains. Pour accélérer ce processus, a-t-il ajouté, la Roumanie a libéralisé le transport routier bilatéral et le fret en transit avec l’Ukraine, offrant un soutien dans les ports roumains aux navires battant pavillon ukrainien, adaptant la ligne ferroviaire à grand gabarit pour assurer la connexion au transport ferroviaire de marchandises et faciliter l’accès au Danube.
La Roumanie est devenue un important pays de transit pour les céréales ukrainiennes et continuera à apporter son soutien, a promis le représentant, en plaidant pour la poursuite et la prolongation de l’Initiative au-delà de novembre 2022, afin de permettre à encore plus de personnes de se payer du pain. Il faut éviter une plus grande crise alimentaire qui affecterait les personnes vulnérables dans le monde entier, a-t-il prévenu.
M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, a déploré que la décision injustifiée de la Russie de suspendre sa participation à l’Initiative céréalière de la mer Noire empêche l’exportation des céréales nécessaires pour faire face à la crise alimentaire mondiale. La Russie est la seule responsable de la crise alimentaire mondiale qu’elle a créée par sa guerre d’agression non provoquée et injustifiée contre l’Ukraine et son blocus des ports ukrainiens, a asséné le délégué. Depuis le début de la guerre, les actions délibérées de la Russie, notamment la destruction de stocks, les perturbations de la production et l’imposition de quotas à ses propres exportations d’aliments et de fertilisants, ont aggravé la crise alimentaire mondiale, a ajouté M. Gonzato. L’Union européenne condamne la suspension de la participation de la Russie à l’Initiative céréalière et l’exhorte à revenir sur sa décision et à reprendre immédiatement sa participation. Elle soutient fermement l’appel du Secrétaire général à étendre l’Initiative au-delà de sa période initiale se terminant en novembre.