Réunion spéciale – matin
AG/PAL/1447

La Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien donne lieu à des appels à mettre fin à « l’annexion rampante » des territoires occupés

À l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a demandé, ce matin, à la communauté internationale d’adopter des mesures concrètes pour freiner l’escalade de la violence dans les territoires occupés et donner effet aux promesses de l’autodétermination. 

Le Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, M. Cheikh Niang, a déclaré d’emblée que cette Journée internationale de solidarité se veut l’expression de notre engagement collectif en faveur de la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien et d’une solution juste et globale à la question de Palestine.  Or, 75 ans après la décision de l’Assemblée générale de diviser la Palestine « historique », et 55 ans après le début de l’occupation militaire du territoire palestinien par Israël, le peuple palestinien continue de subir des niveaux croissants de dépossession, de déplacements, de violence et de violations des droits de l’homme. 

L’escalade des raids militaires israéliens en Cisjordanie occupée et de la violence sous toutes ses formes continue en effet de nous éloigner du consensus international pour parvenir à une paix juste au Moyen-Orient, a estimé le Président, en demandant que cessent les meurtres de civils et la rhétorique et les actions provocatrices de la part d’Israël, notamment en ce qui concerne le statu quo historique et juridique de Jérusalem et de ses lieux saints.  Il a demandé une action « décisive » de la communauté internationale pour mettre fin à l’expansion des colonies israéliennes, qui constituent à ses yeux une « annexion rampante ». 

« Nous savons d’expérience que rien n’alimente davantage l’insécurité et la violence que le désespoir », a fait remarquer le Président de l’Assemblée générale, M. Csaba Kőrösi, en invitant les États Membres à considérer le « fardeau » palestinien à travers le prisme des droits.  Or, malgré des décennies d’engagement de bonne foi en faveur des efforts de paix et de la solution des deux États, le sort du peuple palestinien n’a fait que s’aggraver, a regretté l’Azerbaïdjan, au nom du Mouvement des pays non alignés. 

Constatant à son tour que le statu quo est intenable, le Président du Conseil de sécurité, M. Harold A. Agyeman, du Ghana, a affirmé que des étapes sont nécessaires pour mettre un terme aux actions qui sapent la confiance entre les parties et qui menacent la viabilité de la solution des deux États.  À ses yeux, seules des négociations directes entre les parties sur les questions liées au statut final sont susceptibles de mener à la paix et à la solution des deux États.  La position de l’ONU est claire, a rappelé le Chef de cabinet du Secrétaire général, M. Earle Courtenay Rattray: la paix doit progresser, l’occupation cesser et la solution des deux États se réaliser. 

Pendant ce temps, une autre année s’est écoulée pour le peuple palestinien qui continue de croupir sous l’occupation israélienne, « une autre année de meurtres, de sièges, d’arrestations, de déplacements forcés et de démolitions de maisons; une autre année de colonisation et de démembrement de notre patrie par le mur d’annexion, la confiscation des terres et les points de contrôle militaires », a dénoncé M. Riyad Mansour, Observateur permanent de l’État de Palestine auprès des Nations Unies. 

Tandis que les autorités israéliennes continuent d’ancrer une réalité « d’apartheid », nous avons déféré le système colonial israélien à la Cour internationale de Justice (CIJ), a indiqué M. Mansour, pour qui la solution des deux États ne peut être « laissée en otage à la volonté de l’occupant ».  Il a invité les États Membres à soutenir la pleine adhésion de l’État de Palestine à l’ONU, dans l’attente d’une conférence internationale sur cette question. 

Le Président du Comité, M. Niang, s’est dit consterné par « l’acharnement » d’Israël à réduire l’espace de la société civile palestinienne, y compris sa décision sans fondement de déclarer « hors la loi » six organisations de la société civile palestinienne partenaires de l’ONU et du Comité.  S’exprimant par visioconférence après que son visa lui a été refusé, malgré l’invitation officielle de l’ONU, M. Shawan Jabarin, Directeur général de l’ONG Al-Haq, a exhorté l’Assemblée générale à reconstituer son Comité spécial de l’apartheid et le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) à accélérer son enquête sur les crimes commis depuis 2014 dans les territoires occupés. 

Qui plus est, a encore dit le Président du Comité, Israël doit lever son blocus illégal de la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 15 ans et constitue une punition collective servant à fragmenter davantage le peuple palestinien et son territoire.  Le Président du Conseil de sécurité a appelé de son côté à renforcer le cessez-le-feu et à assurer un accès humanitaire complet et sans entrave à Gaza, notamment aux points de passage. 

La reprise du dialogue intrapalestinien et la signature, en octobre dernier, de la Déclaration d’Alger ont été saluées par nombre d’intervenants comme une nouvelle étape vers la réconciliation et le renforcement de la démocratie palestinienne, conditions essentielles à la tenue de négociations de paix.  Dans l’intervalle, « nous n’accepterons pas un avenir fait de murs, de blocus, d’apartheid, d’oppression, de haine et de colonialisme », a martelé l’Observateur permanent de l’État de Palestine, en ajoutant qu’il s’agit là d’un test « décisif » de la crédibilité de la communauté internationale pour faire respecter le droit international. 

Malgré ces défis, plusieurs intervenants ont souligné la résilience du peuple palestinien qui est devenu un État observateur à l’ONU et un membre d’organisations internationales qui a ratifié une centaine de traités et de conventions internationaux.  Le Président du Comité s’est félicité de la demande d’avis consultatif à la CIJ au sujet de la légalité de l’occupation prolongée d’Israël, qui fait partie d’une des résolutions adoptées cette année par la Quatrième Commission. 

RÉUNION SPÉCIALE POUR CÉLÉBRER LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE PALESTINIEN

Déclarations liminaires

M. CHEIKH NIANG, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a déclaré que la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien se veut l’expression de notre engagement collectif en faveur de la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien et d’une solution juste et globale à la question de Palestine, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies.  Aujourd’hui, 75 ans après la décision de l’Assemblée générale de diviser la Palestine « historique » par l’adoption de la résolution 181 (II) et la poursuite de l’occupation israélienne, le peuple palestinien continue de subir des niveaux croissants de dépossession, de déplacements, de violence et de violations des droits de l’homme.  « Les promesses de l’autodétermination, de l’indépendance et de la réalisation des droits du peuple palestinien ne sont toujours pas tenues », a-t-il déploré. 

La dangereuse escalade des raids militaires israéliens en Cisjordanie occupée et la violence sous toutes ses formes continuent de nous éloigner du consensus international pour parvenir à une paix juste au Moyen-Orient, a estimé le Président du Comité.  Or, la violence n’est pas une réponse, a-t-il noté, en demandant l’arrêt des meurtres commis contre des civils et de la rhétorique et des actions provocatrices de la part d’Israël, notamment en ce qui concerne le statu quo historique et juridique de Jérusalem et de ses lieux saints, qui attisent considérablement les tensions.  L’expansion continue par Israël, Puissance occupante, des colonies illégales dans le territoire palestinien occupé et la violence des colons nécessitent selon lui une action décisive.  Le Comité est également gravement préoccupé par le fait que l’occupation israélienne des terres palestiniennes n’est pas temporaire, mais constitue de fait une « annexion rampante ». 

M. Niang s’est dit consterné par les politiques et les mesures discriminatoires imposées par Israël à l’encontre du peuple palestinien, ainsi que par le transfert de population vers les terres occupées.  Il a ainsi condamné « l’acharnement » d’Israël à cibler et à réduire l’espace de la société civile palestinienne, y compris sa décision sans fondement de mettre « hors la loi » six organisations de la société civile palestinienne qui sont des partenaires de l’ONU et du Comité.  Qui plus est, Israël doit lever son blocus illégal de la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 15 ans et constitue à ses yeux une punition collective servant à fragmenter plus encore le peuple palestinien et son territoire. 

Même si la promesse des Nations Unies ne s’est toujours pas concrétisée, le peuple palestinien a fait preuve d’une remarquable résilience au fil des ans, sans jamais renier ses convictions, son espoir et son identité, a relevé M. Niang.  Il est devenu un État observateur à l’ONU, membre d’organisations internationales qui a ratifié une centaine de traités et de conventions internationaux.  Le 11 novembre dernier, la Quatrième Commission de l’Assemblée générale a recommandé cinq résolutions concernant les réfugiés de Palestine et les activités de colonisation israélienne, s’est félicité le Président du Comité, y compris une demande d’avis consultatif de la Cour internationale de Justice concernant notamment la légalité de l’occupation prolongée d’Israël.  Ces résolutions comprenaient également la prorogation du mandat de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui continue de nécessiter un financement durable et prévisible pour assurer le bien-être et la dignité des réfugiés palestiniens.  Devant la « détérioration constante » de la situation dans les territoires occupés, M. Niang a appelé à l’établissement d’un processus politique fondé sur les résolutions pertinentes de l’ONU, le droit international et les accords existants, afin de parvenir à la solution des deux États.  Il s’est par ailleurs félicité du dialogue intrapalestinien et de la signature, en octobre, de la Déclaration d’Alger, estimant qu’il s’agit là d’un pas de plus vers la réconciliation et la démocratie palestinienne, cruciales pour les négociations de paix. 

M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale, a rappelé qu’il y a 75 ans, la situation en Palestine représentait la première crise majeure à laquelle a été confrontée l’ONU nouvellement créée.  Trois générations et plusieurs guerres plus tard, les deux États n’existent toujours pas, ni la paix pérenne envisagée à l’époque.  « Le monde est en proie à un déficit de confiance », a diagnostiqué le Président, en invitant les États Membres à voir le fardeau palestinien par le prisme des droits et de la solidarité.  Le peuple palestinien, comme tous les peuples, dispose du droit fondamental de vivre dans la liberté, la dignité avec l’accès aux services de base.  « Nous savons d’expérience que rien n’alimente davantage l’insécurité et la violence que le désespoir », a encore dit le Président, en invitant à restaurer l’espoir chez la jeune génération de Palestine, que ce soit en termes de développement, de protection ou de liberté.  Il a invité pour ce faire les membres du Comité de se mettre à la place des Palestiniens. 

Parmi les mesures concrètes démontrant la solidarité de la communauté internationale envers le peuple palestinien, M. Kőrösi a enjoint les États Membres à assurer un financement durable à l’UNRWA afin de lui permettre de s’acquitter de ses travaux vitaux, alors que le déficit de l’Office s’élève maintenant à 600 millions de dollars.  À l’heure où la volonté politique de trouver des solutions pérennes semble faire défaut, faisons en sorte qu’un financement de l’UNRWA soit suffisant pour s’acquitter de son mandat, a insisté le Président.  À ses yeux, le meilleur moyen de ne plus avoir besoin de cette solidarité est de parvenir à un Moyen-Orient exempt de conflits qui puisse exploiter le riche potentiel de ses peuples. 

Pour M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana), Président du Conseil de sécurité, la solution au conflit israélo-palestinien ne peut être trouvée que par des voies pacifiques, avec l’appui de la communauté internationale.  Au cours de l’année écoulée, a-t-il indiqué, le Conseil de sécurité s’est saisi de la situation au Moyen-Orient, y compris de la Question palestinienne, et des débats ont lieu à ce sujet chaque trimestre.  Le Conseil, qui a également adopté une déclaration présidentielle sur le meurtre de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, continue de recevoir les rapports du Secrétaire général sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) et des exposés du Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient tous les trois mois.  M. Agyeman a ajouté que la situation au Moyen-Orient demeure une préoccupation centrale du Conseil de sécurité, compte tenu du manque de progrès vers une solution juste et pérenne au conflit israélo-palestinien.  À ses yeux, le statu quo n’est pas viable et des étapes pour inverser la situation sur le terrain sont nécessaires.  La paix doit se faire par le biais de négociations directes sur les questions liées au statut final entre les parties en vue de parvenir à la solution des deux États, a-t-il soutenu. 

Selon M. Agyeman, les membres du Conseil de sécurité sont préoccupés par la dégradation de la situation sur le terrain.  Ils appellent à mettre fin immédiatement aux actions qui sapent la confiance entre les parties et qui menacent la viabilité de la solution des deux États.  Le Conseil de sécurité condamne la violence et les attaques aveugles visant des civils aussi bien israéliens que palestiniens, a souligné son Président.  Le Conseil reste aussi inquiet par la situation économique et humanitaire catastrophique à Gaza et exhorte tous les acteurs à prendre des mesures pour l’améliorer immédiatement et à plus long terme.  Appelant à renforcer le cessez-le-feu et à assurer un accès humanitaire complet et sans entrave à Gaza, M. Agyeman a exhorté les parties à œuvrer au bon fonctionnement des points de passage. 

Le Président du Conseil de sécurité a d’autre part encouragé la réconciliation interpalestinienne et le bon fonctionnement de l’Autorité palestinienne, y compris dans la bande de Gaza.  Selon lui, le Conseil de sécurité continue de suivre de près la situation économique à laquelle se heurtent les autorités palestiniennes et souligne l’importance de soutenir les efforts entrepris pour consolider les institutions palestiniennes.  De même, a-t-il ajouté, le Conseil salue le rôle central joué par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et appelle à lui apporter davantage de soutien.  Enfin, après avoir assuré que le Conseil surveille la mise en œuvre effective de ses résolutions, M. Agyeman a souhaité qu’un environnement propice à la paix et à la sécurité pour les peuples palestinien et israélien se reconstitue à travers les efforts du Quatuor pour le Moyen-Orient, en faisant fond sur les conclusions de la Conférence de Madrid. 

M. EARLE COURTENAY RATTRAY, Chef de cabinet du Secrétaire général, au nom duquel il s’exprimait, a constaté que l’espoir d’une solution durable au conflit israélo-palestinien se réduit comme peau de chagrin alors que des milliers de Palestinien ont perdu la vie.  Il a relevé le « cercle infernal de violence » à l’œuvre dans les territoires occupés, en appelant les parties à y mettre un terme.  Le conflit s’enlise, a-t-il regretté, en dénonçant notamment l’occupation et l’expansion des politiques de destruction de spoliation qui sèment le désespoir, ainsi que les effets néfastes du blocus de Gaza, « qui n’a aucune justification ».  Le Chef de cabinet a donc insisté sur le fait que l’UNRWA reste une bouée de sauvetage dans ce contexte et appelé à le financer de manière prévisible et suffisante.  La position de l’ONU est claire: la paix doit progresser, l’occupation doit cesser et la solution à deux États, avec Jérusalem-Est comme capitale des deux États, se réaliser. 

À titre personnel, M. Rattray a appelé à ne jamais perdre de vue la situation dans les territoires occupés, qui prend une tournure catastrophique, en constatant à regret que cette année risque d’être la plus meurtrière pour les Palestiniens depuis 2005 en raison des offensives israéliennes.  La Cisjordanie est un foyer de tensions et la situation à Jérusalem-Est de plus en plus précaire, a encore souligné le haut fonctionnaire, en appelant à faire davantage pour atténuer ces tensions et parvenir à une solution politique viable qui passe par des négociations de bonne foi.  Le Chef de cabinet a donc exhorté la communauté internationale et toutes les parties prenantes à s’employer à ramener la paix dans la région.  « Nous devons redonner espoir aux Palestiniens », a-t-il insisté, en assurant que l’ONU ne ménagera pas ses efforts pour atteindre cet objectif. 

M. RIYAD H. MANSOUR, de l’État de Palestine, a fait observer qu’une autre année s’est écoulée pour le peuple palestinien qui croupit toujours sous l’occupation israélienne, « une autre année faite de meurtres, de sièges, d’arrestations, de déplacements forcés et de démolitions de maisons; une autre année de colonisation et de démembrement de notre patrie par le mur d’annexion, la confiscation des terres et les points de contrôle militaires ».  Une autre année qui a vu plus de violence contre le peuple palestinien et ses lieux saints de la part d’Israël et des colons extrémistes.  Il a notamment fustigé les politiciens « extrémistes » de la Knesset récemment élus, qui « vivent de la destruction de notre patrie, de la violation de nos droits et du vol de notre liberté », une année décrite par l’ONU comme la plus meurtrière en Cisjordanie depuis la seconde Intifada. 

Le monde entier a été témoin de l’assassinat de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh par les forces d’occupation israéliennes et de l’attaque menée lors de ses funérailles, un acte « honteux et immoral selon toute norme de décence humaine », a rappelé M. Mansour.  « Voilà Israël et son occupation, résumés dans ce crime contre notre peuple », s’est-il emporté en dénonçant l’impunité.  « Nous ne pouvons pas attendre de l’occupant israélien, qui soutient la colonisation et le terrorisme des colons, qu’il se réveille un jour et choisisse la justice et la paix », a poursuivi M. Mansour, pour qui la communauté internationale doit se mobiliser et intensifier ses efforts pour faire en sorte qu’Israël mette fin à son occupation. 

La communauté internationale a défini sa vision de la paix, qui repose sur la solution des deux États sur les frontières de 1967, inscrite dans les résolutions de l’ONU, a poursuivi l’Observateur.  Il a mis en garde les États ayant établi des bureaux commerciaux ou diplomatiques à Jérusalem, qui ont conclu des accords avec des entreprises dans les colonies ou qui en achètent les produits, que ces actions constituent des violations du droit international.  Selon lui, le rejet par la communauté internationale des politiques israéliennes d’annexion et d’expansion des colonies doit s’accompagner de mesures concrètes permettant au peuple palestinien d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination, à l’indépendance et à une paix juste et globale. 

Alors que les autorités israéliennes sapent la solution des deux États et ancrent une réalité « d’apartheid », nous avons déféré le système colonial israélien à la Cour internationale de Justice (CIJ), a indiqué M. Mansour.  La solution des deux États ne peut être « laissée en otage à la volonté de l’occupant », a-t-il noté, en invitant les États Membres à soutenir la pleine adhésion de l’État de Palestine à l’ONU, dans l’attente d’une conférence internationale sur cette question.  L’unification des Palestiniens et la tenue d’élections présidentielles et législatives, « dès qu’elles pourront être organisées à Jérusalem », ainsi qu’à la formation d’un gouvernement d’unité nationale figurent au nombre des priorités de l’État de Palestine.  Dans l’intervalle, « nous n’accepterons pas un avenir fait de murs, de blocus, d’apartheid, d’oppression, de haine et de colonialisme », a martelé l’Observateur, en affirmant qu’il s’agit là d’un test « décisif » de la crédibilité de la communauté internationale et de l’efficacité de l’ordre qu’elle a établi pour faire respecter le droit international. 

Déclarations

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka), Président du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, a exprimé la solidarité de la communauté internationale avec le peuple palestinien, dans la recherche d’une solution pacifique, juste et équitable à la question de Palestine et pour remédier au sort du peuple palestinien, en particulier les femmes et les enfants.  Évoquant les activités du Comité spécial, il a indiqué que la mission annuelle à Amman, en Jordanie, du 4 au 7 juillet dernier, s’est déroulée dans un contexte de violence croissante des colons israéliens.  Les visites au siège de l’UNRWA et dans le camp de réfugiés de Marka ont mis en évidence les souffrances quotidiennes du peuple palestinien, dont tous les aspects de la vie continuent d’être contrôlés par l’occupation illégale, a-t-il ajouté, avant de rappeler qu’au cours du premier semestre de 2022, 60 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie.  Entre le 1er juin 2021 et le 31 mai 2022, 575 incidents de violence ont fait des morts, des blessés et/ou des dégâts matériels parmi les Palestiniens, a encore précisé M. Pieris, qui s’est dit préoccupé par les informations selon lesquelles les familles des Palestiniens tués sont empêchées de les inhumer dans la dignité. 

Le Président du Comité spécial a constaté que l’expansion des colonies se poursuit en violation des résolutions du Conseil de sécurité.  Après avoir alerté sur la situation d’environ 1 200 habitants de Masafer Yatta, en Cisjordanie, qui courent des risques imminents d’expulsion forcée et de déplacement, il a appelé la Puissance occupante à faire preuve de retenue et à veiller à ce que les droits humains de tout le peuple palestinien et des autres Arabes dans le territoire occupé soient protégés.  La Puissance occupante doit aussi garantir l’accès à l’aide humanitaire, a poursuivi M. Pieris, en dénonçant le blocus terrestre, maritime et aérien dans la bande de Gaza.  Le blocus, combiné aux effets du conflit de mai 2021 et de la pandémie de COVID-19, a continué d’étouffer l’économie locale, a-t-il relevé.  M. Pieris s’est par ailleurs déclaré préoccupé par l’augmentation des arrestations de pêcheurs, ainsi que par les cas de harcèlement, de confiscation ou de destruction de leurs bateaux au cours de l’année 2022. 

Soulignant la nécessité d’un financement prévisible et durable pour l’UNRWA, M. Pieris a assuré que le Comité spécial s’associe à la communauté internationale pour rechercher une solution juste, durable et authentique à la question de Palestine, à commencer par la réalisation de la solution des deux États.  Il a appelé les parties à créer un environnement propice pour faciliter le renforcement de la confiance, à l’appui des efforts visant à reprendre le dialogue et les négociations.  En cette Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, le Comité spécial continue d’être encouragé par le courage et la détermination du peuple palestinien, qui a su surmonter des défis considérables, a conclu son Président. 

M. SALEM M. M. MATUG, de l’Union africaine, a transmis le message de M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Président de la Commission de l’Union africaine, en réitérant l’appel de la Commission à la communauté internationale pour qu’elle assume ses responsabilités s’agissant de la question de Palestine et de la mise en œuvre de toutes les résolutions pertinentes de l’ONU adoptées depuis 1948, afin de contraindre Israël à se conformer au droit international.  Depuis des décennies, s’est-il indigné, Israël poursuit sa politique de construction de colonies de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, sur des terres confisquées ou volées, en violation flagrante des normes et règles internationales.  Ces colonies illégales contribuent aux déplacements forcés, limitent sévèrement l’accès des Palestiniens aux ressources de base, notamment à la terre et à l’eau, mais aussi aux sites religieux, et elles entretiennent un système de ségrégation et d’inégalité structurelle entre Palestiniens et Israéliens.  Aujourd’hui plus que jamais, il faut des efforts urgents et renouvelés pour trouver une solution juste et durable à ce conflit, a insisté le représentant en réaffirmant son soutien à la solution des deux États. 

M. Matug a également fait part de la préoccupation de la Commission de l’Union africaine face à la situation critique des réfugiés palestiniens.  L’occupation israélienne continue de définir tous les aspects de la vie quotidienne des jeunes et des résidents des camps, affectant tout, de la sécurité et de la liberté de mouvement aux moyens de subsistance et à l’emploi, a-t-il constaté, déplorant que, dans de nombreux endroits, les réfugiés palestiniens soient confrontés à des menaces existentielles et s’enfoncent davantage dans la pauvreté et le désespoir. 

Pour l’Union africaine, a-t-il souligné, le 29 novembre n’est pas seulement une Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien.  C’est aussi une journée qui reflète le désir de la communauté internationale de voir le conflit israélo-palestinien aboutir à un accord de paix définitif.  Hélas, a-t-il regretté, cette année encore n’a apporté aucun progrès en ce sens puisque les pourparlers de paix n’ont toujours pas repris.  Au lieu de cela, on assiste à la poursuite de l’occupation israélienne et des activités de peuplement, aux arrestations et détentions de civils, aux exécutions extrajudiciaires de jeunes et d’enfants, au blocus de Gaza, aux démolitions d’habitations palestiniennes, aux attaques répétées de colons israéliens contre le peuple palestinien et aux provocations sur les lieux saints, a dénoncé le représentant, selon lequel tout cela va à l’encontre des principes auxquels les Membres des Nations Unies ont souscrit pour trouver une solution durable.  Il a donc appelé la communauté internationale et toutes les parties prenantes à relancer le processus de paix au Moyen-Orient afin de trouver une solution juste et durable au conflit, qui donnerait naissance à un État palestinien viable et souverain avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément aux résolutions pertinentes de l’ONU. 

M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ, de la Ligue des États arabes, a déploré que cette réunion intervienne alors que les perspectives d’une paix juste et durable sur la base de la solution des deux États sont au point mort et que l’occupant israélien poursuit « ses politiques racistes et son agression » contre le peuple palestinien.  Les forces israéliennes et les colons armés continuent de menacer et d’attaquer les civils palestiniens et de profaner les lieux sacrés chrétiens et musulmans, tandis que perdure le blocus de Gaza, a-t-il déploré.  Israël, a poursuivi l’Observateur, n’a mis en œuvre aucune des 754 résolutions de l’Assemblée générale, des 97 résolutions du Conseil de sécurité et des 96 résolutions du Conseil des droits de l’homme concernant la Palestine, ce qui montre son mépris des institutions internationales et la politique du « deux poids, deux mesures » dont jouit ce pays.  À ses yeux, la communauté internationale doit s’acquitter de ses responsabilités, protéger le peuple palestinien et contraindre Israël à rendre des comptes. 

Pour M. Abdelaziz, il est inconcevable qu’Israël soit membre de plein droit des Nations Unies alors que l’État de Palestine demeure simple observateur.  Il a insisté sur la tenue d’une conférence internationale visant à relancer les négociations directes entre l’État de Palestine et Israël, en vue de mener à la création d’un État palestinien sur la base de la solution des deux États.  Il a salué à cet égard la décision du Gouvernement australien de revenir sur sa décision de reconnaître Jérusalem-Ouest comme capitale d’Israël et a appelé les autres États dans cette situation à faire de même.  De même, il s’est félicité des efforts de l’Assemblée générale visant à demander un avis consultatif à la Cour internationale de Justice (CIJ) au sujet de l’occupation de la Palestine, avant d’applaudir le renouvellement pour trois ans du mandat de l’UNRWA.  Enfin, alors que la réconciliation palestinienne demeure un défi, l’Observateur a salué la signature par les factions palestiniennes de la Déclaration d’Alger. 

M. HAMEED AJIBAIYE OPELOYERU, de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a commencé par rappeler que la réunion d’aujourd’hui se tient dans un contexte de grave détérioration de la situation dans les territoires palestiniens occupés, dont il a attribué la responsabilité à Israël.  Les violations injustifiées auxquelles s’est livrée la Puissance occupante ont coûté la vie à plus de 200 Palestiniens depuis le début de l’année, tout en blessant des centaines de personnes, dont des enfants et des femmes, sans compter la souffrance continue endurée par environ 5 500 Palestiniens dans les prisons israéliennes.  La situation dans la ville d’Al-Qods n’est pas moins grave en raison des attaques répétées et des violations commises par des groupes de colons extrémistes qui sont protégés par les forces d’occupation israéliennes, contre les communautés islamiques et religieuses, s’est désolé le haut fonctionnaire.  Il a saisi l’occasion de réaffirmer qu’Al-Qods, capitale de l’État de Palestine, fait partie intégrante de la terre palestinienne occupée en 1967, soulignant la nécessité de préserver le statut juridique et historique des lieux saints islamiques et chrétiens qui s’y trouvent. 

Tout en condamnant fermement la politique israélienne de confiscation des terres, de construction de colonies et d’autres actes similaires de provocation, de violence et de terrorisme à l’encontre du peuple palestinien, de ses terres et de ses biens, le représentant a mis en garde, à cet égard, contre le fait que les pratiques illégales, qui se poursuivent en l’absence de toute dissuasion et de reddition de comptes, encourageront les Israéliens à commettre davantage de crimes et d’attaques contre le peuple palestinien.  À plus d’une occasion, l’OCI a souligné la responsabilité politique, juridique et humanitaire des Nations Unies, en particulier au niveau du Conseil de sécurité, face aux tentatives d’Israël d’imposer un fait accompli sur le terrain, et de se soustraire à ses obligations en vertu des accords et résolutions internationaux.  L’OCI réaffirme qu’aucune sécurité, paix ou stabilité ne peut être réalisée au Moyen-Orient sans une solution juste, globale et durable et conforme au droit international, aux résolutions pertinentes des Nations Unies et à l’Initiative de paix arabe, a déclaré le représentant. 

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a réaffirmé, au nom du Mouvement des pays non alignés, sa solidarité indéfectible avec le peuple palestinien et son soutien à ses droits à l’autodétermination et à l’indépendance, en vue de parvenir à une solution juste et durable de la question palestinienne et à une sécurité véritable au Moyen-Orient.  Il a salué les efforts déployés par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) pour fournir une aide humanitaire et au développement aux 5,8 millions de réfugiés de Palestine.  Face à la grave situation financière à laquelle l’UNRWA est confrontée, le délégué a réitéré son appel aux États Membres pour qu’ils fournissent un soutien financier prévisible afin d’assurer la continuité de ses programmes d’assistance. 

À l’occasion du cinquante-cinquième anniversaire de l’occupation militaire illégale du territoire palestinien par Israël, le Mouvement a réitéré ses appels en faveur d’une intensification des efforts visant à mettre fin à cette injustice et à faire progresser une solution pacifique et juste.  La communauté internationale doit donc agir « immédiatement » pour assumer ses responsabilités et ses obligations envers la question palestinienne, comme l’a demandé le Mouvement dans une déclaration politique, en septembre de cette année.  Il a exprimé à cet égard son profond regret que, malgré des décennies d’engagement de bonne foi aux efforts de paix et en faveur de la solution des deux États, le sort du peuple palestinien s’est aggravé.  Pendant que le Conseil de sécurité reste paralysé sur cette question, la situation ne fait en effet que se détériorer, a déploré le délégué, et elle devrait inciter la communauté internationale à prendre des mesures urgentes pour tenir Israël, Puissance occupante, responsable des violations qu’elle commet et les faire cesser, y compris les activités illégales de colonisation du territoire palestinien occupé. 

Le Mouvement des pays non alignés réitère également sa demande de levée immédiate du blocus illégal de la bande de Gaza par Israël, qui continue à porter gravement atteinte à tous les aspects de la vie de la population civile palestinienne.  De même, l’absence d’établissement des responsabilités pour les violations commises par Israël continue d’alimenter une culture d’impunité et de déstabiliser la situation sur le terrain, tout en diminuant les perspectives de paix, s’est inquiété le représentant.  Pour y mettre fin, il a demandé l’admission de l’État de Palestine aux Nations Unies en tant qu’État Membre à part entière, afin de lui permettre de prendre la place qui lui revient au sein de la famille des nations. 

M. SHAWAN JABARIN, Directeur général de l’ONG Al-Haq, militant des droits de l’homme et premier Palestinien à être reconnu par Amnesty International comme prisonnier d’opinion, a tout d’abord regretté de ne pas être présent à New York, son visa lui ayant été refusé malgré l’invitation officielle des Nations Unies.  Il ensuite rappelé que l’occupation par Israël du Territoire palestinien est entrée dans sa cinquante-sixième année et que 75 ans ont passé depuis la résolution de l’Assemblée générale prévoyant la partition de la terre de Palestine.  Pour le peuple palestinien, a-t-il souligné, cela signifie trois quarts de siècle de dépossession, d’appropriation des terres, de fragmentation imposée, d’exil et de persécution.  Dans le même temps, Israël met en œuvre ses politiques et ses pratiques discriminatoires contre le peuple palestinien, élargissant et enracinant son « régime colonial d’apartheid », a dénoncé le militant, qui a constaté que le peuple palestinien continue de se voir refuser la réalisation de son droit inaliénable et internationalement reconnu à l’autodétermination. 

Alors que le territoire de l’État palestinien que prévoyait l’Assemblée générale devient de plus en plus fragmenté, du fait de l’annexion de facto et de l’expansion rapide de la colonisation, et que ces actes d’agression violant l’intégrité territoriale de la Palestine se poursuivent sans relâche depuis des décennies, M. Jabarin a appelé à faire cesser l’impunité dont jouit ce projet.  L’absence de responsabilité encourage les auteurs à poursuivre leurs crimes internationaux, a-t-il déploré, avant de fustiger les lois adoptées par Israël pour réprimer systématiquement toute résistance et opposition à son « régime colonial d’apartheid ».  Dans ce contexte de meurtres, de détentions arbitraires, de tortures et de châtiments collectifs, les défenseurs des droits humains sont qualifiés de terroristes afin d’être réduits au silence et d’empêcher la documentation des crimes internationaux, a ajouté le militant, regrettant que la communauté internationale continue d’être réticente à appliquer ses propres instruments de droit international pour mettre fin à cette occupation et à tous les actes illégaux qui y sont associés. 

Afin de redonner espoir au peuple palestinien dans sa lutte pour la liberté, la justice et la dignité, il importe selon lui que les États Membres reconnaissent que la situation en Palestine est caractérisée par le colonialisme et l’apartheid, et qu’ils assument leurs responsabilités internationales pour mettre un terme à cette situation illégale.  Dans ce cadre, M. Jabarin a jugé impératif que l’Assemblée générale reconstitue le Comité spécial de l’apartheid des Nations Unies et le Centre des Nations Unies contre l’apartheid.  Il a également exhorté le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) à accélérer l’enquête sur les crimes commis dans les territoires palestiniens occupés depuis juin 2014 et les États Membres à assurer la protection de la société civile palestinienne, en coordination avec la CPI.  De même, il a demandé à la communauté internationale, et en particulier aux États du Nord, d’abandonner la sélectivité et le « deux poids, deux mesures », dans la mise en œuvre du droit international.  Pour que la paix se matérialise, il faut démanteler les systèmes de persécution et de colonisation, a-t-il conclu. 

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