SC/14405

Le Conseil de sécurité discute des difficultés à maintenir la paix dans des contextes précaires marqués par des pressions socioéconomiques, politiques, environnementales et sécuritaires

En présence de ses homologues du Kenya et du Niger, le Président de la Tunisie, M. Kaïs Saïed, dont le pays dirige les travaux du Conseil de sécurité pendant ce mois de janvier, était aujourd’hui aux manettes de la réunion de haut niveau sur « les difficultés du maintien de la paix et de la sécurité dans des contextes précaires ». 

Le postulat est « qu’il demeure difficile de parvenir à une paix et une sécurité durables dans de nombreuses régions du monde, en particulier dans certains contextes précaires observés sur le continent africain, où des pressions socioéconomiques, politiques, environnementales et en matière de sécurité mettent les populations à rude épreuve, créant un risque de violence et de conflit » (S/2020/1296).

Dans la majorité des cas, a dit l’ancienne Présidente du Libéria, Mme Ellen Johnson Sirleaf, les interventions sont trop tardives et les signes précurseurs des conflits insuffisamment pris en compte.  Parmi ces signes, elle a mentionné les tortures, les exécutions extrajudiciaires et le démantèlement des mécanismes de règlement des différends.  L’existence même du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a-t-elle estimé, est la preuve de l’échec de la communauté internationale à répondre aux contextes précaires. 

Si nous voulons briser le cycle de la pauvreté et des conflits, a préconisé le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, nous devons adopter une approche « plus ambitieuse » fondée sur deux principes consacrés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030: l’interdépendance et l’inclusivité.  Pas de développement durable sans paix et pas de paix sans développement durable, s’est expliqué le Secrétaire général qui a aussi jugé essentielle une approche holistique de la consolidation et du maintien de la paix, assortie d’investissements ciblés et personnalisés dans le cadre du lien humanitaire-développement-paix. 

L’égalité des chances, a-t-il poursuivi, la protection, l’accès aux ressources et aux services sociaux, et la participation à la prise de décisions ne sont pas simplement des obligations morales et juridiques.  C’est un préalable pour extirper véritablement les pays du piège des conflits.  Le Secrétaire général a vanté le travail de l’ONU avec l’Union africaine (UA) et les communautés économiques régionales et a parlé de la création d’un groupe conjoint ONU-UA sur la mise en œuvre du Programme 2030 et de l’Agenda 2063, y compris en ce qui concerne le relèvement après la COVID-19. 

Tout en défendant le principe « des solutions africaines aux problèmes africains », le Président de la Commission de l’UA, M. Moussa Faki Mahamat, a salué cette coopération fructueuse car « c’est en mettant en commun nos expertises et nos ressources que nous pourrons avancer ».  Il a néanmoins évoqué quelques obstacles à cette coopération, dont l’accès à des ressources prévisibles et durables dont l’UA a besoin pour mener à bien les missions de paix dont elle est initiatrice ou le soutien, lesquelles ont, dans la plupart des cas, été autorisées par le Conseil de sécurité.  M. Guterres aussi a alerté sur l’insuffisance des fonds et a annoncé qu’il coprésidera, le 26 janvier, une conférence sur la reconstitution du Fonds pour la consolidation de la paix, tout en soulignant l’importance des partenariats avec les institutions financières internationales. 

Dans la même veine, le Président du Niger, M. Mahamadou Issoufou, a plaidé pour un appui financier à la Coalition internationale de lutte contre le terrorisme au Sahel, à la Zone de libre-échange économique continentale et au Programme d’investissement prioritaire du G5 Sahel.  Il a aussi plaidé pour que l’on place le mandat de la Force conjointe du G5 Sahel sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. 

Le Président de la Tunisie a encouragé, pour sa part, le Conseil de sécurité à réfléchir au renforcement des capacités humaines et institutionnelles des pays concernés.  Il s’agit du choix le moins coûteux pour les Nations Unies et la communauté internationale, a-t-il fait valoir, mais aussi du choix « le plus éthique et le plus moral » parce que, a-t-il dit à l’instar du Secrétaire général de l’ONU, il n’y a pas de paix sans développement pour tous, « un développement durable qui préserve la dignité de l’humain où qu’il soit ». 

L’impératif de renforcer les capacités a été confirmé par le Président du Kenya.  M. Uhuru Kenyatta a ajouté trois autres propositions: tirer parti des connaissances des parties qui sont les plus proches des crises; empêcher la COVID-19 de devenir un facteur majeur d’insécurité; et renforcer le rôle de l’Afrique et des pays du Sud dans le système multilatéral.  Résumant le débat, le Ministre d’État du Royaume-Uni, M. James Cleverly, a déclaré que dans un monde en rapide mutation, nos partenariats sont notre force; l’inclusion, notre sécurité; et la paix, notre récompense. 

Pour pouvoir mettre la main sur cette récompense, il faut que la dimension climatique et la mise en œuvre du Programme 2030 soient systématiquement prises en compte, a estimé M. Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France.  Dans ce contexte, il a appuyé la recommandation de confier aux Nations Unies une mission d’analyse et d’alerte précoce des impacts des changements climatiques sur la sécurité internationale, à travers un rapport biennal du Secrétaire général à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité.

Pour M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, s’attaquer aux liens entre contextes précaires et conflits est un élément essentiel de la paix et de la sécurité internationales.  Ces deux éléments comptent parmi les plus grands obstacles à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a estimé le Secrétaire général qui a rappelé qu’avant même la pandémie de COVID-19, beaucoup de conflits s’aggravaient.  Ces conflits, a-t-il dit, sont devenus plus complexes et alimentés par une plus grande régionalisation, la prolifération de groupes armés non étatiques et leurs liens avec des intérêts criminels et extrémistes.  Les conflits durent plus longtemps et deviennent plus difficiles à régler.  Selon le rapport de la Banque mondiale intitulé « Fragility and Conflict », une personne sur cinq au Moyen-Orient et en Afrique du Nord vit à proximité d’un conflit majeur.  En conséquence, a indiqué le Secrétaire général, les besoins humanitaires se sont multipliés, atteignant les plus hauts niveaux depuis la Seconde Guerre mondiale. 

Le nombre de personnes qui risquent la famine a doublé.  Les mécanismes internationaux de gestion des conflits ont été exploités jusqu’à épuisement et ont plongé un certain nombre de pays dans un cercle vicieux.  Les conflits continuent de causer pauvreté et fragilité institutionnelle diminuant ainsi la résilience des sociétés et les perspectives de paix.  D’ici à 2030, la Banque mondiale estime que les deux tiers des gens qui vivent dans la pauvreté extrême dans le monde sont dans des pays fragiles ou touchés par des conflits, et la pandémie de COVID-19 a encore exacerbé ces tendances.  Pour la première fois en 22 ans, l’année 2020 a connu une hausse de l’extrême pauvreté, s’est alarmé le Secrétaire général.  La contraction de l’économie dans les milieux fragiles et touchés par les conflits devrait plonger 18 à 27 millions d’autres personnes dans la pauvreté, a prévenu M. Guterres, ajoutant que l’écart entre les sexes se creuse et que la place des femmes dans la population active, moteur d’une croissance inclusive, a reculé de plusieurs décennies. 

Le Secrétaire général a poursuivi, en ajoutant que l’urgence climatique constitue un nouveau moteur de l’insécurité.  Ce n’est pas un hasard si sur les 15 pays les plus exposés aux risques climatiques, huit accueillent une opération de maintien de la paix des Nations Unies ou une mission politique spéciale.  Du Sahel à l’Afrique centrale, en passant par la Corne de l’Afrique, la variabilité des régimes pluviométriques perturbe les modèles de transhumance qui existent depuis longtemps, entraînant des tensions et des affrontements récurrents entre les communautés, y compris au-delà des frontières nationales.  Si nous voulons briser le cycle de la pauvreté et des conflits, a pressé le Secrétaire général, nous devons adopter une approche plus ambitieuse fondée sur deux principes consacrés dans les objectifs de développement durable (ODD). 

M. Guterres a d’abord cité l’interdépendance, répétant que le Programme 2030 reconnaît qu’il ne peut y avoir de développement durable sans paix et de paix sans développement durable.  Une approche holistique de la consolidation et du maintien de la paix, assortie d’investissements ciblés et personnalisés dans le cadre du lien humanitaire-développement-paix, est essentielle.  Au Sahel, la Stratégie intégrée des Nations Unies a cherché à combler l’écart entre les besoins humanitaires et les impératifs de développement.  Elle se concentre sur le rétablissement de l’autorité de l’État dans tous les pays du Sahel, inversant ainsi le schéma de la marginalisation croissante des sociétés rurales pauvres et accordant une attention particulière aux femmes et aux jeunes. 

Le Secrétaire général a ensuite cité comme deuxième principe l’inclusion.  L’engagement du Programme 2030 de ne laisser personne de côté doit être au centre des efforts pour promouvoir le développement durable et prévenir et régler les conflits.  Il y a plus de 20 ans, a-t-il rappelé, le Conseil de sécurité a reconnu, dans la résolution 1325 (2000), la nécessité d’une participation accrue des femmes aux processus de paix.  Cette promesse n’a pas encore été pleinement tenue, a constaté M. Guterres pour qui l’égalité des chances, la protection, l’accès aux ressources et aux services sociaux, et la participation à la prise de décisions ne sont pas simplement des obligations morales et juridiques.  C’est un préalable pour extirper véritablement les pays du piège des conflits.  Le Secrétaire général a insisté sur le fait que les liens entre contextes précaires et conflits ont été particulièrement visibles sur le continent africain. 

Dans la Corne de l’Afrique et au Sahel, la fragilité a été exacerbée par des menaces transfrontalières telles que les changements climatiques, le terrorisme, la criminalité transnationale organisée et la prolifération des groupes armés.  Dans la région des Grands Lacs et de l’Afrique centrale, l’autorité limitée de l’État, la présence et l’activisme des groupes armés, les violations des droits de l’homme, l’exploitation illicite des ressources naturelles et le chômage continuent d’être à l’origine de l’instabilité.  Pour faire face à ces tendances, les nations ont travaillé en étroite collaboration avec l’Union africaine (UA) et les communautés économiques régionales.  Les cadres conjoints ONU-UA sur la paix et la sécurité et sur le développement durable ont été des instruments clefs pour prévenir et régler durablement les conflits en Afrique, ainsi que pour renforcer la résilience des États face aux menaces actuelles.

Le Secrétaire général a aussi indiqué qu’avec le Président de la Commission de l’Union africaine, il a coprésidé la quatrième Conférence annuelle des Nations Unies et de l’Union africaine, une démonstration claire de la valeur du partenariat et de la coopération stratégique entre les deux organisations.  Cette réunion a été l’occasion d’identifier les moyens de soutenir l’initiative « Faire taire les armes » de l’Union africaine, un effort « révolutionnaire » pour s’attaquer aux causes profondes des conflits sur le continent, dont les disparités économiques et sociales. 

L’appel à un cessez-le-feu mondial que j’ai lancé, a expliqué le Secrétaire général, va de pair avec cette initiative phare.  Il a souligné que les Nations Unies restent déterminées à soutenir l’ambitieux Agenda 2063 de l’Union africaine.  C’est dans ce contexte qu’a été décidé la création d’un groupe conjoint ONU-UA sur la mise en œuvre du Programme 2030 et de l’Agenda 2063, y compris en ce qui concerne le relèvement après la COVID-19.  Les mesures de prévention et de consolidation de la paix sont efficaces et permettent de sauver des vies, en particulier lorsque les stratégies d’appui aux priorités nationales s’articulent autour de domaines aussi intimement liés que la paix, le développement et l’aide humanitaire, a insisté le Secrétaire général.  Ces mesures doivent être accompagnées d’un leadership, d’un engagement politique et d’un soutien financier au niveau national. 

Or, a-t-il prévenu, les investissements de la communauté internationale demeurent insuffisants.  C’est pourquoi, a-t-il dit, j’ai demandé à plusieurs reprises d’accroître les fonds alloués à la prévention et à la consolidation de la paix.  Le Fonds pour la consolidation de la paix est à même de nous aider à coordonner nos réponses face aux crises multidimensionnelles, a estimé le Secrétaire général qui a annoncé que le 26 janvier prochain, il coprésidera une conférence de reconstitution des ressources du Fonds.  Le déploiement d’opérations de paix africaines autorisées par le Conseil de sécurité est un autre domaine dans lequel le manque de financement durable constitue un obstacle, a ajouté le Secrétaire général. 

Les États africains ont déployé une mission en Somalie et créé la Force conjointe du G5 Sahel et la Force multinationale mixte contre Boko Haram.  Mais, a insisté le Secrétaire général, les opérations de paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité requièrent des financements prévisibles, flexibles et durables, au moyen de contributions obligatoires.  M. Guterres a encouragé le Conseil à conclure son débat sur cette question. 

Les partenariats conclus avec les institutions financières internationales sont un autre moyen essentiel de faire en sorte que les secteurs clefs reçoivent des fonds suffisants, a-t-il poursuivi, saluant au passage la Stratégie de la Banque mondiale en matière de fragilité, de conflit et de violence, qui permettra d’accroître considérablement les investissements dans la prévention au niveau national.  Nos équipes de pays et nos missions, a souligné le Secrétaire général, collaborent étroitement avec les gouvernements et la Banque mondiale dans une quarantaine de pays.  Ensemble, nous nous employons en priorité à faire face à l’insécurité alimentaire, à aider les personnes déplacées et les communautés d’accueil, et à offrir des perspectives aux femmes et aux jeunes, a ajouté M. Guterres. 

Le Conseil de sécurité a un rôle déterminant dans la prise en compte des liens entre contextes précaires et conflits.  En agissant tôt et de manière préventive, en s’attaquant de façon stratégique aux causes profondes des conflits et en parlant d’une seule voix, le Conseil peut mobiliser le soutien politique et financier de la communauté internationale, mettre en lumière les domaines critiques et convaincre les acteurs des conflits, a conclu le Secrétaire général. 

Le Président de la Commission de l’Union africaine, M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, a reconnu que c’est en Afrique que se pose avec acuité le problème de fragilité des États.  Il a pris en exemple la situation qui prévaut dans le Sahel et dans le bassin du lac Tchad, rappelant qu’il y a quelques jours, on a vu le massacre de plus d’une centaine de civils au Niger.

Quand elle a été créée, l’Union africaine avait établi des outils pour aider les pays à faire face aux conflits.  C’est dans cette optique que l’architecture africaine de paix et de sécurité et ses principes couvrent tous les aspects de la prévention et de la gestion des conflits, sans oublier la reconstruction postconflit.  De même, les efforts de médiation et consolidation de la paix en Afrique sont soutenus par un système d’envoyés spéciaux, de représentants et autres officiers de liaison présents sur le continent.  Convaincue qu’elle ne peut rester silencieuse face aux drames qui se déroulent sur le continent, et soucieuse de ne pas regarder les autres prendre des décisions sur des questions la concernant, l’Union africaine a ainsi fait sienne le principe de « solutions africaines aux problèmes africains ». 

M. Mahamat a ensuite salué la coopération fructueuse entre l’ONU et l’Union africaine, notamment entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Il a expliqué que les consultations entre les deux conseils permettent d’apporter une contribution significative au développement du multilatéralisme qui se trouve aujourd’hui fragilisé par la montée des nationalismes.  C’est en mettant en commun nos expertises et nos ressources que nous pourrons avancer, a-t-il clamé.  Il a néanmoins évoqué quelques obstacles à cette coopération entre les deux organisations.  Par exemple, l’accès aux ressources prévisibles et durables dont l’Union africaine a besoin pour mener à bien des missions de paix dont elle est initiatrice ou qu’elle soutient.  Il a également reconnu qu’il faut veiller à inclure les femmes et les jeunes dans tous les efforts en matière de paix et de sécurité, tout en veillant à promouvoir la justice sociale.

Mme ELLEN JOHNSON SIRLEAF, ancienne Présidente du Libéria, a indiqué que cette nouvelle année 2021 est attendue par le monde entier avec optimisme et espoir.  « Vous, les Nations Unies, vous avez le pouvoir de briser le cercle de la violence et du désespoir dans lequel trop de personnes dans le monde sont encore enfermées.  Vous pouvez vous affranchir des considérations étriquées et reconnaître que les bénéfices découlant de sociétés pacifiques se font ressentir au-delà des frontières nationales. »  Mme Sirleaf a rappelé qu’une action précoce peut faire toute la différence dans un contexte précaire.  Les acteurs du programme « femmes, paix et sécurité » peuvent empêcher les départs de feux de se transformer en incendies. 

Prenant l’exemple de son pays, l’ancienne Présidente a dit avoir identifié trois éléments clefs pour mettre un terme au conflit armé.  Premièrement, a-t-elle dit, les Libériens réclamaient la paix « à cor et à cri ».  Deuxièmement, le pays a pu bénéficier de l’appui d’une force régionale de stabilisation et troisièmement, il a reçu un soutien international à la conclusion d’un accord de paix final.  Mme Sirleaf a estimé que dans la majorité des cas, les interventions sont trop tardives et les signes précurseurs des conflits insuffisamment pris en compte.  Parmi ces signes, elle a mentionné les tortures, les exécutions extrajudiciaires et le démantèlement des mécanismes de règlement des différends. 

L’ancienne Présidente a salué l’appui que la force de l’ONU, « malgré ses défauts », a apporté au processus de paix au Libéria, en s’élevant contre ceux qui voulaient renverser par la force les vainqueurs légitimes des urnes.  Elle a souligné la précieuse contribution des femmes libériennes sans lesquelles la paix n’aurait pas été possible.  Mme Sirleaf a rejeté les arguments de ceux qui jugent trop coûteuses les opérations de maintien de la paix.  Bien au contraire, elle a exprimé son soutien « ardent » auxdites opérations.  Ces opérations, a-t-elle plaidé, doivent néanmoins être dotées de structures plus flexibles afin de mieux répondre à l’évolution de la situation et aux priorités identifiées par les autorités nationales. 

Si elle a salué le travail abattu par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Sirleaf a estimé que son existence même est la preuve de l’échec de la communauté internationale à répondre aux contextes précaires.  Refusant « les platitudes », elle a souligné que l’ONU doit être un mécanisme efficace pour la paix et un soutien aux pays les plus fragiles.  La pandémie actuelle étant une tragédie humaine, elle n’a pas manqué de plaider pour une distribution équitable des vaccins.

M. KAÏS SAÏED, Président de la Tunisie, a expliqué que le thème choisi pour ce débat découle de l’attachement de son pays à braquer les projecteurs sur les contextes précaires qui alimentent la violence et prolongent les conflits, menaçant les efforts visant à consolider la démocratie et le développement dans de nombreuses régions du monde et notamment en Afrique.  L’absence de guerre ne veut pas dire forcément la paix durable, « l’objectif premier ».  Préserver la paix et la stabilité, a souligné le Président, requiert une approche holistique et multipartite qui remédie aux causes profondes des conflits, dont les facteurs qui engendrent les contextes précaires comme la pauvreté, le chômage, la marginalisation, l’exclusion et le recul du développement humain et la fragilité des institutions de l’État, sans oublier l’affaiblissement de la gouvernance. 

M. Saïed a également cité le terrorisme et la criminalité transnationale organisée ou encore l’impact des changements climatiques et la prévalence des pandémies dans un contexte de ressources limitées.  Il s’agit là d’un cercle vicieux qui menace la cohésion sociale, a prévenu le Président pour lequel tous ces facteurs sont à l’origine des vagues migratoires.  M. Saïed a prôné, contre ces facteurs, la promotion des droits de l’homme, la bonne gouvernance et l’inclusion de toutes les franges de la société, notamment les femmes et les jeunes. 

Notant que 60 ans après l’accession du plusieurs pays africains à l’indépendance, la violence se poursuit sur le continent, il a reconnu l’émergence de défis et de menaces complexes et multidimensionnels.  Le Président a estimé que le Conseil de sécurité doit tenir compte de ces facteurs et de leurs liens avec la violence et les conflits.  La réponse aux conflits requiert une approche multipartite et une réponse coordonnée.  Le Président Saïed a soutenu l’initiative « Faire taire les armes » de l’Union africaine.  Pour une réponse efficace et efficiente aux causes sous-jacentes des conflits, il a appelé à la mobilisation de toutes les parties prenantes, y compris les fonds et programmes de l’ONU, les institutions financières internationales et les bailleurs de fonds, en vue de dégager une stratégie globale de consolidation de la paix basée sur les capacités des pays concernés et l’appropriation nationale. 

Une telle stratégie, a expliqué le Président, doit viser la réalisation du développement durable.  Il a encouragé le Conseil de sécurité à réfléchir au renforcement des capacités humaines et institutionnelles des pays concernés.  Il s’agit du choix le moins coûteux pour les Nations Unies et la communauté internationale, a-t-il fait valoir, mais aussi du choix le plus éthique et le plus moral parce qu’il n’y a pas de paix sans développement pour tous, « un développement durable qui préserve la dignité de l’humain où qu’il soit ».

Concluant sur la pandémie de COVID-19, le Président a constaté que l’impact est beaucoup plus prononcé dans les contextes précaires où la pandémie a exacerbé la violence et les tragédies humaines.  Cette pandémie, a souligné le Président, se joue des frontières et dans cette course contre la montre, on ne peut travailler seul.  Les vaccins et les traitements de la COVID doivent être accessibles à tous, a-t-il exigé, en exhortant toutes les parties aux conflits dans le monde à répondre à l’appel à un cessez-le-feu mondial, lancé par le Secrétaire général.  Il faut explorer de nouveaux moyens qui nous portent vers un avenir meilleur pour tous sur un pied d’égalité, a conclu le Président. 

M. MAHAMADOU ISSOUFOU, Président du Niger, a estimé que les contextes précaires sont très difficiles à définir.  La fragilité est plus qu’une question de croissance économique ou une question institutionnelle ou de conflit, s’est expliqué le Président, qui a rappelé que l’indice de fragilité des États du Fonds de consolidation de la paix est calculé à partir de 12 critères.  Il a aussi rappelé l’indicateur d’évaluation des politiques et des institutions des pays de la Banque mondiale.  On définit aussi les États fragiles comme ceux « dans lesquels les pauvres ne disposent pas de services essentiels car les pouvoirs publics n’ont pas la volonté ou la capacité de les leur assurer » ou encore comme étant « des États dotés de faibles capacités pour assumer les fonctions essentielles de gouvernance et privés de la faculté de développer des relations constructives et mutuellement avantageuses avec la société ».  Les pays qui abritent une mission de maintien de paix ou de consolidation de la paix des Nations Unies et/ou régionale, durant ces trois dernières années, sont également considérés comme fragiles. 

Les situations de fragilité, de conflit et de violence touchent aussi bien des pays à faible revenu que les pays à revenu intermédiaire, a noté M. Issoufou, citant un rapport de la Banque africaine de développement (BAD) qui fait ressortir que la quasi-totalité des États en situation de fragilité extrême était, à l’époque de la diffusion du rapport, dotée de ressources naturelles abondantes prouvant ainsi que des ressources mal gérées sont un facteur de conflit, donc de fragilité, alors qu’elles sont sources de résilience quand elles sont bien gérées.  Un des exemples les plus emblématiques a été celui de la Sierra Leone, riche en diamant. 

Pour le Président, la fragilité est l’un des plus grands défis du XXIe siècle, d’autant plus que les contextes fragiles sont de plus en plus le champ de bataille des rivalités géopolitiques.  Les confits, le terrorisme, les pandémies, les déplacements forcés, les catastrophes, les famines prennent souvent racine dans la fragilité.  Ces facteurs sont à la fois causes et conséquences de la fragilité.  La pauvreté est de plus en plus concentrée dans les contextes précaires.  Si rien n’est fait dès aujourd’hui, a prévenu M. Issoufou, 80% des pauvres de la planète pourraient vivre dans des contextes précaires, ce qui est incompatible avec la vision d’un monde meilleur inscrite dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine et le Programme 2030. 

On estime que 65% et 60% de la population mondiale respectivement sans accès à l’eau et à une alimentation suffisante vivent dans les États fragiles et la pandémie de COVID-19 a aggravé la situation, en menaçant d’effacer plusieurs décennies de progrès sur le front de la réduction de la pauvreté et du développement.  En 2020, entre 18 millions et 27 millions de personnes de plus étaient déjà tombées dans la pauvreté et le flux des déplacés et des réfugiés ne cesse d’augmenter. 

M. Issoufou a voulu que l’on fasse de la fragilité une priorité, en tenant compte de sa complexité et de sa nature multidimensionnelle.  Pour parvenir à l’objectif final d’apporter de l’espoir et une existence meilleure à toutes les personnes vivant dans des contextes précaires, il faut, a prescrit le Président, intensifier les efforts de prévention, de paix, de sécurité en y consacrant plus de ressources, investir dans une aide plus volumineuse et plus intelligente, investir aussi dans les données afin de mieux comprendre les différents états de fragilité et pouvoir anticiper, et renforcer la capacité des pouvoirs publics à apporter des solutions inclusives. 

Il faut, bien sûr, renforcer les architectures internationales et régionales de gestion des conflits et de paix.  Une plus grande collaboration est nécessaire entre les acteurs de l’humanitaire, du développement, de la paix et de la sécurité.  Il faut encourager des institutions comme la Banque mondiale et la BAD, qui ont des facilités pour les États fragiles, à faire plus. 

L’Afrique est certainement le continent où on rencontre le plus de contextes précaires, a reconnu le Président pour qui aider la région à mettre en œuvre l’Agenda 2063 est le seul moyen de la sortir de la fragilité.  Il faut, a-t-il aussi plaidé, soutenir la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine et porter une attention particulière à des sous-régions comme le Sahel où les États sont confrontés à tous les facteurs de fragilité notamment les défis sécuritaires, climatiques et démographiques.  Dans cette sous-région, nous avons plus que jamais besoin d’institutions démocratiques fortes, de moyens de défense et de sécurité renforcés et de développement. 

En particulier, nous avons besoin d’un mandat en vertu du Chapitre VII pour la Force conjointe du G5 Sahel.  Nous avons besoin, a ajouté le Président, de la participation la plus large possible de la communauté internationale à la Coalition internationale de lutte contre le terrorisme au Sahel.  M. Issoufou a appelé les partenaires techniques et financiers à apporter leurs contributions au Programme d’investissement prioritaire du G5 Sahel adopté à Nouakchott en décembre 2018. 

 

Le Président du Kenya, M. UHURU KENYATTA, a estimé que ce débat de haut niveau exige que nous réexaminions la raison même pour laquelle les Nations Unies existent.  Comment le multilatéralisme peut-il être adapté au maintien de la paix?  Le fait que le Conseil de sécurité consacre l’essentiel de son programme de travail aux conflits en Afrique témoigne de la fragilité de nombreux pays et régions du continent, a reconnu le Président.  Si nous voulons être fidèles à la Charte fondatrice de l’ONU, a-t-il préconisé, il faut investir davantage dans des approches plus efficaces ou revitaliser les mécanismes existants qui maintiennent la paix et ancrent la stabilité en Afrique.

Dans ce continent, a-t-il constaté, les capacités de l’État, dans les situations les plus fragiles, n’ont pas suffisamment été renforcées pour pouvoir contrôler efficacement chaque partie du territoire.  Les capacités de fournir des services publics à tous les citoyens sont également limitées.  Dans le même temps, les défis les plus dangereux auxquels sont confrontés les pays se sont multipliés.  Par exemple, a expliqué M. Kenyatta, la mondialisation a peut-être élargi les opportunités économiques, mais elle a également réduit davantage le rôle de l’État, et pour ajouter à cette fragilité, les institutions multilatérales ont souvent manqué de ressources, de savoir-faire et de mandats adéquats pour soutenir efficacement les États confrontés à des défis sécuritaires.

Le Président du Kenya a pris l’exemple de la pandémie de COVID-19, expliquant que la plus grande différence n’est pas dans les approches de l’Est et l’Ouest.  Cette différence est plutôt ceux qui peuvent ou ne peuvent pas jeter un pont solide pour permettre à leurs citoyens et à leur économie de naviguer dans des crises extrêmes.  Dans les pays en conflit ou postconflit, a-t-il poursuivi, la paix ne sera maintenue que si ces pays sont assez forts pour contrôler tout leur territoire et fournir des services publics.  Le système multilatéral, tel qu’incarné par les Nations Unies, devrait donc aider les États fragiles à acquérir de telles capacités. 

Le Président Kenyatta a ensuite fait quatre propositions visant à produire « un multilatéralisme digne de notre époque ».  Premièrement, a-t-il préconisé, il faut tirer parti des connaissances des parties qui sont les plus proches des crises.  Cela veut dire, écouter et responsabiliser les acteurs nationaux engagés dans la construction des « ponts politiques non partisans » vers la paix et la sécurité.  Le Conseil de sécurité devrait donc privilégier une coopération plus étroite avec des mécanismes tels que l’Union africaine et les communautés économiques régionales.

Deuxièmement, le Conseil de sécurité et les organes pertinents des Nations Unies doivent faire davantage pour renforcer les capacités des principales institutions publiques dans les situations postconflit.  La Commission de consolidation de la paix peut jouer un rôle inestimable et le Kenya soutiendra étroitement ce travail au cours des deux prochaines années.

Troisièmement, a ajouté le Président, il ne faut empêcher la COVID-19 de devenir un facteur majeur d’insécurité.  Si les pays fragiles n’ont pas accès rapidement aux vaccins, leurs problèmes économiques risquent de se transformer en défis politiques et sécuritaires, a-t-il averti.  L’accès abordable et rapide aux vaccins doit être considéré comme un investissement précieux en faveur de la paix.

Enfin, le Président a estimé qu’il faut renforcer le rôle de l’Afrique et des pays du Sud dans le système multilatéral.  La revitalisation du multilatéralisme pour parvenir à la paix et la sécurité mondiales passe par « un Sud uni, actif et engagé ».  À cet égard, il a applaudi Saint-Vincent-et-les Grenadines qui est devenue au Conseil de sécurité « le plus 1 » des trois pays africains.  Cette action permet aux centaines de millions de gens en Afrique, dans les Caraïbes et dans d’autres parties du monde, de voir que leur voix compte.  Une telle conviction, a conclu le Président, peut conduire à une plus grande foi dans les Nations Unies et leurs décisions.  « C’est la raison pour laquelle j’ai confié à notre Mission permanente auprès des Nations Unies d’être une voix forte pour une Afrique unie, pour le Sud et pour l’Assemblée générale. »

M. RALPH E. GONSALVES, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a souligné le besoin évident de solutions pratiques centrées sur les peuples, renforçant l’appropriation nationale dans les pays qui ont besoin d’une assistance.  Grâce à l’action collective et à la solidarité, un avenir meilleur est à portée de mains pour ceux qui y aspirent, d’Haïti à la Corne de l’Afrique, en passant par le Sahel et le Yémen.  Soulignant la nécessité d’approches globales pour répondre aux causes profondes des fragilités, y compris celles laissées pendantes lors du rapide processus de décolonisation, M. Gonsalves a exhorté le Conseil à y œuvrer en coopérant notamment plus étroitement avec l’Assemblée générale et le Conseil économique et social. 

Le Premier Ministre a appelé les pays développés à honorer leurs promesses au titre de l’aide publique au développement et à appuyer davantage les efforts d’atténuation des risques sécuritaires découlant des changements climatiques.  Ces pays devraient également accroître leur soutien aux pays en proie à un conflit par le biais de prêts concessionnels, de programmes d’allégement de la dette et de projets à impact rapide.  Le Premier Ministre s’est dit en faveur des réparations pour les crimes commis dans l’histoire, tels que les génocides des populations autochtones, la traite africaine et la colonisation violente, qui ont gravement obéré le développement des pays concernés. 

Une justice de réparation doit faire partie de tout ordre du jour international sérieux, a insisté M. Gonsalves qui a demandé à tous les pays de s’abstenir de toute mesure coercitive unilatérale visant des pays plus faibles.  Même dans les circonstances les plus difficiles, un engagement ferme en faveur des imprescriptibles principes de souveraineté et d’indépendance politique, au sein d’un cadre multilatéral parvenu à maturité, est la meilleure assurance contre le chaos et le désordre.  Enfin, rappelant que l’ONU est née des cendres de la Seconde Guerre mondiale, le Premier Ministre a estimé que la pandémie actuelle peut être l’occasion de forger un multilatéralisme renouvelé et efficace, qui soit au service de tous.  « Il est temps de passer à l’action. »

Mme INE ERIKSEN SØREIDE, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a estimé d’emblée que le maintien de la paix et de la sécurité dans des contextes précaires nécessite un effort déterminé et à long terme, basé sur une solide compréhension des causes profondes.  À ce titre, elle a d’abord cité la mauvaise gouvernance et les violations des droits de l’homme, associées à un manque de développement, à une pénurie d’emplois et à de mauvaises perspectives d’avenir, qui sont, selon elle, une indication qu’un pays ou une région entre dans la fragilité.  Elle a ensuite cité la corruption systémique et les inégalités qui se renforcent mutuellement et augmentent les risques de conflit et de déstabilisation.  Ces risques peuvent à leur tour amplifier la menace potentielle du terrorisme, en ouvrant aux groupes terroristes l’accès aux ressources et en facilitant les recrutements.  En troisième lieu, la Ministre a relevé qu’il existe un chevauchement substantiel entre fragilité et vulnérabilité climatique.  Sur les 20 pays les plus vulnérables aux changements climatiques, la moitié sont aux prises avec des conflits. 

Pour aider les pays et les régions à jeter les bases d’une paix durable, il faut, a préconisé la Ministre, une action concertée autour de tous les piliers et institutions de l’ONU.  Elle a appuyé l’appel du Secrétaire général en faveur d’un élan de la diplomatie de paix et s’est dite convaincue que les réformes lancées rendent progressivement l’ONU plus sensible aux conflits et plus souple dans les pays.  Le système des Nations Unies est désormais mieux placé pour adopter une approche à l’échelle du système, s’est-elle félicitée ajoutant que les missions politiques de l’ONU, telles que le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, jouent un rôle crucial en matière de diplomatie préventive et de médiation.  La Ministre a estimé que le Conseil de sécurité pourrait exploiter davantage les ressources combinées de la nouvelle génération des coordonnateurs résidents et des équipes de pays des Nations Unies dans ses efforts de maintien de la paix.

La Ministre s’est dite profondément préoccupée par le bilan humanitaire des conflits et de la fragilité, exacerbé par la pandémie de COVID-19.  Elle a plaidé pour que la protection des civils soit au cœur des interventions du Conseil, arguant que l’absence de protection alimente les conflits, les déplacements et la méfiance.  La Ministre a souligné qu’au milieu de la dévastation et des traumatismes, ce sont souvent aux femmes qu’il revient de reconstruire ce qui a été détruit: la confiance, l’unité, les infrastructures et les institutions.  Au Mali, a-t-elle indiqué, nous avons travaillé avec l’accord de toutes les parties pour soutenir l’inclusion accrue, légitime et représentative des femmes dans les comités officiels chargés de la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation pour le nord du pays.  L’inclusion des femmes est une question de droits mais aussi une question de résultats, a fait valoir la Ministre pour laquelle aucune société ne peut vraiment réussir sans la participation active des femmes.

Elle a aussi invité le Conseil à se concentrer davantage sur l’alerte rapide et à accorder plus d’attention aux États fragiles menacés par un conflit et cela suppose d’analyser et de renforcer la capacité d’action du Conseil, grâce, par exemple, aux réunions informelles d’information.  Le respect du droit international, y compris du droit international humanitaire et des droits de l’homme, constituera, a annoncé la Ministre, « le fondement » de nos travaux au Conseil de sécurité.  Nous ferons appel à notre expérience des processus de paix pour renforcer les efforts de prévention et de règlement des conflits, y compris dans les contextes précaires. 

Nous nous engagerons en faveur du programme « femmes, paix et sécurité » pour garantir la participation et les droits des femmes dans les efforts de paix et de sécurité de l’ONU, et dans ceux liés à la protection des civils, y compris les enfants.  Enfin, a conclu la Ministre, la Norvège veillera à ce que le Conseil de sécurité examine les risques sécuritaires liés au climat et évalue constamment les effets potentiels des changements climatiques sur toutes les questions à l’ordre du jour. 

M. JAMES CLEVERLY, Ministre d’État pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord du Royaume-Uni, a rappelé que d’ici à 2030, 80% des personnes vivant dans l’extrême pauvreté seront dans des États et régions fragiles.  Il a souligné trois éléments clefs pour maintenir la paix et la sécurité internationales.  Premièrement, les processus de paix sont souvent « la chasse gardée » d’hommes privilégiés.  Or, nous savons que la paix ne peut pas être pérenne si la moitié de la population n’est pas représentée à la table des négociations, a déclaré le Ministre.  Il a donc demandé que les femmes disposent, dès le début, d’une place à cette table, avant de souligner la nécessité de protéger celles qui défendent leurs droits et leurs communautés.  M. Cleverly a encouragé tous les États Membres à s’engager en faveur du programme « femmes, paix et sécurité ». 

Deuxièmement, il a estimé que l’ONU et l’Union africaine sont plus fortes, ensemble, en tant que partenaires pour la paix.  La coopération qui a permis l’accord de paix en République centrafricaine et la médiation de l’Union africaine au Soudan sont deux exemples de ce partenariat en faveur de la paix.  Le Ministre a indiqué que son pays vient de déployer 300 soldats au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).  Troisièmement, a-t-il dit, je voudrais insister sur l’importance d’une approche intégrée en vue de prévenir les conflits.  Les dernières résolutions jumelles sur la pérennisation de la paix attestent de la détermination de la communauté internationale à remédier aux causes profondes des risques, avant que les armes ne se mettent à parler. 

Le Ministre d’État a tenu à souligner les mesures positives prises par l’ONU pour préserver la paix dans des contextes précaires, estimant que sa capacité de prévention et de réponse a été renforcée, notamment par le biais du Fonds de consolidation de la paix.  La Commission de consolidation de la paix est désormais une enceinte « essentielle » pour la coopération internationale en faveur des pays et régions fragiles.  Nous comprenons mieux, « et c’est fondamental », l’importance d’un maintien et d’une consolidation de la paix inclusifs.  Dans un monde en rapide mutation, nos partenariats sont notre force; l’inclusion, notre sécurité; et la paix, notre récompense, a conclu M. Cleverly.

M. LE HOAI TRUNG, Vice-Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a dit que la COVID-19 a montré la fragilité du monde et ses limites.  La pandémie a exacerbé les situations en Afrique, notamment au Sahel et dans la région des Grands Lacs, ainsi que les crises des réfugiés et des déplacés.  La fragilité, a estimé le Vice-Ministre, puise ses racines dans la pauvreté, les changements climatiques et les violations du droit international.  Mais, s’est-il dit convaincu, 2020 n’a pas été sans espoir car la grande tendance a été les appels à la coopération internationale.  Mais la clef contre la fragilité, ce sont aussi les approches inclusives, les solutions à long terme et l’appropriation nationale. 

Le Vice-Ministre a appelé le Conseil de sécurité à renforcer sa coopération avec les organisations régionales et les autres organes des Nations Unies, à améliorer ses mécanismes de prévention des conflits, à actionner plus systématiquement la diplomatie préventive et à suivre les situations postconflit.  En 2021, a annoncé le Vice-Ministre, la priorité sera de promouvoir une coopération accrue entre les organisations régionales et l’ONU sur la prévention de conflit.  « Faisons de 2021 une année d’initiatives efficaces et collectives. »

M. THOMAS BYRNE, Ministre d’État au Cabinet du Premier Ministre et au Ministère des affaires étrangères l’Irlande, a énoncé les trois priorités du mandat de son pays au Conseil de sécurité: rétablir la paix, renforcer la prévention et la consolidation de la paix et garantir l’établissement des responsabilités dans les violations des droits de l’homme.  Le Conseil de sécurité, a-t-il dit, doit être proactif, prendre en compte les signes précurseurs des conflits et comprendre les dynamiques sous-jacentes des conflits.  Le Premier Ministre a encouragé le Conseil de sécurité à utiliser davantage les ressources à sa disposition et en particulier la Commission de consolidation de la paix.  Fort de 60 ans d’expérience au service de la paix, l’Irlande, a-t-il dit, sait que les efforts de consolidation de la paix sont plus robustes quand ils sont inclusifs, et impliquent les femmes et les jeunes.

Le Ministre d’État a aussi attiré l’attention du Conseil sur les facteurs « contemporains » des conflits dont les changements climatiques et le manque d’accès aux ressources naturelles comme l’eau.  Cela suppose, a-t-il souligné, le renforcement des liens avec la Commission de consolidation de la paix, les équipes de pays des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales.  S’agissant de l’établissement des responsabilités, le Premier Ministre a souligné l’importance de la justice transitionnelle pour rendre justice aux victimes des conflits et rétablir la confiance et la cohésion sociale.  « Notre humanité partagée transcende nos différences », a conclu le Ministre d’État en appelant les membres du Conseil à se laisser guider par ce principe. 

M. JEAN-BAPTISTE LEMOYNE, Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, a indiqué que les facteurs de fragilité sont multidimensionnels, tout en identifiant comme dénominateur commun la faiblesse des États.  Ces fragilités exposent les populations et le personnel des Nations Unies à des risques nouveaux, a-t-il dit.  Ces fragilités s’épanouissent dans un contexte d’affaiblissement des partenaires institutionnels, voire de vides de gouvernance, et offrent ainsi un terrain propice au développement du terrorisme et à l’affaiblissement des processus de paix.  À cette aune, M. Lemoyne a incité à « décloisonner notre action », en traitant les crises dans leur dimension régionale, en mettant l’accent sur la prévention, le renforcement des capacités des États et la consolidation de la paix et en dépassant une réponse sécuritaire pour traiter les facteurs de fragilité.  « C’est l’approche que promeut la France aux Nations Unies et au sein de ce Conseil. »

Le Secrétaire d’État français a tenu ensuite à rappeler le chemin parcouru, en notant que le système des Nations Unies s’est réformé pour s’adapter à ces défis.  « Face à des environnements plus exigeants, les opérations de maintien de la paix sont devenues plus performantes, plus robustes et plus agiles. »  Pour accompagner ces évolutions, a-t-il poursuivi, les opérations de maintien de la paix ont plus que jamais besoin de contingents mobiles et réactifs, bien équipés et bien formés, y compris sur le plan linguistique.  « Je pense notamment à la langue française. »

Il a ensuite salué la résilience dont les opérations de maintien de la paix ont fait preuve face à la crise de la COVID-19 et l’engagement des Casques bleus aux côtés des États hôtes pour apporter leur soutien à la gestion de cette crise sans précédent.  Estimant que le Fonds de consolidation de la paix est un levier majeur dont l’efficacité a été prouvée, il a indiqué que la France multipliera par 4 sa contribution, qui atteindra ainsi 4 millions d’euros en 2021.

Le Secrétaire d’État a insisté sur la nécessité de faire évoluer les cadres d’intervention, la gestion des crises devant tenir compte de leur dimension régionale.  « Pour y faire face, elle doit mieux tirer parti des partenariats, en particulier avec l’Union africaine. »  Il a estimé que la Force conjointe du G5 Sahel est un exemple à promouvoir, ajoutant que l’objectif de la France est qu’elle devienne pleinement autonome.  Pour y parvenir, la Force a encore besoin d’un soutien aussi ambitieux que possible, auquel le Conseil de sécurité doit contribuer.  M. Lemoyne a souhaité que la dimension climatique et la mise en œuvre du Programme 2030 soient systématiquement prises en compte.  Dans ce contexte, la France soutient la recommandation de confier aux Nations Unies une mission d’analyse et d’alerte précoce des impacts des changements climatiques pour la sécurité internationale, à travers un rapport biennal du Secrétaire général à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité, a indiqué M. Lemoyne.

Enfin, il a rappelé que la gestion des transitions nécessite également davantage de flexibilité, pour éviter un retrait abrupt de la présence internationale lorsque, par exemple, une opération de maintien de la paix est fermée.  « Ce Conseil peut y contribuer en créant, par exemple, une mission politique spéciale chargée d’accompagner les autorités après le départ des Casques bleus, comme c’est le cas au Soudan. »

M. HARSH VARDHAN SHRINGLA, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’Inde, a souligné d’emblée que l’héritage du colonialisme constitue la base de l’instabilité actuelle sur le continent africain mais, a-t-il ajouté, gardons de peindre tous les problèmes de fragilité avec le même pinceau.  En toutes choses, le plein respect de l’appropriation nationale ne saurait être sous-estimé et nous devons reconnaître la primauté des gouvernements nationaux dans l’identification des priorités, des stratégies et des activités de maintien de la paix. 

Le Conseil de sécurité, a poursuivi le Secrétaire d’État, doit se montrer respectueux de l’approche régionale et l’Union africaine a un rôle de premier plan à jouer dans la consolidation de la paix et le relèvement postconflit, a estimé M. Shringla qui s’est réjoui de la collaboration entre l’ONU et l’Union africaine mais aussi les organisations sous-régionales.  Il a salué le Cadre politique de l’Union africaine pour la reconstruction et le développement postconflit et souligné que les dirigeants africains ont déjà pris d’importantes initiatives telles que le Groupe d’experts de haut niveau sur les États fragiles pour répondre aux besoins des pays d’une manière flexible et rapide. 

M. Shringla a également dit qu’il faut veiller à ce que l’ONU et sa présence sur le terrain soient suffisamment dotées de ressources.  Elles devraient avoir une stratégie de retrait « claire et bien pensée » et à cet égard, les efforts de la Commission de consolidation de la paix doivent être renforcés, surtout pour coordonner les interventions des institutions financières internationales, du secteur privé ou encore des organisations de la société civile. 

Le Secrétaire d’État a insisté sur rôle de la technologie, en particulier de la technologie numérique, pour améliorer les services publics et promouvoir la transparence dans la gouvernance.  Face aux défis du terrorisme, en particulier au Sahel et dans la Corne de l’Afrique, l’Afrique, a conclu le Secrétaire d’État, a pris des initiatives qui doivent être soutenues plus résolument par le Conseil de sécurité et la communauté internationale.  Rappelant que plus de la moitié des questions à l’ordre du jour du Conseil concernent l’Afrique, le Secrétaire d’État a apporté son appui au Consensus d’Ezulwini sur la réforme du Conseil de sécurité. 

Le Ministre des affaires étrangères du Mexique, M. MARCELO EBRARD CASAUBÓN, a indiqué que les menaces à la paix et à la sécurité internationales sont multidimensionnelles et en constante évolution.  Ces menaces ne sont pas seulement de nature militaire ou politique, mais elles sont également bien souvent liées aux questions de développement, des droits de l’homme, du climat et de santé publique.  En 2020, a-t-il dit, les problèmes de la pauvreté chronique, des inégalités économiques et sociales, de la dégradation de l’environnement, de l’insécurité alimentaire, des violations des droits de l’homme, de la discrimination et du commerce « irresponsable » ont été encore exacerbés par la pandémie de COVID-19.  Il faut donc, a préconisé le Ministre, une vision « plus holistique et plus humaine » ciblant les racines structurelles des conflits.  La paix ne peut être maintenue sans institutions nationales fortes ni participation de tous les membres de la société, en particulier les femmes et les jeunes, a souligné le Ministre.

Si le Conseil de sécurité a la capacité de régler les conflits, c’est le système de développement des Nations Unies, a estimé le Ministre, qui contribuer à empêcher la résurgence desdits conflit et à parvenir à une paix durable.  Le Conseil doit maintenir le dialogue avec les autres organes onusiens, et renforcer les partenariats stratégiques avec les organisations régionales et sous-régionales pour veiller à ce que les stratégies de consolidation et de maintien de la paix répondent réellement aux réalités régionales et nationales.  Il a aussi plaidé pour une meilleure coordination avec les institutions financières internationales, le secteur privé et la société civile. 

Le Ministre a en outre dit partager l’avis du Secrétaire général de l’ONU selon lequel il est moins coûteux d’investir dans la prévention que dans la gestion des conflits et la création de structures de maintien de la paix qui peuvent durer des décennies.  Le Ministre a prôné un recours « stratégique » à la Commission de consolidation de la paix pour placer les pays sur la voie de la stabilité et du développement.  Dans le contexte de la pandémie actuelle, il est plus urgent que jamais que le Conseil de sécurité veille à construire une paix durable, dans laquelle le bien-être et la sécurité des personnes sont toujours au centre de ses actions, a conclu le Ministre.

Les États-Unis ont cité parmi les facteurs de fragilité la mauvaise gouvernance ou bien encore le non-respect des droits de l’homme.  Le terrorisme aggrave ces fragilités, tout comme l’a fait la pandémie de COVID-19, ont-ils ajouté, en parlant d’une pandémie qui a de graves conséquences économiques et sociales, dont l’isolement des femmes.  La délégation a également dénoncé la corruption comme un facteur d’exacerbation des conflits.  Elle a accusé certains pays de tirer profit de l’instabilité des pays, en mentionnant l’Iran qui alimente cette instabilité grâce à ses affidés. 

Les États-Unis ont rappelé que le monde compte 50 millions de déplacés, 20 millions de réfugiés et 235 millions de personnes qui ont besoin d’une aide.  Nous devons montrer au monde que le Conseil peut traiter de ces questions, a dit la délégation, en exhortant le Conseil à mener une action « non politisée et efficace ».  Elle n’a pas manqué de détailler l’engagement des États-Unis en faveur de la prévention des conflits.  La délégation a en effet déclaré que 50% de l’aide américaine totale va aux pays fragiles.  Elle a affirmé que les États-Unis ont été félicités par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour leur engagement en faveur de la lutte contre la corruption au niveau international.  Enfin, nous contribuons à hauteur de 25% au budget des opérations de maintien de la paix de l’ONU, a rappelé la délégation.

La Chine est revenue sur l’année 2020, une année qui a exposé les systèmes de gouvernance nationaux et internationaux, avec la pandémie de COVID-19 en toile de fond.  Elle a concédé que les pays africains ont payé un lourd tribut et a souligné l’interdépendance entre les pays et l’importance du multilatéralisme, avec l’ONU en son cœur.  Il faut renforcer la confiance mutuelle et œuvrer de concert pour lutter ensemble contre la pandémie, a plaidé la Chine, en parlant d’une « priorité absolue » pour la communauté internationale.  Elle a appelé au dialogue, à des efforts collectifs pour régler les conflits et à une distribution équitable des vaccins, en tant que « bien public mondial ». 

Nous avons, a dit la Chine, lancé une opération « sans précédent », en déployant des équipes sanitaires dans 16 pays africains et en soutenant les systèmes de santé dans 32.  Nous contribuons à l’accès à des vaccins abordables.  Le sous-développement étant l’une des principales causes des conflits, la Chine a voulu que l’on mette en œuvre le Programme 2030 « de façon globale, équilibrée et dynamique ».  Elle a également insisté sur l’aide qu’il faut apporter au renforcement des capacités des pays africains, y compris dans le secteur de la santé et de la résilience aux changements climatiques.  Nous avons pris des mesures ambitieuses pour réaliser les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat et nous appelons les autres à faire de même, a déclaré la Chine.

Elle a insisté sur un système multilatéral, avec en son cœur les Nations Unies, sur le respect du droit international, l’amélioration de la gouvernance internationale et de l’intensification de l’action « intégrée et collective » contre les menaces sécuritaires et sanitaires.  Compte tenu de la réalité actuelle, elle a encouragé le Conseil de sécurité à redoubler d’efforts pour régler les conflits par des moyens politiques et renforcer sa coopération avec les organisations régionales africaines « en vue de dégager des synergies ». 

Pour la Fédération de Russie, la question débattue aujourd’hui relève bien du Conseil de sécurité, mais aussi d’autres instances de l’ONU.  Évitons les doublons, a voulu la délégation, en soulignant par exemple que certains facteurs d’instabilité comme les changements climatiques appartiennent à d’autres organes de l’ONU.  Chaque organe de l’ONU doit d’abord et avant tout se limiter à ses prérogatives et beaucoup de facteurs de conflit ne relèvent pas du Conseil de sécurité, a insisté la Fédération de Russie.  Gardons-nous de considérer systématiquement les problèmes sociétaux comme des facteurs de conflit, au risque d’ouvrir la voie à des abus. 

Évitons aussi, a-t-elle préconisé, de faire de la consolidation de la paix et de la prévention des conflits un prétexte aux ingérences et aux renversements de gouvernements.  De même, l’imposition de sanctions « illégales » est néfaste pour le maintien de la paix et la sécurité internationales.  La Fédération de Russie a plaidé pour une coopération renforcée entre l’ONU et l’Union africaine, car « il faut utiliser le potentiel des acteurs régionaux qui ont une meilleure connaissance de leur zone de responsabilité ». 

L’Estonie a reconnu que le Conseil de sécurité devrait traiter des causes et non seulement des symptômes, lorsque la violence éclate.  Elle a préconisé une vision holistique, soucieuse de l’interdépendance entre paix et développement durable et d’une collaboration étroite avec les organisations régionale.  L’Estonie a insisté sur les menaces que représentent les changements climatiques pour la paix et la sécurité.  Nous espérons qu’en 2021, a-t-elle souhaité, le Conseil pourra enfin adopter une résolution thématique sur le climat et la sécurité, donner un mandat au Secrétaire général pour suivre la question et conférer également des mandats solides aux opérations de paix.  La présence d’un expert du climat à la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) est un bon début, a estimé l’Estonie. 

L’état de droit, l’accès à la justice et le respect des droits de l’homme sont essentiels au maintien de la paix et de la sécurité dans des contextes fragiles, a souligné l’Estonie.  Pour avoir des communautés pacifiques et résilientes, il faut reconnaître les violations passées et présentes et dédommager les victimes.  Le Conseil de sécurité devrait accorder toute l’attention voulue à tous ces aspects dans les mandats qu’il autorise, a exhorté la délégation pour laquelle l’inclusion est « un antidote » important dans les contextes précaires.  Il est essentiel d’impliquer les femmes et les jeunes dans les efforts, les données suggérant que les sociétés dans lesquelles l’égalité entre les sexes est réelle sont plus pacifiques.  Le Conseil, a conclu l’Estonie, a la responsabilité d’évoluer avec le temps et d’ouvrir de nouvelles questions et d’être prêt à actionner de nouveaux outils pour s’attaquer aux questions émergentes.  Le Conseil doit revoir ses pratiques actuelles pour leur assurer plus d’efficacité. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.