En cours au Siège de l'ONU

8871e séance – matin
CS/14652

Conseil de sécurité: malgré la crise « multidimensionnelle » et la violence des gangs en Haïti, la Représentante spéciale voit des signes encourageants

Si la situation dans laquelle se trouve actuellement Haïti est bien « sombre » de l’avis de tous, il existe néanmoins des « signes encourageants », a déclaré, ce matin, au Conseil de sécurité, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti et Cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH).  Mme Helen Meagher La Lime était venue présenter le nouveau rapport du Secrétaire général qui retrace les faits dramatiques récents qui ont aggravé le vide institutionnel et exacerbé la crise sociopolitique que connaît un pays en proie à l’insécurité.

Mme La Lime a rappelé l’assassinat du Président Jovenel Moïse, le 7 juillet, et le tremblement de terre de magnitude 7,2 qui a frappé le sud-ouest d’Haïti, le 14 août, faisant plus de 2 240 morts et quelque 12 700 blessés, ainsi que d’innombrables dégâts matériels, suivi, deux jours plus tard, par la tempête tropicale Grace.  Ces événements ont contribué à accroître les incertitudes quant à la stabilité et à la trajectoire politique du pays.  Ils ont entraîné des retards supplémentaires dans la tenue des élections, qui auraient dû avoir lieu « il y a longtemps déjà ».

Cette « crise multidimensionnelle » en Haïti est aussi marquée par la présence de centaines de groupes armés, qui sévissent au quotidien et commettent des massacres et des enlèvements de personnes, a expliqué la Représentante spéciale.  Le nombre d’homicides volontaires a augmenté de 5% par rapport à la période précédente, atteignant 549 cas signalés.  De même, le nombre d’enlèvements a continué d’augmenter avec 328 victimes signalées à la police au cours des huit premiers mois de l’année, contre 234 pour toute l’année 2020.

À la violence des gangs dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince s’ajoutent les dysfonctionnements des institutions nationales depuis l’assassinat du Président, a témoigné une représentante de la société civile haïtienne, Mme Emmanuela Douyon, avant de dénoncer « l’absence de légitimité du Premier Ministre ».  Rappelant que l’ONU a une longue histoire avec Haïti, elle a demandé à l’Organisation de s’engager dans une véritable lutte contre la corruption et de renforcer le système judiciaire.  Elle a également souhaité que le BINUH travaille « mieux » avec les acteurs nationaux.

Au cours des dernières années, peut-on lire dans le rapport, Haïti a été le théâtre de nombreuses affaires criminelles particulièrement médiatisées qui n’ont pas fait l’objet d’enquêtes approfondies ni de poursuites.  L’ONU est déterminée à appuyer les efforts déployés par les autorités nationales pour réformer la justice afin de lutter contre l’impunité et de renforcer l’application du principe de responsabilité, notamment en améliorant les capacités d’enquête, de poursuite et de jugement des crimes graves, comme l’ont réclamé plusieurs délégations.

Pour autant, il existe « des signes encourageants » qui ne font que renforcer la conviction de la Représentante spéciale selon laquelle les citoyens haïtiens peuvent relever les défis structurels profonds.  Mme La Lime a ainsi reconnu que depuis sa prise de fonctions, le Premier Ministre Ariel Henry a exprimé son désir de parvenir à un accord politique « dans un climat inclusif et consensuel propice à créer des conditions favorables à la tenue d’élections nationales ».  Le 11 septembre, M. Henry a conclu, avec plus de 150 partis politiques et organisations de la société civile, dont d’anciens groupes de l’opposition et de la coalition au pouvoir, un accord définissant les modalités de gouvernance pendant la période précédant les élections, qui se tiendront au plus tard à la fin de 2022.  Cet accord reprend notamment les principales demandes des parties prenantes nationales, dont la formation d’un nouveau conseil électoral provisoire et l’inclusion de la diaspora, a souligné Mme La Lime.

Son gouvernement est pleinement conscient de la situation et s’engage à mettre en œuvre, « autant que faire se peut », les recommandations du rapport, a tenté de rassurer le Ministre des affaires étrangères haïtien, M. Claude Joseph.  Mais à l’heure de reconduire le mandat du BINUH, le Conseil de sécurité doit tenir compte des nouvelles réalités et l’adapter en conséquence, afin de le centrer essentiellement autour du renforcement de la sécurité et de la lutte contre la violence, a plaidé le Ministre.

Parmi les membres du Conseil de sécurité, les États-Unis ont dit appuyer les efforts du BINUH pour que la Police nationale haïtienne devienne une force pérenne, capable de rétablir l’ordre dans le pays.  Le rétablissement de la sécurité doit être un objectif prioritaire, a renchéri la France.

La période de transition qui s’ouvre est « périlleuse », a-t-elle averti: avec des institutions « déliquescentes », seul le dialogue peut sortir Haïti de la crise.

La seule solution à l’impasse politique actuelle passe par un processus de dialogue national authentique, inclusif, fondé sur une large base et dirigé par les Haïtiens, a fait valoir à son tour Saint-Vincent-et-les Grenadines, s’exprimant également au nom du Kenya, du Niger et de la Tunisie.  Dans le même temps, « la situation actuelle offre une occasion unique pour la communauté internationale d’aider à empêcher Haïti de s’enfoncer davantage dans l’abîme », ont reconnu ces pays.  La participation des femmes est indispensable pour faire avancer le processus démocratique, ont également insisté le Royaume-Uni et la Norvège.

Afin de lutter contre les gangs responsables du déplacement de 19 000 personnes dans les communes de Carrefour, de Cité-Soleil, de Croix-des-Bouquets, de Delmas et dans le quartier de Martissant à Port-au-Prince, il est indispensable de mettre en œuvre des politiques pour prévenir le commerce illicite d’armes et la traite de personnes; Haïti doit adopter une stratégie de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, et démanteler les groupes criminels, ont recommandé le Mexique, qui accueille 20 000 Haïtiens réfugiés, et le Viet Nam.

La Fédération de Russie a déploré l’absence d’autorité stable qui, selon elle, a suscité un regain d’activité des groupes criminels, formant un « cocktail explosif ».  Même si elle considère que « la solution au dossier haïtien ne peut venir de l’extérieur », la Chine rejoindra les autres membres du Conseil de sécurité pour trouver une approche susceptible de faire sortir Haïti des obstacles systémiques, a avancé sa délégation.

Face à une situation humanitaire critique, Haïti a plus que jamais besoin du soutien de la communauté internationale, ont conclu l’ensemble des intervenants.

LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI (S/2021/828)

Déclarations

Mme HELEN MEAGHER LA LIME, Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti et Cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a déclaré que le « terrible » assassinat du Président Jovenel Moïse le 7 juillet et le séisme « dévastateur » qui a frappé Haïti le 14 août dernier, touchant 800 personnes dans le sud-ouest du pays, ont entraîné un nouveau report des élections nationales et locales tant attendues.  Pendant ce temps, l’insécurité est devenue endémique à Port-au-Prince.  Les enlèvements de personnes sont à nouveau repartis à la hausse, tandis que les gangs ont étendu leur contrôle dans de vastes parties la ville.  Les milliers de migrants qui avaient cherché de meilleures conditions de vie dans les pays voisins sont en train d’être rapatriés.  Pour la plupart des observateurs, il est « difficile d’envisager une fin à ces crises sans fin qui poussent le peuple haïtien au bord du gouffre », a-t-elle regretté.

Depuis son entrée en fonction le 20 juillet dernier, le Premier Ministre Ariel Henry n’a ménagé aucun effort pour parvenir à un accord politique avec les différentes factions haïtiennes, a reconnu Mme La Lime.  Avec une approche inclusive et consensuelle, il a cherché à créer des conditions minimales pour la tenue d’élections législatives, locales et présidentielle.  De manière positive, tous les acteurs politiques, dont d’anciens groupes d’opposition et de la coalition au pouvoir, ont, avec la société civile, adhéré à un accord le 11 septembre.  Le pacte reprend les principales demandes exprimées par les parties prenantes nationales, telles que la formation d’un nouveau conseil électoral provisoire et l’inclusion de la diaspora.  Il prévoit également la tenue d’élections au plus tard au second semestre 2022.  Il est à espérer que les dirigeants politiques et la société civile continueront à travailler ensemble pour trouver un terrain d’entente autour d’un projet commun, a-t-elle dit.

La Représentante spéciale a également estimé que le rétablissement de la sécurité, notamment dans la ville de Port-au-Prince, doit être une priorité pour les autorités haïtiennes.  Depuis juin, une augmentation « importante et soudaine » de la violence des gangs a provoqué le déplacement de quelque 19 000 personnes des communes de Cité-Soleil, Croix-des-Bouquets, Delmas et dans le quartier de Martissant à Port-au-Prince.  Le contrôle exercé par les gangs autour des points d’entrée et de sortie stratégiques de la capitale a eu un impact négatif sur l’économie et la circulation des personnes et des biens.  La Police nationale haïtienne cherche bien à améliorer l’efficacité de ses opérations antigangs, mais une force surchargée et sous-financée ne peut à elle seule endiguer cette augmentation inquiétante de la criminalité, a-t-elle averti, appelant le Gouvernement à mettre en œuvre une approche plus globale de la lutte contre la violence des gangs, dans le cadre de la stratégie nationale de réduction de la violence communautaire, élaborée avec le soutien de l’ONU et approuvée le 5 juillet dernier.

Mme Lime a aussi déclaré que le tremblement de terre du 14 août a ajouté un degré supplémentaire de complexité à une situation humanitaire déjà « désastreuse ».  Face à la dernière catastrophe qui s’est abattue sur le pays, l’ONU réitère son soutien au Gouvernement et au peuple haïtiens et salue le leadership national actif, de même que la coordination de la réponse et du relèvement postcatastrophe.  Même si les opérations de secours sont toujours en cours, le relèvement rapide et la restauration des moyens de subsistance doivent être fortement soutenus dans les zones touchées par le séisme.

« Nous devons veiller à ce qu’Haïti ne devienne pas une crise oubliée », a déclaré la Représentante spéciale.  Elle a exhorté tous les États Membres à contribuer à l’appel éclair de 187,3 millions de dollars lancé le 25 août pour répondre aux besoins des personnes touchées par le séisme ainsi qu’au plan de réponse humanitaire 2021-2022 d’un montant de 235,6 millions de dollars, dont un tiers environ est aujourd’hui financé.

Par ailleurs, seulement 60 000 vaccins ont été administrés, soit à moins d’1% de la population éligible.  L’augmentation de la vaccination dans les semaines et les mois à venir s’avérera vitale pour protéger Haïti et ses populations les plus vulnérables contre la COVID-19 et la menace de plus de variantes transmissibles, a-t-elle dit.

La situation dans laquelle se trouve actuellement Haïti est « sombre », a reconnu Mme La Lime.  Néanmoins, il existe « des signes encourageants » qui ne font que renforcer sa conviction que par à une action urgente, déterminée et concertée, les citoyens haïtiens peuvent relever les défis structurels profonds, ainsi que les déficits de gouvernance et de développement qui alimentent l’instabilité, l’insécurité et besoins humanitaires croissants de leur pays.  Avec l’ONU, l’ensemble de la communauté internationale doit continuer à se tenir résolument aux côtés du peuple haïtien et de son gouvernement alors qu’ils s’efforcent de tracer la voie vers la stabilité, la sécurité et le développement durable, a-t-elle conclu.

Mme EMMANUELA DOUYON, représentante de la société civile, a déclaré qu’à l’heure actuelle, Haïti se heurte à une crise multidimensionnelle, notamment depuis l’assassinat du Président Jovenel Moïse. Les difficultés, a-t-elle témoigné, sont aggravées par la présence de centaines de groupes armés, qui sévissent au quotidien, et par les gangs qui commettent des massacres.  Elle a décrit les dysfonctionnements des institutions nationales après l’assassinat du Président, l’absence de légitimité du Premier Ministre; le Parlement, ou encore les tribunaux et le système judiciaires, ne fonctionnent pas.  D’autre part, la crise humanitaire dans laquelle sont plongés des milliers de déplacés, est aggravée par les gangs, tandis que les acteurs politiques se battent pour le pouvoir.

Rappelant que l’ONU a une longue histoire avec Haïti, Mme Douyon a souhaité que l’Organisation continue à travailler avec le pays, en coopération avec la population et sur la base de la confiance.  D’un autre côté, les élections ne profitent aux démocraties que si elles sont libres, régulières, avec une large participation.  Or, il est « fort peu probable que ces conditions soient réunies pour les élections prévues », a averti l’intervenante.  Selon elle, le référendum proposé devrait être abandonné, car il est controversé.  L’ONU et les membres du Conseil de sécurité devraient oser rompre avec les méthodes traditionnelles.  À l’avenir, les initiatives menées par les Haïtiens devraient être soutenues pour la tenue d’élections libres et régulières, a-t-elle encore suggéré.  Plus de 500 groupes de la société civile ont ainsi convenu d’une série de propositions.  L’ONU doit notamment s’engager dans une véritable lutte contre la corruption, bloquer les flux financiers illicites et renforcer le système judiciaire pour garantir l’application du principe de responsabilité, a-t-elle encore déclaré, avant de proposer que le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) travaille « mieux » avec les acteurs nationaux, après avoir fait état de tensions avec ce bureau.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a reconnu que ces derniers mois ont été très éprouvants pour la population haïtienne.  Elle a évoqué la recrudescence de la « violence des gangs », ainsi que le sort de milliers de personnes vivant dans des camps de fortune, contraints de fuir des violences ou des catastrophes naturelles.  La population haïtienne a appris, le 7 juillet, l’assassinat brutal de son président; au mois d’août, elle a subi un séisme de magnitude 7,2, suivi d’une tempête tropicale.  Cela fait beaucoup de souffrances en quelques mois, a remarqué la déléguée, « mais cela fait des décennies que le peuple haïtien souffre ».

Face à une situation humanitaire critique, Haïti a plus que jamais besoin du soutien de la communauté internationale et du système humanitaire international, selon la représentante, qui a axé son intervention sur trois aspects: la voie politique à suivre, la menace sécuritaire, et les besoins humanitaires.  Concernant l’aspect politique, Mme Thomas-Greenfield a appelé à des élections libres, régulières et indépendantes « dès que les conditions le permettront », et rappelé qu’il était essentiel que le secteur privé et la diaspora, entre autres, œuvrent de concert pour le retour du bon fonctionnement des institutions, notamment judiciaires.  Elle a appelé à trouver un consensus parmi les décideurs, qui doivent redoubler d’efforts pour parvenir à un accord politique, et à ce que les auteurs de l’assassinat du Président Moïse rendent des comptes.

Concernant la menace sécuritaire, la déléguée a déploré que les défenseurs des droits humains subissent de plus en plus d’attaques, notamment durant cet été.  Les auteurs de massacres à la Saline et Cité soleil doivent rendre des comptes, tout comme les auteurs d’assassinats de militants et de journalistes, a-t-elle martelé.  Par ailleurs, « les États-Unis appuient les efforts de la BINUH pour que la police nationale haïtienne devienne une force pérenne, capable de rétablir l’ordre dans le pays ».  Enfin, au sujet des besoins humanitaires, Mme Thomas-Greenfield a rappelé que son pays avait dépensé 44 millions de dollars via l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).  Les États-Unis ainsi que d’autres partenaires continuent notamment de répondre aux besoins humanitaires découlant du séisme.  « Il nous faut satisfaire les besoins et les attentes de la population haïtienne, et faire tout ce qui est en notre pouvoir pour qu’Haïti devienne plus sûr et prospère », a conclu Mme Thomas-Greenfield.

Pour M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique, l’assassinat du Président Jovenel Moïse, le séisme et le passage de l’ouragan Grace sont des défis pour la consolidation des institutions en Haïti.  Face à une situation humanitaire très préoccupante, le Mexique a envoyé après le séisme du 14 août plus de 2 000 tonnes de vivres et de médicaments, ainsi qu’une brigade médicale de spécialistes.  Le représentant permanent a partagé l’appel du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) à redoubler d’efforts pour venir en aide aux plus de 650 000 personnes qui en ont besoin.  En outre, il s’est inquiété qu’au moins 750 000 personnes, dont des femmes et des enfants, se trouvent en situation d’insécurité alimentaire.  Si M. de la Fuente Ramirez a pris note que la riposte du système des Nations Unies aux catastrophes naturelles a tiré les leçons du tremblement de terre de 2010, il a néanmoins jugé nécessaire de renforcer encore davantage la dimension du genre dans la réponse humanitaire.

Pour ce qui relève de la politique, notamment l’accord du 11 septembre qui a reporté les élections, M. de la Fuente Ramirez a estimé qu’un dialogue inclusif entre tous les acteurs politiques, y compris la société civile et avec la participation des femmes, est indispensable pour faire avancer le processus démocratique dans le pays.  Le BINUH ne doit pas ménager ses efforts pour soutenir ce processus afin de parvenir à la tenue d’élections présidentielle et législatives libres et transparentes, a souligné le représentant du Mexique, ajoutant qu’Haïti a besoin d’un gouvernement jouissant d’un « mandat clair de son peuple ».

Autre sujet de préoccupation relevé par M. de la Fuente Ramirez: l’impact du trafic d’armes légères et de petit calibre sur la paix et la sécurité.  Les agissements des bandes criminelles ont entraîné le déplacement forcé de 20 000 personnes à Port-au-Prince, a-t-il déploré, indiquant que 20 000 Haïtiens s’étaient réfugiés au Mexique, et beaucoup d’autres en Colombie et au Panama.  Il est donc indispensable de mettre en œuvre des politiques pour prévenir le commerce illicite d’armes et la traite de personnes.  Le représentant a également plaidé pour l’adoption et la mise en œuvre de la stratégie nationale de désarmement, de démobilisation et de réinsertion.

Le Mexique soutient le mandat du BINUH, comme partie intégrante du programme « Une ONU pour Haïti », mais le représentant a fait observer que les progrès ne seront qu’un leurre sans institutions solides en Haïti.

Mme ALICE JACOBS (Royaume-Uni) a dit être consciente des difficultés rencontrées par Haïti depuis l’assassinat du Président Jovenel Moïse et depuis le dernier séisme qui a frappé le pays.  Pour ces raisons, le Royaume-Uni a débloqué 1,35 million de dollars, en aide à Haïti, en plus de ses contributions au Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) et au fonds du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  En outre, un navire de la marine royale britannique a apporté un appui aux opérations de secours menées par les États-Unis, a ajouté la représentant.

La représentante du Royaume-Uni a par ailleurs partagé les observations et préoccupations énoncées par le Secrétaire général dans son rapport.  Pour cette raison, sa délégation appelle tous les acteurs politiques haïtiens à œuvrer ensemble afin de parvenir à une stabilité politique.  La délégation est en particulier préoccupée par les actes de violences sur les personnes, spécialement enlèvements, a dit la représentante, craignant que ces actes minent les efforts des acteurs politiques.  Concluant son propos, elle a demandé à la communauté internationale dans son ensemble, y compris les Nations Unies, d’aider Haïti à résoudre ces crises, notamment en s’attaquant aux causes profondes de ces crises à répétition.

Mme MONA JUUL (Norvège) s’est inquiétée de la situation en Haïti, plus préoccupante encore que lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité portant sur ce pays.  Il avait alors été question d’élections et de la résilience d’Haïti face aux chocs climatiques et environnementaux, des problèmes aujourd’hui mis en évidence avec l’assassinat du Président, un tremblement de terre et une tempête tropicale.  Elle a relevé que le rapport insiste sur le fait qu’Haïti doit donner la priorité sur le long terme à la réduction des risques de catastrophe et à l’adaptation aux changements climatiques.  « L’atmosphère est sombre en Haïti », a-t-elle jugé.

La Norvège a réaffirmé être un partenaire stable d’Haïti.  Sa représentante a souligné que son pays a envoyé une clinique d’urgence et une équipe médicale pour répondre aux besoins humanitaires urgents au lendemain du tremblement de terre.  Mme Juul a appelé les dirigeants haïtiens à entreprendre des actions concrètes pour résoudre les multiples crises.  Il s’agira notamment de la tenue d’élections libres et équitables, en vue desquelles elle a appelé les différents acteurs à s’engager dans un dialogue de fond.  Enfin, la Norvège s’est déclarée préoccupée par les informations faisant état de violations continues des droits de l’homme: attaques de convois humanitaires, violences basées sur le genre, harcèlement des défenseurs des droits humains sont autant de crimes graves qui compromettent les possibilités de paix.  La Norvège a ainsi fermement appelé à ce qu’il n’y ait aucune impunité et que les coupables soient tenus de répondre de leurs actes.  Pour conclure, la Norvège a réitéré son soutien aux travaux du BINUH et a appelé à renouveler son mandat.

Face aux multiples difficultés et à l’instabilité auxquelles Haïti est confronté, Mme TRA PHUONG NGUYEN, (Viet Nam) a salué l’accord politique entre le Premier Ministre et plus de 150 partis politiques et organisations de la société civile pour la tenue d’élections législatives au plus tard à la fin 2022.  Il est grand temps de parvenir à un compromis et à un consensus politique sur les réformes constitutionnelles et autres, a-t-elle relevé.  Elle a donc prié toutes les parties concernées de recenser les domaines prioritaires, en se concentrant sur les modalités et le calendrier des élections, qui doivent être acceptables pour tous les Haïtiens.  Le quota de représentation de 30% pour les femmes devrait aussi être garanti, a-t-elle ajouté.

La représentante a condamné les violences liées aux bandes criminelles, la violence sexuelle, les enlèvements et les attaques contre des communautés locales.  Elle a demandé au Gouvernement et aux autorités locales de faire face à leurs responsabilités en démantelant les groupes criminels.  Des mesures devraient également être prises pour mieux protéger les groupes vulnérables, notamment les femmes et les enfants, des conséquences négatives de l’impasse politique et de la stagnation socioéconomique.  La représentante a appelé les partenaires internationaux et régionaux à poursuivre leur soutien aux forces de sécurité haïtiennes par le biais de la formation, de la fourniture d’équipement et du renforcement des capacités.

La représentante a salué les efforts du BINUH et a apporté son soutien à la prolongation de son mandat.  Elle a appelé les Nations Unies, les organisations régionales et internationales et les pays voisins à renforcer leur assistance afin d’aider Haïti à surmonter les difficultés actuelles, en particulier la pauvreté ainsi que l’instabilité économique et sociale.

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a fait remarquer que la période examinée a été marquée par l’assassinat odieux, en juillet dernier, du Président Jovenel Moïse, et par un tremblement de terre dévastateur de magnitude 7,2, suivi d’un ouragan en août.  Ces événements tragiques ont exacerbé les difficultés rencontrées par Haïti et ralenti les efforts tendant à l’adoption d’une nouvelle constitution et à l’organisation d’élections.  Selon le représentant, l’Administration intérimaire dirigée par le Premier Ministre Ariel Henry a d’immenses tâches à accomplir, en particulier la remise sur pied d’institutions démocratiques fonctionnelles, la sécurité et l’état de droit. Les partenaires régionaux, la communauté internationale et les Nations Unies devraient poursuivre leur appui aux autorités haïtiennes en cette période de besoin, a-t-il recommandé.

Le représentant de l’Inde a fait remarquer que l’Administration intérimaire avait réussi à approcher les parties politiques, les groupes d’opposition et la société civile quant aux défis sociopolitiques que connaît le pays.  Dans son intervention devant la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, le Premier Ministre haïtien a réaffirmé l’engagement de tenir des élections crédibles, transparentes et inclusives dans les meilleurs délais, a-t-il relevé.  L’Inde salue l’accord politique pour la paix et la gouvernance conclu le 11 septembre entre les partis politiques et la société civile, y compris l’ancienne opposition et les groupes de la coalition au pouvoir, de même que les mesures visant au renforcement de la participation des femmes aux prochaines élections.

Pour Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines), s’exprimant également au nom du Groupe A3 (Kenya, Niger, Tunisie), la détérioration de la situation politique en Haïti doit s’arrêter immédiatement, la sécurité doit être entièrement restaurée et l’état de droit prévaloir.  La seule solution à l’impasse politique actuelle passe par un processus de dialogue national authentique, inclusif, fondé sur une large base et dirigé par les Haïtiens.  Cela implique la pleine participation des femmes et des jeunes et doit s’accompagner également d’un processus de réconciliation nationale.

Pour ces raisons, les quatre pays « appellent toutes les parties prenantes haïtiennes et les forces politiques en présence à mettre de côté leurs différences, à instaurer la confiance et à s’unir dans l’intérêt commun du peuple haïtien, notamment en progressant vers un processus électoral démocratique ».  Ils partagent aussi le point de vue de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) sur l’importance de créer les conditions propices sans lesquelles il ne peut y avoir d’élections transparentes, inclusives et sûres.  Ils encouragent leurs « frères et sœurs haïtiens » à maximiser l’utilisation des outils disponibles à travers la CARICOM pour faciliter ce processus.

Mme King a salué la réponse rapide de tous les partenaires internationaux et agences humanitaires pour aider à la livraison de l’aide humanitaire.  Saint-Vincent-et-les Grenadines ainsi que les A3 saluent le lancement de l’appel de 187,3 millions de dollars en faveur des communautés les plus vulnérables et encouragent la communauté internationale des donateurs à soutenir cette initiative, ainsi que l’augmentation des contributions au plan de réponse humanitaire, qui ne reste financé qu’à 30%.  Pour ces pays, « la situation actuelle offre une occasion unique pour la communauté internationale d’aider à empêcher Haïti de s’enfoncer davantage dans l’abîme ».  Nous devons faire preuve d’une plus grande solidarité et être aux côtés d’Haïti, en prenant nos responsabilités, en tant que communauté internationale, y compris l’unité au sein de ce Conseil, a conclu la représentante.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) s’est dit déçu que la recherche d’une solution à la profonde crise politique que connaît Haïti ait été encore reportée.  Selon lui, les tensions politiques internes pourraient être atténuées par un ordre juridique et politique efficace, qui fait malheureusement défaut.  L’absence d’autorité stable a suscité un regain d’activité des groupes criminels, et par conséquent un cocktail explosif s’est formé, a déploré le représentant.

Les catastrophes naturelles régulières viennent exacerber les souffrances du peuple haïtien et il convient d’apporter des solutions aux mauvaises conditions de vie et au chômage, a plaidé le représentant, qui s’est dit effaré par les informations de la Banque mondiale sur le niveau de pauvreté.  Il a loué les activités menées dans ces circonstances difficiles par les organes des Nations Unies, notamment le BINUH.  Face à cette situation, la communauté internationale, et en particulier les pays voisins, doivent renforcer leur aide, a souligné le représentant, qui a dit ne pas comprendre le renvoi de réfugiés vers Haïti.

L’assassinat choquant du Président Jovenel Moïse, le 7 juillet, a porté un rude coup au peuple haïtien, raison pour laquelle il est primordial de retrouver et traduire en justice les auteurs de ce crime monstrueux, a recommandé le délégué.  Il a jugé important d’utiliser tous les moyens possibles pour venir en aide aux Haïtiens.  Prenant acte de l’accord politique du 11 septembre, il s’est toutefois dit persuadé que l’imposition de formules pour améliorer la situation venant d’acteurs extérieurs ne ferait qu’aggraver la situation.  La Russie est prête à continuer d’aider les Haïtiens et a déjà acheminé des lots d’équipement médical aux côtés de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a fait savoir le délégué.  Quant au Conseil de sécurité, il devrait, à son avis, jouer un rôle constructif dans l’amélioration des conditions de vie et de la sécurité des citoyens.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a assuré que l’Irlande, qui a déjà contribué financièrement à la réponse humanitaire pour Haïti, continuera à soutenir le peuple haïtien, alors que les défis humanitaires et de développement qui ont précédé la pandémie et le séisme s’amplifient.  Les crises profondes persisteront dans ce pays sans changement structurel et sans investissement institutionnel, a prévenu la déléguée pour qui le peuple haïtien mérite des institutions démocratiques stables, prévisibles et en état de marche.  Regrettant le récent report du calendrier électoral, elle a toutefois salué les efforts déployés pour parvenir à un accord politique inclusif et consensuel en Haïti, mettant l’accent sur l’importance d’une participation la plus large possible, y compris celle des femmes et des jeunes, et du respect d’une représentation minimum de 30% des femmes au parlement haïtien.

Concernant la détérioration de la situation sécuritaire, Mme Byrne Nason a déploré la violence des gangs et les kidnappings ainsi que l’impunité au sujet des violations des droits de l’homme et des violences sexuelles fondées sur le genre.  Sans sûreté et sécurité, le changement, le développement et le progrès en Haïti sont impossibles, a prévenu la déléguée qui a salué les efforts déployés, notamment par le Fonds pour la consolidation de la paix, en matière de réduction de la violence communautaire, de désarmement et de prévention de la violence électorale.  Cependant, a-t-elle jugé, le véritable changement viendra en accordant une « dotation adéquate, financière et technique, à la police nationale haïtienne ».  Elle a dès lors appelé la communauté internationale à accorder une priorité absolue au financement de la police nationale haïtienne.

M. GENG SHUANG (Chine) a rappelé la détérioration de la situation en Haïti et exprimé sa tristesse pour les Haïtiens.  Il a appelé les dirigeants de ce pays à faire avancer la transition politique, saluant au passage les récentes négociations en vue d’un accord sur les modalités d’organisation des élections, et encourageant toutes les parties prenantes à continuer de larges consultations pour arriver à une entente.  Du point de vue humanitaire, il a relevé que 650 000 personnes auraient besoin d’une aide d’urgence et a invité à éviter tout détournement de l’assistance et des articles fournis par les Nations Unies.

Le représentant a blâmé les gangs, responsables selon lui du déplacement de quelques 19 000 personnes.  Il a notamment exhorté les politiciens à cesser toute collusion avec ces gangs.  Il a par ailleurs regretté le traitement injuste dont les Haïtiens ont fait l’objet à l’étranger alors qu’ils ne cherchaient qu’à fuir les nombreuses difficultés rencontrées dans leur pays.  La solution au dossier haïtien ne peut venir de « l’extérieur », a plaidé le délégué arguant qu’il revient au peuple de ce pays de régler son sort.  La Chine s’est engagée à rejoindre les autres membres du Conseil de sécurité pour trouver une approche susceptible de faire sortir Haïti des obstacles systémiques, a-t-il ajouté.  Il a également indiqué que la Chine est prête à faciliter les relations entre le BINUH et Haïti.

Relevant que l’année a été des plus éprouvantes pour Haïti, M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a déploré l’aggravation de la crise, sur les plans politique et humanitaire.  Il s’est dit particulièrement préoccupé par la détérioration de la situation politique, qui pourrait déstabiliser toute la région.  Le représentant a pris note de l’annonce de l’objectif de convoquer des élections d’ici à l’année prochaine et d’amender la Constitution, qu’il a jugé indispensable pour sortir de l’impasse.  Il a appelé toutes les parties à mettre de côté leurs divergences pour avancer dans le processus politique et vers la concorde nationale.

La situation sécuritaire est également préoccupante en raison des activités criminelles des gangs armés, a relevé le délégué, qui a appelé les autorités à y mettre un terme.  La police doit voir ses forces renforcées afin de mieux protéger la population, a-t-il ajouté.  Il s’est dit convaincu que les efforts conjoints de toutes les parties prenantes permettront un retour à la stabilité.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a souligné combien, après l’assassinat du Président Jovenel Moïse, la période de transition qui s’ouvre est « périlleuse ».  Avec des institutions déliquescentes, « seul le dialogue peut sortir Haïti de la crise », a affirmé la représentante, invitant à un consensus et à la mise en place d’un gouvernement inclusif avec pour objectif le retour à un fonctionnement normal des institutions.

Pour la France, le Gouvernement doit consacrer davantage de moyens à la police nationale pour faire face aux gangs qui agissent dans une totale impunité et dont la violence menace les Haïtiens.  L’enquête sur l’assassinat du Président Jovenel Moïse doit être menée à son terme.  Justice doit également être faite pour l’assassinat de Monferrier Dorval, le bâtonnier de l’ordre des avocats, et les massacres de Grande Ravine, La Saline et Bel Air.  « Le rétablissement de la sécurité doit être un objectif prioritaire », a souligné Mme Broadhurst Estival, qui a appelé les Nations Unies, au-delà de l’indispensable assistance humanitaire, à soutenir la réforme de la police et de la justice.  En conclusion, la France, qui s’est mobilisée avec l’envoi de 72 tonnes de fret humanitaire suite au tremblement de terre du 14 août, a réaffirmé son engagement, avec l’Union européenne et l’Organisation internationale de la Francophonie, à se tenir aux côtés d’Haïti pour engager la sortie de crise dont le pays a besoin.

M. CLAUDE JOSEPH, Ministre des affaires étrangères d’Haïti, a rappelé que le séisme qui a frappé Haïti le 14 aout dernier avait fait plus de 2 240 morts et 12 700 blessés ainsi que d’innombrables dégâts matériels, des destructions d’infrastructures tant publiques que privées.  À cela se sont ajoutées, deux jours plus tard, les conséquences non moins lourdes de la tempête tropicale Grace qui s’est abattue sur cette même région du pays.  Ces évènements malheureux n’ont fait qu’exacerber la crise sociopolitique que connaît le pays depuis plus de trois ans, aggraver sa vulnérabilité et compromettre son développement durable, tel que le Secrétaire général l’a souligné dans son rapport.  Le Gouvernement en est pleinement conscient et s’engage à mettre en œuvre, autant que faire se peut, les recommandations du rapport avec, bien sûr, l’appui soutenu des partenaires et amis de la communauté internationale, a déclaré le Ministre.

Mais pour y parvenir, « il est impératif que nous Haïtiens, cherchions, de manière volontariste, à réaliser l’unité après les décennies de querelles intestines, de divisions stériles, de haines et de rancœurs qui ont suivi la fin de la dictature des Duvalier », a insisté M. Joseph.  Il a rappelé qu’après de larges consultations avec les acteurs de la classe politique et de la société civile, le Premier Ministre Ariel Henry a conclu un accord politique en vue de mettre un terme à cette division fratricide qui alimente l’instabilité et la violence.  Signé le 11 septembre dernier, cet accord intitulé « Accord politique pour une gouvernance apaisée et efficace de la période intérimaire » engage plus de 200 organisations politiques et de la société civile.  Nous devons capitaliser sur ledit accord de façon à en faire la base d’un consensus le plus large possible afin de créer les conditions objectives de l’apaisement du climat sociopolitique et, par voie de conséquence, de l’organisation d’élections crédibles, transparentes et inclusives dans les meilleurs délais, a dit le Ministre.

Outre l’assistance humanitaire, a poursuivi M. Joseph, Haïti a surtout besoin d’une large mobilisation de soutiens techniques et de ressources financières sur le long terme pour assurer le financement stable, conséquent et prévisible des infrastructures physiques, sociales et économiques essentielles à son développement durable.  Le renforcement du tissu industriel, la promotion et le développement des petites et moyennes entreprises, des investissements massifs dans les secteurs porteurs de l’économie, la garantie de l’autosuffisance alimentaire par le remembrement de l’agriculture et la relance effective de la production agricole, la réduction de la pauvreté et des inégalités et le retour à croissance constituent les principaux impératifs actuels.  D’où l’impérieuse nécessité de créer, de manière irréversible, les conditions de la stabilité politique et institutionnelle à long terme que le peuple haïtien appelle de tous ses vœux et que la communauté internationale souhaite ardemment, a-t-il fait valoir.

Alors que le Conseil de sécurité s’apprête à renouveler le mandat du BINUH, il est important qu’il tienne compte des nouvelles réalités auxquelles le pays fait face et fasse en sorte d’adapter le mandat en conséquence, a plaidé le Ministre.  À cet égard, Haïti souhaite ardemment « que le nouveau mandat du BINUH soit axé essentiellement autour du renforcement de la sécurité et de la lutte contre la violence en appuyant les efforts du gouvernement dans les domaines de la sécurité, de la stabilisation et de la protection de la population ».  Ce sont là des attentes légitimes du peuple qui a assez souffert de la violence des gangs armés, du kidnapping et de la criminalité en général, a-t-il conclu.

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