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SC/14231

Syrie: le Coordonnateur des secours d’urgence appelle le Conseil de sécurité à reconduire les opérations transfrontalières vers le Nord-Ouest syrien, à 11 jours de leur expiration

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a appelé, ce matin, le Conseil de sécurité à renouveler la résolution 2504 (2020) sur le « mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière » dans le nord-ouest de la Syrie, lequel arrive à expiration le 10 juillet prochain.  M. Mark Lowcock a aussi plaidé pour l’ouverture de points de passage supplémentaires dans le Nord-Est.  Le Gouvernement syrien ne fera rien pour faciliter cette aide, a prévenu la Directrice des politiques de « Physicians for Human Rights », Mme Susannah Sirkin, jetée dans la catégorie des « faux témoins » par la Syrie.

Distanciation sociale oblige, c’est chacun dans sa mission que les 15 membres du Conseil font leur déclaration et dialoguent avec leurs invités, grâce à un système de visioconférence spécialement conçu.  Outre le Secrétaire général aux affaires humanitaires et la Directrice exécutive de « Physicians for Human Rights », la République arabe syrienne et la Turquie ont également pris la parole.

Des divergences ont été affichées autour du projet de résolution parrainé par l’Allemagne et la Belgique qui reconduit l’autorisation d’utiliser les routes franchissant les lignes de front ainsi que les postes frontière de Bab el-Salam et Bab el-Haoua et, s’agissant du Nord-Est, réouvre pour une première période de six mois le poste frontière de Yaroubiyé, fermé avec celui de Ramta par la résolution 2504 du 10 janvier 2020.  À l’entame de son propos, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a rappelé que 2,8 millions de personnes dans le Nord-Ouest, soit 70% de la population, ont besoin d’une aide humanitaire.  Les familles déplacées représentent deux tiers de la population actuelle et près de trois enfants de moins de 5 ans sur 10 souffrent d’un retard de croissance. 

Grâce aux opérations transfrontalières, autorisées par le Conseil, au mois de mai, 1 781 camions d’aide humanitaire ont pu traverser la frontière depuis la Turquie pour le Nord-Ouest.  Cette assistance transfrontalière étant « très loin d’être suffisante », M. Lowcock a appelé à la poursuite de ces opérations, laquelle exige le renouvellement pour 12 mois de l’autorisation de passer par les postes frontière de Bab el-Salam et Bab el-Haoua. 

« Le Nord-Ouest continue de souffrir d’une crise humanitaire majeure et les opérations doivent être renforcées », a indiqué le Secrétaire général adjoint, alors que la Syrie connaît une crise économique majeure et une propagation de la COVID-19.  Tout échec dans le renouvellement de ces opérations, vitales pour des millions de Syriens, infligerait morts et souffrances, a-t-il averti.

Quant au Nord-Est syrien, le Secrétaire général adjoint a indiqué que, près de cinq mois après la suppression du poste frontière de Yaroubiyé, les distributions d’articles médicaux de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ne sont pas parvenues aux centres qui dépendaient auparavant des livraisons transfrontalières.  Si des mesures ne sont pas prises pour une assistance satisfaisante par les lignes de front et si le Gouvernement syrien et les pays voisins ne consentent pas à des passages sûrs et logistiquement faisables par les postes frontière vers le Nord-Est, le Conseil devra autoriser l’ONU et ses partenaires à utiliser des points de passage supplémentaires, a argué M. Lowcock. 

La France a apporté son plein soutien au projet de résolution élaboré par l’Allemagne et la Belgique.  Oui, le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière est de nature temporaire et oui, les passages par les lignes de front gagnent en importance, mais ils sont loin de répondre aux besoins humanitaires, s’est expliquée l’Allemagne.  Se fondant sur « un impératif humanitaire et sur la décence humaine », les États-Unis ont demandé: « Ferons-nous ce qu’il faut pour sauver des vies ou laisserons-nous les gens mourir? »  La délégation a, à son tour, plaidé pour un « renouvellement complet » du mécanisme transfrontalier, en encourageant les autres à « ne pas reculer face à l’opposition de la Fédération de Russie ».

Encore une fois, a justement dit cette dernière, nous entendons des délégations nous dire que le mécanisme transfrontalier est la recette magique.  Ce mécanisme, a constaté la Fédération de Russie, est devenu un outil politique dont on se sert pour créer des divisions à l’intérieur de la Syrie.  Ce mécanisme, a-t-elle affirmé, est non seulement incompatible avec le droit international, mais il n’a non plus jamais fonctionné.  Il est utilisé comme un levier contre les lignes de front et comme un prétexte et une excuse pour ne pas s’engager sérieusement dans l’acheminement de l’aide humanitaire à partir du territoire syrien.  « Cela frôle le sabotage », s’est exclamée la Fédération de Russie.  Qu’en est-il, s’est-elle interrogée, de l’acheminement de l’aide par les lignes de front de Daret-Izza et d’Atareb, approuvé par Damas mais refusé par l’ONU sous prétexte que cela risque de propager le coronavirus des zones contrôlées par le Gouvernement vers Edleb?  Pourtant, à ce jour, l’on ne compte que 255 cas en Syrie, a rappelé la délégation.

La Syrie a aussi vu dans le projet de résolution la promotion des visées de gouvernements hostiles et une entorse à sa souveraineté, servies par des allégations politisées et les rapports fallacieux du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).  La Syrie a souligné que la résolution 2504 (2020) était une mesure « exceptionnelle et temporaire » prise au regard de circonstances « qui n’existent plus ».  La Directrice des politiques de « Physicians for Human Rights » s’en est offusquée: toutes les parties au conflit ont commis des violations, mais la destruction délibérée des établissements de santé, la criminalisation des soins de santé et le déplacement forcé de millions de personnes menés par le Gouvernement syrien n’ont pas d’équivalent.  La crise humanitaire en Syrie, a-t-elle assené, est inextricablement liée au comportement du Gouvernement syrien.

Après avoir jeté la représentante de l’ONG dans la catégorie des « faux témoins », la Syrie a demandé si la levée des sanctions qui frappent 24 millions de Syriens ne justifie pas une action immédiate de la part des coauteurs du projet de résolution.  Elle a été appuyée par l’Afrique du Sud, le Niger ou encore Saint-Vincent-et-les Grenadines, qui ont tous souhaité la suppression de ces restrictions.  Avec la Fédération de Russie, la Syrie a dénoncé la loi américaine César, qui prévoit de nouvelles sanctions et selon elle, encourage les tendances séparatistes et vise à instaurer une nouvelle réalité sur le terrain.  Les sanctions contre la Syrie, se sont justifiés les États-Unis, ne visent ni les médicaments ni la nourriture, mais le régime d’Assad.  Ils ont balayé les critiques contre la loi César comme une « propagande destinée à détourner l’attention des horreurs du régime ».  Acquiesçant, la Directrice des politiques de « Physicians for Human Rights » a averti: le Conseil de sécurité ne doit pas s’attendre à ce que le Gouvernement syrien, qui a déclenché l’une des pires crises humanitaires de notre temps, puisse décider du jour au lendemain de faciliter l’accès à l’aide, en toute bonne foi.

La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.

M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a indiqué que 256 cas de COVID-19 ont été enregistrés en Syrie, dont neuf décès.  Six cas ont été recensés dans le Nord-Est, dont un décès.  Le nombre de cas a été multiplié par quatre depuis ma dernière intervention, même si les chiffres demeurent bas, a-t-il dit, en mettant en garde contre tout optimisme, compte tenu des capacités limitées de dépistage.  M. Lowcock a indiqué que le système de santé syrien n’est pas prêt à faire face à une épidémie.  Il a cité l’exemple du Yémen qui a vu son système de santé, déjà dévasté par la guerre, s’effondrer face au virus.

Le Coordonnateur des secours d’urgence a détaillé les conséquences de la crise économique en Syrie, marquée par une augmentation des prix des produits de base, le panier de la ménagère ayant augmenté de 200% par rapport à l’an dernier, et par une dévaluation de 78% de la monnaie nationale.  Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 9,3 millions de personnes sont dans l’insécurité alimentaire, soit le nombre le plus élevé jamais enregistré en Syrie, tandis que 500 000 enfants de moins de 5 ans souffrent de retards de croissance.  Les Syriens sont à un point de non-retour, a-t-il affirmé.

Le Secrétaire général adjoint a noté les assurances données par les États-Unis et l’Union européenne selon lesquelles leurs régimes de sanctions ne visent pas les biens humanitaires et les médicaments.  Il a salué leur engagement à autoriser des dérogations pour l’aide humanitaire, avant de réitérer l’appel du Secrétaire général à une levée des sanctions pour ne pas saper la capacité des pays de faire face à la pandémie.

« Je suis très préoccupé par la situation dans le Nord-Ouest. »  M. Lowcock a estimé que 2,8 millions de personnes dans cette région, soit 70% de la population, ont besoin d’une aide humanitaire.  Les familles déplacées représentent deux tiers de la population actuelle, leur vaste majorité se trouvant dans des « sites de dernier recours », soit des camps qui ne répondent pas aux normes d’urgence en termes d’abri, d’approvisionnement en eau et d’assainissement.  Près de trois enfants de moins de 5 ans sur 10 souffrent d’un retard de croissance.

Grâce aux opérations transfrontalières, autorisées par le Conseil dans sa résolution 2504 (2020), au mois de mai, 1 781 camions d’aide humanitaire ont pu traverser la frontière depuis la Turquie pour le Nord-Ouest.  Cette aide, principalement alimentaire, peut couvrir les besoins de 1,3 million de personnes chaque mois.  Néanmoins, face aux besoins et au désespoir des Syriens, le Coordonnateur des secours d’urgence a estimé que l’assistance transfrontalière est très loin d’être suffisante.  Le Nord-Ouest continue de souffrir d’une crise humanitaire majeure et les opérations doivent être renforcées.  « Tout échec dans la prorogation de l’autorisation de ces opérations mettrait un terme aux activités de l’ONU et infligerait morts et souffrances. »

Il a indiqué que des efforts continuent d’être menés pour apporter une aide par les lignes de front dans le Nord-Ouest, tout en ajoutant qu’elle n’est pas comparable à l’assistance transfrontalière.  La poursuite de ces opérations transfrontalières exige le renouvellement pour 12 mois de l’autorisation de passer par les postes frontières de Bab el-Salam et Bab el-Haoua.  Si la capacité de transbordement de Bab el-Salam est moindre que celle de Bab el-Haoua, Bab el-Salam fournit un accès direct à certaines parties du nord d’Alep qui comptent l’une des plus grandes concentrations de déplacés dans le pays.  M. Lowcock a indiqué que 1,3 million de personnes vivent dans cette zone accessible depuis Bab el-Salam, dont 62% de déplacés.

Le Coordonnateur des secours d’urgence a précisé que l’opération humanitaire massive en Syrie fait que 5,5 millions de personnes ont bénéficié d’une aide lors des quatre premiers mois de 2020, y compris par les lignes de front vers le Nord-Est.  En raison de la détérioration de la situation économique, plus de 40 millions de dollars en liquide et en bons ont été distribués cette année à des personnes très vulnérables.  Mais, près de cinq mois après la suppression du poste frontière de Yaroubiyé, les distributions d’articles médicaux de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ne parviennent plus aux centres qui dépendaient auparavant des livraisons transfrontalières.  M. Lowcock a appelé à un accès transfrontière et par les lignes de front élargi pour assurer la poursuite de l’assistance humanitaire dans le Nord-Est.  « Si des mesures ne sont pas prises pour une assistance satisfaisante par les lignes de front et si le Gouvernement syrien et les pays voisins ne consentent pas à des passages sûrs et logistiquement faisables par les postes frontière vers le Nord-Est, le Conseil devra autoriser l’ONU et ses partenaires à utiliser des points de passage supplémentaires. »

M. Lowcock a appelé toutes les parties à faciliter l’accès humanitaire et souligné l’importance de l’assistance internationale, alors que se tient demain, à Bruxelles, la Conférence sur l’aide à apporter pour l’avenir de la Syrie et des pays de la région.  Il a noté que le 23 juin dernier, la Fédération de Russie a informé l’ONU qu’elle ne participera plus au système de notification humanitaire, qui permet à l’ONU et à ses partenaires de partager les informations avec les parties au conflit.  Qu’elles participent ou non à un tel système, les parties à un conflit demeurent liées par le droit humanitaire international, y compris les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution.

Alors que la résolution 2504 (2020) arrive à expiration dans 11 jours, le Coordonnateur des secours d’urgence a, en conclusion, insisté sur une nouvelle autorisation des opérations transfrontalières, « vitales », pour des millions de civils dans le Nord-Ouest.

Mme SUSANNAH SIRKIN, Directrice des politiques et conseillère principale de « Physicians for Human Rights », a expliqué que son organisation documente de manière rigoureuse des violations du droit international humanitaire en Syrie, depuis neuf ans, et que cela fait un peu moins d’un an qu’elle a informé le Conseil de sécurité des attaques contre les professionnels et les infrastructures de santé en Syrie.  La crise humanitaire en Syrie, a affirmé la Directrice des politiques, est aujourd’hui inextricablement liée au comportement du Gouvernement syrien.  Toutes les parties au conflit ont commis des violations, mais la destruction délibérée des établissements de santé, la « criminalisation » des soins de santé, les attaques contre les professionnels de la santé et le déplacement forcé de millions de femmes, d’hommes et d’enfants menés par le Gouvernement syrien n’a pas de d’équivalent, a estimé Mme Sirkin. 

Quand vous tuez un médecin, vous attaquez ses patients et quand vous bombardez un dispensaire, vous terrorisez une communauté, a-t-elle assené, après avoir précisé qu’aucun système de santé au monde n’a connu de telles attaques violentes et systématiques.  C’est la stratégie du Gouvernement syrien pour briser l’esprit des Syriens qui s’opposent à sa brutalité.  Mme Sirkin a indiqué que « Physicians for Human Rights » a documenté 595 attaques contre plus de 350 installations, ces neuf dernières années, ce qui constitue des crimes contre l’humanité.  Les Gouvernements syrien et russe, a-t-elle accusé, continuent cyniquement à bafouer les lois et les normes internationales pour leurs objectifs militaires.

L’impunité s’épanouit là où la diplomatie a échoué, a-t-elle a poursuivi, dénonçant le fait qu’aucune responsabilité n’a été établie pour la longue liste des crimes commis.  Le Conseil restera entaché par son échec à saisir la Cour pénale internationale (CPI) des crimes commis en Syrie.  Même si le chemin de la justice peut être long, nous savons que d’autres occasions se présenteront.  Les tribunaux nationaux à compétence universelle se saisissent déjà des nombreuses informations sur les violations graves des droits de l’homme. 

Mme Sirkin a expliqué que la population syrienne est plus exposée que les autres à l’épidémie de COVID-19, en raison des années de guerre et de privations.  L’irruption du virus dans les camps de déplacés et les centres urbains du nord-ouest et le nord-est de la Syrie n’est qu’une question de temps, a-t-elle prévenu.  Malgré l’aide humanitaire transfrontalière, les besoins humanitaires restent immenses et le système de santé est loin d’être suffisamment soutenu pour répondre efficacement à une grave épidémie.  La surpopulation, la malnutrition et les pénuries persistantes d’eau et d’assainissement, sans oublier le manque d’équipements et de personnel médicaux font que le virus se propagera probablement comme une traînée de poudre dans le Nord-Ouest.  Selon MedGlobal, la région ne compte plus que 0,14 médecin pour 1 000 personnes, contre 1,3 pour 1 000 dans le reste du pays.  La situation dans le Nord-Est est tout aussi critique et les pénuries dans une région qui accueille deux millions de personnes sont « vraiment choquantes ».  Les pénuries se sont aggravées depuis que le Conseil a supprimé le point de passage de Yaroubiyé, a alerté la Directrice qui a précisé que dans le Nord-Est, 11 établissements de santé courent le risque imminent de fermer ou d’interrompre certains services, tandis que 86 autres subissent une pénurie de kits de santé essentiels, fournis auparavant par l’ONU via Yaroubiyé.  Le Conseil, a-t-elle conseillé, ne devrait pas s’attendre à ce qu’un gouvernement « qui a déclenché et perpétué l’une des pires crises humanitaires de notre temps » puisse changer et décider du jour au lendemain de faciliter l’accès à l’aide, en toute bonne foi.

Les médecins et le personnel médical syriens sont épuisés physiquement et psychologiquement et manquent des ressources les plus élémentaires pour se protéger et soigner leurs patients.  Mme Sirkin a exhorté le Conseil à tout faire pour obtenir un accès humanitaire par tous les canaux disponibles et à renouveler la résolution sur l’aide transfrontalière.  Nous et nos ONG partenaires vous demandons de renouveler le mécanisme pour une période minimale de 12 mois et de rouvrir le point de passage de Yaroubiyé, supprimé en janvier dernier.  Au-delà de l’aide humanitaire, le Conseil, a conclu l’oratrice, ne doit ménager aucun effort pour étendre le cessez-le-feu existant et donner du répit aux professionnels syriens de la santé.  Placez l’humanité avant les postures politiques et cessez de jouer avec la vie et la santé des Syriens, a-t-elle martelé, en appelant à un ferme appui au cessez-le-feu national, « si urgent pendant la pandémie de COVID‑19 ». 

Également au nom de la Belgique, l’autre porte-plume des résolutions sur la situation humanitaire en Syrie, l’Allemagne a déclaré que la destruction des établissements de santé et le manque de professionnels de la santé constituent en cette période de pandémie une nouvelle catastrophe.  La délégation a remercié « Physicians for Human Rights » pour avoir réclamé l’établissement des responsabilités pour les crimes commis.  Nous devrions travailler ensemble pour limiter l’impact de la guerre sur les civils et améliorer les mécanismes de protection actuels comme le mécanisme de notification, a-t-elle poursuivi, en soulignant que ceux qui s’en retirent restent néanmoins soumis au droit international humanitaire.  Après neuf ans de guerre, s’est emportée l’Allemagne, l’irresponsabilité des autorités syriennes, la pandémie de COVID-19, son impact économique et la crise au Liban font que de plus en plus de Syriens sombrent dans la pauvreté.  Depuis le début de cette année, plus de 1,4 million de Syriens sont en insécurité alimentaire. 

Aujourd’hui et demain, les partenaires internationaux se réuniront à la Conférence « Bruxelles IV » et de nouvelles annonces seront faites pour soutenir l’avenir de la Syrie et de la région.  Demain, a affirmé l’Allemagne, les donateurs vont montrer que le monde n’oublie pas le peuple syrien.  Avec la Belgique, a rappelé l’Allemagne, nous sommes d’importants donateurs et nous demandons aux membres du Conseil de travailler « de bonne foi » pour renouveler les dispositions de la résolution 2504 (2020).  Elle a pris note des recommandations du Secrétaire général: le renouvellement pour 12 mois des dispositions de la résolution 2504 (2020) pour le nord-ouest de la Syrie, et une combinaison de points de passage transfrontalier et par les lignes de front, pour le Nord-Est.  Oui, a admis l’Allemagne, le mécanisme transfrontalier est de nature temporaire et oui, les passages par les lignes de front gagnent en importance.  Mais, a prévenu l’Allemagne, les passages par les lignes de front sont loin de répondre aux besoins humanitaires.  Le mécanisme transfrontalier garde donc toute sa pertinence, aujourd’hui et dans un avenir proche.  Ne nous laissons pas tromper par les considérations politiques ou militaires, a averti l’Allemagne.  Concentrons-nous sur l’essentiel, à savoir une assistance humanitaire « vitale ».  En sa capacité nationale, l’Allemagne a rappelé que, depuis 2012, elle a versé une enveloppe totale de 10 milliards de dollars pour la Syrie, dont 1,6 milliard l’année dernière.  Les besoins allant en s’accroissant, nous en tiendrons compte à la Conférence de Bruxelles, a-t-elle promis, non sans souligner qu’elle abrite plus de 700 000 réfugiés syriens.  Notre aide est purement humanitaire et c’est la seule raison pour laquelle nous sommes totalement prêts à renouveler les dispositions de la résolution 2504 (2020), a conclu l’Allemagne. 

Pour l’Indonésie, les efforts pour sauver des vies en Syrie doivent se poursuivre.  La délégation a estimé, comme le Secrétaire général, qu’une réponse transfrontalière soutenue et à grande échelle est nécessaire pour répondre aux énormes besoins humanitaires dans le nord-est du pays.  Il est donc nécessaire, comme recommandé par le Secrétaire général, de renouveler l’autorisation de passer les frontières pour une période supplémentaire de 12 mois, afin de garantir la poursuite de l’aide.  L’Indonésie a encouragé tous les membres du Conseil à trouver un résultat consensuel et à sauver ainsi des vies humaines.  Elle a aussi encouragé l’ONU à continuer de travailler avec ses partenaires et les autres parties concernées pour garantir le principe de responsabilité et le Mécanisme de surveillance des Nations Unies.  L’Indonésie a en outre souligné l’importance d’atténuer les conséquences de la fermeture de Yaroubiyé.  Elle a prié les membres du Conseil de discuter sagement de cette question en prenant en compte les millions de gens qui sont dans le besoin en Syrie.  Enfin, la délégation a mis l’accent sur l’urgence d’aider les groupes vulnérables face à la pandémie de COVID-19. 

La République dominicaine a estimé que le rôle le plus important du Conseil de sécurité, dans le contexte syrien, est de faciliter le travail des acteurs humanitaires, « ces véritables héros ».  La délégation a invité le Conseil à prendre un moment de réflexion pour voir comment agir, « sans autre préoccupation que les besoins de la population », sans considération politique, sans aucune approche transactionnelle, sans négociation.  « Est-ce si difficile? » a demandé la République dominicaine, faisant valoir qu’avec une telle approche, il serait facile de protéger les services que les Syriens reçoivent par le biais du mécanisme transfrontalier. 

Grâce à ce mécanisme, a souligné la délégation, l’ONU a pu aider 56 974 ménages, avec un soutien à la sécurité alimentaire, aux moyens de subsistance et à l’agriculture et à l’élevage.  Assurer la continuité de la production alimentaire et la disponibilité à moindre coût des produits agricoles et des aliments d’origine animale est une contribution importante à la prévention de la malnutrition, en particulier chez les enfants et les femmes.  Pour la République dominicaine, il n’y a pas d’alternative au mécanisme transfrontalier, du moins, « pas avant que nous puissions être assurés que l’accès transfrontalier est maintenu à la fois dans le Nord-Ouest et le Nord-Est », a-t-elle assuré.  Il faut que l’accès transfrontalier soit évalué de manière indépendante et impartiale et qu’une assistance humanitaire fondée sur des principes soit véritablement assurée.

Ce n’est qu’à ce moment-là que nous pourrons passer à une approche où toutes les modalités se complètent.  Compte tenu de l’impact potentiel du coronavirus dans le Nord-Est, la délégation a jugé qu’une nouvelle autorisation temporaire du point de passage de Yaroubiyé est nécessaire.  De même, elle a estimé qu’il faudrait travailler au renouvellement, pour 12 mois, du mécanisme d’assistance transfrontalière dans le Nord-Ouest.

L’Estonie a estimé encourageant que le nombre de cas de COVID-19 n’ait pas « explosé » en Syrie, tout en reconnaissant qu’en raison du manque de dépistages, les chiffres ne sont pas représentatifs et la situation peut évoluer en l’espace de quelques jours.  Un accès sans entrave aux camps de déplacés est essentiel pour assurer une réponse effective à l’irruption de COVID-19 et aux besoins humanitaires, a-t-elle dit. 

La délégation s’est ensuite inquiétée du retrait potentiel de la Fédération de Russie du mécanisme de déconfliction de l’ONU, appelant le pays à reprendre sa coordination avec l’ONU sur le terrain dans le cadre de ce mécanisme.  « Mieux vaut 10 années de négociation qu’un seul jour de guerre. »  Elle a appuyé les efforts des porte-plume humanitaires pour renouveler le mandat transfrontière, soulignant que les modalités transfrontières et par-delà les lignes de front sont nécessaires pour atteindre l’ensemble des Syriens.

La délégation s’est également préoccupée de la situation dans le nord-est du pays, relevant que seulement un tiers des centres avaient reçu les équipements et médicaments nécessaires, comparé à l’an dernier.  Une solution durable est nécessaire et la réautorisation du point de passage de Yaroubiyé pour les livraisons transfrontières est la réponse la plus efficace, a-t-elle affirmé tout en estimant que d’autres alternatives doivent être envisagées.  Elle a par ailleurs indiqué que les sanctions imposées par l’Union européenne (UE) visent à contraindre le régime à choisir la paix, soulignant que l’UE et les États-Unis assurent environ 90% du financement de l’action de l’ONU en faveur des Syriens.

Encore une fois, nous discutons de la situation humanitaire en Syrie et encore une fois, nous entendons certaines délégations vous dire que le mécanisme transfrontalier est la « recette magique » aux problèmes, s’est impatientée la Fédération de Russie.  Ce mécanisme, a-t-elle constaté, est devenu un outil politique dont se servent certains pour créer des divisions à l’intérieur de la Syrie.  Ce mécanisme, a affirmé la Fédération de Russie, est non seulement incompatible avec le droit international et les principes humanitaires, mais il n’a non plus jamais fonctionné, conformément à la résolution 2165 (2014).  Ce mécanisme, a-t-elle poursuivi, est utilisé comme un levier contre les lignes de front et comme un prétexte et une excuse pour ne pas s’engager sérieusement dans l’acheminement de l’aide humanitaire à partir du territoire syrien.  « Cela frôle le sabotage. »

Après la défaite des terroristes dans l’ouest d’Alep, comment l’OCHA compte-t-il s’y prendre pour contribuer au développement de cette partie de la Syrie?  Peut-on obtenir plus d’informations sur l’acheminement de l’aide par les lignes de front de Daret-Izza et d’Atareb, dans le nord-ouest de la Syrie, lequel passage a été approuvé par Damas mais refusé par l’ONU sous prétexte que cela risque de propager le coronavirus des zones contrôlées par le Gouvernement vers Edleb?  Pourtant, à ce jour, l’on ne compte que 255 cas en Syrie, a rappelé la délégation. 

Qu’en est-il du camp de Roukban dans le Nord-Est? a-t-elle poursuivi.  Peut-on en savoir plus sur les cinq camions qui ont livré des marchandises dans le marché local?  L’OCHA peut-il faire une évaluation de l’impact du « Caesar Act » de l’Administration américaine sur la situation humanitaire en Syrie ?  Et n’essayez pas, a prévenu la Fédération de Russie, de nous convaincre que les sanctions unilatérales et les mesures coercitives imposées par les pays occidentaux n’affectent pas les efforts humanitaires.  « Ces assurances sont hypocrites et les dérogations ne fonctionnent pas. » 

Passant à la conférence des donateurs de Bruxelles, la Fédération de Russie a voulu savoir qui sont en réalité les bénéficiaires des chiffres « impressionnants » qui figurent dans le rapport financier de la Commission européenne.  Après avoir douté du bien-fondé d’une conférence à laquelle la Syrie n’est pas invitée, elle s’est attardée sur le mécanisme de déconfliction, « un arrangement volontaire qui n’a ni le mandat du Conseil de sécurité, ni aucune autre base juridique ».  L’une de ses principales lacunes est d’ailleurs, a estimé la Fédération de Russie, que les informations fournies par l’OCHA proviennent de sources « inconnues, non identifiées et non vérifiées ».  Or l’enquête russe a prouvé à plusieurs reprises que certains des sites de la zone de déconfliction sont en fait utilisés comme des quartiers généraux ou des cachettes par les terroristes.  On ne peut donc leur reconnaître un quelconque statut humanitaire.  En septembre dernier, a rappelé la Fédération de Russie, nous avons organisé, à l’intention des médias au Siège des Nations Unies, une manifestation spéciale pour démontrer par des faits les lacunes de ce mécanisme.

Elle a dit ne pas comprendre non plus pourquoi le Gouvernement syrien n’est pas directement partie au mécanisme car l’OCHA devrait régler la question des sites de déconfliction avec ce dernier.  Concluant, la Fédération de Russie a assuré qu’elle respecte et continuera de respecter ses obligations en vertu du droit international humanitaire.  Notre armée, s’est-elle expliquée, utilise un système efficace de vérification des cibles qui exclut la possibilité de cibler des infrastructures civiles, « ce qui devrait rassurer ceux qui craignent que les livraisons humanitaires en Syrie ne deviennent des cibles ».  Il faut, s’est une nouvelle fois impatientée la Fédération de Russie, dépolitiser le dossier humanitaire syrien et d’ailleurs le dossier syrien tout entier, et veiller à ce que l’aide humanitaire soit acheminée conformément aux principes humanitaires.

Saint-Vincent-et-les Grenadines s’est inquiétée de la situation humanitaire désastreuse en Syrie, aggravée par la pandémie de COVID-19.  L’ampleur et la complexité de la crise continuent de démontrer le besoin urgent d’intensifier la réponse humanitaire, a-t-elle noté.  À cet égard, la délégation a réitéré son appui aux modalités d’accès les plus optimales pour garantir l’acheminement rapide, ininterrompu et direct de l’aide humanitaire à tous ceux qui en ont besoin.  Elle s’est également inquiétée de la détérioration rapide de la situation économique, estimant que la Syrie ne peut pas continuer à résister aux pressions des sanctions unilatérales, qui sapent la réponse à la pandémie de COVID-19 et les efforts d’atténuation menés par le pays.  « Il faut lever les mesures coercitives unilatérales pour aider le pays à faire face aux défis apparemment insurmontables. »

Concernant le ravitaillement en eau, Saint-Vincent-et-les Grenadines a demandé aux parties d’assurer un débit d’eau soutenu pour les civils dans le besoin.  Dans le nord de la Syrie, a ajouté la délégation, la menace représentée par les groupes terroristes nécessite des opérations de lutte contre le terrorisme coordonnées et ciblées.  Saint-Vincent-et-les Grenadines a rappelé, toutefois, que ces efforts doivent respecter pleinement les obligations découlant du droit international.  Le bien-être du peuple syrien est primordial et « nous exhortons vivement les parties au conflit à continuer de faire preuve d’un maximum de retenue et à désamorcer les tensions ».  Le cessez-le-feu dans le Nord-Ouest doit être préservé et la cessation des hostilités à l’échelle nationale doit être poursuivie, a ajouté la délégation.

La Chine a déclaré que les sanctions sont la principale cause de la crise économique et humanitaire syrienne, avant de rappeler l’appel du Secrétaire général en vue de leur levée afin de ne pas saper la capacité du pays face à la pandémie.  Les pays de la région sont également préoccupés par ces sanctions, qui affectent d’ores et déjà l’économie régionale.  « Nous exhortons de nouveau fermement les pays concernés à lever ces sanctions. »  La Chine a mentionné les études convaincantes, y compris celle du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), sur les conséquences humanitaires de ces sanctions.  Celles-ci et le blocus économique conduisent à un taux de chômage accru et à une diminution des revenus des ménages, a-t-elle argué.  Elle a appelé l’OCHA à prêter une plus grande attention aux conséquences négatives desdites sanctions et à en informer le Conseil. 

La délégation a ensuite salué les progrès accomplis s’agissant des opérations humanitaires au travers des lignes de front.  Les agences de l’ONU et les parties concernées devraient davantage se concentrer sur la levée des obstacles qui entravent de telles opérations et travailler avec le Gouvernement syrien afin d’utiliser les postes frontière placés sous son contrôle, avec son consentement.  S’agissant de l’assistance transfrontalière, la Chine a indiqué qu’il y a encore des besoins en Syrie pour une telle aide, tout en notant les différentes positions sur le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière.  Toute décision de ce Conseil devra respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie, a déclaré la Chine.  Enfin, la délégation a apporté son soutien à un processus politique dirigé et contrôlé par les Syriens.

Les États-Unis ont rappelé que le mandat du mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière expirera dans seulement 11 jours, en insistant sur l’importance de la décision du Conseil à ce sujet pour des millions de personnes dans toute la Syrie.  La question est simple, selon la délégation: « Ferons-nous ce qu’il faut et sauverons-nous des vies, ou laisserons-nous mourir les gens? »  La délégation a répondu en plaidant pour l’utilisation continue par l’ONU des points de passage de Bab el-Haoua et Bab el-Salam pendant 12 mois, la prolongation du mandat de la résolution 2504 (2020) pendant 12 mois et la réouverture temporaire du passage de Yaroubiyé dans le Nord-Est pour empêcher la propagation de la COVID-19.  La position des États-Unis est fondée sur « un impératif humanitaire et sur la décence humaine ».  Après avoir reproché au « régime de Al-Assad et à ses alliés » de ne pas avoir rempli leurs responsabilités fondamentales lors de la guerre contre le peuple syrien, elle les a accusés d’avoir fait de l’aide humanitaire une arme pendant près d’une décennie.  La délégation a dénoncé les « tactiques méprisables du régime » qui limitent fortement les efforts internes d’assistance menées par les Nations Unies, en particulier dans le nord-est de la Syrie, à Roukban et à Rif-Damas.  Seule une poignée de convois transfrontaliers ont atteint le nord-est de la Syrie depuis janvier, tandis que les déplacés du camp de Roukban ont été privés pendant des mois d’aide alimentaire et d’autres fournitures de l’ONU, ont affirmé les États-Unis.

Étant donné que le « régime d’Assad » ne permettra pas à l’ONU d’apporter des médicaments et de fournitures médicales via le mécanisme transfrontalier, le point de passage de Yaroubiyé reste l’option la plus viable et la plus efficace, a fait valoir la délégation.  Sa fermeture sape la réponse de l’ONU et la réponse de tous les acteurs qui dépendent des fournitures importées par l’ONU, a-t-elle regretté ajoutant qu’on ne saurait confondre les livraisons ponctuelles et les approbations ponctuelles de Damas avec de réels progrès vers l’amélioration et la pérennité de l’accès humanitaire.  L’ONU continue de dire que les livraisons sont insuffisantes et que de grands écarts subsistent entre ce dont des millions de Syriens ont besoin et ce que Damas approuve, ont rappelé les États-Unis qui ont invité à agir conformément à l’évaluation de l’ONU.  « Il est essentiel de rétablir l’accès transfrontalier par le point de passage de Yaroubiyé, pour rendre les livraisons transfrontalières plus régulières et impartiales sans dépendre des caprices du régime meurtrier de Damas. »

Les États-Unis ont regretté que la Fédération de Russie ait mis fin à son accord de déconfliction avec l’ONU, estimant que cela met en danger la vie de millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie et entrave davantage la fourniture de l’assistance des Nations Unies.  À leurs yeux, la décision de la Russie est totalement inacceptable et vise à ériger de nouveaux obstacles à l’acheminement de l’aide humanitaire, mettant ainsi gravement en danger la sûreté et la sécurité des humanitaires sur le terrain.  « Nous sommes choqués que la Russie prenne une mesure aussi dangereuse », a déclaré la délégation.

Répondant « franchement » aux accusations selon lesquelles les sanctions américaines en vertu de la loi César saperaient l’accès humanitaire en Syrie, la délégation y a vu une « propagande destinée à détourner l’attention des horreurs du régime d’Assad et de sa mauvaise gestion économique irresponsable ».  La loi César et les sanctions contre la Syrie ne visent pas les médicaments ni la nourriture, a-t-elle précisé affirmant qu’elles « visent le régime d’Assad, et pas le peuple syrien ».

Le Gouvernement des États-Unis continuera de travailler en étroite collaboration avec les organisations internationales et la communauté humanitaire pour éliminer tout obstacle potentiel posé par ses sanctions, a rassuré la délégation, avant de rappeler être le plus grand donateur humanitaire en Syrie, avec 10,6 milliards de dollars d’aide humanitaire aux Syriens déplacés et touchés par le conflit à l’intérieur et à l’extérieur du contrôle du régime et dans toute la région.  La loi César ne change rien à cela et les États-Unis continueront à apporter leur soutien par le biais de leurs divers partenaires internationaux et syriens, a précisé la délégation.

« Comment pouvez-vous regarder la situation en Syrie et ne pas plaider pour un renouvellement complet du mécanisme transfrontalier pour le nord-ouest et le nord-est du pays? » a demandé la délégation américaine aux autres membres du Conseil.  « Comment pouvons-nous négocier avec la vie et la santé des Syriens?  Cela n’a tout simplement pas de sens », a-t-elle conclu.  C’est la raison pour laquelle l’Administration Trump compte sur tout le monde pour répondre à cet appel, a précisé la délégation, et elle exhorte tous les membres du Conseil à se tenir à ses côtés et à ne pas faire marche arrière face à l’opposition de la Fédération de Russie « qui agit pour protéger ses intérêts politiques et militaires dans la région ».

Le Niger s’est dit préoccupé par les informations faisant état d’une situation humanitaire inacceptable des femmes et des enfants victimes des combats entre groupes armés, et des nombreuses personnes détenues par les deux côtés.  Dans ce contexte, le Niger s’est fait l’écho de l’appel lancé par le Secrétaire général aux belligérants pour qu’ils communiquent des informations sur le sort des détenus à leur famille dans un délai raisonnable.  Le Niger a aussi réitéré son soutien à l’appel lancé le 18 mai par l’Envoyé spécial pour une libération massive et unilatérale des détenus ainsi que la clarification des cas de personnes disparues. 

Le Niger a précisé que la détérioration de l’économie syrienne du fait de la guerre et la récente dévaluation de la livre syrienne compliquent encore les conditions de vie déjà précaires de la population.  Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 9,3 millions de personnes sont désormais considérées en situation d’insécurité alimentaire en Syrie, a relevé le Niger avant d’appeler à des mesures urgentes pour garantir l’accès à la nourriture, aux fournitures médicales essentielles et à l’assistance médicale dans le cadre de l’épidémie de COVID-19.  Le Niger a aussi fait écho à l’appel lancé par le Secrétaire général en mars dernier pour la suspension des « sanctions économiques » imposées à la Syrie. 

Il a exhorté le Conseil de sécurité à trouver une solution permanente et sûre au problème de l’acheminement de l’aide humanitaire dans le nord-est et le nord-ouest de la Syrie.  En attendant, le mécanisme transfrontalier reste la seule bouée de sauvetage pour des millions de Syriens, a insisté le Niger avant d’appeler au renouvellement de la résolution 2504 (2020), « sur une base consensuelle et non politisée ».

L’Afrique du Sud a réitéré son appel à la fin des hostilités en Syrie et à l’acheminement sûr, sans entrave et impartial de l’aide humanitaire.  Les enfants nés au cours de la dernière décennie, a-t-elle rappelé, n’ont pas connu la paix.  Ils n’ont connu que la guerre et la dévastation.  L’Afrique du Sud s’est aussi dite préoccupée par le nombre de personnes qui vivent dans l’insécurité alimentaire, soit 9,3 millions au cours de ces six derniers mois.  Elle a appelé à rechercher un règlement pacifique du conflit, ce qui nécessite la cessation des hostilités.  La situation ne peut être résolue que par la négociation et le dialogue, a souligné l’Afrique du Sud, en exhortant les parties à mettre en œuvre la résolution 2254 (2015).  La propagation de la COVID-19 reste une menace en Syrie.  La délégation sud-africaine a d’ailleurs estimé que les sanctions unilatérales ont aggravé la détérioration de la situation économique et humanitaire de la Syrie.  L’impact escompté de ces sanctions, qui n’est certainement pas de régler le conflit, doit être remis en question, a dit l’Afrique du Sud pour qui les mesures adoptées par la communauté internationale et les différents États Membres doivent viser à sauver la vie et à améliorer la situation humanitaire, sans ajouter aux problèmes. 

La délégation s’est aussi dite préoccupée par l’intensification sporadique de la violence entre et au sein des groupes armés et par les informations faisant état de vastes étendues de terres agricoles incendiées, aggravant encore l’insécurité alimentaire.  Elle a dénoncé la détention des personnes, y compris des femmes et des enfants, et a appelé les parties au conflit à respecter les droits de l’homme et le droit international humanitaire, à libérer les civils détenus, dont les personnes infectées par la COVID-19.  Toutes les mesures de lutte contre le terrorisme doivent respecter le droit international humanitaire et les droits de l’homme, a insisté l’Afrique du Sud.

Le Viet Nam s’est inquiété des chiffres inquiétants du rapport du Secrétaire général.  Il est encourageant, a—t-il dit, de voir que l’accord de cessez-le-feu continue de s’appliquer dans le Nord-Ouest.  Face à la gravité de la situation humanitaire, le Viet Nam a appelé le Gouvernement syrien, qui a la responsabilité principale en la matière, de continuer à intensifier sa coopération avec l’ONU et les autres parties concernées pour améliorer la réponse humanitaire, en particulier dans le Nord-Est.  Le Viet Nam a réitéré son appel à la communauté internationale pour qu’elle accroisse encore son soutien humanitaire à la Syrie et pour faciliter cet important travail, il a réitéré son soutien à l’appel du Secrétaire général et de son Envoyé spécial pour un cessez-le-feu dans toute la Syrie.  Le Viet Nam a exhorté toutes les parties à tenir compte de cet appel et à suspendre toutes les hostilités en cours pour créer les conditions les plus favorables à une aide humanitaire durable et sans entrave.  Le Viet Nam a aussi jugé important de s’assurer que la capacité de réponse à l’épidémie de COVID-19 de la Syrie ne soit affectée par aucun type de sanctions.  La condition préalable d’une solution durable à tous les problèmes humanitaires en Syrie réside dans une solution politique globale au conflit.  Le Viet Nam a souligné l’importance d’un processus dirigé et contrôlé par les Syriens conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité, aux principes fondamentaux du droit international et de la Charte des Nations Unies, y compris l’égalité souveraine entre États, le respect de l’intégrité territoriale et la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.

La France a indiqué que la pandémie de COVID-19 ne cesse d’accroître les besoins humanitaires, de même que la crise économique en Syrie, « qui résulte de la corruption et d’une gestion désastreuse, dans un pays où plus de 11 millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire ».  Elle a demandé un cessez-le-feu national, immédiat et durable, sous l’égide des Nations Unies, le jugeant indispensable alors que la trêve russo-turque au Nord-Ouest reste fragile.  Rappelant que le respect du droit international humanitaire est une obligation qui s’impose à toutes les parties, la délégation a vivement regretté la décision de la Fédération de Russie de se retirer du mécanisme de déconfliction.

Elle a estimé que le mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière n’a jamais été aussi indispensable, tant au Nord-Ouest qu’au Nord-Est.  « L’aide crossline est largement insuffisante pour répondre aux besoins, dans tous les cas, elle n’offre pas toutes les garanties nécessaires d’impartialité et de transparence. »  Un renouvellement pour 12 mois du mécanisme transfrontalier, comme le demande le Secrétaire général, est donc indispensable, a poursuivi la France, en apportant son plein soutien au projet de résolution élaboré par l’Allemagne et la Belgique. 

Ce projet prévoit notamment la réouverture pour une première période de six mois du point de passage à Yaroubiyé, qui répond pleinement à ces impératifs humanitaires.  La France a appelé l’ensemble des membres du Conseil à faire preuve d’unité et de responsabilité et à cesser d’instrumentaliser l’aide humanitaire.  « Ne prenons pas la population syrienne en otage. »  La délégation a en outre rappelé que l’Union européenne et ses États membres sont les principaux contributeurs de l’aide humanitaire, quels que soient ses bénéficiaires, avec plus de 18 milliards d’euros alloués au peuple syrien depuis 2011.  « La Conférence Bruxelles IV le confirmera à nouveau. »  En conclusion, la mission a déclaré que tant qu’un processus politique crédible n’est pas fermement engagé, la France et l’Union européenne ne financeront pas la reconstruction de la Syrie.  Vous connaissez nos positions sur la levée des sanctions et la normalisation.  Elles restent inchangées, a souligné la France.

La République arabe syrienne a fustigé ces gouvernements qui s’érigent en parangons de l’humanité mais qui ont ignoré l’appel lancé par le Secrétaire général en vue de la levée de mesures coercitives unilatérales, se hâtant au contraire de les renforcer.  La levée de ces mesures qui frappent 24 millions de Syriens ne justifie-t-elle pas une action immédiate de la part de ces soi-disant porte-plume humanitaires?  Au lieu de cela, nous assistons aujourd’hui, comme lors des autres séances de ce Conseil, à des fiévreux efforts de promouvoir de fausses accusations et allégations et des tentatives, vouées d’ailleurs à l’échec, de se dédouaner de toute responsabilité dans le terrorisme économique et le châtiment collectif infligés à millions de civils syriens.

La Syrie s’est demandé comment une personne saine d’esprit peut croire que l’Allemagne et la Belgique, en tant que porte-plume humanitaires, ainsi que les États-Unis, la France et le Royaume-Uni s’inquiètent véritablement de la situation humanitaire des Syriens, alors qu’ils les ciblent et s’en prennent à leurs moyens de subsistance, à leur accès aux soins, à leur sécurité et aux ressources de leur pays.  Ces pays appuient en outre l’occupation américano-turco-israélienne de certaines parties de la Syrie.  Pour les hommes et les femmes libres de ce monde, il est extrêmement triste de voir que ces pays jouent les rôles de juges, de jurés et de bourreaux au sein de ce Conseil.

La Syrie a indiqué que certains membres de ce Conseil sont dans l’incapacité de jouer un rôle positif chez elle.  Ils sont assujettis aux caprices et aux ambitions de l’Administration américaine et appuient « les crimes et ambitions expansionnistes d’Erdogan contre la Syrie, l’Iraq, l’Égypte, la Libye, la Tunisie, l’Arménie, la Grèce et Chypre ».  « Nous voulons être très clairs: si certains rêvent de répéter chez nous l’expérience de l’occupation turque de certaines parties de Chypre depuis 1974, nous l’empêcherons, même si l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) appuie Erdogan », a prévenu la Syrie.

Une nouvelle fois, les porte-plume élaborent un projet de résolution pour étendre les activités transfrontalières, a poursuivi la mission, qui a rappelé son rejet de tels textes qui s’écartent des objectifs de l’assistance humanitaire selon la résolution 46/182 de l’Assemblée générale.  De telles résolutions promeuvent les visées de gouvernements hostiles et empiètent sur la souveraineté et l’intégrité territoriale de notre sol, en s’appuyant sur les allégations politisées et les rapports fallacieux de l’OCHA.  La Syrie a aussi estimé que de telles résolutions ignorent les « efforts humanitaires colossaux » de son gouvernement et de ses partenaires, en coopération avec ses alliés.

La résolution 2504 (2020) était une mesure « exceptionnelle et temporaire » prise par le Conseil de sécurité au regard de circonstances qui n’existent plus.  Sa pérennité ne peut être envisagée et elle ne peut pas être renforcée par l’ajout de postes frontière qui confortent l’occupation et menacent l’intégrité et l’unité du territoire syrien.  L’OCHA peut opérer à partir du sol syrien et utiliser les postes frontière qui ont été officiellement approuvés, y compris ceux de Kamal et Nassen, ainsi que les aéroports d’Alep et de Qamichli.  Plutôt que perdre son temps sur les rapports mensongers de l’OCHA, le Conseil, a conseillé la Syrie, doit remédier aux causes profondes de la crise, à savoir mettre un terme à l’occupation turco-américaine, appuyer les efforts antiterroristes de l’État syrien et de ses alliés et lever les sanctions.  Elle a indiqué que la loi César, qui exclut le nord-est du pays de son champ d’application, encourage les tendances séparatistes et vise à créer de nouvelles réalités sur le terrain. 

Les conférences de Bruxelles, a conclu la Syrie, ne sont rien d’autre que des machines de propagande visant à promouvoir les ambitions des pays qui les organisent.  Elle a exhorté l’ONU à ne pas y participer afin de préserver son impartialité.  Elle a estimé que le fait que le Conseil invite de « faux témoins » ne sert en rien ses intérêts.

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