Soixante-dix-septième session,
4e & 5e séances plénières – matin & après-midi
AG/EF/3566

Deuxième Commission: appels à la solidarité et à des mesures ambitieuses pour surmonter les crises, notamment l’insécurité alimentaire

Face à la gravité des situations sans précédent auxquelles le monde est confronté, les appels à une solidarité renforcée et à un multilatéralisme revitalisé se sont multipliés ce mardi, au deuxième jour de débat général de la Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières.  Chaque délégation a proposé des pistes d’action après avoir égrené les défis qui ne cessent de s’accumuler: l’insécurité alimentaire, la crise énergétique, la flambée des prix des produits de base, la crise sanitaire qui perdure, les effets des changements climatiques, l’insoutenabilité de la dette, la hausse des inégalités, la fracture numérique, les répercussions de la guerre en Ukraine, parmi les principaux.

Il a été tenu compte du fait que les crises actuelles représentent un fardeau supplémentaire pour les pays en développement, qui sont touchés de manière disproportionnée.  Les crises en cascade devraient interpeller le travail de la Deuxième Commission, a lancé le Sénégal, faute de quoi les mêmes approches conduiront aux mêmes effets.  « Avons-nous respecté nos engagements sur la soutenabilité, la viabilité de la dette?  Pourquoi le financement climatique tarde-t-il à se concrétiser? » a interrogé la délégation.

Dans ce contexte, nous ne sommes pas sur la bonne voie pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et ses 17 objectifs, ont convenu nombre de délégations.  Il faut agir dès aujourd’hui pour sauver le Programme 2030, avec ambition, pragmatisme et inclusivité, a résumé la Thaïlande.  Si la solidarité n’est pas placée au centre de « Notre programme commun », nous continuerons à perdre de la biodiversité, de l’emploi et surtout des opportunités de trouver des solutions effectives aux problèmes, ce qui perpétuerait le cercle vicieux de la pauvreté, a ajouté le Panama.

Aucun pays ne peut en effet faire face aux défis actuels tout seul, ont martelé les délégations.  Un multilatéralisme revitalisé et résilient ainsi qu’un renforcement de la coopération mondiale et régionale, menés de manière inclusive, durable, transparente et démocratique sont nécessaires afin de lutter contre les inégalités et faire face à d’autres défis, selon les mots de la République démocratique populaire lao.

La faim dans le monde a augmenté et touche une personne sur 10, a relevé la République-Unie de Tanzanie, ce qui est extrêmement préoccupant quand on veut parvenir à la faim zéro, objectif de développement durable n° 2, après l’élimination de la pauvreté (ODD 1).  L’insécurité et les pénuries alimentaires ont attiré l’attention de beaucoup de délégations, qui ont appelé à prendre des mesures concrètes et immédiates, mais ont aussi fait observer qu’il était possible de sortir de cette crise, à condition encore une fois d’agir ensemble.

Certains ont suggéré de modifier les systèmes alimentaires grâce à la transformation numérique et à des investissements dans la recherche, tandis que d’autres ont mis en avant l’économie circulaire et verte.  L’Argentine a prôné un système agricole mondial plus juste, transparent, équitable et prévisible, avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en son centre.  Elle a aussi suggéré de mettre fin aux effets délétères et aux distorsions des subventions agricoles, dont le montant, dans les pays développés, est en fait quatre fois plus important que le montant de leur aide publique au développement (APD).

Plus généralement, la solidarité internationale doit aller au-delà de la rhétorique pour renforcer les capacités et le transfert des technologies vers les pays en développement, ont recommandé El Salvador et le Soudan.  Le Bhoutan a demandé que soit encouragée la transformation numérique des économies des pays en développement, tout en évitant les dangers tels que la cybercriminalité.  Pour le Japon, la coopération numérique est tout simplement un instrument essentiel de la réalisation du Programme 2030.

Nombre de pays ont alerté sur l’urgence de la restructuration des dettes souveraines.  Comme l’a expliqué le Kenya, le financement du développement est menacé par les services de la dette, alors que les pays en développement et à revenu intermédiaire ont besoin d’investissements dans l’innovation et les partenariats.  Sur ce point, Israël introduira, avec d’autres pays, une résolution sur le partenariat pour le développement mondial, sachant que l’entrepreneuriat est une source majeure de revenu dans les pays en développement.

La prochaine COP27, qui aura lieu à Charm el-Cheikh (Égypte) du 7 au 18 novembre, a suscité beaucoup d’espoirs pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat.  Le Bangladesh en attend une feuille de route ambitieuse et reposant sur des transferts de technologies en faveur des pays en développement.  Notant que les changements climatiques sont la plus grave menace pour l’humanité, les Fidji ont appelé à prendre en compte toutes les dimensions des risques.  Il a été rappelé à maintes reprises que les pays développés doivent limiter leurs émissions de gaz à effet de serre mais aussi remplir leur promesse de verser 100 milliards de dollars, par an, pour les pays en développement subissant les répercussions des changements climatiques.  Le principe de la responsabilité commune mais différenciée a aussi été cité plusieurs fois dans les discours.

En fin de séance, le Japon, l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont exercé leurs droits de réponse.

La prochaine réunion de la Deuxième Commission aura lieu jeudi 6 octobre, à partir de 10 heures, et sera consacrée aux questions de politique macroéconomique et de financement du développement.

 

 

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a estimé que l’architecture financière mondiale a besoin d’innovation en matière d’accès aux ressources pour faire face aux crises.  La solidarité internationale doit aller au-delà de la rhétorique pour renforcer les capacités et le transfert des technologies vers les pays en développement, a-t-elle aussi recommandé.  La représentante a regretté que l’accès aux ressources à des conditions favorables soit toujours limité, car conditionné à la composante économique et aux revenus par tête.  Elle a estimé qu’il faudrait prendre en compte des indices multidimensionnels pour accéder à ces ressources.  Plus largement, la déléguée a réaffirmé le caractère urgent des réponses à apporter à la triple crise planétaire, appelant notamment à redoubler d’efforts pour réaliser les promesses de l’Accord de Paris.  Elle a aussi appelé à renforcer les systèmes agricoles et à rendre l’urbanisme plus durable.

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a recommandé d’agir dès aujourd’hui pour sauver le Programme de développement durable à l’horizon 2030, avec ambition, pragmatisme et inclusivité.  Il a appelé à changer d’état d’esprit et à placer l’humain avant tout ainsi qu’à élaborer des approches vertes, notamment l’économie circulaire.  Pour faire face à la triple crise, il a plaidé pour l’élaboration d’un instrument contraignant pour limiter l’emprise de l’industrie plastique.  Il a aussi appelé à mettre au point une protection sociale robuste afin de ne laisser personne de côté.  Pour cela, les pays développés doivent venir en aide aux pays en développement et tenir leurs promesses financières, mais les pays en développement doivent aussi faire leur part via notamment la coopération Sud-Sud, a-t-il conclu.

M. EMIL BEN NAFTALY (Israël) a regretté que la communauté internationale ne soit pas sur la bonne voie pour réaliser les ODD à temps, constatant même une régression sur plusieurs cibles.  Des consensus sont nécessaires sur les pénuries alimentaires qui touchent des milliards de personnes, a-t-il relevé.  Par ailleurs, il a assuré qu’Israël continue à mettre l’accent sur l’autonomisation économique des femmes et des filles, qui est essentielle à la croissance économique.  Le représentant a fait savoir qu’Israël introduira, avec d’autres, une résolution sur le partenariat pour le développement mondial, sachant que l’entrepreneuriat est une source majeure de revenu dans les pays en développement.  Quant aux effets des changements climatiques, davantage d’efforts sont nécessaires pour réduire les émissions, a-t-il noté, avant de déclarer que son pays entend contribuer aux efforts de renforcement des capacités pour les innovations technologiques en la matière, comme l’agrotechnologie et la gestion de l’eau.  À ce propos, le représentant a dit attendre beaucoup de la prochaine COP27.  Sur la question palestinienne, il a dit qu’Israël montrera que les autorités du pays ont travaillé d’arrache-pied pour améliorer les conditions de vie de leurs voisins.

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a plaidé en faveur d’un multilatéralisme renouvelé face à l’échec de la communauté internationale pour réaliser le Programme 2030.  La sécurité alimentaire, la sécurité énergétique et la soutenabilité de la dette sont des défis qu’on ne peut ignorer, a-t-elle lancé.  Elle a souhaité que les textes émanant de la Deuxième Commission s’appuient sur des contenus solides avec des recommandations orientées vers l’action.  Il faut être ambitieux et arrêter de rester dans l’inertie, a martelé la représentante, défendant également des synergies avec d’autres processus intergouvernementaux.  Le Mexique a identifié cinq thèmes prioritaires pour cette session de la Deuxième Commission: la santé, le financement pour le développement, la sécurité et les systèmes alimentaires, les changements climatiques et la biodiversité, et les technologies numériques.  Avec la pandémie de COVID-19 qui a durement touché les systèmes de santé, une couverture santé universelle est nécessaire, de même qu’un programme de santé holistique, qui implique davantage de coopération entre tous les pays, a précisé la représentante.  Enfin, elle a rappelé que, chaque jour, des milliers de personnes se couchent en ayant faim, la guerre en Ukraine ayant en outre aggravé l’insécurité alimentaire.  La crise alimentaire ne doit pas être un thème soumis aux engagements politiques mais au contraire relever de l’engagement de tous au niveau mondial, a conclu la représentante.

M. MUSTAFIZUR RAHMAN (Bangladesh) a souligné qu’aucun pays ne peut faire face aux défis actuels tout seul.  « Il faut donc que les États fassent équipe. »  Sur le plan national, il a relevé que la volonté politique des autorités est bien là et que ces dernières ont pris des mesures visant à atténuer les conséquences de la crise actuelle.  À un mois de la COP27 de Charm el-Cheikh en Égypte, il a appelé à respecter les engagements pris en matière climatique.  Il a plaidé pour une feuille de route ambitieuse et reposant sur des transferts de technologies en faveur des pays en développement.  Les contributions des migrants, en faveur des pays d’accueil et d’origine, sont bien connus, a-t-il poursuivi, en demandant d’apporter un soutien à leur endroit afin qu’ils puissent surmonter la crise actuelle.  Le représentant a également plaidé en faveur de l’autonomisation des femmes.  Enfin, il a appelé à une attention particulière pour les pays les moins avancés (PMA) et tous les pays en situation particulière.

Mme HIBA JAFAAR ABUBAKR ABUHAJ (Soudan) a souhaité que la COP27 de Charm el-Cheikh soit un moment important pour relancer les engagements en faveur du climat.  Elle a indiqué que le Soudan est en mesure de parvenir à la sécurité alimentaire.  Mais le pays a besoin, a-t-elle précisé, du soutien des pays amis, de l’ONU et des institutions financières internationales pour épauler les efforts du Soudan en faveur du renforcement de son système alimentaire.  La déléguée a notamment plaidé pour des transferts de technologies agricoles et le décaissement de fonds idoines.  La représentante a, enfin, assuré que le Soudan ambitionne de réaliser tous les ODD, comme cela avait été exposé lors de l’examen national volontaire du pays au cours de la dernière session du forum politique de haut niveau pour le développement durable sous l’égide du Conseil économique et social.

M. DAVIT KNYAZYAN (Arménie), après avoir dénoncé les conséquences négatives des multiples crises mondiales actuelles, a dit que le système des Nations Unies est le plus mieux placé pour coordonner la réponse mondiale, notamment avec « Notre programme commun » du Secrétaire général.  Pays enclavé, l’Arménie est confrontée à de nombreuses crises, mais le Gouvernement mise sur les investissements dans le capital humain pour son développement, a exposé le représentant.  Il a ainsi parlé des efforts mis en place en faveur d’une éducation de qualité pour tous, d’un système de santé abordable en particulier pour les plus vulnérables, ou encore d’une économique verte axée sur la technologie.  L’Arménie mise aussi sur une coopération internationale efficace entre pays sans littoral et de transit.  De plus, en tant que pays à revenu intermédiaire, l’Arménie a besoin des financements concessionnels destinés à cette catégorie de pays.  Le représentant a aussi mentionné son programme de développement national 2021-2025, qui met l’accent sur le bien-être des femmes et des filles, des personnes déplacées et des anciens combattants.  Puis le délégué a vivement dénoncé l’agression de l’Azerbaïdjan contre le Haut-Karabakh et ses conséquences.  Selon lui, l’objectif de l’agression est d’empêcher le développement durable de l’Arménie et le déplacement de population.  Nous avons besoin de l’appui de l’ONU pour relever les défis du développement et du relèvement, a-t-il conclu.

M. MATÍAS ANDRÉS EUSTATHIOU DE LOS SANTOS (Uruguay) a appelé à prendre des mesures concrètes pour réaliser les ODD.  C’est précisément le cas en Uruguay où la politique de gouvernement est axée sur le développement social et l’inclusion, a-t-il témoigné.  Le représentant a rappelé que les ODD reposent sur la participation de tous les citoyens, le respect des institutions politiques et la défense des droits humains et sociaux.  Le représentant a aussi demandé l’utilisation d’indices multidimensionnels pour mesurer le développement, afin de prendre notamment en compte la pauvreté structurelle et les spécificités régionales.  Les pays à revenu intermédiaire ont besoin d’accès à des crédits concessionnels et aux marchés, a plaidé le délégué qui a aussi appelé à accroître la coopération internationale et le financement en matière d’environnement.

Mme PATRICIA CHAND (Fidji) a qualifié les changements climatiques de plus importante menace pour l’humanité et appelé à ce que l’ONU et la communauté internationale aident les pays aux avant-postes tels que les Fidji.  Les changements climatiques continuent de saper les progrès des ODD, s’est-elle impatientée, exigeant que ce retour en arrière soit stoppé.  Il faut inverser la machine et sauver les ODD, a martelé l’oratrice, sans quoi les conséquences pour les petits États insulaires en développement (PEID) du Pacifique seront catastrophiques.  Les pays pollueurs sont invités à faire plus, plus vite, avec davantage d’engagement, en appuyant les institutions spécialisées de l’ONU ou en développant les partenariats public-privé, entre autres.  Les dégâts sont concrets pour les PEID, a-t-elle plaidé.  Venant à la question de la sécurité alimentaire, elle a constaté avec inquiétude qu’elle recule.  Par ailleurs, elle a noté, que si le Programme d’action d’Addis-Abeba demeure une feuille de route à suivre, bien trop d’instruments financiers internationaux ne prennent pas en compte les vulnérabilités des pays en situation particulière.  L’indice de vulnérabilité multidimensionnelle doit être mis en place rapidement, a-t-elle plaidé.

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a regretté qu’à huit ans de la date butoir de 2030, les ODD soient si loin d’être réalisés, et même régressent.  Il faut rompre avec cette tendance négative, a-t-il lancé.  Le représentant a appelé à plus de solidarité et à changer de modèle, avec des partenariats multipartites, un renforcement de la collaboration triangulaire et de la coopération Sud-Sud, entre autres.  Il a rappelé que les sécurités alimentaire et énergétique sont perturbées et qu’une nouvelle crise se profile, celle des engrais.  Si celle-ci n’est pas résolue, des centaines de millions de personnes souffriront de la faim, a-t-il mis en garde.  Enfin, il a indiqué que la présidence indonésienne du G20 a pour but de renforcer le multilatéralisme, de développer les énergies propres, de faire évoluer les systèmes de financement en augmentant les droits de tirage spéciaux (DTS) à 73 milliards de dollars, ainsi qu’à faire baisser les tensions géopolitiques, pour se remettre sur les rails et réaliser les ODD dans les délais.

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a évoqué les défis économiques complexes et sans précédent à relever, qu’ils soient liés aux répercussions de la COVID-19, aux changements climatiques, à l’insécurité alimentaire, aux taux de change ou encore aux mesures coercitives unilatérales imposées à un certain nombre de pays.  Des défis qui ne peuvent se résoudre, selon lui, que par le multilatéralisme et la solidarité.  En Syrie, l’émergence de la pandémie a coïncidé avec la guerre contre le terrorisme, qui a causé des destructions à grande échelle sur les infrastructures et les services, rendant impossible la réalisation des ODD, a fait remarquer le représentant.  Il a toutefois assuré que le pays reste engagé et poursuit la mise en œuvre de son programme de développement Syrie 2030 qui vise à relever les défis actuels et à venir, ainsi qu’à introduire des changements dans les structures économique et sociale.  Mais « soyons honnêtes, comment imaginer qu’un pays sortant tout juste d’une guerre contre le terrorisme, fléau qui menace tous les pays, et soumis à des mesures coercitives unilatérales, puisse réaliser les ODD? », a lancé le représentant, avant d’appeler à la levée immédiate et sans condition de ces sanctions.  Il a par ailleurs dénoncé le pillage des ressources dû à l’occupation israélienne du Golan syrien et des territoires palestiniens. 

Pour M. MADHU SUDAN RAVINDRAN (Inde), la communauté internationale se trouve à un moment charnière face aux crises qui touchent tous les pays du monde.  Le représentant a fait remarquer que son pays a fourni des vaccins fabriqués en Inde à de nombreux pays.  Il a ajouté que l’ODD 3 relatif à la bonne santé et au bien-être est essentiel dans le pays.  Partant de l’expérience de l’Inde, il a recommandé de tirer parti des innovations technologiques et du numérique.  Les partenariats technologiques doivent également être renforcés face aux changements climatiques, a-t-il ajouté.  Pour le représentant, il est important de prendre en compte les différents contextes nationaux et d’appliquer le principe de la responsabilité commune mais différenciée.  Il faut agir de manière décisive sur le front climatique, a-t-il lancé, en demandant aux pays développés de respecter leurs engagements de verser 100 milliards de dollars par an pour le climat. 

M. TIEHO RANKHONE (Lesotho) a relevé que la COVID-19 a prouvé sans l’ombre d’un doute l’importance du développement des compétences numériques.  Malheureusement, a-t-il noté, on constate que la fracture numérique se creuse davantage, laissant particulièrement à la traîne les PMA.  Évoquant la question des changements climatiques, le délégué a indiqué que le Lesotho a connu, l’année dernière, de graves inondations.  Celles-ci ont gravement touché le pays, en particulier les zones rurales qui dépendent grandement de l’agriculture de subsistance.  Le délégué a appelé les membres du G20 à prendre sur eux de réduire les émissions de gaz à effet de serre.  Il a salué les récents efforts déployés par les États-Unis, l’un des principaux émetteurs, qui a adopté une législation historique sur l’énergie propre et le climat.  Les pays développés sont appelés à démontrer leurs engagements en mettant en œuvre la promesse de verser 100 milliards de dollars par an pour les pays en développement subissant les répercussions des changements climatiques, a-t-il rappelé.  Le représentant a également insisté sur l’importance des actions visant à éradiquer la pauvreté et la faim, avant d’attirer l’attention sur la situation des pays en développement sans littoral.

Mme ANA PAULA BAPTISTA GRADE ZACARIAS (Portugal) a appelé la communauté internationale à accorder une attention particulière à la situation des PMA, des PEID et des pays en développement sans littoral.  Elle a souhaité que le monde puisse saisir les bénéfices de la transition numérique et verte, en ne laissant personne de côté.  Alors que certains pays peuvent compter sur une protection sociale solide pour gérer les défis en cours, la plupart de la population mondiale, à savoir les plus vulnérables, ne le peuvent pas, a-t-elle constaté, avant de plaider pour que les politiques sociales soient au cœur de notre action.  C’est pourquoi le Portugal soutient la plateforme mondiale sur l’emploi et la protection sociale pour des transitions justes, promue par le Secrétaire général de l’ONU dans le domaine du financement du développement.  La représentante a encore appelé à être innovants et à construire de nouveaux partenariats de développement capables de répondre aux défis d’aujourd’hui, misant notamment sur la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire.  Pour elle, l’action climatique doit rester au sommet de nos priorités, tout en tenant compte du fait qu’aussi aigus soient-ils, les défis à court terme doivent être traités en tenant compte de la menace existentielle que représente la triple crise planétaire (changements climatiques, perte de biodiversité et pollution).  Enfin, soulignant que l’océan est fondamental pour la vie sur la planète et pour l’avenir, elle a appelé à agir avec détermination pour mettre en œuvre la feuille de route de la déclaration politique de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les océans, qui a eu lieu à Lisbonne, en juillet dernier.

M. DIEGO BELEVÁN (Pérou) a rappelé que beaucoup de pays souffrent des conséquences négatives de la pandémie de COVID-19, de la guerre en Ukraine et de la baisse de la coopération internationale.  Ces crises nous font comprendre qu’il faut éviter les erreurs du passé en modernisant nos méthodes de travail, a-t-il dit.  À cet égard, il a recommandé que les résolutions de la Deuxième Commission, qui doivent avoir un impact, soient cohérentes et axées sur les résultats.  Le représentant a ajouté qu’il faut, au niveau national, prévoir un développement territorial durable, renforcer la résilience des villes et celle sur le plan climatique.  Il a encouragé à négocier un instrument juridiquement contraignant pour éliminer la pollution plastique et souligné l’importance de l’accès à Internet pour une éducation universelle et pour combler le fossé numérique et technologique.  Il a aussi préconisé un système économique qui bénéficie à tous, assure la justice sociale et promeuve une politique économique durable.  Il a suggéré aux délégations de suivre une approche intégrée à la Deuxième Commission dans le cadre d’une évaluation collective et concrète du Programme 2030.  Le représentant a conclu en appelant à modifier les systèmes d’aide financière et de technologie internationaux.

M. GEORGE ORINA (Kenya) a encouragé à prendre des mesures d’urgence pour répondre aux nombreux défis actuels et à prévoir des mesures résilientes.  S’agissant du Kenya où une nouvelle Administration se met en place, le Gouvernement a pris des mesures pour protéger l’économie en adoptant des programmes visant l’autonomisation des Kényans du haut en bas de l’échelle et dans les secteurs de l’agriculture, du logement, de l’éducation et de la numérisation.  Le représentant a souligné l’importance du financement du développement qui est menacé par les services de la dette alors que les pays en développement et à revenu intermédiaire ont besoin d’investissements dans l’innovation et les partenariats.  Ils ont besoin de combler le fossé numérique pour réduire la pauvreté et pour financer un développement inclusif, a-t-il ajouté.  Rappelant le cinquantième anniversaire du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), le délégué a réitéré la priorité environnementale ainsi que la nécessité d’améliorer la protection sociale des agriculteurs face aux catastrophes climatiques.  Il faut aussi débloquer le financement environnemental promis à Paris, a-t-il rappelé.  Le représentant a plaidé pour un cadre approprié et juste pour l’investissement abordable et innovant en matière d’énergie renouvelable, de promotion de villes durables, d’économie bleue, afin notamment de créer de l’emploi.

M. YAMANAKA OSAMU (Japon) a appelé à renforcer la résilience des individus pour relancer la réalisation des ODD face aux multiples crises.  Il a assuré que le Japon continue d’œuvrer avec l’ONU dans cette nouvelle ère d’incertitudes.  La COVID-19 a mis en lumière la vulnérabilité des systèmes sanitaires partout dans le monde, a-t-il rappelé, faisant observer que le système COVAX est cofinancé par le Japon, qui a aussi promis 1,3 milliard de dollars pour renforcer la riposte contre le VIH.  Mentionnant le Sommet sur la transformation de l’éducation récemment tenu, le délégué s’est réjoui qu’il ait été plein de promesses dans ce secteur-clef auquel le Japon accorde une absolue priorité.  Il a par ailleurs recommandé que la réduction des risques de catastrophe soit intégrée dans la Stratégie mondiale pour le développement durable.  Il a misé sur l’examen à mi-parcours du Cadre de Sendai qui sera l’occasion d’affiner le concept de « reconstruire en mieux ».  Le Japon espère aussi améliorer la transparence de la dette, a-t-il dit, en souhaitant également que le financement du développement soit réalisé de manière effective.  L’orateur a enfin pointé que la coopération numérique, y compris le transfert de technologies, est un instrument essentiel de la réalisation du Programme 2030.  Il a dit attendre avec intérêt l’occasion d’en discuter lors de la prochaine réunion du G7 qui sera organisée au Japon.

Mme MONA JUUL (Norvège) a recommandé, face aux crises, de davantage coopérer entre pays, de prioriser l’accès aux ressources de financement et d’innover, comme recommandés par le Professeur Michael Kremer, hier lundi.  Si elle a demandé que la dette des pays en difficulté soit allégée, elle a aussi appelé à lutter contre la corruption, la gabegie d’argent public et les flux financiers illicites.  Un plan B pour la planète n’existant pas, les océans doivent redevenir sains, a-t-elle ajouté.  La représentante a également plaidé en faveur d’une économie circulaire et durable, qui est essentielle pour la réalisation du Programme 2030, au moment où de nombreux pays sont impactés par les changements climatiques, en particulier les pays en situation particulière, dont les PEID qui voient pour certains menacée menacer leur existence même.  Les droits humains, la démocratie, l’état de droit doivent être développés et promus, a encore recommandé Mme Juul.  Elle a conclu en faisant référence au rapport « Notre Programme commun », qui sera particulièrement important pour cette session, « et la Norvège y sera attentive ». 

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a évoqué la gravité des situations sans précédent auxquelles le monde est confronté.  Les terribles privations socioéconomiques et le déclin de l’économie mondiale en raison de la pandémie se sont ajoutés aux catastrophes dues aux changements climatiques, ce qui aggrave l’insécurité alimentaire.  Mais pour le représentant, la mise en œuvre rapide et complète du Programme 2030 est une possibilité pour tous de régler ces problèmes et de le faire ensemble, pour que personne ne soit laissé de côté.  Il a ensuite fait part des progrès importants accomplis par son pays dans divers secteurs, sous le Gouvernement civil issu de la dernière élection, notant que le Myanmar a réussi à remplir les critères pour ne plus faire partie des PMA.  Mais ces progrès ont été mis en échec par le coup d’État militaire de février 2021, a poursuivi le délégué, dénonçant les graves violations des droits humains et les massacres commis par les militaires, qui s’efforcent de terroriser la population pour qu’elle se soumette.  Cette junte n’est pas en mesure de relancer l’économie et de sortir les gens de la pauvreté, seul le rétablissement de la démocratie peut le faire, a conclu le représentant, en réitérant que la paix et le développement vont de pair.

M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam) s’est inquiété du fardeau supplémentaire pour les pays en développement que représentent les crises actuelles.  Au niveau national, les personnes doivent être mises au cœur de toutes les politiques et stratégies.  Au niveau régional, la coopération avec les mécanismes régionaux et sous-régionaux doit être promue, et les bonnes pratiques partagées.  Au niveau mondial, la condition préalable à la remise sur les rails du Programme 2030 est le maintien de la paix et de la stabilité partout dans le monde, a synthétisé le délégué.  Il a ajouté qu’il est nécessaire d’octroyer des financements abordables à long terme et d’accorder une attention aux pays en situation particulière, sans oublier de lever toutes les mesures d’embargo.  Les partenariats mondiaux doivent être élargis en tirant parti des leçons de l’expérience, a-t-il aussi recommandé.

Mme MONTSERRAT GONZÁLEZ CARRILLO (Chili) a plaidé pour une coopération internationale renouvelée qui tienne compte des besoins des pays à revenu intermédiaire au moment de l’allocation des ressources.  Elle a appelé à modifier le système de passage des pays du statut de PMA à celui de revenu intermédiaire, plaidant pour une approche progressive et échelonnée.  Elle a également milité pour la réduction de la fracture numérique, y compris entre les sexes.  En ce qui concerne le commerce international, Mme González Carrillo a réaffirmé l’importance d’un ordre international ouvert, fondé sur des règles, un ordre qui rende nécessaire l’abandon des politiques protectionnistes.  Elle a réaffirmé la légitimité et la compétence de l’ONU pour traiter de cette question.  La déléguée a souhaité le plus grand des succès à la prochaine COP27, en Égypte, pour relever efficacement le défi climatique mondial.  En matière d’énergie, le Chili a pris l’engagement ambitieux de fermer toutes les centrales à charbon d’ici à 2040, a-t-elle indiqué.

M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite) a insisté pour que le développement durable soit inclusif.  Dans le cadre de sa « Vision 2030 », l’Arabie saoudite a renforcé le soutien social apporté à tous les groupes de la société, y compris les jeunes, a-t-il fait valoir.  Grâce à « Vision 2030 », la croissance du dernier trimestre était de 8,3% en Arabie saoudite.  Le pays entend faire face aux changements climatiques en respectant ses engagements en vertu de l’Accord de Paris, a assuré le délégué.  Il a ajouté que le pays a adopté le modèle d’économie circulaire et un programme dénommé « Arabie saoudite verte » pour se tourner résolument vers l’économie verte.  Il a par ailleurs estimé que la crise alimentaire mondiale nécessite de prendre des mesures comme une aide appropriée aux pays en développement.  Enfin, il a souligné l’importance de la coopération internationale pour appuyer les pays en situation particulière, notamment ceux qui sont parmi les plus vulnérables aux catastrophes naturelles.

Face aux crises multiples actuelles, M. CHOLA MILAMBO (Zambie) a préconisé à la communauté internationale d’adopter des solutions durables et de renfoncer la résilience, la paix et la stabilité.  Il a demandé un engagement plus ferme face à la crise climatique, la lutte contre les flux financiers illicites et les évasions fiscales.  Il a appelé au retour des avoirs volés en appui au développement durable dans les pays en développement.  Pour le représentant, la reprise économique mondiale implique d’investir dans le capital humain, de combler le fossé numérique, de respecter l’engagement d’allouer 0,7% du PIB à l’aide publique au développement (APD) et de restructurer les dettes des pays endettés.  Pour que la COP27 soit couronnée de succès, il a recommandé que les engagements pour le financement climatique soient respectés.  En matière environnementale, la Zambie accorde la priorité à l’adaptation climatique, a-t-il dit, avant de parler, sur le plan économique, des efforts du Gouvernement pour stabiliser les indicateurs économiques.  Il a appelé à la mise en œuvre d’un système financier juste et efficace pour réaliser les ODD.  Il faut également combattre le financement illicite et augmenter le financement privé et l’accès aux crédits à taux concessionnels, a-t-il insisté.

M. BADER AZIZ R. M. KH. ALDEHANI (Koweït) s’est lamenté des conséquences de la pandémie de COVID-19, avant de promettre l’engagement du Gouvernement koweïtien à réaliser le Programme 2030 aux côtés des pays en développement.  Le Koweït fait des ODD sa priorité comme l’illustre le plan de développement 2022-2025 qui est aligné au Programme 2030, a-t-il signalé.  Il a aussi parlé des objectifs poursuivis par le Koweït pour améliorer la réserve alimentaire de la population.  Sur le plan de la coopération internationale, il a vanté les mérites du Fonds koweïtien de développement grâce auquel le Gouvernement a investi dans plus de 100 pays notamment dans les secteurs de l’énergie renouvelable, de la construction, de l’agriculture, de l’entrepreneuriat social et l’industrie pharmaceutique.  « Le Koweït a investi quelque 35 milliards de dollars en 10 ans pour les PMA. »  Il apporte son appui à l’entrepreneuriat social visant des projets dans les TIC et l’alimentation, a encore précisé le représentant.

Mme REEM MOHAMED SALEH YESLAM ALAMERI (Émirats arabes unis) a loué les actions de son pays pour le développement durable et vert: autonomisation des femmes; élaboration d’un cadre éducatif performant, avec programmes nationaux en arabe, et internationaux sur des sujets tels que les mathématiques et les sciences; réduction de la faim et de la pauvreté.  Les Émirats ont déjà fourni plus de 10 000 tonnes de vivres dans le monde depuis le début de l’année, a-t-elle ajouté.  Pour lutter contre les changements climatiques, elle a signalé qu’une troisième centrale nucléaire émiratie est entrée en fonction cette année, ouvrant le chemin du pays vers la neutralité carbone.  Le pays organisera aussi la vingt-huitième COP en 2023, succédant à l’Égypte, a-t-il annoncé.

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine), face aux crises multidimensionnelles et au caractère insoutenable des dettes souveraines mettant en péril la réalisation du Programme 2030, a regretté que, malgré leur caractère résolument mondial, ces crises touchent de manière disproportionnée les pays à revenus intermédiaire et faible.  Les mécanismes en vigueur n’atteignent pas leurs objectifs et la pauvreté ne fera qu’augmenter si rien ne change, a-t-elle prévenu.  La représentante a alerté sur l’urgence de la restructuration des dettes souveraines, appelant à intégrer dans ces restructurations les pays à revenu intermédiaire tels que l’Argentine.  Aucun pays ne peut s’acquitter de ses dettes si sa population ne bénéficie pas de la sécurité alimentaire, a plaidé la représentante argentine, qui a par ailleurs appelé à l’adoption de nouveaux indices pour rendre éligibles plus de pays à des financements à des conditions favorables.  Abordant le sujet de la faim, elle s’est inquiétée de savoir que 8% de la population mondiale en souffrira en 2030, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).  Elle a dès lors prôné un système agricole mondial plus juste, transparent, équitable et prévisible, recommandant de placer l’Organisation mondiale du commerce (OMC) au centre du système agricole.  Elle a aussi suggéré de mettre fin aux effets délétères et aux distorsions des subventions agricoles, dont le montant, chez les pays développés, est en fait quatre fois plus important que leur apport à l’APD.

M. SULEIMAN HAJI SULEIMAN (République-Unie de Tanzanie) a appelé à tirer les leçons des conséquences de la pandémie de COVID-19 en termes de dégâts sur l’économie mondiale: le monde doit être mieux préparé.  La faim dans le monde a augmenté et touche une personne sur 10, s’est-il inquiété, alors que le but est de parvenir à la faim zéro.  Le représentant a considéré qu’il est possible de mettre un terme aux pénuries alimentaires et à la malnutrition, à condition d’agir ensemble et de modifier les systèmes alimentaires grâce à la transformation numérique et à des investissements dans la recherche.  En outre, il a plaidé pour que les pays en développement puissent accéder aux financements nécessaires au renforcement de la protection sociale afin de ne laisser personne de côté.  Au sujet du système financier international, la République-Unie de Tanzanie souscrit à la proposition d’une nouvelle donne mondiale formulée par le Secrétaire général, a dit le délégué, arguant que le système actuel renforce les inégalités.  Le système financier mondial doit être réformé pour le bien de tous, accompagné d’un mécanisme d’allégement de la dette pour les pays en développement, a-t-il poursuivi.  Il a aussi appelé à lever les restrictions commerciales imposées à certains pays, notamment Cuba et le Zimbabwe.

Mme MARILYN THOMPSON (Panama) en a appelé à la solidarité mondiale afin de trouver des solutions conjointes pour la reprise et pour renforcer la résilience dans le monde entier.  Les États Membres doivent prouver que le Programme 2030 reste une feuille de route fondamentale, même face aux défis actuels, a lancé la représentante.  Pour sa part, Panama contribue aux efforts pour mettre fin à la pauvreté, dans l’objectif d’intégrer les personnes laissées pour compte.  Si la solidarité n’est pas placée au centre de « Notre programme commun », nous continuerons à perdre de la biodiversité, de l’emploi et surtout des opportunités de trouver des solutions effectives aux problèmes, ce qui perpétuerait le cercle vicieux de la pauvreté, a poursuivi la déléguée.  Relevant que la pandémie a mis en évidence les fortes asymétries au sein des pays et entre eux, elle a noté que la maladie des uns est celle de tous.  Elle a montré que l’investissement dans les technologies et la solidarité sauve des vies et il est clair qu’il faut redoubler d’efforts sur le plan collectif, a conclu la représentante, en exprimant sa foi dans le multilatéralisme.

M. VOLODYMYR LESCHENKO (Ukraine) a souligné que, parmi les défis mondiaux comme la pandémie de COVID-19 et la crise climatique croissante, l’Ukraine est également confrontée à un autre défi: l’agression russe qui a commencé, en 2014, avec l’annexion de Crimée et qui a évolué en une invasion militaire à grande échelle de l’Ukraine, le 24 février 2022.  Il a relevé que la guerre russe a un impact dévastateur sur l’économie de l’Ukraine.  Il a rappelé que, les 4 et 5 juillet 2022, la Conférence internationale sur la relance de l’Ukraine s’est tenue à Lugano, en Suisse, où le projet de plan de relance et de développement a été présenté par le Gouvernement ukrainien.  Selon le représentant, ce plan doit être considéré comme un cadre global guidant le processus de rétablissement.

Le délégué a souligné qu’au cours des dernières années, l’Ukraine a été un contributeur majeur à la sécurité alimentaire dans de nombreux pays du monde en raison de ses exportations alimentaires traditionnellement fortes.  Selon les chiffres de 2021/2022, l’Ukraine est en effet classée première au monde dans l’exportation d’huile de tournesol, troisième dans l’exportation d’orge, et elle se positionne aussi parmi les quatre plus grands exportateurs de maïs et les cinq plus grands exportateurs de blé.  Le représentant a expliqué que le blocus russe des exportations alimentaires ukrainiennes dans les ports de la mer Noire depuis février 2022, les incendies des champs, le bombardement de fermes et greniers, tout comme le vol du matériel agricole ont eu des terribles conséquences pour les régions déjà confrontées à une grave insécurité alimentaire, les exposant à la menace de la famine.

Le représentant a accusé la Russie d’avoir transformé les ressources énergétiques en armes, utilisant la dépendance des pays vis-à-vis du pétrole et du gaz russes pour atteindre ses objectifs politiques et géopolitiques, en particulier à l’approche de l’hiver.  Les perturbations de l’approvisionnement montrent le manque de fiabilité de la Russie en tant que partenaire commercial, a-t-il argué.  Il a déduit de tout cela que la diversification des approvisionnements énergétiques ainsi que la transition vers des sources d’énergie renouvelables peuvent être considérées comme des moyens possibles de prévenir des crises énergétiques.  Évoquant ensuite la situation critique qui règne autour de la centrale nucléaire de Zaporijia, il a averti que le monde reste au bord d’une catastrophe nucléaire qui pourrait être pire que Tchernobyl.

M. TALAL ALI RASHED ALJAMALI (Yémen) a lancé un appel afin que la priorité soit donnée aux pays connaissant des conflits.  La guerre injuste imposée par les houthistes ajoutée à la pandémie de COVID-19 ont eu un impact terrible sur le Yémen, avec notamment la diminution du PIB du pays de moitié, a-t-il expliqué.  Il s’est désolé que le pays ait ainsi connu un recul.  Le représentant a assuré pourtant que le Gouvernement œuvre à la mobilisation des ressources et s’évertue de lutter contre l’inflation, tout en assurant la poursuite du travail des institutions étatiques.  Le délégué a lancé un appel aux partenaires pour qu’ils assurent un soutien humanitaire en faveur de son pays.  En ce qui concerne les changements climatiques, le délégué a insisté sur le concept de responsabilité commune mais différenciée.  Il a souhaité un plein succès à la COP27 prévu le mois prochain à Charm el-Cheikh, en Égypte.

Mme KAOUTHAR CHELBI (Tunisie) a énuméré les problèmes tels que l’altération des chaînes d’approvisionnement, l’augmentation de l’inflation et les retombées de la pandémie, comme obstacles auxquels il faut opposer des actions concrètes afin de réaliser le Programme 2030, de manière multilatérale et inclusive.  Pour se faire, la Tunisie s’appuie sur des programmes de réformes économiques et un plan de développement, a-t-elle indiqué, en soulignant que son pays réaffirme la force du multilatéralisme pour répondre aux défis.  La représentante a fait observer que les difficultés des pays en développement sont liées aux difficultés pour trouver des solutions aux problèmes de la dette. L’oratrice a sollicité un appui financier pour les PMA, notamment ceux de la région africaine, et aux pays à revenu intermédiaire, en grand besoin de liquidités.  Pour répondre à la crise climatique, là aussi, les pays développés doivent s’acquitter de leurs promesses en matière de financement et de transfert des technologies d’adaptation, a recommandé la déléguée soucieuse de voir améliorer les capacités en matière de TIC.  Elle a aussi évoqué l’engagement de la Tunisie relatif à l’autonomisation des femmes, avec notamment une femme Première Ministre qui est la première dans la région.

Pour Mme AMINATA LY DIOP (Sénégal), les crises en cascade devraient interpeller le travail de la Deuxième Commission.  « Avons-nous respecté nos engagements sur la soutenabilité, la viabilité de la dette?  Pourquoi le financement climatique tarde-t-il à se concrétiser? »  Cet examen doit précéder toute prochaine action, car les mêmes approches conduiront aux mêmes effets, a-t-elle mis en garde.  Seule une approche autocritique pourra éviter la routine qui nous éloignera de nos priorités, a pointé l’oratrice sénégalaise.  Elle a invité à suivre à la lettre le Programme d’action d’Addis-Abeba et l’Accord de Paris, les rapports du Groupe de réponse à la crise mondiale sur l’alimentation et l’énergie.  La représentante a aussi critiqué le « manque d’objectivité » des trois grandes agences de notation, dont l’influence est excessive, selon elle, et dont l’Afrique est l’une des principales victimes.  Elle a cité Moody’s, qui a rétrogradé la note de trop nombreux pays africains durant la pandémie.  La hausse des taux d’intérêt risque, à son avis, de plonger beaucoup de pays en développement dans la récession.  En cas de crise, la solidarité doit pourtant être de mise, a-t-elle recommandé.

M. ANOUPARB VONGNORKEO (République démocratique populaire lao) a évoqué les défis à multiples facettes qui ont fait inverser les progrès en matière de développement.  Des pays en situation particulière font aujourd’hui face à des crises alimentaires, énergétiques et climatiques après avoir subi de plein fouet les conséquences de la pandémie de COVID-19, s’est-il alarmé.  Il convient de porter une attention particulière aux pays les plus vulnérables afin de ne laisser personne de côté, a ajouté le représentant.  Il a prôné un multilatéralisme revitalisé et résilient ainsi qu’un renforcement de la coopération mondiale et régionale, menés de manière inclusive, durable, transparente et démocratique, afin de lutter contre les inégalités et de faire face à d’autres défis.  Il s’est dit préoccupé par le déclin des contributions au financement de base des agences de développement des Nations Unies et des programmes de développement sur le terrain.  Ceci dit, il a tenu à remercier les pays ayant fourni un volume important d’aide aux pays en développement et a invité les autres à s’acquitter de leurs engagements au titre de l’APD.

Mme FAIZA MASOUD SAIF AL NABHANI (Oman) a relevé des liens entre les objectifs de développement et la société civile ou les cercles universitaires qui cherchent à intégrer le développement aux composantes de base de l’économie, sans discrimination.  Elle a attiré l’attention sur les efforts déployés par le Sultanat d’Oman afin de réaliser les ODD d’ici à 2030 et sur sa vision exhaustive du développement.  Elle a assuré des succès de son pays sur le front des ODD, tout en relevant les défis qui lui restent à relever dans le domaine du développement durable.

M. COLLEN VIXEN KELAPILE (Botswana) a plaidé pour que soient déployées largement des ressources internationales en faveur des pays en développement.  Il a indiqué que le Botswana a lancé la reprise économique en s’appuyant sur le numérique.  Le pays a plusieurs projets, mais a besoin de la coopération internationale pour la réalisation des ODD, a-t-il expliqué.  De même, en tant que Président du Groupe des pays en développement sans littoral, le délégué a dit attendre beaucoup des délibérations sur les défis de ces pays à la Deuxième Commission, notamment dans la perspective de la troisième conférence en préparation.

M. KOUADJO MICHEL KOUAKOU (Côte d’Ivoire) a déploré le fait que la crise actuelle a fait perdre l’élan international en faveur de la lutte contre les changements climatiques.  Il a donc plaidé pour que le fossé à l’énergie soit comblé par des sources renouvelables comme le solaire et l’éolien.  Réduire les gaz à effet de serre de 28% est l’objectif du Gouvernement ivoirien pour contribuer à l’atténuation des effets des changements climatiques, a précisé le délégué.  Par ailleurs, il a demandé le transfert de 250 milliards de dollars de DTS aux pays en développement.

M. ARB KAPISYZI (Albanie) a appelé à des réformes systémiques au sein et à l’extérieur des Nations Unies pour se remettre de la pandémie et relancer les ODD.  Il a mentionné une résolution adoptée par le Gouvernement albanais sur le suivi de la mise en œuvre des ODD, processus dans lequel la société civile est de plus en plus impliquée.  Les résultats concrets abondent, notamment sur l’ODD 16 relatif à des institutions judiciaires fortes et un accès à la justice pour tous, s’est félicité le représentant.  Il a également vanté les mérites de l’engagement permanent de son pays en termes de gestion intégrée de l’eau, via une approche innovante.

M. SANDRO INASHVILI (Géorgie) a déclaré que la Russie viole la Charte des Nations Unies.  Les crises résultant de la guerre en Ukraine -humanitaire, énergétique, alimentaire- ont été vivement critiquées par l’orateur, qui a estimé son pays menacé par Moscou, comme tous les autres pays frontaliers de la Russie.  Le représentant a ensuite parlé de la stratégie de croissance verte et durable adoptée par son pays pour se redresser après la pandémie de COVID-19.  Il a appelé à se focaliser sur le développement des TIC tout en ayant conscience de leurs dangers, et à combler le fossé numérique entre nations.  Avant de conclure, il s’est inquiété pour les régions de Géorgie occupées par la Russie, comme l’Abkhazie, qui voient leur réalisation des ODD gravement entravée.

M. DAMIANO BELEFFI (Saint-Marin) a focalisé son discours sur l’insécurité alimentaire due, entre autres, aux conflits violents et à la guerre en Ukraine, qui perturbe les marchés alimentaires; à la pandémie, qui a mis en lumière les vulnérabilités de nos systèmes alimentaires; sans oublier les changements climatiques.  L’orateur a appelé la Deuxième Commission à mettre l’accent sur la Journée mondiale de sensibilisation au gaspillage alimentaire, qui aura lieu le 29 septembre.

M. JÖRUNDUR VALTÝSSON (Islande) a d’emblée évoqué la guerre de la Russie en Ukraine et ses ramifications sur l’économie mondiale ainsi que la pandémie de COVID-19, pour souligner que nous avons plus que jamais besoin d’un système multilatéral efficace.  Le représentant a suggéré de faire preuve de davantage de stratégie dans les délibérations de la Commission.  Les droits humains et l’égalité des sexes sont la base du développement durable, mais il faut changer de direction pour atteindre l’ODD 5 relatif à l’égalité entre les sexes à temps, selon lui.  Il a aussi prôné des investissements dans les services sociaux de qualité, ainsi que dans la santé reproductive et sexuelle, particulièrement nécessaires.  L’Islande est fière d’avoir agi pour une transition énergétique juste et inclusive et sera le premier État libre de combustibles fossiles en 2040, s’est félicité le représentant, avant de parler de l’océan, qui joue un rôle très important dans la solution à la crise alimentaire actuelle.  Il a salué, à ce sujet, la conférence de l’ONU qui a eu lieu à Lisbonne en juin.  La restauration des terres est un autre défi à relever pour la sécurité alimentaire, a-t-il fait remarquer, précisant que l’Islande copréside avec la Namibie le groupe d’amis sur la désertification des terres et la sécheresse.

M. MOHAMED-ESSEGHIR LATROUS (Algérie) a estimé évident que le contexte actuel pousse à insister sur l’importance de la coopération et de la solidarité entre les pays.  Cette année présente l’opportunité de reconstruire en mieux et il est important de se pencher sur les questions qui demandent des efforts collectifs, comme le système d’échanges international, a-t-il observé.  Malgré le fait que 68% de la population mondiale ait reçu au moins une dose de vaccin, il a jugé important de se coordonner pour lutter contre les impacts de la pandémie.  Quant à l’architecture de financement mondiale, elle demande, à son avis, une profonde réflexion qui exige que la communauté internationale s’unisse pour lutter contre les flux financiers illégaux et permettre le retour de ces fonds dans leurs pays d’origine.  L’Algérie demande d’augmenter l’aide fournie aux pays en développement pour faire face aux changements climatiques, a dit le délégué avant de signaler que l’Algérie s’est concentrée sur l’ODD visant l’élimination de la pauvreté.

M. ALI HAJILARI (République islamique d’Iran) s’est dit persuadé qu’une coopération internationale plus forte et un multilatéralisme renforcé permettraient de surmonter les crises actuelles.  Le droit au développement est au rang des grandes priorités et le financement du développement est essentiel, a-t-il énoncé.  Concernant la participation des femmes à la vie économique en Iran, le délégué a fait observer que 27% des médecins sont des femmes.  Il a dénoncé les mesures coercitives unilatérales, qui n’ont pas permis à son pays d’accéder aux moyens d’aide à la mise en œuvre d’une stratégie de lutte contre les changements climatiques, notamment le plan national complet de lutte contre la désertification, la sécheresse et les effets négatifs des tempêtes de sable et de poussière.

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a souhaité que des solutions soient trouvées face à l’iniquité vaccinale à travers le monde.  Il a rappelé que les vaccins, les médicaments et les aliments sont des biens de base.  Le représentant a par ailleurs appelé à rendre le système monétaire international plus juste.  En ce qui concerne les changements climatiques, s’il a relevé que la COP27 est très attendue, il a rappelé qu’avant cela, la promesse de 100 milliards de dollars par an pour financer les mesures d’adaptation doit être tenue.  Pour sa part, la Malaisie entend diminuer ses émissions de gaz à effet de serre de 40%, tout en faisant passer à 31% la part d’énergie renouvelable consommée par le pays d’ici à 2025.

M. KENNETH WELLES (États fédérés de Micronésie) a déploré le fait que la guerre en Ukraine affecte les petits États, comme le sien, qui connaissent une insécurité alimentaire à cause du conflit.  Il a indiqué que, pour son pays, les changements climatiques sont la plus grande menace existentielle.  Il a dit que les États fédérés de Micronésie se préparent à la montée du niveau des mers, avant de prier tous les pays de respecter l’engagement de maintenir l’élévation de température à 1,5 degré Celsius, ainsi que de parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050.  Il a relevé que, pour la Micronésie, les océans jouent également un rôle crucial.  C’est pourquoi le pays a souscrit à l’objectif 30/30 qui vise à s’assurer que 30% des océans seront protégés d’ici à l’année 2030.

M. BAKHTIYOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a dit que son pays continue d’avancer dans ses réformes économiques de grande ampleur.  Le pays a adopté la stratégie de développement 2022-2026, avec pour ambition de devenir un pays à revenu intermédiaire de niveau supérieur d’ici à l’année 2030, a-t-il indiqué.  Il a aussi parlé de l’initiative lancée, en 2021, par le Président ouzbèke pour la plantation d’un milliard d’arbres.  Le pays entend baser son développement sur le tourisme, a-t-il aussi affirmé.

Mme AIDA KASYMALIEVA (Kirghizistan) a déploré les effets des changements climatiques sur les zones montagneuses.  Son pays, a-t-elle rappelé, a présenté de nombreuses initiatives pour promouvoir la coopération internationale en matière de développement et de gestion durables des montagnes - notamment les glaciers de montagne, en vue d’améliorer les conditions socioéconomiques de millions de personnes.  Elle a parlé de 2022, l’année de la protection des systèmes montagneux dans le pays, avec une initiative de plantation d’arbres lancée pour protéger les forêts montagneuses et un message diffusé pour préserver les zones d’altitude et garantir le développement durable des régions montagneuses.  Les cinq prochaines années seront déterminantes, a insisté la représentante. Elle a assuré que son pays s’engage à la neutralité carbone d’ici à 2050 et à utiliser des technologies respectueuses de l’environnement.

Mme OH HYUNJOO (République de Corée) a expliqué que son pays renforcerait son aide publique au développement et continuerait de s’engager pour une croissance inclusive et durable.  Elle a réclamé de porter une attention particulière à la prévention de futures pandémies et de créer des systèmes de santé plus résilients.  Il faut aussi, selon elle, mener à bien la transition numérique et combler le fossé entre pays sur ce sujet.  Comme autres recommandations, elle a appelé à améliorer les services publics, en développant les plateformes numériques gouvernementales et en transférant les technologies idoines aux pays en développement, et à agir davantage pour faire face aux catastrophes naturelles et aux changements climatiques.

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a déclaré que la réalisation du Programme 2030 dépend du bien-être des populations.  Or, a-t-il relevé, les crises et les inégalités ont été exacerbées par la pandémie.  Il a appelé à renforcer le multilatéralisme et la culture de la paix, interpellant aussi les pays développés afin qu’ils s’acquittent de leurs engagements financiers au regard de la lutte contre les changements climatiques.  Il a dénoncé l’insécurité alimentaire en proie dans les PMA et a évoqué un programme du Gouvernement angolais pour venir en aide à sa population.  Le Gouvernement a ainsi mis en œuvre des programmes en faveur des familles vulnérables, programmes financés par la Banque mondiale bénéficiant à plus de 55 000 familles et générant plus de 3 100 emplois, a-t-il annoncé.  Il a précisé que 75% des bénéficiaires sont des femmes âgées de 18 à 40 ans.

Mme NOORA YATEEM (Bahreïn) a relevé que les crises ont ralenti les progrès vers les ODD, estimant que la communauté internationale doit corriger la trajectoire pour faire preuve de davantage de résilience.  Il a assuré que le Royaume du Bahreïn soutient les efforts internationaux et a travaillé pour transformer ces défis en réussites sur le plan national.  En effet, malgré les effets de la COVID-19, il a réussi à aligner ses plans et stratégies nationaux sur le Programme 2030 et a enregistré une croissance de 6,9% au deuxième trimestre de 2022.  Il a également mis en place un ministère dédié au développement durable.  Concernant les effets négatifs de la COVID-19, le Gouvernement a présenté un pacte financier et augmenté la capacité des banques à proposer des crédits, et ce, pour alléger l’impact économique sur les citoyens et les entreprises.  La représentante a ensuite insisté sur l’engagement de Bahreïn à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 30% d’ici à 2025.

M. JOSÉ PEREIRA (Paraguay) a estimé que les défis multidimensionnels et la crise actuelle offrent l’occasion de mettre en œuvre des initiatives durables et inclusives afin d’assurer un développement durable pour tous.  Il est clair que la pandémie de COVID-19 est l’un des événements les plus importants de l’histoire récente, qui a mis en péril nombre d’ODD, a-t-il relevé, avant de souligner l’importance du Programme 2030 comme feuille de route pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et améliorer les conditions de vie de la population.  Le représentant s’est dit convaincu que les coopérations Sud-Sud et triangulaire sont appelées à jouer un rôle stratégique dans la mise en œuvre de ce programme.  Il convient toutefois de tenir compte des conditions des pays en situation particulière et des pays à revenu intermédiaire, a-t-il plaidé.  Le délégué a ensuite voulu évoquer le projet ambitieux de couloir bio-océanique qui permettra de faire le lien entre l’Atlantique et le Pacifique, en passant par le Paraguay, et d’améliorer les liens entre des régions importantes.  Les changements climatiques sont liés à la crise de l’eau qui touche l’Amérique du Sud et menace les sources de production d’énergie, raison pour laquelle le représentant a souligné l’importance de respecter les engagements de l’Accord de Paris pour soutenir les efforts d’adaptation.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a indiqué que le développement est au cœur de la politique du Royaume-Uni, qui dépense 0,05% de son PIB pour le financement du développement et souhaite atteindre son objectif en la matière à l’égard des pays en développement.  Il a lancé un partenariat pour l’investissement ayant pour objectif de mobiliser 800 milliards de dollars dans les années à venir.  Le Royaume-Uni est fier d’avoir présidé la COP26, à Glasgow, a reconnu le représentant, en disant vouloir résister à toute tentative de revenir en arrière lors de la prochaine COP27 en Égypte.  Le Royaume-Uni a toujours soutenu le multilatéralisme et, depuis le début de la pandémie, a contribué à hauteur de plusieurs milliards de livres au soutien des pays  les plus vulnérables, a encore indiqué le délégué.  Conscient que les défis économiques et environnementaux touchent particulièrement les PMA, les PEID ou les pays sans littoral, il s’est dit favorable au critère de vulnérabilité pour octroyer des financements ainsi qu’à un indice de pauvreté multidimensionnel.

M. JIGME NORBU (Bhoutan) a rappelé que le Bhoutan devrait sortir de la catégorie des PMA d’ici un an.  Les réformes entreprises devraient permettre au pays de garder le cap du développement, a-t-il espéré.  Le délégué a demandé que soit encouragée la transformation numérique des économiques des pays en développement, tout en évitant les dangers tels que la cybercriminalité.  Au sujet des changements climatiques, il a noté que les glaciers de l’Himalaya fondent à un niveau sans pareil.  Atténuer l’augmentation de la température demande une plus grande prise de responsabilité, a-t-il alerté, notamment de la part des plus gros pollueurs.  Le délégué a averti que les ODD ne seront pas réalisés si nous n’atteignons pas les cibles en matière de biodiversité.  Le développement des zones montagneuses doit être une priorité mondiale, a-t-il aussi plaidé.

M. BENJAMIN VALLI (Monaco) a relevé que l’indice de développement humain a de nouveau baissé en 2022, comme l’an dernier, revenant à son niveau de 2016.  La Principauté salue la création, par le Secrétaire général de l’ONU, du Groupe mondial d’intervention en cas de crises alimentaire, énergétique et financière, a indiqué le délégué.  Seuls des efforts concertés pour stabiliser les chaînes d’approvisionnement mondiales d’énergie et d’alimentation permettront de ralentir la flambée d’inflation et de stabiliser les prix du marché, a-t-il argué.  Selon lui, face à ces défis, il nous faut renouveler notre engagement en faveur du Programme 2030 et redoubler d’efforts pour combler le retard accumulé dans la réalisation des ODD.  Pour sa part, la Principauté intervient directement auprès des acteurs locaux en faveur de la réduction des inégalités en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle, d’éducation ou de soutien à l’entreprenariat.  Le délégué a expliqué que, dans des économies reposant sur les micro- entreprises et petites entreprises, l’entrepreneuriat est une réponse efficace aux défis du développement.  C’est pourquoi Monaco soutient le développement de dispositifs entrepreneuriaux à destination des femmes et des jeunes.  La pandémie et la guerre en Ukraine ne doivent pas nous faire perdre de vue les grands défis de notre temps, a conclu le représentant.

M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie) a plaidé pour la refonte de l’architecture financière internationale.  Il a aussi appelé à l’allègement de la dette, sinon les impacts sociaux des crises actuelles seront irréversibles.  Sur le front du développement durable, il a demandé à la communauté internationale de réaffirmer les principes et engagements convenus à Rio, en 1992.  De plus, ces engagements politiques doivent être traduits en action, y compris les engagements et accords internationaux découlant de la Conférence de Rio, a-t-il réclamé.  Justement, a estimé le délégué, la COP27 de Charm el-Cheikh est l’occasion pour la communauté internationale de prendre de nouveaux engagements en faveur du climat.  Le délégué a enfin appelé tous les États à être très ambitieux au cours de cette session de la Deuxième Commission, vu que le monde vit des moments difficiles.

Mme LISA A. CARTY (États-Unis) a déploré le chaos provoqué par les violations de la Charte des Nations Unies par la Russie et les effets négatifs que cela entraîne sur les pays en développement.  Elle s’est désolée des crises en cascade provoquées par l’agression russe sur l’Ukraine.  Le Programme 2030 est conforme aux propres orientations des États-Unis, qui s’engagent de nouveau pour le développement durable et la protection de l’environnement, a dit l’oratrice, en ajoutant que son pays a hâte de soutenir les travaux de la Deuxième Commission.  Elle a rappelé les propos du Président des États-Unis en faveur de la protection des minorités.  Son pays demeure le plus gros pourvoyeur d’APD, mais privilégie aussi les partenariats public-privé permettant d’investir dans les infrastructures et les technologies, notamment, a-t-elle fait valoir.  Avec 623 millions de doses de vaccin distribuées à plus de 116 pays et 4 milliards de dollars de donations, les États-Unis sont incontestablement le leader dans la lutte contre la COVID-19, a appuyé l’oratrice.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a déploré le prix des aliments en hausse et les tensions géopolitiques accroissant les incertitudes, alors que les catastrophes naturelles se multiplient.  Engagé dans l’ODD 2 en tant que fournisseur d’aliments pour 10% de la population mondiale, le Brésil agit en faveur de l’augmentation de sa production tout en diminuant l’ajout d’intrants dans ses sols, a expliqué le délégué.  Il a aussi critiqué le manque aigu de capacités agricoles dans les pays en développement, conséquence directe des politiques de subventions agricoles en cours dans les pays développés, qui entravent les progrès des pays du Sud tels que le Brésil, et que celui-ci a toujours combattues.

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a déploré le risque que la parité des genres recule à mesure que les crises s’amoncellent.  Elle a appelé à trouver des accords mondiaux pour répondre aux problèmes systémiques, voyant la prochaine COP27 comme une opportunité de faire preuve de responsabilité vis-à-vis des générations futures.  Elle a aussi appelé à renouveler et revoir les mesures d’évaluation de financement du développement dans le contexte actuel, à mieux gérer les risques, à investir davantage et à opter pour des indices adaptés à la vulnérabilité des pays en développement, au-delà des revenus par tête.  Ce changement serait, selon elle, systémique, bienvenu et essentiel.   

Pour Mme BILLUR AHMADOVA (Azerbaïdjan), des mesures ambitieuses pour soutenir les pays en développement sont essentielles.  L’Azerbaïdjan restera un partenaire fiable des pays du Sud, engagé dans la coopération, a-t-elle assuré, en précisant que son gouvernement mobilise tous les efforts nécessaires pour atteindre les ODD sur le plan national.  Il accorde une attention particulière à l’énergie propre et à une croissance verte et s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 35% d’ici à 2030 par rapport à 1990.  La représentante a regretté l’intervention « provocatrice » de son homologue de l’Arménie sur le Haut-Karabakh et a indiqué que l’Azerbaïdjan avait rétabli les droits dans les territoires libérés.  Elle a accusé l’Arménie de couvrir les crimes commis par son propre gouvernement.

M. JASSER JIMENEZ (Nicaragua) a évoqué les menaces aiguës planant sur l’humanité.  Malgré les efforts considérables déployés par les pays en développement pour réaliser les ODD, trop d’événements dans le monde les en éloignent, s’est-il désolé.  Les phénomènes météorologiques récents sont de plus en plus extrêmes et intenses, ce qui montre que les pays développés doivent prendre des mesures concrètes puisqu’ils sont les premiers responsables des changements climatiques, a-t-il plaidé.  Il a estimé que ces pays doivent aussi financer des programmes d’atténuation des risques pour garantir la justice climatique.  « Nous avons besoin de résultats concrets lors de la prochaine COP27. »  Par ailleurs, le modèle économique actuel ne fait qu’accroître la pauvreté et les inégalités, a relevé le représentant, en soulignant la nécessité d’en changer: « cela est plus évident que jamais ».  Il a estimé en outre que combler le fossé numérique et technologique doit passer par le renforcement des capacités.  Les politiques agressives de l’impérialisme doivent cesser, a encore asséné le délégué, réaffirmant l’engagement du Nicaragua en faveur de l’égalité et de la solidarité.

Droits de réponse

Le délégué du Japon a nié le fait que les déversements d’eaux de Fukushima en mer sont de nature dangereuse, comme l’a affirmé le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Il a expliqué que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) travaille avec son gouvernement dans cette entreprise.  C’est donc à partir de rapports établis par un expert de l’AIEA que le Gouvernement prend ses décisions, sur la base d’éléments scientifiques, a-t-il insisté.

La représentante de l’Arménie a réagi au discours de l’Azerbaïdjan, confirmant qu’une attaque armée de ce dernier a causé la destruction de sites civils, compromettant également l’approvisionnement en eau des populations.  Sur le viol de l’Accord de cessez-le-feu tripartite, la déléguée a assuré que son pays est ouvert à la discussion, alors que l’Azerbaïdjan cherche à imposer ses lois à l’Arménie, selon elle.  Elle a aussi accusé l’Azerbaïdjan de maintenir un blocus qui dure depuis 30 ans.

La représentante de l’Azerbaïdjan a qualifié les propos de l’Arménie d’« inventions » et a accusé l’Arménie de dévier du thème de la Deuxième Commission.  En guise de réponse, elle a invité les délégations à se référer à sa propre déclaration prononcée plus tôt dans la journée.

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