En cours au Siège de l'ONU

8987e séance - matin
CS/14821

Conseil de sécurité: le Représentant spécial pour le Soudan du Sud estime qu’il est encore possible de poursuivre la transition démocratique

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan du Sud a déclaré, ce matin, devant le Conseil de sécurité, que malgré la lenteur des progrès dans la mise en œuvre de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit au Soudan du Sud, il existe encore une fenêtre d’opportunité pour capitaliser sur la stabilité relative du pays afin de poursuivre une véritable transition démocratique.

À l’entame des 12 derniers mois de la période de transition, M. Nicholas Haysom a donc appelé à créer un espace politique et civique propice à un processus électoral libre et équitable afin de mener la période de transition à son terme, insistant notamment sur les prérequis techniques et logistiques et l’élaboration d’un calendrier convenu.  

« Les élections ont le potentiel d’être un moment d’édification de la nation ou de conduire à une catastrophe », a notamment averti le Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) qui a notamment déploré que le projet de loi sur le processus d’élaboration de la constitution est toujours en attente, et que la réunification des forces armées n’a pas encore commencé.

Alertant d’un sentiment de désillusion parmi la population sud-soudanaise, M. Haysom a averti que cette « tendance inquiétante » risque de saper l’Accord de paix.  La lenteur de la mise en œuvre a un prix et les dividendes de la paix restent insaisissables, comme en témoigne la frustration des jeunes marginalisés, dont beaucoup ont rejoint des milices tribales, a-t-il indiqué, relevant en outre que la situation économique « catastrophique » et son impact sur les jeunes a également provoqué une hausse de la criminalité et de la xénophobie à l’égard des humanitaires et des soldats de la paix.

Face à cette situation, le Président par intérim de la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée, le général de division Charles Tai Gituai, a recommandé au Conseil de sécurité d’engager activement le Gouvernement provisoire d’union nationale à mettre en œuvre les tâches critiques en suspens, en particulier l’unification des forces et le processus d’élaboration d’une constitution permanente, deux éléments fondamentaux, selon lui, pour la tenue d’élections libres, équitables et crédibles.  Il faut encourager le Gouvernement d’union nationale à concilier les divergences entre les partis politiques et à œuvrer de manière collégiale dans l’intérêt du Soudan du Sud et de sa population, a estimé le dignitaire qui a également insisté sur l’importance d’une constitution permanente « dirigée par le peuple et appartenant au peuple », pour préparer la voie à une transition démocratique.

Mais pour la militante de l’ONG Crown The Woman, « le terrain n’est pas mûr » pour assurer la tenue des élections.  Non seulement le cadre juridique et institutionnel nécessaire n’est pas en place à moins d’un an des élections, mais l’insécurité et le manque de confiance actuels des Sud-Soudanais, en raison de l’échec de la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé, ne peuvent qu’avoir un impact néfaste sur la légitimité du résultat, a mis en garde Mme Riya William Yuyada, alertant du risque de nouvelles violences.  Pour assurer la tenue d’élections en bonne et due forme, elle a appelé à unifier les forces militaires et les milices alliées sous un commandement central et les former pour devenir une armée professionnelle nationale apolitique capable de défendre le peuple et l’intégrité territoriale.  

Ces mesures sont indispensables pour créer des conditions propices à la tenue des élections et font aussi partie des critères en vue de la révision de l’embargo sur les armes, a relevé la France, la Chine ayant pour sa part réclamé leur levée au plus vite.

Également convaincu que les conditions ne sont pas propices à la tenue des scrutins, le Mexique a déploré le « rétrécissement » de l’espace civique dans le pays, ainsi que les entraves à l’exercice des libertés fondamentales.  Sans garantie que le Gouvernement respectera les libertés d’expression, d’association et de réunion pacifique, les citoyens sud-soudanais sont inquiets concernant les élections et leurs conséquences, a d’ailleurs fait observer la militante de la société civile. 

Notant pour sa part que les élections ne peuvent à elles seules garantir la stabilité sans une application adéquate des dispositions de l’Accord revitalisé, le Kenya, qui intervenait au nom des A3, a jugé cruciale la « retraite » proposée aux dirigeants du Soudan du Sud pour renforcer la confiance mutuelle et permettre aux parties d’élaborer une feuille de route pour le reste de la période de transition.  De son côté, l’Inde a demandé la reprise rapide de la médiation de la Communauté de Sant’Egidio avec les non-signataires.  La Norvège a pour sa part réclamé des efforts accrus pour lutter contre la corruption, jugeant peu convaincant d’invoquer un manque de ressources pour expliquer les retards dans la mise en œuvre de l’Accord de paix.

Enfin, les États-Unis ont noté avec inquiétude que 8,9 millions de personnes auront besoin d’une aide humanitaire en 2022, soit 600 000 de plus qu’en 2021, notamment en raison de l’instabilité, des aléas climatiques, de l’inflation du prix des denrées alimentaires et de l’absence d’accès aux services fondamentaux.  La délégation s’est également déclarée horrifiée par l’ampleur des violences sexuelles liées au conflit, exhortant le Gouvernement du Soudan du Sud à poursuivre tous les auteurs de ces crimes et plus particulièrement les personnes en situation d’autorité.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD - S/2022/156

Déclarations liminaires

M. NICHOLAS HAYSOM, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan du Sud, a indiqué que depuis la création, il y a deux ans, du Gouvernement provisoire d’union nationale revitalisé, le cessez-le-feu tient globalement et le nombre de victimes civiles a considérablement diminué.  Le corps législatif national provisoire et le Conseil des États ont été reconstitués et le projet de loi sur la Constitution a été approuvé.  Il a également salué le débat sur le budget national 2021/22 et l’engagement du Président en faveur de réformes économique et financière.  De même, il s’est félicité de la décision des factions Amum et Malong de l’Alliance des mouvements d’opposition du Soudan du Sud de s’engager avec le Gouvernement dans le cadre de l’initiative de médiation dirigée par la Communauté Sant’Egidio, pour ensuite encourager la faction dirigée par Thomas Cirillo à se joindre à ces efforts.  

À l’entame des 12 derniers mois de la période de transition, le Représentant spécial a appelé à créer un espace politique et civique propice à un processus électoral libre et équitable afin de mener la période de transition à son terme, insistant en outre sur les prérequis techniques et logistiques et l’élaboration d’un calendrier convenu.  Il a relevé que le projet de loi sur le processus d’élaboration de la Constitution est toujours en attente, et que la rédaction d’une nouvelle constitution reste au point mort.  La réunification des forces armées n’a pas encore commencé et aucun accord n’a été trouvé sur une structure de commandement, a déploré M. Haysom.  

Il a noté que la lenteur de la mise en œuvre est une cause de désillusion parmi la population du Soudan du Sud.  Cette tendance inquiétante risque de saper l’Accord de paix, a prévenu M. Haysom.  La lenteur de la mise en œuvre a un prix et les dividendes de la paix restent insaisissables, comme en témoigne la frustration des jeunes marginalisés, dont beaucoup ont rejoint des milices tribales.  La situation économique catastrophique et son impact sur les jeunes a également provoqué une hausse de la criminalité et de la xénophobie à l’égard des humanitaires et des soldats de la paix, a fait savoir le Représentant spécial qui a appelé à examiner ces préoccupations en tenant compte de la voix des jeunes tout en manifestant une tolérance zéro à l’égard des violences contre les humanitaires.   

Poursuivant, le Représentant spécial a indiqué que la violence sous-nationale continue de se propager, notamment à Jongleï et dans la Zone administrative du Grand Pibor ainsi que dans le cadre de conflits transfrontaliers émergents, une situation alimentée notamment par des conflits communautaires sur les terres et les ressources, comme l’illustre la recrudescence des violences intercommunautaires depuis l’arrivée de la saison sèche.  Les besoins humanitaires devraient continuer d’augmenter cette année, les inondations, l’insécurité et l’impact prolongé de la COVID-19 ayant mis à rude épreuve les mécanismes d’adaptation, détruit les terres agricoles, et tué le bétail, provoquant de nouveaux déplacements et un niveau d’insécurité alimentaire sans précédent.

M. Haysom a ensuite passé en revue le travail de la MINUSS des deux dernières années, dont son programme d’assistance aux partis politiques qui vise à faciliter le consensus autour des politiques électorales multipartites.  Depuis 2021, la Mission a établi 200 bases d’opérations temporaires pour prévenir et répondre aux points chauds du conflit et les interventions stratégiques de la Mission ont contribué à une baisse de 42% du nombre de victimes civiles au cours de l’année écoulée, a informé M. Hayson.  De même, la Mission continue de travailler avec la Police nationale sud-soudanaise afin de prévenir et lutter contre la violence sexuelle et sexiste, une préoccupation majeure au Soudan du Sud.  

Il a par ailleurs estimé que l’appel du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine pour une évaluation trilatérale UA-ONU-IGAD des besoins électoraux et constitutionnels du Soudan du Sud permettrait de tirer parti des avantages comparatifs.  La Mission a l’intention d’être un partenaire actif dans cet effort, a-t-il ajouté.

S’agissant du mandat de la Mission, le Représentant spécial a indiqué que la vision stratégique triennale demeure un cadre approprié et que le plafond actuel des troupes de 17 000 soldats de la paix et 2 100 policiers, donne la souplesse nécessaire pour faire face aux imprévus.  Il a appelé à accorder à la MINUSS un mandat suffisamment souple pour appuyer la tenue d’élections libres et équitables, dès que le Gouvernement en fera la demande, tout en notant que cela dépendra des progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord de paix.  

« Les élections ont le potentiel d’être un moment d’édification de la nation ou de conduire à une catastrophe », a averti le Représentant spécial.  Les progrès ont été lents mais il existe encore une fenêtre d’opportunité pour capitaliser sur la stabilité relative du pays afin de poursuivre une véritable transition démocratique, a conclu M. Haysom. 

Le général de division CHARLES TAI GITUAI, Président par intérim de la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée, a indiqué qu’en dépit de certains progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé, plusieurs volets d’importance sont en souffrance à un an de la fin de la période de transition.  Depuis sa signature, cet accord a contribué de manière significative à la cessation de la violence à travers le pays et au maintien du cessez-le-feu permanent, de même qu’à l’établissement et à la reconstitution de toutes les institutions pré-transitionnelles.  Mais il n’a pas permis d’aboutir, jusqu’à présent, à l’établissement du Comité ad hoc de réforme judiciaire, mandaté pour étudier et recommander les réformes appropriées, ni à la ratification de huit projets de loi par le corps législatif national provisoire, relatifs à la sécurité, à la constitution et aux partis politiques, a relevé le Président par intérim.  Selon lui, les tâches les plus importantes pour la conduite d’élections libres, justes et crédibles sont l’unification des forces et leur redéploiement, la promulgation de la constitution permanente, l’examen des partis politiques et des lois électorales, et la reconstitution du Conseil des partis politiques et de la Commission électorale nationale.  « Je souhaite souligner l’importance d’une constitution permanente dirigée par le peuple et appartenant au peuple, qui sera la pierre angulaire de l’État du Soudan du Sud, préparant la voie à une transition démocratique par le biais d’élections libres, équitables et crédibles », a déclaré M. Gituai. 

Au nombre des défis qui se posent, a poursuivi le Président par intérim, figurent le manque de ressources suffisantes, tant financières que matérielles, nécessaires à la mise en œuvre de l’Accord, l’insuffisance de la volonté politique et de l’engagement de certains acteurs ainsi que le déficit de confiance entre les parties.  Il a également évoqué les lacunes en matière de capacités, la violence et les activités des groupes réfractaires, les défections militaires d’une partie signataire, les inondations et la pandémie de COVID-19.  Dans ces conditions, la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée a chargé le Gouvernement provisoire d’union nationale d’élaborer une feuille de route et une stratégie claires sur la manière de mettre en œuvre les tâches en suspens à l’approche de la fin de la période de transition. 

M. Gituai a ensuite recommandé au Conseil de sécurité d’engager activement le Gouvernement provisoire d’union nationale à mettre en œuvre les tâches critiques en suspens, en particulier l’unification des forces et le processus d’élaboration d’une constitution permanente, deux tâches fondamentales pour la tenue d’élections libres, équitables et crédibles. Il faut également encourager le gouvernement d’union nationale à concilier les divergences entre les partis politiques et à œuvrer de manière collégiale dans l’intérêt du Soudan du Sud et de sa population. Le général de division a également appelé à appuyer les efforts du gouvernement d’union nationale pour mobiliser les ressources de la communauté internationale afin de renforcer la mise en œuvre de l’Accord. Dans cette perspective, un fonds spécial de reconstruction devrait être mis en place par le gouvernement et une conférence des donateurs pour le Soudan du Sud convoquée afin de fournir un soutien aux États et aux communautés touchés par le conflit, comme le prévoit l’Accord, a-t-il conclu.

Mme RIYA WILLIAM YUYADA, militante de Crown The Woman, une ONG locale travaillant sur les droits humains des femmes au Soudan du Sud, a indiqué que depuis la signature, il y a plus de trois ans, de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit au Soudan du Sud, peu ou pas de progrès ont été réalisés dans la mise en œuvre des dispositions cruciales de l’accord sur la réforme du secteur de la sécurité, la réforme constitutionnelle et électorale, la réforme judiciaire et la justice transitionnelle.  Bien que les principales villes, dont la capitale Djouba, restent calmes, la violence a augmenté au niveau local.  Les communautés ne se sentent pas représentées par les fonctionnaires et il n’y a aucune reddition de comptes pour ceux qui abusent de leur autorité, a expliqué la militante.  Il est triste, décourageant et inacceptable que nous continuions à soulever les mêmes questions avec les membres du Conseil, pour ensuite voir la situation continuer à s’aggraver, s’est-elle indignée.  « Nous en avons assez de partager les mêmes histoires de viol, de mariage d’enfants, de guerre, de traumatisme et de perte.   La résilience de mes compatriotes sud-soudanais s’estompe », a mis en garde Mme Yuyada. 

Alors que la période de transition touche à sa fin cette année, et que les élections générales sont provisoirement prévues pour 2023, Mme Yuyada a estimé que le terrain n’est pas mûr pour assurer la tenue d’élections libres, justes et pacifiques.  Non seulement le cadre juridique et institutionnel nécessaire n’est pas en place à moins d’un an des élections, mais l’insécurité et le manque de confiance actuels des Sud-Soudanais, en raison de l’échec de la mise en œuvre de l’Accord revitalisé, ne peuvent qu’avoir un impact néfaste sur la légitimité du résultat, a-t-elle mis en garde, alertant du risque de nouvelles violences.  Pour assurer la tenue d’élections en bonne et due forme, elle a appelé à unifier les forces militaires et les milices alliées sous un commandement central et les former pour devenir une armée professionnelle nationale apolitique capable de défendre le peuple et l’intégrité territoriale.  Elle a également appelé à mettre en œuvre le programme national de désarmement et de démobilisation et à prioriser l’adoption du projet de loi sur le processus d’élaboration de la constitution. De plus, sans garantie que le Gouvernement respectera les libertés d’expression, d’association et de réunion pacifique, les citoyens sud-soudanais sont inquiets concernant les élections et leurs conséquences, a-t-elle ajouté. 

Rappelant qu’elle n’est pas la première Sud-Soudanaise à informer les membres du Conseil de sécurité sur la violence basée sur le genre qui fait rage dans son pays, Mme Yuyada a dénoncé le déni de protection et de justice aux survivants de la violence sexiste, qui est le fruit, selon elle, d’une culture d’impunité quasi totale.  Dans tout le Soudan du Sud, il n’existe que deux abris pour femmes maltraitées qui ne peuvent pas gérer le nombre croissant de survivantes, a-t-elle expliqué, dénonçant en outre l’échec à mettre en place un système judiciaire garantissant la responsabilité pour les crimes commis, y compris en vertu du droit international.  La militante a par ailleurs regretté que, plus d’un an après l’adoption du Plan d’action conjoint pour les forces armées sur la lutte contre la violence sexuelle liée au conflit, sa mise en œuvre ne correspond pas à l’immense souffrance et aux besoins du grand nombre de survivants.  Elle a exhorté le Conseil de sécurité à donner suite à son précédent appel au Gouvernement sud-soudanais pour qu’il améliore le système judiciaire et établisse le tribunal hybride pour le Soudan du Sud.  Le Conseil doit aussi appeler à la mise en œuvre rapide du Plan d’action conjoint, en particulier l’identification et l’adoption de mesures pratiques pour protéger les victimes et les témoins.

Déclarations

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a regretté l’absence de progrès au Soudan du Sud en relevant que le rapport du Secrétaire général souligne que les tâches de la mission de maintien de la paix restent pertinentes.  Vivement préoccupée par la précarité de la situation sécuritaire, caractérisée par la persistance de combats entre groupes armées dans une impunité ambiante, Mme Thomas-Greenfield a exhorté les dirigeants locaux à agir et à exiger que les auteurs d’abus des droits humains rendent des comptes.  Par ailleurs, elle a estimé que la protection des civils, dont la protection des femmes et des enfants, et la lutte contre les violences sexuelles doivent figurer au rang des priorités de la mission.  Elle s’est dite horrifiée par l’ampleur des violences sexuelles liées au conflit et par les informations relatant les meurtres de 400 civils impliquant des dirigeants locaux qui ont soutenu les violences et manipulé les groupes ethniques.  Elle a particulièrement dénoncé l’assassinat de 19 femmes qui ont subi des atteintes sexuelles en public avant d’être tuées, dont la plus jeune avait 13 ans.  Le Gouvernement du Soudan du Sud doit poursuivre tous les auteurs de ces crimes et plus particulièrement les personnes en situation d’autorité, a-t-elle exhorté.

Mme Thomas-Greenfield a ensuite appelé le Gouvernement à mettre en œuvre les dispositions clefs de l’Accord revitalisé pour arriver à une réelle démocratie.  Elle l’a appelé à avancer sur les questions de réforme de la gestion des affaires publiques, sur les dispositions de sécurité transitoire, sur la mise en place d’un tribunal hybride et sur des élections libres et régulières.  Préoccupée par la détention abusive de journalistes et défenseurs des droits humains, la représentante des États-Unis a rappelé au Gouvernement du Soudan du Sud que ces personnes doivent être dans la rue et non derrière les barreaux.  Enfin, elle a noté avec inquiétude que 8,9 millions de personnes auront besoin d’aide humanitaire en 2022, soit 600 000 de plus qu’en 2021, notamment en raison de l’instabilité, des aléas climatiques, de l’inflation, du prix des denrées alimentaires et de l’absence d’accès aux services fondamentaux.

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a estimé que les conditions ne sont pas propices à la tenue des scrutins prévus au Soudan du Sud.  Il a déploré le « rétrécissement » de l’espace civique dans le pays, ainsi que les entraves à l’exercice des libertés fondamentales.  Les autorités du Soudan du Sud doivent remédier à de telles restrictions, a réclamé le délégué.  Il a également estimé que la situation sécuritaire est toujours aussi critique dans le pays, des milliers de déplacés continuant de fuir les violences.  Il a fermement condamné la récente attaque contre un convoi du PAM et invité le Gouvernement à s’abstenir de toute ingérence dans le travail des agents humanitaires.  Il a souligné l’importance de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité.  Le représentant a par ailleurs salué la place laissée dans le rapport du Secrétaire général aux incidences des changements climatiques.  Le délégué du Mexique s’est enfin dit en faveur du renouvellement de la MINUSS.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a noté que l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit au Soudan du Sud continue de fonctionner et que le cessez-le-feu est dans son ensemble respecté.  Elle a salué la volonté des dirigeants sud-soudanais d’organiser des élections en 2023, espérant que la MINUSS sera en mesure de fournir l’assistance nécessaire à la conduite de ces élections en cas de demande de la partie sud-soudanaise.  La déléguée s’est félicitée des contacts entre le Gouvernement et les non-signataires de l’Accord revitalisé, faisant notamment état d’accords avec les dissidents du Mouvement/l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition (M/APLS dans l’opposition) de la faction « Kitgwang ».  Elle a rendu hommage aux efforts de médiation de l’IGAD dans ce processus, et surtout à ceux du Soudan.  La représentante a dit soutenir l’initiative de l’Ouganda qui s’est dit disponible pour accueillir la réunion des dirigeants sud-soudanais.  Elle a également accueilli favorablement la poursuite de la médiation de la Communauté de Sant’Egidio.

Mme Evstigneeva a noté la baisse générale du niveau de violence dans le pays, ainsi que la volonté d’un nombre croissant de réfugiés et de déplacés de retourner chez eux.  En même temps, ces personnes sont préoccupées par les rapports faisant état de conflits armés locaux sporadiques, a-t-elle souligné.  Alors que le Conseil de sécurité se prépare, dans les prochains jours, à examiner la prorogation du mandat de la MINUSS, la déléguée a insisté sur le fait que le nouveau mandat doit tenir compte de manière adéquate des besoins réels du pays.  Il ne serait pas approprié, à son avis, que le mandat insiste sur la dimension « droits de l’homme » et renforce de fait la pression exercée sur Djouba sur d’autres questions sous prétexte d’élections.  Pour la Fédération de Russie, cela serait contre-productif.  La représentante a appelé le Conseil de sécurité à consacrer davantage d’attention à l’accompagnement des autorités dans la mise en œuvre de l’Accord revitalisé et au renforcement de leurs capacités en matière de règlement de conflits locaux.

Mme GERALDINE BYRNE-NASON (Irlande) s’est félicitée des progrès réalisés dans le processus d’élaboration d’une constitution sud-soudanaise et a appelé à la poursuite de ces efforts.  Elle a, en revanche, regretté que la mise en œuvre de l’Accord revitalisé reste limitée.  À ses yeux, les avancées sont trop lentes, notamment si l’on veut faire de la tenue d’élections l’an prochain un objectif réaliste.  Elle s’est ensuite déclarée choquée par les informations en provenance de Tamboura, qui font état d’une violence infranationale politisée et de graves atteintes aux droits humains, en particulier du recours systématique à la violence sexuelle.  « Nous ne pouvons fermer les yeux face à de tels abus », a-t-elle affirmé, avant de souligner le rôle essentiel que joue la MINUSS dans la surveillance et les enquêtes sur ces violations.  Elle a également salué le déploiement de bases opérationnelles temporaires de la Mission pour soutenir les populations touchées par cette insécurité accrue. 

La représentante s’est également alarmée de l’ampleur des besoins humanitaires au Soudan du Sud, regrettant l’incapacité de l’État à faire face à cette crise.  Appelant toutes les parties à respecter le droit international humanitaire et à permettre l’accès de l’aide à ceux qui en ont le plus besoin, elle a aussi alerté sur « l’impact indéniable » des changements climatiques sur la paix et la sécurité dans le pays.  Des inondations intenses et de longue durée ont accru les déplacements de population, perturbé l’agriculture et modifié les schémas de migration du bétail, ce qui risque d’intensifier les violences, a-t-elle averti, non sans s’enorgueillir que l’Irlande finance un conseiller en sécurité climatique auprès de la MINUSS afin d’identifier et de traiter les risques de sécurité liés au climat et de soutenir des mesures communautaires de consolidation de la paix.  Elle a d’autre part plaidé pour un élargissement de l’espace civique au profit de la société civile, jugeant crucial, dans la perspective des élections, de garantir un processus démocratique inclusif, qui permette en particulier la participation des femmes.  Enfin, après avoir salué l’engagement des pays voisins et d’acteurs tels que l’Union africaine (UA) et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), elle s’est réjouie de l’initiative de médiation du Président de l’Ouganda et de la récente visite du Conseil de paix et de sécurité de l’UA à Djouba, Jongleï et Pibor.  Elle a espéré que ces deux initiatives contribueront à la mise en œuvre effective de l’Accord revitalisé. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya) qui s’exprimait aussi au nom des A3 (Gabon, Ghana et Kenya), a exhorté les groupes non-signataires de l’Accord revitalisé à se joindre au processus de la mise en œuvre de l’Accord.  Aux dirigeants politiques, il a demandé de recentrer leurs efforts et leurs ressources sur la mise en œuvre des éléments restants de l’Accord de paix revitalisé.  Le soutien de la communauté internationale à ce processus est indispensable, a fait remarquer M. Kimani qui a prévenu que les élections ne peuvent à elles seules garantir la stabilité sans une application adéquate des dispositions de l’Accord revitalisé.  À cet égard, il a jugé cruciale la « retraite » proposée aux dirigeants du Soudan du Sud pour renforcer la confiance mutuelle et permettre aux parties d’élaborer une feuille de route pour le reste de la période de transition.  

Le groupe des A3 reste préoccupé par les affrontements ethniques et intercommunautaires dans certaines parties du pays, ainsi que par les combats entre factions, a dit M. Kimani qui a demandé aux autorités de mener des enquêtes sur tous les incidents de violence et de veiller à ce que les responsables répondent de leurs actes.  Il incombe en outre aux parties d’accélérer l’unification des forces armées sans plus tarder, a-t-il ajouté.  Préoccupé également par la détérioration de la situation économique et humanitaire au Soudan du Sud, M. Kimani a appelé à une intensification urgente de l’aide humanitaire.  Dénonçant les attaques, les meurtres et les harcèlements des travailleurs humanitaires, il a exhorté le Gouvernement à prendre les mesures appropriées pour protéger les humanitaires et faciliter l’accès à tous ceux qui en ont besoin.  Il a plaidé par ailleurs en faveur de la levée des sanctions et de l’embargo sur les armes contre le Soudan du Sud.  M. Kimani a, enfin, soulevé la question de l’impact des conditions météorologiques extrêmes.  Selon lui, l’élaboration de stratégies d’atténuation des changements climatiques, l’adaptation et le renforcement de la résilience devraient faire partie des efforts de relèvement et de l’aide au développement accordée au Soudan du Sud.  

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a souligné trois problèmes qui méritent selon lui l’attention et l’action du Conseil au Soudan du Sud, en premier lieu la protection des civils.  « Nous savons tous et apprécions que les autorités sud-soudanaises en assument la responsabilité », a déclaré le représentant, pour qui il s’agit également d’une pierre angulaire du mandat de la MINUSS.  En ce sens, il a noté que le rapport récemment publié par la Mission montre clairement que le Soudan du Sud a progressé.  Non seulement les incidents violents à l’encontre des civils ont baissé, mais aussi les pertes humaines, s’est-il félicité, en espérant que cette tendance se poursuive.

La deuxième question cruciale est le processus de paix, selon le représentant du Brésil qui a salué les dispositions transitoires importantes que sont la mise en place de l’Assemblée législative nationale et l’approbation du projet de loi d’amendement de la Constitution.  Cependant, la mise en œuvre de l’Accord revitalisé est lente, a-t-il regretté en exhortant le Soudan du Sud à agir rapidement pour mettre en place les forces unifiées nécessaires.  Enfin, il s’est alarmé de la résurgence de la violence intercommunautaire, en se demandant « si des motifs mesquins et des comportements criminels inconséquents sont les causes de ces incidents ».  Car pour le représentant, ce qui alimente les meurtres et les destructions, ce sont aussi la vengeance, les différends non résolus et une insatisfaction plus générale à l’égard des dispositions transitoires en matière de sécurité que l’Accord revitalisé promettait d’apporter.  Selon lui, le règlement des conflits, la médiation, les bons offices ne seront vraiment efficaces qu’avec des stratégies de développement solides et une distribution équitable des ressources.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a salué l’adoption récente du projet de loi d’amendement de la Constitution, tout en s’inquiétant de la lenteur des progrès et du coût humain que cela entraîne.  Il s’est également préoccupé de l’absence de progrès dans l’unification des forces et leur redéploiement, ainsi que des rapports faisant état de désertions, pour ensuite dénoncer la situation des droits humains dans le pays, notamment pour ce qui est de la liberté d’expression et d’opinion.  Il a en outre dénoncé l’augmentation des violences sexuelles au Soudan du Sud et exigé que les auteurs de ces crimes soient traduits en justice, soulignant qu’il appartient au Gouvernement du Soudan du Sud de respecter ses obligations et responsabilités vis-à-vis de son peuple.  Compte tenu de la situation humanitaire qui prévaut dans le pays, le représentant a appelé le Gouvernement sud-soudanais à réduire ses ingérences dans l’assistance humanitaire.  Il lui a également demandé de promouvoir les conditions propices à la tenue d’élections libres et régulières.

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a plaidé pour que la protection des civils reste une priorité essentielle de la MINUSS, tout en rappelant que cette protection relève de la responsabilité première du Gouvernement du Soudan du Sud.  Face à la persistance des violences sexuelles et sexistes, des violations des droits humains et des droits des journalistes, la représentante a expliqué que la reddition de la justice est essentielle pour lutter contre l’impunité.  Dans ce contexte, elle a souligné l’importance des audiences foraines soutenues par la MINUSS.  Elle s’est par ailleurs félicitée que le Gouvernement se soit engagé en faveur des futures élections avant de rappeler la nécessité de favoriser la participation égale de jeunes et des femmes à ces élections.  En conclusion, la représentante de l’Albanie a appuyé la prorogation du mandat de la MINUSS avec ces quatre piliers avant d’exhorter toutes les parties à favoriser la mise en œuvre de l’Accord revitalisé, à soutenir la réforme des institutions et à garantir la participation des femmes, des jeunes et de la société civile à tous les efforts de consolidation de la paix.  

Mme MONA JUUL (Norvège) s’est dite gravement préoccupée par la situation au Soudan du Sud, où le niveau de violence reste extrêmement élevé.  Elle a demandé une enquête sur les graves violations des droits humains, notamment dans l’État Unité, avant de souligner les progrès accomplis par les autorités dans la conduite des réformes, y compris dans le domaine des finances publiques.  La déléguée a néanmoins réclamé des efforts accrus contre la corruption.  Invoquer un manque de ressources pour expliquer les retards dans la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé n’est pas convaincant, a-t-elle estimé.  La déléguée a ensuite dénoncé les arrestations de défenseurs des droits humains et rappelé qu’il est de la responsabilité du Gouvernement de protéger les civils, y compris les enfants.  Les risques sécuritaires liés au climat doivent être intégrés dans les stratégies du Gouvernement.  Enfin, la déléguée de la Norvège s’est dite en faveur du renouvellement du mandat de la MINUSS.

M. DAI BING (Chine) a appelé la communauté internationale à faire œuvre de patience avec le plus jeune État du monde et à éviter de faire pression sur le Gouvernement.  Il a dit espérer que toutes les parties au Soudan du Sud mettront en œuvre l’Accord revitalisé.  De même, la constitution des forces unifiées doit se poursuivre avec l’accompagnement de la communauté internationale et il faut davantage d’investissements dans le secteur de la sécurité.  Le représentant a également appelé les partenaires internationaux à renforcer leur aide humanitaire au Soudan du Sud.  Il a relevé que les mesures coercitives unilatérales ont aggravé les souffrances du peuple.  Elles doivent être levées au plus vite, a plaidé le délégué.  Il a terminé en rappelant le soutien apporté par la Chine au Soudan du Sud, notamment l’envoi de fournitures médicales, y compris des vaccins contre la COVID-19, ainsi qu’une aide dans le secteur agricole. 

Mme SHERAZ GASRI (France) a salué les avancées dans la mise en œuvre de l’accord de paix, en particulier la reconstitution de l’Assemblée nationale législative de transition, la réduction des entraves à la mobilité de la MINUSS et la protection des personnes déplacées.  Elle s’est toutefois déclarée préoccupée par le retard accumulé alors que la période de transition touche à sa fin.  Notant à cet égard que la mise en œuvre des arrangements sécuritaires reste inachevée, elle a exhorté les parties signataires à trouver un accord sur la composition d’un commandement unifié et à finaliser la formation des combattants.  Ces mesures sont indispensables pour créer des conditions propices à la tenue des élections et font aussi partie des critères en vue de la révision de l’embargo sur les armes, a-t-elle relevé, appelant à la mise en place d’un cadre constitutionnel et juridique pour le scrutin et à une opérationnalisation de la commission électorale nationale.  Nous comptons sur la MINUSS, en coordination avec l’IGAD et l’UA, pour apporter son assistance à ces préparatifs et pour évaluer si les conditions d’un processus électoral crédible sont réunies, a souligné la représentante, selon laquelle la France est prête à renforcer le mandat d’assistance technique de la MINUSS, à condition que les objectifs fixés par le Conseil de sécurité soient atteints par le Gouvernement.

La déléguée a d’autre part estimé que la persistance des violences contre les civils rend nécessaire un renforcement de la lutte contre l’impunité et pour le respect du droit international humanitaire.  Se disant inquiète du niveau élevé des violences, qui touchent des populations déjà fragilisées par les inondations, la crise sanitaire et le manque de services de base, elle a salué la réactivité de la MINUSS et a appelé les autorités sud-soudanaises à poursuivre leur coopération avec la Mission pour faciliter le déploiement de juges et développer des projets de réduction des violences communautaires.  En conclusion, elle a condamné les affrontements entre les parties signataires de l’Accord revitalisé ainsi que les attaques contre les personnels humanitaires et médicaux, rappelant au passage que, pour ces derniers, le Soudan du Sud est l’un des pays les plus dangereux au monde.  « Les auteurs de ces violences doivent être traduits en justice et sanctionnés par ce Conseil. »

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a appelé à accélérer la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé, en particulier la formation et l’unification des forces unifiées.  Concernant la préparation des élections, il a espéré que les dirigeants du Soudan du Sud prendront des mesures qui vont dans la bonne direction, notant que la mise en œuvre des dispositions transitoires en matière de sécurité demeure essentielle pour le processus électoral. Il a aussi demandé la reprise rapide de la médiation de la Communauté de Sant' Egidio avec les non-signataires.  

Préoccupé par la précarité de la situation sécuritaire dans certaines régions du Soudan du Sud, le délégué a demandé aux groupes non-signataires de s’engager avec le Gouvernement pour faire partie de la tendance dominante. Il a aussi demandé à la communauté internationale et à l’ONU de combler les lacunes en matière de ressources et de capacités du gouvernement à faire face à la situation humanitaire.  

Il a noté l’amélioration de la communication entre la MINUSS et le Gouvernement, rappelant la responsabilité qu’a l’État hôte de traduire en justice les auteurs de crimes commis contre les Casques bleus.  Le Soudan du Sud a besoin du soutien sans réserve de la communauté internationale, les actions au Conseil devraient encourager les autorités du pays à progresser vers la pleine mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé, a-t-il souligné.  

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a considéré que la mise en œuvre de l’Accord revitalisé reste la base pour réaliser la stabilité, la paix, le développement et l’unité au Soudan du Sud.  Elle a espéré que les efforts du Gouvernement à cet égard conduiront à une solution pacifique, qui comprendra un dialogue significatif et complet avec les parties concernées, ainsi qu’une participation accrue des femmes au processus de paix, dans le but d’atteindre les 35% de participation prévus par l’Accord.  En outre, la poursuite des efforts de médiation est nécessaire pour permettre aux parties d’évoluer vers une paix durable, a encouragé la représentante.

Malgré les efforts déployés au niveau politique, la situation sécuritaire dans certaines zones reste source de préoccupation, notamment dans la région du Haut-Nil, a constaté la déléguée pour qui cette situation exige une réponse globale.  Toutes les parties doivent faire preuve de retenue, a-t-elle exhorté.  La représentante a en outre exprimé sa profonde inquiétude face à l’augmentation des besoins humanitaires dans le pays, notant que selon des rapports récents des Nations Unies, environ 8,9 millions de personnes ont besoin de protection et de services de base.  Pour relever ces défis, elle a jugé nécessaire d’intensifier les efforts internationaux et de demander à toutes les parties de garantir l’accès de l’aide humanitaire. 

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