Soixante-dix-septième session,
Réunion conjointe avec l’ECOSOC – matin; 13e séance plénière – après-midi
AG/EF/3570-ECOSOC/7105

L’ECOSOC et la Deuxième Commission réfléchissent à de nouveaux moyens d’éradiquer la pauvreté

« Nous sommes aujourd’hui dans l’œil du cyclone, mais il ne faut pas que l’histoire se souvienne de nous comme de la génération qui n’a rien fait contre la pauvreté. »  C’est ainsi que Mme Rabab Fatima, Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, a posé le débat conjoint que le Conseil économique et social (ECOSOC) et la Deuxième Commission (questions économiques et financières) ont consacré, ce matin, aux nouvelles perspectives sur l’éradication de la pauvreté.

Face aux profondes crises auxquelles le monde est confronté, les objectifs de développement durable (ODD) sont menacés, à commencer par le premier: l’éradication de la pauvreté, ont martelé Mme Lachezara Stoeva, qui est à la fois Présidente de la Deuxième Commission et de l’ECOSOC, M. Li Junhua, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, et Mme Rabab Fatima.

La pandémie de COVID-19, la guerre en Ukraine, la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie sont en effet synonymes de pauvreté pour des dizaines de millions de personnes dans le monde.  Mme Fatima a indiqué le chiffre de plus de 70 millions de personnes tombées dans la pauvreté extrême en 2021.  M. Li a précisé que la pauvreté extrême se concentre en Afrique subsaharienne et qu’elle est aussi un phénomène rural à 90%.  Il a appelé à améliorer les modes de production agricole, mais aussi à mieux connecter la ruralité à l’urbanité.

Mme Fatima a recommandé aux pays concernés d’augmenter l’accès à la protection sociale universelle à l’horizon 2030, et aux pays développés de respecter leurs engagements publics en matière d’investissement, de financement, de transfert de technologie et d’aide publique au développement (APD).  Elle a par ailleurs suggéré aux institutions financières internationales de résoudre la crise de la dette des pays en développement.

Au cours de la table ronde, modérée par Mme Sakiko Fukuda-Parr, membre du Comité des politiques de développement des Nations Unies, les panélistes se sont attardés sur les multiples dimensions de la pauvreté.  Par exemple, le professeur Adil Najam (Boston University) a attiré l’attention sur le lien entre changements climatiques et pauvreté, plaidant pour une justice climatique.  S’ils ne sont pas maîtrisés, les changements climatiques feront tomber plus de 130 millions de personnes dans la pauvreté au cours des prochaines années, a précisé M. Li.

Le professeur Robert Walker (Oxford University) a, quant à lui, évoqué le concept de « maltraitance institutionnelle » envers les pauvres et a souligné combien le système actuel favorise les pays riches et pénalise les plus pauvres.  Dans la même veine, Mme Maryann Broxton, d’ATD Quart Monde, a dénoncé le fait de reléguer les pauvres à l’arrière-plan et a suggéré qu’ils soient véritablement placés au centre des politiques de lutte contre la pauvreté.  M. Walker a appelé à ce qu’il y ait moins d’appels et de recommandations de la part des Nations Unies, et davantage d’obligations imposées.  Il a en fait souhaité une « nouvelle gouvernance mondiale », plus puissante et contraignante.

Après l’intervention des orateurs principaux et des différents panélistes, des délégations ont pris la parole pour exprimer leurs points de vue sur l’éradication de la pauvreté, s’interrogeant sur les divers moyens d’y faire face.

La thématique de la pauvreté a continué à mobiliser la Deuxième Commission, cet après-midi, lorsqu’elle a repris et terminé sa discussion générale au titre du développement durable, entamée hier.  L’urgence d’atténuer les changements climatiques et de réduire les risques de catastrophe a en particulier été soulignée, nombre de délégations appelant au respect des engagements de verser 100 milliards de dollars, par an, pour le financement des mesures d’atténuation et d’adaptation dans les pays en développement.  Beaucoup misent sur la prochaine COP27 de Charm el-Cheikh, en Égypte, pour qu’une feuille de route ambitieuse sur cette question soit adoptée.

Les travaux de la Commission doivent rétablir le lien entre les différentes dimensions du développement durable, ont mis en avant certaines délégations, défendant une approche intégrée et holistique pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Transformer les engagements politiques en actions concrètes, tel est le leitmotiv qui s’est imposé au cours de cette journée et demie consacrée au développement durable, dans l’objectif ultime de ne laisser personne de côté.

La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 12 octobre, à partir de 10 heures.

RÉUNION CONJOINTE DE LA DEUXIÈME COMMISSION ET DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Nouvelles perspectives sur l’élimination de la pauvreté - Des idées pour parvenir à un relèvement durable

Déclarations liminaires

Mme LACHEZARA STOEVA, Présidente de la Deuxième Commission et du Conseil économique et social (ECOSOC), a ouvert cette réunion conjointe entre les deux instances sur le thème suivant: « Nouvelles perspectives sur l’élimination de la pauvreté – Des idées pour parvenir à un relèvement durable ».  Face aux profondes crises auxquelles le monde est confronté, les objectifs de développement durable (ODD) sont menacés, a d’emblée souligné Mme Stoeva.  « Nous devons reconstruire et nous relever », et l’un des éléments essentiels de cette reprise doit être de trouver de nouveaux moyens de faire face à l’élimination de la pauvreté.  La Présidente a précisé que la Deuxième Commission consacre une partie de ses travaux à la pauvreté et à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, dont le premier ODD est l’éradication de la pauvreté.  La troisième Décennie des Nations Unies pour l’éradication de la pauvreté (2018-2027) figure également à son programme.  Mais la situation évolue et des approches innovantes pour régler le problème s’imposent, a-t-elle relevé.

La Présidente de la Deuxième Commission a ensuite fait remarquer que l’ECOSOC œuvre également en ce sens et vise à promouvoir une action intégrée pour parvenir à l’éradication de la pauvreté.  Elle a attiré l’attention sur la nécessité de travailler avec différents organes du système des Nations Unies, arguant que si nous voulons éliminer la pauvreté de manière durable, nous devons comprendre les différentes dimensions de ce phénomène.

M. LI JUNHUA, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a d’abord annoncé que les ODD sont menacés et que les communautés souffrent de la pauvreté et du manque d’accès à l’eau potable, entre autres.  La pandémie a inversé la tendance, bien fragile, du recul de la pauvreté.  « Quatre ans de progrès ont été effacés, nous n’avons pas été capables d’inverser la tendance », et la guerre en Ukraine vient ajouter de grandes difficultés.  Les conditions de vie sont à la merci des chocs, a-t-il prévenu.  M. Li a souligné que la communauté internationale ne parviendra à ses fins qu’en reconnaissant des facteurs systémiques à la pauvreté.  Le monde a besoin de projets, de politiques pour éradiquer le phénomène, et doit éviter le court-termisme, a-t-il dit.  Parmi les mesures de long terme, il a recommandé de garantir des services publics efficaces, d’intervenir sur le secteur de l’emploi et de la santé et de mettre en œuvre des programmes efficaces.

Les situations de pauvreté extrêmes se concentrent au niveau mondial en Afrique subsaharienne et l’extrême pauvreté est aussi un phénomène rural à 90%, a-t-il constaté.  M. Li a appelé non seulement à améliorer les modes de production agricole, mais aussi à mieux connecter la ruralité à l’urbanité.  Les gouvernements doivent mieux cibler leurs investissements vers les communautés les plus défavorisées, a-t-il souhaité, ajoutant que l’accès aux nouvelles technologies doit être garanti.  Il a enchaîné en parlant des changements climatiques qui, s’ils ne sont pas maîtrisés, feront tomber dans la pauvreté plus de 130 millions de personnes au cours des prochaines années.  Pour gérer la situation, un renforcement des capacités est nécessaire pour les pays les plus pauvres: « Nous devons honorer les engagements pris lors de la dernière Conférence de l’énergie de septembre, ainsi que ceux pris lors des dernières COP », a souligné M. Li.

De plus, selon le Secrétaire général adjoint, tout un éventail de mesures permettant une croissance inclusive doit être pris.  Le resserrement des conditions monétaires est un phénomène risqué, beaucoup de pays sont endettés et menacés de banqueroute, a-t-il remarqué, en conseillant d’imaginer de nouveaux outils pour ces pays et de prendre des mesures radicales pour qu’adviennent des sociétés plus inclusives partout dans le monde.

Table ronde

Mme RABAB FATIMA, Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral, les petits États insulaires en développement, après avoir énuméré les taux de pauvreté en hausse depuis que la pandémie de COVID-19 a frappé, a déclaré que le premier objectif de développement durable sur l’éradication de la pauvreté est gravement menacé.  Elle a appelé à inverser cette tendance en insistant sur le fait qu’en deux ans, le monde a perdu 8 à 10 ans d’avancée.  La guerre en Ukraine rend les choses encore plus difficile et la situation est tout à fait inédite avec l’aggravation des inégalités.  Plus de 70 millions de personnes ont été poussées dans la pauvreté extrême en 2021.  Si l’ODD 1 est hors de portée, une action urgente est nécessaire et le consensus doit prévaloir, a noté Mme Fatima.  À cet égard, les systèmes de protection sont fondamentaux ainsi que les ressources humaines et le capital humain qui doivent être renforcés.  Les pays concernés doivent augmenter l’accès à la protection sociale universelle à l’horizon 2030, accélérer une croissance économique inclusive, faire des investissements massifs pour accroître les capacités de production.

Il faudra également former la jeunesse en misant sur l’éducation et la santé, combler la fracture numérique et mener une politique de l’emploi inclusive y compris le secteur informel, a poursuivi Mme Fatima.  Aux pays développés, la Haute-Représentante a demandé qu’ils respectent les engagements publics en matière d’investissement, de financement, de transfert de technologie et d’aide publique au développement (APD).  Elle a par ailleurs suggéré aux institutions financières internationales de résoudre la crise de la dette des pays en développement.  « Nous sommes aujourd’hui dans l’œil du cyclone mais il ne faut pas que l’histoire se souvienne de nous comme la génération qui n’a rien fait contre la pauvreté. »

M. ADIL NAJAM, professeur et doyen émérite de la Frederick S. Pardee School of Global Studies, Boston University, a évoqué les liens entre changements climatiques et pauvreté.  Il a estimé que le monde est arrivé à l’époque de l’adaptation, qui est devenue une réalité pour beaucoup de populations dans le monde.  Selon M. Najam, les changements climatiques changent la structure fondamentale de la pauvreté, et peut-être sa signification.  « Que signifie l’inégalité climatique? », a-t-il demandé.  Si nous n’arrivons pas à limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius, des millions des personnes vont tomber ou retomber dans la pauvreté, a averti M. Najam.  Il a plaidé en conclusion pour la justice climatique.

Le professeur ROBERT WALKER, professeur à l’Académie chinoise de gestion sociale/école de sociologie à l’Université normale de Beijing, professeur émérite et membre émérite du Green Templeton College de l’Université d’Oxford, a illustré son point de vue par visioconférence depuis Beijing, en présentant une enquête que l’ONG française ATD Quart Monde a menée auprès de centaines de personnes pauvres.  De cette enquête ressort le concept de « maltraitance institutionnelle », soit le fait pour un pauvre de se sentir davantage comme un numéro de dossier que comme un individu devant les administrations, et celui des « contributions non reconnues », soit le fait que les apports des pauvres à la société, en qualité d’aidant, par exemple, ne soient pas reconnus.  M. Walker a ensuite montré les résultats d’une autre enquête, menée en Chine, illustrant les différentes dimensions et éléments composant un indice nommé « indice de pauvreté multidimensionnel ».

Dans les pays à faible à revenu, le coût d’éradication de la pauvreté est finalement faible en valeur absolue, a-t-il fait remarquer.  Il a relevé en même temps que le financement des régimes de protection sociale (accès à la santé et à l’éducation), crucial sur le long terme, est, lui, élevé.  Mais « on pourrait très bien imaginer une taxe carbone, une taxe sur les profits des multinationales ou une taxe sur les transactions financières » pour financer ces régimes, a préconisé le professeur.

Il a souligné combien le système actuel favorise les pays riches et pénalise les plus pauvres, regrettant que la population des pays développés soit finalement peu au courant de ces réalités.  Le pari de M. Walker est de montrer que les Nations Unies sont la preuve qu’il faut de l’optimisme, car elles sont le « gouvernement du monde ».  Il a appelé à ce qu’il y ait moins d’« appels à », moins de recommandations de la part des Nations Unies, et davantage d’obligations imposées.  Il a en fait souhaité une « nouvelle gouvernance mondiale », plus puissante et contraignante.  « Le bien-être doit s’imposer aux gouvernements du monde », a-t-il déclaré.

Mme MARYANN BROXTON, Codirectrice du projet de recherche Aspects multidimensionnels de la pauvreté (MAP) à ATD Quart Monde, Boston, a dénoncé le fait de reléguer à l’arrière-plan les pauvres.  Débusquant les dimensions et les coûts cachés de la pauvreté, elle a demandé d’inclure les exclus, notamment d’intégrer les femmes et les jeunes dans la vie publique en leur donnant accès aux pouvoirs et à la prise de décisions.  S’agissant des dimensions de la pauvreté, elle a identifié la soumission comme étant la première, celle qui en entraîne d’autres.  Il faut valoriser les personnes comme telles, a-t-elle recommandé.  Elle a aussi déploré le fait que les pauvres n’ont pas « le luxe » d’avoir un choix.  Comme antidotes de la pauvreté, Mme Broxton a proposé de comprendre ce qu’est réellement ce phénomène des pauvres.  Elle a demandé qu’ils soient les premiers concernés par les politiques contre la pauvreté.  Puis, elle a fait la description de la pauvreté aux États-Unis où le phénomène se manifeste par de nombreuses inégalités.  Dans ce pays, 2 900 personnes sont mortes de la COVID-19 durant la première semaine d’octobre 2022, a-t-elle donné en exemple.  C’est presque autant que le nombre des victimes de l’attentat du 11 septembre 2001, a-t-elle comparé.  Elle a attiré l’attention sur le fait que ce sont eux qui souffriront des conséquences à long terme de cette maladie, du fait de leur pauvreté.  Pour éradiquer la pauvreté, il faut que les pauvres puissent être écoutés et il faut proposer des voies pour avancer, a-t-elle conclu.

Dialogue avec les États Membres

Après l’intervention des orateurs principaux et des différents panélistes, Mme SAKIKO FUKUDA-PARR, membre du Comité des politiques de développement des Nations Unies et modératrice du dialogue avec les États Membres, s’est interrogée sur la dimension genre dans la pauvreté et sur les cadres permettant de mesurer la pauvreté, avant de laisser les délégations prendre la parole.

Au nom des pays en développement sans littoral (PDSL), le Botswana s’est dit très préoccupé par les impacts sans précédent et multidimensionnels de la pandémie sur ces pays, ce qui affaiblit leurs efforts de reprise.  Les PDSL doivent adopter une approche holistique et revitaliser les partenariats, a-t-il souligné.  Pour l’Union européenne (UE), travailler sur l’inclusivité est devenu plus important que jamais et l’UE est déterminée à trouver des solutions multilatérales avec les pays les moins avancés et d’autres partenaires.  Le représentant a estimé qu’il faut renforcer la résilience des pays les plus vulnérables, en s’attaquant à toutes les formes d’inégalités.

Au nom des pays les moins avancés (PMA), le Malawi a rappelé que plus de la moitié des personnes vivant dans la pauvreté extrême se trouvent dans les PMA.  Si des progrès avaient été enregistrés pour faire reculer la pauvreté, ils ont été anéantis par la pandémie de COVID-19 et la situation géopolitique mondiale, a-t-il remarqué, en soulignant aussi que l’indice de développement humain a diminué dans les PMA.  Il a insisté sur l’importance de la protection sociale universelle, du développement des technologies et de l’économie numérique.

La hausse des taux d’intérêt, le risque de surendettement et de récession ont été évoqués par le Pakistan, qui a rappelé que les banques et le FMI disposent de beaucoup d’argent.  La restructuration du système financier et de l’architecture de la dette est essentielle pour lutter contre la pauvreté, a-t-il plaidé.

Sur la question des ressources financières, l’Italie a également estimé que les fonds existent et qu’il suffit de les mobiliser.  Le pays s’est engagé à allouer 20% de sa part de droits de tirage spéciaux (DTS) aux pays qui en ont le plus besoin.  La Pologne a attiré l’attention sur la nécessité de comprendre que les crises régionales ont des conséquences mondiales.  Le pays est favorable au renforcement de la coopération régionale pour un « vrai » multilatéralisme, en particulier en faveur des plus pauvres et des plus vulnérables.

Le Mexique a remarqué que la pauvreté avait différents visages selon les pays, les zones rurales ou urbaines, les origines ethniques, notamment africaines ou autochtones, et a donc appelé à la prise en compte d’un indice multidimensionnel de la pauvreté prenant aussi en compte les questions de genre.

En République dominicaine, 20% de la population vit dans des conditions de pauvreté extrême, ces chiffres n’ayant pas vraiment évolué du fait de la pandémie, tandis que la Côte d’Ivoire a remarqué que l’indice de développement humain dans le monde, et particulièrement dans la région du Sahel, s’était considérablement dégradé ces deux dernières années.

La Chine a réclamé que les pays en développement soient mieux accompagnés par la communauté internationale.  Il est possible d’éradiquer la pauvreté, comme cela a été fait en Chine, à condition d’« adopter le bon chemin ».  Le Zimbabwe s’est dit préoccupé du fossé se creusant entre les économies avancées et les autres, qu’il soit numérique, relatif à l’accès aux vaccins, ou au financement de la dette.

Haïti a appelé à mobiliser tous les moyens pour la relance coordonnée et décisive pour affronter les retombées de la pandémie.  Il a appelé les pays développés à respecter leurs engagements et ne laisser personne pour compte.  Haïti fait face à une instabilité politique paralysant l’économie et, de plus, la diaspora a drastiquement baissé ses transferts de fonds, déstabilisant encore plus l’économie.  Le financement haïtien du Programme de développement durable à l’horizon 2030, « Front commun pour les ODD », favorise la coopération Sud-Sud.

Les États-Unis ont évoqué la guerre en Ukraine, puis ont parlé des avantages de mobiliser le secteur privé pour atteindre les ODD.  La Croatie a mis l’accent sur l’aide à apporter aux femmes et aux enfants vivant en situation de conflit et sur la notion de la responsabilité de protéger.  Elle a demandé à Mme Broxton comment faire davantage participer les pays à faible revenu aux discussions qui les concernent directement.

La Fédération de Russie a pointé le fait que les problèmes économiques ont commencé bien avant la situation en Ukraine.  Les pics de prix ont par exemple commencé à cause de la pandémie, des politiques irréfléchies de banques centrales, des sanctions unilatérales, des politiques énergétiques irréfléchies qu’il a assimilées à de « l’extrémisme vert ».  Il est important de ne pas perturber les marchés, les transports de marchandises, par de nouvelles sanctions.  Il faut aussi regarder la situation avec un esprit clair et revenir à la coopération économique internationale.  La République-Unie de Tanzanie a dit avoir intégré le Programme 2030 dans sa politique nationale et avoir fortement progressé dans divers ODD, mais réclame de l’aide internationale pour aller plus avant.

Réponses des panélistes

En réponse à une question sur l’exclusion, Mme Broxton, Codirectrice de projet de recherche à ATD Quart Monde, a dit que ce sont les femmes, en particulier les femmes d’ascendance africaine, qui héritent des emplois les moins bien payés aux États-Unis.  Elle les a exhortées à réagir tout en appelant les hommes à les appuyer y compris dans les tâches ménagères.  Estimant que ces femmes vivent dans l’humiliation, Mme Broxton a annoncé que l’humiliation peut être mesurée dans ses conséquences sanitaires sur les victimes.  À la question de la participation des pauvres, elle a conseillé de les chercher là où ils vivent et de les inclure parce qu’ils savent comment la politique fonctionne.

Interrogé sur la réponse à donner aux impacts des changements climatiques, M. Najam, professeur à Frederick S. Pardee School of Global Studies de l’Université de Boston, a demandé le lancement d’un débat sur la justice climatique.  C’est comme cela qu’on fera émerger des solutions novatrices comme la question de la responsabilité commune mais différenciée.  S’agissant du problème de la dette, il a accusé la structure de la dette d’en être responsable, et non le montant, réitérant le rôle des institutions financières internationales sur ce sujet.  Il a terminé en disant que les changements climatiques offrent une occasion de réfléchir à la pauvreté d’une autre façon parce que nous avons les connaissances et la sagesse nécessaires pour résoudre tous ces problèmes.

Concernant les ressources financières, M. Walker, professeur à l’Académie de la gestion sociale de l’Université normale de Beijing, a suggéré de mettre les ressources déjà disponibles au bon endroit parce que nous savons qu’elles existent, comme la taxation des bénéfices des multinationales ou des transactions financières internationales, ou l’aide publique au développement.  Il a enfin souligné la nécessité de s’attaquer à la discrimination y compris des minorités autochtones et de financer un fonds de protection sociale mondiale.

DÉVELOPPEMENT DURABLE

Clôture de la discussion générale

Mme PORNRAWE POENATEETAI (Thaïlande) a fait remarquer que l’inaction a un coût.  Appelant à renforcer la notion de résilience et l’économie verte, ainsi que l’autosuffisance, la Thaïlande a fait référence au Cadre de Sendai de réduction des risques et de catastrophe.  Elle a appelé à développer des approches intégrées et à enfin passer des promesses aux mises en œuvre, sans délai ni rétropédalage.  Elle a aussi demandé de réduire et de mieux gérer les déchets plastiques.  Elle a appelé à développer un instrument juridiquement contraignant sur ce dernier point.

Mme DOMA TSHERING (Bhoutan) a appelé à créer un partenariat international robuste et à réduire la dépendance aux énergies fossiles, alors que le monde est parvenu à un point de bascule, que des organismes disparaissent, et que la biodiversité est en souffrance.  L'héritage écologique immense du Bhoutan ainsi que son indice de bonheur par habitant innovant ont conduit ce petit pays en développement sans littoral, à l’écosystème montagneux et fragile, à appeler à préserver les zones de glaciers à tout prix.  Les glaciers du Bhoutan se réduisent comme peau de chagrin, sapant les réussites modestes du Bhoutan pour parvenir à réaliser les ODD du 2030, a alerté l’oratrice qui a aussi appelé à défendre l’agriculture des montagnes et le tourisme des montagnes durable.

Mme DRAGANA SCEPANOVIC (Monténégro) a invité à graver dans le marbre les ODD comme l’a fait le Monténégro dont le développement fait partie intégrante de la politique étrangère du pays.  La représentante a encouragé à lutter contre la crise climatique, à préserver l’environnement pour la prochaine génération et à éviter ainsi les catastrophes naturelles.  Le Monténégro fait tout pour diminuer ses émissions qui étaient déjà en baisse de 30% en 2018, a-t-elle assuré.  Le Gouvernement veut renouveler ce succès à l’horizon 2030 et vise une diminution de 40% de ses émissions, a annoncé la déléguée.  Elle a rappelé qu’à la COP27, il faut prendre des mesures décisives et accélérer la mise en œuvre de l’Accord de Paris, notamment le volet sur le renfoncement des capacités et le financement.

M. ROYSTON ALKINS (Guyana) a déploré les réponses inégales aux crises multiples actuelles.  Il a donc exigé d’accélérer la mise en œuvre du Programme 2030 ainsi que les accords internationaux comme les Orientations de Samoa et le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  Pour ce qui est des changements climatiques, il a demandé d’honorer la promesse de 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à financer leurs efforts en matière climatique.  S’agissant de l’insécurité alimentaire, le délégué a indiqué que son gouvernement entend moderniser le secteur agricole en tenant compte de l’environnement pour répondre aux besoins de la population.  Le Guyana vise également à diminuer de 25% les importations alimentaires, a-t-il dit, avant de parler du développement économique du pays qui repose notamment sur un bouquet énergétique et sur la faible utilisation du carbone.

M. JOHN BILLY EKO (Cameroun)a regretté de ne pas être sur la bonne voie pour atteindre les objectifs du 2030, indiquant néanmoins que son pays a adopté une stratégie fondée sur une réponse efficace dans les domaines structurels, notamment l’éducation.  Il a affirmé que le Cameroun joue un rôle clef dans la réponse aux changements climatiques grâce à une capacité de stockage importante du CO2.  Estimant que les pays du bassin du Congo sont « mis de côté », il a demandé plus de partenariats techniques et financiers avec son pays, ainsi que le respect des engagements de 1,1 milliard de dollars pris lors de la COP26 à Glasgow.  Enfin, il a annoncé que son pays s’était fixé l’objectif d’atteindre une part de 25% d’énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici à 2030.

M. DIEGO PARY RODRÍGUE (Bolivie) s’est inquiété de l’existence d’une crise systémique qui ne peut être surmontée que grâce à une approche intégrée du développement durable.  Il a appelé à revitaliser les principes de la Conférence sur l’environnement et le développement durable de Rio de 1992, notamment l’équité et les responsabilités communes, mais différenciées.  Constant que la promesse de fournir 100 milliards de dollars par an de financement climatique, avant 2020, était restée lettre morte, il a appelé les pays développés à compenser dès que possible un manque de ressources qui persistera jusqu’en 2025.  Il a estimé que les États Membres devaient convenir d’un nouvel objectif collectif quantifié pour le financement de l’action climatique, assorti d’un mécanisme de suivi et de reddition de comptes.  Par ailleurs, le délégué a affirmé que l’objectif d’une vie en harmonie avec la nature d’ici à 2050 ne devrait pas se limiter au domaine de la biodiversité mais aussi inclure l’éradication de la pauvreté et des inégalités.  « Le bien-être des peuples est une base indispensable pour la restauration de la Terre Mère », a-t-il conclu.

M. GUILLEM KALLIS BALDRICH (Andorre) a indiqué que les institutions du pays se sont résolument engagées en faveur de la lutte contre les changements climatiques, rappelant toutefois la faiblesse des émissions de l’Andorre dans le calcul du carbone mondial.  Il a mentionné la nouvelle loi andorrane sur la transition énergétique et les changements climatiques, la création d’un fond vert qui garantit que les secteurs économiques ayant le plus fort impact sur l’environnement soient les principaux contributeurs, et encore la loi sur l’économie circulaire.  Soulignant que des avancées ont été réalisées sur l’alignement des différentes feuilles de route nationales avec les ODD, le délégué a rappelé que l’Andorre est un pays de haute montagne, vulnérable aux changements climatiques.  Ainsi, nous travaillons à la préparation d’un événement ministériel parallèle à la COP27 sous le thème « Mettre la montagne au premier plan en tirant parti de l’Année internationale de la montagne 2022 » afin de partager les bonnes pratiques, a-t-il indiqué.  S’agissant de la coopération internationale pour le développement des montagnes, il a rappelé la participation de l’Andorre à des groupes de travail tels que la Communauté de travail des Pyrénées.  Enfin, s’inquiétant de l’augmentation de la faim dans le monde, il a exhorté à réformer de manière urgente les systèmes de production et de consommation alimentaires, indiquant son objectif de réduire ce gaspillage de 50% d’ici à 2030.

M. KOFFI EVARISTE YOBOUETANTIGUA (Côte d’Ivoire) a appelé la communauté internationale à urgemment redoubler d’efforts pour éviter que les crises actuelles ne s’accroissent davantage et n’hypothèquent l’avenir des générations présentes et futures.  À cet égard, nous devons prendre des mesures concrètes et concertées pour promouvoir des modes de développement durables résilients et ouverts à tous, a-t-il prescrit.  Il a précisé que ces modes de développement devront permettre de réduire les émissions de carbone, protéger les ressources naturelles, transformer les systèmes alimentaires, créer de meilleurs emplois et faire avancer la transition vers une économie plus verte, plus inclusive et plus juste.  De même, a-t-il ajouté, pour mieux faire face aux crises actuelles et futures, il est impératif d’investir dans les capacités et les partenariats en matière de données fiables afin de combler les lacunes en matière de statistiques pour atteindre les ODD.

Sur le plan climatique, il a appelé à la mise en œuvre des engagements de l’Accord de Paris afin de maintenir le réchauffement de la planète en dessous de 1,5 degré Celsius.  Il a en outre exhorté les pays développés à respecter leurs engagements d’affecter 0,7% de leur revenu national brut (RNB) à l’aide publique au développement (APD), avec des ressources nouvelles et additionnelles.  Il a aussi appelé à un allégement du fardeau de la dette des pays en développement, afin de leur permettre de dégager les marges budgétaires nécessaires à l’investissement dans la protection sociale et la résilience aux changements climatiques notamment.  Il a expliqué que le Programme social du Gouvernement (PsGouv), lancé en 2019, se présente comme un véritable accélérateur de la mise en œuvre des ODD.

M. BULELANI MANDLA (Afrique du Sud) a constaté que la pandémie de COVID-19 a freiné les efforts déployés par les pays en développement pour atteindre les ODD d’ici à 2030.  Il a souligné que l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes est une condition indispensable pour parvenir à un développement durable.  En conséquence, nous devons concentrer les efforts publics et privés vers ce but et appuyer la création d’emplois.  Il est clair que le Programme 2030 ne sera réalisé que s’il y a une augmentation massive du soutien aux pays en développement, a-t-il argué, précisant qu’un tel soutien est particulièrement nécessaire pour tous les pays africains, les PMA, les pays enclavés et les PEID, ainsi que les pays connaissant des circonstances particulières, y compris ceux sous occupation étrangère.

Alors que nous recherchons des moyens pratiques de reconstruire un avenir durable, ce n’est que par le multilatéralisme que le monde peut résoudre les défis mondiaux, y compris la crise climatique, a indiqué le délégué.  Il a dit espérer que la COP27, qui aura lieu sur le sol africain, permettra de réaliser des progrès substantiels pour surmonter les problèmes de l’Afrique et d’autres pays en développement, en particulier en matière d’adaptation.  À cet égard, il a plaidé pour le renforcement du financement climatique et du transfert de technologies pour assurer le renforcement des capacités pour les pays africains et autres pays en développement.

Mme NOOSHIN TEYMOURPOUR (Iran) a noté que le Rapport de 2022 sur les ODD omet la moindre référence à l’unilatéralisme et aux mesures économiques coercitives unilatérales comme l’un des défis les plus importants auxquels de nombreux pays sont confrontés dans la réalisation du développement durable, et ce, pour des raisons politiques, selon elle.  Comment, dès lors, croire en l’affirmation selon laquelle « personne ne sera laissé pour compte » s’est interrogée la déléguée.  Énumérant les défis environnementaux auxquels est confronté l’Iran, combinés à la violence extrémiste, elle a regretté que les efforts de son pays ne soient pas soutenus par un appui international adéquat.  D’autant que la mise en œuvre effective des conventions environnementales des Nations Unies dépendra de la mise à disposition de ressources financières et du transfert de technologies, que les pays développés n’ont jamais mis en œuvre, a déploré la représentante.  Parmi les principaux défis climatiques auxquels est confronté l’Iran, elle a cité les tempêtes de sable et de poussière.  Une réunion ministérielle régionale sur la « coopération environnementale pour un avenir meilleur » s’est ainsi tenue à Téhéran, en juillet 2022, pour y apporter des solutions collectives, a rapporté la déléguée.  Elle a ensuite énuméré de nombreux chiffres témoignant d’une meilleure inclusion des femmes en Iran, en dépit des contraintes susmentionnées.

Mme OLGA SANABRIA DAVILA (Nicaragua) a estimé que le non-respect par les pays développés de leurs engagements en matière de financement du développement et de lutte contre les changements climatiques est l’un des principaux obstacles à la réalisation du Programme 2030.  Elle a dénoncé l’imposition de mesures coercitives unilatérales qu’elle a assimilées à des « armes de destruction massive », en ce qu’elles obligent les pays ciblés à détourner des ressources plutôt que de les utiliser pour leur développement.  Elle a plaidé pour l’instauration d’un nouvel ordre économique et commercial mondial, reposant sur le principe des responsabilités communes mais différenciées, la justice climatique, la politique de réparation, et une coopération directe et inconditionnelle, en particulier envers les pays les plus vulnérables.  Elle a aussi appelé au respect des engagements pris dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).  La déléguée a insisté sur l’urgence de limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 degré Celsius, soulignant que les pays développés doivent augmenter le financement de l’adaptation et de l’atténuation des effets des changements climatiques.

M. SHU NAKAGAWA (Japon) a rappelé que l’est du Japon avait été frappé, en mars 2011, par un séisme, suivi d’un tsunami, raison pour laquelle le pays attache une grande importance à la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030.  Le délégué a dit attendre beaucoup de l’examen à mi-parcours de ce Cadre et de la réunion de haut niveau prévus à New York, en 2023, dernière occasion avant 2030 d’identifier des solutions innovantes et les nécessaires corrections de trajectoires.  Il a en outre rappelé que la Journée mondiale de sensibilisation aux tsunamis est le 5 novembre et qu’un événement aura lieu la veille, coorganisé par le Bureau des Nations Unies pour la prévention de catastrophes.

Mme INTISAR ETOMZINI (Libye) a déploré que les efforts mondiaux déployés pour atteindre les ODD ne soient pas suffisants et a dénoncé l’ingérence dans les affaires intérieures des pays.  Pour sa part, la Libye a entamé la diversification de ses sources d’énergie et signé des accords pour investir dans les énergies renouvelables, a témoigné la déléguée.  Elle a fait remarquer que le sous-développement et la pauvreté sont des problèmes qui aggravent la situation dans les pays qui souffrent déjà de la désertification et de l’exploitation excessive des forêts.  Les partenaires internationaux devraient aider au transfert de technologies et au renforcement des capacités pour faire face à ces menaces existentielles, a suggéré la représentante.

Mme ALARA İSTEMİL AYDİL (Türkiye) a mis en avant les initiatives turques pour mettre en œuvre le Programme 2030, notamment une série de politiques climatiques comportant 53 cibles pour atteindre la neutralité carbone ainsi que le financement vert.  La part des ressources vertes dans la production d’énergie a atteint 54% en Türkiye, a-t-elle ajouté.

La représentante a ensuite relevé que, chaque année, plus de 2 milliards de tonnes de déchets solides sont produits; dont un tiers n’est pas recyclable.  La pollution plastique devient ingérable pour de nombreuses villes du monde, entraînant des répercussions sur la santé des êtres humains, s’est-elle inquiétée.  Il faut absolument parvenir à une approche zéro déchets, pour réduire les gaz à effet de serre et parvenir à un développement durable urbain, a affirmé l’oratrice, ajoutant que la Türkiye est un pays en pointe dans ce domaine.  Elle a aussi mis en avant la création d’un Conseil consultatif pour l’objectif zéro déchets, précisant que sa délégation prépare un projet de résolution sur ce thème.

Mme NIGAR BAYRAMLI-HAMIDOVA (Azerbaïdjan) a insisté sur l’importance de la coopération internationale pour atténuer les impacts de la pandémie et d’autres crises, afin d’atteindre les ODD et ne laisser personne de côté.  Elle a indiqué que l’Azerbaïdjan a élaboré un plan de développement national avec un volet qui prévoit la diversification économique.  Les objectifs principaux, a-t-elle précisé, sont de créer des villes et des villages durables, de fournir une adduction d’eau potable et de mettre en place d’un environnement durable.  Le Gouvernement a signé avec l’ONU un accord de coopération venant soutenir la mise en œuvre du Programme 2030, a-t-elle encore indiqué.  S’agissant des changements climatiques, elle a dit que le pays vise la réduction de ses émissions de gaz à effet de 40% d’ici à 2030 et met en place des stratégies d’adaptation et d’atténuation, ainsi qu’une politique de résilience environnementale.  Pour ce qui est des tensions géopolitiques, elle a signalé que le Gouvernement entreprend des travaux de relèvement des zones touchées par le conflit, par la création de villes et villages intelligents et par l’exploitation des énergies renouvelables.  Une loi sur les ressources d’énergie renouvelable a d’ailleurs été adoptée, a ajouté la déléguée.

Mme ROSE KEFFAS (Nigéria) a déploré les effets qu’ont la pandémie de COVID-19, les conflits et les catastrophes climatiques sur les économies des pays en développement.  Elle a regretté que les investissements liés au développement durable soient concentrés dans les pays développés et a estimé que les pays enclavés, les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement (PEID) sont étranglés par la dette, les empêchant d’investir dans leur développement durable.  Pour lutter contre les effets des changements climatiques, elle a demandé que les 100 milliards de dollars, par an, promis par les États développés se concrétisent.  Elle a aussi a appelé à la mise en place d’un système commercial mondial « non discriminatoire et équitable » qui profiterait à tous les États.  La représentante a affirmé que son pays a mis en place un programme doté de 125 indicateurs permettant d’évaluer les progrès dans la réalisation des ODD.

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a souligné que son pays s’était concentré sur la lutte contre la pauvreté extrême et l’amélioration de la santé et de l’éducation, tout en reconnaissant que les objectifs dans ces domaines n’avaient pas été atteints, notamment en raison des effets de la pandémie de COVID-19.  Le délégué s’est inquiété des pertes environnementales et affirmé que son pays continuerait à investir dans les énergies vertes, notamment l’hydroélectricité, le solaire et l’hydrogène.  Il a aussi affirmé que des mesures de protection de la biodiversité avaient été entreprises avec d’autres pays de la région.

M. JEEM LIPPWE (Micronésie) a déploré les effets de la pandémie et de la guerre en Ukraine, ainsi que les répercussions de la crise climatique, toujours plus pressante dans son pays.  La Micronésie a rapidement ratifié l’Accord de Paris, les changements climatiques menaçant l’existence même de l’archipel, dont 99% de la superficie est en fait constitué d’eau, a-t-il indiqué.  Il a expliqué que les logements sont construits de plus en plus loin des côtes et que les pécheurs doivent s’aventurer de plus en plus loin pour trouver du poisson.  L’avenir s’inscrit en pointillé pour la Micronésie, s’est alarmé le représentant, avant d’inviter les États Membres à respecter l’objectif de neutralité carbone d’ici à 2050.  L’initiative 30x30, destinée à protéger 30% des océans d’ici à 2030, a aussi été mise en avant par l’orateur.

Mme JOSELYNE KWISHAKA (Burundi) a indiqué l’engagement de son pays à lutter contre la déforestation, saluant le programme national en cours d’exécution EWE BURUNDI URAMBAYE, « Burundi vert et couvert d’arbres dans toute sa totalité ».  Nous voudrions voir dans quelle mesure ce modèle de réussite pourrait être utile à la communauté internationale, a-t-il confié, appelant à saisir l’opportunité d’agir pour créer un avenir plus équitable.  La dégradation de la nature n’est pas seulement une question environnementale, a-t-il par ailleurs estimé, faisant observer qu’elle englobe l’économie, la santé, la justice sociale et les droits de l’homme.  Rappelant que les services fournis par les écosystèmes représentent entre 50 et 90% des moyens de subsistance des ménages ruraux et forestiers pauvres, il a souligné que la nature offre des opportunités commerciales aux communautés pauvres, notamment dans le secteur de l’écotourisme.  La plupart des peuples autochtones dépendent d’écosystèmes sains qui peuvent fournir les systèmes économiques et financiers dont ils ont besoin pour préserver leurs cultures de subsistance, a-t-il aussi fait valoir.

Mgr GABRIELE CACCIA, du Saint-Siège, a appelé à intensifier les efforts pour s’attaquer aux causes profondes des changements climatiques.  Si la réduction progressive de la production d’électricité à partir du charbon constitue un premier pas important dans cette direction, les États doivent redoubler d’efforts pour garantir une élimination complète à long terme, a-t-il appuyé.  Par ailleurs, il a estimé que la transition vers des sources d’énergie durables exige que les États développés prennent en considération la situation et les besoins des pays en développement. 

En outre, il est essentiel de renforcer la résilience des environnements naturels et humains pour résister et s’adapter aux effets négatifs des changements climatiques, a-t-il insisté.  Jugeant encourageant que près de 80% des pays aient abordé la question de l’adaptation par le biais de plans et de lois spécifiques, il a cependant relevé que trop souvent, les initiatives d’adaptation restent fragmentées, sectorielles et conçues sur du court terme.  En outre, il a estimé que les plans d’adaptation aux changements climatiques sont plus efficaces lorsqu’ils incluent une évaluation du risque de catastrophes selon leur échelle, leur fréquence et leur origine.

Mme CAROLINE LAWTON, de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), a relevé qu’il est devenu trop banal de voir la télévision et les journaux faire leurs gros titres sur les ouragans, les inondations et les famines.  Leurs impacts sur les personnes et les communautés sont dévastateurs, et nous n’agissons pas assez vite pour le climat, a-t-elle noté.  Elle a indiqué que la FICR a récemment produit de nouvelles orientations sur la préparation et la réponse aux urgences sanitaires publiques pour aider les gouvernements à évaluer, mettre à jour et renforcer les cadres juridiques nationaux pour les futures pandémies.  Elle s’est félicitée de l’initiative d’alerte précoce du Secrétaire général.  Nous savons que lorsque les alertes précoces conduisent à des actions précoces, nous sauvons des vies, a-t-elle déclaré, notant que lorsque les communautés sont préparées, un événement météorologique extrême ou une urgence sanitaire ne se transforme pas nécessairement en une catastrophe.  Elle a insisté sur l’utilisation de systèmes d’alerte précoce et une plus grande souplesse, ainsi qu’un financement coordonné et prévisible des actions d’anticipation.

Mme SOFJA GILJOVA, de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), a déploré que la part des énergies renouvelables ne représente que 17% du bouquet énergétique mondial alors que dans les pays du G20, la production d’électricité issue d’énergies renouvelables était désormais moins chère en moyenne que le charbon.  En raison de l’augmentation du prix des énergies fossiles récentes, les énergies renouvelables font encore plus sens, a-t-elle ajouté, évoquant en outre les techniques de « stockage de carbone ». 

La représentante a indiqué que les investissements devront doubler pour réussir la transition vers la neutralité carbone, notant que pas moins de 24 000 milliards de dollars devront être reconduits de la production d’électricité issue des énergies fossiles à celle issue d’énergies renouvelables d’ici à 2050.  Le secteur pourrait aussi embaucher 43 millions de personnes d’ici à 2050.  L’oratrice a ensuite fait état du lancement par l’IRENA en collaboration avec les Émirats arabes unis d’une plateforme d’accélération des financements afin de fournir une assistance technique aux pays en développement dans ce secteur.

M. RALF BREDEL, de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a dit prendre très à cœur l’Accord de Paris ainsi que le développement industriel et durable.  Il a cité plusieurs exemples, tels que l’initiative de décarbonisation « industrielle et profonde », en partenariat avec l’Inde et le Royaume-Uni, destinée à stimuler la production de produits sobres en carbone et la promotion de l’hydrogène vert.  Il a aussi fait mention de la tenue, depuis 2020, de consultations sur l’économie circulaire pour s’éloigner du modèle linéaire de production et de consommation.  Il a ensuite appelé à la création d’une alliance mondiale des océans.

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