En cours au Siège de l'ONU

Soixante-seizième session,
36e séance plénière - Matin
AG/12386

Assemblée générale: de retour de la COP26, le Directeur général de l’AIEA fait un vibrant plaidoyer en faveur de l’énergie nucléaire

Au lendemain de la vingtième-sixième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26), le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a fait, aujourd’hui, devant l’Assemblée générale, un vibrant plaidoyer en faveur de l’énergie nucléaire.  M. Rafael Mariano Grossi a aussi parlé des activités de son Agence pour aider les pays confrontés à la pandémie de COVID-19 et des dossiers nucléaires de l’Iran et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).

Les centrales nucléaires n’émettent pas de carbone, a rappelé le Directeur général de l’AIEA, arguant que l’énergie nucléaire est un moyen « éprouvé et évolutif » de décarboniser les systèmes énergétiques.  Les 442 réacteurs nucléaires en exploitation dans 32 pays fournissent aujourd’hui plus du quart de toute l’électricité à faible émission de carbone.  Sans l’énergie nucléaire, a affirmé le Directeur général, les émissions mondiales de CO2 seraient considérablement plus élevées.  Il a parlé des dernières projections de l’AIEA qui montrent que les énergies solaire et éolienne ne pourront pas, à elles seules, contribuer à la lutte contre les changements climatiques.  C’est ce que m’ont confirmé, a-t-il dit, les membres du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les économistes de l’énergie et les nombreux jeunes écologistes que j’ai rencontrés à la COP26 à Glasgow. 

Le Directeur général a tout de même prévenu que les technologies nucléaires et leurs grands avantages ne seront durables que s’ils sont exploités de manière sûre et sécurisée.  Malgré la pandémie de COVID-19, a affirmé le Directeur général, l’AIEA a continué d’effectuer tous ses travaux de vérification les plus urgents.  Plus de 1 300 installations et autres sites sont désormais soumis à son régime de garanties.  En outre, l’Agence a fourni à 129 pays des équipements et une formation connexe pour la détection et le diagnostic du coronavirus.  Le projet d’action intégrée sur les maladies zoonotiques, projet ZODIAC, s’appuie sur ces équipements pour créer un réseau de pays et de laboratoires dans tous les continents et de partenaires de toute la famille des Nations Unies pour aider à se préparer aux futures épidémies.

Le Directeur général n’a pas manqué d’évoquer le Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien.  Il a avoué que les activités de vérification et de surveillance de son Agence ont été affectées par la décision de la République islamique d’Iran de mettre un terme au respect de ses engagements.  En septembre dernier, a-t-il indiqué, l’AIEA a conclu un accord avec ce pays selon lequel les inspecteurs de l’Agence continueront d’entretenir leurs équipements de contrôle et de surveillance et de remplacer les supports de stockage.  Cependant, a alerté le Directeur général, l’Agence n’a pu accéder à une installation en particulier, ce qui signifie qu’elle est beaucoup moins sûre de pouvoir collecter les informations indispensables à l’évaluation de la mise en œuvre du Plan d’action.

La réalité « incontestable », a martelé la République islamique d’Iran, est que, jusqu’à présent, nous avons respecté les termes du Plan, alors que les États-Unis et les Gouvernements des E3 –Allemagne, France et Royaume-Uni- ont violé leurs obligations.  La République islamique d’Iran a promis qu’il reviendra au respect du Plan quand les autres parties feront de même et mettront en œuvre la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité, dont les dispositions sur la levée « vérifiable » des sanctions.  Engagée à honorer ses engagements, l’Union européenne s’est dite préoccupée par l’escalade du programme nucléaire iranien et les actions « incompatibles » avec le Plan d’action qui ont « des implications graves ».  En prévision de la prochaine réunion de la Commission mixte dudit Plan, le 29 novembre à Vienne, l’Union européenne a espéré des discussions qui permettront de revenir à une mise en œuvre complète.  Plusieurs délégations ont en effet appelé les États-Unis à réintégrer le Plan duquel ils se sont retirés. 

L’AIEA, a poursuivi son Directeur général, continue également de surveiller le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), lequel reste une source de grave préoccupation.  L’Agence a appelé la RPDC à s’acquitter pleinement de ses obligations au titre des résolutions du Conseil de sécurité, avant que le pays ne dénonce une « politique hostile » à son égard et une Agence « manipulée » par les États-Unis.  Présidente du Bureau des administrateurs de l’AIEA, la République de Corée a présenté un projet de résolution (A/76/L.10) et rappelé qu’elle milite « avec ferveur » pour l’utilisation pacifique de l’atome, dans l’intérêt de l’humanité tout entière.  Elle a émis le vœu que le projet de résolution négocié le 18 octobre dernier à Vienne, siège de l’AIEA, sera adopté sans vote, en signe d’appui au travail de l’AIEA. 

Le texte sera examiné à la séance publique que l’Assemblée générale a prévue, le 24 novembre, pour achever son débat sur le rapport annuel de l’AIEA.  Avant cela, lundi 22 novembre, à partir de 10 heures, elle tiendra sa Réunion de haut niveau sur l’évaluation du Plan d’action mondial des Nations Unies pour la lutte contre la traite des personnes.

RAPPORT DE L’AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE

Dans une vidéo préenregistrée, le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), M. RAFAEL MARIANO GROSSI, a déclaré que, malgré la pandémie de COVID-19, qui se poursuit dans les 173 États membres de l’AIEA, des progrès vers le retour à la normalité ont été accomplis.  Les bureaux et laboratoires ont été réinvestis au début du mois de juillet et bon nombre d’activités de l’Agence.  La formation des scientifiques, des médecins et des ingénieurs des pays en développement à l’utilisation de technologies nucléaires, passe des formats en ligne à des formats hybrides, tout comme les conférences.  En ce qui concerne le travail de garanties, a dit le Directeur général, il a continué tout au long de la pandémie par le biais d’inspections sur le terrain à travers le monde pour empêcher le détournement de matières nucléaires. 

La plus grande opération d’urgence jamais menée par l’Agence a permis de fournir à 129 pays des équipements et une formation connexe pour la détection et le diagnostic dans le cadre de la lutte contre la COVID-19.  De même, le projet d’action intégrée de l’AIEA sur les maladies zoonotiques, connu sous le nom de ZODIAC, s’appuie sur ces équipements afin de créer un réseau de pays et de laboratoires de tous les continents et de partenaires de toute la famille des Nations Unies pour aider à se préparer aux futures épidémies, a-t-il expliqué.

Alors que la pandémie de COVID-19 a dominé les services de santé, la situation s’est aggravée pour les patients souffrant d’autres maladies graves, comme le cancer, a poursuivi M. Grossi.  L’AIEA redouble donc d’efforts pour offrir un accès vital à la médecine nucléaire et radiologique aux pays, dont beaucoup en Afrique, qui ne disposent même pas d’un seul appareil de radiothérapie.  Nous renforçons nos efforts contre le cancer de manière décisive et annoncerons bientôt une initiative importante pour faire face à la crise actuelle, a—t-il dit.  L’année dernière, l’AIEA a aidé 146 pays et territoires par le biais de son programme de coopération technique, dont 35 en faveur de pays les moins avancés (PMA).  Parallèlement à l’assistance relative à la pandémie de COVID-19, les principaux domaines de soutien étaient la santé et la nutrition, ainsi que l’alimentation et l’agriculture. 

Le Directeur de l’AIEA a ensuite évoqué comment l’AIEA aide les États Membres à protéger l’environnement, l’air et les océans.  Au sujet des défis liés aux changements climatiques, il a rappelé que les centrales nucléaires n’émettent pas de carbone.  L’énergie nucléaire est donc un moyen éprouvé et évolutif de décarboniser les systèmes énergétiques et elle sera une solution importante à la crise climatique à laquelle nous sommes confrontés.  En effet, les 442 réacteurs nucléaires en exploitation dans 32 pays fournissent aujourd’hui environ 394 gigawatts de capacité installée.  Ils fournissent plus de 10% de l’électricité mondiale et plus du quart de toute l’électricité à faible émission de carbone.  Sans l’énergie nucléaire, les émissions mondiales de CO2 seraient considérablement plus élevées, a-t-il argué.  Quelque 19 pays construisent 51 nouveaux réacteurs en ce moment, ce qui devrait fournir 54 gigawatts de capacité supplémentaire. 

Les dernières projections de l’AIEA montrent que la capacité électrique nucléaire mondiale doublera d’ici à 2050 si les pays décident de tirer pleinement parti de l’énergie nucléaire dans leur lutte contre les changements climatiques.  Le solaire et l’éolien ne pouvant le faire seuls, comme l’expliquent le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les économistes internationaux de l’énergie, les experts de l’AIEA et les nombreux jeunes écologistes que le Directeur général a dit avoir rencontrés à la COP26.  Il a précisé que les grands avantages des technologies nucléaires ne sont durables que si elles sont utilisées de manière sûre et sécurisée.  Dans ce contexte, les normes de sûreté de l’Agence sont considérées comme des points de référence internationaux pour la protection des personnes et de l’environnement contre les effets nocifs des rayonnements ionisants. 

Au-delà des changements climatiques et de la pollution de l’air, la pollution plastique dans nos océans est un autre défi transfrontalier urgent, a relevé M. Grossi.  C’est ainsi que l’initiative « NUTEC Plastics » de l’AIEA envisage de construire des infrastructures dans les États membres afin qu’ils puissent entreprendre des recherches et surveiller les déchets et les microplastiques dans l’environnement marin.  Même si la pandémie a bouleversé nombre de nos vies, elle n’a pas inhibé une seule minute les tâches indispensables de l’AIEA en matière de garanties, a poursuivi son Directeur.  Nous avons continué à effectuer tous nos travaux de vérification sur le terrain les plus urgents, a-t-il témoigné.  Ainsi, le nombre de pays ayant des accords de garanties en vigueur s’élève à 186, dont 138 ont mis en vigueur des protocoles additionnels. 

Plus de 1 300 installations et autres emplacements sont désormais soumis aux garanties de l’AIEA.  Plus important encore, la quantité de matières nucléaires pour lesquelles la possibilité de fabriquer un dispositif explosif nucléaire ne peut être exclue a augmenté de près de 30% au cours de la dernière décennie, atteignant plus de 220 000 à la fin de l’année dernière.  Le Directeur général a en outre affirmé faire régulièrement rapport au Conseil des gouverneurs de l’AIEA de la mise en œuvre par l’Iran de ses engagements liés au nucléaire dans le cadre du Plan d’action global commun (PAGC).

Il a indiqué que les activités de vérification et de surveillance de l’Agence ont été affectées par la décision de la République islamique d’Iran de mettre un terme à la mise en œuvre de ses engagements dans le cadre du PAGC.  En septembre dernier, l’AIEA a conclu un accord avec la République islamique d’Iran selon lequel les inspecteurs de l’Agence continueront d’entretenir leurs équipements de contrôle et de surveillance et de remplacer les supports de stockage.  Cependant, l’Agence n’a pas pu accéder à une installation en particulier, ce qui signifie que sa confiance dans le maintien de la continuité des connaissances indispensables au PAGC diminue.  M. Grossi a réitéré l’exigence pour l’Iran de clarifier et de résoudre les questions en suspens sans plus tarder. 

L’Agence continue également de surveiller le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), en utilisant des informations de source ouverte, notamment des images satellites.  Les activités nucléaires de la RPDC restent une source de grave préoccupation.  La poursuite du programme nucléaire du pays constitue une violation flagrante des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et est profondément regrettable, a—t-il dit, avant d’appeler les autorités de la RPDC à s’acquitter pleinement de leurs obligations au titre des résolutions du Conseil de sécurité. 

Le Directeur a indiqué que la modernisation des laboratoires d’applications nucléaires de l’AIEA est l’un des projets les plus passionnants et les plus importants que l’Agence ait entrepris.  Il a noté que son achèvement est essentiel pour que l’AIEA puisse former des milliers de scientifiques dans l’utilisation de la technologie nucléaire de pointe pour une agriculture intelligente face aux défis du climat, la gestion des ressources et la sécurité alimentaire.  Cette année, l’Agence a inauguré un centre de sécurité nucléaire qui abritera ses experts et les dernières technologies sur la formation et de renforcement des capacités en matière de sécurité.  L’AIEA cherche également à autonomiser les femmes dans tout le travail qu’elles accomplissent.  L’Agence progresse vers l’objectif de la parité hommes-femmes dans les catégories professionnelles et supérieures d’ici à 2025.  Le Programme de bourses Marie Skłodowska-Curie de l’AIEA, qui est à sa deuxième année, a déjà permis de soutenir 100 femmes dans leurs études de maîtrise dans les matières nucléaires.  Cette année, 110 autres les rejoindront, s’est réjoui le Directeur.

Mme NATACHA TOLSTOI, déléguée de l’Union européenne, rappelant l’importance d’intégrer la dimension de genre dans toutes les organisations internationales, a salué les initiatives du Directeur général de l’AIEA à cet égard, comme le Programme de bourses Marie Skłodowska-Curie.  Dans la perspective de la prochaine Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), elle a réaffirmé son soutien à la mise en œuvre pleine, entière et effective du TNP, ainsi qu’à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et de toutes autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, sur la base d’arrangements librement conclus par les États de la région. 

Faces aux « crises de prolifération » constituant toujours une menace pour la paix et la sécurité internationales et régionales, Mme Tolstoi a appelé à des solutions pacifiques et diplomatiques.  Elle a réaffirmé son attachement à la mise en œuvre intégrale et effective du Plan d’action global commun (PAGC).  Consciente des problèmes liés au retrait unilatéral des États-Unis du PAGC, et au fait qu’ils ont réimposé des sanctions, elle a relevé qu’outre la mise en œuvre intégrale -et vérifiée- par la République islamique d’Iran de ses engagements en matière nucléaire, la levée des sanctions liées au nucléaire était un élément essentiel dudit Plan.  Pour sa part, l’Union européenne (UE) continue de respecter ses engagements pris dans ce cadre, notamment en ce qui concerne la levée des sanctions.  Toutefois, l’UE est gravement préoccupée par l’escalade du programme nucléaire iranien, et la poursuite d’actions « incompatibles » avec le PAGC et ayant « des implications graves ».  La déléguée a donc instamment demandé à l’Iran de mettre fin à toutes les activités incompatibles avec le PAGC et de revenir, sans délai, à sa mise en œuvre intégrale, y compris toutes ses mesures de transparence.  À la perspective de la prochaine réunion de la Commission mixte du PAGC, qui doit se tenir le 29 novembre à Vienne, elle a néanmoins espéré des discussions qui permettront d’assurer le retour à une mise en œuvre du PAGC.

Jugeant par ailleurs la poursuite du développement des programmes nucléaires et de missiles balistiques de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) « très préoccupante », Mme Tolstoi a demandé à la RPDC de s’engager sur une voie crédible vers une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible.  D’ici-là, l’UE continuera à appliquer strictement les sanctions existantes, a-t-elle précisé, invitant tous les pays à faire de même.  Enfin, la déléguée a demandé à la République arabe syrienne de coopérer rapidement et de manière transparente avec l’AIEA, afin de résoudre toutes les questions en suspens.

Également au nom du Kirghizstan, M. ARMAN ISSETOV (Kazakhstan) a fermement appuyé le projet de l’AIEA relatif à la création d’une banque d’uranium faiblement enrichi, avant d’attirer l’attention de l’Assemblée générale sur une lacune « fondamentale » dans la mise en œuvre du principe de participation régionale.  Il est malheureux, a-t-il estimé, que l’appartenance de certains États à une région ne soit pas fixée à l’AIEA, ce qui conduit à des violations graves de leurs droits souverains puisqu’ils se retrouvent exclus de facto.  Bien que le Statut de l’Agence consacre le principe d’égalité souveraine, dans la pratique ce n’est pas le cas, a tranché le représentant.  Comme ledit Statut ne définit pas la composition des huit régions représentées au Conseil des gouverneurs, l’appartenance des États à ces régions n’est pas clairement spécifiée. 

Les membres de l’AIEA sont ainsi en quelque sorte « officieusement » répartis dans les groupes régionaux, en l’absence d’une appartenance juridiquement définie.  Le Statut de l’AIEA, a poursuivi le représentant, ne définit pas non plus l’appartenance régionale des nouveaux membres comme le Kazakhstan, entré en 1994, et le Kirghizistan, en 2003.  Ces deux pays, membres à part entière de l’AIEA, sont paradoxalement considérés comme n’appartenant à aucun groupe régional et, en conséquence, privés de leur droit souverain d’être élus dans les organes directeurs de l’Agence. 

À ce jour, a fait observer le représentant, l’on compte 20 États qui soi-disant n’appartiennent à aucun groupe et ce nombre ne fait qu’augmenter.  Certains pays attendent patiemment depuis près de 30 ans, privés de leur droit légitime de participer au processus de prise de décisions de l’Agence.  Le représentant a donc demandé au Directeur général de l’AIEA de régler cette question le plus vite possible pour que tous les États puissent contribuer pleinement et sur un pied d’égalité au travail de l’Agence.

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a fait savoir que son pays valorise et soutient les efforts de l’AIEA pour garantir une utilisation « exclusivement pacifique » de l’énergie nucléaire, ainsi que la non-prolifération, conformément au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, dont la Conférence d’examen se tiendra en janvier 2022.  Il a rappelé l’importance de poursuivre les efforts visant au désarmement et à l’élimination des armes nucléaires, parce que leur simple existence menace la survie de l’humanité.  En revenant à la contribution de l’AIEA à l’utilisation du nucléaire à des fins pacifiques, M. Espinosa en a rappelé les usages pour la santé ou les techniques pour lutter contre certains insectes dans le respect de l’environnement.  Il a aussi mis en avant l’étude, par des scientifiques de l’AIEA et de l’Équateur, sur l’abondance de particules microplastiques dans plusieurs zones maritimes.

Mme JULIA YEE (Singapour) a réitéré son soutien au travail de l’AIEA qui joue un rôle essentiel pour faire progresser le régime international de non-prolifération.  Elle a exhorté tous les États parties à honorer les obligations leur incombant.  L’AIEA joue un rôle indispensable en fixant des normes élevées de sûreté et de sécurité nucléaires, et en aidant les États membres à appliquer ces normes, a poursuivi la déléguée.  Le réseau mondial de sûreté et de sécurité nucléaires de l’AIEA constitue, selon elle, une plateforme efficace pour renforcer la coopération et le dialogue au niveau international, et harmoniser les approches nationales.  Elle a aussi jugé essentiel que tous les États parties respectent leurs engagements pris dans le cadre d’instruments juridiques internationaux, tels que la Convention sur la sûreté nucléaire ou la Convention sur la protection physique des matières nucléaires.  « Cela nous permettra de protéger nos peuples, nos sociétés et l’environnement, tout en exploitant les avantages des technologies nucléaires en toute sécurité. »  Mme Yee a salué le travail de l’AIEA sur les transferts de science et de technologie nucléaires par le biais de son programme de coopération technique, qui joue un rôle essentiel pour aider les États Membres en développement, en particulier les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement.  À cet égard, elle s’est félicitée du partenariat de l’AIEA avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) dans le cadre des arrangements pratiques ASEAN-AIEA, ainsi que du soutien que l’AIEA a apporté à l’ASEAN pour l’utilisation sûre et sécurisée des technologies radiologiques et nucléaires.

M. MOHAMED KAMAL ALI ELHOMOSANY (Égypte) a rappelé faire partie des États fondateurs de l’AIEA dont il a toujours soutenu les efforts, notamment en ce qui concerne l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, la promotion de la coopération internationale, la fourniture d’une assistance technique et l’application du système de garanties généralisées, ainsi que des mesures de sûreté et de sécurité nucléaires.  La coopération entre l’Égypte et l’AIEA a connu un développement remarquable avec la construction de la centrale nucléaire d’El-Dabaa, a-t-il noté.  Le représentant a souligné que le rôle de l’AIEA devient primordial dans le maintien de l’équilibre entre les trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), à savoir le désarmement nucléaire, la non-prolifération et l’utilisation pacifique.  À cela s’ajoute le rôle de l’AIEA dans le développement durable.  Le représentant a ensuite souligné l’importance de préserver la nature volontaire du Protocole additionnel alors que d’autres États sont en dehors du système.  Il a rappelé le droit inhérent et inaliénable à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire et rejeté toutes restrictions de ce droit.  Enfin, il a dit attendre que l’AIEA participe activement en tant qu’observateur à la deuxième session de la Conférence sur la création au Moyen-Orient d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive, qui se tiendra du 29 novembre au 3 décembre prochain, et contribue à sa réussite. 

Alors que la COP26 vient de se terminer à Glasgow, il est de plus en plus clair, a estimé M. AMARNATH ASOKAN (Inde), que l’énergie nucléaire pourrait jouer un rôle important pour répondre durablement aux besoins énergétiques.  Il est donc essentiel que l’AIEA continue d’aider les pays à renforcer leurs capacités.  L’Inde, s’est enorgueilli son représentant, vient de connecter au réseau électrique son premier réacteur à eau lourde, avant la mise en place de 10 autres réacteurs, « éléments importants » de son engagement à augmenter les sources d’énergie non fossiles d’ici à 2030.

L’Inde accorde également une grande importance au travail de l’Agence dans la science nucléaire, en particulier les applications à des secteurs tels que l’agriculture, la santé, l’eau ou l’environnement.  À cet égard, le représentant a salué le travail de l’Agence pendant la pandémie de COVID-19, ainsi que le projet ZODIAC, qui permettra aux pays de mieux se préparer aux futures pandémies.  Il a rappelé que son pays va continuer de contribuer au programme de coopération technique de l’AIEA ainsi qu’à la recherche-développement.  L’Inde, a-t-il précisé, fait partie du Réseau d’assistance de l’AIEA qui aide à atténuer les conséquences des urgences nucléaires et radiologiques.  Nos capacités sont à la disposition des pays partenaires en cas d’urgence, ce qui démontre notre volonté de renforcer le cadre international et la coopération dans ce domaine, a souligné le représentant.

Mme ALENA KAVALEUSKAYA (Bélarus) a rappelé que l’énergie nucléaire est la clef de l’indépendance énergétique, pour la santé et l’alimentation, la croissance et le bien-être des populations.  Elle s’est félicitée des initiatives pilotes lancées par l’AIEA dans le domaine de la lutte contre la pollution par les plastiques et contre les maladies zoonotiques.  Elle a rappelé que cette source d’électricité sans émission de CO2 est indispensable au développement durable et à la lutte contre les changements climatiques.  La représentante a fait savoir que son pays avait mis en place sa première centrale en juin 2020 et ouvrirait son second bloc énergétique en 2021.  Son expérience prouve l’importance des outils fournis par l’AIEA et le Bélarus, a-t-elle assuré, prend toutes les mesures pour garantir la sécurité de sa centrale dans le respect des mesures de sécurité et en coopération avec les pays intéressés.  « La sécurité avant tout est devenue la devise du programme nucléaire du Bélarus. »  La représentante a assuré que son pays accueille toutes les missions destinées aux pays qui ouvrent leur première centrale et partage son expérience avec d’autres États, en respectant les engagements de non-prolifération des armes nucléaires.  Elle a précisé que l’application des garanties du Traité doit être infaillible grâce à une approche mutuellement acceptée et dans le respect rigoureux des accords internationaux existants.

Mme MARÍA ANTONIETA SOCORRO JÁQUEZ HUACUJA (Mexique) a salué le travail de l’AIEA durant les moments forts de la pandémie, notamment son soutien aux États membres pour la détection et le diagnostic du coronavirus.  Elle a aussi salué les mesures prises pour protéger l’intégrité des inspecteurs de l’Agence qui ont continué à travailler sur les programmes de vérification et de garanties.  En outre, la représentante a salué les efforts déployés par l’Agence pour aider à sauvegarder le Plan d’action global commun.  Elle s’est particulièrement félicitée du travail que fait l’AIEA pour encourager la présence des femmes dans le secteur des technologies nucléaires.  Il est important de rendre transversal la perspective genre dans la conception des projets de l’Agence, a jugé la représentante, avant de saluer l’objectif de parité hommes-femmes dans les catégories de cadres supérieurs et la direction de l’AIEA.  Elle a réitéré la nécessité de continuer à promouvoir la création d’alliances et synergies entre l’Agence, les États membres, les différentes agences du système des Nations Unies, le secteur privé et de la société civile, pour que la science et la technologie nucléaires continuent de contribuer au développement durable.

M. NAZIM KHALDI (Algérie) a informé que son pays avait soumis à la Commission africaine de l’énergie nucléaire l’idée de deux centres de coopération régionaux.  Il a souligné que toutes les dispositions internationales liées à la sûreté nucléaire et à la protection physique ont été intégrées dans la législation nationale, et que l’Algérie a signé, en septembre 2017, un programme de coopération technique avec l’AIEA.  Compte tenu de l’importance qu’elle accorde à la sécurité, l’Algérie a mis en œuvre un plan national dans ce domaine, conformément au Plan intégré d’appui en matière de sécurité nucléaire.  Le pays travaille d’ailleurs à des mises à jour régulières et au renforcement de ses capacités en cas d’urgence nucléaire.  La préservation de la sécurité nucléaire relève de la responsabilité des États, a poursuivi le délégué.  L’Algérie a progressé dans ce domaine, notamment sur l’usage des matières nucléaires à des fins de terrorisme, et mis au point des systèmes rigoureux pour assurer le suivi des matières nucléaires à tous les stades.  Le pays est également attaché au Code de conduite de l’AIEA sur la sûreté et la sécurité des sources radioactives et aux orientations qui le complètent.  À l’approche de la dixième Conférence consacrée au TNP, le délégué a demandé aux États membres de faire preuve de la volonté politique nécessaire pour faire des recommandations sur ses trois piliers, notamment l’usage pacifique de l’énergie atomique, et pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

M. JEAN-LAURENT GABRIEL IMBERT (Monaco) a estimé qu’à l’approche de la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération, le TNP reste « la colonne vertébrale du désarmement et de l’utilisation pacifique de l’atome ».  Il a noté que les applications du nucléaire sont nombreuses, contribuent à la mise en œuvre des objectifs de développement durable et s’avèrent essentielles pour concilier demande énergétique, développement, et lutte contre les changements climatiques.  Le délégué a souligné certaines initiatives récentes de l’AIEA, dont le développement d’une technique permettant de différencier l’érosion artificielle de l’érosion naturelle des sols, la publication du rapport d’évaluation des tendances de la pollution au siècle dans certains environnements côtiers ou encore le projet d’action intégrée contre les zoonoses (projet ZODIAC).

Encourageant la place des femmes dans le secteur du nucléaire, M. Imbert a salué le Programme de bourses Marie Skłodowska-Curie.  Il a appuyé l’usage pacifique du nucléaire et son apport dans le domaine de l’environnement et de la santé, à l’image du Programme d’action en faveur de la cancérothérapie (PACT).  La visite à Monaco du Directeur général de l’AIEA, M. Rafael Mariano Grossi, a également été l’occasion de réitérer l’engagement des autorités monégasques auprès de l’AIEA dans les travaux sur l’acidification des océans, la dégradation des écosystèmes marins, l’atténuation des conséquences anthropiques ainsi que l’étude de l’évolution et de l’impact des particules plastiques dans la vie aquatique.

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a rappelé que le transfert de technologie et le partage de connaissances en matière nucléaire, comme prévu dans le TNP et le Statut de l’AIEA, sont essentiels pour les progrès scientifiques, technologiques et socioéconomiques des pays en développement.  Pour la République islamique d’Iran, les activités de vérification liées aux garanties devraient être menées en appui au rôle principal de l’AIEA en matière de promotion de la science nucléaire et de son application technologique.  Dans ce contexte, les garanties nécessaires doivent être conçues et mises en place de manière à respecter les droits inaliénables des États parties au TNP et leur souveraineté nationale, et à ne pas entraver les progrès économiques ou technologiques.  Par conséquent, a poursuivi le délégué, les préoccupations « excessives » au sujet de la prolifération nucléaire ne devraient pas servir d’excuse pour limiter ces droits.  « La République islamique d’Iran rejette les tentatives systématiques de nier ou limiter l’usage de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques sous prétexte d’œuvrer à la non-prolifération. »

Le « retrait illégitime » des États-Unis du Plan d’action global commun (PAGC) en mai 2018 et la réimposition de « sanctions illégales » contre la République islamique d’Iran l’ont effectivement empêché d’exercer ses droits légitimes, définis dans le PAGC et la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité, a poursuivi M. Ravanchi.  La réalité incontestable est que, jusqu’à présent, la République islamique d’Iran a respecté les termes de l’accord, alors que les États-Unis et les Gouvernements des E3 ont violé leurs obligations en vertu du PAGC, a asséné le délégué.  La République islamique d’Iran respectera pleinement le PAGC si les autres parties respectent leurs obligations en vertu de l’accord et de la résolution 2231 et lèvent les sanctions de manière vérifiable, a-t-il assuré.  L’AIEA et la République islamique d’Iran collaborent étroitement dans divers domaines et les activités de vérification ont été effectivement réalisées malgré l’environnement difficile créé par la pandémie, a fait valoir le représentant.  Il a voulu souligner que l’ensemble des installations et du matériel nucléaires en République islamique d’Iran respectent l’accord de garanties généralisées et qu’il n’existe pas de preuve de détournement de l’activité nucléaire en République islamique d’Iran.  Enfin, le délégué a dénoncé les actes de sabotage d’installations nucléaires et les tentatives d’assassinat de scientifiques nucléaires par le « régime sioniste ».  L’assassinat du docteur Mohsen Fakhrizadeh, le 27 novembre 2020, a suivi le schéma d’actes terroristes qui ont commencé voici une décennie, avec les assassinats de scientifiques nucléaires en 2010, 2011 et 2012.  La communauté internationale et en particulier l’ONU doivent condamner sans équivoque ces « crimes terroristes haineux », a-t-il conclu.

M. SONG KIM (République populaire démocratique de Corée) a dénoncé une « politique hostile » à l’égard de son pays, de la part d’une AIEA, qui, « manipulée » par les États-Unis, soulève des soupçons « infondés » depuis le début des années 1990.  Ce sont là, a—t-il accusé, des « calomnies stéréotypées » et rejetées « de manière totale et absolue » par mon pays qui ne voit aucune raison de se plier à des vérifications ou à des contrôles.  Nous en voyons d’autant moins que nous ne sommes pas membre de l’AIEA, une Agence qui maintient une politique hostile et qui publie des rapports « mensongers ». 

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) s’est félicité du plus grand nombre de projets de coopération technique, de bénéficiaires et de ressources financières pour aider les pays confrontés à la pandémie de COVID-19.  En tant que membre fondateur de l’AIEA, le Pakistan, a dit le représentant, soutient ardemment le rôle de l’Agence dans la promotion de l’utilisation pacifique des technologies nucléaires, conformément à sa devise « Atoms for Peace and Development ».  Nous continuons, a-t-il dit, d’exploiter la technologie nucléaire pour le progrès socioéconomique et la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), dans des domaines tels que l’électricité, la santé, l’agriculture, et la protection de l’environnement. 

Cette année, s’est enorgueilli le représentant, mon pays a marqué une étape importante avec l’inauguration de sa sixième et plus grande centrale nucléaire d’une capacité de 1 100 mégawatts, à savoir « Karachi K-2 ».  Une autre centrale du même type, la « K-3 » devrait être opérationnelle en avril 2022.  Insistant sur l’engagement du Pakistan en faveur de l’AIEA, le représentant a souligné que toutes les centrales nucléaires et réacteurs de recherche sont placés sous le régime de garanties.  Même pendant les jours les plus difficiles de la pandémie de COVID-19, la mise en œuvre des garanties a été assurée sans interruption, a-t-il affirmé. 

Nous avons, a-t-il poursuivi, développé un régime complet de sûreté et de sécurité nucléaires, lequel est régulièrement révisé et mis à jour à la lumière des documents d’orientation de l’AIEA et des meilleures pratiques internationales.  Tous les États, a martelé le représentant, doivent respecter leurs obligations en matière de garanties et l’Agence se garder de politiser ces garanties.  Le régime de vérification ne sera crédible que s’il est appliqué sur une base non discriminatoire, a argué le délégué, avant d’attirer l’attention sur « l’effondrement » du consensus sur le désarmement et la non-prolifération.  Il a donc proposé la convocation d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale pour dégager un nouveau consensus qui réponde aux réalités actuelles et émergentes et offre une sécurité égale à tous les États, grands et petits.

Il importe, selon M. YASEEN LAGARDIEN (Afrique du Sud), de souligner le rôle fondamental joué par l’AIEA tout au long de la pandémie de COVID-19 dans la promotion des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire pour la santé et le développement.  Des projets tels que le réseau de laboratoires diagnostiques vétérinaires (réseau VETLAB), par exemple, ont connu une croissance considérable au cours de la période considérée, illustrant la valeur des techniques nucléaires et dérivées du nucléaire pour relever les défis socioéconomiques et de santé publique.  Le délégué a aussi cité le projet d’action intégrée contre les zoonoses (projet ZODIAC) de l’AIEA.  M. Lagardien a réaffirmé son soutien au travail de l’AIEA dans le domaine des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire, de la contribution au développement par les sciences et la technologie, et de son programme de coopération technique.  Il a noté une augmentation significative des demandes des États membres pour un soutien de l’Agence dans ce domaine.  Un domaine clef de croissance sur le continent africain est l’énergie nucléaire, a-t-il relevé, en saluant le soutien de l’AIEA à plusieurs pays africains ayant décidé de s’engager dans cette voie.

Par ailleurs, l’intégration d’une perspective de genre reste une priorité pour l’Afrique du Sud, et son délégué s’est réjoui que le pourcentage de femmes travaillant au sein de l’AIEA atteigne aujourd’hui 35%, soit le niveau le plus élevé depuis sa création.  Il s’est aussi félicité des progrès en matière de représentation des femmes aux postes de haut niveau.  Conscient qu’il reste encore beaucoup à faire, il a apprécié que la parité soit devenue un objectif prioritaire à l’AIEA, qui vise à atteindre la parité aux postes les plus élevés d’ici à 2025.  Le Programme de bourses Marie Skłodowska-Curie a, en outre, montré l’engagement de l’Agence à soutenir les jeunes femmes de toutes les régions.  « Des femmes sud-africaines jeunes, intelligentes et défavorisées ont bénéficié du Programme. »

M. ALHAKAM DANDY (République arabe syrienne) a rappelé que son pays a adhéré dès 1969 au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), bien avant un grand nombre de pays de l’Union européenne qui prétendent, aujourd’hui, être attachés au régime de non-prolifération.  Nous avons toujours soutenu, a martelé le représentant, l’utilisation exclusivement pacifique du nucléaire.  L’agression israélienne contre le bâtiment public, en septembre 2007, a été une violation de la souveraineté nationale et du droit international et au lieu d’être condamnée, elle a servi de désinformation pour porter atteinte à l’image de la Syrie et intensifier les pressions politiques, a accusé le représentant.

Il a rappelé aux États-Unis leur obligation de notifier à l’AIEA les informations qu’ils détenaient avant la destruction du bâtiment et non pas huit mois après sa destruction par Israël.  De plus, la reconnaissance officielle par Israël de son implication dans cette agression lui impose de coopérer avec l’Agence à l’évaluation de la pollution causée par les obus.  Tant qu’Israël ne coopèrera, toute discussion sera vaine, a prévenu le représentant, d’autant plus que la grande majorité des conclusions de l’Agence sur le bâtiment résulte des images fournies par la CIA, ce qui permet de douter de leur fiabilité.

En 2018, a encore indiqué le représentant, l’Agence a pu se rendre sur le site détruit et collecter des échantillons, avant que les pressions exercées par certains États membres n’entravent son travail.  On ne peut garder le silence, s’est-il impatienté, devant le fait que les États-Unis et l’Union européenne violent leur engagement en faveur du TNP en protégeant Israël, en coopérant avec lui et en l’aidant à développer ses capacités nucléaires.  Pendant ce temps-là, Israël refuse toujours de soumettre ses installations nucléaires aux garanties de l’Agence.  En revanche, a affirmé le représentant, la coopération de mon pays avec l’Agence ne s’est jamais interrompue et nous avons toujours répondu favorablement aux demandes d’inspection.

M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a fait remarquer qu’en ce qui concerne l’accord de garanties de l’Ukraine, l’AIEA n’a pas pu tirer de conclusion générale en 2020 pour la « seule et unique raison » que la Fédération de Russie occupe actuellement certaines régions.  M. Vitrenko a attiré l’attention sur la situation sans précédent où un État membre empêche l’AIEA de remplir son mandat sur le territoire d’un autre État membre.  Les « actions illégales » de la Fédération de Russie sapent l’efficacité du mécanisme de garanties et remettent en question sa capacité à fournir des conclusions globales, a accusé le représentant.  En tant qu’État partie au TNP et État non doté, l’Ukraine, a avoué son représentant, est très préoccupée par le fait que la Fédération de Russie déploie des vecteurs d’armes nucléaires en Crimée, ce qui met à mal le régime du TNP et représente une grave menace à la sécurité régionale et internationale.  M. Vitrenko a prié la communauté internationale de régler ce problème.

M. GOBINATH NATARAJAN (Malaisie) s’est félicité du travail de l’Agence en dépit de la pandémie de COVID-19 et a loué l’aide qu’elle a fournie à différents pays.  Le représentant s’est enorgueilli de ce que l’AIEA ait félicité son pays pour son système de mesure des rayonnements ionisants.  Il a vu dans l’Agence « la pierre angulaire » du système de sécurité collective.

M. OSUGA TAKESHI (Japon) a dit que son pays continue de fournir des ressources humaines ainsi qu’un soutien financier à l’AIEA, notamment par ses contributions à l’Initiative sur les utilisations pacifiques (PUI) et les projets de coopération technique.  Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, le Japon a en outre versé un total de 11 millions d’euros pour soutenir l’AIEA dans le cadre de ses mesures contre les maladies infectieuses.  En recherchant la parité entre les sexes, nous pouvons apporter de nouvelles idées et sagesse à l’agenda important de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire et la non-prolifération, a relevé le représentant.  Ainsi, afin de créer des opportunités pour plus de femmes scientifiques dans le domaine nucléaire, le Japon a soutenu le Programme de bourses Marie Skłodowska-Curie depuis son lancement et entend continuer à le faire.

Cette année marquait, a rappelé le délégué, le dixième anniversaire du tremblement de terre et de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi.  Le Japon est reconnaissant que l’AIEA ait accueilli avec succès la semaine dernière « la Conférence internationale sur une décennie de progrès après Fukushima Daiichi », laquelle visait à tirer les enseignements de l’accident pour faire avancer et renforcer la sûreté nucléaire.  M. Osuga a promis que le Japon continuera d’informer la communauté internationale de manière transparente sur la base de preuves scientifiques.  Il continuera aussi à mettre en œuvre les mesures préconisées par l’AIEA.  Comme aucun pays ne peut assurer seul la sécurité nucléaire mondiale, le Japon, a dit son représentant, insiste sur le rôle important des cadres juridiques tels que l’Amendement à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires et la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire.

S’agissant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), il s’est dit profondément préoccupé par le développement de son programme nucléaire et par les tirs de missiles, comme en témoignent ses derniers lancements.  Nous réaffirmons notre ferme attachement au démantèlement complet, vérifiable et irréversible de toutes les armes nucléaires de la RPDC, de ses programmes nucléaires existants et les installations, ainsi que de ses missiles balistiques, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  En ce qui concerne le Plan d’action global commun, le représentant a dit espéré des progrès et le retour immédiat de toutes les parties.  Il a exhorté la République islamique d’Iran à s’abstenir de mesures contraires à l’accord, et à coopérer pleinement et sans délai avec l’AIEA sur les questions de garanties.  Enfin, le représentant a souligné que le TNP est la pierre angulaire du régime international de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  De ce fait, la dixième Conférence d’examen devrait avoir lieu très prochainement et nous n’épargnerons aucun effort pour parvenir à un résultat favorable au maintien et au renforcement du régime du TNP, a conclu le représentant. 

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a félicité l’AIEA pour avoir aidé son pays à créer un laboratoire de biologie nucléaire dans toutes les provinces.  Il a rappelé que Cuba assure le secrétariat de l’ARCAL - organe de coopération technique de l’accord régional de coopération pour la promotion de la science et de la technologie nucléaire en Amérique Latine et les Caraïbes.  Dans ce cadre, il a félicité l’AIEA qui travaille au renforcement des liens de coopération dans sa région dans le domaine de la santé, de la sécurité alimentaire, de l’environnement et de l’eau.  L’Agence, a estimé le représentant, doit redoubler d’efforts pour mobiliser les ressources nécessaires à son programme de coopération technique.

Réitérant le caractère essentiel des vérifications, le représentant a prévenu que la crédibilité de l’AIEA passe par l’impartialité et le professionnalisme de son Secrétariat.  Étant le cadre pour l’adoption des normes de sécurité nucléaire, l’AIEA doit veiller à ce que ces normes soient le résultat de négociations « transparentes et inclusives ».  La seule garantie contre le recours aux armes nucléaires est leur élimination irréversible, transparente et vérifiée, a tenu à rappeler le représentant.  Il a soutenu la création au Moyen-Orient d’une zone exempte de ces armes et autres armes de destruction massive et condamné la décision du retrait des États-Unis du Plan d’action global commun.  Soutenant le droit inaliénable des États à développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, le représentant a demandé la fin immédiate de mesures coercitives qui empêchent les pays en développement de se procurer les matériaux, équipements et technologies nécessaires.

M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie) a estimé que 35 ans après Tchernobyl et 10 ans après Fukushima, l’énergie nucléaire restera un élément important dans le mix énergétique, en dépit des risques potentiels.  Dans ce contexte, il a voulu que les normes de sûreté soient obligatoires au lieu des recommandations non contraignantes actuelles.  Le représentant a condamné dans les termes les plus énergiques la décision « irresponsable » du Bélarus de construire une centrale nucléaire juste à la frontière avec la Lituanie, et donc avec l’Union européenne, et à proximité immédiate de la capitale lituanienne, sans évaluation appropriée ni processus consultatif.  Le Bélarus, a accusé le représentant, n’a pas respecté l’article 17 de la Convention sur la sûreté nucléaire concernant l’évaluation de tous les facteurs pertinents liés à un site nucléaire et la coordination avec les pays voisins.  

À ce jour, a-t-il accusé, le Bélarus n’a toujours pas répondu aux questions techniques, ignorant les textes internationaux dont la Convention d’Espoo sur l’évaluation de l’impact sur l’environnement dans un contexte transfrontière et la Convention d’Aarhus sur l’accès à l’information, la participation du public à la prise de décisions et l’accès à la justice en matière d’environnement.  En octobre 2021, les États parties à la Convention d’Aarhus ont dénoncé, pour la quatrième fois, les violations du Bélarus.  Le rôle de l’AIEA doit être renforcé, en imprimant un caractère juridiquement contraignant à ses normes et au recours à ses services. 

M. ANDREW DAVID ADEJO (Nigéria) a salué le lancement du projet d’action intégrée contre les zoonoses (projet ZODIAC), qui aide les pays en développement à s’équiper correctement et à renforcer leurs capacités pour se préparer à de futures pandémies.  Il s’est également félicité des efforts du Directeur général pour renforcer le Programme de coopération technique et a réitéré son soutien au mandat de l’AIEA concernant la surveillance et la vérification, qui constitue un élément essentiel de la paix et de la sécurité internationales.  Le représentant a espéré que les projets de l’Agence concernant la sûreté des infrastructures pour réglementer les centrales nucléaires au Nigéria renforceront l’infrastructure nationale pour la protection contre les radiations, la sécurité nucléaire, la planification des situations d’urgence et la gestion des déchets radioactifs.

M. ARIEL RODELAS PENARANDA (Philippines) s’est félicité de l’appui que l’AIEA a apporté à son pays pour la mise en place du réacteur de recherche « SATER » dont le système de stérilisation par faisceaux d’électrons a permis l’utilisation accrue des rayonnements ionisants dans l’intérêt de la population et des experts, alors que les techniques d’utilisation des isotopes ont été appliquées à la sécurité alimentaire, à la gestion de l’eau et à la détection de radionucléides dans les coraux.  Le représentant s’est félicité de la participation de son pays au projet ZODIAC.  Les Philippines, a-t-il ajouté, sont l’un des trois membres du projet pilote NUTEC.  Le représentant a par ailleurs salué l’AIEA pour son aide au NEP-IAC - Comité interinstitutions du Programme philippin d’énergie nucléaire.  Le représentant a conclu en soulignant l’importance de la parité hommes-femmes au sein de l’AIEA, saluant en particulier le Programme de bourses Marie Skłodowska-Curie.

M. SARMAD MUWAFAQ MOHAMMED AL-TAIE (Iraq) a salué le programme de coopération technique et son impact sur les progrès socioéconomiques des pays en développement.  Il a appelé à la mobilisation des ressources pour alimenter correctement le Fonds de coopération technique, avant d’indiquer que son pays travaille avec l’AIEA à l’élaboration d’un programme de travail intégré sur la contamination radioactive et le traitement des déchets radioactifs.  Il a conclu, en plaidant pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, appelant à des efforts renouvelés en prévision de la deuxième Conférence internationale sur la question.

M. MEDER UTEBAEV (Kirghizistan) a souligné que son pays, bien que membre de l’AIEA depuis maintenant 18 ans, a toujours été privé de l’opportunité et du droit d’être élu au Conseil des gouverneurs, une occasion manquée d’exploiter tout le potentiel de la coopération avec l’Agence.  Quelque 20 États, a-t-il fait observer à son tour, attendent toujours d’accéder à ce droit.  Tout le problème, a-t-il expliqué, vient du fait qu’à l’AIEA les groupes régionaux ont un caractère « officieux », sans définition juridique de leur composition.  Nous sommes devant une situation, a dénoncé le représentant, qui entretient une inégalité « manifeste » entre les États et met à mal la crédibilité de l’AIEA.  Il est temps de faire de cette question une priorité, s’est impatienté le représentant. 

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a apprécié l’assistance et la coopération de l’AIEA pendant la flambée de COVID-19.  Il a pris note avec satisfaction du soutien continu de l’Agence à son pays, s’agissant, en particulier du projet de traitement des déchets radioactifs.  Il a aussi salué le travail de l’Agence dans le cadre du réseau VETLAB -Laboratoire de diagnostic vétérinaire-, qui soutient la détection précoce du virus de la peste porcine africaine (PPA).  L’Indonésie, a conclu le représentant, s’apprête dès l’année prochaine, à appliquer avec l’aide de l’AIEA la technologie nucléaire au contrôle de la pollution plastique (NUTEC Plastic). 

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a réaffirmé l’obligation commune de travailler à un désarmement général et complet, seule garantie pour parvenir à la paix, à la sécurité et à la stabilité internationales.  Conscient des bénéfices de la technologie nucléaire pour la production d’énergie mais aussi pour la santé, l’agriculture, la sécurité alimentaire, l’environnement et la recherche, le représentant a souligné l’intérêt d’une coopération réciproque entre l’AIEA et ses pays membres, particulièrement les pays en développement.  Il a remercié l’Agence pour ses activités de renforcement des capacités, ses initiatives innovantes et sa prompte réaction durant la pandémie de COVID-19.

M. MD RAFIQUL ALAM MOLLA (Bangladesh) a évoqué la création de la première centrale nucléaire dans son pays et remercié l’Agence pour son aide dans l’élaboration d’un cadre réglementaire et dans le traitement des déchets radioactifs.  Le représentant a donc insisté sur le programme de coopération technique de l’AIEA et de ses initiatives en matière de lutte contre la pollution plastique.  Il a rappelé qu’avec l’aide de l’Agence, son pays a lancé différents programmes sur la sécurité alimentaire, les cultures résistantes et le traitement des cancers.

Droits de réponse

Le Bélarus a rejeté les accusations « vaines et infondées » de la Lituanie, assurant qu’il garantit le plus haut niveau de sécurité et qu’il coopère avec les organismes internationaux concernés.  Il a en revanche accusé les experts lituaniens de refuser un dialogue d’experts au niveau européen, pour des raisons essentiellement « politiques ».

L’approche du Bélarus est toujours aussi sélective, a rétorqué la Lituanie.  Les rapports, a-t-elle dit, doivent être accessibles à tous et les recommandations, appliquées.  Quant aux garanties de sécurité, elle a fait observer que les tests de résistance n’ont été effectués que sur une seule unité, malgré les nombreux incidents et échecs.

Nous sommes prêts à dialoguer, a réaffirmé le Bélarus, assurant qu’une mission de vérification a déjà eu lieu et qu’une deuxième est déjà prévue.  Tous les rapports, a-t-il encore affirmé, sont publiés et accessibles.

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