Conseil de sécurité: signaux négatifs sur le terrain et nouveau risque d’escalade selon le Coordonnateur spécial pour le Moyen-Orient
Intervenant pour la première fois en personne au Conseil de sécurité, ce matin, le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Tor Wennesland, a dressé un bilan inquiétant de la situation sur le terrain. « Si nous n’agissons pas rapidement et de manière décisive, nous risquons de plonger dans une nouvelle escalade meurtrière de violence », a-t-il averti.
Rapportant une série de faits préoccupants et porteurs, selon lui, de risques accrus et interdépendants, le Coordonnateur spécial a insisté sur la nécessité d’une approche coordonnée pour encourager toutes les parties à mettre en œuvre des changements de politique et des réformes, afin de rétablir un horizon politique qui aidera à arrêter le cycle sans fin de la gestion des crises.
En Cisjordanie, une grave crise budgétaire et économique menace la stabilité des institutions palestiniennes, a souligné M. Wennesland, avant de détailler la violence quotidienne dans l’ensemble des territoires palestiniens occupés. Les mesures unilatérales, y compris l’expansion des colonies israéliennes et les démolitions, continuent d’exacerber les tensions, d’alimenter le désespoir, d’éroder la position de l’Autorité palestinienne et de réduire davantage la perspective d’un retour à des négociations significatives. À Gaza, a-t-il résumé, la fragile cessation des hostilités continue de tenir, mais de nouvelles mesures sont nécessaires de la part de toutes les parties pour garantir une solution durable qui permette, en fin de compte, un retour des institutions légitimes du Gouvernement palestinien.
M. Wennesland a dénoncé la violence des colons envers les Palestiniens, ou encore les opérations de recherche et d’arrestation menées par les forces de sécurité israéliennes. Autre fait préoccupant, selon le Coordonnateur spécial, le Ministère israélien de la défense a désigné le 22 octobre six organisations non gouvernementales (ONG) palestiniennes comme étant des organisations terroristes. Comme plusieurs délégations après lui, il a souligné que ces ONG sont pourtant reconnues internationalement pour leur professionnalisme.
À l’instar de M. Wennesland, et sur une note positive, la majorité des délégations se sont toutefois dites encouragées par les engagements pris par les parties lors de la réunion ministérielle du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens, qui s’est tenue à Oslo, en Norvège, le 17 novembre dernier.
Également alarmiste sur la « flambée de violence » et peu optimiste sur une reprise d’un processus de paix, la Directrice des programmes de l’International Crisis Group, Mme Comfort Ero, a estimé que le Conseil de sécurité, et la communauté internationale, en général, n’avaient pas fait « grand-chose » pour pousser Israéliens et Palestiniens vers une solution juste. Pire, la foi dans le processus de paix au Moyen-Orient s’est estompée et Israël, satisfait du statu quo, impose ses propres réalités sur le terrain en violation des résolutions du Conseil. Quant à l’Autorité palestinienne, elle n’a pas fait beaucoup d’efforts pour revoir sa politique, qui s’est « calcifiée » selon l’intervenante. Face à cette réalité, a-t-elle recommandé, il faut repenser tout l’édifice du processus de paix et notamment reconnaître le « déséquilibre structurel » entre un État occupant et un peuple occupé.
À leur tour, les membres du Conseil ont jugé inquiétante la multiplication des signaux négatifs sur le terrain, dont le plan de construction de plusieurs milliers de logements en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Non seulement la politique « effrénée » de colonisation menée par Israël depuis plusieurs décennies dans les territoires enfreint le droit international, mais elle fait également obstacle à la solution des deux États, ont mis en garde le Mexique, le Kenya le Niger ou encore la Tunisie.
La France, en particulier, a demandé aux autorités israéliennes de ne pas lancer le processus de construction d’une nouvelle colonie au nord de Jérusalem, sur le site de l’ancien aéroport d’Atarot/Qalandia. « Si ce projet était approuvé et mis en œuvre par le Gouvernement israélien, il marquerait, comme pour Givat HaMatos, la création d’une nouvelle colonie à Jérusalem-Est pour la première fois depuis plus de 25 ans », s’est alarmé le délégué.
La représentante des États-Unis qui s’est rendue, ce mois-ci, dans la région a témoigné de la grave situation sécuritaire en Israël, du fait des attentats menés par le Hamas et le Hezbollah. À ce sujet, son homologue du Royaume-Uni a renchéri: le Hamas doit renoncer à la violence, reconnaître Israël et accepter les accords signés précédemment. « Israël ne représente pas tous les problèmes au Moyen-Orient », a insisté la représentante américaine, avant de reconnaître que la politique de colonisation sape la viabilité même de la solution des deux États. Le principe directeur de l’Administration Biden pour la paix au Moyen-Orient est qu’Israéliens et Palestiniens méritent la paix, la prospérité et la sécurité, a-t-elle assuré. Mais nous ne pouvons pas progresser dans cette direction sans un minimum de confiance.
Pour la Fédération de Russie, l’impasse de la question palestinienne est le problème central au Moyen-Orient. Son représentant a demandé au Quatuor, « seul mécanisme internationalement reconnu pour soutenir le règlement israélo-palestinien », d’examiner les initiatives russes appelant à une réunion ministérielle et à des consultations dans un format élargi avec la participation des États de la région.
Enfin, des appels unanimes ont été lancés pour soutenir financièrement les travaux de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Déclarations
M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a déclaré que la séance de ce matin se tient alors que continue de se dérouler une série de faits porteurs de « risques accrus et interdépendants » dans le territoire palestinien occupé. En Cisjordanie, une grave crise budgétaire et économique menace la stabilité des institutions palestiniennes. La violence continue et les mesures unilatérales, y compris l’expansion des colonies israéliennes et les démolitions, continuent d’exacerber les tensions, d’alimenter le désespoir, d’éroder la position de l’Autorité palestinienne et de réduire davantage la perspective d’un retour à des négociations significatives. À Gaza, la fragile cessation des hostilités continue de tenir, mais de nouvelles mesures sont nécessaires de la part de toutes les parties pour garantir une solution durable qui permette, en fin de compte, un retour des institutions légitimes du Gouvernement palestinien dans la bande.
La violence s’est poursuivie quotidiennement dans tout le territoire palestinien occupé, a expliqué M. Wennesland. En Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, des affrontements, des attaques, des opérations de recherche et d’arrestation menées par les forces de sécurité israéliennes ont causé la mort de 4 Palestiniens, dont 2 enfants, et blessé 90 Palestiniens, dont 12 enfants, a-t-il rapporté. Le 5 novembre, les forces de sécurité israéliennes ont abattu un jeune Palestinien de 15 ans lors d’affrontements près de Naplouse. Le 16 novembre, les forces de sécurité israéliennes ont abattu un Palestinien de 26 ans lors d’une opération de recherche et d’affrontements ultérieurs à Tubas. Le Jihad islamique palestinien a, par la suite, revendiqué l’homme comme étant un de ses membres. Le 21 novembre, un Palestinien a ouvert le feu sur des civils israéliens, tuant un civil israélien et en blessant 2 autres. Le Hamas a revendiqué l’agresseur comme l’un de ses membres.
Quant à la violence liée aux colons, elle reste à des niveaux « alarmants », a poursuivi le Coordonnateur spécial. Depuis le début d’octobre, quelque 3 000 oliviers ont été endommagés ou leur récolte a été volée. Des attaques physiques contre des fermiers palestiniens, des volontaires et du personnel humanitaire ont également été enregistrées, certaines auraient eu lieu en présence des forces de sécurité israéliennes. Dans l’ensemble, des colons et d’autres civils israéliens en Cisjordanie occupée ont perpétré quelque 54 attaques contre des Palestiniens, faisant 26 blessés, dont 5 enfants et des dégâts matériels. Les Palestiniens ont perpétré 41 attaques contre des colons israéliens et d’autres civils, faisant à leur tour, un mort et 9 blessés, dont un enfant et une femme, et des dommages matériels. La plupart des incidents ayant causé des blessures ou des dommages ont été causés par des pierres et des cocktails Molotov lancés sur des véhicules et des bus civils.
M. Wennesland a informé que le 24 octobre, les autorités israéliennes ont annoncé des appels d’offres pour quelque 1 350 logements dans les colonies. Environ la moitié se trouve dans la colonie d’Ariel, au cœur du nord de la Cisjordanie. Les démolitions et les confiscations israéliennes de maisons et d’autres structures palestiniennes se sont encore poursuivies. Dans l’ensemble, les autorités israéliennes ont démoli, saisi ou forcé les propriétaires à démolir 84 structures appartenant à des Palestiniens, dans la zone C et 17 à Jérusalem-Est, déplaçant 83 Palestiniens, dont 24 femmes et 39 enfants.
Autre fait préoccupant, selon le Coordonnateur spécial, le Ministère israélien de la défense a désigné le 22 octobre six organisations non gouvernementales (ONG) palestiniennes comme étant des organisations terroristes. Il les a accusées de constituer « un bras inséparable » du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation terroriste désignée comme telle par Israël, les États-Unis, l’Australie, le Canada, le Japon et l’Union européenne. Or, ces ONG travaillent en étroite collaboration avec les Nations Unies et la communauté internationale, y compris sur la réponse humanitaire, a précisé M. Wennesland, et plusieurs d’entre elles reçoivent une part importante de leur financement des États Membres. Les implications juridiques de cette décision sont potentiellement larges et s’ajoutent aux pressions croissantes sur les organisations de la société civile dans les territoires palestiniens occupés.
En ce qui concerne Gaza, les efforts humanitaires, de relèvement et de reconstruction se sont poursuivis, parallèlement à des mesures visant à stabiliser davantage la situation sur le terrain, a poursuivi le responsable. En octobre, quelque 9 406 camions de marchandises sont entrés à Gaza par le point de passage de Kerem Shalom contrôlé par Israël, soit environ 20% de plus que la moyenne mensuelle d’avant l’escalade. Près de 3 000 camions sont entrés à Gaza par le terminal de Rafah contrôlé par l’Égypte. Si l’assouplissement progressif des restrictions sur l’entrée des matériaux et la circulation des biens et des personnes à Gaza est encourageant, la situation économique, sécuritaire et humanitaire dans la bande reste très préoccupante. « L’objectif reste la levée de toutes les fermetures », a rappelé le Coordonnateur spécial.
M. Wennesland s’est aussi attardé sur les faits positifs qu’il a reconnu. Ainsi, le 5 novembre, Israël a commencé à fournir de l’eau supplémentaire à Gaza via le nouveau point de connexion de Bani Said. De plus, Israéliens et Palestiniens ont envoyé des délégations de haut niveau aux réunions de la COP26 à Glasgow, pour exprimer l’intérêt croissant des Israéliens, Palestiniens et acteurs régionaux à coopérer sur les menaces environnementales partagées. Le 7 novembre, a-t-il encore précisé, le Gouvernement israélien a approuvé la délivrance de quelque 500 permis au cours des trois prochaines années pour permettre aux Palestiniens de travailler dans le secteur technologique israélien. Il s’est également dit encouragé par l’engagement pris entre les délégations israélienne et palestinienne au Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens, à Oslo.
Devant ce tableau en demi-teinte, le Coordonnateur spécial a tenu à rappeler qu’il est essentiel que les parties évitent les mesures unilatérales, réduisent les points de tension et la violence dans les territoires palestiniens occupés. Elles doivent aussi renforcer la cessation des hostilités et soutenir le développement économique dans la bande de Gaza. En outre, toutes les parties doivent prendre des mesures de toute urgence pour consolider la stabilité économique et institutionnelle de l’Autorité palestinienne, notamment par la mise en œuvre des réformes nécessaires.
« Si nous n’agissons pas rapidement et de manière décisive, nous risquons de plonger dans une nouvelle escalade meurtrière de violence », a mis en garde M. Wennesland, insistant sur le caractère préoccupant des récents développements sur le terrain. Nous avons besoin d’une approche coordonnée pour encourager toutes les parties à mettre en œuvre des changements de politique et des réformes, à traiter rapidement et en parallèle les principaux facteurs de conflit, a-t-il dit. Ceci, afin de rétablir un horizon politique qui aidera à arrêter le cycle sans fin de la gestion des crises. Il s’agit de revenir à des négociations significatives pour mettre fin à l’occupation et résoudre le conflit sur la base des résolutions de l’ONU, du droit international et des accords antérieurs. Le Quatuor poursuivra ses consultations avec les parties et les principaux acteurs régionaux, a-t-il assuré.
Mme COMFORT ERO, Vice-Présidente par intérim et Directrice des programmes de l’International Crisis Group, a noté avec inquiétude la flambée de violence sur le terrain et estimé que le Conseil de sécurité, et la communauté internationale en général, n’avaient pas fait grand-chose pour mener ce conflit tragique vers « des eaux plus calmes » aux fins de protéger les victimes et de pousser Israéliens et Palestiniens vers une solution juste. Présentant quelques réflexions de son organisation, consacrée à la prévention et la résolution de conflits meurtriers, Mme Ero a indiqué que la violence survenue en avril et mai derniers en Israël et dans les territoires palestiniens occupés à Gaza rappelle l’instabilité du statu quo.
Qu’ils soient en Cisjordanie, à Jérusalem, en Israël ou de la diaspora, les Palestiniens n’ont consenti ni à une partition territoriale ni à une marginalisation politique mais ont, au contraire, lancé des roquettes depuis Gaza et élevé une voix collective, bien qu’« amorphe », a relevé Mme Ero, soulignant qu’ils manifestent contre la dépossession et la répression et placent la question de Jérusalem au cœur de leurs réclamations. Face à cette pluie de roquettes et aux manifestations dans leurs rues, les juifs d’Israël, eux, sont chaque jour plus convaincus qu’il n’y a pas d’arrangement possible. Il en résulte que des deux côtés du conflit, et parmi beaucoup de membres du Conseil de sécurité, la foi dans le processus de paix au Moyen-Orient s’est estompée. Israël est satisfait du statu quo, imposant ses propres réalités sur le terrain en violation des résolutions du Conseil, et continue de rejeter toute proposition susceptible d’aboutir à la solution des deux États. Face à cette réalité, Mme Ero a exhorté la communauté internationale à poser les jalons d’un avenir meilleur pour les futures générations d’Israéliens et de Palestiniens.
Réitérant les demandes figurant dans le rapport de l’International Crisis Group publié après les incidents d’août dernier, l’intervenante a invité la communauté internationale à « repenser tout l’édifice du processus de paix », estimant que cette nouvelle réflexion doit reconnaître le déséquilibre structurel du pouvoir entre un État occupant, d’une part, et un peuple occupé, de l’autre, ainsi que la nécessité de relever le défi de l’impunité d’Israël, qui a fini par prendre pour monnaie courante son comportement envers les Palestiniens.
Malheureusement, a-t-elle poursuivi, peu de mesures ont été prises dans ce sens sur le terrain et le nouveau Gouvernement israélien, qui avait pourtant promis de trouver le moyen de réduire les tensions et d’améliorer la situation économique des Palestiniens, n’a rien fait et a même désigné comme terroristes six organisations de la société civile « très respectées » et qui font un travail fondamental pour les Palestiniens. De toute évidence, ces organisations ont mené leurs activités de façon visible et intègre, a souligné Mme Ero. L’Autorité palestinienne, quant à elle, n’a pas fait de grands efforts pour revoir sa politique, qui s’est « calcifiée » selon elle. Mme Ero a également critiqué l’Autorité palestinienne pour « son laxisme, son autoritarisme et sa corruption ».
La communauté internationale devrait se concentrer sur les faits sur le terrain au lieu de paradigmes politiques d’un autre âge, a recommandé l’intervenante. Elle a réaffirmé la légitimité des aspirations palestiniennes et revendiqué la mise en place d’institutions politiques palestiniennes représentatives. Il incombe au Conseil d’engager une action concrète pour protéger les voix de tous les peuples et des réfugiés, notamment par la mise en place d’une trêve à long terme à Gaza, un retour au statu quo de Jérusalem d’avant 1967, la cessation des expulsions et démolitions des biens palestiniens, et des activités de peuplement dans les territoires occupés et à proximité de Jérusalem. Mme Ero a suggéré en outre que soient révisées les conditions internationales dites Principes du Quatuor, de manière à permettre au Hamas de participer au Gouvernement d’unité palestinien ; et qu’Israël revienne sur l’interdiction des six organisations de la société civile palestinienne. L’approche en place depuis 2006 a permis la montée en puissance du Hamas tout en entravant la réconciliation et le renouveau politique palestinien, a-t-elle estimé.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a informé qu’elle s’est rendue en Israël, en Cisjordanie et en Jordanie, ce mois-ci, pour faire la promotion de la position des États-Unis en faveur de la solution des deux États, à savoir un État d’Israël juif et démocratique vivant aux côtés d’un État palestinien souverain viable. À cette occasion, a-t-elle précisé, elle a rencontré les hauts dirigeants de la Palestine et d’Israël, des représentants de la société civile et des réfugiés. Elle a dit avoir vu à quel point la situation sécuritaire est grave pour Israël à cause des attaques terroristes y compris par le Hamas et le Hezbollah, deux organisations financées par la République islamique d’Iran. « Les retombées de la haine de la République islamique d’Iran pour Israël ne saurait être ignorées. » Mme Thomas-Greenfield a expliqué que les dirigeants d’Israël lui ont fait part de leur préoccupation, l’ONU ayant, selon eux, une position « anti-Israël » intrinsèque. « Et, ils ont raison », a-t-elle reconnu. L’attention du Conseil de sécurité doit se porter sur tout ce qui pose des problèmes à la paix et à la sécurité internationales. À cet égard, il faudrait avoir plus de réunions sur le Liban et la République islamique d’Iran, car « Israël ne représente pas tous les problèmes au Moyen-Orient », a fait valoir la représentante. Par ailleurs, elle a souligné que la situation des Palestiniens est grave, elle aussi. « On m’a dit que de très nombreuses familles palestiniennes ont peur d’être expulsées parce qu’il est impossible d’obtenir des permis de construire alors que les colonies israéliennes s’étendent ». La position des États-Unis contre les colonies n’est pas nouvelle, mais nous sommes arrivés à la croisée des chemins et cela sape la viabilité même de la solution des deux États, a-t-elle mis en garde. Les Israéliens et les Palestiniens sont coincés dans une spirale de défiance mutuelle. En outre, d’après elle, le fait que le Hamas contrôle la bande de Gaza rend la situation encore plus difficile pour les Palestiniens.
Mme Thomas-Greenfield a réaffirmé le principe directeur de l’Administration Biden pour la paix au Moyen-Orient, à savoir que tant les Israéliens que les Palestiniens méritent la paix, la prospérité et la sécurité. Mais nous ne pouvons pas progresser dans cette direction sans un minimum de confiance, a-t-elle averti. Heureusement, les réunions auxquelles elle a participé ont donné lieu à des propositions prometteuses, s’est-elle félicitée. Si les Israéliens et les Palestiniens doivent travailler eux-mêmes au renforcement de la confiance, le Conseil de sécurité a un rôle à jouer pour faciliter des mesures constructives. La communauté internationale peut aussi fournir des ressources à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), et lui demander de créer un modèle financier plus viable. La représentante a exhorté l’UNRWA à ne pas être politisé et à ne pas laisser passer des références antisémites dans les manuels scolaires de ses écoles. En conclusion, elle a témoigné que les enfants palestiniens et les enfants israéliens ont « les mêmes rêves ». Le Conseil doit appuyer des mesures concrètes pour changer la donne dans la vie des Palestiniens et des Israéliens, a-t-elle conclu. « Mais le temps presse: engageons-nous dès aujourd’hui dans un antidote au désespoir. La solution des deux États reste la solution la plus viable. »
M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) s’est dit préoccupé par l’impasse de la question palestinienne qui est le problème central au Moyen-Orient. Cette situation crée un foyer permanent de tensions pour l’ensemble de la région, a déclaré le représentant, craignant des risques d’hostilités à grande échelle, comme l’escalade militaire de mai dernier. Dans le même temps, a-t-il ajouté, la communauté internationale est confrontée à des tâches prioritaires urgentes pour parvenir à la stabilisation, fournir une aide humanitaire au peuple palestinien et créer les conditions d’une reprise du processus de règlement israélo-palestinien sur une base juridique internationale universellement reconnue. Le représentant a jugé important de poursuivre les efforts visant à consolider le consensus international et à coordonner des actions communes en faveur d’une solution juste au problème palestinien.
Saluant les résultats positifs de la réunion ministérielle du Comité de liaison ad hoc à Oslo, le représentant a insisté sur le fait que le Quatuor pour le Moyen-Orient reste « le seul mécanisme internationalement reconnu pour soutenir le règlement israélo-palestinien ». Il a demandé au Quatuor d’examiner les initiatives russes appelant à une réunion ministérielle et à des consultations dans un format élargi avec la participation des États de la région. Il a informé de la rencontre, le 23 novembre dernier, entre MM. Vladimir Poutine et Mahmoud Abbas à Sotchi, au cours de laquelle le Président russe a réitéré la position de principe en faveur de la solution des deux États. Du côté palestinien, a-t-il informé, la volonté de dialogue sur une base universellement reconnue a également été réaffirmée. Puis, M. Polyanskiy a dénoncé la poursuite des actions unilatérales illégales d’Israël qu’il a jugé « lourdes de conséquences dangereuses ». Il a fait part de son inquiétude à l’annonce de plans israéliens visant à étendre les activités de colonisation y compris à Jérusalem-Est. La poursuite de la construction de colonies et l’intention de doubler le nombre d’Israéliens vivant dans la vallée du Jourdain d’ici à 2026 peuvent être considérées comme une « annexion de facto de la majeure partie du Territoire palestinien occupé », a alerté le représentant.
M. MARTIN KIMANI (Kenya), demandant l’arrêt des activités de colonisation israéliennes dans le territoire palestinien occupé et des démolitions, a exhorté les autorités israéliennes à ne pas mettre en œuvre des actions qui constitueraient « un obstacle majeur à une solution politique et durable ». Il a ensuite rappelé que son pays avait condamné à plusieurs reprises les attaques terroristes perpétrées notamment par le Hamas et le Jihad islamique palestinien. M. Kimani a dit attendre avec impatience une mise à jour de tous les efforts en cours pour lutter contre le terrorisme et tous les actes de violence contre les civils. Par ailleurs, le Kenya, rejoignant l’appel lancé par la Conférence internationale du 16 novembre en faveur du renforcement de l’UNRWA, a souligné le rôle essentiel joué par l’agence dans tout le Moyen-Orient. Saluant ensuite la participation de hauts fonctionnaires israéliens et palestiniens à la réunion du 17 novembre du Comité spécial de liaison, il a demandé que l’esprit de coopération et l’échange de mesures constructives se poursuivent, notamment dans le cadre de la pandémie de COVID-19. Le communiqué de presse conjoint du 18 novembre des envoyés du Quatuor pour le Moyen-Orient a renforcé l’urgence pour toutes les parties de prendre des mesures supplémentaires, a-t-il ajouté. Enfin, la désignation par le Gouvernement israélien de six ONG comme organisations terroristes a été faite malgré l’appel lancé par le Kenya en faveur d’une voix indépendante de la société civile, a regretté le représentant. À ce sujet, il a recommandé la prudence « afin de ne pas accorder une reconnaissance injustifiée, un semblant de force » à des organisations terroristes, qui les encourageraient à recruter.
M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a appuyé les efforts internationaux et régionaux de reconstruction et d’amélioration de la situation humanitaire à Gaza, saluant les récentes mesures prises par Israël pour assouplir les restrictions imposées dans la zone. Après avoir appelé les autorités israéliennes à autoriser davantage de mouvements de biens et de personnes à destination et en provenance de Gaza, « tout en tenant compte des préoccupations d’Israël en matière de sécurité », le représentant a condamné les attaques terroristes et la violence contre les civils, y compris l’attaque terroriste perpétrée dans la vieille ville de Jérusalem pas plus tard que le 21 novembre. L’Estonie reste également préoccupée par l’expansion continue des colonies israéliennes et leurs conséquences en termes de démolitions et d’expulsions, car de tels actes sont contraires au droit international, a poursuivi M. Jürgenson, exhortant Israël à y mettre fin. Par ailleurs, il a rappelé combien il est important que les acteurs de la société civile puissent agir librement, pour promouvoir tant la démocratie dans la région que les efforts de paix en cours entre Israéliens et Palestiniens. Il a conclu en invitant la communauté internationale à soutenir l’UNRWA, « bouée de sauvetage » pour de nombreux Palestiniens et « contributeur incontournable à la paix et à la stabilité au Moyen Orient ».
Mme MONA JUUL (Norvège) a exhorté Israël à revenir sur les récentes décisions de construire plus de 3 000 unités de logement et de lancer des appels d’offres pour la construction de plus de 1 300 logements dans les territoires palestiniens occupés. Nous sommes profondément préoccupés par le fait que ces plans affaibliraient sérieusement la perspective d’un État palestinien contigu, a—t-elle expliqué. Elle a dit partager également la préoccupation du Coordonnateur spécial concernant l’effet déstabilisateur des possibles expulsions, y compris à Sheikh Jarrah. L’augmentation de la violence des colons en Cisjordanie est également très préoccupante. Nous attendons d’Israël qu’il arrête de telles violences et protège tous les civils, a dit la déléguée. De plus, a-t-elle poursuivi, les récents attentats dans la vieille ville de Jérusalem par des militants palestiniens sont inacceptables. Elle s’est inquiétée de la désignation par Israël de six organisations non gouvernementales (ONG) palestiniennes comme organisations terroristes. Selon elle, cela va réduire l’espace déjà limité pour un engagement important de la société civile en Palestine. Si nous ne recevons pas, dans un délai raisonnable, des informations suffisantes pour corroborer les accusations portées contre ces organisations, alors nous demanderons à Israël d’annuler la décision, a averti Mme Juul.
Par ailleurs, la déléguée a affirmé que la Palestine a besoin d’une Autorité palestinienne plus forte. Selon elle, le manque de soutien populaire et l’absence d’élections nationales régulières affaiblissent la légitimité de l’Autorité. Elle a indiqué que la réunion du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens, tenue en début du mois à Oslo, avait porté sur la situation budgétaire critique de l’Autorité palestinienne et le risque d’une nouvelle déstabilisation en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et à Gaza. Les deux parties sont arrivées à la réunion avec des mesures constructives et une attitude positive. Ainsi, l’Autorité palestinienne a annoncé son intention de se lancer dans les réformes financières nécessaires, alors qu’Israël est venu avec des mesures pour améliorer l’économie de l’Autorité palestinienne. Une Autorité palestinienne forte, à laquelle le peuple fait confiance et représentant toute la Palestine, est vitale, a-t-elle souligné. Mme Juul a enfin annoncé que la Norvège augmentera son financement à l’UNRWA.
M. DANG DINH QUY (Viet Nam) s’est dit préoccupé par la poursuite de la violence dans les territoires palestiniens occupés, en particulier en Cisjordanie. Il a déploré qu’en tant que Puissance occupante, le Gouvernement et les forces de sécurité israéliens n’aient pas fait plus pour mettre fin aux attaques des colons et protéger les Palestiniens. « La politique d’impunité et de discrimination n’apportera pas la paix. Au contraire, elles ne font qu’alimenter la violence et de la résistance. » Reconnaissant l’importance de la sécurité des Israéliens, le représentant a toutefois insisté sur le fait que les Palestiniens méritaient les mêmes mesures de sécurité et de dignité. S’alarmant de l’expansion continue des colonies de peuplement par Israël en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, il a de plus rappelé que ces activités constituaient une violation du droit international et compromettaient la possibilité d’établir un État palestinien viable. Convaincu que la solution des deux États est la seule voie vers une paix globale, juste et durable, M. Dang s’est félicité des efforts du Quatuor pour faire progresser cette solution. « Le personnel des Nations Unies et les membres des organisations humanitaires internationales doivent pouvoir entrer et sortir de Gaza sans aucune restriction », a-t-il par ailleurs insisté.
M. JUN ZHANG (Chine) a appelé les parties à éviter de prendre des mesures qui pourraient mener à une escalade supplémentaire de la situation. D’après lui, les colonies sont une des questions fondamentales dans les négociations sur le statut final de la Palestine, avec une incidence sur l’avenir de la solution des deux États. À cet égard, il s’est inquiété des annonces faites par Israël sur sa volonté de construire plus de 3 000 logements en Cisjordanie. Le délégué a donc exhorté le pays à cesser toutes ses activités de colonisation conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. La situation économique et humanitaire dans les territoires palestiniens occupés est très inquiétante, a-t-il poursuivi, avant d’inviter la communauté internationale à fournir une assistance dans les domaines humanitaires, du développement et de la lutte contre la pandémie. Enfin, il a appelé à la tenue d’une conférence internationale organisée par l’ONU, avec la participation de tous les membres du Conseil de sécurité et acteurs du processus de paix au Moyen-Orient.
Réaffirmant son attachement à la solution des deux États, Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a estimé « vital » de continuer à soutenir les efforts visant à améliorer les conditions sur le terrain et promouvoir la stabilité pour les Israéliens comme pour les Palestiniens, en l’absence de solution politique. Elle s’est ainsi félicitée des engagements pris lors de la réunion du Comité spécial de liaison pour redynamiser le comité économique mixte, notamment le projet pilote de TVA électronique d’ici à la fin de 2021. Le 19 novembre, notre gouvernement a proscrit le Hamas dans son intégralité en tant qu’organisation terroriste, y compris son aile politique, a informé Mme Woodward. « Nous restons clairs: le Hamas doit renoncer à la violence, reconnaître Israël et accepter les accords signés précédemment ». La représentante a également condamné la poursuite des attaques du Hamas contre les civils, présentant ses condoléances à la famille du civil israélien tué à Jérusalem le 21 novembre, « apparemment par un membre du Hamas ». Par ailleurs, revenant sur la désignation par Israël de six ONG palestiniennes comme organisations terroristes, elle a estimé que cela relève de la compétence du Gouvernement d’Israël, ajoutant que le Royaume-Uni maintient ses propres critères de désignation. Nous respectons le rôle que jouent les ONG et les organisations de la société civile dans la défense des droits humains et de la démocratie, a-t-elle toutefois assuré.
Réaffirmant ensuite son soutien à l’UNRWA, la représentante a encouragé tous les efforts visant à améliorer la grave situation financière de l’agence. Informée du risque d’instabilité en Cisjordanie, lié à la crise financière de l’Autorité palestinienne, au manque de financement de l’UNRWA et à la violence croissante des colons, elle a condamné toute incidence de la violence des colons contre les Palestiniens. Nous saluons la discussion des autorités israéliennes sur la manière de traiter ce problème, a-t-elle indiqué, exhortant Israël à traduire les responsables en justice et à mettre fin à la culture de l’impunité. Mme Woodward a également demandé au Gouvernement israélien de revenir sur ses récentes décisions relatives à la construction d’unités de peuplement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, qui constituent une menace pour la viabilité d’un futur État palestinien.
M. WADID BENAABOU (France) s’est inquiété de la multiplication de « signaux négatifs » sur le terrain, et notamment l’approbation par le Gouvernement Bennett de plans en vue de la construction de plusieurs milliers de logements en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Rappelant sa condamnation de la colonisation, illégale en droit international, il s’est inquiété en particulier de la possible construction d’une nouvelle colonie au nord de Jérusalem, sur le site de l’ancien aéroport d’Atarot/Qalandia. La France demande aux autorités israéliennes de ne pas lancer ce processus de planification. « Si ce projet était approuvé et mis en œuvre par le Gouvernement israélien, il marquerait, comme pour Givat HaMatos, la création d’une nouvelle colonie à Jérusalem-Est pour la première fois depuis plus de 25 ans », a relevé le représentant. La hausse des violences des colons et la dégradation de la situation à Jérusalem restent également une source d’inquiétude. Les procédures d’évictions des familles palestiniennes à Jérusalem-Est doivent être suspendues de façon définitive au profit de solutions durables, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, la France réitère sa préoccupation après la désignation par Israël de six ONG palestiniennes comme organisations terroristes. « Nous sommes en contact avec les autorités israéliennes et restons dans l’attente de plus amples clarifications », a précisé M. Benaabou. Enfin, face au maintien d’un risque élevé d’escalade, il a appelé à ce que tout soit fait pour accroître la coopération entre les parties et améliorer la vie des populations. Davantage doit également être fait pour poursuivre la consolidation du cessez-le-feu à Gaza et y faciliter la reconstruction, en s’assurant que l’aide parvienne bien à ses bénéficiaires. La reprise du dialogue entre les parties et l’approfondissement de leur coopération ne pourront éviter durablement un nouveau cycle de violences qu’à la condition de recréer un horizon politique, a-t-il averti. La position de la France en faveur de la solution des deux États ayant tous deux Jérusalem pour capitale reste inchangée.
M. ABDOU ABARRY (Niger) a condamné la poursuite de la politique « effrénée » de colonisation menée par Israël depuis plusieurs décennies dans les territoires palestiniens occupés. L’occupation illégale par Israël des terres palestiniennes, à travers notamment l’expansion des colonies de peuplement, a fini par devenir l’obstacle majeur pour le retour de la confiance et de la coexistence pacifique avec le peuple palestinien, a-t-il estimé. Il est donc important, a souligné le représentant, dans la perspective de la reprise du processus de paix interrompu depuis plusieurs années, que la communauté internationale fasse preuve de plus d’engagement et de volonté. Évoquant les difficultés financières de l’UNRWA, M. Abarry a rappelé qu’elles risquent de compromettre la poursuite des programmes d’aide et d’assistance aux 5,5 millions de Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie et de Palestiniens réfugiés en Jordanie, en Syrie et au Liban. C’est pourquoi il a appelé la communauté internationale à plus de générosité à l’endroit de ces populations tant éprouvées en appuyant le financement du plan de reconstruction de Gaza et la poursuite des programmes vitaux de l’UNRWA, mais aussi en apportant un soutien financier à l’Autorité palestinienne.
Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a dénoncé la politique israélienne d’expansion de ses colonies dans les territoires palestiniens occupés, une politique qui nuit à la viabilité et à la continuité territoriale du futur État palestinien, viole le droit international et détruit la confiance, comme le Ministre des affaires étrangères irlandais, M. Simon Coveney, a pu lui-même le constater lors d’une récente visite. Elle a de plus fait part de son inquiétude après la désignation par Israël de six ONG palestiniennes, dont certaines soutenues par l’Irlande et l’Union européenne, comme des entités terroristes. Prenant les allégations de terrorisme très au sérieux, et en l’absence de preuves, la représentante a confirmé que l’Irlande continuera à soutenir ces organisations et rappelé la contribution positive de la société civile dans le processus de paix dans son propre pays. Elle a déploré que le nombre de palestiniens blessés à balles réelles par les forces israéliennes, soit cinq fois supérieur à celui de 2020 et appelé toutes les parties à leurs obligations internationales de protection des civils. Décriant les violences commises par les colons et la culture d’impunité qui prévaut après ce genre d’incidents, elle s’est dite préoccupée par les démolitions et expulsions, et a plaidé pour le maintien du statu quo pour les lieux saints. La représentante a salué la récente réunion du comité de liaison ad hoc et l’attitude pragmatique des deux parties dans l’approche de la situation économique en Palestine. Décrivant la situation financière de l’UNRWA comme une question urgente, elle a noté que son pays s’est joint à d’autres donateurs pour assurer un soutien supplémentaire lors de la récente conférence ministérielle internationale et appelé d’autres donateurs à contribuer à l’agence. Mme Byrne Nason a ensuite renouvelé son appel à un assouplissement du blocus israélien à Gaza et regretté, malgré le soutien du Qatar et de l’Égypte, l’insuffisance des moyens humanitaires et de l’aide à la reconstruction. Enfin, elle a souhaité un plus grand engagement du Quatuor, ainsi qu’une plus grande attention de la part du Conseil et de la communauté internationale.
M. ALI CHERIF (Tunisie) a réaffirmé la solidarité de la communauté internationale avec le peuple palestinien, manifestée lors de la réunion spéciale qui a eu lieu hier à l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. Il a exhorté la communauté internationale et les parties prenantes à redoubler d’efforts et à maintenir la pression pour changer la donne actuelle à Jérusalem-Est et dans tous les territoires palestiniens occupés, en particulier les activités israéliennes contraires au droit international et les pratiques d’oppression et de discrimination des autorités de colonisation. Il a dénoncé la confiscation de logements et de territoires ainsi que le blocus de Gaza. Il incombe au Conseil de sécurité de veiller à la mise en œuvre concrète de ses résolutions y compris la résolution 2334 (2016), a réitéré le délégué. Il a également appelé à la fourniture d’une protection internationale aux civils palestiniens, y compris les femmes et les enfants, qui subissent quotidiennement la répression. D’autre part, la société civile dans les territoires palestiniens occupés devrait être en mesure de mener ses activités sans être inquiétée, a souligné le délégué, qui a condamné l’interdiction par les autorités israéliennes de six organisations de la société civile palestinienne. Le statu quo n’est pas viable, a-t-il affirmé, invitant à fixer un calendrier précis de discussions. Il s’est félicité de l’engagement des membres du Quatuor pour la reprise du processus de paix et espéré que ses activités s’intensifieront. Il a appelé, en outre, à lever les entraves au commerce, et salué les pays ayant appuyé l’appel humanitaire. Enfin, le délégué a salué le rôle du Comité spécial de liaison et l’initiative de la Norvège et la Suède concernant l’UNRWA.
Pendant trop longtemps, a déclaré Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines), les Palestiniens se sont vu refuser le droit à l’autodétermination, le droit à l’indépendance et à la souveraineté nationale, ainsi que le droit de retourner dans leurs maisons. Il est essentiel que les pays de la région, les Nations Unies, le Quatuor pour le Moyen-Orient et d’autres parties internationales redoublent d’efforts pour parvenir à un règlement pacifique. Elle a appuyé l’appel du Président Abbas pour la tenue d’une conférence de paix internationale, avec la participation de toutes les parties prenantes au processus de paix au Moyen-Orient. Mme King s’est en outre déclarée profondément préoccupée par l’agression des autorités israéliennes à l’encontre du peuple palestinien, en particulier lorsqu’elles continuent à démolir des bâtiments et à planifier la construction de nouvelles colonies en Cisjordanie.
Elle a demandé aux autorités israéliennes de remplir leurs obligations en vertu du droit international afin de maintenir l’ordre public dans le territoire occupé. « Les Palestiniens doivent être protégés de la violence des colons et les auteurs de ces actes doivent être tenus responsables de leurs actes », a-t-elle insisté. La représentante a de plus demandé à la communauté internationale d’accroître son soutien financier aux agences des Nations Unies, afin de renforcer la capacité de l’Autorité palestinienne à assumer ses responsabilités dans la reconstruction de la bande de Gaza. Tous les efforts doivent être faits pour encourager le respect des promesses d’assistance faites lors de la Conférence internationale sur l’UNRWA à Bruxelles le 16 novembre 2021. La seule option pour une paix juste et globale dans le conflit israélo-palestinien est d’adhérer aux paramètres établis et convenus de longue date pour la solution des deux États, a-t-elle conclu.
M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a espéré une reprise rapide des négociations directes sur le processus de paix entre Israël et la Palestine. Mais les récents développements sur le terrain pourraient poser des défis à la reprise du processus de paix, a-t-il mis en garde. Nous condamnons tous ces actes, a-t-il appuyé, appelant à éviter les actions unilatérales qui modifient le statu quo sur le terrain et compromettent la viabilité de la solution des deux États. Il faut maintenir le statu quo historique des lieux saints de Jérusalem. Se félicitant ensuite de la coopération entre les différentes parties à travers le Comité spécial de liaison, M. Raguttahalli a salué les mesures prises par Israël pour créer « de plus grandes opportunités pour le développement socioéconomique de la Palestine ». De notre côté, nous continuons à fournir une aide au développement et humanitaire à la fois par l’intermédiaire de l’Autorité palestinienne et par des contributions de l’ONU, a-t-il assuré. Évoquant le travail de l’ONU et de ses agences pour assurer la livraison de l’aide essentielle aux Palestiniens, il a appelé à un transfert régulier et prévisible de l’aide, ainsi qu’à son utilisation appropriée. Pour sa part, l’Inde a entièrement versé sa contribution annoncée pour 2021 pour l’UNRWA. Enfin, le délégué a réaffirmé l’urgence de la reprise des négociations directes entre Israël et la Palestine, soulignant le rôle important du Quatuor pour le Moyen-Orient à cet égard.
M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a regretté que le cycle de violence se poursuive au Moyen-Orient sans perspective de solution durable. Il a condamné les récentes autorisations de construction de 1 300 unités de logements justifiées par une prétendue « expansion naturelle » des colonies israéliennes, qui enfreignent le droit international et font obstacle à la solution des deux États. Il a par ailleurs, applaudi la médiation de l’Égypte pour maintenir le cessez-le-feu et salué l’appui financier du Qatar à Gaza, ainsi que l’assouplissement par Israël des restrictions à Gaza, tout en appelant à la levée définitive du blocus. La désignation de six organisations de la société civile palestinienne comme des groupes terroristes dénote « une tendance à réduire l’espace démocratique et le respect des droits humains », a ensuite déclaré le représentant; il a aussi critiqué l’entrée des forces de l’ordre israéliennes dans les locaux de l’organisation Defense for Children International.
De même, il a demandé à l’autorité palestinienne de s’abstenir de réprimer les journalistes, les militants et les défenseurs des droits de l’homme. Condamnant tout acte de violence, qu’il s’agisse d’attaques commises par des Palestiniens dans la vieille ville de Jérusalem ou des violences infligées par les colons aux Palestiniens, le représentant a appelé les forces israéliennes à ne recourir à la force qu’en dernier ressort. Prenant l’exemple de l’attaque du 17 novembre contre une école au sud de Naplouse, il a souligné que ces actes fomentent la violence et servent de prétexte à des attaques ultérieures contre les civils israéliens, avant d’appeler les deux parties à éviter les rhétoriques incendiaires afin de rompre le cercle vicieux. Enfin, il a salué la récente réunion du Comité spécial de liaison et la dernière réunion du Quatuor et s’est dit convaincu que la seule issue au conflit réside dans la solution des deux États.