8958e séance – après-midi
CS/14780

Conseil de sécurité: suite à l’attaque de la prison de Hassaké, le Chef du BLT appelle à résoudre d’urgence le problème des prisons et des camps dans le nord-est de la Syrie

Cet après-midi, à la demande de la Fédération de Russie, le Conseil de sécurité a tenu sa troisième séance en deux jours sur la Syrie, avec pour axe cette fois-ci le terrorisme, à la suite de l’attaque menée le 20 janvier par Daech contre le centre de détention de Hassaké, dans le nord-est syrien.  Comme l’a expliqué le Secrétaire général adjoint et Chef du Bureau de lutte contre le terrorisme (BLT), cette attaque a entraîné l’évasion d’un nombre indéterminé de prisonniers de Daech d’un établissement qui abriterait environ 3 000 combattants de ce groupe mais aussi 700  enfants, selon les informations de l’UNICEF. 

Cet incident était pourtant prévisible, a affirmé M.  Vladimir Voronkov, Daech ayant appelé à des évasions de prison et l’équipe de surveillance des sanctions de l’EIIL (Daech) et d’Al-Qaida ayant régulièrement mis en garde contre la précarité des dispositifs de détention dans le nord-est de la Syrie.  Selon le Chef du BLT, ce dernier incident illustre la nécessité urgente de déployer des efforts internationaux concertés pour résoudre de manière efficace et durable le problème des prisons et des camps dans le nord-est de la Syrie où sont détenus des combattants présumés de Daech et des individus ayant des liens présumés avec le groupe, y compris des enfants. 

La plupart de ces personnes n’ont jamais été inculpées d’un crime, mais restent en détention prolongée, incertaines de leur sort.  Et les tentatives de Daech de libérer ses combattants de prison ne font que souligner la nécessité de les traduire en justice dès que possible et d’assurer la reddition de comptes pour briser le cycle de la violence, a souligné M.  Voronkov qui a notamment appelé le Conseil à prêter attention à la situation dans les camps et centres de détention de Hol et de Roj. 

Rappelant qu’en représailles à l’attaque du 20 janvier, des groupes armés locaux, appuyés par les forces des États-Unis, ont mené d’importantes frappes aériennes qui ont endommagé des infrastructures civiles et tués un nombre encore inconnu de Syriens, la Fédération de Russie a appelé l’ONU et ses partenaires humanitaires à maintenir la situation à Hassaké sous contrôle afin d’éviter une tragédie humanitaire.  « Une fois de plus, la rhétorique des États-Unis diffère on ne peut plus de leurs actions sur le terrain », a constaté la délégation russe, accusant les forces américaines d’ignorer les mesures de protection des civils.  

Déplorant l’« exercice de désinformation perpétuel » de la Russie, les États-Unis ont rétorqué que les forces armées américaines sont présentes en Syrie dans le cadre de l’action collective dirigée contre l’État islamique, ce qui n’a pas empêché la République arabe syrienne d’accuser Washington d’avoir formé une « coalition illégitime » sans l’accord préalable des autorités syriennes et de dénoncer le soutien de « certains membres » de cette coalition à des organisations terroristes.  C’est cela qui empêche le Conseil de sécurité d’assurer la mise en œuvre pleine et entière de ses résolutions pertinentes qui auraient pu prévenir l’expansion du terrorisme en Syrie, a argué la délégation syrienne. 

L’Iran a vu dans l’attaque de la prison de Hassaké la conséquence de l’occupation illégale de certaines parties de la Syrie par des forces étrangères, alertant en outre que la présence de combattants terroristes étrangers et de leurs familles dans les zones de conflit demeure une source croissante d’insécurité et d’instabilité pour l’ensemble de région. 

« Il faut empêcher que les prisons et les camps ne deviennent des incubateurs d’une nouvelle génération de terroristes », a insisté à son tour l’Iraq qui a dit craindre une augmentation des risques d’évasion des centres de détention en Syrie et dans d’autres pays de la région, appelant par ailleurs à intensifier le processus de rapatriement des combattants étrangers et des membres de leur famille. 

À cet appel, qui a également été relayé par les États-Unis, la France a toutefois répondu que la question que pose l’attaque de Hassaké est celle de la protection des lieux de détention de manière générale et non celle du rapatriement de quelques occidentaux « qui ne représentent qu’une petite minorité des personnes concernées sur place ».  

Rappelant la position de la France, la délégation a déclaré que tous les djihadistes, qui ont fait le choix délibéré de rejoindre Daech, doivent, indépendamment de leur nationalité, rendre des comptes devant la justice, au plus près du lieu de leurs crimes, « là où se trouvent les victimes, là où se trouvent les preuves ».  C’est la raison de notre position vis-à-vis des quelques Français détenus dans les lieux de détention du nord-est syrien, a expliqué la France qui a appelé à ne pas perdre de vue que la très large majorité des personnes qui y sont détenues sont de nationalité iraquienne et syrienne, puis dans une moindre mesure centre-asiatique.  

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (SYRIE)

Déclarations

M. VLADIMIR VORONKOV, Secrétaire général adjoint et Chef du Bureau de lutte contre le terrorisme (BLT), a dit être profondément préoccupé par l’attaque que Daech a lancée la semaine dernière contre la prison de Sinaa dans la ville de Hassaké, dans le nord-est de la Syrie, et par les combats en cours qui ont également touché la population civile.  L’attaque a entraîné l’évasion d’un nombre indéterminé de prisonniers de Daech d’un établissement qui abriterait environ 3 000 combattants de groupe, a-t-il précisé ajoutant que selon l’UNICEF, près de 700 enfants étaient également détenus dans cette prison.  Consterné par les informations selon lesquelles Daech aurait utilisé ces enfants comme boucliers humains, M.  Voronkov a exhorté les membres du Conseil à soutenir l’appel de la Directrice générale de l’UNICEF, Mme  Henrietta Fore, selon laquelle ces enfants n’auraient jamais dû être placés en détention militaire. 

Selon lui, cet incident était pourtant prévisible, Daech ayant appelé à des évasions de prison et l’équipe de surveillance des sanctions de l’EIIL (Daech) et d’Al-Qaida ayant régulièrement mis en garde contre la précarité des dispositifs de détention dans le nord-est de la Syrie.  Pour l’instant, la capacité de Daech à exploiter stratégiquement les évasions de prison est limitée, a cependant estimé M.  Voronkov expliquant que le groupe ne peut pas facilement absorber ou exfiltrer des fugitifs en grand nombre.  Il n’est donc pas surprenant que de nombreux évadés de prison aient été tués ou repris, mais cela ne signifie pas que la menace puisse être négligée.  Ce dernier incident témoigne selon lui de la nécessité urgente de déployer des efforts internationaux concertés pour résoudre de manière efficace et durable le problème des prisons et des camps dans le nord-est de la Syrie où sont détenus des combattants présumés de Daech et des individus ayant des liens présumés avec le groupe, y compris des enfants.  La plupart de ces personnes n’ont jamais été inculpées d’un crime, mais restent en détention prolongée, incertaines de leur sort, a souligné M. Voronkov. 

Les défis à la stabilisation en Iraq et la lenteur des progrès sur la voie politique en Syrie font de cette région une arène privilégiée pour Daech et d’autres groupes terroristes.  C’est une tragédie non seulement pour le peuple syrien, mais aussi pour les pays voisins, a fait valoir le Secrétaire général adjoint, faisant état d’une autre attaque, quelques heures à peine après celle de Hassaké, contre une caserne de l’armée iraquienne située au nord de Bagdad, tuant au moins 11 soldats.  Il ne s’agit pas d’incidents isolés, a-t-il martelé.  Depuis l’effondrement territorial de Daech, le groupe s’est concentré sur la reconstitution de ses capacités, a maintenu des cellules clandestines et poursuivi une insurrection terroriste.  Le groupe est organisé en petites cellules cachées dans des zones désertiques et rurales, alors que les terroristes traversent la frontière entre l’Iraq et la Syrie pour éviter d’être capturés.  Cela met également en évidence la nature transfrontalière du noyau de Daech dans cette région, a poursuivi le Chef du BLT qui a dit craindre que ces attaques n’encouragent les affiliés de Daech au Sahel et en Afrique centrale et orientale à monter des attaques violentes. 

Soulignant que les civils, en particulier les femmes et les enfants, paient le prix fort de cette détérioration de la situation sécuritaire, il a appelé le Conseil à prêter attention à la situation dans les camps et centres de détention de Hol et de Roj dans le nord-est de la Syrie.  Dans le seul camp de Hol, plus de 56 000 personnes sont détenues, pour la plupart des femmes et des enfants, dans des conditions humanitaires désastreuses.  Le Secrétaire général n’a cessé de souligner l’urgence d’une réponse internationale adéquate à la situation humanitaire, des droits de l’homme et de la sécurité désastreuse, en particulier pour les enfants dans ces camps, a-t-il fait valoir.  Lui-même a mis en garde le Conseil en 2020 contre la menace posée par Daech et noté l’urgence de mettre les enfants de ces camps hors de danger.  Certains de ces enfants pourraient faire partie de ceux que Daech utilise désormais comme boucliers humains, a regretté M.  Voronkov estimant que ce ne serait pas arrivé s’ils avaient été rapatriés en 2019, 2020 ou 2021.  Les tentatives de Daech de libérer ses combattants de prison ne font que souligner la nécessité de les traduire en justice dès que possible et d’assurer la reddition de comptes pour briser le cycle de la violence, a tranché le Chef du BLT. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a déclaré que le 20 janvier, des combattants de Daech ont lancé une attaque bien planifiée contre une prison de Hassaké où se trouvaient environ 500  détenus affiliés au groupe.  Avec l’aide d’explosifs, environ 100  membres de Daech ont réussi à pénétrer dans son enceinte et ont commencé à se rendre dans les dortoirs.  Des groupes armés locaux, appuyés par les forces des États-Unis ont alors mené d’importantes frappes aériennes qui ont endommagé les infrastructures civiles et tué un nombre encore inconnu de Syriens.  On ne peut que constater, une fois de plus, que la rhétorique des États-Unis diffère on ne peut plus de leurs actions sur le terrain, a lancé le représentant qui a accusé les forces américaines d’ignorer les mesures de protection des civils.  Selon les informations, a-t-il ajouté, près de 850  enfants demeurent pris au piège dans la zone et 45 000 personnes ont été déplacées, certaines ayant cherché refuge dans le territoire contrôlé par le Gouvernement. 

Le représentant russe a appelé l’ONU et ses partenaires humanitaires à maintenir la situation à Hassaké sous contrôle afin d’éviter une tragédie humanitaire.  Il convient aussi d’exiger un rapport complet des États-Unis sur le nombre de victimes civiles provoqué par l’incident, a-t-il ajouté, soulignant que les responsables de crimes à l’encontre de Syriens innocents doivent être traduits en justice.  Il a fait part de sa gratitude envers Damas pour avoir ouvert ses postes de contrôle aux civils en fuite, ainsi qu’au Croissant-Rouge arabe syrien et à tous les groupes humanitaires qui soutiennent les civils sur le terrain.  Dans le contexte de ces événements, les forces syriennes, avec l’appui de la Fédération de Russie, continueront de rechercher et de cibler les groupes terroristes en Syrie, a fait savoir M. Polyanskiy qui a déploré que les États occidentaux continuent de privilégier le deux poids, deux mesures.  Ces états accordent plus d’importance aux objectifs politiques qu’à l’objectif de mettre fin au terrorisme en Syrie, s’est-il indigné, notant que des individus associés aux groupes terroristes sont autorisés à vivre librement dans les zones de la Syrie qui ne sont pas contrôlées par le Gouvernement. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde)a dit que l’attaque de Daech la semaine dernière à Hassaké illustre les dangers que représentent les groupes terroristes qui reprennent des forces en Syrie.  Notant que l’Iraq a été victime d’attaques similaires ces derniers mois, le représentant a insisté sur l’impératif d’une lutte mondiale contre le terrorisme.  « La réapparition de l’EIIL/Daech en Syrie et en Iraq appelle à une action urgente de la part de la communauté internationale », a insisté le délégué avant de prévenir que les approches biaisées représentent une menace pour les efforts collectifs.  À cet égard, il a appelé à soutenir les efforts des États de la région pour lutter contre des groupes terroristes identifiés comme tels par l’ONU, notant que l’expansion des activités terroristes en Syrie et dans la région est un sujet de préoccupation qui mérite une introspection sérieuse et une action concertée de la part de la communauté internationale.  En tant que président du Comité contre le terrorisme (CCT), l’Inde continuera d’aborder cette question avec toutes les parties prenantes afin de promouvoir une approche de tolérance zéro à l’égard du terrorisme et de ses auteurs », a promis le représentant. 

M. JUAN GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) a tout d’abord noté que l’attaque perpétrée par Daech contre la prison d’Hassaké, en Syrie, est la plus grande opération de ce groupe terroriste depuis qu’il a été déclaré vaincu en 2019.  Cela montre, selon lui, que Daech est en train de reprendre des forces dans cette région et au Sahel.  Le représentant a ensuite dit partager les préoccupations de Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme face aux conditions scandaleuses qui règnent dans les prisons syriennes.  Il s’est notamment élevé contre la présence de quelque 700  mineurs dans la prison de Sinaa d’Hassaké, qui y sont confrontés à des conditions d’insécurité extrême.  « C’est de la barbarie », a-t-il dénoncé, avant de se faire l’écho de l’appel lancé par le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste en faveur du rapatriement des enfants de combattants étrangers en Syrie.  Ces enfants sont victimes du terrorisme et doivent pouvoir rentrer dans leur pays d’origine, « faute de quoi, en plus de leur causer des traumatismes physiques et émotionnels, nous allons semer chez eux la haine et alimenter la spirale de la violence », a averti M. Gómez-Robledo.  À ses yeux, tout acte terroriste doit être condamné, mais agir contre ce fléau ne doit pas faire oublier le respect des droits humains.  « Sinon nous couperons les têtes de l’hydre sans effet et nous continuerons de nous accuser les uns les autres. » 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a condamné avec la plus grande fermeté l’attaque menée le 20 janvier par Daech contre un centre de détention de Hassaké. Cette attaque caractérise la résurgence de Daech sur l’ensemble du territoire syrien, ce qui n’est malheureusement pas une surprise, cette menace n’ayant en réalité jamais disparu, a constaté la représentante. 

Rappelant la position de la France, elle a déclaré que tous les djihadistes, qui ont fait le choix délibéré de rejoindre Daech, doivent, indépendamment de leur nationalité, rendre des comptes devant la justice, au plus près du lieu de leurs crimes, là où se trouvent les victimes, là où se trouvent les preuves.  C’est la raison de notre position vis-à-vis des quelques Français détenus dans les lieux de détention du nord-est syrien, a expliqué la représentante.  Elle a appelé à ne pas perdre de vue une évidence, à savoir que la très large majorité des personnes qui y sont détenues sont de nationalités iraquienne et syrienne puis dans une moindre mesure centre-asiatique.  La question que pose l’attaque de Hassaké, selon Mme Boradhurst Estival, est donc celle de la protection des lieux de détention de manière générale et non celle du rapatriement de quelques occidentaux « qui ne représentent qu’une petite minorité des personnes concernées sur place ».  Pour éradiquer le terrorisme dans la région, une solution à la crise syrienne est indispensable, a-t-elle martelé, ajoutant que cette solution ne peut être que politique. 

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a déclaré que la coalition n’était pas encore venue à bout de l’EIIL, comme en témoignent ses attaques récentes dans le nord de la Syrie, et qu’elle œuvre aussi à garantir que les prisonniers faits au sein de cette organisation terroriste soient détenus dans des conditions de sûreté et de dignité acceptables.  Les forces armées américaines sont présentes dans le cadre de l’action collective dirigée contre l’État islamique, a rappelé le représentant, en encourageant tous les États Membres à envisager le rapatriement de leurs ressortissants qui se trouvent détenus dans le nord du pays.  Répondant à la Fédération de Russie, qui a fait de cette « plateforme » un « exercice de désinformation » perpétuel, il a souligné que les États-Unis sont engagés à respecter les principes qui gouvernent l’action militaire de son pays, à la suite des enquêtes menées par certains médias indépendants américains.  Ce type de situation ne pourrait jamais exister en Russie, où les médias ne sont pas libres, a accusé le représentant américain qui a regretté que l’examen de la situation dans le nord de la Syrie n’ait pu être mené dans le cadre des volets politique ou humanitaire du dossier syrien. 

M. BING DAI (Chine) a prédit que l’attaque de la prison d’Hassaké par les terroristes aura des conséquences encore plus graves que les échanges de tirs entre les différents belligérants en Syrie.  Selon lui la communauté internationale doit adopter une position unifiée dans la lutte contre le terrorisme en ciblant toutes les organisations qui sont répertoriées dans les listes du Conseil de sécurité.  Il a précisé que cette lutte doit se faire en Syrie dans le respect de la souveraineté nationale.  La lutte contre le terrorisme ne peut servir de prétexte pour stationner des troupes étrangères en Syrie, a-t-il argué.  Il a aussi rappelé que la Syrie et l’Iraq comptent sur leur territoire des milliers de combattants étrangers.  Le représentant a donc appelé toutes les parties, notamment les pays ayant leurs ressortissants dans ces pays, à veiller à les rapatrier.  Il a aussi souligné que nombre de détenus de la prison attaquée à Hassaké sont des combattants étrangers. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a fermement condamné la récente attaque de Daech dans la ville de Hassaké, se déclarant en outre consternée par les informations faisant état de victimes civiles.  L’ampleur de cette attaque montre que, malgré leur défaite territoriale, la menace de Daech en Syrie est grave, a constaté la représentante qui a appelé la communauté internationale à rester déterminée à assurer la défaite durable du groupe.  Mme Byrne Nason s’est inquiétée de l’ampleur des déplacements de la population civile, ainsi que de la situation des enfants qui, a-t-elle souligné doivent être traités avant tout comme des victimes.  Elle a aussi souligné l’impératif d’un plein accès pour les acteurs humanitaires.  Préoccupée par les implications plus larges pour la situation sécuritaire dans le nord-est de la Syrie, la déléguée a appelé à la reddition de compte pour cette attaque et pour tous les crimes commis en Syrie.  Ces événements, a-t-elle ajouté, soulignent une fois de plus la nécessité de progrès substantiels et significatifs vers une solution politique inclusive en Syrie. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a condamné la dernière attaque de Daech à Hassaké, un attentat qui démontre la menace constante que représente le terrorisme pour la population syrienne et pour les autres populations dans la région.  Pour lui, il n’y a pas de bon ou de mauvais terroristes: ils sont tous des assassins et des meurtriers qui doivent être traités en tant que tels, c’est-à-dire traînés devant les tribunaux.  Selon lui, tous les moyens possibles doivent être utilisés pour lutter contre les terroristes et les vaincre.  Il a invité à lutter contre ses sources - politiques ou sociales- qui permettent d’attirer des personnes dans cette entreprise de mort. 

Le processus politique doit progresser afin de donner des perspectives d’avenir meilleur, a-t-il ajouté en conseillant de travailler de manière collective afin de redonner l’espoir aux populations.  Il a demandé de faire tout ce qui est possible pour libérer la Syrie du fléau du terrorisme.  Son gouvernement, a-t-il indiqué, a rapatrié depuis  2020 quelque 24  femmes et enfants d’origine albanaise qui se sont retrouvés dans des camps de réfugiés en Syrie et en Iraq.  Cette question n’est pas un sujet facile à traiter mais c’est nécessaire, a reconnu le représentant. 

Mme JAYNE JEPKORIR TOROITICH (Kenya) a condamné l’attentat terroriste de janvier sur la prison de Hassaké qui a fait plusieurs morts et de nombreux blessés.  Elle a insisté sur la nécessité urgente de faire face à la menace posée par les groupes terroristes et leurs affiliés de manière exhaustive, qu’ils soient inscrits ou non sur la liste du Conseil de sécurité.  Ces actes terroristes continuent de mettre en péril le processus de paix en Syrie, et ont des répercussions négatives sur la sécurité régionale et internationale, a souligné la représentante.  Elle a appelé à renforcer les mesures de lutte contre le terrorisme pour s’assurer que les terroristes et leurs affiliés soient tenus responsables de leurs actes odieux et se voient refuser la possibilité et les ressources pour poursuivre leurs activités.  Il faut donc identifier sans tarder les mesures concrètes que le Conseil devrait prendre pour faire face à la menace croissante du terrorisme en Syrie, a-t-elle estimé. 

M. ECKERSLEY (Royaume-Uni) s’est inquiété de la menace que continue de représenter Daech et a estimé que cette situation appelle la communauté internationale à faire preuve de fermeté et de détermination pour lutter contre le terrorisme.  Il s’est dit heureux de constater que les Forces démocratiques syriennes (FDS) aient repris le contrôle de la prison d’Hassaké, attaquée par le groupe terroriste.  Il a jugé urgent de mieux coordonner les interventions des acteurs de la communauté internationale pour répondre à ce défi terroriste.  Le représentant a également réclamé des mesures d’urgence pour venir en aide aux femmes et filles présentes dans les camps de réfugiés, exprimant par ailleurs l’appui du Royaume-Uni aux FDS dans leur lutte contre Daech. 

Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a vivement condamné l’attaque perpétrée par Daech contre la prison de Hassaké, dans le nord-est de la Syrie, y voyant une violation flagrante du droit international et une mise en danger insupportable des 800 enfants détenus dans ce centre pénitentiaire.  Pour la représentante, cette situation prouve qu’il y a urgence à rapatrier dans leur pays d’origine tous les enfants de combattants étrangers qui croupissent dans des prisons ou des camps en Syrie.  La déléguée a d’autre part observé que l’évolution du conflit dans le nord-est du pays vient rappeler la menace que les groupes terroristes font peser sur la paix dans la région et dans le monde.  Enfin, elle a appelé les parties au conflit syrien à tout faire pour protéger les populations civiles, respecter leurs obligations au regard du droit international et appuyer les avancées du volet politique, conformément aux dispositions de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a condamné les attentats terroristes perpétrés par l’État islamique, qui confirment un regain de sa capacité de nuisance dans la région où cette organisation avait été vaincue en 2019.  Le nombre de ses victimes doit nous rappeler la nécessité d’agir contre Daech en proposant davantage qu’une réponse militaire, a souligné le délégué qui a appelé à prendre en compte les causes profondes du terrorisme. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a condamné fermement les attentats terroristes perpétrés par Daech contre la prison de Hassaké.  Il a fait part de son inquiétude face aux informations indiquant que des enfants auraient été utilisés comme boucliers humains par Daech, une violation flagrante du droit international, a-t-il rappelé.  Il a souligné l’impératif de couper les sources de financement de Daech, d’épuiser ses capacités militaires et de mettre fin à son processus de recrutement de combattants, ainsi qu’à la diffusion d’une rhétorique extrémiste. 

Le représentant a noté que les menaces terroristes ont atteint des niveaux très dangereux dans la région, notamment en termes d’utilisation par des groupes terroristes de technologies et d’armes de pointe pour cibler des civils et des infrastructures civiles.  Les Émirats arabes unis ont d’ailleurs eux-mêmes été récemment ciblés, a-t-il indiqué.  Il a enfin appelé à une stabilité durable en Syrie, d’une manière qui répondrait aux aspirations du peuple syrien et lui permettrait d’avoir une patrie sûre et stable, exempte d’extrémisme et de terrorisme. 

Mme MELINA ESPESCHIT MAIA (Brésil) a dit être très préoccupée par la situation des enfants syriens en particulier dans le nord-est de la Syrie.  La représentante a prié les parties en Syrie de faire en sorte que les enfants soient toujours protégés.  Elle a souligné l’importance de la question du rapatriement des enfants vers leur pays d’origine.  Par ailleurs, elle a estimé que le processus politique demeure la seule possibilité de sortir du conflit en Syrie.  Appelant à combattre le terrorisme, Mme Espeschit Maia a ajouté que la lutte contre ce fléau doit être cohérente avec le droit international.  Les décisions du Conseil ne doivent pas gêner l’acheminement de l’aide humanitaire, a-t-elle conclu. 

Mme MONA JUUL (Norvège), présidente du Conseil de sécurité en ce mois de janvier, parlant en sa capacité nationale, a condamné la récente violence et plaidé pour que les enfants ne soient pas détenus en prison.  La récente attaque contre la prison de Hassaké démontre que l’EIIL continue de poser une grave menace et que la lutte contre le terrorisme doit se poursuivre, a-t-elle plaidé.  Elle a exhorté toutes les parties à respecter le droit international dans leurs efforts de lutte antiterroriste.

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a repris brièvement la parole pour regretter les propos critiques des États-Unis concernant la supposée absence de liberté de la presse dans son pays.  Nous aurions nous aussi beaucoup à dire à ce sujet, a-t-il réagi, avant de constater que peu de choses ont été dites sur le fond lors de l’intervention de la délégation américaine.  Il a conclu son propos en espérant que les questions posées par la Fédération de Russie continueront d’être l’objet de l’attention du Conseil. 

Après avoir rappelé les détails de l’attaque terroriste commise par l’EIIL, M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a accusé les États-Unis d’avoir formé une « coalition illégitime qui leur est propre, » sans l’accord préalable des autorités syriennes. Il a dénoncé le soutien de « certains membres » de cette coalition à des organisations terroristes et d’avoir également empêché le Conseil de permettre la mise en œuvre pleine et entière de ses résolutions pertinentes qui auraient pu prévenir l’expansion du terrorisme. Le représentant a ensuite accusé les forces d’occupation américaines d’avoir transféré des éléments de Daech vers des « sites de détention illégitimes », considérant que la récente attaque à l’origine de cette séance en était la conséquence.  Il a également fustigé les États-Unis pour avoir pillé les ressources nationales de son pays, tué des civils innocents et appuyé des forces « séparatistes » pour qu’elles servent leurs intérêts géopolitiques.  Le délégué a en outre dénoncé les conditions de vie dans les camps administrés par les États-Unis, où se trouvent retenues de nombreux femmes et enfants, déplorant certaines approches consistant à assurer le retour d’enfants dans le pays d’origine de leurs parents, dont ils sont alors séparés.  La Syrie a réclamé en conclusion le retrait des forces américaines et turques illégitimes de son territoire. 

Pour M. ÖNCÜ KEÇELI (Turquie) a estimé que pour être efficace, la lutte contre le terrorisme doit passer par le partage des informations.  De même, il est crucial de procéder au rapatriement des combattants étrangers, car cela va affaiblir Daech et aura des répercussions partout dans le monde, a-t-il argué.  Il a ensuite affirmé que si le terrorisme en Syrie a connu un essor, c’est parce que les terroristes y ont trouvé un terrain fertile, le régime ayant été très dur vis-à-vis de sa propre population.  Le représentant a dénoncé tous ceux qui utilisent le parti des travailleurs du Kurdistan (PKK/YPG) pour lutter contre Daech.  C’est une erreur, car l’objectif du parti est de procéder à une épuration ethnique, a-t-il prévenu.  Il a étayé son propos en demandant comment les éléments de Daech ont pu parvenir au site sensible de la prison de Hassaké avec des voitures piégées malgré la multiplication des postes de contrôle.  « On a déroulé un tapis rouge aux terroristes », a-t-il dénoncé, avant d’affirmer que la lutte de la Turquie contre le terrorisme est résolue. 

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a dénoncé l’attaque terroriste menée par l’EIIL contre la prison de Hassaké qui aurait notamment permis à des dirigeants de Daech de s’enfuir.  Il a indiqué que cet incident a coïncidé avec d’autres attaques dangereuses en Iraq qui ont coûté la vie de dizaines de membres des forces iraquiennes.  L’Iraq, a-t-il affirmé, a été un des pays les plus durement frappé par le terrorisme 

Le représentant a indiqué que son Gouvernement s’est engagé à rapatrier les Iraquiens qui se trouvent dans le camp de Hol en Syrie, rappelant que deux groupes de civils sont déjà rentrés au pays, dont 578 familles totalisant 10 796 personnes.  Il a demandé à ceux qui contrôlent les camps de remettre tous les combattants iraquiens afin qu’ils puissent être poursuivis et comparaître devant la justice, y compris les dirigeants de l’EIIL qui sont en détention en Syrie.  Il a dit craindre une augmentation des risques d’évasion des centres de détention en Syrie et dans d’autres pays de la région.  À cet égard, l’Iraq déploiera tous les efforts nécessaires pour protéger et sécuriser ses frontières et empêcher les terroristes d’entrer sur son territoire. Le délégué a par ailleurs appelé à intensifier le processus de rapatriement des combattants étrangers et des membres de leur famille.  Il faut, a-t-il insisté, empêcher que les prisons et les camps ne deviennent des incubateurs d’une nouvelle génération de terroristes. 

Mme ZAHRA ERSHADI (Iran) a estimé que l’attaque de la prison de Hassaké n’est que la conséquence de l’occupation illégale continue de certaines parties de la Syrie par des forces étrangères, dont celles des États-Unis.  Cet incident montre clairement que la force d’occupation et ses alliés ont été incapables de rétablir la sécurité et l’ordre dans les zones occupées, permettant ainsi à l’État islamique d’étendre son influence dans la région, mettant ainsi en péril la vie des civils qui y vivent, s’est-elle inquiétée.  De même, la présence de combattants terroristes étrangers et de leurs familles dans les zones de conflit demeure une source croissante d’insécurité et d’instabilité pour l’ensemble de la région, a dit la représentante avant de noter que les pays qui se réclament « pionniers des droits humains » s’abstiennent de rapatrier leurs propres nationaux, dont des femmes et des enfants, piégés dans des conditions déplorables dans les zones de conflit.  Soulignant que la lutte contre le terrorisme ne doit pas servir de prétexte pour violer la souveraineté et l’intégrité territoriales de la Syrie, elle a appelé à permettre au Gouvernement syrien de lutter contre les activités terroristes sur son territoire.  L’Iran, a-t-elle assuré, continuera de soutenir les efforts de la Syrie pour contrer les menaces posées par les groupes terroristes, garantissant ainsi son unité et son intégrité territoriales. 

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