Conseil de sécurité: plaidoyer pour le maintien de la contribution « essentielle » de la Mission des Nations Unies à l’« élan positif » en République centrafricaine
À moins d’un mois du renouvellement prévu du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), le Représentant spécial du Secrétaire général dans le pays, M. Mankeur Ndiaye, a demandé aujourd’hui aux membres du Conseil de sécurité de donner à la Mission les moyens de maintenir sa « contribution essentielle » aux progrès du processus politique. Avec le Président centrafricaine, M. Faustin-Archange Touadéra, il a attiré l’attention sur les « étapes importantes » et « l’élan positif » qu’a connus la République centrafricaine, ces derniers mois.
Le Représentant spécial, qui est aussi Chef de la MINUSCA, a cité la récente visite du Comité créé en vertu de la résolution 2127 (2013) sur le régime des sanctions, qui a permis d’explorer les solutions pour parvenir à une sécurité durable; la formation, le 23 juin, d’un nouveau Gouvernement, qui ouvre la voie des progrès vers la stabilité institutionnelle; la déclaration unilatérale de cessez-le-feu, lancé le 15 octobre, par le Président Touadéra; ou encore les contributions de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et l’adoption d’une Feuille de route en six axes pour la paix en République centrafricaine.
La MINUSCA doit maintenir sa « contribution essentielle », dans un contexte « sécuritaire hostile » marqué dans l’ouest, le centre et le sud-est par les activités des groupes armés, et par une situation où 63% de la population a toujours besoin de protection et d’aide humanitaire d’urgence, a plaidé le Représentant spécial. Le Président centrafricain s’est d’ailleurs félicité de ce que les troupes et les moyens de la MINUSCA aient été revus à la hausse, d’autant plus qu’il sera question de sécuriser les élections locales prévues dans l’Accord politique pour la paix et la réconciliation (APPR). La France a en effet annoncé une résolution qui insistera sur la nécessité d’assurer le suivi de la hausse du plafond des troupes décidée par le Conseil de sécurité en mars dernier.
Le plus dur reste à faire, a-t-elle en effet reconnu, en parlant du plein respect du cessez-le-feu et en prévenant qu’elle est prête à proposer de nouvelles sanctions individuelles à l’encontre de ceux qui se rendraient coupables de violations dudit cessez-le-feu. Avec d’autres, elle a aussi souligné que la MINUSCA ne peut travailler quand elle est soumise à des calomnies sur les réseaux sociaux et dans la presse ou à des violations de l’accord sur le statut des forces, qui mettent les Casques bleus en danger. Elle a appelé le Gouvernement centrafricain à tout faire pour rétablir une relation de confiance avec la MINUSCA, après avoir dénoncé la présence « profondément » déstabilisante du Groupe Wagner sur lequel s’accumulent les preuves d’exactions, d’arrestations extrajudiciaires, d’exécutions sommaires, de violences sexuelles, de menaces contre des défenseurs des droits de l’homme et d’entraves à l’accès humanitaire. En outre, a encore accusé la France, le Groupe Wagner profite de sa position pour se livrer à une prédation organisée des ressources naturelles.
S’il s’agit des forces bilatérales qui ont été notifiées au Comité des sanctions, l’État concerné doit assumer la pleine responsabilité des exactions commises mais s’il s’agit de mercenaires, leur présence n’a jamais été notifiée au Comité des sanctions et elle n’est pas conforme à l’embargo renouvelé par ce Conseil en juillet dernier, a argué la France. C’est face à la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) et à son projet de « déstabilisation » des institutions constitutionnelles et de « sabotage » du processus électoral, a expliqué le Président de la République centrafricaine, que nous avons décidé de faire appel aux « instructeurs russes » et aux forces rwandaises, dans le cadre d’accords bilatéraux, et ce, avec l’autorisation du Conseil de sécurité.
Il n’a jamais été question pour nous de poursuivre indéfiniment une démarche militaire exclusive et c’est la raison pour laquelle les portes du « dialogue républicain » avec les partis politiques et de la négociation avec les leaders des groupes armés de la CPC, « n’ont jamais été fermées », a affirmé le Président. Il a fait valoir la volonté de son gouvernement de ne pas passer sous silence les violations des droits de l’homme et autres crimes graves. Que l’on nous en apporte les preuves, s’est agacée la Fédération de Russie, en répétant que « ses instructeurs » n’ont jamais pris part à aucun combat et qu’ils se limitent, grâce à la formation, à renforcer les capacités nationales de la République centrafricaine.
La Fédération de Russie a insisté sur la nécessité pour la MINUSCA de coopérer avec les autorités nationales, conformément à leurs priorités, « dont la question de la nationalité des contingents et des effectifs de police de la Mission », après que l’Union européenne a dénoncé le fait qu’elle-même et la France aient été victimes d’attaques répétées, campagnes agressives, discours de haine et désinformation. Dans notre monde contemporain, a professé la Fédération de Russie, les pratiques néocolonialistes n’ont pas leur place, pas plus que le chantage économique. Elle a dûment dénoncé « le ton hautain » avec lequel l’on veut dicter à des États souverains avec qui ils doivent ou peuvent coopérer dans les domaines économique ou militaire.
Pour que son pays ne dépende plus exclusivement des « arrangements bilatéraux », le Président Touadéra a invité le Conseil de sécurité à une « autre lecture » du régime des sanctions et à une évaluation souple de la « pesanteur » de l’embargo sur les armes, pour tenir compte de l’efficience requise des forces nationales de défense et de sécurité. Le Conseil de sécurité doit prendre des mesures pour que la CPC ne soit plus une menace, a ajouté M. Adeoye Bankole, Commissaire chargé des affaires politiques, de la paix et de la sécurité de l’Union africaine.
LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE S/2021/867
Déclarations
M. MANKEUR NDIAYE, Représentant spécial du Secrétaire général pour la République centrafricaine et Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), s’est félicité de la récente visite du Comité créé en vertu de la résolution 2127 (2013) du Conseil de sécurité, entre le 10 et le 15 septembre. Cette « étape politique importante » a contribué à instaurer un dialogue constructif avec le Gouvernement et offert l’opportunité d’explorer des solutions pertinentes pour parvenir à une sécurité durable. La formation le 23 juin dernier d’un gouvernement représente également une autre « étape importante » et un « élan positif » vers la stabilité institutionnelle, s’est réjoui le Représentant spécial. Cet élan, a-t-il insisté, doit être maintenu par une prorogation du mandat de la MINUSCA, qui peut faciliter et approfondir la décentralisation en organisant des élections locales, qui n’ont pas eu lieu depuis 1988.
M. Ndiaye a aussi salué la déclaration unilatérale de cessez-le-feu, le 15 octobre, Par le Président Faustin-Archange Touadéra, ainsi que les contributions positives du Président de l’Angola et du Président par intérim de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), en vue de l’adoption d’une Feuille de route conjointe pour la paix en République centrafricaine. Le cessez-le-feu contribuera à créer des conditions propices au bon fonctionnement du « dialogue républicain », a-t-il déclaré, ajoutant que son succès dépendra de l’adhésion de toutes les parties et des garants au cadre de responsabilité et de leur détermination à sanctionner les violations. Les acteurs de la société civile joueront un rôle important, a-t-il souligné.
Abordant la situation sécuritaire, qui continue de se détériorer dans certaines parties du pays, dont l’ouest, le centre et le sud-est, en raison de l’activité des acteurs armés, le Représentant spécial a appelé à la fin du cycle de l’impunité à travers la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation. S’agissant de la situation humanitaire, qu’il a qualifiée de « regrettable », il s’est dit préoccupé par le fait que 3,1 millions de personnes, soit 63% de la population, ont toujours un besoin urgent de protection et d’aide humanitaire d’urgence. Il a appelé à davantage de financement pour couvrir le budget humanitaire auquel il manque encore 40% des fonds.
M. Ndiaye a également évoqué les récentes violations de l’accord sur le statut des forces (SOFA) auxquelles la MINUSCA a été confrontée. Il a indiqué que 41 violations « particulièrement déplorables » ont été signalées récemment. Or, il est nécessaire de s’engager séparément et collectivement avec tous les acteurs de la région pour obtenir la cessation immédiate des hostilités, rétablir progressivement la confiance, garantir des solutions aux réfugiés et aux déplacées et mettre en œuvre efficacement le mandat multidimensionnel. Pour pouvoir maintenir sa « contribution essentielle », a-t-il conclu, la MINUSCA a besoin de troupes et de ressources et le Conseil de sécurité doit lui donner les moyens de de réaliser les objectifs assignés.
M. ADEOYE BANKOLE, Commissaire chargé des affaires politiques, de la paix et de la sécurité de l’Union africaine, a expliqué que la situation sécuritaire en République centrafricaine (RCA) reste marquée par les actions des groupes armés, notamment ceux de la CPC, lesquelles ne doivent pas rester impunies, au risque d’envoyer un mauvais signal. Le Conseil de sécurité, a insisté le Commissaire, doit prendre des mesures pour que ce groupe ne soit plus une menace à la paix et à la sécurité en RCA. M. Bankole a estimé que l’effectivité du cessez-le-feu annoncé par le Président Faustin-Archange Touadéra changerait la donne. Toutes les parties prenantes centrafricaines doivent s’y impliquer car c’est la condition de l’instauration d’une paix durable.
Le Commissaire de l’Union africaine a aussi attiré l’attention sur la situation humanitaire, avant de déclarer qu’en tant que garante de l’Accord de paix, l’Union africaine soutiendra activement le travail de la Commission de vérité et réconciliation et pour préparer le dialogue républicain. L’Union africaine est prête à déployer des observateurs des droits de l’homme et recommande que la MINUSCA reste dans le pays.
M. OLOF SKOOG, de l’Union européenne, a rappelé que l’UE, en tant que partenaire de longue date de la RCA, encourage tous les efforts régionaux pour parvenir à une paix durable en RCA, en particulier l’adoption de la Feuille de route de Luanda. Il a salué dans ce contexte le cessez-le-feu annoncé vendredi dernier par le Président Touadéra, le considérant comme un « geste politique important » et exhortant tous les acteurs, sans exception, à cesser immédiatement les actions armées.
Le représentant a ensuite salué les « évolutions politiques positives » de ces derniers mois en RCA, notamment la formation d’un nouveau gouvernement, engagé dans les réformes et la finalisation d’un cycle électoral en juillet ou encore de l’installation du comité d’organisation de la « dialogue républicain » le 1er septembre dernier. Ce sont des étapes importantes pour la consolidation de la démocratie en RCA sur lesquelles il faut faire fond pour créer un environnement propice aux processus. Nous aurons besoin de voir si ces engagements conduisent à des progrès concrets visibles. L’Accord pour la paix et la réconciliation est « le seul accord viable », a dit le représentant, ajoutant que l’UE est prête à continuer à apporter conseils, accompagnement et expertise dans le cadre de son accompagnement à la médiation.
M. Skoog a également déploré les rapports faisant état, entre autres, de violations de droits de l’homme et du droit international humanitaire, et d’abus ciblés visant des minorités ethniques et religieuses. Ces actes commis par les groupes et les forces armées nationales ainsi que les soi-disant « instructeurs » sont « inacceptables ». Des partenaires internationaux tels que l’UE, La France et la MINUSCA ont également été victimes d’attaques répétées, campagnes agressives, discours de haine et désinformation, a dénoncé M. Skoog. À cet égard, l’UE considère les premières conclusions de la Commission spéciale d’enquête comme « un premier signal positif » dans la lutte contre l’impunité. Sa délégation attend maintenant un suivi concret et des actions en justice contre les responsables de ces actes, y compris ceux vivant à l’extérieur de la RCA.
En outre, l’Union condamne les violations de l’accord sur le statut de la force de la MINUSCA, qui limitent la liberté de mouvement de ses troupes et empêche la mission de s’acquitter de son mandat. Elle demeure également préoccupée par la présence de militaires déployés bilatéralement et d’autres personnels de sécurité dont les objectifs et les cibles ne sont pas « clairs ». Les autorités centrafricaines doivent s’assurer que toutes les parties prenantes travaillent dans le même esprit et dans la même direction, avec des règles d’engagement claires et transparentes, a déclaré le représentant en conclusion.
Mme PAMELA AUDREY DEROM, Présidente du Conseil national de la jeunesse centrafricaine, s’est présentée comme une Africaine, issue d’une jeunesse qui a les mêmes aspirations que celles d’autres continents. « Mais cette jeunesse centrafricaine est reléguée au second rang et ignorée lors des grandes concertations », a-t-elle déploré. Certaines analyses projettent une crise sur 50 ans, décourageant les projets en République centrafricaine. Malgré les atrocités, la République centrafricaine change considérablement, a-t-elle relevé, avant de dire que les jeunes Centrafricains ont décidé de prendre en main leur destin, qui passe par une évaluation des actions concrètes du Conseil national de la jeunesse centrafricaine. Elle a rappelé qu’en février 2019, elle est devenue la première femme à obtenir un mandat représentatif de tous les leaders de la jeunesse avec son équipe du Conseil national de la jeunesse centrafricaine. Sa mission? Défendre les intérêts de la jeunesse.
Entre autres projets, Mme Derom a accompagné plus de 50 stagiaires dans les ministères et institutions centrafricaines et organisé des dialogues intergénérationnels. Cette initiative a été soutenue par l’organisation non gouvernementale (ONG) « ACCORD », dont découlera une proposition de loi propre à la jeunesse centrafricaine. Au sein de la population active, 70% sont des jeunes avec des ambitions de développement et 44 000 membres sont élus sur tout le territoire centrafricain, a-t-elle souligné, « ce qui fait de nous l’organe ayant le plus de souveraineté ». « Ce qui est important », a-t-elle dit, « c’est d’engager la jeunesse dans un processus réel de transformation et de la considérer comme une actrice active du changement et une partenaire de la mise en œuvre des projets et programmes de développement ». Mme Derom a sollicité, auprès du Conseil de sécurité, la levée totale de l’embargo sur les armes, pour permettre aux autorités étatiques d’asseoir véritablement l’autorité de l’État et de garantir l’intégrité nationale.
M. FAUSTIN-ARCHANGE TOUADÉRA, Président de la République centrafricaine, a commencé par se féliciter de ce que les troupes et les moyens de la MINUSCA aient été revus à la hausse, ainsi que de la récente mission entreprise par les membres du Comité 2127 sur le régime des sanctions, du 11 au 15 octobre, pour mieux évaluer les progrès au regard des défis sécuritaires, politiques et économiques. Des défis, il y en a eu au moment où nous nous attendions le moins, puisque nous étions tous engagés dans la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation (APPR) du 6 février 2019 et la préparation des élections présidentielle et législatives, a avoué le Président. Il a mis en cause la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) et son « projet de déstabilisation » des institutions constitutionnelles et de « sabotage » du processus électoral, qui s’est soldé par une détérioration soudaine et quasi générale de la situation sécuritaire, à travers une violence systémique.
Face à cette situation, et compte tenu des pouvoirs constitutionnels qui lui sont conférés, le Chef d’État a dit avoir pris la décision de faire appel aux « instructeurs russes » et aux forces rwandaises, dans le cadre d’accords bilatéraux et ce, avec l’autorisation du Conseil de sécurité. Leur arrivée, a-t-il assuré, nous a permis de réajuster nos options sécuritaires autour de deux axes stratégiques majeurs et d’abord, optimiser la protection des populations civiles, le soutien à l’assistance humanitaire et la sécurisation des élections présidentielle et législatives, par les forces de la MINUSCA. Les « forces bilatérales » et celles du pays ont ensuite pu s’investir dans des opérations pour enrayer la menace de la CPC et reconquérir les portions de territoire sous occupation, afin de restaurer l’intégrité territoriale et l’autorité de l’État. Pour autant, a souligné Le Président, il n’a jamais été question pour nous de poursuivre indéfiniment une démarche militaire exclusive et c’est la raison pour laquelle les portes du dialogue républicain avec les partis politiques et de la négociation avec les leaders des groupes armés de la CPC, « n’ont jamais été fermées ».
Ainsi, a-t-il rappelé, juste après la tenue de l’élection présidentielle, j’ai initié des consultations pour un « dialogue républicain inclusif » et souscrit à l’initiative de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) qui a abouti, le 16 septembre 2021, avec l’implication directe du Président de l’Angola et le soutien des États de la région, à l’adoption de la Feuille de route conjointe pour la paix en République Centrafricaine, laquelle établit un recadrage autour de six axes stratégique: engagement des groupes armés pour une cessation immédiate des hostilités; déclaration de cessez-le-feu du Gouvernement; mise en œuvre du programme de désarmement, démobilisation, rapatriement et réintégration; réformes du secteur de la sécurité et poursuite des efforts pour lever l’embargo de l’ONU sur les armes; élaboration d’une stratégie de sécurité frontalière; et, enfin, processus politique.
Le 15 octobre, a rappelé le Président, j’ai déclaré un cessez-le-feu unilatéral et la fin des opérations militaires, conformément à la Feuille de route conjointe. Il a également fait valoir la volonté de son gouvernement de ne pas passer sous silence les violations des droits de l’homme et autres crimes graves. Il en a voulu pour preuve l’opérationnalisation graduelle des mécanismes de justice transitionnelle comme la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation et la Cour pénale spéciale, sans compter la création récente d’une Commission spéciale d’enquête « dont les conclusions recevront toutes les suites judiciaires qu’elles méritent » dans le cadre de la lutte contre « l’impunité chronique ».
M. Touadéra a ensuite plaidé en faveur d’un renouvellement du mandat « renforcé » de la MINUSCA, qui est essentiel pour les processus politiques et de paix ainsi que la protection des populations civiles et la fourniture de l’aide humanitaire. Il sera tout aussi indispensable au déroulement des opérations électorales et à la sécurisation des élections locales qui sont au cœur de l’APPR, a-t-il ajouté. En outre, a insisté le Président, une « autre lecture » du régime des sanctions est possible avec la « sagesse légendaire » du Conseil, compte tenu des efforts consentis vers la réalisation des objectifs et indicateurs qui nous sont assignés. Le Président a invité le Conseil à évaluer « avec beaucoup de flexibilité » la pesanteur du régime d’embargo, pour tenir compte de l’efficience requise des forces nationales de défense et de sécurité et ne point dépendre exclusivement d’arrangements bilatéraux.
Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a salué le cessez-le-feu annoncé par le Président Touadéra, le 15 octobre, résultat des efforts des États de la sous-région, en particulier de l’Angola et du Rwanda. Mais le plus dur reste maintenant à faire car toutes les parties devront pleinement le respecter, a reconnu la représentante, avertissant que la France se tient prête à proposer au Conseil de sécurité de nouvelles sanctions individuelles à l’encontre de ceux qui se rendraient coupables de violations du cessez-le-feu. La MINUSCA devra y prendre pleinement part, a ajouté Mme Broadhurst Estival. Avec ce cessez-le-feu, le moment du dialogue de paix doit désormais succéder à celui des armes, a-t-elle pressé. Ce dialogue, a-t-elle estimé, nécessite en premier lieu l’arrêt définitif et immédiat des violences commises à l’encontre des populations civiles. C’est la clef pour la réconciliation en République centrafricaine.
De ce point de vue, a accusé la représentante, la présence du Groupe Wagner est profondément déstabilisante, constituant un facteur de guerre et non pas un facteur de paix. Les preuves s’accumulent sur les exactions commises par le Groupe Wagner: arrestations extrajudiciaires, exécutions sommaires, violences sexuelles et basées sur le genre, menaces exercées contre des défenseurs des droits de l’homme, entraves à l’accès humanitaire. Tout cela, a martelé la représentante, est inacceptable et bien documenté dans le rapport du Groupe d’experts, dans le rapport conjoint de la MINUSCA et du Haut-Commissariat aux droits de l’homme et dans le rapport du Secrétaire général. Le Groupe Wagner, a-t-elle encore accusé, profite de sa position pour se livrer à une prédation organisée des ressources naturelles alors que c’est à l’économie centrafricaine que devrait bénéficier l’exploitation de ces richesses.
La représentante a mis le doigt sur « l’ambiguïté entretenue » par l’utilisation, dans les rapports des Nations Unies, de l’expression « autres personnels de sécurité », ce qui entretient la confusion. S’il s’agit des forces bilatérales qui ont été notifiées au Comité des sanctions, l’État concerné doit assumer la pleine responsabilité des exactions commises. S’il s’agit des mercenaires du Groupe Wagner, leur présence n’a jamais été notifiée au Comité des sanctions et elle n’est pas conforme à l’embargo renouvelé par ce Conseil en juillet dernier. Sur la base des déclarations du Ministre centrafricain de la justice, le 1er octobre dernier, reconnaissant ces exactions, la représentante a appelé les autorités du pays à n’accorder aucune impunité à leurs auteurs, à les traduire rapidement en justice et plus largement à en tirer toutes les conséquences pour l’avenir de la République centrafricaine, afin d’œuvrer à la réconciliation dans la nouvelle phase qui s’ouvre.
La MINUSCA, a poursuivi la représentante, ne peut travailler quand elle est soumise à des calomnies sur les réseaux sociaux et dans la presse ou à des violations de l’accord sur le statut des forces, qui mettent les Casques bleus en danger. Elle a appelé le Gouvernement centrafricain à tout faire pour rétablir une relation de confiance avec la MINUSCA et a annoncé que la France proposera prochainement une résolution qui prendra en compte la nouvelle donne politico-sécuritaire et insistera notamment sur la nécessité d’assurer le suivi de la hausse du plafond des troupes décidé par ce Conseil en mars dernier.
Au nom des A3+1 -Kenya, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines-, M. TAREK LADEB (Tunisie)a salué l’annonce d’un cessez-le-feu le 15 octobre et a encouragé toutes les parties à respecter l’Accord politique et à cesser les hostilités. Il a salué l’engagement du Gouvernement en faveur de l’organisation du « dialogue républicain » et a encouragé la poursuite de ce processus. Il a soutenu les efforts de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) visant à organiser un dialogue inclusif et a insisté sur la nécessité d’assurer la mise en œuvre de l’Accord politique.
M. Ladeb s’est dit encouragé par l’engagement actif du Président centrafricain avec les organisations régionales et les pays voisins visant à renforcer la coopération et à soutenir le processus de paix en RCA. L’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), en leur qualité de garants de l’Accord politique, vont contribuer à faire avancer le processus de paix, a-t-il déclaré. Il a noté avec satisfaction l’adoption d’un nouveau calendrier pour les prochaines élections municipales, régionales et sénatoriales et a appelé au respect du calendrier d’inscription sur les listes électorales qui permettra la participation des femmes, des déplacés, des réfugiés rapatriés et des nouveaux adultes.
Toutefois, le représentant s’est dit profondément préoccupé par l’augmentation du nombre des cas de violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire à l’encontre des personnes vulnérables et déplacées, ainsi que par les incidents de violence sexuelle liée au conflit, le recrutement d’enfants et les menaces et attaques continues contre la population civile. Il a fermement dénoncé les attaques ciblées contre la MINUSCA ainsi que les campagnes de désinformation, et a appelé les autorités centrafricaines à accélérer les enquêtes sur ces violations et abus et à traduire les auteurs en justice.
En outre, M. Ladeb a estimé que l’environnement sécuritaire hostile qui prévaut a gravement affecté la situation humanitaire en RCA et s’est dit profondément préoccupé par les incidents impliquant des engins explosifs. En ce qui concerne le prochain renouvellement du mandat de la MINUSCA, il a appuyé la recommandation du Secrétaire général de proroger le mandat d’un an, jusqu’au 15 novembre 2022. Il faut doter la Mission des capacités et des ressources pour qu’elle puisse s’acquitter de son mandat, a-t-il souligné.
Mme TRINE HEIMERBACK (Norvège) a salué le cessez-le-feu unilatéral annoncé par le Président Touadéra vendredi dernier. La représentante a exhorté tous les groupes armés, et en particulier les membres de la CPC, à suivre l’exemple du Gouvernement et à se joindre au cessez-le-feu. Elle a pris note de la détérioration de la situation sécuritaire, des violations continues des droits de l’homme et du droit humanitaire. « Toutes les parties sont à blâmer, la CPC en premier lieu », a accusé Mme Heimerback, avant de dénoncer les Forces armées centrafricaines et ses « alliés russes du Groupe Wagner », qui sont responsables de près de la moitié des incidents vérifiés, faisant près de 500 victimes.
Préoccupée par la hausse du nombre d’incidents impliquant des engins explosifs improvisés, Mme Heimerback a ensuite demandé à protéger la population civile. Après des mois de préparation du dialogue, il est temps de commencer le vrai travail, a encouragé la représentante. Ce dialogue républicain doit être véritablement inclusif, a-t-elle demandé. L’opposition politique, les femmes, la société civile et les groupes armés qui renoncent à la violence doivent être impliqués. Une partie importante du dialogue devrait porter sur la garantie de la justice pour les victimes, y compris les survivantes de violences sexuelles liées au conflit, a plaidé la déléguée, laquelle a terminé en demandant aux autorités centrafricaines de saisir l’élan créé par le cessez-le-feu pour commencer à améliorer leurs relations avec la MINUSCA. Au cours des derniers mois, la Mission a fait délibérément l’objet de « sabotage et d’intimidation » par les Forces armées centrafricaines et des mercenaires russes, a accusé Mme Heimerback en conclusion.
M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a, à son tour, salué l’annonce du cessez-le-feu par le Président Touadéra, la qualifiant d’« étape importante » et de la concrétisation d’un engagement pris lors du troisième mini-sommet de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL). Il a émis l’espoir que les groupes armés déposeront effectivement les armes, insistant sur le fait que l’Accord de paix est la seule voie à suivre pour parvenir à la réconciliation nationale, mettre fin aux tensions politiques et apporter la stabilité en République centrafricaine. L’arrêt de l’offensive et le « dialogue républicain » devraient offrir un répit à la population et la possibilité pour la communauté internationale et l’ONU d’intensifier l’aide humanitaire, a espéré le représentant. Il a jugé important, à cet égard, que les autorités de la MINUSCA et de la RCA coopèrent dans l’harmonie, a-t-il souligné. Avant de conclure, le représentant a dit attendre des prochains rapports du Secrétaire général des informations sur les tâches clefs concernant les crimes contre les soldats de la paix.
M. DINH QUY DANG (Viet Nam) a rappelé que 3,1 millions de Centrafricains ont besoin d’une aide humanitaire, a rappelé le représentant. Il a ensuite condamné les attaques contre les civils et les acteurs humanitaires, une tendance inquiétante en hausse depuis le début de l’année. Saluant à son tour le cessez-le-feu annoncé par le Président Touadéra le 15 octobre, M. Dang a rappelé qu’il s’agit de donner la priorité à la mise en œuvre de l’Accord politique, à la préparation du dialogue républicain et à la protection des civils. Le délégué a exhorté tous les acteurs à y adhérer afin de parvenir à la paix et au développement durables pour le peuple centrafricain.
Il a encouragé les Centrafricains à déployer des efforts en ce qui concerne la mise en œuvre des programmes de désarmement, démobilisation, rapatriement et réintégration (DDRR) et de réforme du secteur de la sécurité. S’agissant des sanctions, le délégué a estimé que ces mesures devraient être levées lorsque les conditions le permettent, des évaluations régulières étant nécessaires pour s’assurer de leur efficacité et de leur impact sur l’objectif à long terme de paix et de sécurité. La récente visite du Comité des sanctions a démontré les efforts déployés par le Conseil à cette fin, a estimé le représentant.
M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a salué l’appel lancé vendredi dernier par le Président Touadéra à un cessez-le-feu unilatéral, avant de l’appeler à « faire pression » pour que le processus de paix progresse réellement. Il est impératif, a souligné le représentant, que tous les acteurs politiques, y compris le Gouvernement, les groupes armés et l’opposition, poursuivent un dialogue national constructif et inclusif. Un processus de paix pleinement inclusif et soutenu est la seule solution pour parvenir à une paix et une sécurité durables. Le représentant s’est dit préoccupé par les informations « crédibles » faisant état d’atteintes aux droits de l’homme commises par « le Groupe de mercenaires russes Wagner ». Ces abus sont « un moteur de conflit » et sapent le travail « vital » des soldats de la paix et des autorités centrafricaines, a-t-il prévenu, arguant que le Groupe Wagner n’offre aucune réponse sécuritaire à long terme en Afrique. Le représentant a, à son tour, réclamé une enquête approfondie sur les violations des droits de l’homme commises par ces mercenaires.
Il a également jugé « inacceptable » la violence perpétrée par les groupes armés signataires de l’Accord de paix. Il s’est dit prêt à convenir de mesures appropriées, y compris des sanctions. De même, les violations de l’accord sur le statut des forces qui entravent la MINUSCA dans l’exécution de son mandat, ainsi que les campagnes de désinformation soutenues et coordonnées contre l’ONU et sa Mission, sont tout aussi inacceptables. Il a donc appelé le Gouvernement de la RCA à travailler avec la MINUSCA pour veiller à ce que cet Accord soit pleinement mis en œuvre et respecté.
M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a salué, à son tour, l’annonce d’un cessez-le-feu unilatéral, estimant que les groupes armés ont désormais « l’obligation morale » de répondre positivement à l’appel du Gouvernement. Il a appelé les organisations régionales et sous-régionales à rester mobilisées en faveur d’un dialogue inclusif, avec une participation significative des femmes. Il est essentiel, a poursuivi le représentant, d’améliorer la relation de confiance entre la MINUSCA et le Gouvernement. Il a en effet dénoncé la persistance des violations de l’accord sur le statut de la force et les campagnes de discrédit et de désinformation sur le travail de la MINUSCA. Le représentant s’est dit convaincu que les autorités centrafricaines sauront tirer parti des ressources que la communauté internationale met à leur disposition via la MINUSCA pour soutenir le rétablissement de la présence de l’État partout dans le pays. Il a soutenu le renouvellement du mandat de la MINUSCA dans les termes proposés par le Secrétaire général dans son rapport.
À cet égard, le représentant a prié les autorités centrafricaines de coopérer étroitement avec la MINUSCA pour améliorer le système de contrôle des armes et des munitions. La création d’un système d’information est nécessaire pour contrôler efficacement les armes détenues par les forces nationales de sécurité. Il faut aussi améliorer le contrôle aux frontières, a-t-il ajouté, avant de condamner l’augmentation « alarmante » du nombre d’incidents aux engins explosifs. Nous déplorons vivement les attaques contre le personnel humanitaire et les violations des droits humains, y compris les actes de violence sexuelle liés aux conflits, a-t-il dit, en émettant l’espoir que les autorités centrafricaines enquêteront et sanctionneront tous les incidents documentés par la MINUSCA.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a salué le cessez-le-feu décrété par le Président Touadéra, ajoutant que ce « pas positif » doit être suivi par les groupes armés afin de créer un climat de dialogue propice à la pacification de la situation sur le terrain. La délégation a par ailleurs condamné les nombreuses violations des droits humains commises par les forces de soutien russes. Tout le monde sait de qui il s’agit: de mercenaires, a soutenu la représentante, en ajoutant que ces « individus » doivent rendre compte de leurs actes. La Fédération de Russie doit s’assurer que ses ressortissants répondent de leurs crimes, a poursuivi Mme Thomas-Greenfield. Concluant, elle a dit que seule la pleine mise en œuvre de l’Accord de paix de 2019 permettra de parvenir à une paix durable en RCA, un processus que tous les partenaires doivent soutenir.
Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a estimé que l’annonce du Président Touadéra d’un cessez-le-feu immédiat le 15 octobre avait créé un espace pour le dialogue, que toutes les parties doivent respecter. Pour elle, l’Accord de paix de 2019 reste essentiel pour une paix juste et durable en RCA et toutes les parties devraient s’engager dans sa mise en œuvre de manière inclusive, y compris les femmes, les minorités ethniques et religieuses et la jeunesse. Le Conseil devrait continuer à soutenir cet Accord, a plaidé la déléguée, en saluant l’adoption du calendrier des élections locales. Rappelant que près des deux tiers de la population dépendent de l’aide humanitaire pour survivre, Mme Byrne Nason a demandé au Gouvernement et à tous les groupes armés du pays de garantir l’accès humanitaire. Préoccupée par les abus persistants perpétrés par les forces de sécurité nationales et les groupes armés, la représentante a exhorté le Gouvernement à veiller à ce que les auteurs de tous ces abus et violations soient tenus pleinement responsables de leurs actes, indépendamment de leur nationalité. Si l’on veut s’attaquer sérieusement à l’insécurité, il n’y a pas de place pour l’impunité, a-t-elle tranché. L’Irlande est profondément troublée par les rapports et allégations d’exploitation et d’abus sexuels en RCA, a encore déclaré Mme Byrne Nason, avant de réitérer le soutien de sa délégation au régime de sanctions en vigueur.
M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a salué le cessez-le-feu unilatéral qui donne une impulsion aux perspectives de paix et de stabilité. Il s’est toutefois dit préoccupé par les violations et abus des droits de l’homme. Les cas d’utilisation excessive de la force, de massacres aveugles de civils et de violences sexuelles contre les femmes et les enfants décrivent la gravité de la situation, a-t-il déploré. Il a fermement condamné ces violations, commises par tous, à savoir les groupes armés, les forces armées nationales et « leurs partenaires russes ». Il a émis l’espoir que le Groupe d’experts du Conseil de sécurité sur la République centrafricaine sera rapidement opérationnel pour poursuivre son travail d’assistance au respect des sanctions.
À son tour, il a dénoncé le fait que les soldats de la MINUSCA et le personnel des Nations Unies soient victimes des discours de haine, des restrictions de mouvement et autres incidents « inacceptables » de la part des forces armées nationales et de leurs partenaires, en violation de l’accord sur le statut des forces. En conséquence, M. Jürgenson a prié le Gouvernement centrafricain, dans l’intérêt supérieur de la population, à faciliter la coopération avec la MINUSCA et à lutter contre les campagnes de désinformation visant le personnel des Nations Unies. Le Gouvernement doit aussi promouvoir les réformes « essentielles », notamment dans les secteurs de la sécurité, de la bonne gouvernance et de l’état de droit, et assurer une participation pleine, égale et significative des femmes au processus politique.
Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a commencé par déclarer que l’Accord de paix de 2019 est le « fondement » de la paix et de la sécurité en RCA. Elle a salué le cessez-le-feu décrété par le Président Touadéra et appuyé les efforts visant à normaliser la situation en RCA. Cette avancée, a-t-elle estimé, a été rendue possible parce que les forces armées nationales ont été capables de repousser les forces insurrectionnelles. Mais, a-t-elle prévenu, la CPC semble ne pas renoncer à sa volonté de renverser le Gouvernement élu et c’est la raison pour laquelle la communauté internationale doit continuer d’aider les autorités centrafricaines à maintenir la sécurité sur l’ensemble de son territoire. Sans appui efficace, notamment pour mettre sur pied une armée forte, il ne sera pas possible d’instaurer la paix, a tranché la représentante.
Elle a appelé la MINUSCA à coopérer et à se coordonner avec les autorités de la RCA, conformément à leurs priorités. La Mission doit les écouter et surtout sur la question de la nationalité des contingents et des effectifs de police. La représentante a souligné que c’est à la demande des autorités centrafricaines elles-mêmes que des instructeurs russes ont été déployés. « Très actifs », ils s’emploient à renforcer les capacités militaires et nous affirmons une fois de plus, a insisté la représentante, aucun de nos instructeurs ne participe aux combats. S’il y a eu exactions, nous en demandons les preuves, a dit la représentante. « Les partenaires », qui nous interpellent, devraient se rappeler des crimes et abus, y compris sexuels, commis par leurs propres militaires et leurs sociétés de sécurité privée dans plusieurs pays, notamment en Iraq, en Afghanistan et « ailleurs », a argué la déléguée.
« La RCA n’est pas un lieu de confrontation. C’est un pays qui a besoin de notre aide et c’est notre devoir commun », a poursuivi la représentante. Dans notre monde contemporain, les pratiques néocolonialistes n’ont pas leur place, pas plus que le chantage économique. La représentante a dénoncé « le ton hautain » avec lequel l’on veut dicter à des États souverains avec qui ils doivent ou peuvent coopérer dans les domaines économique ou militaire.
M. DAI BING (Chine) a constaté une amélioration positive de la situation sécuritaire en République centrafricaine. Il faut, a-t-il dit, renforcer le processus politique actuel en particulier la normalisation des institutions de l’État. Le délégué a aussi salué le cessez-le-feu annoncé par le Président Touadéra, encourageant toutes les parties à participer au dialogue républicain. Pour la Chine, dans la mesure où le développement et la paix en République centrafricaine contribuent à la stabilité régionale, la communauté internationale doit continuer de fournir une aide sans faille au Gouvernement qui a répondu aux inquiétudes concernant notamment la protection des civils. La responsabilité de la protection des civils incombe aux autorités nationales, a réitéré le représentant, en priant la MINUSCA d’aider dans le cadre du processus de DDRR et de lutte contre l’instabilité. Il a également demandé à la communauté internationale, en particulier la Banque mondiale, à stabiliser l’économie du pays où plus de trois millions de personnes ont besoin d’aide. Il faut en outre aider le Gouvernement à renforcer ses ressources y compris énergétiques et financières, a prié la Chine. Le renouvellement du mandat de la MINUSCA devra être l’occasion pour la Mission de tenir compte des priorités du pays afin de rétablir la confiance, a ajouté la délégation, en demandant la levée rapide de l’embargo sur les armes imposé à la République centrafricaine.