9046e séance - matin
CS/14909

Conseil de sécurité: dépassons le paradigme de la gestion du conflit israélo-palestinien pour aller vers son règlement, plaide le Coordonnateur spécial de l’ONU

Au Conseil de sécurité aujourd’hui, le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient a concédé que ces dernières semaines ont malheureusement été marquées par un cycle familier de violences quotidiennes dans les territoires palestiniens occupés, mais également en Israël.  Pour M. Wennesland, il faut « dépasser le paradigme de la gestion du conflit pour aller vers son règlement ».

M. Tor Wennesland a fait état d’affrontements armés, d’expansion des colonies, d’expulsions, de démolitions et de saisies de biens palestiniens, mais aussi d’un attentat terroriste meurtrier en Israël et surtout de la mort de la journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh, tuée par balle le 11 mai à Jénine, lors d’une opération des forces de défense israéliennes.

Visiblement ému à l’évocation de « Shireen », l’Observateur permanent de l’État de Palestine, M. Riyad Mansour, n’a pas hésité à dire que cet « assassinat » n’était pas une exception.  Nous ne sommes pas tués en raison de ce que nous faisons, mais en raison de qui nous sommes, a-t-il tranché.  Si vous êtes Palestinien, vous êtes une cible légitime et Israël peut décider « de votre vie et de votre mort ».  M. Mansour s’est aussi indigné du fait qu’Israël ait préféré accuser la victime plutôt que d’assumer ses propres responsabilités. 

C’est sa politique de « tirer pour tuer » qui a trouvé en Shireen son aboutissement tragique, a-t-il tranché.  « Vous appelez à une reddition de comptes, mais Israël jouit de l’impunité depuis tellement longtemps qu’il ne sait pas de quoi vous parlez », s’est exclamé l’observateur.  Toutefois, a annoncé M. Mansour, les autorités palestiniennes ont mené leur enquête sur cet incident et un rapport a été transmis ce matin même à l’Administration américaine et à la famille de Shireen Abu Akleh.

Tout en déplorant la mort de la journaliste, la représentante d’Israël a rétorqué que le fait que la partie palestinienne refuse à ce jour de mener une enquête conjointe sur cet incident pourrait être un signe de sa culpabilité.  Elle a reproché à certains membres du Conseil de sécurité et à la communauté internationale leur parti-pris, pour avoir repris à leur compte la « rhétorique incendiaire des Palestiniens avant même d’avoir vérifié les faits ».  La plupart des membres du Conseil s’en sont tenus ce matin à réclamer une enquête approfondie sur les circonstances de la mort de l’ancienne reporter d’Al-Jazira.

Parallèlement à cette escalade de la violence sur le terrain, M. Wennesland est revenu sur la situation financière difficile de l’Autorité palestinienne, aggravée par les contraintes de l’occupation, l’absence de réformes palestiniennes « sérieuses » et des incertitudes quant au soutien des donateurs.  Il a également fait état de certaines mesures économiques positives prises par Israël envers les Palestiniens, tout en regrettant qu’elles soient régulièrement sapées par des mesures négatives, telles que l’expansion des colonies, les démolitions et la poursuite de la violence.

Il n’en reste pas moins que sans mesures politiques significatives de la part d’Israël, sans réformes audacieuses de la part de l’Autorité palestinienne et sans un soutien accru des donateurs, ces défis continueront à se poser, a mis en garde le Coordonnateur spécial.  À l’approche de la Journée de Jérusalem le 29 mai, il a à nouveau exhorté les autorités à minimiser les risques d’affrontements et de violences en réaffirmant sans ambages que le statu quo sur les Lieux saints de Jérusalem doit être maintenu et respecté.  

Face à une agression, une annexion et une occupation qui durent depuis des décennies, l’observateur palestinien s’est cependant demandé: « Que fait la communauté internationale?  Quand allons-nous recevoir des armes pour nous défendre?  Quand des sanctions seront-elles adoptées?  À quand la prochaine visite du Procureur de la CPI? »  Pour M. Mansour, à force de « faire comme si de rien n’était », cela « équivaut à donner un blanc-seing au colonialisme et à l’apartheid d’Israël ». 

À l’instar du Royaume-Uni, les membres du Conseil ont été nombreux à exprimer leur préoccupation devant le feu vert donné par les autorités israéliennes à la construction de plus de 4 000 unités de logement dans de nombreuses colonies de Cisjordanie, et à l’annonce de la récente décision de la Cour suprême israélienne, qui ouvre la voie à l’éviction de plus de 1 000 Palestiniens à Massafer Yatta, « pour en faire un champ de tir », comme l’a rappelé M. Mansour.

Cela constituerait le plus important transfert forcé de population depuis 1967, a souligné la France, avant d’appeler Israël à ne pas mettre en œuvre des décisions contraires au droit international humanitaire.  Pour ce qui est des problèmes financiers de l’Autorité palestinienne, la Norvège a invité les deux parties à intensifier leur coopération en vue de stabiliser l’économie palestinienne, à augmenter les revenus de l’Autorité et à faciliter la croissance économique, même si une amélioration sera insuffisante à elle seule à résoudre le conflit.

C’est un vibrant plaidoyer pour la réconciliation en tant que condition incontournable de la paix qui a ému les membres du Conseil de ce matin.  Mme Robi Damlin, du Forum « Parents Circle », une organisation regroupant plus de 600 familles israéliennes et palestiniennes qui ont toutes perdu un être cher dans ce conflit, est venue « parler à leurs cœurs, non pas comme victime mais comme vainqueur ».  Quand on m’a annoncé que mon fils a été tué par des Palestiniens, j’ai tout de suite répondu: « Vous n’avez pas le droit de tuer au nom de mon enfant. » 

Il faut agir pour réaliser la réconciliation, car sans elle, il n’y aura jamais de paix, tout au mieux un cessez-le-feu provisoire, a plaidé l’intervenante.  Quand j’ai plongé mon regard dans celui des femmes palestiniennes, j’ai compris, a avoué l’oratrice, que nous avions la même douleur, que la tombe de mon enfant était la même que les leurs et que nous versions les mêmes larmes.  En conséquence, ensemble, nous pouvons parler d’une même voix en faveur de la réconciliation, de la non-violence et du retrait d’Israël des territoires occupés.  

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a commencé son intervention en rendant hommage à la journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh, assassinée le 11 mai à Jénine.  Malheureusement, ces dernières semaines ont été marquées par ce schéma familier de violences quotidiennes, a-t-il déploré, en parlant d’affrontements armés, d’expansion des colonies, d’expulsions, de démolitions et de saisies de biens palestiniens, ainsi qu’un attentat terroriste meurtrier en Israël.  Parallèlement, la situation financière de l’Autorité palestinienne –aggravée par les contraintes de l’occupation, l’absence de réformes palestiniennes sérieuses et les perspectives peu claires en termes de soutien des donateurs– est terrible et nécessite une attention urgente.  Sans mesures politiques significatives de la part d’Israël, des réformes audacieuses de la part de l’Autorité palestinienne et un soutien accru des donateurs, M. Wennesland a estimé que ces défis ne feront que continuer à se poser. 

À Gaza, les efforts déployés par l’ONU et les partenaires internationaux pour améliorer la vie des Palestiniens et les mesures prises par Israël pour atténuer la pression et faciliter davantage d’activité économique ont permis au fragile cessez-le-feu de se poursuivre, a observé le haut fonctionnaire.  Garder le calme, cependant, n’est ni suffisant ni durable, a tranché le Coordonnateur spécial en appelant à faire davantage pour atténuer la crise humanitaire et lever les bouclages israéliens.  Il n’a pas hésité à dire que la persistance de ces facteurs de conflit, et l’absence de réelle volonté politique de changer de cap, a donné du pouvoir aux extrémistes et érode la perception, tant chez les Palestiniens que chez les Israéliens, qu’un règlement du conflit est possible.  Selon lui, ces dynamiques –combinées à la crise financière– convergent et s’intensifient dangereusement. 

Dès lors, M. Wennesland a plaidé pour des mesures immédiates indispensables afin d’inverser ces tendances négatives et soutenir le peuple palestinien, et pour une approche mieux coordonnée et stratégique des parties et de la communauté internationale.  L’aide économique doit être élargie et plus durable, a-t-il préconisé, estimant à cet égard qu’un accord-cadre réglementaire actualisé pour les relations économiques israélo-palestiniennes est non seulement vital pour apporter des dividendes économiques aux Palestiniens, mais aussi pour contribuer de manière tangible à une perspective politique.  Cette approche doit s’accompagner de mesures politiques et sécuritaires qui s’attaquent aux principaux facteurs du conflit et conduire vers la fin de l’occupation et la réalisation d’une solution négociée à deux États, a-t-il ajouté, avant de passer en revue les différents incidents qui ont éclaté dans les territoires palestiniens occupés, la plupart perpétrés par les forces israéliennes mais aussi par des colons israéliens.  M. Wennesland a insisté pour que les auteurs de tous ces actes de violence soient tenus pour responsables de leurs actes et rapidement traduits en justice.  Il a exhorté les forces de sécurité israéliennes à faire preuve d’un maximum de retenue et à ne recourir à la force létale que lorsque c’est strictement inévitable afin de protéger la vie. 

Qui plus est, le 22 mai, le tribunal de première instance de Jérusalem a annulé temporairement une ordonnance de la police israélienne bannissant des Lieux saints trois Israéliens juifs qui y priaient.  Le juge a justifié cette décision, annulée par la suite, par le fait que le droit à la liberté de culte « n’est pas absolu, et peut être supplanté par d’autres intérêts, parmi lesquels la sauvegarde de l’ordre public ». 

Dans un autre développement inquiétant, le 12 mai, pour la première fois en sept mois, les autorités israéliennes ont avancé des plans pour plus de 4 000 unités de logement dans les colonies de la zone C du territoire occupé en Cisjordanie.  Cela comprend l’approbation rétroactive de deux avant-postes, également illégaux selon la loi israélienne, a précisé M. Wennesland.  Il a ensuite mentionné les démolitions, par les autorités israéliennes, de maisons et structures palestiniennes qui se sont poursuivies pendant le mois de ramadan à Jérusalem-Est, tout comme les expulsions de 1 200 Palestiniens, avec l’aval de la Haute Cour.  Il s’est dit profondément préoccupé par les implications possibles de cette décision de la Haute Cour en termes de situation humanitaire pour les communautés concernées si les ordres d’expulsion sont exécutés, appelant les autorités israéliennes à revenir dessus et à approuver des plans qui permettraient aux Palestiniens de construire légalement et de répondre à leurs besoins de développement. 

Dans la bande de Gaza, a-t-il indiqué, l’ONU continue de fournir une aide humanitaire et une aide au développement vitales, et s’efforce d’assouplir davantage les restrictions à la circulation des personnes et des biens dans et en dehors de la Bande. 

Dans le Golan, le cessez-le-feu entre Israël et la Syrie continue d’être globalement maintenu dans un environnement instable, avec des tirs effectués le 11 mai par les Forces de défense israéliennes de l’autre côté de la ligne de cessez-le-feu et la présence continue des Forces armées syriennes dans la zone de séparation, a expliqué le Coordonnateur spécial, en appelant les parties à respecter leurs obligations au titre de l’Accord sur le dégagement des forces israéliennes et syriennes afin d’éviter toute escalade. 

Passant au Liban, M. Wennesland a rappelé que des élections législatives y ont eu lieu le 15 mai et que les observateurs locaux et internationaux se sont dits préoccupés par les suspicions d’achat de voix et de violence électorale.  Les Nations Unies attendent la formation rapide d’un nouveau gouvernement pour mettre en œuvre le programme urgent de redressement et de réforme. 

À l’approche de la Journée de Jérusalem le 29 mai, il a à nouveau exhorté les autorités à prendre des décisions judicieuses pour minimiser les risques d’affrontements et de violences en réaffirmant sans ambages que le statu quo sur les Lieux saints de Jérusalem doit être maintenu et respecté. 

Plus généralement, il s’est dit préoccupé par le fait que la dynamique actuelle -en particulier en Cisjordanie- pourrait devenir incontrôlable à tout moment.  Le haut responsable de l’ONU a donc encouragé les dirigeants des deux côtés à prendre des décisions certes difficiles, mais cruciales pour stabiliser la situation.  Il a regretté que les mesures économiques positives d’Israël envers les Palestiniens soient régulièrement sapées par des mesures négatives, telles que l’expansion des colonies, les démolitions et la poursuite de la violence.  Dans le même temps, les sombres prévisions budgétaires et financières auxquelles l’Autorité palestinienne est confrontée contribuent à de faibles perspectives de véritable réforme institutionnelle.  « Nous devons dépasser le paradigme de la gestion du conflit et aller vers le règlement », a conclu le Coordonnateur spécial. 

M. DANIEL MUNAYER, Directeur exécutif de Musalaha, a dit qu’il est issu d’une vieille famille palestinienne chrétienne.  Il vit à Jérusalem et œuvre avec son association à la réconciliation interconfessionnelle en emmenant Palestiniens et Israéliens dans des séjours dans le désert.  Il a déclaré que l’espace civique s’est rétréci et que le dialogue entre Palestiniens et Israéliens s’en trouve entravé.  Alors que les participants palestiniens reviennent après leurs séjour dans des zones occupées, certains participants israéliens retournent à Tel Aviv où la population n’a presque pas conscience de la situation.  Il a affirmé que la foi religieuse peut être le moyen de tisser des liens.  Mais Israël essaye de créer une guerre religieuse, a dit M. Munayer, en accusant ce pays d’avoir récemment empêché l’accès des chrétiens et des musulmans à leurs Lieux saints à Jérusalem.  La réconciliation ne sera pas possible sans une reddition de comptes et la cessation de l’occupation, a poursuivi M. Munayer.  Il a appelé la communauté internationale à protéger les résidents de Jérusalem des violences exercées par les forces de sécurité israéliennes et les colons.  Enfin, il a plaidé pour une solution juste au conflit et invité le Conseil à exercer des pressions à cette fin.

Je ne suis pas venue ici pour dialoguer, présenter des diapositifs ou faire une déclaration fracassante sur les moyens de mettre fin au conflit, a prévenu Mme ROBI DAMLIN, du Forum « Parents Circle », une organisation de plus de 600 familles qui ont toutes perdu un être cher.  Je suis venue ici, a-t-elle expliqué, pour parler à vos cœurs non pas comme victime mais comme vainqueur.  On peut toujours comparer les souffrances ou présenter des contre-arguments mais qui se souviendra des noms des 68 enfants qui sont morts à Gaza?  C’est difficile d’être ici et de ne pas vous décrire la réalité de ce que c’est que de perdre un enfant.  Mais quand on m’a dit que mon fils a été tué par des Palestiniens, j’ai tout de suite répondu: « vous n’avez pas le droit de tuer au nom de mon enfant ». 

Avec le Forum, a poursuivi Mme Damlin, nous voulons créer un cadre pour un processus de réconciliation qui ferait partie intégrante de tout accord de paix.  C’est bien de signer des documents sur la pelouse de la Maison-Blanche mais cela ne suffit pas, a-t-elle martelé.  Il faut agir pour concrétiser la réconciliation car sans elle, il n’y aura jamais la paix, tout au mieux un cessez-le-feu provisoire.  Quand j’ai plongé mon regard dans celui des femmes palestiniennes, j’ai compris, a avoué l’oratrice, que nous avions la même douleur, que la tombe de mon enfant était la même que celle des leurs et que nous versions les mêmes larmes.  En conséquence, ensemble, nous pouvons parler d’une même voix pour la réconciliation, la non-violence et le retrait d’Israël des territoires occupés. 

C’est bien de faire des déclarations politiques pour ou contre Israël et la Palestine, s’est encore impatientée Mme Damlin.  Mais à part porter le conflit dans vos pays et répliquer la haine entre Israéliens et Palestiniens, que faites-vous d’autre? a-t-elle demandé aux membres du Conseil de sécurité.  Venez plutôt chez nous et allez dans les groupes de femmes et dans les écoles, et si vous allez dans une école israélienne, vous vous rendrez compte qu’aucun enfant n’a jamais rencontré un Palestinien.  Or quand on entend l’histoire d’un enfant comme vous qui doit passer par un point de contrôle pour aller à l’école, tout d’un coup vous le voyez dans son humanité, vous le voyez comme un être humain.  Je ne dis pas, s’est amusée l’oratrice, que ces enfants deviendront des Martin Luther King en puissance mais ils auront au moins une perception de ce qu’un enfant subit dans les territoires occupés. 

Moi-même, a-t-elle ajouté, quand je parle aux Palestiniens de ce qui m’est arrivé, je vois un point de rupture et je réalise qu’ils voient mon humanité.  C’est la raison pour laquelle certains d’entre eux ont rejoint le Forum pour travailler ensemble sur différents projets.  Mais ici, s’est-elle désolée, je vous vois parler.  Moi ce que je veux, c’est apporter l’espoir et ne pas me contenter de comparer les souffrances.  Quand on parlent aux femmes palestiniennes de ce qu’elles veulent réaliser dans leur vie, une lumière s’allume car ce sont déjà des chefs de file.  La semaine dernière, 40 d’entre elles ont commencé une formation.  Savez-vous quelle joie et quel espoir cela peut apporter?  Des choses se passent sur le terrain dont vous n’avez pas conscience et moi je peux vous dire qu’il y a de l’espoir et que sans cet espoir, il n’y aura jamais la paix.  Regardez le travail mené par des organisations comme la nôtre.  Merci de votre écoute mais écoutez avec compassion, a conclu Mme Damlin.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a salué l’annonce, à l’issue de la réunion du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens, d’une commission conjointe sur l’eau, et de discussions sur le financement et l’impôt.  Elle a condamné les dernières attaques perpétrées contre Israël, ainsi que le meurtre de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh pour lequel elle a réclamé la tenue d’une enquête immédiate, impartiale et transparente.  Elle a dit être inquiète des violences perpétrées au cours des funérailles de cette journaliste, une situation qui ne fait que renforcer les tensions, a craint la déléguée. 

Il faut redoubler d’efforts pour promouvoir la paix et éviter toute action unilatérale susceptible d’aggraver les tensions et de menacer la solution des deux États, a poursuivi la représentante qui a notamment évoqué la situation à Massafer Yatta.  Elle a ensuite déclaré que la guerre d’agression russe non provoquée contre l’Ukraine a un impact dévastateur sur l’insécurité alimentaire dans la région.  Cela rend le travail de l’UNRWA d’autant plus important, a-t-elle souligné, tout en appelant les États Membres à en tenir compte lors de la prochaine conférence des donateurs qui se tiendra en juin. 

M. ZHANG JUN (Chine) a noté que la situation sécuritaire instable dans les territoires palestiniens occupés s’est traduite par une augmentation des victimes palestiniennes et des attaques contre des ressortissants israéliens.  Il a également constaté que les facteurs qui contribuent à l’accroissement des tensions sont restés présents sur le terrain, ce qui est une source d’inquiétude.  Pour le représentant, les évolutions récentes supposent que la communauté internationale prenne des mesures adaptées.  Il importe notamment de faire respecter le statu quo des Lieux saints, qui ont fait l’objet de nombreux incidents.  Nous devons tous y œuvrer et contribuer au respect du contrôle partagé, a-t-il plaidé, avant d’exhorter les parties à faire preuve de retenue lors de la prochaine Journée de Jérusalem.  S’agissant de l’assassinat de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, il a encouragé les parties à diligenter des enquêtes de manière que les responsables puissent être traduits en justice.  Le délégué a ensuite déploré la mort récente d’un jeune Palestinien abattu par les forces de sécurité israéliennes, relevant que le nombre croissant des victimes civiles ne fait que miner la confiance de part et d’autre.  À ses yeux, les deux parties devraient trouver le moyen de vivre en harmonie et de partager leur sécurité.  À cette fin, la force excessive ne devrait jamais être utilisée et la construction de nouvelles colonies devrait cesser, ces projets de peuplement allant à l’encontre du droit international et menaçant la viabilité de la solution des deux États, la seule susceptible de mener à la paix.  Enfin, après avoir appelé la communauté internationale à soutenir la Palestine sur le plan du développement afin de lui permettre d’acquérir une indépendance économique, il a souhaité qu’une solution soit trouvée à la situation financière préoccupante de l’UNRWA. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est inquiété de la nouvelle escalade des tensions dans les territoires palestiniens occupés, principalement à Jérusalem, liés à l’oppression des chrétiens et musulmans et à la restriction de leur accès aux Lieux saints.  Violer le statu quo historique et juridique des Lieux saints de Jérusalem est inacceptable.  Parallèlement, les autorités israéliennes mènent des actions et des opérations militaires en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, dont la dernière s’est soldée par la mort tragique de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh.  À cet égard, le représentant a soutenu la demande des dirigeants de l’État palestinien pour une enquête approfondie et objective sur les circonstances de son assassinat.  Dans le contexte actuel, M. Nebenzia a appelé à accorder la priorité à la stabilisation durable de la situation sur le terrain et à restaurer un horizon politique pour relancer le processus de paix, soulignant qu’un règlement ne sera possible qu’à travers des négociations directes entre les parties. 

Il a ensuite appelé à rétablir l’unité interpalestinienne sur la base de la plateforme de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et a salué les initiatives pertinentes de l’Égypte visant à établir un dialogue entre les principales forces politiques de Palestine, de même que le projet de l’Algérie d’accueillir le prochain cycle de pourparlers entre le Fatah et le Hamas.  Il a aussi fait savoir que la proposition russe d’organiser la prochaine réunion interpalestinienne à Moscou reste d’actualité.  Il a également indiqué que l’importance de la coordination des médiateurs internationaux avec les partenaires régionaux directement intéressés par le règlement de la situation au Moyen-Orient, avait poussé la Russie à prendre l’initiative d’organiser une réunion ministérielle élargie du Quatuor pour le Moyen-Orient avec des acteurs clefs de la Ligue des États arabes.  Le représentant a ensuite dénoncé la volonté des États-Unis de monopoliser le processus de paix et d’imposer aux Palestiniens une « paix économique » à la place de leurs aspirations légitimes à leur propre État indépendant. 

Après avoir appelé les donateurs internationaux à soutenir plus activement les activités de l’UNRWA, le délégué a décrié la décision des organisateurs occidentaux de ne pas inviter la Russie à la réunion du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens.  Toute tentative d’exclure la Russie du processus de règlement de la crise israélo-palestinienne, syrienne ou de toute autre crise au Moyen-Orient est contre-productive, a-t-il prévenu, en soulignant que les liens historiques profonds entre la Russie et les pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ne sont pas assombris par un passé colonialiste. 

Répondant par ailleurs aux propos de son homologue américaine concernant la responsabilité de la Russie dans la potentielle insécurité alimentaire majeure au Moyen-Orient, le représentant russe lui a rétorqué que ce n’est pas tant le conflit ukrainien que les sanctions occidentales qui en sont responsables.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a appelé à une urgente désescalade, en ajoutant que tous les acteurs clefs ont un rôle à jouer.  Nous devons cependant dire clairement qu’il y a des mesures concrètes qu’Israël, la puissance occupante, peut prendre à cette fin, a dit la déléguée.  Elle a redit l’importance de protéger le statu quo autour des Lieux saints, avant de dénoncer l’odieux assassinat de la journaliste d’Al-Jazira Shireen Abu Akleh.  Elle a demandé une enquête rapide et indépendante afin que les responsables soient traduits en justice.  La déléguée a dénoncé le projet de construction de 4 000 unités de logement supplémentaires en Cisjordanie et exhorté les autorités israéliennes à y renoncer.  Les colonies de peuplement sont illégales et sapent la solution des deux États.  Elle a appelé à la levée du blocus de Gaza et à la mobilisation des ressources nécessaires au financement de l’UNRWA.  Enfin, la représentante a demandé la restauration d’un processus politique afin de briser le cercle vicieux de l’occupation et de la violence.

Mme MONA JUUL (Norvège) a condamné le meurtre de la correspondante d’Al-Jazira à Jénine, ainsi que les violences inacceptables perpétrées lors de ses funérailles.  Elle a appelé les autorités israéliennes de cesser toutes les expulsions, les démolitions et les expansions des colonies de peuplement, exhortant notamment Israël à annuler le projet de démolition de plusieurs villages dans la région de Massafer Yatta qui expulserait de force environ 1 300 Palestiniens, ainsi que les nouveaux plans de construction de milliers de nouveaux logements en Cisjordanie.  Elle a indiqué que la Norvège et l’Union européenne ont convoqué la dernière réunion du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens, les 9 et 10 mai à Bruxelles au cours de laquelle les parties ont été saluées pour les progrès réalisés depuis novembre 2021.  Elle a notamment cité la levée d’obstacles au commerce entre la Palestine et la Jordanie, l’amélioration de l’accès aux marchés israéliens pour la main d’œuvre palestinienne ou encore un meilleur accès à l’eau et aux services d’épuration des eaux usées.  Cependant, l’annonce par l’Autorité palestinienne d’une augmentation « irréaliste » des salaires est source de préoccupation et les réformes nécessaires pour équilibrer le budget ne peuvent plus attendre. 

Notant que l’Autorité palestinienne est toujours dans une profonde crise financière et politique, la représentante a invité les parties palestinienne et israélienne à intensifier leur coopération pour stabiliser l’économie palestinienne; augmenter les revenus de l’Autorité palestinienne et faciliter la croissance économique.  Elle a également engagé Israël à réduire les restrictions imposées par l’occupation; éviter les actions d’escalade; et prendre des mesures plus actives pour renforcer l’Autorité palestinienne, tout en soulignant que l’amélioration de la situation économique ne permettra pas à elle seule de résoudre le conflit. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a déclaré que les conséquences de l’escalade des actes de violence de ces derniers mois à Tel Aviv, dans la mosquée Al-Aqsa et à Jénine (Cisjordanie) se font encore sentir sur le terrain, avec un coût extrêmement élevé en vies humaines, tant palestiniennes qu’israéliennes.  Aussi a-t-il appelé toutes les parties concernées à continuer à « affirmer en paroles et à démontrer en actes » que le statu quo de Jérusalem doit être maintenu.  Le délégué a dit que son pays accueille favorablement toute mesure constructive et pratique visant à garantir la pleine application des résolutions de ce Conseil.  « Il s’agit notamment de tous les efforts qui contribuent à la création d’un environnement propice à un règlement pacifique négocié, y compris les négociations sur le statut final, et à la concrétisation de la solution des deux États avec un État palestinien viable fondé sur les lignes de 1967. » 

M. Kiboino a ensuite dénoncé les attaques continues et la rhétorique incendiaire du Hamas, du Jihad islamique palestinien et des milices affiliées: « Comme nous l’avons déjà dit, ce Conseil doit aller au-delà de la condamnation de ces actes et renforcer les mécanismes de facilitation et de capacité afin de lutter contre leur enracinement et leurs opérations en toute impunité. »  Par ailleurs, la décision prise le 12 mai par les autorités israéliennes de promouvoir des plans pour plus de 4 000 unités de logement en Cisjordanie est préoccupante.  L’expansion des colonies, l’augmentation du nombre de colons et les affrontements, les déplacements arbitraires et les expulsions forcées sont autant d’obstacles à la stabilité régionale, a mis en garde le délégué.  Il a appelé à la cessation des activités de colonisation israéliennes dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, conformément aux obligations du droit international.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a déploré l’attaque terroriste contre des citoyens israéliens innocents à Elad, ainsi que le meurtre de la journaliste d’Al-Jazira Shireen Abu Akleh à Jénine, regrettant l’usage disproportionné des forces de police israéliennes lors des funérailles de la reporter.  Il a demandé qu’une enquête rapide, transparente et impartiale soit menée sur ces événements et que les responsabilités soient établies, avant de dénoncer le projet de construction de plus de 4 000 unités de peuplement en Cisjordanie et le risque accru d’expulsion de plus de 1 000 Palestiniens à Massafer Yatta.  Rappelant que, sauf circonstances exceptionnelles, les colonies, les démolitions et les expulsions forcées sont illégales en vertu du droit international humanitaire, il a enjoint le Gouvernement israélien à mettre un terme à toute expansion des colonies et à toutes les expulsions dans les territoires palestiniens occupés.  Il a également exhorté les parties à reprendre le dialogue et à prendre des mesures urgentes pour progresser vers la paix.  À ce sujet, il a salué les engagements pris par les parties pour faire progresser la coopération, lors de la réunion du Comité de liaison ad hoc qui s’est tenue à Bruxelles en mai.  Selon lui, l’élan sur les questions économiques doit appuyer la volonté politique d’avancer vers la paix.  Enfin, il a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la solution négociée des deux États. 

Même si les bonnes nouvelles sur le conflit israélo-palestinien sont rares, a dit M. FERIT HOXHA (Albanie), il faut saluer la réunion récente à Bruxelles du Comité de liaison pour l’aide aux Palestiniens et l’augmentation du nombre de permis de travail délivrés aux Palestiniens par Israël.  Cela contribue à renforcer la confiance et à désamorcer les tensions, a-t-il estimé, en encourageant les parties à aller plus loin pour éviter que les asymétries ne se renforcent.  À ce titre, le représentant a condamné tous les actes terroristes, rappelant qu’Israël a le droit de se défendre.  La violence nourrit la violence, a-t-il souligné, en appelant les leaders des deux parties à ne pas perdre cela de vue et à ne pas inciter à la violence.  Dénonçant l’assassinat de la journaliste Shireen Abu Akleh, le délégué a lancé un appel pour soutenir tout effort allant dans le sens du rétablissement de la confiance entre les parties, « une confiance fragile qui peut s’effondrer facilement ».  Il s’est dit préoccupé par l’annonce de projets de nouveaux logements israéliens dans les zones palestiniennes et de démolitions et d’évictions de Palestiniens, avant de déclarer que « les gens sont las des cycles de violence ».  Ils ont besoin de perspectives et d’espoir, comme l’ont rappelé ce matin les représentants de la société civile, a noté le représentant en saluant leur idéal de réconciliation. 

M. AMARNATH ASOKAN (Inde) a demandé le plein respect du statu quo autour des Lieux saints à Jérusalem, avant de plaider pour un effort diplomatique concerté pour remédier aux causes profondes des tensions.  Il a appelé à des mesures immédiates afin d’aboutir à une cessation complète de la violence.  Le délégué a souligné la nécessité d’éviter toute action susceptible d’altérer le statu quo sur le terrain et de saper la viabilité de la solution des deux États.  Il s’est dit vivement préoccupé par la situation financière de l’UNRWA et plaidé pour un financement adéquat de l’Office.  Il a insisté sur l’importance d’un retour au processus de paix par le biais du lancement de pourparlers de paix directs, prenant en compte les aspirations légitimes des Palestiniens à un État et les préoccupations sécuritaires légitimes d’Israël.

Mme SHERAZ GASRI (France)a réitéré sa ferme condamnation des attentats terroristes qui ont touché Israël au cours des dernières semaines.  Elle s’est aussi inquiétée de la détérioration continue de la situation dans les territoires palestiniens occupés et de la multiplication de faits accomplis sur le terrain qui éloigne toujours plus la perspective de la solution des deux États.  Elle a dit sa vive préoccupation à l’égard de la décision des autorités israéliennes de faire progresser les projets de construction de plus de 4 000 unités de logement dans de nombreuses colonies de Cisjordanie, ainsi que la récente décision de la Cour suprême israélienne qui ouvre la voie à l’éviction de plus de 1 000 personnes palestiniennes à Massafer Yatta, dont plus de 500 enfants.  Cela constituerait le plus important transfert forcé depuis 1967, a-t-elle noté avant d’appeler Israël à ne pas mettre en œuvre des décisions contraires au droit international humanitaire, notamment la IVe Convention de Genève. 

Rappelant que le Conseil a condamné avec force la mort de la correspondante d’Al-Jazira alors qu’elle couvrait une opération des forces de sécurité israéliennes à Jénine, la représentante a demandé que toute la lumière soit faite par le biais d’une enquête transparente, dans les meilleurs délais et que les responsables rendent des comptes devant la justice.  Face aux violences inacceptables perpétrées lors de ses funérailles au sein de l’hôpital Saint-Joseph de Jérusalem, site sous protection française, elle a appelé à la plus grande retenue à Jérusalem à l’occasion de l’organisation de la marche des drapeaux ce dimanche.  Elle a par ailleurs déclaré qu’il y a urgence à recréer un horizon politique pour la relance de négociations, pour ensuite saluer les discussions constructives entre les parties lors de la dernière réunion du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens.

Préoccupé par une possible escalade de la violence, M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a appelé à la retenue et à envisager des solutions pour le court, moyen et long terme.  Il faut à tout prix réduire les tensions en particulier près des sites sacrés dans la Ville sainte de Jérusalem et en Cisjordanie.  Le représentant a ensuite condamné le meurtre de la journaliste Shireen Abu Akleh demandant une enquête indépendante et transparente.  Il a indiqué que la décision récente d’Israël de forcer des milliers de Palestiniens à quitter leur maison à Gaza va aggraver les conditions humanitaires et sécuritaires, avertissant en outre que cette décision illégale sape les efforts de paix.  Le Conseil doit contribuer au maintien du calme pour prévenir un autre cycle de conflits, a estimé le délégué qui a appelé à redoubler d’efforts diplomatiques pour établir la confiance entre Palestiniens et Israéliens.  Il faut aussi maintenir le statut historique des sites sacrés de Jérusalem.  Le représentant a appelé à dépasser l’impasse actuelle en appuyant des initiatives internationales qui favorisent le dialogue entre les deux parties qui, a-t-il ajouté, doivent revenir à des négociations sérieuses et directes conduisant à un règlement politique fondé sur la solution des deux États.  Le délégué a par ailleurs souligné la nécessité de régler les questions de l’insécurité alimentaire et la situation humanitaire du peuple palestinien. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a qualifié de « tragédie » la mort de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, le 11 mai dernier, dont les obsèques ont été troublées par des incidents « attentatoires à la dignité et au respect dû aux morts ».  Il a appelé à l’ouverture d’une enquête indépendante pour faire la lumière sur les circonstances exactes de ce drame et établir les responsabilités.  Toutefois, a ajouté le représentant, Ia souffrance qui est devenue le lot quotidien des populations palestiniennes n’épargne pas les familles israéliennes.  Évoquant le sort du lieutenant Hadar Goldin, enlevé quelques heures après un cessez-le-feu négocié par les Nations Unies et l’ensemble des parties, le 1er août 2014, il a regretté que, huit ans plus tard, ni le corps ni le moindre signe de vie ne soit parvenu à sa famille.  Les questions relatives à l’identification et la restitution des dépouilles aux familles sont cruciales de part et d’autre, en ce qu’elles participent à créer un climat de confiance entre les parties, essentiel pour l’édification de la paix, a-t-il fait valoir.  Le délégué a également constaté que la poursuite de la politique d’élargissement des colonies illégales, de démolition des maisons et d’éviction des familles contribue à amplifier la volatilité de la situation sécuritaire dans les territoires palestiniens occupés.  Il a donc invité les autorités israéliennes et palestiniennes à faire preuve de retenue et à s’investir dans des mesures de confiance afin de donner une plus grande chance à la paix.  Appelant de ses vœux un renforcement de la coopération régionale et multilatérale en vue de la résolution de ce conflit, il a réaffirmé que la création d’un État palestinien reste une étape incontournable pour faire aboutir le processus de paix.

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a déploré la mort de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh le 11 mai à Jénine et a exigé une enquête immédiate, exhaustive et indépendante sur cet incident, avant de regretter les violences pendant ses funérailles.  Il a également condamné les tirs de roquettes depuis Gaza, ainsi que les attaques visant des citoyens israéliens, pour ensuite exhorter les dirigeants religieux, politiques et sociaux, tant israéliens que palestiniens, à s’abstenir d’utiliser une rhétorique incendiaire.  Il a décrié l’annonce du Gouvernement israélien de construire 4 000 nouvelles unités de logement en Cisjordanie, y voyant un obstacle à la paix, et a exigé la fin de l’expansion des colonies de peuplement israéliennes. 

Sur une note positive, le représentant a salué la réunion du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens qui a eu lieu le 10 mai.  Il s’est également félicité des mesures de développement économique promues par Israël par rapport au blocus de Gaza, même si cela reste insuffisant pour faire face à la grave situation humanitaire dans la bande.  Le représentant a cependant exprimé sa préoccupation face à la précarité de la situation financière de l’Autorité palestinienne en l’encourageant à mettre en œuvre les réformes en cours pour réduire son déficit budgétaire.

Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a dénoncé l’assassinat de la journaliste Shireen Abu Akleh.  L’assassinat de journaliste en situation de conflit est une violation grave du droit international.  Elle a appelé au respect du statu quo autour des Lieux saints et souligné la nécessité d’éviter toute action unilatérale susceptible de saper la solution des deux États.  Le cancer du terrorisme qui afflige Israël et la Palestine ne pourra être vaincu que grâce à une action coordonnée qui réponde aux causes profondes de la situation, a dit la déléguée.  Elle a encouragé l’Autorité palestinienne à œuvrer avec le Gouvernement israélien au rapatriement des dépouilles des soldats israéliens, y compris le lieutenant Hadar Goldin.  Il s’agirait d’une mesure susceptible de bâtir la confiance, a estimé la déléguée.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est déclaré préoccupé par la violence récurrente dans et autour des Lieux saints de Jérusalem, ainsi que par la série d’attentats perpétrés contre des civils israéliens.  Il a dit craindre que les événements prévus pour la prochaine semaine aggravent encore cette situation déjà tendue, avant d’appeler chacun à s’abstenir de toute rhétorique incendiaire.  Les lieux de culte, en particulier l’esplanade des Mosquées, ne doivent pas être un champ de bataille, a-t-il martelé.  À cet égard, il a jugé fondamental de maintenir le statu quo des Lieux saints de Jérusalem.  Le représentant est par ailleurs revenu sur la mort de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh lors d’un reportage en Cisjordanie, demandant que des enquêtes complètes, transparentes et indépendantes soient menées avec la coopération de toutes les parties concernées.  Il a également regretté l’usage excessif de la force pendant les funérailles de la reporter, tout en saluant les efforts déployés par Israël pour enquêter sur les faits et déterminer les responsabilités. 

Évoquant par ailleurs l’impact de la flambée des prix alimentaires sur les efforts d’aide humanitaire, le représentant a averti que le PAM et l’UNRWA ne pourront pas maintenir leur assistance aux réfugiés palestiniens sans financement supplémentaire, ce qui peut avoir un effet déstabilisateur.  Il a donc exprimé son soutien aux initiatives visant à lever des fonds pour que l’UNRWA continue à remplir son rôle incontournable.  Enfin, il a exhorté Israéliens et Palestiniens à négocier directement ou par l’intermédiaire d’une médiation afin de relancer un processus politique crédible.  La solution des deux États est une priorité partagée par tous, et ce Conseil ne devrait épargner aucun effort pour la promouvoir, a-t-il souligné. 

M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a déclaré que le peuple palestinien fait face à une agression, une annexion et une occupation depuis des décennies.  Nous sommes victimes de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité depuis des décennies, a dit le délégué.  « Que fait la communauté internationale?  Quand allons-nous recevoir des armes pour nous défendre, ainsi que notre pays?  Quand des sanctions seront-elles adoptées?  Quand est prévue la prochaine visite du Procureur de la CPI? »  Il a déploré que les souffrances infligées à son peuple restent sans conséquences.  Pour la communauté internationale, faire comme si de rien n’était, cela veut dire donner un blanc-seing au colonialisme et à l’apartheid d’Israël, a accusé M. Mansour.  Il a indiqué que l’assassinat de Shireen Abu Akleh, « un être exceptionnel », n’est pas une exception.  M. Mansour a annoncé que les autorités palestiniennes ont mené leur enquête sur cet assassinat et qu’un rapport a été transmis ce matin à l’Administration américaine et à la famille de Shireen Abu Akleh.  Nous ne sommes pas tués en raison de ce que nous faisons, mais en raison de qui nous sommes, a-t-il dit.  Si vous êtes Palestinien, vous êtes une cible légitime et Israël peut décider de votre vie et de votre mort.  Il a affirmé qu’Israël a préféré accuser la victime plutôt que d’assumer sa responsabilité pour sa politique de tirer pour tuer qui a trouvé en Shireen son aboutissement tragique.  « Vous appelez à une reddition de comptes, mais Israël jouit de l’impunité depuis tellement longtemps qu’il ne sait pas de quoi vous parlez. »

Nous voulons la paix, pour nous-mêmes et pour les autres, a poursuivi M. Mansour, en ajoutant néanmoins que la paix entre un prisonnier et son geôlier n’est pas possible.  Nous voulons la liberté et nous méritons la liberté, a-t-il martelé.  La paix sera alors à portée de main.  Reconnaissez l’État de Palestine, appuyez la consolidation des frontières de 1967, y compris Jérusalem, assurez-vous qu’Israël paye un prix élevé pour ses constructions illégales sur notre territoire, faîtes un pas en avant pour faire cesser l’impunité et faîtes-en un autre pour protéger les civils palestiniens qui sont tués chaque jour, a insisté M. Mansour.  Il a salué le fait que le Conseil ait parlé d’une voix unie après l’assassinat de Shireen Abu Akleh, « un pas dans la bonne direction ».  Faisons un autre pas dans cette direction, puis encore un autre, a conclu M. Mansour.

Mme NOA FURMAN (Israël) a dénoncé un assassinat perpétré par un terroriste palestinien qui a tué trois pères israéliens en marge des festivités du soixante-quatorzième anniversaire de la naissance de l’État d’Israël.  Elle a expliqué que cet attentat s’ajoute à une liste de 800 attentats terroristes perpétrés contre Israël depuis sa création en raison de discours de haine propagés, entre autres, par l’ayatollah de la République islamique d’Iran.  Elle a estimé que les tensions sont le fruit de discours de haine et d’hostilités diffusés dans les livres scolaires des enfants palestiniens depuis des décennies.  Illustrant son propos, elle a dit que le récent assassinat de trois Israéliens et de deux Ukrainiens par un terroriste palestinien a été qualifié de source d’inspiration par des membres de l’administration de l’Autorité palestinienne.  Elle a fustigé des mensonges et une culture de haine qui est « un poison qui a pénétré les esprits de générations entières ».  Elle a regretté que la prochaine fête annuelle de la parade du drapeau israélien soit présentée par la partie palestinienne comme une provocation alors que ce défilé du drapeau est pratiqué depuis 30 ans.  Mme Furman a regretté que certaines délégations aient demandé que la parade du drapeau prévue la semaine prochaine soit annulée, avant de préciser qu’aucune démocratie ne pouvait accepter de telles pressions.  Elle a appelé à construire une confiance qui est indispensable à la paix avant de citer en exemple les négociations commerciales initiées entre Israël et les Émirats arabes unis et l’arrivée en Israël pour la première fois depuis 50 ans du Ministre des affaires étrangères de la Turquie.  « La mort regrettable de la journaliste palestinienne est un autre exemple où l’on a vu pointer un doigt accusateur contre Israël avant que les faits soient établis », a dit la représentante avant de préciser que son gouvernement a demandé une enquête israélo-palestinienne pour établir les faits.  La déléguée a regretté que les autorités palestiniennes aient rejeté la proposition israélienne d’enquête balistique sur la mort de Shireen Abu Akleh.  La représentante d’Israël a considéré que ce refus de la partie palestinienne est indicatif de sa culpabilité.  En outre, elle a reproché à certains membres du Conseil de sécurité et à la communauté internationale d’avoir un parti pris en reprenant la « rhétorique incendiaire des Palestiniens avant même d’avoir vérifié la véracité des faits ».  Elle a demandé au Conseil de sécurité d’exiger que le Hamas restitue à Israël les dépouilles de soldats israéliens en sa possession et communique des informations sur l’état de santé de deux civils israéliens toujours en captivité. 

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