8787e séance – matin
CS/14542

Afrique centrale: le Chef du BRENUAC fait le point sur la situation au Tchad et au Cameroun et s’engage à soutenir un dialogue politique inclusif dans la région

Après une période marquée par des élections en République centrafricaine, au Tchad, au Gabon et en République du Congo, le Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), le Représentant spécial  François Loucény Fall, s’est attardé sur les situations sécuritaires au Tchad et au Cameroun tout  en  abordant la question des processus électoraux.  En vue des  prochaines  élections dans la région, notamment à Sao Tomé-et-Principe le 18 juillet, il a encouragé les autorités  nationales  et  tous  les  acteurs  politiques à promouvoir un dialogue inclusif, assurant vouloir poursuivre ses bons offices en ce sens.  

M. Fall s’est tout d’abord félicité de l’organisation réussie de la dernière réunion du Comité consultatif permanent des Nations Unies sur les questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC), tenue à Bujumbura le 28 mai, une preuve selon lui de la résilience des États de la région, « individuellement  et  collectivement », pour promouvoir le  redressement  socioéconomique, maintenir  la  stabilité  politique et promouvoir l’intégration régionale  malgré les contraintes posées par la pandémie.  Il a relayé la recommandation de l’UNSAC quant à l’élaboration  d’un  protocole  sous-régional  sur la gouvernance électorale  et les élections démocratiques  en  Afrique centrale, sachant que l’UNSAC soutiendra activement la sous-région, y compris la participation des femmes et des jeunes aux processus démocratiques en cours. 

En abordant la situation au Tchad, qui a connu le décès  de feu le  Président  Idriss  Déby  Itno, M. Fall a fait remarquer les défis  auxquels  la sous-région est  confrontée  en cas  de  changements  inattendus  de  gouvernement.  La priorité de l’ONU sera de soutenir les efforts de l’Union africaine (UA) et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) pour accompagner la transition au Tchad, a-t-il dit, conformément à la position adoptée par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA  et le Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la CEEAC, tenu vendredi dernier, et suite aux  nominations de M. Ibrahima  Fall  en tant que Haut Représentant de l’UA pour la transition au Tchad et de M. Basile  Ikouébé  en tant que Représentant spécial de l’UA dans le pays.   Le BRENUAC mobilisera  le  système  des Nations Unies et travaillera avec les partenaires concernés pour soutenir  un dialogue  inclusif  visant  à assurer la transition rapide vers un régime démocratique et constitutionnel  dans le pays, a indiqué le Représentant spécial. 

Cette position a été largement soutenue par les membres du Conseil de sécurité.  Pour la France l’objectif doit être le retour rapide à des institutions démocratiquement élues au Tchad alors que le Royaume-Uni a exhorté le Conseil militaire de transition à offrir un cadre constitutionnel inclusif et à œuvrer à la tenue d’élections au cours des 18 prochains mois.  « Un Tchad stable est crucial pour la région sahélienne en son entier », a fait valoir la délégation. 

M. Fall a noté que la dynamique sécuritaire dans les pays frontaliers du Tchad, dont la Libye, le Soudan et la République centrafricaine, ainsi que les développements liés aux activités des groupes terroristes, comme Boko Haram, dans le bassin du lac Tchad, pourraient affecter négativement la  situation interne au Tchad.  Dès lors, il a demandé que l’ONU et la communauté internationale continuent de s’impliquer avec ces États voisins, en étroite consultation avec les autorités nationales et les institutions régionales, en vue de renforcer la coordination entre ces quatre pays.  

Pour la Fédération de Russie, la situation difficile dans la sous-région découle en grande partie de l’intervention militaire occidentale en Libye.    Elle a appuyé les efforts de l’UA au Tchad, ainsi que son appel en vue de la tenue prochaine d’élections.    Revenant sur l’incident sécuritaire qui s’est produit entre militaires tchadiens et centrafricains à la suite de  « provocations de groupes opposés à Bangui », la Fédération de Russie a appelé les deux pays à faire preuve de la plus grande retenue et à coopérer en vue d’une sécurisation et de la démarcation de leur frontière.  

Concernant le Cameroun, la violence continue dans les provinces anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont inquiété M. Fall qui a fait part de sa détermination à rester engagé avec les acteurs clefs du pays et ceux de la diaspora, en vue de promouvoir  un dialogue constructif.  Les États-Unis ont eux aussi souligné « la voix » et le rôle à jouer par la diaspora camerounaise.  Pour le Niger, qui parlait au nom de A3+1 (Niger, Kenya, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines), la priorité doit être donnée au dialogue.  Il a condamné la violence des groupes armés séparatistes qui a provoqué des déplacements à grande échelle. 

S’agissant de la sécurité  maritime dans le golfe de Guinée, à l’instar de l’Inde et du Niger, les membres du Conseil se sont inquiétés de l’augmentation de la piraterie dans ces eaux.  La Norvège  a  salué la coopération accrue du BRENUAC et du  Bureau des Nations  Unies  pour  l’Afrique  de l’Ouest et le  Sahel (UNOWAS) sur ce dossier brulant puisque « sur les 135 membres d’équipage enlevés dans le monde l’année dernière, 130 l’ont été dans le golfe de Guinée ». 

Pour ce qui est de l’avenir du BRENUAC, le Niger a appuyé le renouvellement pour trois ans proposé par le Secrétaire général.  Le Représentant spécial a argué que cette prorogation permettrait au Bureau de consolider son partenariat avec la CEEAC réformée, en vue de: prévenir les conflits et préserver la paix; renforcer la bonne gouvernance et l’intégration régionale; relever les défis en matière de sécurité transfrontalière ; promouvoir la participation des femmes, des jeunes et des organisations de la société civile dans les mécanismes d’alerte précoce, la consolidation de la paix, et les processus de gouvernance démocratique; et relever les défis de sécurité climatique. 

RÉGION DE L’AFRIQUE CENTRALE - S/2021/517

M. FRANÇOIS  LOUCÉNY  FALL, le Représentant spécial et Chef du Bureau régional des Nations Unies pour lAfrique centrale (BRENUAC), a fait le point sur les activités du Bureau sur lesquelles la pandémie de COVID-19 continue d’avoir un impact, même si la situation s’améliore progressivement grâce aux programmes de vaccination et de prévention mis en œuvre par les gouvernements de la sous-région. L’Afrique centrale reste à ce jour la sous-région du continent africain avec le plus faible nombre d’infections et de décès dus au COVID-19.  Au 15 mai, les données officielles montrent que 222 882 cas ont été signalés au niveau régional avec 3 635 morts depuis le début de la pandémie. 

Dans ce contexte, le Gouvernement du Burundi a convoqué en personne à Bujumbura, le 28 mai, la cinquante et unième réunion du Comité consultatif permanent des Nations Unies sur les questions de sécurité en Afrique centrale, dans le plein respect des mesures de prévention existantes.  Pour M. Fall, l’organisation réussie de cette réunion témoigne de la résilience dont les États d’Afrique centrale ont fait preuve, individuellement et collectivement, dans leurs efforts pour promouvoir le redressement socioéconomique, maintenir la stabilité politique et promouvoir l’intégration régionale malgré les contraintes posées par la pandémie.  Alors que les pays d’Afrique centrale poursuivent leurs efforts de lutte contre la COVID-19, M. Fall a jugé essentiel qu’ils coordonnent davantage leurs réponses nationales et harmonisent leurs politiques, guidées par la stratégie régionale adoptée par les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) l’année dernière.  À Bujumbura, le Comité s’est concentré principalement sur les situations au Tchad et en République centrafricaine, tout en abordant également la question des processus électoraux en Afrique centrale.  Le segment ministériel a recommandé l’élaboration d’un protocole sous-régional sur la gouvernance électorale et les élections démocratiques en Afrique centrale.  L’UNSAC soutiendra activement la sous-région à cette fin, a assuré M. Fall tout en soulignant l’importance de renforcer la participation des femmes et des jeunes à la consolidation des processus démocratiques dans la sous-région. 

Pour illustrer l’opportunité de cette recommandation de l’UNSAC sur la gouvernance électorale, M. Fall a rappelé que, depuis son dernier briefing en décembre, des élections ont eu lieu dans quatre pays, à savoir la République centrafricaine, le Tchad, le Gabon et la République du Congo.  Alors que la sous-région se prépare aux prochaines élections, notamment à Sao Tomé-et-Principe le 18 juillet, il a encouragé les autorités nationales et tous les acteurs politiques à promouvoir la poursuite du dialogue et du consensus sur les conditions régissant les élections.  Pour sa part, il poursuivra ses bons offices au nom du Secrétaire général pour encourager un dialogue politique inclusif et constructif dans les pays qui se préparent aux élections. 

En outre, la Commission de la CEEAC a continué de démontrer son engagement à promouvoir la paix et la stabilité dans la sous-région, a-t-il relaté en citant d’importantes initiatives régionales visant à remédier à la situation en République centrafricaine et au Tchad.  La convocation de deux sommets extraordinaires des chefs d’État et de gouvernement, respectivement sur la situation en République centrafricaine le 26 décembre 2020 et sur le Tchad le 4 juin 2021, est une preuve supplémentaire, selon M. Fall, que les dirigeants régionaux sont déterminés à apporter une réponse régionale aux défis et crises de la sous-région. 

La situation au Tchad, à la suite du décès de feu le Président Idriss Déby Itno, a souligné les défis auxquels la sous-région est confrontée lors de changements inattendus de gouvernement.  Conformément à la position adoptée par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) et le Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la CEEAC tenu vendredi dernier, et suite aux nominations de M. Ibrahima Fall en tant que Haut Représentant de l’UA pour la transition au Tchad et de M. Basile Ikouébé en tant que Représentant spécial de l’UA dans le pays, la priorité de l’ONU sera de soutenir les efforts de l’UA et de la CEEAC pour accompagner la transition au Tchad.  Le BRENUAC mobilisera le système des Nations Unies et travaillera avec les partenaires concernés pour soutenir un dialogue inclusif visant à assurer une transition rapide vers un régime démocratique et constitutionnel dans le pays.  « Un soutien extérieur cohérent à la transition dans le cadre de coordination mis en place par l’UA sera important. »

Les consultations de M. Fall avec les autorités nationales et les partenaires internationaux au Burundi, en marge de la réunion de l’UNSAC, ont mis en lumière les efforts du pays pour faire face à ses fragilités et aller de l’avant.  Le Burundi a assumé la présidence tournante de six mois de l’UNSAC et préside actuellement le Conseil de paix et de sécurité de l’UA pour le mois de juin, a rappelé M. Fall.  L’assistance de la communauté internationale serait nécessaire pour soutenir les efforts nationaux visant à reprendre la coopération avec les partenaires internationaux, promouvoir la réconciliation et l’unité nationales, lutter contre la COVID-19, atteindre les objectifs de développement durable, promouvoir les droits de l’homme, lutter contre la circulation illicite d’armes légères et de petit calibre, et relever les défis de la sécurité climatique. 

Revenant aux récents développements au Tchad, M. Fall a noté les liens entre la situation sécuritaire dans ce pays et celle de la sous-région.  La dynamique sécuritaire dans les pays frontaliers du Tchad, dont la Libye, le Soudan et la République centrafricaine, ainsi que les développements liés aux activités des groupes terroristes dans le bassin du lac Tchad, pourraient affecter négativement la situation interne au Tchad, a-t-il mis en garde en demandant à l’ONU et à la communauté internationale de continuer à impliquer ces pays voisins, en étroite consultation avec les autorités nationales et les institutions régionales.  « La menace croissante posée par Boko Haram dans le bassin du lac Tchad reste une grande préoccupation. »  De plus, selon des informations, la province de l’État islamique d’Afrique de l’Ouest et les combattants de Boko Haram se disputent le contrôle de la région.  La récente mission technique conjointe BRENUAC-UNOWAS dans les quatre pays touchés par Boko Haram a recommandé, au vu de la détérioration de la situation sécuritaire dans la région, de renforcer la coordination entre les quatre pays.  En outre, les besoins humanitaires se sont accrus face à la diminution des ressources, alors que les conditions de vie déjà précaires des groupes vulnérables, notamment les réfugiés, les personnes déplacées, les femmes et les jeunes, se sont aggravées. 

Au Cameroun, M. Fall s’est montré inquiet de la violence continue dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, se désolant des souffrances de la population civile et des violations généralisées des droits de l’homme, aggravées par l’impact de la COVID-19.  Le Représentant spécial a assuré qu’il continuera à s’engager avec les acteurs clefs au Cameroun et au sein de la diaspora pour promouvoir un dialogue constructif.  En attendant, il a appelé toutes les parties à démontrer leur attachement au dialogue par des actions concrètes sur le terrain, y compris la cessation des hostilités. 

M. Fall a aussi parlé de la criminalité maritime dans le golfe de Guinée.  Au cours du premier trimestre 2021, la région maritime de l’Afrique centrale a enregistré plus d’incidents que celle de l’Afrique de l’Ouest, malgré les mécanismes bilatéraux  en place  pour faire face à l’insécurité maritime.  Le BRENUAC et le BRENUAC continueront de donner la priorité à la sécurité maritime dans leurs actions conjointes et coopération, a-t-il assuré.  

En dernier lieu, M. Fall a évoqué l’impact négatif des changements climatiques sur l’Afrique centrale, expliquant que cette tendance va probablement s’aggraver au cours des prochaines décennies, ce qui risque d’entraver les progrès socioéconomiques et d’exacerber les tensions politiques et sécuritaires dans la sous-région.  À cet égard il a rappelé la montée dramatique du niveau des eaux du lac Tanganyika qui a provoqué, depuis janvier, des inondations à grande échelle et le déplacement d’environ 30 000 personnes.  De même, la crise humanitaire actuelle due à l’éruption du volcan Nyiragongo, dans la périphérie de Goma, a provoqué le déplacement d’environ 230 000 personnes, y compris au Rwanda voisin.  Le BRENUAC continuera de prêter attention à cette importante priorité mondiale et ses liens avec la paix et la sécurité, en partenariat avec l’UA, la CEEAC, les gouvernements et les entités des Nations Unies concernées, de même qu’avec les autres acteurs dans la sous-région.  

M. JAMES PAUL ROSCOE (Royaume-Uni) a déploré la répression conduite au Tchad en avril et exhorté le Conseil militaire de transition à offrir un cadre constitutionnel inclusif et à œuvrer à la tenue d’élections d’ici les 18 prochains mois.  Un Tchad stable est crucial pour la région sahélienne en son entier, a-t-il souligné.  Le délégué a qualifié de très préoccupants les récents affrontements qui se sont produits à la frontière du Tchad et de la République centrafricaine.  « Une instabilité accrue et une défiance entre pays voisins sont les dernières choses dont la région a besoin. »  Il a appelé tous les acteurs clefs à redoubler d’efforts en vue de renforcer l’inclusion politique et de promouvoir les droits humains. 

Le représentant s’est aussi dit très préoccupé par la crise en cours dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.  « Plus d’un million de personnes sont déplacées et deux millions ont un besoin vital d’aide humanitaire. »  Il a demandé un accès humanitaire sans entraves et un établissement des responsabilités pour les auteurs de violations des droits humains.  Le délégué a salué les mesures prises par les autorités du Cameroun en vue de l’attribution d’un statut spécial aux régions anglophones et de la tenue d’élections régionales.  « Toutes les parties doivent en faire plus pour mettre fin à ce conflit qui dure au Cameroun. »  Enfin, il a souligné la gravité de la menace terroriste à laquelle le Cameroun et les pays voisins continuent de faire face.  « Nous exhortons les Gouvernements des pays du bassin du lac Tchad, avec l’appui des partenaires internationaux, à améliorer la gouvernance, à démobiliser et réintégrer les anciens combattants et à atténuer les effets des changements climatiques sur la sécurité de la région. » 

M. DAI BING Chine a souhaité que la communauté internationale continue à respecter la souveraineté et l’intégrité des États de la région, à soutenir leur développement et à encourager les organisations régionales et sous-régionales à jouer un rôle plus important.  « La situation au Cameroun est une affaire intérieure », a estimé la Chine en se disant confiante dans la capacité du pays à y faire face.  En ce qui concerne la République centrafricaine, notant que la situation sécuritaire s’y est améliorée, la Chine a invité le Conseil à lever l’embargo sur les armes imposé à ce pays.  La Chine s’est aussi inquiétée de l’impact des changements climatiques sur le développement des pays de la région avant d’exhorter la communauté internationale, en particulier les pays développés, à appuyer les efforts d’adaptation et d’atténuation des États de la région.  La Chine a aussi appelé la communauté internationale à intensifier son soutien à l’Afrique centrale pour lutter contre la pandémie de COVID-19 et encourager la reprise postpandémique.  En conclusion, la délégation chinoise a vivement recommandé le renouvellement du mandat du BRENUAC. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a salué la tendance positive vers la démocratie en Afrique centrale, évoquant la tenue récente ou prochaine de plusieurs processus électoraux.  Il s’est cependant inquiété que certaines forces s’opposent à cette tendance positive, et a appelé à appuyer la réconciliation et le dialogue nationaux « nécessaires dans certains cas ».  Il a pris note du communiqué de l’UA sur l’évolution de la situation au Tchad et a espéré que le Conseil militaire de transition au Tchad respectera ses engagements.  En RCA, tous les acteurs doivent agir pour mettre en œuvre l’accord de paix, a exigé l’Inde qui a espéré que les deux camps œuvreront pour la désescalade. 

Poursuivant, le représentant s’est inquiété de la forte augmentation de la piraterie dans le golfe de Guinée, indiquant que de nombreux marins indiens en ont fait les frais.  Il a exigé une collaboration internationale accrue pour améliorer la sécurité dans ces eaux. 

M. ABDOU ABARRY (Niger), s’exprimant également au nom du Kenya, de la Tunisie et de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a espéré que les efforts régionaux pour freiner la propagation de la COVID-19 et lancer des campagnes de vaccination ouvriraient la voie à une reprise économique postpandémique.  Le Niger a estimé que les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) concernant la croissance économique en Afrique centrale sont un signe fort de la résilience du continent.  S’agissant de la situation au Tchad, le Niger a encouragé les autorités de transition à promouvoir un dialogue inclusif et à respecter le calendrier du retour à la démocratie.  « Au Cameroun, la priorité doit être donnée au dialogue », a-t-il dit, avant de condamner la violence des groupes armés séparatistes qui a provoqué des déplacements à grande échelle.  Se déclarant préoccupé par les attaques de Boko Haram, la délégation a souscrit à la recommandation du Secrétaire général de renforcer la coopération pour contrer les menaces posées par ce groupe ainsi que les causes profondes du conflit.  Le représentant a salué la décision de la Cour pénale internationale (CPI) de condamner un commandant de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) à 25 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.  C’est un tournant pour la justice internationale, a dit le délégué en notant que les infractions retenues comprennent la grossesse et le mariage forcés. 

Par ailleurs, préoccupé par les attaques contre les navires dans le golfe de Guinée, le Niger a salué les efforts déployés par la CEEAC pour remédier à la situation.  Sur le front humanitaire, le Niger a noté que 4,4 millions de personnes ont besoin d’aide, alors que le plan de réponse humanitaire de 262 millions de dollars n’est financé qu’à 18%.  « La situation est pire au Tchad où 5,5 millions de personnes ont un besoin urgent d’aide, tandis que l’afflux de personnes déplacées de la République centrafricaine vers la République du Congo se poursuit. »  Enfin, la délégation s’est inquiétée des conséquences de l’éruption du mont Nyiragongo.  Le Niger a appelé les Nations Unies, le BRENUAC, la CEEAC et d’autres à se mobiliser pour générer davantage de financement humanitaire, tout en saluant la coopération accrue entre les dirigeants régionaux, dont la décision du Gabon et de la Guinée équatoriale de renvoyer leur différend frontalier à la Cour internationale de Justice (CIJ).  Le Niger a appuyé le renouvellement proposé pour trois ans du mandat du BRENUAC. 

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande) a appelé à une transition rapide, pacifique et inclusive au Tchad, ainsi qu’à la restauration d’un ordre constitutionnel et civil par le biais d’élections libres au cours des 18 prochains mois.  Il s’est dit très préoccupé par la détérioration de la situation en République centrafricaine, avant d’engager les autorités de ce pays à impliquer de manière constructive les organisations régionales et les États voisins.  Elles doivent aussi œuvrer à la levée des entraves dans l’exécution par la MINUSCA de son mandat.  La sécurité des Casques bleus n’est pas une option mais une nécessité, a-t-il déclaré.  Le délégué a également dénoncé la montée de la violence au Cameroun et réclamé la fin des attaques et violations visant les civils.  Les attaques perpétrées par les forces gouvernementales sont particulièrement préoccupantes, a-t-il ajouté.  Il a appelé toutes les parties camerounaises à poursuivre le dialogue politique en vue du règlement de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.  Le représentant a aussi jugé important de reconnaître le nombre important de réfugiés que le Cameroun accueille.  Il a salué la condamnation prononcée par la CPI à l’encontre du commandant de la LRA Dominic Ongwen et souligné l’importance des efforts visant à lutter contre l’impunité.  Enfin, le représentant irlandais a salué le fait que le rapport du Secrétaire général reconnaisse les liens entre les changements climatiques et la paix et la sécurité. 

M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) s’est joint à l’Union africaine et à leurs partenaires internationaux pour appeler à une transition pacifique, opportune et dirigée par des civils au Tchad, vers un gouvernement démocratiquement élu avant octobre 2022.  Pour permettre un dialogue national inclusif, M. Hunter a recommandé d’établir un plan concret, d’arrêter un calendrier clair pour les élections et de rédiger une nouvelle Constitution nationale.  Cela signifie aussi de mettre en place des institutions fortes, comme une Assemblée nationale représentative, un système judiciaire indépendant et une Commission électorale nationale indépendante réformée, a-t-il ajouté en estimant que la démocratie au Tchad est enfin à portée de main. 

Préoccupés par la situation dans les régions anglophones du Cameroun, les États-Unis ont condamné tous ceux qui contribuent à la violence, y compris les forces de sécurité et les séparatistes armés.  Ils ont appelé le Gouvernement et les groupes armés à mettre fin à cette violence et à participer au dialogue sans conditions préalables.  Remerciant le Représentant spécial, M. Fall, de continuer à dialoguer avec les acteurs clefs, tant au Cameroun qu’à l’étranger, M. Hunter a souligné que chacun d’entre eux a un rôle à jouer pour soutenir le dialogue et la paix pour mettre fin aux tueries et à la violence insensées.  Il a assuré le plein soutien des États-Unis au BRENUAC dans la promotion d’un dialogue politique inclusif au Cameroun.  La délégation a également soutenu la médiation menée par la Suisse et appuyée par l’ONU de la crise anglophone.  Toutefois, préoccupés par la viabilité du Plan présidentiel du Gouvernement du Cameroun pour la reconstruction et le développement des régions du nord-ouest et du sud-Ouest, qui est soutenu par le PNUD, les États-Unis ont mis en exergue le fait que, malheureusement, l’environnement sécuritaire sur le terrain n’est pas propice à la mise en œuvre de ce genre d’initiative.  Au-delà des frontières du Cameroun, M. Hunter est d’avis que la diaspora camerounaise dispose d’un outil puissant qui est sa voix. 

Également préoccupée par la situation en République centrafricaine (RCA), la délégation s’est félicitée du communiqué conjoint et a encouragé le BRENUAC à utiliser ses bons offices pour soutenir un dialogue constructif et inclusif en insistant sur l’impératif d’améliorer la gouvernance.  Le BRENUAC a un rôle important à jouer pour encourager un engagement constructif des pays voisins pour réduire la violence et sécuriser les frontières communes, a estimé M. Hunter.  Il s’est dit scandalisé par les informations selon lesquelles des instructeurs russes auraient mené des offensives militaires caractérisées par des affrontements avec des soldats de la paix de l’ONU, des menaces contre le personnel de l’ONU, des violations du droit international humanitaire, des violences sexuelles à grande échelle et des pillages généralisés, y compris d’organisations humanitaires.  Ces violations doivent cesser, a-t-il exigé en exhortant tous les acteurs de la sécurité à coordonner leurs opérations avec la MINUSCA et à veiller à ce que leurs activités ne nuisent pas aux civils.  En fait, tout acteur de la sécurité doit justifier en quoi sa « soi-disant assistance » soutient la réforme du secteur de la sécurité, ont exigé les États-Unis. 

Finissant sur une note positive, M. Hunter s’est félicité des progrès au Burundi en notant que le pays a amélioré ses relations diplomatiques et économiques avec ses voisins et est revenu dans les forums internationaux.  Les États-Unis ont encouragé les autorités burundaises à poursuivre sur la voie d’une paix durable. 

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a mis l’accent sur l’importance de la diplomatie pour la consolidation de la paix, de la sécurité maritime, ainsi que sur l’impact des changements climatiques et des ressources naturelles sur la sécurité dans la région de l’Afrique centrale.  Notant la persistance de la violence armée dans la région du lac Tchad, la Norvège a appelé à s’attaquer aux causes profondes de cette violence, notamment par le biais d’un dialogue politique et par des conversations avec les communautés affectées.  Les efforts conjoints du BRENUAC et du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), et avec d’autres entités des Nations Unies dans la région, sont positifs et devraient être renforcés, a dit la Norvège avant de s’inquiéter tout particulièrement de la situation au Cameroun.  Après avoir rappelé que la mort du Président Déby Itno met en évidence les liens transfrontaliers avec la Libye, la Norvège s’est dite préoccupée des affrontements de soldats de la semaine dernière autour de la frontière Tchad-République centrafricaine.  Rappelant la récente réunion du Conseil sur les Grands Lacs et la réunion de la Commission de consolidation de la paix (CCP) sur le Burundi, la Norvège a demandé des mises à jour sur le Burundi, y compris dans les rapports du BRENUAC. 

S’agissant de la sécurité maritime, la Norvège a salué la coopération accrue du BRENUAC et du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel en la matière, dans le golfe de Guinée, conformément aux résolutions du Conseil.  « Sur les 135 membres d’équipage enlevés dans le monde l’année dernière, 130 ont été enlevés dans le golfe de Guinée », a précisé la Norvège avant d’exhorter la Conseil de sécurité à jeter un nouveau regard sur cette tendance inquiétante. 

Pour ce qui est de l’impact des changements climatiques et des ressources naturelles sur la sécurité, la Norvège a salué le projet de deux ans du BRENUAC visant à renforcer les connaissances sur les liens entre les changements climatiques et la sécurité en Afrique centrale.  La Norvège a particulièrement souligné les conséquences des sécheresses et inondations en matière d’insécurité alimentaire, de déplacements forcés, de pénurie de ressources naturelles, de conflits fonciers et de conflits entre agriculteurs et éleveurs, les femmes et les filles étant souvent les plus touchées.  La Norvège a conclu que les conflits sur les ressources naturelles rares, dont les minéraux, montrent la nécessité de traiter les changements climatiques et les ressources naturelles comme un problème de sécurité. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a indiqué que la situation difficile dans la région découle de l’intervention militaire occidentale en Libye.  Elle a appuyé les efforts de l’Union africaine au Tchad, ainsi que son appel en vue de la tenue prochaine d’élections.  Elle est revenue sur l’incident sécuritaire qui s’est produit entre militaires tchadiens et centrafricains à la suite de « provocations de groupes opposés à Bangui ».  Elle a appelé les deux pays à faire preuve de la plus grande retenue et à coopérer en vue d’une sécurisation de la frontière.  Ils devraient notamment procéder à la démarcation de leur frontière, a-t-elle recommandé, en ajoutant que Bangui avait d’ores et déjà accepté cette initiative.  Elle a espéré que N’Djamena s’y montrerait également favorable.  La représentante a condamné les attaques commises par des groupes terroristes au Niger et au Cameroun et indiqué que les djihadistes veulent s’implanter en République centrafricaine.  « Il est tout à fait possible d’assister à la création d’un califat 2.0 en Afrique centrale », a-t-elle averti. 

La déléguée russe a souhaité répondre aux propos des États-Unis, « qui n’ont rien de nouveau ».  Ce sont, « les mêmes accusations sans fondement et sans aucun élément de preuve qui visent à ternir les activités de stabilisation de la Russie en République centrafricaine », lesquelles ont montré leur efficacité, a déclaré la déléguée.  La représentante a par ailleurs estimé que le soutien bilatéral apporté « par certains de ses collègues » à la République centrafricaine s’apparente à un véritable chantage afin que ce pays se comporte comme ils le souhaitent.  « C’est inacceptable. » 

Mme SHERAZ GASRI (France) a souligné que la coordination régionale est essentielle pour répondre aux menaces transnationales et protéger les populations, évoquant notamment la persistance des attaques de l’Armée de résistance du Seigneur en RDC et en RCA, et la multiplication des actions terroristes de Boko Haram autour du bassin du lac Tchad. 

S’agissant de la transition politique au Tchad, elle a relevé que la nomination d’un gouvernement civil inclusif est une étape positive qui doit mener à une transition pacifique et reposant sur le dialogue avec l’ensemble des acteurs politiques et de la société civile.  L’objectif doit être le retour rapide à des institutions démocratiquement élues, a-t-elle souligné.  Elle a par ailleurs dit compter sur les autorités centrafricaines pour remplir rapidement leurs engagements et fait savoir que la France poursuit ses échanges avec les autorités camerounaises pour trouver une issue politique à la crise dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest. 

La représentante a ensuite souligné que le soutien des partenaires internationaux reste indispensable pour aider l’Afrique centrale à surmonter la crise sanitaire et à poursuivre son développement.  La lutte contre la pandémie de COVID-19 doit rester la priorité, a-t-elle affirmé, évoquant notamment la contribution de 2,4 milliards d’euros de l’Union européenne et de ses États membres au Mécanisme COVAX.  Les partenaires doivent aussi rester engagés pour atténuer les conséquences socioéconomiques de la pandémie en Afrique centrale, a-t-elle ajouté, rappelant que c’était l’objectif du Sommet sur le financement des économies africaines qui s’est tenu le mois dernier à Paris.  Celui-ci a permis de décider de mesures concrètes pour briser le cercle du surendettement et pour soutenir une reprise économique de qualité, s’est-elle félicitée. 

M. PHAM HAI ANH (Viet Nam) a déploré la violence que les groupes armés et terroristes continuent de perpétrer dans la région et condamné les attaques commises contre les civils et le personnel onusien.  Il a ensuite exprimé ses condoléances au peuple et au Gouvernement du Tchad après le décès du Président Idriss Déby Itno.  Le délégué a souligné l’importance de remédier aux causes profondes de l’instabilité de la région et d’appuyer les efforts diplomatiques et politiques en vue de promouvoir la réconciliation nationale, de remédier à la menace posée par les groupes armés et de renforcer la gestion des ressources naturelles.  Le délégué a insisté sur l’importance de la coopération régionale pour parvenir à la paix et au développement dans la région.  Il a appuyé la coopération entre la République centrafricaine et le Tchad en vue de régler le récent incident sécuritaire à la frontière entre les deux pays.  Il a ensuite exhorté les partenaires internationaux à continuer d’apporter un soutien technique et financier aux pays de la région.  Enfin, le délégué a plaidé pour un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19. 

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a jugé indispensable d’activer la diplomatie préventive dans plusieurs États de la sous-région, y compris au Cameroun. Alors que les groupes terroristes continuent de menacer la population civile et les institutions de l'État, elle a souligné l'importance de mettre en œuvre une stratégie régionale pour lutter contre de telles menaces dans la région du bassin du lac Tchad. La représentante a appelé tous les États de la région à coopérer avec la Cour pénale internationale. Soulignant l'importance du respect du droit international humanitaire, elle a appelé les autorités nationales à soutenir les efforts visant à fournir de l'aide à ceux qui en ont besoin. Notant que les conflits dans la région sont exacerbés par les réseaux criminels transnationaux, qui financent les groupes armés et perpétuent le cycle de la violence, la déléguée a invité le BRENUAC à fournir une assistance utile à la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) pour lutter contre ces menaces.

M. GERT AUVÄÄRT (Estonie) a déploré l’aggravation des défis que les pays d’Afrique centrale doivent relever.  « La flambée de violence en République centrafricaine est le plus préoccupant. »  Il a dénoncé les violations des droits humains dans le pays, ainsi que les menaces proférées à l’encontre de la MINUSCA. Le délégué a aussi condamné les attaques perpétrées contre les écoliers et les travailleurs humanitaires au Cameroun et plaidé pour un établissement des responsabilités en vue de mettre fin à l’enracinement d’une culture d’impunité.  Il a salué le rôle d’appui du BRENUAC au processus de réconciliation au Cameroun. Le représentant a souligné l’importance des initiatives régionales visant à faire taire les armes, restaurer les ordres constitutionnels et promouvoir les droits humains.  Il a dit suivre avec attention le retour à une gouvernance démocratique emmenée par les civils au Tchad.  Enfin, le délégué a déclaré que la situation complexe et fragile en Afrique centrale est aggravée par les effets négatifs des changements climatiques. 

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