8901e séance – matin
CS/14696

Conseil de sécurité : le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix indique que la parité entre les genres a progressé au sein de la police des Nations Unies

Alors que la question de la parité entre les genres est souvent débattue et que le Conseil de sécurité traite régulièrement du programme « femmes, paix  et  sécurité », notamment dans ses résolutions 2518 (2020) et 2538 (2020), le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix a annoncé une bonne nouvelle, ce matin, lors de la réunion d’information annuelle avec les Chefs de la police: avec le soutien des États Membres, a indiqué M. Jean-Pierre Lacroix, la police des Nations Unies a déjà atteint ses objectifs de parité  fixés pour 2025. 

La seule composante de police de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) par exemple compte  désormais  60% de femmes à des postes de commandement, et 34,7% au sein des effectifs.   Et cette part pourrait même accroître si les capacités étaient augmentées pour  atteindre le  plafond autorisé de 148  policiers individuels et  3 unités de police formée, a informé la Commissaire de police civile de la FISNUA, Mme  Violet Lusala.  

Autre exemple au Mali, et bien qu’encore sous-représentées et peu déployées au nord du pays, les femmes comptent pour 20,58% des policiers individuels  et pour 12,70% au sein des unités de police constituées à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).  L’objectif, avec la mobilisation des fournisseurs de contingents est que toute unité de police constituée se déploie avec au moins 30  femmes, a enchérit la Cheffe de la police de la MINUSMA, Mme  Patricia Boughani. 

Dans le même temps, la police des Nations Unies s’efforce de créer un environnement favorable, notamment en promouvant les réseaux de femmes au sein des missions.  Une stratégie en ce sens a même été mise en place au sein de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud  (MINUSS).  Des enquêtes anonymes obligatoires auprès des femmes policières sont menées pour mieux comprendre leurs expériences et leurs besoins.  Au sein de la MINUSMA une unité sur l’égalité des genres a aussi été créée.  Plus globalement  le programme pour les femmes et la paix et la sécurité est intégré à tous les aspects de l’Action pour le maintien de la paix Plus, a assuré M. Lacroix qui a détaillé les priorités de cette stratégie de mise en œuvre de l’initiative Action pour le maintien de la paix. 

Tous ses efforts ont été diversement appréciés par les délégations, même si beaucoup sont tombées d’accord pour les saluer et demander que les contributeurs de troupes envoient davantage de femmes à tous les niveaux des missions de paix.  Il a également été exigé qu’elles ne soient pas réduites à des « positions sexistes », mais participent à tous les aspects du maintien de la paix.  Une délégation a, de son côté, insisté sur la nécessité pour les missions de tenir compte des spécificités dans les zones de déploiement. 

Ainsi, pour les États-Unis, le doublement de la proportion de femmes dans la police des Nations Unies, passée en 10 ans de 15 à 30% aujourd’hui, n’est « tout simplement pas suffisant » et exige une accélération de la mise en œuvre de l’Action pour le maintien de la paix Plus.  L’équilibre entre les sexes n’est pas qu’une question de chiffres, il s’agit également d’une participation pleine, égale et significative, ont successivement tranché les États-Unis et la Norvège.  Pour la France au contraire, les objectifs fixés pour la participation des femmes au sein de la police des Nations Unies ont été « atteints et même dépassés ». 

Réunis au sein du A3+1, la Tunisie, le Kenya, le Niger et Saint-Vincent-et-les Grenadines, ont également salué ces efforts, tout en appelant à éviter de cantonner les femmes dans les domaines des soins et de l’éducation ou des réponses à la violence sexuelle et sexiste, ont estimé ces délégations.    Au contraire, il faut « constamment » assurer leur participation dans tous les aspects du maintien de la paix, y compris les patrouilles de police, la sensibilisation à la menace des armes légères et de petit  calibre ou les programmes de désarmement, démobilisation et réinsertion, ont insisté leurs délégations.  Nous voulons voir plus de policières dans « toute la gamme des rôles » et à tous les niveaux, a résumé le Royaume-Uni, insistant aussi sur la nécessité de recrutement « équitable opportun », fondé sur le mérite, les bonnes compétences. 

Le Viet Nam, l’Estonie et le Mexique ont aussi salué ces progrès, insistant sur le fait qu’une composition « plus équitable » entre les genres peut contribuer à une plus grande crédibilité et réputation des missions auprès de la population.  Sur cette base, les pays contributeurs devraient envoyer plus de femmes et à tous les niveaux.  En tant que Président du Groupe d’amis sur le renforcement de la sécurité du maintien de la paix, la Chine fait part de son intention de convoquer ses membres pour une évaluation sur ce sujet. 

Très gros contributeur de troupes avec ses plus de 3 000 policiers et  policières  dans les opérations de paix, et  pionnier  dans le déploiement des femmes, l’Inde a appelé, de son côté, à recenser  et à  résoudre  tous les obstacles structurels qui empêchent les policières de travailler correctement, notamment le manque de toilettes  propres ou de dortoirs  adéquats. 

Enfin la Fédération de Russie a estimé que les missions doivent  exécuter leurs mandats en toute impartialité et dans une interaction étroite avec les autorités  et la population locale, c’est-à-dire en tenant compte des groupes ethniques et religieux ou encore des caractéristiques prévalant dans la zone de  déploiement.  Les erreurs potentielles peuvent être coûteuses, a  prévenu la délégation. 

OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Déclarations

M. JEAN PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a axé son intervention sur le rôle que joue la police des Nations Unies pour faire progresser les priorités de l’Action pour le maintien de la paix « plus », la stratégie de mise en œuvre de l’initiative Action pour le maintien de la paix. 

Alors que le Secrétariat travaille à faire avancer les première et deuxième priorités de l’Action pour le maintien de la paix « plus », à savoir assurer la cohérence des stratégies politiques et une plus grande intégration stratégique et opérationnelle, il a récemment créé le Groupe de travail interinstitutions sur la police, coprésidé par Département des opérations de la paix et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).  Le Groupe de travail permettra d’unir les efforts dans l’ensemble du système des Nations Unies et de maximiser l’impact collectif en tirant parti des avantages comparatifs.  À cette fin, la police des Nations Unies continuera de renforcer ses partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales, notamment en matière d’élaboration d’orientations stratégiques et de formation. 

Le Département vise aussi à renforcer les capacités et les mentalités, qui sont au cœur de la troisième priorité de l’Action pour le maintien de la paix « plus ».  La Division de la police et le Service intégré de formation continuent de progresser dans l’élaborations de programmes et organiseront par ailleurs, la semaine prochaine à Brindisi, la première réunion du mécanisme de coordination souple qui rassemblera des « fournisseurs de capacités » et les bénéficiaires et portera sur le renforcement des capacités et le partage des bonnes pratiques. 

Dans le même temps, la police des Nations Unies s’efforce de créer un environnement favorable, notamment en promouvant les réseaux de femmes au sein des missions.  Ces organisations conseillent les dirigeants des missions sur les conditions de vie des femmes soldats de la paix et sur la manière de favoriser des environnements de travail sensibles au genre.  À la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) par exemple, une stratégie d’analyse de sortie a été mise en place.  Elle inclut des enquêtes anonymes obligatoires auprès des femmes policières pour mieux comprendre leurs expériences et leurs besoins. 

Pour faire avancer la responsabilisation des soldats de la paix, autre priorité de l’Action pour le maintien de la paix « plus », la police des Nations Unies renforce sa politique de tolérance zéro à l’égard de l’exploitation et des abus sexuels, notamment en améliorant la formation préalable au déploiement et en mission.  Elle s’efforce aussi d’avoir des communications stratégiques améliorées, en s’engageant notamment sur les plateformes de médias sociaux.  Elle mène en outre des activités de sensibilisation pour lutter, par exemple, contre la désinformation sur la pandémie de COVID-19 en République démocratique du Congo; combattre la violence sexuelle et sexiste au Soudan du Sud et encourager le dialogue et la confiance entre les communautés chypriotes. 

Par ailleurs, la police des Nations Unies mène des efforts pour améliorer la coopération avec les pays hôtes, dans le but de permettre des transitions en douceur.  Cela a été le cas au Darfour, où la police des Nations Unies, de concert avec la Force de police soudanaise, a contribué à faciliter le retrait de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) et la transition vers la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), en fournissant des services de police intérimaires, des capacités de planification de la police et un transfert de connaissances indispensables. 

Enfin, le programme pour les femmes et la paix et la sécurité est intégré à tous les aspects de l’Action pour le maintien de la paix « plus », et reste la base pour améliorer l’efficacité globale.  Les efforts de maintien de l’ordre sensibles au genre garantissent que les différents besoins de sécurité des hommes, des femmes, des filles et des garçons sont pris en compte.  Avec le soutien des États Membres, la police des Nations Unies a déjà atteint ses objectifs de parité entre les genres pour 2025, s’est félicité M.  Lacroix en guise de conclusion. 

Mme VIOLET LUSALA, Commissaire de police civile de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), a indiqué que, 10 ans après son établissement, la Force avait amélioré sa relation avec les deux pays hôtes, le Soudan et le Soudan du Sud, mais qu’il n’y avait pas eu de progrès pour trouver une solution politique quant au statut final d’Abyei.  Elle a en particulier mentionné les défis en termes de protection des civils et de l’exécution limitée du mandat notamment pour ce qui a trait aux structures de l’état de droit, les violations des droits de l’homme, les entraves à l’assistance humanitaire et l’impact de la pandémie de COVID-19. 

Mme Lusala a rappelé qu’en vertu de la résolution 1990 (2011), la composante de police de la FISNUA devait établir le service de police d’Abyei, force de police locale, ce qui n’est pas encore fait.  Plus tard, la résolution 2205(2015) a autorisé la FISNUA à accroître ses capacités de Comités de protection communautaire.  Ces deniers sont aujourd’hui au nombre de 31.  Il existe également un Comité conjoint de protection comprenant 767 membres, dont 132 femmes.  Leurs activités visent notamment à la sensibilisation des communautés au genre, à la prévention et la protection des femmes et des filles de la violence sexuelle et sexiste, au suivi du respect des droits de l’homme ou à la formation et au renforcement des capacités pour le maintien de l’ordre, entre autres. 

Concernant plus largement la mise en œuvre du mandat de la FISNUA, la Force a poursuivi ses activités liées au maintien de l’ordre public, à la prévention de la criminalité et la protection des populations vulnérables, à la présence d’éléments armés, aux affrontements intercommunautaires et au vol de bétail.  À cet égard, Mme Lusala a attiré l’attention sur le fait que la saison de transhumance, d’octobre à avril, était particulièrement problématique et que la réponse de la FISNUA passait par des patrouilles, des surveillances aériennes, des barrages et des dialogues intercommunautaires pour promouvoir le règlement du conflit.  Les efforts déployés ont permis une baisse de la criminalité et des violations des droits de l’homme, cette année notamment avec une diminution de 60% des incidents impliquant des armes et 62% du nombre de civils tués.  

Cependant, a poursuivi Mme Lusala, ces efforts ont été entravés par le refus du Soudan du Sud de participer à l’exercice conjoint de planification intégrée pour l’établissement du service de police d’Abyei, le refus des deux parties à endosser le mémoire d’entente sur la remise des suspects; la réticence du Soudan à fournir des visas au personnel de police de la FISNUA pour lui permettre d’atteindre le plafond autorisé de 148 policiers individuels et trois unités de police formée: ce qui n’a pas manqué d’affecter les efforts de lutte contre la criminalité, a encore commenté Mme Lusala. 

Mme Lusala a expliqué que l’absence de toute police locale créait un vide pour le maintien de l’ordre, alors que l’absence de services de base, comme l’accès à l’eau, les prestations sanitaires et d’éducation, devient un facteur de criminalité.  Elle a mis en avant le délabrement des structures de détention provisoires et le surpeuplement carcéral.  La police onusienne continue à travailler activement avec les dirigeants des deux communautés d’Abyei mais les services pour les survivants de violence sexuelle et sexiste n’existent tout simplement pas, a déploré Mme Lusala, qui a appelé à créer des services psychosociaux, de conseil et juridiques pour les survivants, dont la plupart sont des femmes et des mineurs. 

Mme Lusala a exhorté le Conseil à encourager les gouvernements de Soudan et Soudan du Sud à mettre sur pied, d’urgence, le service de police d’Abyei ainsi que le Bureau du médiateur pour faciliter les activités judiciaires et alléger les conditions dans les centres de détention.  Le Conseil devrait aussi les encourager à fournir des services de base dans la région d’Abyei.  Mme Lusala a aussi plaidé en faveur de l’augmentation de la capacité de la police onusienne pour atteindre enfin le plafond autorisé, et a souhaité une augmentation de la proportion de policières pour répondre aux préoccupations et aux priorités des femmes et des filles, conformément à la Stratégie de parité entre les sexes pour le personnel en uniforme.  Elle s’est enorgueillie que la composante police de la FISNUA compte désormais 60% de femmes à des postes de commandement, et 34,7% au sein des effectifs. 

Mme  PATRICIA BOUGHANI, Chef de la police de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), a mis l’accent sur les actions mises en place par la composante  de  police de la Mission  pour intégrer la perspective de genre, en faisant le point, tant en interne que sur son  appui aux forces de sécurité maliennes.  Sur le plan interne, à la date du  22  octobre  2021, la mission comptait 71  femmes sur 306  policiers individuels, soit 20,58%, et 200 femmes sur 1450  personnes au sein des unités de police constituées, soit 12,70%.  Les policières sont affectées  à Bamako, mais également en région à divers postes.    Pour Mme Boughani, la visibilité des  femmes  doit encourager la population malienne  mais  aussi  les forces de sécurité maliennes  à découvrir « les atouts et  qualités d’une femme », voire susciter des vocations  pour  des postes traditionnellement considérés comme  masculins.  Cependant, même si des  efforts substantiels ont été consentis  par les  pays fournisseurs de contingents pour  déployer  des femmes, Mme  Boughani a concédé qu’elles étaient encore peu présentes  au sein des unités de police constituées ainsi que dans les postes de commandement. 

S’agissant de l’appui aux forces de sécurité malienne, la dimension genre se manifeste à travers des patrouilles conjointes; la colocation  démontrant concrètement  les compétences d’une  femme; les  formations fournies à la police malienne, à l’occasion desquelles il est systématiquement demandé la présence de femmes, ou  encore  la sensibilisation aux questions du  genre, par exemple sur le rôle des policières dans la sécurisation des élections. 

Mme  Boughani a expliqué les priorités de la composante de police de la Mission.  L’une d’elles est le suivi des infrastructures  en  région.   À cet égard, l’objectif est que toute unité de police féminine constituée se déploie avec 30  femmes policiers, l’idée étant de mobiliser les pays fournisseurs de contingents par ce biais.  Un autre axe est la lutte contre l’impunité et un troisième le changement d’état d’esprit par la promotion de la perspective de genre. 

Mme Boughani a aussi rappelé que très peu de femmes étaient déployées dans le nord du pays au sein des forces de sécurité maliennes.  Elle a expliqué comment, là aussi, la MINUSMA tente de modifier les choses en facilitant la construction de dortoirs  féminins  dans certaines régions, la création de bureaux permettant de mieux accueillir les victimes ou encore en cherchant à faciliter l’autonomisation financière des femmes à travers des projets  à  impact rapide.  Enfin, dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, la police onusienne participe à la mise en place  d’une police malienne de proximité et  à  l’opérationnalisation des Comités consultatifs pour la sécurité qui  sont  un cadre de concertation entre les représentants de l’État, les  services de sécurité et les populations locales. 

Mme  INGA RHONDA KING (Saint Vincent-et-les Grenadines), au nom des «A3+1» (Kenya, Niger, Tunisie et Saint Vincent-et-les Grenadines), a déclaré que son groupe soutenait tous les efforts visant à assurer la participation et le leadership des femmes au sein de la police des Nations Unies et dans le maintien de la paix en général.  Toutes les activités allant dans ce sens doivent être bien coordonnées afin d’établir des pratiques exemplaires en matière d’intégration d’une perspective sexospécifique; combler avec succès les lacunes de mise en œuvre du programme « femmes, paix et sécurité »; et s’attaquer aux inégalités structurelles et systémiques qui continuent d’affecter les femmes et les filles.  La représentante a demandé d’éviter les tendances à cantonner les femmes dans les domaines des soins et de l’éducation, bornant ainsi leur participation à la réponse à la violence sexuelle et sexiste.  Au contraire, a ajouté Mme  Rhonda King, nous devons constamment assurer la participation et le leadership des femmes dans tous les aspects du maintien de la paix, y compris les patrouilles de police, les opérations et la planification; la sensibilisation à la menace des armes légères et de petit calibre; les programmes « désarmement, démobilisation et réinsertion »; et la réforme du secteur de la sécurité. 

Les progrès réalisés dans la participation des femmes aux composantes de police de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) et la création par la MINUSMA de l’unité de l’égalité des sexes sont révélateurs des bonnes pratiques dans les missions de maintien de la paix de l’ONU, a poursuivi Mme  King.  Pour la représentante, cela doit devenir la norme dans toutes les opérations de paix et les missions politiques spéciales.  Elle a demandé au Secrétaire général adjoint, Jean-Pierre Lacroix, si son Département envisageait « la mise en œuvre d’une stratégie plus complète d’intégration de la dimension de genre dans toutes les missions politiques spéciales et les opérations de paix.  « Avez-vous des propositions plus concrètes, car elles sont nécessaires pour améliorer des services de police sensibles aux sexospécifiques et tous les autres aspects du programme des services de travail relatifs au maintien de la paix et à la consolidation de la paix », a demandé la représentante. 

Les « A3+1 » encouragent toutes les parties prenantes à appliquer intégralement toutes les dispositions des résolutions 2518 (2020), 2538 (2020), 2594 (2020) et des autres décisions du Conseil de sécurité qui traitent des liens entre le maintien de la paix et le programme « femmes, paix et sécurité ».  Les femmes ne doivent pas seulement participer de manière significative, elles doivent aussi diriger la recherche de consensus, la promotion de la réconciliation et l’établissement de sociétés démocratiques stables et résilientes, a continué Mme  King.  Sans une plus grande mobilisation, participation, leadership et promotion des femmes de tous horizons et dans toute leur diversité, la réussite des transitions des missions et les stratégies de sortie durable que nous attendons tous avec impatience seraient difficiles à envisager et encore plus difficiles à atteindre, a-t-elle prévenu.  La représentante a, enfin, exhorté à redoubler d’efforts pour que les femmes soient toujours pleinement représentées à chaque table et à chaque niveau de prise de décision, sans discrimination ni parti pris.  Tout obstacle à l’engagement des femmes constitue un obstacle à une paix durable.  Éliminons ces obstacles et construisons un monde plus pacifique et plus prospère, dans l’intérêt de tous les pays et de tous les peuples, a conclu la représentante. 

Relevant que les femmes constituent environ 14% des officiers déployés par la police des Nations Unies, Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a appelé à « faire mieux », engageant notamment à s’attaquer aux obstacles structurels, créer des environnements favorables à la participation des femmes et lutter contre les stéréotypes sexistes.  L’approche d’intégration du programme « femmes, paix et sécurité » offre à la police des Nations Unies la possibilité à la fois de renforcer son rôle dans le maintien de la paix et de contribuer à faire progresser l’égalité des sexes de manière plus générale, a indiqué la représentante. 

Mme Byrne Nason a, par ailleurs, estimé que la police des Nations Unies a un rôle essentiel à jouer dans les contextes de transition, notamment en ce qui concerne le renforcement des capacités des États à protéger leur propre population, et peut également contribuer à la protection des enfants.  Le renforcement de la coordination, au sein des missions, entre les composantes de la police et les conseillers en protection de l’enfance ainsi qu’entre les conseillers en matière de protection des femmes est particulièrement important à cet égard, a-t-elle indiqué. 

La représentante a ensuite demandé au Secrétaire général adjoint, quels domaines de l’Action pour le maintien de la paix « plus » devront être priorisés par la police des Nations Unies et comment y intégrer le programme « femmes, paix et sécurité ».  Se tournant ensuite vers la Chef de la police de la MINUSMA, elle a voulu en savoir plus sur le rôle joué par la police des Nations Unies pour renforcer le mandat de la MINUSMA en matière de protection. 

M.  SHUANG GENG (Chine) a rendu hommage à tous les Casques bleus et à tous les agents de police qui s’acquittent de leur mandat.  Il a également salué la Surintendante Sangya Malla (Népal), Chef de l’Unité de la santé et de l’environnement de la police de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), qui a remporté le Prix de la femme policière de l’année 2021. 

Notant le renforcement actuel de la composante de police, le représentant a jugé indispensable d’adopter la bonne configuration car cette composante a grandement contribué au rétablissement de l’ordre.  Concernant Abyei, il a toutefois insisté sur la nécessité de la mise en place de la police conjointe locale, ajoutant que les résultats escomptés étaient loin d’être atteints.  Il a aussi demandé un renforcement des capacités et encouragé les donateurs et les pays fournisseurs de contingents à fournir les moyens à cette fin.  Il a recommandé l’adoption de mesures ciblées pour combler les lacunes. 

Le représentant a indiqué que les opérations de maintien de paix devaient redoubler d’efforts pour recruter davantage de policières car celles-ci jouent un rôle unique sur le terrain.  Il a enfin appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution 2518(2020).  En tant que Président du Groupe d’amis sur le renforcement de la sécurité du maintien de la paix, la Chine convoquera ses membres pour une évaluation.  La Chine, qui a contribué à la formation de milliers de policiers continuera, à œuvrer avec tous les pays pour garantir un monde sûr.  Les mandats et les risques au Mali et à Abyei sont énormes, a fait observer le représentant, en demandant ce qui pourrait être envisagé pour les réduire. 

M.  DINH QUY DANG (Viet Nam) a déclaré que les femmes ont un rôle indispensable à jouer pour accroître la performance et l’efficacité globales des opérations de maintien de la paix.  Leur présence peut contribuer à une plus grande crédibilité et réputation des missions auprès de la population, un engagement communautaire plus fort et plus efficace et des réponses de protection renforcées.  Il s’est félicité du nombre croissant de femmes policières, et plus particulièrement des six femmes actuellement chefs ou chefs adjointes des composantes de police des Nations Unies dans les missions de maintien de la paix et les missions politiques spéciales. 

Le représentant a jugé crucial que davantage d’attention et de ressources soient accordées à la promotion des femmes dans les opérations de maintien de la paix, y compris les activités de police.  En outre, la communauté internationale devrait améliorer la formation et le renforcement des capacités des pays en développement, afin de leur permettre de surmonter les défis et créer un environnement de travail plus sûr et plus favorable aux femmes, a-t-il estimé.  Le délégué a indiqué que le Viet Nam a d’ores et déjà intégré le rôle des femmes dans le maintien et la consolidation de la paix dans son cadre juridique et ses politiques.  Concrètement, cela s’est traduit par le fait que le pourcentage de femmes soldats de la paix vietnamiennes à la MINUSCA et à la MINUSS est passé à 20,6% comparé à 16,5% l’année dernière, « ce qui est bien au-dessus de l’objectif du Secrétaire général de 15% à l’horizon 2028 ». 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA  (Fédération de Russie) a reconnu que les composantes de police faisaient partie intégrante du maintien de la paix de l’ONU et pouvaient, en fonction des circonstances, apporter une contribution significative à la protection des civils et à la fourniture d’une assistance temporaire aux forces de l’ordre nationales, voire les remplacer.  Toutefois, a-t-elle ajouté, il est important d’éviter les situations dans lesquelles la présence des missions conduit à une substitution de fait sur le long terme.  Il est tout aussi crucial que la police des Nations Unies exécute son mandat en tout impartialité et maintienne une interaction étroite avec les autorités et la population locale.  Il est également important de tenir compte des éventuels groupes ethniques et religieux ainsi que d’autres contradictions, ou encore des caractéristiques prévalant dans la zone de déploiement.  Les erreurs potentielles peuvent être coûteuses, a averti la représentante. 

À cet égard, la Fédération de Russie appuie les efforts du Secrétariat ainsi que les engagements de nombreuses organisations régionales, notamment celui de l’Union africaine, d’améliorer le niveau de formation des effectifs de police.  Elle contribue activement à cette cause commune et met à profit son expérience unique dans le domaine de la formation pour les soldats de la paix.  Depuis plus de 20 ans, le centre de formation de Domodedovo a formé des centaines de soldats de la paix, y compris des commandants de plus de 50 pays du monde, principalement d’Afrique, a précisé la représentante.  Des centaines de bérets bleus russes ont également contribué au maintien la paix et la sécurité dans le monde.  Il y a environ 40 policiers russes qui servent actuellement dans diverses missions de l’ONU, dont plus d’un tiers de femmes, a encore précisé Mme Evstigneeva.

M. ANDRE LIPAND (Estonie) a estimé qu’une composition plus équitable entre les sexes des composantes de la police des Nations Unies joue un rôle essentiel pour assurer l’efficacité du maintien de l’ordre et renforcer l’efficacité des opérations de maintien de la paix.  Cela est également crucial pour accroître l’efficacité de la police de proximité, lutter contre la propagation de la désinformation et prévenir et éliminer les violences sexuelles et sexistes liées aux conflits.  Il a réitéré l’importance de la mise en œuvre de l’agenda femmes, paix et sécurité, en particulier en garantissant la participation pleine et entière des femmes aux processus de paix, mais aussi à UNPOL en insistant sur l’importance de la mise en œuvre de la résolution 2538 (2020) du Conseil de Sécurité. 

Relevant que l’objectif de la stratégie sur la parité des genres applicable au personnel en tenue est de créer un environnement propice pour les femmes en uniforme dans les opérations de maintien de la paix, le représentant de l’Estonie a souhaité en savoir davantage de la part des commissaires sur leurs priorités en matière de création d’un environnement de travail sûr et propice pour les femmes. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé que la police des Nations Unies avait beaucoup évolué depuis 20 ans, avec des missions plus diverses, des besoins de déploiement plus grands et toute une doctrine qui s’est développée depuis l’an 2000.  La police est essentielle et la participation des femmes indispensable, à la fois pour des raisons de représentativité et parce que la contribution unique des femmes dans les forces de sécurité intérieure est reconnue.  Le représentant a ainsi rappelé que la police des Nations Unies participait à des projets variés au contact de la population pour lutter contre les violences, notamment sexuelles et sexistes, encourager et accompagner l’éducation des jeunes filles, l’autonomisation financière des femmes, leur pleine participation à la prise de décision et aux élections.  Il a cité le cas du Mali, où la police de la MINUSMA, par sa présence aux cotés de forces de sécurité intérieure, contribue à la protection des civils et aide à entretenir le lien entre l’État et les populations. 

M. de Rivière a aussi mentionné le rôle clef de la police des Nations Unies dans les transitions, par le soutien qu’elle apporte au renforcement des capacités nationales et à la réforme du secteur de la sécurité.  Il a cité en exemple son rôle en République démocratique du Congo.  Rappelant au passage le « frein à la performance des missions » que peuvent causer les difficultés linguistiques, le représentant s’est félicité des résultats du partenariat entre l’Organisation internationale de la Francophonie et la Division de la police des Nations Unies.  

M. de Rivière a rappelé que les objectifs fixés par l’ONU pour la participation des femmes au sein de la police des Nations Unies étaient atteints et même dépassés.  Il a mis en avant la « diplomatie féministe » de la France, qui promet la pleine participation des femmes dans les processus de paix et a appelé l’ensemble des partenaires à soutenir le programme « femmes, paix et sécurité » et à se doter d’un Plan d’action national.  La France rappelle aussi la nécessité de la participation des femmes aux opérations de paix.  Le représentant a estimé que les témoignages livrés ce matin confirmaient l’importance et la pertinence de cette participation, avant de rappeler que la France « veille à apporter la compétence de femmes » dans les trois missions dans lesquelles elle a déployé des policiers et gendarmes. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a indiqué que son pays a déployé près de 3 000  policiers et policières dans les opérations de maintien de la paix et a été le pionnier dans le déploiement de femmes en 2007, qui se sont distinguées dans l’accomplissement de leurs tâches. 

Il s’est félicité de la stratégie sur la parité des genres applicable au personnel en tenue et du travail spécifique et « très utile » des femmes policières qui contribuent à promouvoir l’égalité de genre, à établir la confiance avec la composante féminine de la population des communautés avec lesquelles elles interagissent et à faciliter le dialogue.  Les renseignements obtenus auprès des femmes ont servi à la planification des activités civiles au sein des communautés, a-t-il observé.  Le représentant de l’Inde a aussi mis en avant la contribution des policières de son pays au Libéria, ce qui a leur avait valu la gratitude de la Présidente Sirleaf Johnson.  Il a appelé à recenser et à résoudre les obstacles structurels qui empêchent les femmes policières de travailler correctement, notamment des toilettes propres et des dortoirs adéquats.  Il a aussi insisté sur la nécessité d’une formation et de l’établissement de mécanismes de plaintes et de notifications pour prévenir, lutter et sanctionner tout acte de harcèlement sexuel et sexiste. 

Mme  LINDA THOMAS GREENFIELD (États-Unis) a exprimé ses condoléances au gouvernement égyptien à la suite de la fusillade du 1er novembre, lors de laquelle plusieurs de ses policiers déployés auprès de la MINUSCA ont été blessés, et a appelé à une enquête approfondie sur cet incident.  La représentante s’est ensuite félicitée de la promotion plus soutenue dont bénéficie le programme « Femmes, paix et sécurité », notant que la proportion de femmes dans la police des Nations Unies avait doublé, passant de 15% il y a 10 ans à 30% aujourd'hui.  Cependant, a-t-elle souligné, « ce n’est tout simplement pas suffisant ».  Elle a exhorté les pays fournisseurs de services de police à accroître la participation des femmes à tous les niveaux, se félicitant à cet égard de l’initiative « Action pour le maintien de la paix Plus» (A4P+), qui vise à accélérer la mise en œuvre du programme « Femmes, paix et sécurité ».  Elle a également souligné la nécessité d’une responsabilisation renforcée.  « Lorsque les soldats de la paix ne parviennent pas à protéger les civils, cela érode la confiance, compromet l’efficacité de la Mission et nuit à l’image du maintien de la paix », a-t-elle déclaré, ajoutant que nous avons besoin que la police des Nations Unies soit efficace et qu’elle soit tenue pour responsable et irréprochable. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a déclaré que les pays hôtes avaient la responsabilité de respecter les accords sur le statut des forces et d’assurer la sûreté et la sécurité des soldats de la paix servant à l’intérieur de leurs frontières.  Le Royaume-Uni exhorte donc les Nations Unies et le gouvernement de la République centrafricaine à partager avec le Conseil et les pays contributeurs de police les résultats de leurs enquêtes sur l’incident du 1er novembre dès qu’elles seront finalisées, afin que des enseignements puissent être tirés. 

Le représentant a ensuite déclaré que la police des Nations Unies est souvent « la première et la dernière » à rencontrer la population locale, y compris les femmes et les filles, en réponse à une crise, d’autant que des solutions politiques et une paix à long terme ne peuvent être atteintes sans des relations fortes avec ces populations, fondées sur la confiance.  En reflétant les communautés locales qu’elle sert, la police peut renforcer la confiance et autonomiser les femmes et les filles, et même les inciter à rejoindre leur service de police national, ouvrant ainsi la voie au maintien de la paix.  Nous voulons voir plus de policières dans toute la gamme des rôles, à tous les niveaux, a donc affirmé le représentant.  Le Royaume-Uni se félicite des mesures prises par les pays fournisseurs de contingents de police pour atteindre les objectifs de parité des sexes en uniforme. 

S’agissant du programme « Action pour la paix Plus », le Royaume-Uni est d’avis que les experts de la police doivent être traités comme des éléments essentiels de la planification tout au long de la vie d’une mission.  Il souhaite également que le recrutement soit équitable, opportun et fondé sur le mérite, en sélectionnant les bonnes compétences, les capacités et les expertises dont des missions ont spécifiquement besoin, et en veillant à ce qu’elles soient déployées de manière appropriée par ces missions.  Pour le Royaume-Uni, la police doit être pleinement intégrée dans les systèmes des Nations Unies, y compris le système de préparation des capacités de maintien de la paix. 

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a noté le développement de la police des Nations Unies, qui entreprend désormais un éventail plus large de tâches, dont le renforcement des capacités, le soutien opérationnel et le renforcement des politiques et des orientations formelles.  Pour la représentante, cela reflète les situations sécuritaires de plus en plus complexes auxquelles sont confrontées les opérations de paix, y compris le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.  Mme Heimerback a également mis l’accent sur la nécessité de fournir des ressources et un personnel adéquats à la Division de la police et au Bureau de l’état de droit et des institutions chargées de la sécurité, d’autant plus, a-t-elle indiqué, que les nouveaux défis non militaires exigent une approche proactive et innovante. 

Par ailleurs, Mme Heimerback s’est félicitée du fait que les équipes de police spécialisées étaient désormais un outil établi de la police des Nations Unies.  Elle a encouragé le Département des opérations de paix et la Division de la police à continuer de développer ce modèle lors de la révision des lignes directrices l’année prochaine, y compris en utilisant les nouveaux développements technologiques et en veillant à ce que le cadre d’orientation stratégique reflète les nouveaux défis à travers l’innovation et de nouvelles normes techniques. 

Pour la Norvège, l’équilibre entre les sexes n’est pas qu’une question de chiffres, il s’agit également d’une participation pleine, égale et significative. « En Norvège, nous n’avons pas l’intention de recruter des policières pour la police des Nations Unies; nous recrutons les policiers les meilleurs et les plus compétents, sans distinction de sexe » a-t-elle déclaré, avant d’expliquer que la participation féminine de la Norvège était élevée, généralement avec environ 50% de femmes commandants de contingent, cela grâce à une stratégie nationale de genre à long terme qui a abouti à la création d’une solide base pour la représentation des femmes dans la police. 

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a mis l’accent sur l’importance particulière du débat d’aujourd’hui car, bien souvent, le travail de la police des missions de maintien de la paix de l’ONU est peu connu et parfois même occulté par la composante militaire.  La représentante a félicité la lauréate du Prix de la femme policière l’ONU de l’année 2021, Mme Sangya Malla, avant de faire remarquer que la composante de police des Nations Unies avait opéré des changements de taille depuis son premier déploiement en 1960.  Avec l’expérience acquise, les activités de la composante de police dans la prévention et les enquêtes en cas de délit sont devenues des éléments essentiels.  Les unités de police constituées et les agents de police contribuent au renforcement des capacités institutionnelles nationales axées sur l’état de droit, les systèmes judiciaires et pénitentiaires, a précisé la représentante, soulignant que ce rôle était encore plus essentiel dans les missions politiques spéciales, comme c’est le cas en Amérique latine et dans les Caraïbes avec la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie et le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti. 

Mme  Buenrostro Massieua appuyé l’initiative « Action pour le maintien de la paix plus » en vue d’une participation pleine et significative des femmes au maintien de la paix.  Les femmes policières continuent à se heurter à des obstacles structurels s’agissant de l’évolution de leur carrière, a-t-elle déploré, ajoutant qu’il fallait des contingents dynamiques, souples et sensibles aux préoccupations et aux besoins de chaque composante, en particulier des policières, en tenant compte des besoins et de chaque situation sur le terrain, en particulier en cette période de pandémie.  Comment avancer dans la voie du programme « Femmes, paix et sécurité », notamment pour la protection des femmes défenseuses des droits de l’homme et de ces droits en général, s’est-elle demandée. 

La représentante a également mis l’accent sur le travail des policières de l’ONU dans la protection des civils, par la fourniture de services essentiels aux femmes et aux enfants, le développement et le renforcement des alliances stratégiques avec la société civile, et en règle générale, dans la mise en œuvre du programme « femmes, paix et sécurité ».  Elle a rappelé dans ce contexte les éléments établis par le Conseil dans la résolution 2597 (2021) afférents aux transitions, qui incluent une vision reliant directement les composantes de la police des missions mandatées par le Conseil. 

Répondant aux questions posées par quelques délégations, M.  JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a déclaré que sa volonté était d’augmenter le nombre de femmes dans les missions de paix des Nations Unies.  Il lance donc un appel aux contributeurs pour qu’ils envoient plus de femmes.  Celles-ci doivent par ailleurs être davantage intégrées pour résoudre les conflits locaux, tant leur rôle en la matière est essentiel.  Il faut par ailleurs plus de femmes locales, plus de pratiques novatrices qui s’appuient notamment sur les réseaux de femmes locales.  À cela doit s’ajouter la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, a-t-il précisé, tout en insistant sur la responsabilisation. 

S’agissant des violences sexuelles et sexistes, le Secrétaire général adjoint a indiqué que sept allégations avaient été signalées pour 2021, soit autant que l’an dernier.  Ce chiffre n’est pas encourageant, a-t-il reconnu, insistant sur le fait que des enquêtes ont été ouvertes et qu’à l’heure actuelle quelques allégations ont été confirmées. 

S’agissant du rôle de la police des Nations Unies, il a dit vouloir renforcer son efficacité, notamment en renforçant les synergies entre les unités militaires et police.  Le renforcement de l’état de droit étant l’objectif final pour le retrait des missions, la police des Nations Unies y contribue pleinement.  Mais le Département des opérations de paix a besoin à la fois du soutien du Conseil de sécurité et celui des pays fournisseurs de contingents et des États hôtes, a-t-il dit, faisant allusion à « l’incident malheureux » qui s’est déroulé en République centrafricaine, lorsque, le 1er novembre, 10 militaires égyptiens appartenant à la Mission des Nations unies en Centrafrique (MINUSCA) ont été blessés à Bangui par des tirs de la garde présidentielle centrafricaine, devant la résidence du Président centrafricain. 

Répondant aux questions posées au sujet de la protection des civils, Mme VIOLET LUSALA, Commissaire de police civile de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA)a expliqué que les unités de police de l’ONU travaillent avec toutes les parties prenantes au Soudan du Sud et cherchent notamment à prévenir les incidents en traitant les renseignements obtenus.  Elle a insisté sur le rôle des mécanismes alternatifs de règlement des différends dans le contexte de la pandémie de COVID-19, ainsi que sur la sensibilisation aux violences sexistes au sein des communautés hôtes.  Il faut également appuyer les forces locales avec lesquelles la police des Nations Unies coopère.  Mme Lusala a aussi évoqué le renforcement de la coopération avec les parties prenantes en vue de lutter contre les violences sexuelles et sexistes commises dans les conflits. La police des Nations Unies peut obtenir rapidement des renseignements grâce aux mécanismes d’alerte rapide, a-t-elle ajouté. 

À son tour, Mme  PATRICIA BOUGHANI, Chef de la police de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), a insisté sur le rôle de la police de proximité et des comités locaux de sécurité.  La police de proximité c’est l’outil pour développer et tisser les liens de confiance entre la population et les acteurs de sécurité, a-t-elle expliqué.  Pour ce qui est des difficultés, la Commissaire a parlé de la liberté de mouvement, notamment au centre du Mali où les effectifs de police ne peuvent pas se rendre partout.  Pour y répondre, elle a insisté sur l’impératif du redéploiement des forces de sécurité maliennes au centre et au nord du pays, y compris des forces féminines.  Concernant la question sur la sécurité des femmes en uniforme, Mme Boughani a insisté sur l’importance de la formation des policiers, avant et pendant leur déploiement, et de la sensibilisation des effectifs aux droits humains, aux violences sexuelles et à la sécurisation des élections.  Le partage d’information entre la MINUSMA, la police des Nations Unies et la composante civile est également essentiel. 

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