Conseil de sécurité: la guerre en Ukraine, aux conséquences sanitaires « dévastatrices », crée une crise des réfugiés « à la croissance la plus rapide depuis la Seconde Guerre mondiale »
Le Conseil de sécurité, qui travaille en ce moment à des résolutions sur l’aide humanitaire en Ukraine, a entendu deux responsables des opérations d’urgence parler d’un conflit de trois semaines aux conséquences sanitaires « dévastatrices » qui a causé une crise des réfugiés « à la croissance la plus rapide depuis la Seconde Guerre mondiale ». Si « des signaux positifs » sont émis des pourparlers entre la Fédération de Russie et l’Ukraine, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques a néanmoins dit attendre avec impatience une cessation des hostilités. Elle a chiffré les besoins humanitaires à 1,1 milliard de dollars, prévenant que jusqu’ici l’Appel éclair pour l’Ukraine au profit de 12 millions de personnes n’est financé qu’à hauteur de 36%.
La guerre a des conséquences « dévastatrices » sur la santé des Ukrainiens, lesquelles persisteront dans les années voire les décennies à venir, a prévenu le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). M. Tedros Ghebreyesus a dit parler des perturbations dans les services de santé et de l’accès aux produits de première nécessité. L’OMS, a-t-il affirmé, a vérifié 43 attaques contre le secteur de la santé, causant la mort de 12 personnes et blessant 34 autres, y compris des membres du personnel médical. Le Directeur général a dit penser aux gens atteints de maladies cardiovasculaires, du cancer, du diabète ou encore du VIH qui requièrent des soins réguliers.
Les déplacements ou l’entassement des gens dans des espaces réduits, a-t-il ajouté, devraient aggraver les risques de maladies comme la rougeole, la pneumonie ou la polio. Il a aussi parlé des 35 000 personnes internées dans les hôpitaux psychiatriques qui souffrent désormais d’un manque de médicaments, de nourriture, de chauffage ou encore de couverture. La guerre a également exacerbé l’impact de la pandémie de COVID-19 en Ukraine. L’OMS est sur place, a assuré le Directeur général, en indiquant que les fournitures prêtes à être acheminées dans les zones difficiles sont toujours bloquées.
M. Ghebreyesus a présenté ses « requêtes urgentes » et d’abord que le Conseil de sécurité travaille immédiatement à un cessez-le-feu et à une solution politique. La médecine, a-t-il martelé, a besoin de paix. Il a aussi exhorté tous les donateurs à appuyer la réponse aux besoins humanitaires en Ukraine et dans les pays voisins. Enfin, le Directeur général, a souligné que s’il est juste que l’attention du monde se porte sur l’Ukraine, il ne faut pas pour autant oublier les nombreuses autres crises. Dans chaque cas, la seule solution, c’est la paix, a-t-il conclu.
Les « signaux positifs » dans les pourparlers entre la Fédération de Russie et l’Ukraine ont été confirmés par la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et de la consolidation de la paix. Mais, a déploré Mme Rosemary DiCarlo, nous ne voyons toujours pas de cessation des hostilités. Entre le 24 février et le 15 mars, a-t-elle indiqué, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a enregistré 1 900 pertes civiles, dont 726 morts et 1 174 blessées. Mme DiCarlo s’est dite particulièrement préoccupée par la situation « alarmante » à Marioupol et demandé aux donateurs d’accélérer le financement de l’Appel éclair pour l’Ukraine, qui vise à mobiliser 1,1 milliard de dollars pour venir en aide à 12 millions de nécessiteux, et qui n’est actuellement financé qu’à hauteur de 36%.
En l’espace de quelques semaines, près de 2 millions de réfugiés en provenance d’Ukraine sont arrivés en Pologne, devenue l’un des plus grands pays d’accueil au monde, a indiqué M. Raouf Mazou, Haut-Commissaire adjoint pour les réfugiés (HCR), en décrivant un conflit qui a causé une crise de réfugiés « à la croissance la plus rapide depuis la Seconde Guerre mondiale ». M. Mazou a salué la plateforme de solidarité de l’Union européenne, « un exemple remarquable et novateur de partage des responsabilités ». Il s’est aussi félicité de ce que l’Union européenne ait activé, « pour la première fois de son histoire », la directive sur la protection temporaire, une initiative annoncée aussi par les États-Unis, le Canada, la Suisse, le Brésil et d’autres encore. Dans un esprit de solidarité, a affirmé la Pologne, nous continuerons à accueillir toute personne dans le besoin, indépendamment de sa nationalité, de sa race ou de sa religion.
Nous appelons la Russie à faciliter l’acheminement sûr et sans entrave de l’aide humanitaire, a insisté la France, préoccupée par les informations relatives à l’emploi de bombes à sous-munitions sur le sol ukrainien. Elle a ensuite tranché: « le projet de résolution russe ne trompe personne ». C’est « un acte pervers », a commenté le Royaume-Uni. « Une insulte de la taille du territoire russe » et « un record d’hypocrise à inscrire au Guinness Book », a ajouté l’Albanie. « La Russie ne peut pas tirer la première et venir après déguisée en docteur », s’est-elle scandalisée.
C’est plutôt aux « magouilles » entourant le projet de résolution franco-mexicain que la Fédération de Russie s’en est prise, le qualifiant de « texte politique » sans rapport avec les problèmes humanitaires en Ukraine. Elle a dûment dénoncé les pressions exercées par les « Occidentaux » sur les autres membres du Conseil, expliquant par là sa décision de renoncer à la mise aux voix de son propre texte et de demander, à la place, une réunion d’urgence demain sur la présence d’un laboratoire chimique américain en Ukraine. Cessez vos manipulations « flagrantes et obscènes » du Conseil de sécurité, s’est impatientée l’Ukraine, invitant les États à se joindre au Groupe des Amis de l’établissement des responsabilités, crée par elle-même et d’autres pays, et les rappelant à leurs « devoirs », en vertu de l’Article 94/2 de la Charte, de prendre des mesures au cas où la Russie ne se plierait pas à l’arrêt de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur les allégations de génocide.
Il n’y a qu’une seule manière de mettre fin à cette folie, c’est que vous retiriez vos troupes, ont martelé, à leur tour, les États-Unis à l’adresse de la Fédération de Russie, non sans rappeler que le Président Joe Biden, a annoncé une aide de 800 millions de dollars, portant le total de l’aide américaine à plus d’un milliard de dollars, en une semaine.
MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES
Déclarations
Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et de la consolidation de la paix, a déclaré que les attaques quotidiennes, et souvent aveugles, continuent de frapper les villes ukrainiennes, entraînant des conséquences civiles et des dégâts aux infrastructures civiles. Entre le 24 février et le 15 mars, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) a enregistré 1 900 pertes civiles. Au total, 726 personnes ont été tuées, dont 52 enfants, et 1 174 blessées, dont 63 enfants. Le nombre réel est probablement beaucoup plus élevé, a déploré Mme DiCarlo. La plupart de ces pertes ont été causées par l’utilisation dans des zones peuplées d’armes explosives à impact étendu. Des centaines de bâtiments résidentiels ont été endommagés ou détruits, dont des hôpitaux et des écoles, a-t-elle encore précisé.
Le HCDH continue de suivre les informations faisant état de pertes civiles à travers tout le pays, y compris dans le territoire des « Républiques populaires de Donetsk et Lougansk » autoproclamées, a poursuivi la haute-fonctionnaire. Le personnel du HCDH à Donetsk suit de près l’évolution de l’incident du 14 mars, au cours duquel 20 civils auraient été tués par un missile Tochka-U susceptible de contenir des armes à sous-munitions. « Tous ces cas doivent faire l’objet d’une enquête appropriée », a-t-elle exhorté. En outre, le HCDH est gravement préoccupé par les informations faisant état d’arrestations arbitraires et de disparitions forcées de civils et de représentants des autorités locales et de la société civile dans les zones contrôlées par la Russie. « Nous appelons à leur libération immédiate », a exigé la Secrétaire générale adjointe.
Cette semaine, « des signaux positifs » ont été émis dans les pourparlers directs entre les représentants ukrainiens et russes, a-t-elle salué. Cependant, ils ne se sont jusqu’à présent pas traduits par la cessation des hostilités qui est « si désespérément nécessaire », a-t-elle déploré, en attirant l’attention sur la situation dans la ville de Marioupol, qui est « particulièrement alarmante ». Sur place, beaucoup d’habitants qui n’ont pu être évacués en toute sécurité manquent de nourriture, d’eau, d’électricité et de soins médicaux et des cadavres jonchent les rues de la ville, a relaté la Secrétaire générale adjointe. L’attaque d’hier contre le théâtre de Marioupol, qui aurait servi d’abri antiaérien à des civils déplacés, vient s’ajouter à la liste des attaques contre des structures civiles. Alors que les premières informations indiquent que le pire « a peut-être été évité », les combats en cours entravent le travail de secours et l’évaluation de la situation, a expliqué Mme DiCarlo.
La priorité pour l’ONU et ses partenaires est d’atteindre les personnes piégées par les bombardements en cours, y compris dans l’est de l’Ukraine. « À cette fin, nous continuons d’intensifier nos opérations sur le terrain, si les circonstances le permettent », a assuré la haute fonctionnaire. L’ONU demande en outre à tous les donateurs d’accélérer le financement de l’Appel éclair pour l’Ukraine, qui vise à mobiliser 1,1 milliard de dollars pour venir en aide à 12 millions de nécessiteux, et qui n’est actuellement financé qu’à hauteur de 36%. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) prévoit que 90% de la population ukrainienne pourrait être confrontée à la pauvreté et à une vulnérabilité économique extrême si la guerre se poursuivait. L’Ukraine et la région pourraient ainsi reculer « de plusieurs décennies », en laissant de profondes cicatrices sociales et économiques.
Or, les effets d’entraînement du conflit se font déjà ressentir dans le monde entier, a mis en garde Mme DiCarlo. « La Russie et l’Ukraine représentent plus de la moitié de l’approvisionnement mondial en huile de tournesol et environ 30% du blé mondial. Les prix de la nourriture, du carburant et des engrais montent en flèche. Les chaînes d’approvisionnement sont perturbées », a-t-elle souligné. La Secrétaire générale adjointe a annoncé la création, le 14 mars, d’un Groupe mondial d’intervention en cas de crise sur l’alimentation, l’énergie et les finances pour diriger un effort avec les États Membres et faire face aux retombées complexes de la guerre. La Vice-Secrétaire générale dirigera un comité directeur interinstitutions avec des partenaires afin de superviser cet effort, a annoncé Mme DiCarlo.
« Il n’y aura pas de gagnants dans ce conflit insensé. Les pertes énormes qu’il cause, en revanche, sont d’une clarté déchirante et cela va s’aggraver au fur et à mesure que les combats se poursuivront. La Secrétaire général adjointe a réclamé l’intensification et la coordination des efforts politiques pour une cessation immédiate des hostilités. Il doit y avoir un processus politique durable et significatif pour permettre un règlement pacifique. La vie de millions d’Ukrainiens et la paix de toute la région, et peut-être au-delà, en dépend, a déclaré en conclusion Mme DiCarlo.
Avec près de 2 millions de réfugiés en provenance d’Ukraine, la Pologne est devenue, en l’espace de quelques semaines, l’un des plus grands pays d’accueil de réfugiés au monde, a indiqué M. RAOUF MAZOU, Haut-Commissaire adjoint aux opérations au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), en parlant de la crise des réfugiés « à la croissance la plus rapide depuis la Seconde Guerre mondiale ». Dressant un bilan, du mouvement des réfugiés, M. Mazou a ajouté qu’en outre 490 000 personnes ont fui vers la Roumanie, 350 000 vers la République de Moldova, 280 000 vers la Hongrie et 228 000 vers la Slovaquie. Des centaines de milliers de personnes ont maintenant atteint d’autres pays européens et un nombre non négligeable de gens sont partis vers la Fédération de Russie et, dans une moindre mesure, vers le Bélarus. Le Haut-Commissaire adjoint s’est dit touché par la remarquable résilience des réfugiés et par l’extraordinaire hospitalité des autorités et des communautés d’accueil. Cette solidarité illustre les fondements mêmes de l’architecture internationale de protection des réfugiés et l’esprit du Pacte mondial pour les réfugiés.
Il a félicité les pays d’accueil pour avoir gardé leurs frontières ouvertes à tous ceux qui fuient l’Ukraine, y compris les ressortissants de pays tiers, qui doivent continuer à être accueillis sans aucune discrimination. De même, il s’est dit encouragé par le soutien bilatéral et autre apporté aux principaux pays d’accueil des réfugiés et par les fonds engagés jusqu’à présent pour soutenir l’Appel éclair de 1,1 milliard de dollars pour l’Ukraine. Le HCR, a-t-il dit, a intensifié sa réponse en déployant plus de 200 experts et en établissant une présence dans tous les pays concernés. Toutefois, au rythme actuel de l’afflux de réfugiés, les capacités des pays voisins sont mises à l’épreuve. Il s’est dit particulièrement préoccupé par la situation en République de Moldova où plus de 350 000 personnes sont arrivées. Il est donc crucial que des ressources suffisantes soient disponibles rapidement pour soutenir la réponse.
Aussi crucial soit-il, le financement n’est qu’une des nombreuses formes de soutien dont nous avons besoin de toute urgence. Il a salué la plateforme de solidarité de l’Union européenne, un exemple remarquable et novateur de partage des responsabilités, conformément aux principes clefs du Pacte mondial pour les réfugiés. En outre, l’Union européenne a activé, pour la première fois de son histoire, la directive sur la protection temporaire, qui permet aux réfugiés, aux demandeurs d’asile et aux apatrides arrivant d’Ukraine de régulariser rapidement leur statut juridique. Une telle protection temporaire a également été annoncée par les gouvernements des États-Unis, du Canada, de la Suisse, du Brésil et d’autres pays.
Reprenant à son compte les propos du Secrétaire général de l’ONU, le Haut-Commissaire adjoint a souligné que « pour les prédateurs et les trafiquants d’êtres humains, la guerre n’est pas une tragédie - c’est une opportunité ». Il a salué les mesures de prévention et d’atténuation des risques, y compris la campagne « Stay Safe » visant à sensibiliser et à fournir des informations aux réfugiés. S’agissant de l’intérieur de l’Ukraine, le HCR, a-t-il indiqué, suit de près les négociations pour des passages sûrs et se prépare à envoyer des fournitures humanitaires dès que les conditions le permettront. Pour finir, M. Mazou a lancé un appel à un accès humanitaire sûr et sans entrave.
M. TEDROS ADHANOM GHEBREYESUS, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a prévenu que la guerre en Ukraine a des conséquences dévastatrices sur la santé, lesquelles persisteront dans les années voire les décennies à venir. Il a parlé des perturbations dans les services de santé et l’accès aux produits de première nécessité, compte tenu de la destruction généralisée des infrastructures d’eau et d’assainissement et de plus en plus, des infrastructures de santé. L’OMS, a-t-il affirmé, a vérifié 43 attaques contre le secteur de la santé, causant la mort de 12 personnes et blessant 34 autres, y compris des membres du personnel médical. Le Directeur général a dit penser aux gens atteints de maladies cardiovasculaires, du cancer, du diabète ou encore du VIH qui requièrent des soins réguliers.
Les déplacements ou l’entassement des gens dans des espaces réduits, a-t-il prévenu, devraient aggraver les risques de maladies comme la rougeole, la pneumonie ou la polio. À ce jour, plus de 35 000 personnes en Ukraine sont internées dans les hôpitaux psychiatriques et autres infrastructures. Elles souffrent désormais d’un manque de médicaments, de nourriture, de chauffage ou encore de couverture. La guerre a aussi exacerbé l’impact de la pandémie de COVID-19 dans le pays.
L’OMS est sur place et travaille étroitement avec le Ministère ukrainien de la santé et d’autres partenaires, a assuré le Directeur général. À ce jour, l’Organisation a déployé environ 100 tonnes de médicaments pour 4 500 personnes et 450 centres de santé primaire, pendant un mois. Un autre lot de 180 tonnes devrait bientôt arriver dans le pays. Les fournitures sont prêtes à être acheminées dans les zones difficiles mais jusqu’à présent, elles sont toujours bloquées sur place. Pour aider le système de santé ukrainien, l’OMS a déployé 20 équipes médicales d’urgence, couvrant plusieurs spécialités, et ce en Ukraine et dans les pays voisins.
Le Directeur général a dit être avec trois requêtes urgentes et d’abord que le Conseil de sécurité travaille immédiatement à un cessez-le-feu et à une solution politique. La médecine, a-t-il martelé, a besoin de paix. Il a aussi exhorté tous les donateurs à appuyer la réponse aux besoins humanitaires en Ukraine et dans les pays voisins. L’OMS a déjà consacré plus de 10 millions de dollars aux besoins de santé, en plus des sommes ponctionnées au Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF). Enfin, le Directeur général, a souligné que s’il est juste que l’attention du monde soit tournée vers l’Ukraine, il ne faut pas pour autant oublier les nombreuses autres crises où les gens souffrent aussi. Il a cité l’ Afghanistan, l’Éthiopie et le Tigré, la Syrie ou encore le Yémen. Dans chacun de ces cas, la seule solution, c’est la paix, a conclu M. Ghebreyesus.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a déclaré que plus de trois millions d’Ukrainiens avaient maintenant quitté leur pays, créant une crise humanitaire qui se fait ressentir un peu partout dans le monde. La plupart d’entre eux sont des femmes et des enfants, qui ont rempli à la va-vite des valises, laissant tout derrière eux tandis que l’horreur se poursuit pour ceux qui sont encore en Ukraine, a déploré la représentante, qui s’est dite consternée par le bilan de 726 civils tués. Elle a dénoncé les attaques perpétrées par la Fédération de Russie contre 43 hôpitaux et installations sanitaires, « 43 », a-t-elle répété, en faisant également état de charniers sur le terrain. Mme Thomas-Greenfield s’est élevée contre l’attaque commise hier contre le théâtre de Marioupol, alors qu’il comportait le mot « enfants » en russe peint en lettres blanches sur ses murs, ce qui aurait dû lui éviter d’être pris pour cible par les pilotes russes. Désormais, des cadavres jonchent les rues de la ville, parce qu’il est devenu trop cher et trop risqué d’organiser des funérailles, a ajouté la déléguée américaine, qui a également cité le cas d’une dizaine de gens abattus dans une file d’attente devant une boulangerie.
Il n’y a qu’un seule manière de mettre fin à cette folie, a-t-elle lancé à l’adresse de la Fédération de Russie: « retirez vos troupes une fois pour toutes ». Hier, le Président des États-Unis, Joe Biden, a annoncé une aide de 800 millions de dollars, au total plus d’un milliard consentis par ce pays depuis une semaine, s’est-elle enorgueillie. La Russie a clairement violé le droit international, et la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, a asséné la représentante, qui a tenu à dire que « jamais l’Ukraine ne sera une victoire pour Vladimir Putin, quelles que soient les avancées réalisées, quelles que soient le nombre de victimes, quelles que soient les villes qui seront prises ou détruites ». Les États-Unis sont au côté de l’Ukraine et de son peuple et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour mettre un terme à cette tragédie, a ajouté la déléguée au terme de son intervention.
M. FERIT HOXHA (Albanie) a déclaré que l’Ukraine est en feu et en train d’être dévastée. « Devinez par qui! » Il a indiqué qu’il y a deux millions de déplacés, 12 millions de personnes directement touchées par la guerre et que les appels pour la création de couloirs humanitaires n’ont pas été entendus. « Ceci est le vrai visage, plein de colère, de l’agression russe. » Malgré ce tableau lugubre, la principale nouvelle est que l’Ukraine tient, l’Ukraine résiste, a poursuivi le délégué. Il a déclaré que la Russie « s’enfonce de plus en plus dans la boue, moralement, juridiquement et internationalement ». Nous savons que pour que la Russie gagne la guerre insensée qu’elle a choisie de mener, elle doit faire de l’Ukraine ce qu’elle a fait de Grozny, elle doit faire de toutes les villes ce qu’elle a fait d’Alep, a accusé M. Hoxha. « Même après cela, on va nous dire que c’est la faute à Voltaire. »
Il a indiqué que l’agresseur, la Russie, a proposé un projet de résolution humanitaire. C’est une insulte de la taille du territoire russe, a-t-il dit, en ajoutant que la Russie a, ce faisant, battu le record mondial de l’hypocrisie. « La Russie ne peut pas tirer le premier et venir après déguisée en docteur. » Le seul moyen de minimiser les conséquences humanitaires, comme le prétend ce texte, est pour la Russie de mettre un terme à cette guerre, retire ses troupes et rentre chez elle. Il a appelé les États Membres, les 141 qui ont voté pour la résolution de l’Assemblée, à ne pas se laisser abuser et à ne pas endosser un texte qui a pour seul but de dissimuler une guerre. « Chers collègues, ne vous laissez pas abuser par les nouveaux habits de l’Empereur, l’agression russe est nue. »
Trois semaines se sont écoulées depuis que le Président Putin a renoncé à la diplomatie en choisissant la guerre, a d’emblée souligné Mme BARBARA WOODWARD (Royaume Uni). Trois semaines dévastatrices pour le peuple ukrainien, pour les trois millions de personnes qui ont fui et pour ceux qui sont restées en Ukraine. Citant les Nations Unies, la représentante a indiqué que les forces russes bombardent sans discrimination les zones résidentiels avec des armes à sous munitions, les victimes ne pouvant avoir accès à une assistance médicale. La guerre du Président Putin cause des souffrances qui vont bien au-delà de l’Ukraine. Des milliers d’étudiants étrangers ont été confrontés à cette violence.
La guerre a en coutre fait envoler le prix des denrées alimentaires et du carburant et accru les souffrances des pays en développement. Il s’agit d’une guerre d’agression non provoquée. La Russie est donc responsable de la souffrance qu’elle inflige à l’Ukraine et au-delà. Quelque 141 États Membres des Nations Unies ont sans équivoque condamné l’invasion illégale de l’Ukraine et la Cour internationale de Justice (CIJ) a émis un arrêt juridiquement contraignant qui exige de la Russie la suspension immédiate de ses opérations militaires. La représentante s’est indignée de ce que, dans un acte pervers, la Russie ait présenté cette semaine un projet de résolution appelant à la protection des civils. C’est un jeu cynique, a-t-elle martelé, rappelant en conclusion, qu’hier encore les forces russes ont pris pour cible des civils réfugiés dans un bâtiment abritant des enfants. Si la Russie veut véritablement protéger les femmes et les enfants, elle doit retirer ses troupes et mettre un terme à son invasion aujourd’hui !
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné dans les termes les plus forts le siège organisé par la Russie de plusieurs villes ukrainiennes et les bombardements indiscriminés visant les populations civiles dans les villes et sur les routes. « Nous appelons la Russie à se conformer au droit international humanitaire, à protéger les civils et les infrastructures civiles, et à permettre l’acheminement sûr et sans entrave de l’aide humanitaire. » Les attaques contre les hôpitaux sont constitutives de crimes de guerre, a rappelé le délégué. Il a exprimé une préoccupation particulière au sujet des informations relatives à l’emploi par la Russie de bombes à sous-munitions, souligné par le Secrétariat de l’ONU.
Le projet de résolution russe ne trompe personne, a poursuivi le délégué. Il ne doit pas être soutenu, car le soutenir, c’est donner un blanc-seing à la Russie pour qu’elle poursuive la guerre. Il a déclaré que la communauté internationale est unie dans la condamnation massive de l’agression russe. De nombreux pays, dont la France, ont immédiatement pris des mesures visant les autorités russes et les cercles économiques proches du pouvoir pour les priver des ressources et les empêcher de poursuivre cette guerre. » Enfin, il a dit que M. Vladimir Putin n’a pas le soutien des Russes dans cette guerre. Il n’y a pas meilleure preuve de cela que les lois liberticides que la Russie impose à sa population, en espérant en vain réduire au silence l’opposition à la guerre.
Mme GÉRALDINE BYRNE NASON (Irlande) s’est inquiétée de l’impact humanitaire de la guerre qui se fait ressentir dans le monde entier, risquant d’affecter la sécurité alimentaire de pays fortement dépendants des produits agricoles ukrainiens, notamment en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient. C’est pourquoi, a dit la représentante, ce Conseil doit plaider auprès de la Fédération de Russie pour qu'elle ne prive pas les populations civiles de nourriture et d'eau. Il est accablant de constater que nous ne pouvons pas parler d’une seule voix pour sauver des vies innocentes dans cette guerre, s’est-elle emportée. Poursuivant, la représentante est revenue sur les images « choquantes » de la ville de Marioupol assiégée. Nous constatons, une fois de plus, que la guerre urbaine fait payer le plus lourd tribut aux civils, a-t-elle poursuivi, déplorant les attaques contre les établissements de santé. La représentante a demandé à la Fédération de Russie de respecter son obligation à protéger les infrastructures civiles et les personnels médical et humanitaire. Quel que soit l’accord ou l’absence d’accord sur les couloirs humanitaires ou autres mesures, les personnes et infrastructures civiles doivent être protégés, en vertu du droit international humanitaire, a conclu la représentante.
Mme MONA JUUL (Norvège) a déclaré que depuis le début de la guerre, « un enfant ukrainien devient un réfugié presque à chaque seconde ». En tout, ce sont plus de trois millions de civils qui ont traversé les frontières vers les pays voisins, sans compter les plus de 1,8 million de déplacés à l’intérieur de l’Ukraine. La Fédération de Russie, a poursuivi la représentante, est responsable de la hausse des prix des denrées alimentaires et du risque accru d’insécurité alimentaire dans le monde. La guerre de la Russie contre l’Ukraine va encore exacerber la crise humanitaire, la mort et le désastre à travers les continents, s’est-elle alarmée. La Russie, « et la Russie seule », porte la seule responsabilité de la guerre et de la crise humanitaire actuelles, et elle doit cesser son agression militaire contre l’Ukraine. Moscou doit également se conformer à l’ordonnance de la Cour internationale de justice (CIJ) lui demandant de suspendre immédiatement ses opérations militaires en Ukraine.
Si la Russie se soucie des souffrances humanitaires que cette guerre cause, elle devrait arrêter sa guerre insensée et illégale, a commenté Mme Juul. Ne vous méprenez pas, a-t-elle prévenu, le projet de résolution russe n’est pas un texte humanitaire, mais une tentative délibérée de l’agresseur de couvrir son invasion illégale. Ce projet n’a aucune crédibilité. Et nous ne le soutiendrons pas », a annoncé la déléguée. Le dialogue politique, les négociations et la médiation sont la seule voie à suivre. « Pour le bien de l’humanité, cette guerre doit cesser. »
M. T. S. TIRUMURTI (Inde) s’est dit très préoccupé par la dégradation de la situation en Ukraine, avant de souligner l’urgence de répondre aux besoins humanitaires. Il a précisé que l’Inde a envoyé 90 tonnes de livraisons humanitaires à l’Ukraine et à ses voisins et assuré le rapatriement des 22 500 ressortissants indiens qui étaient présents en Ukraine. Il a dit sa vive appréciation de l’aide apportée par les autorités de l’Ukraine et des pays voisins dans cette opération. L’action humanitaire doit toujours être guidée par les principes de l’assistance humanitaire, à savoir l’humanité, la neutralité, l’impartialité et l’indépendance, a dit le délégué. « Ces principes ne sauraient être politisés. » Il a demandé une cessation immédiate des hostilités, en rappelant que le dialogue et la diplomatie sont les seules options. « Nous continuons de souligner la nécessité de respecter la Charte, le droit international, ainsi que la souveraineté et l’intégrité territoriale des États. »
Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a réitéré l’appel lancé à la Fédération de Russie pour un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel et pour le retrait de toutes ses troupes d’invasion des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine. La cessation des hostilités est essentielle pour faire face à l’aggravation des conditions humanitaires, a insisté Mme Hackman. Elle a exhorté les parties au conflit à proclamer de toute urgence une pause humanitaire pour permettre l’évacuation et le passage en toute sécurité des civils et faciliter l’acheminement de nourriture, de médicaments et d’autres services essentiels à ceux qui en ont cruellement besoin et qui sont piégés dans des villes en état de siège. Mme Hackman a appelé les parties à accepter la voie de la diplomatie et du dialogue pour résoudre leurs problèmes de sécurité, estimant en conclusion que les bons offices du Secrétaire général devraient être mis à profit pour faciliter une résolution pacifique du conflit.
M. CHRISTOPHE NANGA (Gabon) a déploré l’intensification des combats en Ukraine et l’exode massif des populations civiles qui en découle, ainsi que la détérioration des conditions de vie et des conditions sanitaires de ceux qui ont décidé de rester. Les risques de maladies liées à l’insuffisance des services publics de base sont un motif de grande préoccupation, a-t-il dit, et nous exhortons à nouveau toutes les parties à respecter les dispositions du droit international humanitaire et à garantir la protection des populations, y compris des ressortissants africains, ainsi que des infrastructures civiles, du personnel médical et des travailleurs humanitaires. Après avoir appelé à l’arrêt immédiat des hostilités, le représentant a plaidé en faveur du dialogue et contre l’enlisement du conflit.
Mme JAYNE JEPKORIR TOROITICH (Kenya) a d’emblée salué l’ouverture des frontières aux « réfugiés de nationalités multiples » par les pays voisins de l’Ukraine, les pressant de continuer à veiller à ce que les protections recherchées soient offertes sans discrimination, et en particulier sans distinction de race ou de religion. Poursuivant, Mme Toroitich a condamné les attaques contre les infrastructures civiles, y compris les maisons, les hôpitaux et les abris. Les parties sont tenues de se conformer au droit international humanitaire ainsi qu’à la résolution 2573 (2021) aux fins d’une meilleure protection des biens indispensables à la survie des civils en temps de conflit, a-t-elle souligné. Elle a rappelé que les civils, y compris les ressortissants étrangers en Ukraine, ne sont pas parties au conflit et ne doivent pas être pris pour cible.
À cet égard, tous les acteurs, y compris les parties, doivent prendre en compte et privilégier la sécurité et les intérêts des civils, conformément au droit international humanitaire, a-t-elle conclu.
M. JOÃO GENESIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a indiqué que 18 millions de personnes sont touchées par le conflit en Ukraine. Face aux besoins grandissants, le Brésil, a affirmé le représentant, a envoyé en Ukraine neuf tonnes de nourriture et une demi-tonne de produits médicaux. Il a exhorté la communauté internationale à apporter une assistance aux personnes touchées par le conflit mais aussi aux réfugiés dans les pays voisins. I l a jugé très préoccupantes les 43 attaques recensées par l’OMS contre des centres de santé, faisant des dizaines de morts et de blessés, y compris parmi les agents de santé. Ces attaques, a dénoncé le représentant, sont des violations du droit international humanitaire. Il a plaidé pour une cessation immédiate des hostilités, « condition sine qua non » pour permettre l’évacuation des civils. Seul un cessez-le-feu durable permettra d’apporter une aide humanitaire, a conclu le délégué.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dit partager les préoccupations relatives à la crise humanitaire en Ukraine, tout en regrettant que les déclarations faites par un certain nombre de membres du Conseil s’appuient sur des « informations mensongères ». Il a tout particulièrement rejeté les accusations selon lesquelles une maternité et un théâtre auraient été bombardés à Marioupol et le fait que les forces russes empêcheraient les réfugiés de quitter le pays et auraient tué des gens dans la file d’attente d’une boulangerie.
Le représentant est revenu sur la déclaration des États-Unis, qui ont affirmé que 43 hôpitaux et installations médicales auraient été attaqués par les forces russes. Pourtant, rien dans la déclaration du Directeur général de l’OMS ne va dans le sens de ces affirmations, celui-ci ayant dit qu’il n’était pas en mesure d’attribuer le blâme. En tout cas, si nous devions mettre en place un « Guinness Book des records des fake news » au Conseil de sécurité, je sais qui arriverait en tête, a-t-il lancé, avant de dire que cette « fabrique du mensonge » est tout particulièrement active s’agissant de Marioupol, où abonderaient les très nombreuses « preuves de crimes » commis par les « néo-nazis » du régiment d’Azov. Comment se fait-il que nos collègues occidentaux aient décidé de ne pas tenir compte de nos informations qui démontrent que cette maternité a été transformée en bastion des nationalistes ukrainiens? Ce sont des informations pourtant fournies par des experts balistiques, a précisé la Fédération de Russie. Le délégué a contesté le fait que le théâtre de Marioupol ait été la cible de forces aériennes russes, de même que l’idée que ces forces auraient prétendument cherché à évacuer de force des populations en direction de la Russie. Depuis le début du conflit, la hotline mise en place par les Russes a recueilli près de 2,5 millions d’appels pour des évacuations vers la Russie, s’est exclamé le représentant.
S’agissant des couloirs humanitaires, M. Nebenzia a assuré que son pays a respecté la cessation des hostilités pour permettre les évacuations, mais que des réfugiés avaient été mitraillés alors qu'ils empruntaient un des couloirs: quatre personnes ont péri et d’autres ont été blessées. Mais malgré ces difficultés et ces entraves et l’absence du concours des autorités de Kiev, nous avons réussi à évacuer 12 440 personnes, dont 2 242 enfants, a fait valoir le représentant.
Il a ensuite déploré les « magouilles » à l’œuvre autour du projet de résolution humanitaire sur l’Ukraine, élaboré par les Français et les Mexicains, un texte devenu politique et qui n’a rien à voir avec les questions humanitaires qui se posent en Ukraine aujourd'hui. En revanche, a-t-il souligné, notre texte reste ouvert et tous les membres intéressés peuvent s’en porter coauteurs. Mais, a-t-il pronostiqué, cela ne conviendra pas aux occidentaux, qui exercent une « pression sans précédent ». D’après M. Nebenzia, les États-Unis et l’Albanie ont diffusé une lettre dans laquelle ils découragent tout État membre de se porter coauteur du projet. C'est pourquoi nous avons décidé de ne pas demander sa mise aux voix, mais à la place une réunion d’urgence demain au Conseil pour aborder la question de la présence d’un laboratoire américain en Ukraine, a conclu le délégué russe.
M. JUN ZHANG (Chine) a d’emblée fait part de l’inquiétude de son pays face à la détérioration de la situation en Ukraine et regretté l’augmentation du nombre de victimes civiles et de celui des réfugiés. L’objectif aujourd’hui est, pour le représentant, d’appeler toutes les parties à faire preuve de retenue, de garantir la sécurité de tous les civils et de répondre à leurs besoins humanitaires. Le représentant s’est inquiété de ce que certaines personnes d’ascendance africaine ou originaires du Moyen Orient aient eu des problèmes lors de leur évacuation. C’est une question qui doit être prise très au sérieux, a-t-il estimé. Il a aussi rappelé la proposition en six points de son pays en matière humanitaire, soulignant que la Croix-Rouge chinoise a d’ores et déjà fourni une assistance. Il a appelé le Conseil de sécurité à rester saisi du dossier humanitaire, tout en encourageant les négociations entre les deux parties car elles augmentent la chance d’un cessez-le-feu et d’un avenir pacifique.
M. JUAN RAMON DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a souligné le bilan dévastateur des trois semaines de guerre en Ukraine, avant de saluer la solidarité des pays voisins. Les besoins vont aller en augmentant, a-t-il prédit. Il a jugé fondamental de garantir un accès humanitaire sans entraves. Il a dénoncé les attaques perpétrées contre les centres médicaux, en rappelant qu’elles sont contraires au droit. Il a souligné la nécessité de protéger le personnel de santé, conformément aux résolutions du Conseil. Il a aussi mentionné la décision de la Cour internationale de Justice (CIJ) ordonnant à la Russie de suspendre immédiatement ses opérations militaires en Ukraine. Le dialogue et la diplomatie sont les seules options, a poursuivi le délégué. Il a enfin regretté que le Conseil n’ait pas pu lancer un appel sans équivoque pour une cessation des hostilités.
M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a déploré la situation humanitaire dans les principales villes ukrainiennes comme Marioupol. Il a considéré qu’il est devenu urgent de prendre des mesures pour apaiser la situation, rétablir la confiance entre les parties, et permettre aux organisations humanitaires d’effectuer leur travail en toute sécurité. En outre, parallèlement aux négociations en cours, qu’il faut soutenir, le représentant a tenu à souligner l’importance de respecter le droit international, en particulier le droit international humanitaire.
M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a commencé par citer les propos hier du Président de la Fédération de Russie, Vladimir Putin, selon lesquels « l’opération évolue avec succès en stricte conformité avec les plans adoptés ». La question qui se posent, a-t-il dit, est de savoir quelles sont les raisons de ces plans. S’agirait-il de tuer des enfants, comme les 108 morts, cibles délibérées? C’est évident, au regard du bombardement du théâtre de Marioupol où des centaines d’habitants avaient trouvé refuge et marqué de pancartes visibles avec le mot « enfants ». Le bâtiment a été intégralement détruit, a accusé le représentant et bien sûr, le plan de Putin ne se limite pas à assassiner des enfants: tous les civils ukrainiens et les ressortissants étrangers sont menacés. Le plan consiste aussi à réduire à néant les villes ukrainiennes et à les raser.
Le plan de Putin, c’est de violer les accords sur le cessez-le-feu et empêcher la libre circulation des populations civiles à partir des territoires temporairement occupés. Le plan consiste également à terroriser les habitants. Il a cité les témoignages sur les cas de torture, d’enlèvement et même d’assassinats. Forcer les Ukrainiens à fuir et à devenir réfugiés fait aussi partie de ce plan. Quelque 3,2 millions de personnes ont déjà quitté l’Ukraine et dans ce contexte humanitaire de plus en plus grave, la Russie « ose » présenter un projet de résolution « humanitaire », s’est indigné le représentant. « Un tueur en série » appelle les États Membres de l’ONU à se porter coauteurs d’un tel projet! Une « hypocrisie révoltante ». Le représentant a cité Saint Patrick : « ne faites jamais confiance à un chien pour surveiller votre nourriture ».
Il a estimé « urgente » l’action humanitaire des Nations Unies et a appelé toutes les nations responsables à y prêter main forte. Le représentant les a aussi exhortées à se joindre au Groupe des Amis de l’établissement des responsabilités, crée par l’Albanie, la Colombie, le Danemark, les Îles Marshals, les Pays-Bas et l’Ukraine, comme instance de débat. À cet égard, il a rappelé l’arrêt de la CIJ sur les allégations de génocide. Malgré le caractère contraignant de l’avis, le Kremlin l’a rejeté, invoquant l’absence d’accord entre les parties. Ce rejet n’est pas une « surprise », eu égard au mépris de la Russie pour la Charte des Nations Unies, comme on le voit en Géorgie, en Syrie et enfin dans le Donbass.
Pour finir, il a invité l’assistance à exercer « vos devoirs », en vertu de l’Article 94/2 de la Charte et à décider de mesures au cas où la Russie ne se plierait pas à ses obligations vis-à-vis de la CIJ. Il s’est, ensuite, adressé à son homologue russe lui demandant s’il ne souffre pas du trouble de stress post-traumatique après à voir vu les yeux des victimes. Cessez votre manipulation « flagrante et obscène » du Conseil de sécurité, a conclu le représentant, non sans remercier l’Italie pour son offre de reconstruire le théâtre de Marioupol, car les théâtres, où qu’ils soient, appartiennent à l’ensemble de l’humanité.
M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a commencé par rendre hommage aux soldats et aux civils « intrépides qui défendent leur patrie et leur liberté » et qui se battent aussi pour ceux qui ont été forcés de fuir. M. Szczerski a, en outre, rappelé que le Conseil de sécurité est réuni ici aujourd'hui pour discuter de la crise humanitaire et des réfugiés qui connaît la croissance la plus rapide depuis la Seconde Guerre mondiale, conséquence de l’agression russe contre l’Ukraine. Pour lui, cette guerre est d’abord à « 100% une guerre de choix » et aujourd’hui l’agresseur a décidé de changer la nature de ce conflit. Il a délibérément choisi de créer une catastrophe humanitaire, au mépris du droit humanitaire international.
Le représentant a demandé à la Russie de changer son mode opératoire militaire et de permettre un accès humanitaire total et sans entrave. Prenez la situation à Marioupol, où près de 350 000 habitants sont toujours bloqués, alors que la nourriture, l’eau et les médicaments continuent à manquer. Le représentant a appelé à un cessez-le-feu immédiat, soulignant que les conséquences humanitaires de la guerre ne se limitent pas à l’Ukraine. Nous avons, a-t-il dit déjà atteint le nombre de plus de 1,8 million de réfugiés depuis le 24 février, dont plus de 1,3 million ont été évacués, a-t-il indiqué. Dans un esprit de solidarité, a-t-il affirmé, la Pologne continuera à accueillir et à fournir un abri, de la nourriture, des soins de santé et la sécurité à toute personne dans le besoin, indépendamment de sa nationalité, de sa race ou de sa croyance religieuse.