En cours au Siège de l'ONU

Soixante-seizième session,
6e séance plénière – matin
AG/COL/3360

Décolonisation: les partisans et les opposants au projet de loi du Congrès américain sur l’autodétermination de Porto Rico défendent leurs points de vue

Ce matin, le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux (Comité spécial des Vingt-Quatre) s’est penché sur la question de Porto Rico, dans un contexte marqué par les prises de position autour du projet de loi du 18 mars 2021 sur l’autodétermination de Porto Rico, présenté au Congrès américain.  Cette initiative prévoit notamment l’option pour Porto Rico de devenir le cinquante-et-unième État américain, permettant ainsi aux Portoricains vivant sur l’île de devenir des citoyens à part entière.

S’exprimant en tant que membre de la Délégation spéciale de Porto Rico au Congrès des États-Unis, l’ancien Gouverneur de l’archipel, M. Ricardo Rossello, s’est félicité qu’après des années d’inaction, le Congrès américain a finalement rédigé un projet de loi consensuel pour parvenir à la décolonisation de Porto Rico et a appelé à saisir cette opportunité historique d’accorder le statut d’État à l’archipel. 

Les indépendantistes ont cependant estimé que ce projet de loi, présenté par les représentantes Nydia Velázquez et Alexandria Ocasio-Cortez, ne permettra pas de résoudre la situation coloniale de l’archipel, lui reprochant d’une part d’être totalement contrôlé par le Gouvernement américain mais aussi de ne pas aborder le problème de la « dette honteuse » que les États-Unis ont imposée à l’archipel.  Ce projet ne mentionne pas non plus les plus de 6 milliards de dollars de réparation que les États-Unis devraient verser à Porto Rico du fait de l’exploitation coloniale à laquelle ils ont soumis l’île pendant plus d’un siècle.  La décolonisation doit être décidée par le peuple colonisé et non pas par le colonisateur, ont souligné les opposants au projet du Congrès américain. 

À cela, les partisans de la libre association ou de l’octroi du statut d’État américain à l’île ont rappelé que le peuple portoricain, à travers six référendums, a systématiquement rejeté l’option de l’indépendance et que 52% de la population portoricaine est favorable au statut d’État américain.  « Si vous voulez l’indépendance il faut la gagner dans les urnes », ont-t-il asséné aux indépendantistes.

À l’issue de ces échanges, le Comité spécial a adopté sans mise aux voix son rapport sur l’archipel, ainsi qu’une décision par laquelle il demande de nouveau au Gouvernement des États-Unis de prendre des mesures qui permettront au peuple portoricain d’exercer pleinement son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance, et de répondre d’urgence aux besoins économiques et sociaux du pays, ainsi qu’aux problèmes relatifs à la santé et à la sécurité, qui se sont aggravés en raison des ravages causés par les ouragans Irma et Maria, des tremblements de terre survenus dans la zone sud-ouest de Porto Rico et de la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19).

Il prie également le Gouvernement des États-Unis, de restituer au peuple portoricain l’ensemble des terres occupées par les forces militaires des États-Unis, en particulier les installations de l’île de Vieques et de Ceiba, et d’accélérer l’exécution et la prise en charge financière du nettoyage et de la dépollution des zones auparavant utilisées pour des manœuvres militaires.

Le Comité note par ailleurs avec inquiétude qu’en vertu de la décision du Congrès des États-Unis portant création d’un Conseil de supervision et de gestion des affaires financières, la marge de manœuvre déjà limitée dont disposait le régime de subordination politique et économique en place à Porto Rico a encore été réduite. 

Le Comité spécial se réunira de nouveau jeudi 23 juin à partir de 10 heures.

COMITÉ SPÉCIAL CHARGÉ D’ÉTUDIER LA SITUATION EN CE QUI CONCERNE L’APPLICATION DE LA DÉCLARATION SUR L’OCTROI DE L’INDÉPENDANCE AUX PAYS ET AUX PEUPLES COLONIAUX

DÉCISION DU COMITÉ SPÉCIAL EN DATE DU 18 JUIN 2018 CONCERNANT PORTO RICO A/AC.109/2019/L.7A/AC.109/2019/L.13

Audition de pétitionnaires

M. BENJAMIN RAMOS, ProLibertad Freedom Campaign, a souligné que son peuple souffre toujours du joug du Conseil de supervision et de gestion des affaires financières et qu’il est devenu plus dépendant des combustibles fossiles.  Il a dénoncé les incitations fiscales américaines à venir s’installer à Porto Rico sans paiement d’impôts locaux alors que le peuple est surtaxé.  Il a décrié le fait que l’ancien Gouverneur doit s’exprimer ici aujourd’hui, estimant que cela va à l’encontre de la volonté du peuple portoricain puisqu’il a été évincé. 

M. EDUARDO VILLANUEVA MUÑOZ, Ordre des avocats de Porto Rico, a dit venir depuis 40 ans s’exprimer au Comité spécial pour réfuter les arguments des États-Unis selon lesquels la question de Porto Rico serait une question interne.  Il faut que le peuple portoricain ait le dernier mot et non pas le Congrès américain.  La question de la citoyenneté américaine peut être négociée, a-t-il dit en rappelant que les Portoricains qui résident légalement aux États-Unis ont les mêmes droits que les citoyens américains à l’exception du droit de vote.  Selon lui, le plébiscite proposé par le Congrès américain et géré par le Département de justice ne respecte pas les droits humains, entre autres. 

M. JOSÉ ENRIQUE MELÉNDEZ-ORTIZ, LULAC Puerto Rico, a déclaré que Porto Rico vit un moment historique étant donné que le Congrès américain travaille pour la première fois sur un projet de décolonisation.  Il a rappelé que l’ONU n’inclut pas Porto Rico dans sa liste officielle de colonies en raison d’une décision prise durant les années 50.  Le simple fait que le Congrès fédéral ait entamé un processus délibératif qui a pour but de décoloniser Porto Rico devrait suffire pour que cette Organisation reconnaisse sa grave erreur historique, a-t-il estimé.  Le pétitionnaire a ensuite indiqué que le processus proposé comprend des options non coloniales et non territoriales, notant que lors d’un référendum électoral, 53% des Portoricains ont rejeté la condition territoriale actuelle de l’île.  Il a salué le fait que le processus en cours comprend un langage clair pour décrire les conditions d’admission de Porto Rico en tant qu’État américain, en tant que république indépendante ou en établissant une relation d’association libre et souveraine. 

M. JAN SUSLER, National Lawyers Guild, a déclaré que la situation coloniale de Porto Rico a conduit à une catastrophe économique et écologique en transférant la richesse de l’île aux États-Unis.  Il a affirmé que le Conseil de supervision et de gestion des affaires financières mis en place en 2016 par le Congrès américain a affamé les Portoricains, éliminé les pensions des professeurs des écoles, fermé de nombreuses écoles publiques et privatisé l’Université de Porto Rico dont le budget a été réduit de moitié et les frais d’inscription multipliés par trois.  Dénonçant également la gestion des ouragans qui ont balayé Porto Rico depuis 2017, le pétitionnaire a récriminé contre les abattements fiscaux dont bénéficient les investisseurs privés qui s’enrichissent avec des projets néfastes pour l’environnement qui font monter les prix de l’immobilier et chamboulent la vie des Portoricains qui ne parviennent plus à se payer des aliments.

Mme ESTELI CAPOTE, Instituto Puertorriqueño de Relaciones Internacionales, a déclaré que le Comité spécial est manipulé par les États-Unis.  Elle a dénoncé la proposition du Congrès américain pour résoudre la situation de Porto Rico, soulignant que l’île a besoin de son indépendance afin de pouvoir garantir son développement socioéconomique.  Selon elle, les États-Unis ont imposé le Conseil de supervision et de gestion des affaires financières pour garantir le paiement d’une dette illégale qui a été créée par le Congrès lui-même.  Elle a revendiqué le droit des Portoricains de choisir librement leur système politique économique et social, d’administrer ses ressources naturelles, ainsi que le droit à garantir le développement durable de Porto Rico. 

M. EDWIN PAGA, Generacion 51, a regretté l’inaction du Comité spécial qui a aidé à maintenir la présence des États-Unis dans l’archipel et a l’appelé à se prononcer au sujet des discriminations qui existent en 2022 à Porto Rico.  Comment peut-on justifier l’absence de participation et de représentations politiques comme dans un système d’apartheid?  Il a appelé à garantir la démocratie que le peuple portoricain souhaite mettre en place. 

M. ROGELIO MALDONADO, Jornada Se Acabaron Las Promesas, a fustigé le contrôle des États-Unis sur le sort des Portoricains, victimes d’une situation coloniale qui en est toujours au point mort.  Nous sommes des parias dans notre propre pays et ne disposons d’aucune capacité d’autogouvernance, a-t-il ajouté, jugeant que les Portoricains ne sont pas libres, et par conséquence dans l’incapacité de discuter de leur avenir.  Porto Rico est une colonie et les États-Unis doivent rendre des comptes, a-t-il encore déclaré. 

Mme MADELIN COLON PEREZ, Coalición Puertorriqueña contra la Pena de Muerte, a indiqué que son organisation œuvre à l’abolition de la peine de mort à Porto Rico « et partout dans le monde ».  Elle a expliqué que la peine capitale peut être appliquée aux habitants de l’île s’ils sont accusés dans le cadre de poursuites fédérales conduites en anglais.  Selon elle, si la peine de mort était appliquée, ce qui n’a pas été le cas depuis le milieu des années 1950, elle le serait par un pays étranger.  À ses yeux, l’application potentielle de la peine de mort à Porto Rico est une preuve de plus de la situation coloniale qui prévaut dans le pays. 

M. MICHAEL URAYOAN REYES, Vidas Viequenses Valen, a attiré l’attention sur le péril environnemental qui menace à terme la vie dans au moins 10% du territoire de l’île.  La puissance coloniale laisse la situation sanitaire, dont elle est directement responsable, se dégrader, a-t-il encore accusé. 

M. CARLOS VEGA, Movimiento Independentista Nacional Hostosiano (MINH), a rappelé que depuis la première résolution du Comité spécial sur la question de Porto Rico il y a presque 50 ans, la situation coloniale de Porto Rico n’a pas changé.  Les États-Unis ont trompé la communauté internationale en lui faisant croire que Porto Rico n’était pas une colonie, a-t-il constaté.  Et aujourd’hui, les personnes aux commandes ne sont pas élues par le peuple portoricain.  Le pétitionnaire a également fait état de fortes migrations vers les États-Unis et du fait que le peuple portoricain est toujours privé de la possibilité de participer à la prise de décision au niveau international.  Il a revendiqué le droit à l’autodétermination de son peuple. 

Mme VANESSA RAMOS, American Association of Jurists, a soutenu la résolution présentée aujourd’hui ainsi que le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple portoricain.  La question ne sera pas réglée par l’annexion de Porto Rico par les États-Unis.  La décolonisation doit être décidée par le peuple colonisé et non pas par le colonisateur, a-t-elle martelé, en dénonçant les systèmes de franchise imposés par les États-Unis à Porto Rico, tout comme la dette sauvage et le contrôle fiscal exercé sur l’île.  Les entreprises multinationales y commettent des atrocités et le peuple ne peut pas demander de dédommagements, a dénoncé la pétitionnaire qui a demandé au Comité spécial d’envoyer une mission de visite sur place. 

Présentant une motion d’ordre, le représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a estimé que si l’on reconnaît les opinions exprimées librement par les pétitionnaires, il faut également respecter le quorum.  La Présidente du Comité spécial a ensuite invité les pétitionnaires à ne pas applaudir après les interventions pour respecter les règles de bienséance. 

Mme TRILCE TORRES LOPEZ, Gran Oriente Nacional de Puerto Rico, a souhaité que l’Assemblée générale se prononce afin que le processus de décolonisation à Porto Rico soit mené à terme.  Elle a dénoncé les règles unilatérales imposées par le Conseil de supervision et de gestion des affaires financières qui contrôle l’économie et aggrave les problèmes socioéconomiques de Porto Rico.  Il est temps que l’ONU appelle la puissance colonisatrice à rendre des comptes. 

M. JUAN DALMAU, Partido Independentista Puertorriqueño, a dit que les décisions sur Porto Rico sont prises par les trois branches du Gouvernement des États-Unis en violation flagrante des droits humains civils et politiques.  Il a appelé à mettre fin à cette situation sans plus attendre, notant que les conséquences économiques et sociales du colonialisme sont énormes.  La communauté internationale doit exercer une pression morale et juridique sur les États-Unis pour qu’ils s’acquittent de leurs obligations internationales et respectent les dispositions de la résolution 1514

M. ARIEL HERNANDEZ, Movimiento Unión Soberanista, a fait part d’une situation d’urgence à Porto Rico où les moyens de subsistance des Portoricains sont menacés, le Gouvernement des États-Unis œuvrant contre les intérêts de la population.  Les États-Unis ont promu une immigration massive d’agriculteurs au début du siècle, imposé l’anglais dans le système éducatif ainsi que le service militaire obligatoire en 1917.  Nous ne pouvons pas utiliser notre drapeau, a-t-il encore dénoncé.  Il a décrié les conséquences des décisions du Conseil de supervision et de gestion des affaires financières et réclamé un véritable processus de décolonisation en commençant par l’élimination de la dette. 

M. RAMON NENADICH, Estado Nacional Soberano de Borinken, a appelé à ne pas se laisser tromper par les nouvelles manigances de Washington, le processus du Congrès ne visant en rien à permettre aux Portoricains de se déterminer sur leur avenir.  Il a exhorté le Comité spécial à adopter les deux résolutions à son ordre du jour pour que la communauté internationale s’engage pour de bon aux côtés des Portoricains sur la voie de l’indépendance. 

M. RICHARD LOPEZ, Partido Nacionalista de Puerto Rico, a expliqué que son mouvement demande de longue date à la communauté internationale qu’elle exige des États-Unis l’indépendance et la souveraineté de Porto Rico.  La reconnaissance de la souveraineté d’un État est irrévocable au titre de la Charte et ce que font les États-Unis et leur administration coloniale depuis 100 ans est illégal, a-t-il souligné. 

M. JOHN MELENDEZ RIVERA, Frente Independentista Boricua, a fustigé le joug et l’oppression colonialistes étatsuniens lesquels sont tenus les Portoricains depuis plus de 100 ans.  L’indépendance est notre droit inaliénable, a-t-il clamé, notant que les États-Unis invoquent le droit à la liberté pour justifier de leurs agissements.  Un tel droit à annexer, à éliminer l’identité portoricaine, existe-t-il?  Le pétitionnaire a exhorté les États-Unis à se retirer des archipels de Porto Rico, un pays dont la culture hispanique est bien distincte de celle, anglophone, des États-Unis, « qui nous discrimine, nous chasse de nos terres et nous persécute là où nous immigrons ». 

M. MANUEL RIVERA, Puertorriqueños Unidos En Acción, a noté que les Portoricains disposent de la citoyenneté américaine parce que le droit américain détermine que si l’on fait partie de l’union des États-Unis on y a droit.  Selon lui, le transfert de pouvoir ne devrait pas signifier qu’il faille renoncer à cette citoyenneté dans le contexte de libre association entre Porto Rico et les États-Unis. 

M. MICHAEL VIERA, El Grito, a déclaré que l’esprit « révolutionnaire » qui revendique l’indépendance de Porto Rico reste bien présent.  Il a dénoncé la présence d’une délégation portoricaine du Congrès qui a été élue avec moins de 3% des votes et dirigée par l’ancien Gouverneur de l’archipel, évincé depuis « et qui n’a donc aucune légitimité ».  Porto Rico n’est pas à vendre, a-t-il conclu. 

Mme MARIA ISABELLE PEREZ-HEDGES, Puerto Ricans in Minnesota Committee, a appuyé la décolonisation de Porto Rico, déplorant que les Portoricains ne connaissent pas assez leur propre histoire et sont victimes de l’argument « paternaliste » selon lequel ils ne peuvent pas survivre sans les États-Unis.  Le peuple portoricain continue d’endurer une expérience américaine ratée et Porto Rico ne doit plus être le butin de guerre d’une nation qui détruit son environnement, mène des expériences scientifiques sur ses corps de femmes et ne fournit même pas l’aide d’urgence la plus élémentaire dans les situations de crise et de catastrophe naturelle.

M. RICARDO ROSSELLO, Délégation spéciale de Porto Rico au Congrès des États-Unis, s’est félicité du fait qu’après des années d’inaction, le Congrès américain a finalement rédigé un projet de loi consensuel pour parvenir à la décolonisation de Porto Rico.  Vous pouvez choisir de rester sur le côté ou vous pouvez choisir de vous engager activement, a dit le pétitionnaire.  Il a jugé essentiel de soutenir les efforts du Congrès et de défendre le statut d’État pour Porto Rico, soulignant l’opportunité historique qui se présente. 

M. WALTER ALOMAR, Organization for Culture of Hispanic Origins, a souligné que le statut de Porto Rico ne sera pas réglé tant que sa population restera marginalisée.  Elle souffre du chômage, de l’exploitation par le travail, et de la fermeture d’écoles ordonnée par le Conseil de supervision et de gestion des affaires financières qui nous a réduit en esclavage.  Les États-Unis doivent restituer tout ce qui a été pillé de notre pays depuis plus de 100 ans.  Parler de démocratie dans le contexte du colonialisme est un mensonge, s’est insurgé le pétitionnaire qui a appelé la communauté internationale à exiger des États-Unis qu’ils s’acquittent de leurs obligations à l’égard de Porto Rico. 

Mme SARA LOBMAN, Socialist Workers Party, a pointé du doigt la dette de 72 milliards de dollars qui frappe de plein fouet Porto Rico.  Le conflit entre les classes à Porto Rico et aux États-Unis fait partie d’une crise capitaliste.  L’indépendance et la souveraineté de Porto Rico sont compromises alors que cet ordre capitaliste se poursuit.  Elle a également évoqué les mouvements de grève initié par les travailleurs portoricains pour obtenir des salaires plus décents et davantage de dignité.  Il faut appuyer la lutte pour la liberté de Porto Rico. 

Mme CHRISTINA MOJICA, Boricuas Unidos en la Diáspora, a déclaré qu’en tant que citoyenne née aux États-Unis et vivant désormais à Porto Rico, elle s’efforce de mettre en place un Porto Rico juste et prospère.  Selon elle, le projet de loi en discussion au Congrès est une occasion à saisir pour que les principes du droit à l’indépendance et à la souveraineté puissent être intégrés à la discussion.  Elle a souhaité que le Comité spécial se rapproche du Congrès sur ce projet de loi et se rende à Porto Rico pour y rencontrer les forces vives politiques et la société civile. 

Mme NORMAHIRAM PEREZ, A Call to Action on Puerto Rico, a affirmé qu’en 1952 les États-Unis n’avaient nullement solutionné la situation mais mis sur pied « une véritable farce politique à Porto Rico, un piège qui s’est refermé sur nous ».  Mais Porto Rico résiste, ne plie pas devant Washington et Wall Street.  Elle a également dénoncé la spoliation des ressources naturelles et les avantages fiscaux réservés aux riches Américains qui deviennent sur l’île plus riches en profitant d’une main d’œuvre sous payée et de terres bradées. 

Mme BEATRIZ AREIZAGA, Extended Congressional Delegation for Puerto Rico (Washington DC), a déclaré lutter pour l’équité sociale des plus de 3 millions d’habitants de l’île.  Vivre sous un régime colonial c’est être privé de pouvoir et condamné au malheur, a-t-elle ajouté, plaidant pour l’égalité de droit, la défense de la culture portoricaine et l’octroi du droit de vote aux habitants de l’île.  Le Comité spécial doit faire davantage pour briser la chaîne de l’esclavage imposée depuis 500 ans à Porto Rico, a-t-elle encore déclaré. 

Mme CARMEN HERNANDEZ, NY State Coalition of Hispanic Chamber of Commerce, a souligné que son île est la colonie la plus peuplée au monde.  Elle a indiqué que sa mère revendiquait déjà le droit de vote pour les Portoricains, en exigeant que l’on mette fin à la discrimination qui les vise.  C’est un affront à la démocratie américaine, s’est exclamée la pétitionnaire en appelant le Comité spécial à appuyer le projet sur lequel travaille le Congrès américain en ce moment. 

M. MARIO A. SOLANO, Delegacion Congresional Extendida Texas-Puerto Rico, a appelé à soutenir le projet du Congrès qui permettrait à Porto Rico de devenir un État américain à part entière.  Le mouvement indépendantiste représente la minorité à Porto Rico, a-t-il affirmé. 

M. MARIO SOLANO RIVERA DELEGADO, Congresional Extendio P.R, a rappelé que le peuple portoricain, à travers six référendums, a rejeté l’option de l’indépendance.  L’option de devenir un État américain a obtenu le plus fort soutien, et ce n’est que 5% de la population portoricaine qui rejette une forme d’association quelconque avec les États-Unis.  « Si vous voulez l’indépendance il faut la gagner dans les urnes et pas ici », a-t-il asséné.

Mme SARA TOREZ, Reading High School Parents Organization, Puerto Rico, a rappelé que les Portoricains ne peuvent pas voter aux élections législatives ou présidentielle à moins de déménager aux États-Unis.  Cette situation a permis au Gouvernement de Porto Rico, territoire qui appartient aux États-Unis mais qui ne fait pas partie des États-Unis, de maintenir la situation de l’époque de mes grands-parents qui ne sont pas nés citoyens américains, a accusé la pétitionnaire.  Elle a indiqué que d’anciens présidents des États-Unis se sont exprimés en faveur d’un État portoricain faisant partie des États-Unis et que le mouvement pour un État de Porto Rico a toujours été très important, représentant plus de 50% des suffrages exprimés lors des référendums.  Il faut garantir un traitement égal permettant aux Portoricains d’être de véritables citoyens des États-Unis et le Congrès doit se prononcer en faveur du projet de loi. 

M. DANIEL VILA, Sovereign National State of Borinken, a mis en garde contre le piège de l’autodétermination concoctée par les États-Unis y compris le projet de loi qui a été soumis par la Représentante Alexandria Ocasio-Cortez et un de ses collègues.  Ce projet ne va pas résoudre la situation parce que Porto Rico va continuer d’être contrôlé par le Gouvernement des États-Unis.  Il ne va pas mettre fin au gouvernement colonial ni résoudre les problèmes qui ont été imposés par les États-Unis notamment la dette honteuse de plusieurs milliards de dollars.  Ce projet vise simplement à maintenir le colonialisme et l’assimilation politique de Porto Rico. 

M. EUGENIO MATIAS, Extended Delegation, a manifesté son opposition aux grandes entreprises multinationales qui œuvrent contre les intérêts de Porto Rico.  Il a également dénoncé le fait que les Portoricains sont des citoyens américains mais que contrairement aux citoyens des 50 États des États-Unis, ils ne peuvent pas élire leur président.  Le fait de résider dans un territoire ne doit pas limiter les droits fondamentaux tels que le droit de vote.  Le pétitionnaire a demandé au Congrès des États-Unis et au Président Biden de mettre fin à cette relation inégale qui existe entre les États-Unis et ses territoires. 

Mme YADIRA O’FARRILL, Extended Congressional Delegation Pro Statehood Puerto Rico in Ga. USA, Mme VIVIAN RIVERA MORENO, Puerto Rico Bilingue, Inc., Rhode Island Extended Delegation for Statehood for Puerto Rico, et M. ROBERTO DELGADO, Delegates US, ont plaidé pour que Porto Rico devienne le cinquante-et-unième État des États-Unis, « comme le souhaite vivement la majorité des Portoricains, issus de la diaspora et vivant dans l’île ».  Pour ces pétitionnaires, le seul moyen de mettre un terme à la situation coloniale qui prévaut depuis 125 ans à Porto Rico, est précisément d’obtenir le statut d’État américain, notamment de premier État américain bilingue.  Ils ont appelé le Comité à soutenir le processus en cours au Congrès américain pour décider du statut futur de Porto Rico, « y compris d’éventuel État américain ». 

Mme LIA FIOL-MATTA, Latino Justice PRLDEF, a déclaré qu’il est plus urgent que jamais de trouver une solution au statut politique de Porto Rico.  Depuis 1963, les États-Unis maintiennent le mythe que Porto Rico est un État autonome, et la dernière restructuration de la dette de Porto Rico en est une illustration flagrante, puisqu’elle réduit les pensions des employés publics et les ressources des municipalités.  Les résidents de l’archipel ont moins de droits que les citoyens américains, « ils sont juste des pions sur un échiquier ».  Dès lors la pétitionnaire a exigé que les États-Unis s’engagent sans tarder dans un véritable processus de décolonisation transparent et complet. 

Mme KATHY BLOUNT, Puerto Rico Statehood Delegation, tout en soutenant le droit à l’autodétermination du peuple portoricain, l’a encouragé à choisir l’option de devenir le cinquante-et-unième État des États-Unis et à obtenir ainsi le droit de vote au même titre que les Américains du continent.  Elle a soutenu le projet de loi présenté à la Chambre des représentants aux États-Unis. 

Déclarations

M. JOAQUÍN PÉREZ (Venezuela) a mis en avant le soutien de région de l’Amérique latine et des Caraïbes au droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple portoricain.  Le représentant a insisté pour qu’il soit mis fin à l’assujettissement politique de Porto Rico aux États-Unis, imputant l’absence de progrès sur ce dossier au manque de volonté politique de l’administration américaine ces 50 dernières années.  Il a exigé du Gouvernement américain qu’il mène des activités de nettoyage sur l’île de Vieques.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a appuyé la lutte du peuple portoricain pour son autodétermination et son indépendance.  Il a rappelé que l’examen de la question de Porto Rico au sein du Comité a généré plus de 39 résolutions et décisions qui ont toutes défini clairement le statut colonial et l’urgence pour les États-Unis de mettre en place un véritable processus de décolonisation.  Porto Rico ne peut pas continuer d’être un territoire qui soit l’exception dans notre région.  Elle est une nation qui a le droit de se développer et de mettre en œuvre le Programme 2030 en tant que pays indépendant. 

M. DIEGO PARY (Bolivie) a réaffirmé le droit inaliénable de Porto Rico à devenir un État libre et réclamé un processus permettant l’indépendance et la fin du colonialisme à Porto Rico.  Il a appelé le Comité à faire respecter la volonté du peuple de Porto Rico exprimé le 6 novembre 2012 lorsque celui-ci a rejeté sa situation d’assujettissement politique.  Ce peuple doit pouvoir prendre des décisions souveraines pour répondre à ses besoins face à la crise humanitaire due aux effets des cyclones Irma et Maria mais également face aux besoins découlant de la COVID-19.  Le représentant a appelé au respect des résolutions 1514(XV) et 75/123 de l’Assemblée générale du 10 décembre 2020 sur la quatrième Décennie internationale sur l’élimination du colonialisme.  Il a également exhorté la Puissance administrante à coopérer avec le Comité spécial afin d’élaborer un programme de travail constructif pour mettre fin de manière rapide et sans conditions au colonialisme. 

M.PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a observé que malgré 124 années de domination coloniale, le peuple portoricain a toujours maintenu sa culture, sa langue et son sentiment national.  En dépit des efforts du Comité, le peuple portoricain continue de ne pas pouvoir exercer son droit légitime à une véritable autodétermination.  Les États-Unis ont dit très clairement que Porto Rico n’était pas souverain et dépendait pleinement de Washington.  Porto Rico est donc une possession des États-Unis et un territoire colonial.  Le représentant a appelé à une solution définitive, relevant en outre que celle-ci ne relève pas uniquement des États-Unis, mais concerne également le Comité spécial tout comme la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) qui au dernier Sommet de septembre 2021, à Mexico, a insisté sur le caractère latino-américain et caribéen de Porto Rico.  Il faut trouver une solution dans le cadre du droit international pour mettre fin à ce fait de colonialisme. 

M. VADIM GUSMAN (Azerbaïdjan), au nom du Mouvement des pays non alignés, a rappelé le droit du peuple de Porto Rico à son indépendance et appelé à un examen complet de cette question sous tous ses aspects, conformément aux résolutions pertinentes, y compris celles adoptées par le biais du Comité.  Il a déploré que la subordination politique actuelle empêche tout règlement des crises budgétaire et humanitaire en cours à Porto Rico.  Le représentant a exhorté les États-Unis à restituer les territoires occupés de Porto Rico, notamment la base navale de Roosevelt Roads, et à contribuer de bonne foi à l’accélération du processus permettant au peuple portoricain d’exercer son droit à l’autonomie et à l’indépendance. 

La représentante de la République arabe syrienne a exhorté les États-Unis à mettre fin à l’occupation de l’île conformément aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale. 

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a rappelé le droit inaliénable du peuple portoricain à l’indépendance, conformément aux dizaines de résolutions de l’Assemblée générale, y compris celles demandant un examen continu et complet de la question de Porto Rico aux Nations Unies.  Elle a réaffirmé le caractère latino-américain et caribéen de Porto Rico, soulignant en outre la portée des résolutions les plus récentes adoptées par le Comité.  Enfin, elle a réaffirmé « une fois encore » l’engagement de la CELAC en faveur de l’élimination totale et rapide du colonialisme sous toutes ses formes. 

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