9170e séance - matin
CS/15083

Abyei: sur fond d’amélioration des relations entre le Soudan et le Soudan du Sud, le Conseil de sécurité entend des appels à sortir de l’impasse politique

Le Conseil de sécurité a examiné, ce matin, la situation à Abyei en entendant la Sous-Secrétaire générale Martha Ama Akyaa Pobee saluer un « engagement renouvelé dans le processus politique », concernant le statut final d’Abyei et les questions frontalières.  Elle a fait part d’avancées considérables en matière de dialogue, sur fond d’amélioration des relations entre le Soudan et le Soudan du Sud.  Elle s’est également dite encouragée par l’accord signé le 24 octobre à Khartoum entre les responsables des deux pays pour resserrer leur collaboration sur des questions ayant trait à Abyei et par leur volonté de reprendre les réunions du Comité mixte de contrôle d’Abyei qui ne s’est pas réuni depuis 2017.

L’Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique, Mme Hanna Serwaa Tetteh, a confirmé que les deux pays ont continué à bénéficier d’une amélioration de leurs relations et réalisé quelques progrès grâce à des réunions bilatérales régulières.  Outre le rétablissement du Comité mixte, ces réunions ont notamment permis d’activer le transport fluvial et d’ouvrir immédiatement les postes frontaliers tout en contrôlant et en surveillant les mouvements des citoyens aux frontières.  Le Soudan et le Soudan du Sud se sont aussi engagés à retirer leurs forces de la zone démilitarisée, a-t-elle précisé.

La région d’Abyei doit être exempte d’armes, a confirmé le Soudan en réaffirmant son engagement à mettre en place des mécanismes de sécurité temporaires et à délimiter les frontières.  Le Soudan du Sud s’est lui aussi félicité de l’esprit de coopération et de dialogue qui règne entre les dirigeants soudanais et sud-soudanais pour régler la question du statut final d’Abyei.  Mme Tetteh a observé en outre que cette amélioration des relations a des effets positifs et stabilisateurs dans la Corne de l’Afrique.  Des progrès significatifs dans les négociations lui semblent toutefois peu probables en l’absence d’un accord préalable sur la restauration d’un gouvernement de transition dirigé par des civils à Khartoum.

Les membres du Conseil ont été nombreux à appeler à tirer parti du réchauffement des relations pour surmonter l’impasse qui dure depuis 11 ans, afin d’arriver à un règlement pacifique durable concernant notamment le statut final d’Abyei.  Le Royaume-Uni a fait porter ses espoirs sur la reprise des réunions du Comité mixte de contrôle d’Abyei, tandis que les États-Unis ont encouragé les deux pays à mettre en place des institutions conjointes et la France a demandé des progrès vers la formation d’un gouvernement civil crédible.

Soucieux pour la population, les États-Unis ont appuyé les initiatives visant à favoriser le dialogue intercommunautaire et l’amélioration des relations entre les communautés afin de promouvoir la stabilité et la sécurité, en mettant l’accent sur la participation des femmes à ces processus.  Les délégations se sont en effet inquiétées de la violence intercommunautaire en cours dans tout Abyei, notamment l’augmentation inquiétante des tensions entre les Ngok Dinka et les Twic Dinka, ce que la France a vu comme un « changement de nature des violences intercommunautaires ».  Ces violences vont de pair avec une recrudescence des attaques contre les Casques bleus, qui sont inacceptables, a dénoncé la délégation française.

Le Soudan du Sud a regretté les récentes violences intercommunautaires qui, à son avis, met en évidence le besoin de déployer complètement la force multinationale de maintien de la paix des Nations Unies qui ferait la transition après la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), dont le mandat a été prorogé le 12 mai dernier jusqu’au 15 novembre 2022.  La délégation sud-soudanaise a d’ailleurs souhaité la reconfiguration de la FISNUA afin de lui donner les capacités d’adaptation à toutes circonstances.  À l’instar des États-Unis, les A3 (Gabon, Kenya et Ghana) ont accueilli favorablement la proposition du Secrétaire général de renouveler pour 12 mois le mandat de la FISNUA, au lieu des 6 mois actuels, arguant que cela facilitera la planification et les opérations.  La Sous-secrétaire générale a, pour sa part, fait le point sur la planification de la reconfiguration de la FISNUA en mission multinationale de maintien de la paix, qui devrait être achevée dans les prochains mois.

En attendant, le Royaume-Uni a appelé les gouvernements des deux pays à lever les obstacles qui continuent de limiter la pleine mise en œuvre du mandat de la FISNUA, se disant inquiet des restrictions à la liberté de mouvement du personnel et des attaques contre celui-ci.  L’Irlande, parmi d’autres délégations, a appelé le Soudan et le Soudan du Sud à régler les questions opérationnelles telles que la délivrance de visas et l’accès à la piste d’atterrissage d’Athony.  La FISNUA ne dispose que de 50 policiers, soit une fraction des 640 que le Conseil de sécurité a autorisés, a relevé la délégation pendant que d’autres membres ont plaidé pour le déploiement d’un conseiller en matière de sécurité pour permettre de rétablir la sécurité.  La France s’est prononcée pour la nomination d’un chef adjoint civil de la FISNUA et le déploiement des unités de police des Nations Unies.

L’Envoyée spéciale Hanna Tetteh a été saluée pour ses efforts tendant à la revitalisation du processus politique, ainsi que sa collaboration avec le Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine (UA) et avec le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’UA.  La France a réitéré son soutien à l’Envoyée spéciale et s’est dite favorable à un renforcement des moyens de son équipe.  De manière générale, le leadership de l’UA a été salué, en soulignant son engagement à soutenir les parties et les communautés sur le terrain pour trouver une solution durable.

S’agissant du travail du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, le Soudan a demandé que des pressions supplémentaires soient exercées sur le Soudan du Sud, qui selon lui entrave ce contrôle.  Les A3 ont exhorté les deux pays à coordonner conjointement les protocoles des accords de coopération de septembre 2012, en particulier la démarcation de la zone frontalière démilitarisée et sécurisée (SDBZ) pour permettre au Mécanisme conjoint de s’acquitter efficacement de son mandat.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD - S/2022/760

Déclarations

Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE, Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique, Départements des affaires politiques et de consolidation de la paix et des opérations de paix, a déclaré que la présente séance du Conseil de sécurité intervient dans un contexte d’engagements renouvelés pour résoudre la question du statut final d’Abyei.  Des avancées considérables ont été réalisées en matière de dialogue, a-t-elle salué.  À ce titre, elle s’est dite satisfaite de l’accord passé, cette semaine, entre les dirigeants du Soudan et du Soudan du Sud en vue de parvenir à une solution sur le statut final d’Abyei et de leur volonté de reprendre les réunions du Comité mixte de contrôle qui ne s’était pas réuni depuis 2017.  Par ailleurs, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) reste saisi de la question et a demandé à la Commission de l’Union africaine de nommer un facilitateur pour le Comité mixte.  Des efforts ont également été déployés par le Groupe de mise en œuvre de haut niveau présidé par l’ancien Président Thabo Mbeki, visant à mener un dialogue avec les communautés locales, sans compter les initiatives de l’Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique.

S’agissant de la situation sécuritaire, elle a dit qu’elle reste généralement stable, avec un changement de dynamiques.  En dépit de la méfiance persistante entre Ngok Dinka et Misseriya, les violences ont connu un faible déclin en 2022, a-t-elle indiqué.  La Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) s’est attelée à favoriser un dialogue communautaire, notamment en organisant une Conférence de paix des chefs traditionnels, qui s’est tenue en mai de cette année, à Entebbe (Ouganda).  La Conférence a produit un communiqué conjoint dans lequel les chefs s’engagent à un dialogue et à la promotion de la paix.  D’autres conférences de ce type sont prévues, a annoncé la Sous-secrétaire générale.  En revanche, l’année 2022 a également connu un regain de tensions avec des violences communautaires entre Ngock Dinka et Twic Dinka dans le sud d’Abyei, en février, fin septembre et en octobre.  Ces violences peuvent être le signe précurseur d’une reprise des combats une fois la saison des pluies passée, a mis en garde la Sous-Secrétaire générale, évoquant aussi les violences à l’encontre des personnels de la FISNUA.  Si ces attaques contre le personnel international se poursuivent, elles pourraient être considérées comme des crimes au titre du droit international, a-t-elle aussi prévenu.

La Sous-Secrétaire générale a aussi indiqué que la reconfiguration de la FISNUA en mission multinationale de maintien de la paix s’est poursuivie et est presque terminée.  Actuellement, 2 567 soldats sont déjà déployés sur les 3 250 autorisés.  Le processus de reconfiguration devrait être achevé, dans les prochains mois, avec l’arrivée des derniers militaires et matériels, lors de la saison sèche, a-t-elle annoncé.  Un défi de la mission est le faible taux de femmes, qui ne sont représentées qu’à 7%, a-t-elle reconnu, avant de plaider pour que la nouvelle force soit correctement équipée, notamment en termes d’hélicoptères et pour aider le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière à accomplir son mandat dans le contexte où peu d’avancées ont été enregistrées dans ce domaine.  Elle a conclu en appelant au soutien du Conseil de sécurité. 

Mme HANNA SERWAA TETTEH, Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique, a informé le Conseil de sécurité des progrès dans la mise en œuvre de la résolution 2046 (2012).  Elle a indiqué que le Soudan et le Soudan du Sud ont continué à bénéficier d’une amélioration de leurs relations et réalisé quelques progrès grâce à des réunions bilatérales régulières.  Ils ont également tenu une réunion du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité à Khartoum, en mai.

Toutefois, même s’ils ont continué à négocier lors de ces visites de haut niveau, chaque pays accorde la priorité à ses questions intérieures.  Au Soudan, les parties doivent encore s’entendre sur la marche à suivre pour rétablir une transition démocratique après le coup d’État du 25 octobre 2021.  Dans les États du Kordofan méridional et du Nil-Bleu, l’impasse dans laquelle se trouvent les pourparlers entre le Gouvernement soudanais et le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (MPLS-N) persiste, a observé Mme Serwaa Tetteh.  Au Soudan du Sud, a-t-elle ajouté, quelques progrès ont été enregistrés dans le processus de paix, puisque la remise de diplômes aux Forces armées a finalement eu lieu le 30 août, près de trois ans après la fin de leur formation.

Les engagements de haut niveau entre le Soudan et le Soudan du Sud sont une caractéristique régulière de leurs relations bilatérales, a fait savoir l’Envoyée spéciale.  Le Soudan a exprimé son intérêt pour la formation des Forces sud-soudanaises en matière de sécurité et de défense, d’état de droit et de maintien de l’ordre.  Les deux pays se rencontrent aussi périodiquement pour aborder les questions en suspens.  Le 24 mai, le Ministre soudanais de la défense et son homologue du Soudan du Sud ont présidé une réunion du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité au cours de laquelle ils ont convenu de rétablir le Comité mixte de contrôle d’Abyei, d’activer le transport fluvial et d’ouvrir immédiatement les postes frontaliers tout en contrôlant et en surveillant les mouvements des citoyens aux frontières.  Ils se sont aussi engagés à retirer leurs forces de la zone démilitarisée, a encore indiqué la haute fonctionnaire.

Mme Serwaa Tetteh a indiqué avoir tenu, depuis le mois de mai, des consultations séparées avec les communautés Ngok Dinka et Misseriya et d’autres parties prenantes, ainsi qu’avec l’ancien Président sud-africain Thabo Mbeki, Président du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine, afin de trouver une issue à l’impasse dans laquelle se trouve le règlement du statut final.  Au cours de sa visite à Djouba les 19 et 20 octobre, le Président Kiir a confirmé sa détermination à travailler en coopération avec le Soudan pour résoudre rapidement la question du statut final d’Abyei.  Il a également souligné que les conflits sont mieux réglés par des moyens pacifiques afin de permettre aux communautés et aux pays d’entretenir des relations plus saines.

Pour conclure, Mme Serwaa Tetteh a observé que l’amélioration des relations entre le Soudan et le Soudan du Sud a des effets positifs et stabilisateurs dans la Corne de l’Afrique.  Des progrès significatifs dans les négociations semblent toutefois peu probables en l’absence d’un accord préalable sur la restauration d’un gouvernement de transition dirigé par des civils à Khartoum.

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a réitéré son appui au renouvellement pour un an du mandat de la FISNUA.  Il a encouragé le Soudan et le Soudan du Sud à soutenir la Mission notamment le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière.  Il a dit être préoccupé par les pertes de vies civiles et des milliers de déplacés à la suite de la destruction de logements.  Le représentant a condamné les violences qui ont conduit à cette situation.  Il a demandé aux deux gouvernements à travailler ensemble pour mettre un terme à cette violence et éviter les affrontements entre les communautés locales.  Sans une police, les populations risquent de subir la criminalité et les affrontements, a-t-il craint, en misant sur l’octroi de visas à la police des Nations Unies et le déploiement d’un conseiller en matière de sécurité pour permettre de rétablir la sécurité.  Cela permettra de continuer à utiliser la piste d’atterrissage et de décollage d’Athony, a-t-il espéré.

Le représentant a plaidé pour surmonter l’impasse qui dure depuis 11 ans.  Il a exhorté les parties à travailler ensemble pour arriver à un règlement pacifique durable concernant notamment le statut final.  Elles doivent participer à tous les comités concernant la zone d’Abyei, a-t-il recommandé.  Il a encouragé les deux pays à mettre en place des institutions conjointes et exhorté l’Union africaine (UA) à intensifier ses engagements pour trouver une solution à Abyei.  Les États-Unis appuient les initiatives visant à favoriser le dialogue intercommunautaire et l’amélioration des relations entre les communautés afin de promouvoir la stabilité et la sécurité, a encore déclaré le représentant, qui a plaidé pour une plus importante participation des femmes à ces processus.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana), qui s’exprimait au nom du A3 (Gabon, Kenya et Ghana), a demandé instamment au Soudan et au Soudan du Sud de rechercher un règlement pacifique sur le statut final d’Abyei, comme le prévoit l’Accord de paix global de 2005.  Il a découragé toute action unilatérale, invitant les parties à rechercher un accord mutuel sur le référendum à Abyei.  Toutefois, le représentant a regretté qu’aucun progrès n’ait été réalisé dans la mise en œuvre de l’Accord de 2011 concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei, ni dans la facilitation des demandes de longue date de la FISNUA qui ont un impact sur la performance de la mission, y compris l’utilisation de la piste d’atterrissage d’Athony, la délivrance de visas pour les unités de police constituées, la nomination du chef de mission adjoint civil de la FISNUA, ou le redéploiement du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière (MCSFV).

Le délégué a exhorté les deux pays à accélérer la mise en œuvre de toutes les recommandations des réunions du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité (JPSM) et du Comité mixte de contrôle d’Abyei (AJOC).  En outre, elles devraient coordonner conjointement les protocoles des accords de coopération de septembre 2012, en particulier la démarcation de la zone frontalière démilitarisée et sécurisée (SDBZ) pour permettre au Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière (MCSF) de s’acquitter efficacement de son mandat.  Le représentant a salué le communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, publié le 29 septembre 2022, et a réitéré son soutien total au travail du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine (AUHIP).

Passant à la situation sécuritaire à Abyei, le représentant a condamné les attaques intercommunautaires, se disant profondément préoccupé par l’aggravation de la situation humanitaire, dont le déplacement de populations et le manque d’accès aux services sociaux essentiels.  Il s’est félicité de l’achèvement du document sur le programme conjoint Abyei des équipes de pays des Nations Unies du Soudan et du Sud-Soudan.  À l’approche de la saison sèche, il a exhorté la FISNUA à mettre en œuvre des interventions précoces, notamment en facilitant les dialogues intercommunautaires sur la transhumance.  En outre, il a condamné les attaques signalées contre le personnel et les installations de la FISNUA, la réalisation du statut final d’Abyei étant la clef de toute décision future sur son retrait, en tenant compte de la sûreté et de la sécurité des résidents d’Abyei.  Le représentant a souligné la nécessité de maintenir la présence de la FISNUA et accueilli favorablement la proposition du Secrétaire général d’un renouvellement d’un cycle de mandat de 12 mois au lieu des 6 mois actuels, ce qui facilitera la planification et les opérations, a-t-il estimé.

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a déclaré appuyer fermement les efforts déployés par le personnel de la FISNUA opérant dans la zone d’Abyei pour assurer la protection des civils et promouvoir le dialogue entre les deux gouvernements.  Pour cette raison, la délégation juge inacceptables les attaques perpétrées contre le personnel de la Force FISNUA et les restrictions de mouvement qui lui sont imposées.  Elle a appelé toutes les parties prenantes à faciliter la liberté de mouvement de ses personnels et le Soudan à faciliter la délivrance des visas nécessaires.

La représentante s’est ensuite dite encouragée par l’élan récent, notamment l’accord conclu entre les deux gouvernements pour renforcer la coopération sur Abyei.  La tenue de la réunion du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité (JPSM), en mai, a été une étape positive, mais toutes les parties doivent participer davantage et tenir la réunion du Comité mixte de contrôle d’Abyei (AJOC).  Ces pourparlers restent cruciaux, selon elle, pour résoudre la question des couloirs de passage des frontières, l’opérationnalisation de la piste d’atterrissage d’Athony et la mise en place du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière de la frontière (JBVMM).

M. DAI BING (Chine) a observé que les relations entre le Soudan et le Soudan du Sud se sont améliorées, se félicitant de la réunion du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité en mai, qui a permis d’ouvrir de nouveaux couloirs pour l’assistance humanitaire.  Les affrontements à Abyei sont inquiétants mais, grâce à la réponse de la FISNUA, du Soudan et du Soudan du Sud, la situation reste sous contrôle, a-t-il estimé.  Le représentant a encouragé toutes les communautés à participer aux réunions organisées par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et la FISNUA afin de trouver un accord pour la prochaine transhumance.  Il a souligné que la FISNUA joue un rôle fondamental dans le règlement du statut final d’Abyei et encouragé les deux parties à travailler en coopération avec la FISNUA.  En tant que pays fournisseur de contingents à cette mission, la Chine a indiqué qu’elle avait envoyé des hélicoptères et mené à bien des opérations aériennes.

M. FERGUS JOHN ECKERSLEY (Royaume-Uni) a appelé les Gouvernements du Soudan et du Soudan du Sud à lever les obstacles qui continuent de limiter la pleine mise en œuvre du mandat de la FISNUA.  Il a dit être préoccupé par les restrictions à la liberté de mouvement de la Mission et par les attaques contre le personnel de la FISNUA.  Il a exhorté le Gouvernement du Soudan du Sud à rendre à nouveau opérationnel le siège du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière à Gok Machar.  S’agissant de la situation à Abyei, les populations continuent de souffrir en raison de l’absence de services de base et de l’état de droit limité, a constaté le représentant, préoccupé par la violence intercommunautaire en cours dans tout Abyei, notamment l’augmentation inquiétante des tensions entre les Ngok Dinka et les Twic Dinka.  Il a encouragé toutes les parties à respecter pleinement le droit international humanitaire et à protéger et permettre au personnel, aux biens et aux opérations humanitaires d’apporter de l’aide à ceux qui en ont besoin à Abyei.  Également préoccupé par l’absence de progrès dans la recherche d’une solution politique pour Abyei, le représentant a appelé les deux gouvernements à saisir cet élan et à apporter des changements positifs concret au peuple d’Abyei.  Les deux pays doivent organiser une nouvelle réunion du Comité mixte de contrôle d’Abyei en signe de leur réengagement à parvenir à un accord sur Abyei, a-t-il suggéré.

Mme ISIS MARIE DORIANE JARAUD-DARNAULT (France) a fait part de sa préoccupation concernant le changement de nature des violences intercommunautaires, avec des affrontements entre Ngok et Twic Dinka.  Ces violences vont de pair avec une recrudescence des attaques contre les Casques bleus, qui sont inacceptables, a-t-elle déclaré.  Elle a appelé le Soudan et le Soudan du Sud à faire baisser ces tensions.  Les deux pays sont liés par l’accord sur le statut des forces, a-t-elle rappelé, en espérant qu’ils permettent à la FISNUA de remplir son mandat en toute sécurité dans l’ensemble de ses zones de déploiement.  La représentante a appelé Khartoum et Djouba à tirer parti du réchauffement de leurs relations pour parvenir à un règlement du statut final d’Abyei.  A minima, il doit être possible de répondre aux besoins de base des populations et de réduire les tensions intercommunautaires, a-t-elle déclaré, tout en saluant l’accord signé le 24 octobre à Khartoum et appelant à sa mise en œuvre.  La FISNUA peut accompagner une dynamique positive par son action en matière de consolidation de la paix et son soutien aux comités de protection des communautés, selon la déléguée, pour qui la montée en puissance de cette approche nécessite de débloquer la nomination d’un chef adjoint civil de la FISNUA et le déploiement des unités de police des Nations Unies.

La déléguée a estimé que la situation à Abyei est le reflet des fragilités d’une région où les crises se multiplient et durent.  Un an s’est écoulé depuis le coup d’État du 25 octobre 2021 au Soudan, a-t-elle rappelé, en s’inquiétant que cette crise continue d’handicaper le processus de paix au Darfour comme le règlement du statut d’Abyei.  Elle a réitéré son appel à l’ensemble des parties pour identifier une voie de sortie à la crise politique et progresser vers la formation d’un gouvernement civil crédible.  Elle a réitéré son soutien à l’Envoyée spéciale, Mme Hanna Tetteh, et s’est dite favorable à un renforcement des moyens de son équipe.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est inquiété de la recrudescence de la violence à Abyei et de la persistance des tensions entre les communautés locales, ce qui rend la fourniture de l’assistance humanitaire encore plus dangereuse dans les zones reculées.  De la même façon, la poursuite du conflit armé menace les moyens de subsistance des civils, d’ores et déjà, confrontés à de sérieux défis socioéconomiques, a-t-il constaté, se faisant l’écho de l’inquiétude du Secrétaire général face aux difficultés des habitants d’Abyei.  Aux yeux du Brésil, la situation précaire sur le terrain rend le travail de la FISNUA encore plus vitale.  À cet égard, il a déploré les attaques contre les Casques bleus et les restrictions imposées à la liberté de circulation de la mission.  Rendant hommage aux efforts des dirigeants et du personnel de la FISNUA et de l’Envoyée spéciale, il a estimé que, dans la perspective du renouvellement du mandat de la mission, il importe de veiller à lui fournir les moyens de s’acquitter de ses fonctions, notamment en termes de protection des civils et des Casques bleus.  Partant, il a mis l’accent sur l’importance des communications stratégiques d’appui à la FISNUA aux fins de soutenir ses activités, de contrer la désinformation, de renforcer la confiance entre les parties prenantes et de protéger les Casques bleus, au vu notamment des récentes attaques contre le personnel des Nations Unies.

Concernant le statut d’Abyei, le représentant a réitéré que le Soudan et le Soudan du Sud ne pourront trouver un terrain d’entente que par le biais de négociations justes et crédibles.  Il a appuyé l’amélioration des relations entre les deux gouvernements, ces dernières années, et encouragé à un dialogue suivi en vue d’un règlement politique à long terme sur le statut d’Abyei.

Mme MONA JUUL (Norvège) a vivement salué l’Envoyée spéciale pour ses efforts tendant à la revitalisation du processus politique, ainsi que sa collaboration avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et avec le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine.  Elle s’est alarmée que le rapport mentionne des attaques coordonnées contre les communautés Ngok Dinka par Twic Dinka et Misseriya, ajoutant que les cycles répétés de violence entre communautés rendent tout développement impossible, sans compter leurs effets dévastateurs sur les civils, y compris sur les enfants.  Elle a interpellé les Misseriya, Ngok Dinka, et tous les groupes avoisinants à faire preuve de retenue, et à amorcer des efforts de réduction des tensions à l’approche de la prochaine saison sèche.  S’inquiétant ensuite de la poursuite des attaques ciblant les Casques bleus de la FISNUA, elle a conseillé que la mission reste opérationnelle et prête à exercer son mandat au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies relatif à la protection des civils menacés de violence physique.

Elle a appelé à centrer les progrès futurs sur le sujet le plus contesté: faut-il qu’Abyei appartienne au Soudan ou au Soudan du Sud?  À cet égard, elle a jugé essentiel de garantir la stabilité et fournir des services à la population, par une mise en œuvre des mécanismes conjoints, comme stipulé dans l’Accord de juin 2011.  Elle a appelé au renforcement de la coopération, à l’établissement de la confiance entre les communautés sur le terrain et à l’appui aux efforts de dialogue intercommunautaires.  Elle a aussi salué les rencontres de haut niveau entre le Soudan et le Soudan du Sud, en début de semaine, et exhorté les parties à convenir de réunions régulières au sein du Comité mixte de contrôle d’Abyei, et à régler la question d’octroi des visas pour faciliter le recrutement et le remplacement du personnel militaire et de police.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a déclaré que la violence dans le Kordofan occidental et le Nil-Bleu est fondamentalement d’ordre intercommunautaire, résultant de facteurs complexes, en particulier des conflits fonciers.  Ces affrontements ont aussi leurs raisons historiques, les communautés tribales ayant accès aux armes.  S’il peut s’agir d’un sujet de grave préoccupation, il reflète également la réalité complexe sur le terrain et doit être traité avec tact.  Il est, à cet égard, important de saluer les mesures prises par les autorités soudanaises pour atténuer les tensions et initier un engagement entre les communautés pour renforcer la confiance, a estimé la délégation.

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a encouragé le Soudan et le Soudan du Sud à saisir l’occasion de l’amélioration de leurs relations, ainsi que la stabilité relative en matière de sécurité, pour trouver une solution au statut d’Abyei sur la base, entre autres, de la Commission mixte de suivi et d’évaluation pour rapprocher leurs positions sur le processus et le calendrier en vue d’un accord politique.  Il a pris note des échanges, en particulier ceux qui ont eu lieu en mai à Entebbe entre la FISNUA, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’Union africaine (UA), y compris le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’UA, axé sur l’amélioration du dialogue entre communautés.  En effet, selon le délégué, le dialogue reste fondamental pour éviter les affrontements intercommunautaires qui se soldent par des déplacements massifs aux ramifications multiples en termes de sécurité et d’assistance humanitaire.  Il a jugé tout aussi fondamental que les deux pays progressent dans l’établissement d’institutions d’état de droit et de justice, ainsi que dans la prestation de services de base à Abyei.  Le représentant du Mexique a également reconnu les efforts déployés par l’ONU pour lancer des programmes conjoints dans la région d’Abyei en soutien à la population dans la gestion des ressources hydriques, d’une part, et dans le domaine de la santé, d’autre part.  Notant ensuite l’impact négatif des inondations sur la sécurité alimentaire et l’accès humanitaire, il a déploré que les prestations humanitaires aient été rendues difficiles dans certaines zones par la présence des groupes armés.  Il a en outre déploré la suspension par le Soudan de l’octroi de visas pour le service de police d’Abyei, regrettant aussi que la feuille de route pour l’établissement de ce service ne soit pas appliquée.  Il a souligné dans ce contexte que les comités de protection de la population locale, avec une large participation des femmes, sont certes bienvenus mais ne sauraient se substituer à la fonction du service de police d’Abyei.

M. SAOD ALMAZROUEI (Émirats arabes unis) a prié la FISNUA de se rapprocher des communautés de la région d’Abyei afin de faire baisser les tensions actuelles.  À cet égard, il s’est dit encouragé par les récentes initiatives régionales, notamment la Conférence sur la paix par le dialogue qui s’est tenue en mai et a permis de rassembler les chefs traditionnels, ainsi que des représentants des femmes et des jeunes.  Il a estimé que ce type d’échanges inclusifs doit se poursuivre afin de faire le point sur les progrès enregistrés dans la mise en œuvre des principes convenus à l’issue de la Conférence.  M. AlMazrouei a salué les efforts des comités de protection de la population locale et du comité mixte de protection pour leur soutien à la FISNUA dans la réponse aux incidents, notamment aux attaques armées et à la violence intercommunautaire.  Les Émirats arabes unis s’en inquiètent, car elle complique davantage la situation humanitaire difficile dans la région d’Abyei.  Le représentant a souligné que seul le dialogue permettrait de parvenir à un accord sur le statut final d’Abyei.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) s’est réjouie de ce que la situation à Abyei est restée globalement stable ces derniers mois et les relations entre le Soudan et le Soudan du Sud ont continué de s’améliorer.  Saluant la volonté des deux États de relancer les travaux du Comité mixte de contrôle, la représentante a souhaité que ce dialogue débouche sur un accord sur la statut final d’Abyei.  En revanche, elle a dit être préoccupée par l’impasse du dialogue intercommunautaire et des violences entre Twik Dinka et Ngok Dinka en violation de l’Accord signé en avril de cette année.  Ces accords ont été signés pour mettre fin aux hostilités, a rappelé la déléguée, qui a encouragé les parties à davantage d’effort en vue du statut final d’Abyei.  Le statut de la région contestée doit être déterminé sur une base juridique internationale et fondé sur des accords entre les deux États, a-t-elle insisté.  Elle a rappelé que la FISNUA, qui joue un rôle important dans la stabilité régionale, doit aider le Soudan et le Soudan du Sud dans leur quête d’une solution mutuellement acceptable au différend frontalier.  La Fédération de Russie, a annoncé la représentante, est par ailleurs favorable à la prolongation du mandat de la Force.  Elle a exhorté les responsables de la FISNUA à œuvrer avec Khartoum et Djouba à résoudre les problèmes restants dans les activités des Casques bleus et du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière.

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande) a déploré que la situation humanitaire à Abyei soit aggravée par de fréquentes flambées de violences, notamment sexuelles et sexistes.  Les conditions sont encore exacerbées par l’impact du réchauffement climatique, ainsi que par la crise alimentaire mondiale.  Ces circonstances rendent d’autant plus urgent pour le Soudan et le Soudan du Sud de redoubler d’efforts pour trouver une solution acceptable pour Abyei, a-t-il remarqué, en plaidant pour que les habitants d’Abyei aient accès aux services publics, car ils méritent la justice, la sécurité et la possibilité d’un développement économique.  Le représentant a loué le leadership de l’UA et son engagement à soutenir les parties et les communautés sur le terrain pour trouver une solution durable.  Il s’est dit impressionné par les plans de l’UA visant à faire dialoguer les communautés locales pour s’attaquer aux causes profondes du conflit et à nommer un facilitateur pour le Comité mixte de contrôle d’Abyei.

Saluant les efforts de la mission et des autorités sud-soudanaises pour forger la paix entre les Ngok Dinka et les Twic Dinka, M. Gallagher s’est félicité des progrès accomplis dans la reconfiguration de la FISNUA en une force multinationale.  Le délégué a appelé, une fois de plus, le Soudan et le Soudan du Sud à régler les questions opérationnelles en suspens, telles que la délivrance de visas et l’accès à la piste d’atterrissage d’Athony.  Le Soudan, par exemple, n’a pas été en mesure de faciliter le déploiement du personnel, pourtant fondamental de la mission.  De plus, la FISNUA ne dispose que de 50 policiers, soit une fraction des 640 que le Conseil de sécurité a autorisés, a-t-il souligné.  Il a condamné toutes les attaques contre les Casques bleus et a salué la bravoure et les sacrifices des troupes de la FISNUA en demandant leur protection.  L’Irlande reste préoccupée par le fait que le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière n’ait pas accès à toutes les zones relevant de son mandat.  Le représentant s’est réjoui de participer au prochain renouvellement du mandat qui devrait laisser suffisamment de temps pour consolider les progrès déjà réalisés.

M. AKUEI BONA MALWAL (Soudan du Sud) a regretté les récentes violences intercommunautaires, qui soulignent le besoin de déployer complètement la force multinationale.  Il a ensuite estimé que cette dernière doit être reconfigurée afin de lui donner les capacités d’adaptation à toutes circonstances.  Il est nécessaire de mettre en place un mécanisme d’alerte rapide, afin que la force puisse répondre aux urgences, dans un contexte où la saison des pluies qui arrivent rend les routes impraticables, a dit le représentant.  Il a également dit être conscient de l’avis rendu par de la Cour permanente d’arbitrage octroyant au Soudan le contrôle des champs pétroliers situés à Abyei.  Mais pour l’heure, il se félicite de l’esprit de coopération et de dialogue qui prévaut entre les deux dirigeants soudanais et sud-soudanais pour régler la question du statut final d’Abyei.  Compte tenu de ce nouveau climat, la communauté internationale, le Conseil de sécurité et l’UA doivent encourager et soutenir cet esprit pour parvenir au règlement sur le statut final d’Abyei, a conclu le représentant.

M. AL-HARITH IDRISS AL-HARITH MOHAMED (Soudan) a rappelé qu’il existe des termes de référence juridiques et politiques qui régissent la situation à Abyei, et requièrent la mise en œuvre d’arrangements et de mesures politiques et sécuritaires jusqu’à ce que les deux parties conviennent d’une solution réaliste et acceptable pour toutes les composantes sociales sur le statut final de la région d’Abyei.  Le Gouvernement du Soudan réaffirme son engagement à mettre en place des mécanismes de sécurité temporaires et à délimiter les frontières, a indiqué le délégué.  Préoccupé par les incidents dans la région, comme celui qui a abouti au retrait du Mécanisme conjoint pour le contrôle des frontières, il a appelé à la désescalade des tensions.  Selon le Soudan, la région d’Abyei doit être exempte d’armes.  La nature de la mission des Nations Unies à Abyei étant intérimaire, le représentant a appelé à concentrer les efforts sur les mécanismes conjoints, tout en consolidant la coexistence pacifique entre les composantes sociales de la région.

Le statut final reste tributaire de l’accord conclu entre les deux parties, a-t-il insisté.  S’agissant de l’activité du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, le délégué a demandé que des pressions supplémentaires soient exercées sur le Soudan du Sud, qui entrave ce contrôle.  Durant la réunion entre les deux parties le 24 octobre, il a été convenu de mettre en place des mécanismes de coopération conjointe au sujet d’Abyei et de coopérer en vue de créer un environnement sain et propice pour les communautés des deux pays, a-t-il fait observer.  Il a réaffirmé l’engagement du Soudan à promouvoir la coopération avec le Gouvernement du Soudan du Sud et appelé la communauté régionale et internationale à les soutenir dans leurs efforts.

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