8983e séance – après-midi
CS/14812

Conseil de sécurité: préoccupations face aux répercussions humanitaires de la crise en Ukraine qui a déjà fait plus de 500 000 réfugiés

Réuni pour faire le point sur la situation humanitaire en Ukraine, le Conseil de sécurité a été alerté, cet après-midi, par le Coordonnateur des secours d’urgence et le Haut-Commissaire pour les réfugiés, de l’ampleur des besoins de la population face à une crise qui a déjà fait plus de 500 000 réfugiés. 

« J’ai rarement vu un exode de personnes aussi incroyablement rapide, le plus grand, sûrement, en Europe, depuis les guerres des Balkans, » a confié M. Filippo Grandi selon lequel le nombre des réfugiés pourrait atteindre quatre millions dans les jours et semaines à venir.  « Face à un tel fardeau, nous ne pouvons laisser les pays d’accueil assumer seuls cette responsabilité », a-t-il ajouté, saluant à cet égard le soutien exprimé par de nombreux États européens, lors de la réunion d’hier du Conseil « justice et affaires intérieures » de l’UE, à l’activation de la directive de protection temporaire pour les personnes fuyant l’Ukraine. 

Appelant lui aussi à la solidarité, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a appelé les États Membres à se montrer généreux dans leur financement de l’appel humanitaire pour l’Ukraine qui sera lancé demain par le Secrétaire général.  La vie de millions de civils est en jeu, a-t-il souligné, faisant état d’au moins 406 victimes civiles, dont au moins 102 morts. 

M. Martin Griffith a également exhorté les parties au conflit à assurer d’urgence la protection des travailleurs humanitaires et des déplacements, signalant que depuis trois jours, les mouvements des humanitaires ont été sérieusement contraints en raison des combats en cours et de leur incapacité à recevoir des assurances de protection des parties au conflit. 

Le Coordonnateur des secours d’urgence s’est en outre inquiété des répercussions de l’utilisation d’armes explosives dans des centres urbains, notamment à Kiev et Kharkiv, exhortant les parties à veiller en permanence à épargner les civils et les biens à caractère civil tout au long des opérations militaires.  Si les combats se poursuivent, l’économie ukrainienne risque d’imploser, ce qui exacerbera encore les besoins humanitaires et créera un effet d’entraînement qui ira bien au-delà des frontières de l’Ukraine, a-t-il par ailleurs prévenu. 

Les préoccupations des deux hauts fonctionnaires de l’ONU ont été partagées par la grande majorité des membres du Conseil, dont le Royaume-Uni qui a constaté qu’à la suite de la décision du Président Putin de lancer l’invasion de l’Ukraine, « un pays de 44 millions d’habitants est maintenant au bord de la catastrophe humanitaire ». 

Tout en reconnaissant la gravité de la situation, la Fédération de Russie a déclaré que les populations sont devenues les otages des « radicaux » et des « nationalistes » ukrainiens qui s’accrochent au pouvoir.  Le fait est que, dans les territoires passés sous le contrôle des forces armées russes, la population n’est pas confrontée à des problèmes humanitaires aigus, a affirmé la délégation russe selon laquelle les problèmes ne persistent que dans les villes où les autorités ukrainiennes ont lancé l’ordre « criminel et irresponsable » de distribuer des armes à quiconque. 

« Ne vous laissez pas désinformer par les désinformateurs russes », a rétorqué l’Ukraine qui a accusé la Fédération de Russie de s’en prendre à des hôpitaux et à des ambulances.   Des missiles russes s’abattent sur des infrastructures civiles qui pourraient déclencher une contamination radioactive , a encore mis en garde la délégation qui a salué l’ouverture prochaine d’une enquête sur la situation en Ukraine par le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI). 

De leur côté, la France et le Mexique ont annoncé un projet de résolution sur le respect du droit humanitaire en Ukraine que la délégation russe a promis de lire attentivement avant d’en faire une appréciation. 

On retiendra également l’intervention du Kenya et du Gabon qui ont marqué leur inquiétude face au traitement raciste réservé aux Africains et aux personnes d’ascendance africaine qui cherchent à fuir l’Ukraine.  La délégation kenyane a en outre prévenu que les vastes sanctions économiques unilatérales qui ont été annoncées contre la Fédération de Russie auront presque certainement de graves conséquences humanitaires. 

À noter par ailleurs qu’avant d’ouvrir la séance, le représentant de la Fédération de Russie, qui achevait aujourd’hui sa présidence du Conseil de sécurité, a fait savoir que la Mission permanente de son pays auprès des NationS Unies avait été informée par le « pays hôte » qu’elle devait renvoyer 12 de ses diplomates, « en violation » de l’accord de Siège conclu entre l’ONU et les États-Unis.  Déplorant cette « mesure inamicale », la délégation russe a annoncé avoir invoqué une « procédure d’arbitrage » qui n’a pas encore débuté.  Les États-Unis ont précisé que les diplomates visés s’étaient livrés à des activités sans rapport avec leurs fonctions officielles, tout en notant que cette question relève de la juridiction du Comité des relations avec le pays hôte. 

LETTRE DATÉE DU 28 FÉVRIER 2014, ADRESSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2014/136)

Déclarations

Intervenant par visioconférence depuis Genève, M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a dit que le monde a observé l’offensive militaire en Ukraine avec un sentiment d’incrédulité et d’horreur.  « Et comme nous le craignions, les civils en paient déjà le prix », a-t-il dit.  Il a relevé que l’ampleur des victimes civiles et des dommages infligés aux infrastructures civiles est alarmante.  Les besoins humanitaires montent en flèche dans les zones les plus durement touchées.  Ainsi, des enfants, des femmes et des hommes ont été blessés et tués, tandis que des maisons ont été endommagées et même détruites.  M. Griffiths a indiqué que depuis hier, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme fait état d’au moins 406 victimes civiles, dont au moins 102 morts.  Le vrai chiffre pourrait être considérablement plus élevé, car de nombreuses victimes signalées doivent encore être confirmées, a-t-il noté.  Il a parlé de 160 000 personnes déplacées en Ukraine, fuyant pour leur sécurité, notant que le chiffre réel est probablement beaucoup plus élevé.  En outre, plus d’un demi-million de réfugiés ont été forcés de fuir leur pays en quête de sécurité.  Le tableau est sombre et pourrait encore empirer, a-t-il averti. 

Le Secrétaire général adjoint a également évoqué des attaques aériennes et des combats dans les zones urbaines, endommageant des installations civiles essentielles et perturbant les services essentiels tels que la santé, l’électricité, l’eau et l’assainissement.  Cela laisse les civils sans les bases de la vie quotidienne.  Des ponts et des routes ont également été détruits, coupant l’accès des populations aux fournitures et services, a-t-il relevé.  Il a affirmé que l’utilisation d’armes explosives dans les zones urbaines comporte un risque élevé d’impact, et cela est particulièrement préoccupant dans des endroits comme Kiev et Kharkiv.  Il a appelé toutes les parties à respecter le droit international humanitaire et veiller en permanence à épargner les civils et les biens à caractère civil tout au long des opérations militaires.  Les parties devraient également éviter l’utilisation d’armes explosives à large portée dans les zones peuplées.  Si les combats se poursuivent, l’économie ukrainienne risque d’imploser, ce qui exacerbera encore les besoins humanitaires et créera un effet d’entraînement qui ira bien au-delà des frontières de l’Ukraine. 

En outre, les bouleversements de ces derniers jours approfondissent une crise humanitaire préexistante.  En effet, le Coordonnateur des secours d’urgence a rappelé que huit années exténuantes de conflit dans l’est de l’Ukraine avaient déjà laissé trois millions de personnes dans le besoin d’assistance humanitaire des deux côtés de la ligne de contact dans la région du Donbass.  Il va sans dire que les besoins humanitaires sont bien plus grands aujourd’hui, a-t-il constaté.  Il a indiqué que les travailleurs humanitaires font de leur mieux pour répondre aux besoins.  Ainsi, l’ONU a élargi sa présence humanitaire en Ukraine et entend continuer à le faire.  Nous travaillons 24 heures sur 24 pour nous assurer que nous pouvons étendre nos opérations au fur et à mesure et aussi vite que possible, a-t-il assuré, tout en reconnaissant que depuis trois jours, les mouvements des humanitaires ont été sérieusement contraints en raison des combats en cours et de leur incapacité à recevoir des assurances de protection des parties au conflit.  M. Griffiths a néanmoins fait état de signes positifs à ce sujet, espérant que ceux-ci se concrétiseront dans les prochains jours.  En attendant, les organisations et institutions locales ainsi que la Croix-Rouge ukrainienne travaillent sans relâche pour soutenir les civils et les opérations d’évacuation.  De même, les agents de santé se mobilisent jour et nuit pour soigner les blessés, tandis que des organisations fournissent un soutien psychosocial aux enfants traumatisés ainsi que des trousses de premiers soins.  Et l’ONU est là pour soutenir leurs efforts. 

M. Griffiths a précisé qu’à l’heure actuelle, les besoins humanitaires les plus pressants concernent les services médicaux d’urgence, y compris les services de santé sexuelle et reproductive, les médicaments essentiels, les fournitures et équipements médicaux, et l’eau potable, ainsi que des abris pour la protection des déplacés.  Quelque 119 organisations opérant en Ukraine ont été en mesure de fournir un formulaire d’aide humanitaire, a-t-il ajouté. 

Il a ensuite indiqué qu’il y a actuellement un besoin urgent de progrès sur deux fronts.  Il a appelé en premier lieu les parties au conflit à assurer d’urgence la protection des travailleurs humanitaires et des déplacements.  Deuxièmement, nous avons désespérément besoin de plus de ressources, a clamé le Coordonnateur des secours d’urgence qui a annoncé que demain, le Secrétaire général lancera un appel humanitaire pour cette crise.  Cet appel aura deux composantes: un appel éclair de trois mois pour la situation à l’intérieur du pays et un plan régional de réponse aux réfugiés pour la situation à l’extérieur.  M. Griffiths a appelé les États Membres à montrer leur soutien avec un financement rapide, généreux et flexible.  La vie de millions de civils est en jeu, a-t-il souligné. 

S’exprimant en visioconférence depuis Genève, M. FILIPPO GRANDI, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, s’est tout d’abord déclaré fier que les organisations d’aide humanitaire de l’ONU et leurs partenaires aient décidé de rester en Ukraine, comme ils l’ont fait en Afghanistan il y a quelques mois.  Bien qu’ils soient pris, comme le reste de la population civile, dans ce conflit meurtrier, beaucoup de ces acteurs humanitaires ont été déplacés et craignent que la violence les force à fuir à nouveau, a-t-il expliqué, assurant qu’ils s’efforcent malgré tout de fournir une assistance à la faveur de moments de calme relatif.  Nous savons toutefois que nous n’atteignons même pas la surface des besoins des Ukrainiens, dont un grand nombre ont été contraints de fuir leur maisons ces derniers jours, a-t-il dit, ajoutant que la situation évolue si rapidement et les niveaux de risque sont si élevés, qu'il est impossible pour les humanitaires de distribuer l’aide dont les Ukrainiens ont désespérément besoin.  Se faisant l’écho de l’appel urgent lancé par le Secrétaire général et le Coordonnateur des secours d'urgence, il a demandé à ce que les personnes et les infrastructures civiles soient protégées et épargnées, et que l’accès humanitaire soit accordé à ceux qui fournissent de l’aide aux victimes de la guerre. 

Outre la grave situation à l’intérieur de l’Ukraine, des centaines de milliers de personnes cherchent refuge dans des pays voisins, a indiqué le Haut-Commissaire, évaluant leur nombre à 520 000 à l’heure actuelle.  Il a cependant reconnu que ce chiffre augmente de façon exponentielle, heure après heure, depuis jeudi.  Je travaille dans des crises de réfugiés depuis près de 40 ans et j’ai rarement vu un exode de personnes aussi incroyablement rapide, le plus grand, sûrement, en Europe, depuis les guerres des Balkans, a-t-il confié, avant de préciser que plus de 280 000 ont fui vers la Pologne, 94 000 en Hongrie, près de 40 000 en Moldavie, 34 000 en Roumanie et 30 000 en Slovaquie, sans parler des dizaines de milliers d’autres qui affluent dans d’autres pays européens.  Il s’est également dit conscient qu’un nombre important sont allés en Fédération de Russie. Remerciant les gouvernements des pays d’accueil pour avoir permis aux réfugiés d’accéder à leur territoire, il s’est déclaré préoccupé par la probable augmentation du nombre d’arrivées.  « Nous n’en sommes probablement qu’au début ». Il a également appelé à ne pas faire de discrimination parmi les personnes, Ukrainiens ou ressortissants de pays tiers, qui fuient l’Ukraine. 

Dans ce contexte, M. Grandi s’est dit conscient du soutien apporté par l’Union européenne et par d’autres gouvernements aux pays qui accueillent des réfugiés d’Ukraine et les a encouragés à persévérer.  Il les a aussi invités à se prévaloir du soutien et des conseils du HCR, de ses partenaires des Nations Unies et des ONG nationales et internationales.  Nous aidons et nous pouvons faire plus dans des domaines tels que la protection et l’enregistrement, l’organisation des capacités d’accueil, la fourniture de secours d’urgence, l’assistance en espèces et l’identification, et ce, en répondant aux besoins des plus vulnérables, a expliqué le Haut-Commissaire, selon lequel le nombre des réfugiés pourrait atteindre quatre millions dans les jours et semaines à venir.  Face à un tel fardeau, nous ne pouvons laisser les pays d’accueil assumer seuls cette responsabilité, a-t-il ajouté, saluant à cet égard le soutien exprimé par de nombreux États européens, lors de la réunion d’hier du Conseil « justice et affaires intérieures » de l’UE, à l’activation de la directive de protection temporaire pour les personnes fuyant l’Ukraine.  Enfin, après avoir rappelé que l’ONU lancera demain son appel humanitaire pour l’Ukraine, il a souhaité que ne soit pas oublié le sort persistant des Afghans, des Syriens, des Éthiopiens, des Rohingya du Myanmar, et de beaucoup d’autres qui, comme les Ukrainiens, n’ont jamais voulu devenir des réfugiés. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que les conséquences humanitaires de l’offensive russe en Ukraine sont dramatiques.  Il a réitéré l’appel de son gouvernement à une cessation immédiate des hostilités, « qui doit précéder tout pourparlers de paix ».  La protection des civils, y compris des enfants et des personnels humanitaires, ainsi que des infrastructures civiles est une priorité « absolue ».  « Nous ne transigerons pas à ce sujet », a-t-il prévenu.  Nous avons une responsabilité collective et un devoir moral: aider la population ukrainienne. Le représentant a rappelé que l’Union européenne a déjà annoncé une somme de 90 millions d’euros pour l’aide humanitaire.  La France, a-t-il ajouté, vient quant à elle d’envoyer 33 tonnes d’aide en Pologne pour les Ukrainiens qui y sont et elle s’apprête à acheminer plus de 30 tonnes d’aide en République de Moldova.  

Le représentant a salué le lancement prévu demain du Plan de réponse humanitaire pour l’Ukraine et du Plan pour l’aide aux réfugiés ukrainiens dans la région.  Il a appelé l’ensemble des États Membres à se montrer généreux.  Quant aux sanctions que l’Union européenne a imposées à la Fédération de Russie et au Bélarus, le représentant a précisé qu’elles seront mises en œuvre dans le plein respect du droit international humanitaire.  La France, a-t-il conclu, présentera avec le Mexique, un projet de résolution sur le respect de ce droit, la protection des civils et l’accès humanitaire pour faciliter la réponse aux besoins urgents de la population ukrainienne. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a confirmé que son pays prépare un projet de résolution sur l’accès humanitaire en Ukraine.  Il a évoqué les centaines de milliers de déplacés, ajoutant que ces chiffres déjà alarmants ne cessent d’augmenter.  Il a plaidé pour que les frontières restent ouvertes et que le principe de non-refoulement soit respecté.  Reconnaissant le droit de chaque État à la légitime défense, il s’est tout de même inquiété de l’afflux d’armes en Ukraine, avant d’appeler les parties à respecter le droit international humanitaire et les droits de l’homme. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a estimé que les souffrances humaines en Ukraine sont tout simplement inutiles et injustifiées.  Il a félicité l’ONU pour être intervenue rapidement et les voisins de l’Ukraine pour avoir ouvert leurs frontières aux réfugiés, notamment la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie, qui ont collaboré avec le Ministère kenyan des affaires étrangères pour autoriser les citoyens kenyans, qui résidaient en Ukraine, d’entrer sur leur territoire sans visa.  Le représentant s’est d’ailleurs déclaré inquiet du traitement raciste réservé aux Africains et aux personnes d’ascendance africaine qui cherchent à fuir l’Ukraine.  Nous condamnons fermement ce racisme contraire à la solidarité dont nous avons tant besoin aujourd’hui.  La maltraitance des personnes africaines aux frontières de l’Europe doit cesser immédiatement, qu’il s’agisse d’Africains fuyant l’Ukraine ou traversant la Méditerranée. 

Le représentant a aussi prévenu que les vastes sanctions économiques unilatérales qui ont été annoncées contre la Fédération de Russie auront presque certainement de graves conséquences humanitaires.  Comparant leur effet à une forme de blocus, il a argué que les moyens pacifiques de règlement des conflits, prônés par la Charte des Nations Unies, ne prévoient pas d’actes assimilables à une punition collective.  Plutôt que d’ouvrir la voie à la paix, des sanctions aussi considérables pourraient conduire à une escalade et à une propagation du conflit, a-t-il mis en garde, réaffirmant que la seule issue à cette crise « de plus en plus dangereuse » est de donner la priorité à une diplomatie menant à des négociations de paix. 

En quelques jours, en envahissant un pays souverain qui ne l’a pas agressé, la Fédération de Russie a provoqué une crise humanitaire de grande ampleur, a constaté M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis).  À ce jour, 500 000 personnes ont quitté l’Ukraine, sans compter les déplacés.  La vérité, a-t-il dit, c’est que personne ne sait combien elles seront dans les jours à venir.  Il a salué les pays qui ont accueilli les personnes qui fuient l’Ukraine, soulignant qu’« un réfugié est un réfugié » quelle que soit la couleur de sa peau ou son ethnicité.  Le Programme alimentaire mondial (PAM) nous a d’ores et déjà mis en garde: le bassin de la mer Noire est l’un des greniers à blé de l’Europe et c’est l’Afrique et l’Asie qui souffriront le plus des pénuries entraînées par le conflit, a aussi prévenu le représentant.  Inquiet par ailleurs des dégâts infligés aux infrastructures civiles par les attaques et les bombardements, il a plaidé pour que les agences humanitaires puissent accéder sans entraves aux personnes dans le besoin.  Nous devons faire tout notre possible pour aider les populations en Ukraine, a-t-il exhorté en conclusion. 

M. JIM KELLY (Irlande) a exprimé la solidarité « inébranlable » de son pays avec le Gouvernement et le peuple ukrainiens qui ont montré un courage et une résilience « extraordinaires ».  La dernière attaque russe vient après huit ans d’un conflit qui avait déjà fait plus d’1,4 million de déplacés dépendants de l’assistance humanitaire.  Aujourd’hui, des millions de gens en Ukraine vivent les conséquences humanitaires d’une guerre qu’ils n’ont pas provoquée.  À Kharkiv, Kherson et ailleurs, des centaines de milliers de personnes sont désormais privées d’électricité, d’eau, de soins de santé, de transport et de moyens de communication.  Les parties au conflit, a plaidé le représentant, doivent respecter le droit international humanitaire, y compris l’obligation de ne s’attaquer qu’aux cibles militaires. 

Il s’est dit gravement préoccupé par l’utilisation d’armes explosives dans des zones urbaines et par les informations sur les attaques aveugles, les bombardements à Kharkiv et sur les armes à sous-munitions.  Si cela se confirme, il s’agirait d’un autre acte d’accusation accablant contre les soldats russes, a-t-il prévenu.  Toute attaque armée et menace contre des installations nucléaires consacrées à des fins pacifiques constitue une violation du droit international, y compris des principes de la Charte des Nations Unies, du Protocole additionnel I aux Conventions de Genève et du Statut de l’AIEA, a martelé le représentant.  Le représentant a appelé la Fédération de Russie à protéger tous les civils en Ukraine, dont le personnel humanitaire et médical.  En matière d’aide humanitaire, a dit le représentant, l’Irlande est prête à faire plus.  Elle a déjà fourni, entre autres, un financement au HCR et a annoncé une enveloppe humanitaire de 10 millions d’euros.  Réitérant la position de son pays contre les armes nucléaires qui n’offrent aucune sécurité, il a conclu en appelant la Fédération de Russie à se détourner de la guerre et à choisir la voie du dialogue et de la diplomatie. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a indiqué que son pays a accru son soutien à la population civile ukrainienne, en mettant à disposition une enveloppe de 226 millions de dollars pour financer le Plan de réponse humanitaire de l’ONU.  Après avoir souligné que la Fédération de Russie est la seule responsable de cette crise, du fait de son agression « irresponsable et non provoquée », la représentant a appelé les parties au plein respect du droit international humanitaire.  Les parties, a-t-elle insisté, doivent garantir la sécurité des civils sur tout le territoire ukrainien et protéger les personnels médical et humanitaire qui y travaillent. Elle a dénoncé une situation où les zones urbaines sont le théâtre d’affrontements et où des armes à sous-munitions sont utilisées, avec un impact spectaculaire sur les personnes et les infrastructures civiles.  Les engins non explosés continueront à faire des victimes après le conflit, a-t-elle prévenu.  La représentante n’a pas manqué de saluer, à son tour, les pays de la région qui ont choisi de ne pas fermer leurs frontières.  Elle a par ailleurs déploré la mort, le week-end dernier en Ukraine, de deux journalistes rappelant que le caractère « indispensable » de cette profession.  Elle a conclu, en demandant, une nouvelle fois à la Fédération de Russie de retirer sans conditions ses troupes d’Ukraine et de revenir au respect des principes de la Charte.  

M. FERIT HOXHA (Albanie) a accusé la Fédération de Russie d’avoir provoqué la crise humanitaire la plus grave que l’Europe ait connue depuis des décennies.  Le droit international est clair: viser des personnes et des infrastructures civiles est « illégal et criminel ».  Le représentant s’est dit en faveur d’une présence humanitaire renforcée de l’ONU sur place.  Outre le droit international humanitaire, qui doit être respecté, les violations des droits de l’homme doivent être recensées pour établir les responsabilités.   Nous voulons la paix et pas la guerre, et sommes solidaires de l’Ukraine, a conclu le représentant.

M. T.S. TIRUMURTI (Inde) s’est dit convaincu que les différends ne peuvent être réglés que par le dialogue et une diplomatie soutenue.  Il a dit accorder la plus haute priorité à la sécurité et au bien-être des civils et a appelé au respect des principes fondamentaux de l’aide humanitaire.  Nous avons, a-t-il annoncé, décidé d’envoyer dès demain en Ukraine, une aide humanitaire, dont des médicaments.  Le représentant s’est dit profondément préoccupé par la sûreté et la sécurité de milliers de citoyens indiens, dont des étudiants, en Ukraine.  Nos efforts d’évacuation ont été compromis par l’évaluation de la situation aux frontières et comme la sécurité de nos ressortissants est d’une importance capitale, le Gouvernement a dépêché des hauts responsables indiens dans les pays voisins de l’Ukraine.  Le représentant a remercié ces pays pour leur coopération, en cette période difficile, avant d’ajouter que l’Inde est également prête à aider les pays voisins et les pays en développement à rapatrier leurs ressortissants bloqués en Ukraine. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a constaté qu’à la suite de la décision du Président Putin de lancer l’invasion de l’Ukraine, un pays de 44 millions d’habitants est maintenant au bord de la catastrophe humanitaire.  Quoi que mon collègue russe prétende, le monde peut voir les attaques aveugles contre des hommes, des femmes et des enfants dans toute l’Ukraine et le mépris pour la communauté internationale humanitaire.  Les missiles ont plu sur Kharkiv et les armes à sous-munitions frappent des zones résidentielles.  La perturbation des chaînes d’approvisionnement a provoqué des pénuries alimentaires dans Kramatorsk, le bombardement d’un dépôt pétrolier à Vasylkiv a libéré des fumées toxiques et la violence à Kiev a forcé la population à se réfugier sous terre.  Dans ce contexte, a ajouté la représentante, 500 000 personnes ont déjà fui vers la Pologne, la Hongrie, la Roumanie, la République de Moldova et d’autres pays, d’autres ont fui ailleurs en Ukraine. 

Alors que les agences des Nations Unies et leurs partenaires humanitaires ont été contraints de suspendre leurs opérations, le Royaume-Uni est aux côtés du peuple ukrainien, a assuré la déléguée, avant de rappeler que le Premier Ministre britannique, M. Boris Johnson, a annoncé hier 54 dollars millions d’euros d’aide aux Ukrainiens, ce qui porte à 190 millions de dollars le montant total de l’aide promise par le Royaume-Uni à l’Ukraine cette année.  La semaine dernière, a-t-elle également relevé, M. Johnson a annoncé 500 millions de dollars de prêts à l’Ukraine par le biais des banques multilatérales de développement.  Des experts humanitaires du Gouvernement britannique ont d’autre part été déployés dans la région pour soutenir ceux qui fuient la violence.  Se disant consciente que la réponse humanitaire ne suffira pas à sauver le peuple ukrainien de la catastrophe que la Russie lui inflige, elle a appelé à nouveau le Président Putin à arrêter cette guerre « pour le bien de l’humanité ». 

M. CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) s’est déclaré vivement préoccupé par la situation humanitaire en Ukraine, qu’il a jugée « déplorable », et qui n’a épargné ni les enfants ni les « nouveau-nés », sans compter des centaines de ressortissants ghanéens qui ont dû fuir dans les pays voisins.  Il a appelé à la cessation immédiate et sans condition des hostilités, exhortant les parties à faire montre de retenue et à respecter le droit international humanitaire, mais aussi à garantir un accès humanitaire sans entrave. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) s’est dit solidaire des populations victimes d’une guerre qu’elles n’ont ni voulue ni provoquée.  Il s’est fait écho « des cris d’alarme » des étudiants et ressortissants africains, y compris gabonais, qui, fuyant la guerre, sont victimes de discrimination.  Dénonçant les actes de racisme, il a réclamé une aide pour tous ceux qui sont dans le besoin, sans discrimination de nationalité ou de race.  La détresse des populations ne peut cesser qu’avec la fin de la guerre et en attendant, il faut une réponse humanitaire à la mesure des besoins en Ukraine et dans les pays voisins.  Il a, à cet égard, salué l’appel humanitaire que le Secrétaire général de l’ONU lancera demain. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) s’est alarmé de la détérioration de la situation humanitaire en Ukraine, où des centaines de milliers de personnes souffrent du manque de services essentiels et de la destruction des infrastructures.  Il a indiqué que le Gouvernement émirati envisage de fournir une assistance à ce pays, notamment du matériel médical.  Il a d’autre part réitéré la nécessité d’un cessez-le-feu et d’une résolution pacifique du conflit car, a-t-il dit, la poursuite des combats entraînera une nouvelle aggravation de la situation humanitaire, exacerbée par les températures extrêmes de l’hiver.  Exhortant toutes les parties à s’acquitter de leurs obligations au titre du droit international, notamment en permettant à l’aide humanitaire d’atteindre ceux qui en ont besoin, et à s’abstenir de cibler des civils, il a réaffirmé le besoin impératif de respecter les principes de la Charte des Nations Unies, en particulier la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale des États.  Ces principes, a conclu le délégué, s’appliquent à tous les États Membres, quelles que soient leurs ressources, leurs capacités ou leur taille géographique. 

« À l’heure où nous parlons, des centaines de milliers de civils ont déjà fui l’Ukraine », a constaté M. JOÃO GENESIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil), en soulignant que beaucoup d’autres suivront – « des millions peut-être ».  Dans ce contexte, le représentant a appelé toutes les parties à respecter pleinement le droit humanitaire international et à faire respecter « à tout moment » les principes de distinction, de proportionnalité, de précaution, de nécessité et d’humanité.  « Nous réitérons également notre appel à l’Ukraine et à la Russie pour qu’elles facilitent le départ de toutes les personnes qui souhaitent quitter le territoire ukrainien ». Plus l’escalade est grande, plus les risques de souffrances humaines sont élevés, a-t-il ajouté. 

Le délégué a ensuite relevé que ces derniers jours, les membres permanents du Conseil de sécurité –ceux qui portent la plus grande responsabilité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales– ont ouvertement brandi des sanctions unilatérales sévères, des actions militaires et la menace de la force nucléaire.  « Cela doit cesser », a tranché le représentant en appelant au dialogue.  Les sanctions économiques imposées pourraient avoir des répercussions sur l’économie mondiale, « dont les conséquences se feront sentir bien au-delà de la Russie », a-t-il mis en garde, en prévenant que les populations des pays en développement seront probablement celles qui en souffriront le plus.  Et la fourniture d’armes et la militarisation croissante de la région ne favoriseront guère le dialogue; elles provoqueront probablement davantage de tensions, a ajouté le Brésil qui a prévenu que toute utilisation d’armes nucléaires entraînerait des conséquences humanitaires inacceptables pour les générations actuelles et futures sur le territoire de l’Ukraine et au-delà.  Il a pris note des informations faisant état d’environ deux ou trois cents victimes civiles en Ukraine, « ce qui est déjà dévastateur ».  « Si une partie a recours à une arme de destruction massive, quel sera le nombre de morts?  Quelle sera l’ampleur de la destruction? Nous avons déjà vu cela auparavant et nous espérons que nous ne verrons pas cela à nouveau. » 

M. JUN ZHANG (Chine) a jugé vital de prévenir une crise humanitaire de grande ampleur en Ukraine.  Il a appelé l’ONU et la communauté internationale à fournir l’assistance humanitaire dans le respect du principe d’impartialité du droit international humanitaire.  La Chine appuie un dialogue direct entre la Fédération de Russie et l’Ukraine, et la communauté internationale doit éviter d’attiser les tensions, a-t-il ajouté. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a reconnu la gravité de la situation en Ukraine.  Nous voyons que des gens ordinaires souffrent, a-t-il déclaré, affirmant que ces populations sont devenues les otages des « radicaux » et des « nationalistes » ukrainiens qui s’accrochent au pouvoir.  Selon le délégué, le fait est que, dans les territoires passés sous le contrôle des forces armées russes, la population n'est pas confrontée à des problèmes humanitaires aigus.  Après le départ des « radicaux », les autorités locales fonctionnent normalement et fournissent à la population tous les services nécessaires, a-t-il assuré, avant d’observer que les problèmes ne persistent que dans les villes où les autorités ukrainiennes ont lancé l’ordre « criminel et irresponsable » de distribuer des armes à quiconque, y compris aux criminels qui ont été libérés de prison à cette fin. Faisant état de nombreux cas de vols, de meurtres et de pillages, relayés par les réseaux sociaux, il a salué les appels de responsables d’administrations demandant aux autorités ukrainiennes d’ « arrêter cette folie ».  Il a également dénoncé le fait que des victimes de maraudeurs et de bandits armés soient présentées comme de prétendues victimes de groupes de saboteurs russes.  Citant d’autre part le Ministère russe de la défense, il a assuré que les habitants de Kiev, actuellement utilisés comme « boucliers humains » par les « radicaux », peuvent quitter librement la capitale par l’autoroute Kiev-Vasilkov.  « Cet itinéraire est ouvert et sécurisé ». 

Le délégué a ensuite répété que l’opération spéciale des forces armées russes ne vise pas à occuper l’Ukraine ni à nuire à la population locale.  La démilitarisation de ce pays armé par l’OTAN vise à protéger les habitants du Donbass et les Ukrainiens ordinaires des « voyous néo-nazis », a-t-il maintenu, jurant que l’offensive russe n’affecte pas les infrastructures civiles critiques. À cet égard, il a noté qu’en cinq jours d’opération, il n'y a pas eu un seul cas documenté de destruction ciblée, tout comme il n’y a aucune preuve de la mort de civils par la faute des militaires russes.  Affirmant se référer à des sources « fiables », il a déploré que des fausses informations visent à rendre la Russie responsable de ce que fait l’Ukraine.  « Ce flot de mensonges sales, reproduit dans les médias occidentaux, est malheureusement devenu un signe dangereux de notre époque », a constaté M. Nebenzia.  Chacun sait, d’après lui, que, depuis 2014, la Russie a apporté un soutien à la population civile du Donbass, qui faisait face à des bombardements incessants de l’armée ukrainienne et à un blocus de Kiev.  Il a donc regretté, au moment où est abordée au Conseil la situation humanitaire en Ukraine, qu’aucun de ses homologues occidentaux n’ait évoqué le sort des habitants du Donbass ces huit dernières années. 

Selon le représentant, une mesure extrêmement importante de soutien à la population du Donbass a été le décret du Président Putin de 2019 sur la définition à des fins humanitaires des catégories de personnes habilitées à demander l’admission à la citoyenneté russe de manière simplifiée.  Cet octroi de la citoyenneté russe a permis aux populations du sud-est de l’Ukraine, « dont la survie était menacée par les autorités criminelles de Kiev », de percevoir des prestations sociales, des pensions, des salaires, ainsi que des services d’éducation et de santé.  Grâce au travail effectué, le nombre total de citoyens russes vivant dans ces « républiques » dépasse les 750 000 et 170 000 autres personnes sont au stade de l’obtention de la citoyenneté, a-t-il précisé.  Dans le même temps, plus de 110 000 réfugiés des deux « républiques » ont été forcés de quitter leur lieu de résidence après la nouvelle tentative ukrainienne de trouver une solution militaire au problème du Donbass, en violation des accords de Minsk, a dénoncé le délégué.  Enfin, s’agissant du projet de résolution humanitaire proposé par la France, il a dit vouloir la lire attentivement avant d’en faire une appréciation.  Mais, dans tous les cas, l’armée russe fournira toute l’aide humanitaire nécessaire aux résidents de l’Ukraine dans les territoires libérés des « radicaux », a ajouté M. Nebenzia. 

« Soyons clairs: il ne s’agit plus simplement d’une crise sécuritaire, mais d’une crise humanitaire », a déclaré M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine), qui a appelé les organisations concernées à fournir une assistance et recenser tous les cas de violations des droits de la personne perpétrés dans son pays.  « Nous en sommes à la cinquième journée d’une guerre injustifiée lancée par la Russie en plein cœur de l’Europe », a tonné le représentant, en déplorant notamment un bombardement meurtrier à Kharkiv.  La Russie s’en prend à des hôpitaux et à des ambulances, a-t-il soutenu, en rappelant qu’il s’agit de crimes contre l’humanité.  « Des missiles russes s’abattent sur des infrastructures civiles qui pourraient déclencher une contamination radioactive », a-t-il encore mis en garde, en se félicitant d’apprendre l’ouverture prochaine d’une enquête sur la situation en Ukraine par le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), lequel a évoqué de possibles « crimes de guerre » et de « crimes contre l’humanité ». 

« Ne vous laissez pas désinformer par les désinformateurs russes », a ensuite exhorté le délégué ukrainien.  Il a expliqué que, depuis le début des hostilités, des enfants traversent les frontières seuls.  En tout, ce sont plusieurs centaines de milliers de personnes qui ont été contraints de quitter l’Ukraine, principalement pour la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie.  À cet égard, le représentant a salué l’ouverture de deux postes-frontières par la Pologne pour permettre à ceux qui le souhaitent de s’y rendre.  Il a enjoint de se méfier des assurances données par la Fédération de Russie au sujet des corridors humanitaires, « car elle ne tient pas toujours parole » .  « Souvenez-vous qu’il ne devait pas y avoir d’attaque ni d’invasion.  Ces couloirs pourraient donc s’avérer être un moyen de cibler les populations tentées de les emprunter », a mis en garde le délégué.  Plutôt que les « mensonges de la partie russe » au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale, « écoutez les sanglots des femmes, des enfants et des hommes ukrainiens ».  Le délégué a assuré que son pays continuerait de se défendre « jusqu’à la mort ».  Il a ensuite ironisé sur le fait qu’une douzaine d’« espions russes » ne seraient plus en mesure de profiter des avantages procurés par la vie aux États-Unis.  « Bien que ce soit l’heure où les attaques contre mon pays se multiplient, j’attends avec impatience qu’arrive minuit, lorsque cette abomination qu’est l’occupation de la présidence du Conseil de sécurité par la Fédération de Russie parviendra à sa fin », a ajouté en conclusion le représentant. 

Interpellé par la délégation russe sur le fait que des armes lourdes seraient entreposées dans des zones civiles par l’armée ukrainienne, le Coordonnateur des secours d’urgence a dit n’avoir pas de confirmation d’une telle information, soulignant qu’il est très difficile d’établir les responsabilités pour des violations du droit international face à un tel niveau de conflit, de violence et d’incertitude.  Nous sommes dans le brouillard de la guerre, a-t-il avoué, et ce brouillard obscurcit d’ailleurs l’avenir de nombreuses personnes en Ukraine.  Il a insisté sur l’impératif de ne pas utiliser des explosifs dans le contexte d’une guerre urbaine à grande échelle se disant préoccupé par ce qui se déroule dans les rues de certaines des grandes villes ukrainiennes où les infrastructures civiles sont endommagées.  Le moment venu, l’ONU pourra déterminer qui a fait quoi et qui a violé les principes du droit international humanitaire en Ukraine, a-t-il ajouté. 

Le représentant de la Fédération de Russie a repris la parole pour faire part de son étonnement devant les commentaires de certaines délégations.  Au sujet des informations relatives au conflit qui circulent sur les réseaux sociaux, il a constaté que si certaines sont considérées comme factuelles d’autres qui sont « incontestablement fiables » sont considérés comme inexactes et ne méritent pas d’être vérifiées.  Il a appelé à en tirer des leçons, demandant ensuite à l’ONU de préciser comment les « activités ukrainiennes » seront examinées.

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