Soixante-dix-septième session,
21e séance plénière - matin
AG/EF/3576

La Deuxième Commission adopte, par vote, deux projets de résolution mettant Israël face à ses responsabilités

Réunie pour la première fois depuis la fin de ses débats de fond, la Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières, a adopté, ce matin, les deux premiers projets de résolution de cette session, qui ont nécessité des votes enregistrés.  Les deux textes ont fait l’objet de critiques de la part des États-Unis et d’Israël.  La Commission a également entendu la déléguée du Pakistan, parlant au nom du Groupe des 77 et la Chine, présenter 32 projets de résolution sur lesquels les délégations travaillent encore.

Le projet sur la marée noire sur les côtes libanaises a été adopté par 150 voix pour, 8 voix contre et 5 abstentions.  Un tel texte est adopté pour la dix-septième année consécutive, faisant suite à la catastrophe écologique que l’armée de l’air israélienne avait provoquée le 15 juillet 2006 en détruisant des réservoirs de carburant situés dans le voisinage immédiat de la centrale électrique de Jiyeh.  Il se préoccupe, chaque année, des conséquences néfastes de cette catastrophe pour la réalisation du développement durable au Liban et appelle Israël à dédommager rapidement et convenablement le Gouvernement libanais ainsi que les autres pays directement touchés.

Israël a jugé cette résolution inutile, de même que les États-Unis qui ont toutefois saisi cette occasion pour saluer la décision historique difficile atteinte entre Israël et le Liban de parvenir à un accord sur les limites maritimes entre les deux pays.  Le Liban, qui s’est exprimé après le vote, s’est pour sa part réjoui que la majorité des États Membres ait voté pour le projet, exigeant d’Israël qu’il assume enfin ses responsabilités financières quant à cette marée noire.

La Deuxième Commission a ensuite adopté, par 151 voix pour, 7 voix contre et 10 abstentions, un projet de résolution relatif à la souveraineté permanente du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles.  Ce texte exige d’Israël, Puissance occupante, qu’il cesse d’exploiter, d’altérer, de détruire, d’épuiser et de mettre en péril les ressources naturelles de ces territoires.  Il exprime aussi l’espoir que cette question soit réglée dans le cadre des négociations entre les parties palestinienne et israélienne relatives au statut final.

Là encore, les États-Unis et Israël ont dénoncé un parti pris.  Le représentant d’Israël a qualifié de « vieille tradition » le fait qu’Israël demeure le seul pays pointé du doigt dans le concert des nations, non pas par une résolution, mais par deux.  Pour la République arabe syrienne, ces territoires sont arabes et reviendront, tôt ou tard, à leurs propriétaires arabes légitimes et, pour l’État de Palestine, le vote massif en faveur du projet illustre de manière indéniable le soutien des États Membres au droit international humanitaire et aux Conventions de Genève.

En fin de séance, après la présentation d’une trentaine de projets de résolution encore à l’étude, la Présidente de la Deuxième Commission, Mme Lachezara Stoeva, a exhorté les États Membres à être « souples et gentils » les uns avec les autres pour trouver un accord sur les textes en suspens, et ainsi achever les travaux de la Commission le 23 novembre, comme prévu.

La prochaine séance publique de la Deuxième Commission sera annoncée dans le Journal des Nations Unies

DÉCISION SUR LES PROJETS DE RÉSOLUTION

Développement durable

Le projet de résolution intitulé « Marée noire sur les côtes libanaises » (A/C.2/77/L.20) a été adopté par 150 voix pour, 8 voix contre (Australie, Canada, États fédérés de Micronésie, États-Unis, Îles Marshall, Israël, Nauru et Palaos) et 5 abstentions (Burundi, Cameroun, Guatemala, Rwanda et Soudan du Sud).  Avec ce texte, l’Assemblée se déclarerait de nouveau préoccupée, pour la dix-septième année consécutive, de la catastrophe écologique que l’armée de l’air israélienne a provoquée en détruisant, le 15 juillet 2006, des réservoirs de carburant situés dans le voisinage immédiat de la centrale électrique de Jiyeh, et de ses conséquences néfastes pour la réalisation du développement durable au Liban.

Prenant acte des conclusions du rapport du Secrétaire général indiquant que les dommages subis par le Liban se chiffraient en 2014 à 856,4 millions de dollars, l’Assemblée générale le prierait, par ce texte, d’engager les organismes et institutions des Nations Unies et les autres organisations ayant participé à l’évaluation initiale des dégâts écologiques à entreprendre une nouvelle étude s’appuyant notamment sur les travaux initialement menés par la Banque mondiale en vue de mesurer et quantifier les dommages causés à l’environnement des pays voisins.

En adoptant ce texte, l’Assemblée demanderait de nouveau au Gouvernement israélien d’assumer sa responsabilité de dédommager rapidement et convenablement le Gouvernement libanais ainsi que les autres pays directement touchés par la marée noire, tels que la République arabe syrienne.

Explications avant le vote 

Les États-Unis ont salué la décision historique difficile entre Israël et le Liban de parvenir à un accord sur les limites maritimes entre les deux pays.  Le représentant s’est dit déçu de voir présenter « la même résolution que d’habitude, qui ne sert à rien » et ne fait que détourner les efforts à l’égard de la paix en délégitimant une fois de plus Israël.

Explications après le vote 

Israël a estimé que cette résolution ne « sert à rien » et qu’elle fait perdre du temps et des ressources aux Nations Unies.  Elle n’a été qu’un exercice de futilité, selon lui, « elle ainsi que les 16 autres qui l’ont précédé ».  Il a rappelé que « les événements » de l’époque ont été le résultat direct d’un conflit enclenché par les terroristes du Hezbollah, soutenus par l’Iran, et que le Hezbollah a tiré des milliers de missiles contre Israël.  Où sont les condamnations contre ces actes de terrorisme? s’est-il exclamé.  En contraste avec ces accusations, la situation économique s’est « grandement améliorée » au Liban, a affirmé Israël.

Le Liban s’est réjoui que la majorité des États Membres ait voté pour le projet.  « Le temps n’efface pas l’impunité », ni « les blessures contre la nature », injustifiées, quelles que soient les circonstances, a souligné le Liban, avant d’exiger d’Israël qu’il assume enfin ses responsabilités financières quant à cette marée noire.

Souveraineté permanente du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles

Par le projet de résolution intitulé « Souveraineté permanente du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles » (A/C.2/77/L.14), adopté par 151 voix pour, 7 voix contre (Canada, États fédérés de Micronésie, États-Unis, Îles Marshall, Israël, Nauru et Palaos) et 10 abstentions, l’Assemblée générale réaffirmerait les droits inaliénables du peuple palestinien et de la population du Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles, notamment leurs terres et les ressources en eau et en énergie.  Elle exigerait d’Israël, Puissance occupante, qu’il cesse d’exploiter, d’altérer, de détruire, d’épuiser et de mettre en péril les ressources naturelles du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et du Golan syrien occupé.

Elle reconnaîtrait le droit du peuple palestinien de demander réparation si ses ressources naturelles sont exploitées, altérées, détruites, épuisées ou mises en péril par suite de mesures illégales prises par Israël ou des colons israéliens dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et exprimerait l’espoir que cette question soit réglée dans le cadre des négociations entre les parties palestinienne et israélienne relatives au statut final.  Elle soulignerait que l’édification d’un mur et l’implantation de colonies par Israël dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est et alentour, sont contraires au droit international et dépossèdent gravement le peuple palestinien de ses ressources naturelles.  Elle demanderait, à cet égard, le respect intégral des obligations juridiques énoncées dans l’avis consultatif donné le 9 juillet 2004 par la Cour internationale de Justice, ainsi que dans les résolutions pertinentes de l’ONU.

Par ce texte, elle demanderait à Israël de s’acquitter scrupuleusement des obligations que lui impose le droit international et de mettre un terme immédiatement et complètement à toutes les politiques et mesures visant à modifier le caractère et le statut du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est.  Elle lui demanderait aussi de mettre fin à toute intervention, y compris celle des colons israéliens, portant atteinte à l’environnement.  Elle demanderait en outre à Israël de mettre fin à la destruction d’équipements essentiels, notamment de réseaux d’adduction d’eau, d’assainissement et d’alimentation en électricité, ainsi qu’à la démolition et à la confiscation de logements, d’infrastructures civiles, de terres agricoles et de puits palestiniens.

Via ce document, elle demanderait à Israël, Puissance occupante, de lever tous les obstacles à l’exécution des projets environnementaux essentiels, y compris la construction de stations d’épuration des eaux usées dans la bande de Gaza.  Elle demanderait également à Israël de ne pas entraver le développement de la Palestine, ainsi que les exportations des réserves de pétrole et de gaz naturel qui y ont été découvertes.

Explications avant le vote

Au nom de l’Union européenne, en faveur du projet de résolution, la République tchèque a dit que l’utilisation du terme « Palestine » dans le texte ne peut être considérée comme étant une reconnaissance d’un État de Palestine sans préjuger des positions des États Membres sur cette question.

Les États-Unis ont estimé qu’Israéliens et Palestiniens méritent de vivre en paix dans la sécurité et la dignité.  Le représentant s’est dit déçu que la Deuxième Commission ait choisi d’examiner ce projet de résolution déséquilibré et de parti pris contre Israël, indiquant que les États-Unis sont contre ce projet.

Explications après le vote

La République arabe syrienne a reproché à Israël de priver le peuple syrien de 6 000 hectares de territoire agricole fertile, menaçant sa sécurité alimentaire et hydrique, et de commettre des violations du droit international humanitaire s’empilant sur de nombreuses autres.  Les confiscations de territoire privé syrien, l’élargissement des colonies, les restrictions de déplacement aux non-Israéliens vivant en territoire occupé en sont autant d’illustrations.  Or, ces territoires sont arabes, et reviendront, tôt ou tard, à leurs propriétaires arabes légitimes, a décrété la Syrie.

Israël a jugé préoccupante l’opération de diabolisation menée contre Israël par les auteurs du projet.  Il a qualifié de « vieille tradition » le fait qu’Israël demeure le seul pays pointé du doigt dans le concert des nations, non pas par une résolution, mais par deux.  Il a jugé le libellé malhonnête et a dénoncé un refus du dialogue.

Déclarations après le vote

Pour l’État de Palestine, le soutien au projet illustre de manière indéniable le soutien des États Membres au droit international humanitaire et aux Conventions de Genève.  Il a appelé à agir pour faire porter à Israël la responsabilité qui lui incombe en cas de violation des droits humains au mépris de la Charte des Nations Unies, réitérant le fait que l’État de Palestine n’acceptera jamais la déshumanisation à son encontre, continuera de dénoncer les injustices dont il est victime depuis plus de 70 ans et luttera pour son droit à l’autodétermination et à l’utilisation de ses ressources naturelles.

Présentation de projets de résolution 

La représentante du Pakistan a présenté 32 projets de résolution:

  • Vers un nouvel ordre économique international  A/C.2/77/L.2  
  • Rôle des Nations Unies dans la promotion du développement à l’heure de la mondialisation et de l’interdépendance  A/C.2/77/L.3  
  • Les technologies de l’information et des communications au service du développement durable  A/C.2/77/L.4  
  • Commerce international et développement  A/C.2/77/L.5  
  • Système financier international et développement  A/C.2/77/L.6  
  • Soutenabilité de la dette extérieure et développement A/C.2/77/L.7  
  • Promotion de la coopération internationale dans les domaines de la lutte contre les flux financiers illicites et du renforcement des bonnes pratiques en matière de recouvrement des avoirs pour favoriser le développement durable  A/C.2/77/L.8  
  • Promouvoir l’investissement en faveur du développement durable  A/C.2/77/L.9  
  • Suivi et mise en œuvre des textes issus des Conférences internationales sur le financement du développement A/C.2/77/L.10  
  • Migrations internationales et développement A/C.2/77/L.12  
  • Éliminer la pauvreté en milieu rural en vue de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030  A/C.2/77/L.13 
  • Promouvoir des modes de consommation et de production durables pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, en faisant fond sur Action 21 A/C.2/77/L.21 
  • Suivi et application des Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (Orientations de Samoa) et de la Stratégie de Maurice pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement  A/C.2/77/L.22  
  • Vers le développement durable de la mer des Caraïbes pour les générations présentes et à venir  A/C.2/77/L.23  
  • Activités relatives à la troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2018-2027)  A/C.2/77/L.24  
  • Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition  A/C.2/77/L.25 , 
  • Coopération pour le développement industriel  A/C.2/77/L.26  
  • Application de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique  A/C.2/77/L.29 
  • Rapport de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement du Programme des Nations Unies pour l’environnement A/C.2/77/L.30  
  • Sauvegarde du climat mondial pour les générations présentes et futures  A/C.2/77/L.31  
  • Application de la Convention sur la diversité biologique et contribution au développement durable   A/C.2/77/L.32  
  • Suivi de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés A/C.2/77/L.33 
  • Réduction des risques de catastrophe   A/C.2/77/L.35   
  • Suivi de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral  A/C.2/77/L.36 
  • Activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies   A/C.2/77/L.37  
  • Application des décisions prises par la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains et la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable et renforcement du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat)  A/C.2/77/L.39  
  • Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable  A/C.2/77/L.41 
  • Lutte contre les tempêtes de sable et de poussière  A/C.2/77/L.42  
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