Le Conseil de sécurité examine la situation au Soudan du Sud marquée par l’engagement des parties de former un gouvernement provisoire d’union nationale
Après avoir entendu un exposé, ce matin, sur l’évolution de la situation politique et humanitaire, sur les conditions de sécurité et la situation des droits de l’homme, ainsi que sur les travaux de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) du 1er décembre 2019 au 15 février 2020, les membres du Conseil ont unanimement salué la décision des parties de former un gouvernement provisoire d’unité nationale, ainsi que la prestation de serment des vice-présidents intervenue le 22 février.
En visioconférence depuis Djouba, M. David Shearer, Représentant spécial pour le Soudan du Sud, s’est félicité de l’évolution positive de la situation politique. Il a salué le courage du Président Salva Kiir qui, contre l’avis de nombre de ses partisans, a proposé de faire revenir le Soudan du Sud à un système fédéral de 10 États, sur les positions d’avant 2015, tout en ajoutant trois zones administratives. « C’est sur cette base que M. Riek Machar a accepté de participer à un gouvernement de transition à Djouba en tant que Premier Vice-Président et ce, bien que le dispositif transitoire de sécurité ne soit pas encore en place », a ajouté M Shearer.
« Nous parlons souvent de courage en temps de guerre. Mais la paix requiert du courage elle aussi », a-t-il fait valoir, évoquant un sentiment de soulagement dans tout le pays. Les parties négocient à présent la répartition des portefeuilles ministériels, tandis que, grâce aux efforts de médiation de la Communauté de Sant’Egidio, les groupes non signataires se sont engagés le mois dernier à cesser les hostilités. Le retour à Rome la semaine prochaine vise à intégrer ceux-ci dans l’Accord, a encore indiqué le Représentant spécial.
Les délégations, dans leur ensemble, ont salué l’esprit de compromis entre le Président Kiir et le chef de l’APLS dans l’opposition, Riek Machar, ainsi que l’engagement de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et des pays de la région, de l’Union africaine et de plusieurs acteurs internationaux pour parvenir à ce résultat, après un conflit « qui a fait 4 millions de déplacés, 40 000 morts et 7,5 millions de personnes dans le besoin d’aide humanitaire », comme l’a rappelé le représentant du Royaume-Uni.
« Si une étape vient d’être franchie, le chemin qui doit mener à l’édification d’une paix durable est encore long », a souligné la représentante de la France, en rappelant que les parties doivent encore nommer des ministres, des gouverneurs et des membres du corps législatif.
Si le délégué de l’Allemagne a appelé à la prudence en rappelant que nous sommes dans un scénario similaire à celui de 2016, son homologue du Niger a noté « qu’il n’y a pas de petits pas sur le chemin de la paix », avant de saluer l’appel du Président Kiir « au pardon et à la réconciliation entre tous les fils du pays ».
Pour la première fois depuis quelque temps, il y a de vraies raisons d’être optimiste dans ce dossier, a estimé la représentante de la Belgique en faisant remarquer qu’une étape cruciale a été franchie: il est maintenant temps de s’attaquer aux nombreux défis restants. Parmi ceux-ci, elle a cité l’unification des forces armées, l’instauration d’un véritable dialogue politique, l’établissement d’instruments pour la justice transitionnelle, ainsi que le rapprochement avec les parties non signataires de l’accord de paix. Toujours au titre des défis, le représentant de l’Estonie a noté que la MINUSS a été empêchée d’agir contre des violences à 46 reprises en raison de restrictions de mouvement imposées par le précédent Gouvernement. Il a donc exhorté les dirigeants du Soudan du Sud à faire face au problème de violations de l’accord sur le statut des forces.
Malgré l’évolution politique qui semble sur la bonne voie, les délégations se sont inquiétées de la situation humanitaire qui touche 7,5 millions de personnes, alors que 5,3 millions de Sud-Soudanais sont en crise ou à un niveau d’insécurité alimentaire alarmant selon le Programme alimentaire mondial (PAM). On prévoit en outre que 1,3 million d’enfants vont souffrir de malnutrition aiguë en 2020. Enfin, d’aucuns ont souligné la persistance dans le pays de la violence intercommunautaire, de la violence sexuelle et de la criminalité: la MINUSS fait état de 150 personnes qui sont chaque mois tuées, blessées, enlevées ou victimes de violences sexuelles.
Intervenant au nom de la société civile, Mme Betty Sunday, Coordinatrice du Forum mensuel des femmes sur le processus de paix et le processus politique au Soudan du Sud, a exhorté le Gouvernement à lutter contre l’impunité notamment par l’opérationnalisation des mécanismes de justice transitionnelle, comme la création du Tribunal mixte de l’Union africaine pour le Soudan du Sud. Elle a appelé le Conseil de sécurité à veiller à ce que les individus figurant sur la liste des sanctions internationales ne fassent pas partie du nouveau Gouvernement et à aider à réaliser la promesse « durement négociée » du quota de 35% de femmes dans le nouveau Gouvernement. À cet égard, le représentant des États-Unis a rappelé le rôle central de la MINUSS pour assurer la stabilité du Soudan du Sud. Lors du prochain renouvellement de son mandat, il faudra donner à la Mission les outils nécessaires pour assurer la paix et faire face aux violences, a-t-il prôné. Son homologue de l’Allemagne s’est dit favorable à un mandat qui mettrait l’accent sur la protection des civils et la mobilité des Casques bleus.
La délégation allemande a aussi parlé du régime de sanctions qui affecte le Soudan du Sud et exprimé sa réticence, pour l’instant, à lever celles-ci, tout en invitant à se demander s’il est à jour. Le Conseil doit procéder à une évaluation de ce régime afin de l’adapter à la situation sur le terrain, a tranché la délégation russe. Le représentant du Soudan du Sud a renchéri en disant que si les mains du nouveau Gouvernement sont liées par les sanctions, les progrès risquent d’être lents. Le délégué sud-soudanais a conclu en soulignant le caractère indispensable de l’aide de la communauté internationale pour que l’accord de paix tienne.
« Après six années difficiles », les partenaires internationaux doivent investir plus que jamais au Soudan du Sud, a-t-il demandé en donnant l’exemple des investissements annoncés par l’Allemagne pour financer des projets de développement économique.
RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD - S/2020/145
Déclarations
Une fois n’est pas coutume, les derniers développements au Soudan du Sud sont positifs et permettent au pays de progresser sur la voie d’une paix durable, a observé M. DAVID SHEARER, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud, en débutant son exposé, en visioconférence depuis Djouba. Le 15 février, a-t-il rappelé, le Président Salva Kiir, contre l’avis de nombre de ses partisans, a proposé de faire revenir le Soudan du Sud à un système fédéral de 10 États, sur les positions d’avant 2015, tout en ajoutant trois zones administratives. Sur cette base, le Dr Riek Machar a accepté de participer à un gouvernement de transition à Djouba en tant que Premier Vice-Président, et ce, bien que le dispositif transitoire de sécurité ne soit pas encore en place. Quatre Vice-Présidents ont ainsi pu être investis lors d’une cérémonie à laquelle assistaient de hauts responsables du Soudan, du Soudan du Sud, de l’Afrique du Sud et de l’Ouganda, a-t-il précisé, ajoutant que le cinquième Vice-Président a pu être investi le lendemain. Saluant le soutien apporté à ce processus par le Président Museveni de l’Ouganda, le général Burhan du Soudan, les chefs d’État membres de l’ Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), le Président Ramaphosa de l’Afrique du Sud et les envoyés régionaux Stephen Kalonzo et Ismail Wais, M. Shearer a attribué les progrès enregistrés à la volonté politique de MM. Kiir et Machar, qui ont tous deux donné la priorité aux intérêts du Soudan du Sud.
« Nous parlons souvent de courage en temps de guerre et de bataille. Mais la paix requiert du courage elle aussi », a-t-il fait valoir, évoquant un sentiment de soulagement dans tout le pays et l’espoir d’un accord de paix à portée de main. Les parties négocient à présent la répartition des portefeuilles ministériels, tandis que grâce aux efforts de médiation de Sant’Egidio les groupes non signataires se sont engagés le mois dernier à cesser les hostilités. Le retour à Rome la semaine prochaine vise à les intégrer dans l’Accord, a encore indiqué le Représentant spécial.
Selon lui, le nouveau Gouvernement peut susciter des changements positifs, notamment le retour des déplacés internes et des réfugiés. D’ores et déjà, a relevé M. Shearer, quelque 800 000 d’entre eux, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), sont rentrés depuis la signature de l’accord de paix de 2018. De plus, le premier communiqué commun de la nouvelle « présidence », la semaine dernière, a appelé les personnes se trouvant dans des sites de protection des civils et dans des pays voisins de regagner leurs foyers. Pour sa part, a poursuivi le Représentant spécial, la MINUSS a accru sa présence protective afin de renforcer la confiance dans les zones de retour. Dans le même temps, la Police des Nations Unies (UNPOL) augmente son assistance technique et travaille de concert avec le Service de police nationale.
Toutefois, la faiblesse des services de base dans les zones rurales décourage les retours, a-t-il observé, appelant les acteurs humanitaires et de développement à un sursaut. Cela étant, a-t-il relativisé, l’environnement sécuritaire a changé, le cessez-le-feu et la liberté de mouvement offerte aux dirigeants de l’opposition a fait baisser le risque de violence, ce que confirment les évaluations de la MINUSS et de ses partenaires. Par voie de conséquence, la Mission a stationné les forces de maintien de la paix en priorité dans les zones à risque et les zones de retour. Ce redéploiement a conduit, par exemple, à réduire de 70% la présence de la force à l’intérieur du site de protection des civils de Born, permettant aux troupes d’assurer une protection contre les violences intercommunautaires à Jongleï.
Dans ce contexte, le nouveau Gouvernement fait face à des défis qui mettront son unité à l’épreuve, a averti M. Shearer. L’urgence est, selon lui, de mettre en place les dispositions transitoires de sécurité. À cette fin, la MINUSS a acheminé plus de 250 tonnes de fourniture dans des sites de formation. Beaucoup reste cependant à faire en matière d’enregistrement, d’entraînement et de matériels à disposition des troupes. Le nouveau Gouvernement est également confronté à une situation humanitaire précaire dans de nombreux États, a noté le Représentant spécial. Les niveaux de récolte attendus il y a 12 mois ont été annulés par les inondations de l’an dernier. Celles-ci ont entraîné la destruction des cultures, la mort de nombreuses têtes de bétail et la contamination de l’approvisionnement en eau, détériorant encore les conditions sanitaires et aggravant les violences intercommunautaires, notamment dans l’État de Jongleï. En revanche, a-t-il dit, la menace d’une invasion acridienne n’a pas encore eu d’effet notable, mais la FAO se prépare à agir pour protéger les récoltes.
Alors que s’ouvre cette nouvelle phase, a souligné M. Shearer, le gouvernement unifié doit s’atteler à la tâche, en se servant de l’accord de paix comme de sa « feuille de route » pour les trois années à venir. Pour assurer le bon fonctionnement de l’État, le Soudan du Sud doit, en priorité, mettre fin à l’impunité, à la corruption, à sa dépendance et à l’exclusion. De son côté, la MINUSS doit voir son mandat reconduit, a-t-il recommandé. Au moment où le nouveau Gouvernement s’installe, il serait prématuré de prévoir des changements, a-t-il estimé, assurant que le mandat de la MINUSS est suffisamment large pour continuer à aider le pays à bâtir une paix durable et à protéger la population civile. Deux modifications sont toutefois à prendre en compte: la mobilité des forces de maintien de la paix va se poursuivre et se concentrer sur le soutien aérien et fluvial, tandis que l’UNPOL va étendre ses activités afin de mieux combattre l’impunité et accompagner le transfert de responsabilités à une police civile.
Avant de conclure, le Représentant a reconnu que la méfiance reste de mise au sein de la communauté internationale, certains craignant une répétition des erreurs passées. Toutefois, a-t-il affirmé, « si nos actions peuvent faire avancer le Soudan du Sud vers une paix durable, notre inaction le condamnerait à l’échec ». Dans l’immédiat, il est impératif que l’accord de cessez-le-feu ne soit pas remis en cause et que les partenaires internationaux continuent à encourager les solutions de compromis afin de maintenir l’unité du pays. « L’avenir du Soudan du Sud en dépend. »
Mme BETTY SUNDAY, Coordinatrice du Forum mensuel des femmes sur le processus de paix et le processus politique au Soudan du Sud, qui intervenait par visioconférence de Djouba, a dédié son exposé à toutes les femmes du Soudan du Sud qui « ont tant lutté pour cet accord de paix ». Elle a expliqué que depuis 2014, ce Forum réunit des femmes sud-soudanaises de toutes provenances pour qu’elles puissent jouer un rôle essentiel dans le processus de paix. Elle-même fait également partie de la coalition des femmes sud-soudanaises, a-t-elle précisé. Mme Sunday a remercié le Conseil de sécurité pour ses efforts en vue de mettre en œuvre l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud et pour s’être rendu dans le pays en octobre dernier. À peine deux semaines après la formation du Gouvernement provisoire d’union nationale, elle a axé son intervention sur la situation telle que la vit la société civile sur le terrain, en particulier les femmes.
La vision inclusive et pacifique pour le Soudan du Sud semble plus proche depuis qu’ont été réalisés plusieurs aspects essentiels de l’accord de paix, juste avant la date butoir du 22 février, a-t-elle remarqué. Mme Sunday s’est dit reconnaissante à la communauté internationale de ne pas avoir détourné les yeux du Soudan du Sud, car cela a contraint les dirigeants du pays à mettre les intérêts du peuple au premier plan, d’autant plus que les femmes et les jeunes filles ont payé le prix le plus élevé des échecs du passé, notamment les 125 rescapées du viol de masse commis à Bentiu en novembre 2018.
Aujourd’hui, grâce aux percées récentes dans le processus de paix, il est, selon elle, possible de reprendre espoir pour un Soudan du Sud où les armes se sont tues, où un gouvernement national utilise les ressources pour répondre aux besoins de l’éducation des filles, la lutte contre le mariage précoce et la création d’emplois. Alors que la situation sur le terrain reste calme, elle a espéré que les différends actuels intrapolitiques sur les portefeuilles ministériels se règleront sans avoir recours à la violence. Aujourd’hui, la priorité doit être la reconstruction des communautés sachant qu’il y a toujours 1,5 million de personnes déplacées et deux millions de réfugiés, dont la majorité sont des femmes et des enfants. Mme Sunday s’est rendue dans le centre de formation de Rejaf pour les forces de police unifiées de femmes à Djouba et s’est dit choquée des conditions de vie, en particulier pour les femmes enceintes et les 700 enfants qui y vivent sans avoir accès à des installations et services adéquats. Elle a appelé à y remédier.
Sur le plan politique, Mme Sunday a mis en exergue le rôle crucial de la société civile, et notamment des organisations de femmes, dans le processus de paix notamment parce qu’elles luttent en faveur de l’accord de paix et pour l’extension de 100 jours de la date butoir fixée pour la période de prétransition. Mais elle a noté que les femmes ne représentent toujours pas le quota de 35% au sein du Gouvernement de transition, en particulier au niveau des États où les listes négociées par les gouverneurs ne comprenaient aucune femme.
Dès lors, Mme Sunday a fait une série de recommandations aux « amis du Soudan du Sud » qui doivent d’abord rester diplomatiquement engagés pour que les parties règlent les questions en suspens. À cet égard, elle a appelé le Conseil à veiller à ce que les individus figurant sur la liste des sanctions internationales ne fassent pas partie du nouveau Gouvernement. Elle a également demandé au Conseil de sécurité d’insister sur la libération des maisons civiles par les forces armées et de veiller à ce que la réforme du secteur de sécurité soit poursuivie afin d’avoir une armée non seulement unifiée et bien équipée, mais aussi formée pour lutter contre les abus fondés sur le genre. À cet égard, elle a martelé qu’après des années de conflit, la paix ne peut se faire sans justice, encourageant les membres du Conseil à mettre l’accent sur la justice transitionnelle au Soudan du Sud, y compris pour les violences basées sur le genre.
Mme Sunday a également affirmé que « cette nation jeune » ne saurait réaliser son plein potentiel sans une participation significative des femmes et des organisations de femmes qui doivent être reconnues pour le rôle essentiel qu’elles ont joué dans la paix au Soudan du Sud. Le Conseil de sécurité doit être à leur côté pour réaliser la promesse « durement négociée » du quota de 35% de femmes dans le nouveau Gouvernement, a-t-elle exigé.
Pour assurer le succès de la MINUSS, elle a estimé qu’il fallait maintenir les dispositions relatives aux femmes, paix et sécurité, et a appelé la Mission à travailler davantage avec les organisations et groupes de femmes. En tant que mère et défenseuse des droits de l’homme, elle veut s’assurer que les femmes et les jeunes filles du Soudan du Sud ne soient pas reléguées à un statut de victime, a expliqué Mme Sunday.
M. MICHAEL BARKIN (États-Unis) s’est félicité des efforts en cours pour constituer un nouveau gouvernement provisoire d’unité nationale. Il a salué l’engagement de l’IGAD et des pays de la région, entre autres, pour leur engagement auprès des dirigeants du Soudan du Sud. Il a invité les dirigeants du pays à continuer d’avancer vers une paix durable, grâce au compromis et à la collaboration. « La communauté internationale doit continuer d’encourager les progrès dans les différents domaines et traiter les causes sous-jacentes du conflit », a insisté le représentant. Il a prié les dirigeants à renforcer le cessez-le-feu et à prendre des mesures pour mettre fin aux violences intracommunautaires. En outre, il a demandé de lever les obstacles bureaucratiques qui empêchent l’acheminement de l’aide humanitaire. Pour consolider les gains en matière de consolidation de paix, le représentant a jugé indispensable que les ressources du pays soient mises à disposition pour financer les services aux populations.
M. Barkin a prévenu qu’il n’y aura pas de paix durable sans justice, appelant les dirigeants sud-soudanais à travailler ensemble sur les questions de justice transitionnelle, notamment en créant la cour hybride de l’UA pour le Soudan du Sud. Il s’est inquiété de la persistance de violations flagrantes des droits de l’homme par différentes forces, dont des violences sexuelles et privation de nourriture. Il a invité à progresser dans l’inclusion des diverses communautés du Soudan du Sud dans le processus de mise en œuvre de l’accord de paix. S’agissant de la MINUSS, il a rappelé son rôle central pour assurer la stabilité du pays en souhaitant que le prochain renouvellement de son mandat soit l’occasion de lui donner les outils pour maintenir la paix et faire face aux violences. Pour cela, il faut que la Mission puisse faire son travail sans obstacle et sans que soit violé l’Accord sur le statut des forces, a-t-il précisé.
Mme ANNE GUEGUEN (France) s’est réjouie de pouvoir enfin saluer la formation du Gouvernement d’union nationale, après deux reports. Si une étape vient d’être franchie, le chemin qui doit mener à l’édification d’une paix durable est encore long, a-t-elle prévenu en rappelant que les parties doivent encore nommer des ministres, les gouverneurs et les membres du corps législatif. Elle a précisé qu’il est indispensable que la participation des femmes et des jeunes soit effective, entière et significative, et qu’à cet égard, les quotas de femmes prévus par l’Accord de paix revitalisé soient pleinement respectés. Pour la France, il revient maintenant au Gouvernement de transition de mettre en œuvre au plus vite les réformes agréées dans le cadre de l’Accord, notamment la réforme du secteur de la sécurité, la justice transitionnelle, la redevabilité des gouvernants et la transparence des finances publiques. De même, le renforcement de la confiance doit être le maître-mot de la phase de transition, a relevé Mme Gueguen qui a indiqué que seul le respect des engagements pris dans le cadre de l’accord peut rebâtir une cohésion nationale meurtrie par des années de conflit.
Sur le plan humanitaire, elle a rappelé que toutes les parties doivent garantir un accès sûr et sans entrave à l’ensemble des personnes ayant besoin d’assistance humanitaire, ce qui implique de protéger le personnel humanitaire et médical, ainsi que les infrastructures civiles. La représentante a également insisté sur la nécessité de poursuivre la lutte contre les violences sexuelles et la protection des enfants des graves violations qu’ils subissent. De ce fait, la mise en place de la cour hybride, prévue par l’accord, et l’appui de l’Union africaine, doivent permettre de lutter contre l’impunité et de contribuer à réduire l’ampleur de ces violences. Elle a demandé de conserver identiques le format et le mandat de la Mission pour cette année, en attendant l’an prochain, pour les revoir si le processus de paix continue de progresser et afin d’accompagner au mieux la phase de consolidation de la paix. La France soutient pleinement les efforts pour accroître la mobilité de la MINUSS, a-t-elle précisé.
M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) s’est félicité de la bonne nouvelle de la création du Gouvernement provisoire d’union nationale au Soudan du Sud, « une décision tant attendue par la population ». Faire passer celle-ci au premier plan, c’est ça qui est important, a estimé le représentant, en se félicitant de l’engagement de toute la région pour arriver à ce résultat. Il a repris à son compte l’appel à la prudence de M. Shearer en appelant à rester concentré sur ce qui doit être fait pour la population du Soudan du Sud après un conflit qui a fait plus de quatre millions de déplacés, 40 000 morts et laissé 7,5 millions de personnes dans le besoin d’aide humanitaire. Le Royaume-Uni reste aux côtés du Soudan du Sud et poursuivra son aide humanitaire, a-t-il assuré.
Espérant que le prochain gouvernement sera inclusif avec une véritable participation des femmes, le représentant a martelé que le quota de 35% doit être perçu comme un plancher. Le Royaume-Uni appelle en outre à relever les défis sécuritaire pour éviter toute rechute ou escalade. Pour cela, les efforts internationaux doivent se poursuivre et il faut également maintenir le régime de sanctions et l’embargo sur les armes pour empêcher les fauteurs de trouble d’intervenir, a-t-il recommandé. Il a aussi souhaité que le Conseil de sécurité reste saisi de cette question parce que « la population du Soudan du Sud mérite un pays sans risque où elle peut s’épanouir ». Il a, enfin, salué l’esprit d’initiative dont le Président et le Vice-Président sud-soudanais ont fait preuve jusque-là et en les encourageant à poursuivre sur cette voie.
M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) s’est félicité de la formation officielle du Gouvernement provisoire d’union nationale. Il a espéré que cela permette d’ouvrir la voie à un processus de paix durable, mais aussi de faire avancer les réformes, notamment dans les domaines de la justice transitionnelle, la responsabilisation et la transparence de l’administration publique. Tout en reconnaissant que ce rapprochement entre les parties représente une avancée importante, il a prévenu que cette étape ne sera couronnée de succès que si elle débouche sur l’élimination des causes profondes du conflit. Ce compromis doit se refléter dans l’amélioration de la qualité de vie de la population dans un pays où plus de sept millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire, a-t-il souligné. Il s’est aussi préoccupé de l’impact des récentes inondations et de la menace que représente l’invasion de criquets pèlerin dans la Corne de l’Afrique et a appelé à lancer des politiques d’atténuation des risques de changements climatiques.
Le représentant a également insisté sur la nécessité de concrétiser les mécanismes de justice transitionnelle, notamment le tribunal hybride pour le Soudan du Sud. L’impunité inébranlable et l’absence de justice sont le principal moteur de la violence, a-t-il affirmé en invitant le Gouvernement de transition à accorder de toute urgence la priorité à un processus de justice et de réconciliation nationale. Il a aussi insisté sur la nécessité de respecter le taux de 35% de participation féminine dans les postes de responsabilité au sein du Gouvernement.
Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) a salué la décision des parties au Soudan du Sud de former un gouvernement d’unité nationale de transition et la prestation de serment des vice-présidents le 22 février. Elle a encouragé toutes les parties à finaliser la formation d’un gouvernement d’unité nationale équilibré et mettre en œuvre l’Accord revitalisé. Parmi les défis qui subsistent, elle a cité l’unification des forces armées, l’instauration d’un véritable dialogue politique, l’établissement d’instruments pour la justice transitionnelle, ou encore le rapprochement avec les parties non signataires de l’accord de paix. Par ailleurs, elle a souhaité que la formation d’un gouvernement se traduise par une amélioration tangible du sort du peuple sud-soudanais avant de rappeler que 7,5 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire.
Tout en se félicitant que le cessez-le feu continue à être largement respecté, la représentante a noté que des combats continuent dans certaines parties des Équatorias. Elle s’est inquiétée de la persistance de la violence intercommunautaire, de la violence sexuelle et de la criminalité qui persistent dans tout le pays en notant que la MINUSS fait état de 150 personnes tuées, blessées, enlevées ou victimes de violences sexuelles chaque mois. Dans ce contexte, Mme Van Vlierberge a exhorté le Gouvernement à lutter contre l’impunité pour les violations graves des droits de l'homme notamment par l’opérationnalisation des mécanismes de justice transitionnelle, comme la création du tribunal mixte de l’Union africaine pour le Soudan du Sud. Elle a appelé à rester vigilant et demandé que le mandat de la MINUSS reste inchangé et continue de mettre l’accent sur la protection des civils. « Pour la première fois depuis quelque temps », il y a de vraies raisons d’être optimiste dans ce dossier, a dit la représentante en estimant qu’une étape cruciale a été franchie. Il est maintenant temps de s’attaquer aux nombreux défis restants, a-t-elle affirmé.
M. DINH QUY DANG (Viet Nam) s’est félicité de la création du Gouvernement de transition au Soudan du Sud et a loué les efforts de l’IGAD ainsi que des autres parties prenantes, comme l’UA. Cela jettera les bases d’une paix et prospérité durables au Soudan du Sud, a estimé le représentant, à condition de veiller à la pleine mise en œuvre de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud, et « il reste beaucoup de travail à abattre », a-t-il ajouté. Il s’est toutefois dit confiant que si les parties font preuve de la même volonté que pour la création du Gouvernement de transition, elles seront à même de régler toutes les questions en suspens. Le Viet Nam attend les résultats de la Conférence de dialogue national du 16 mars ainsi que des pourparlers récents tenus à Rome entre le Gouvernement et les parties non signataires de l’accord de paix. En tant que Président du Comité 2206, le Viet Nam fera son possible dans ce processus, a-t-il assuré.
Après avoir rappelé le problème des violences intercommunautaires, le représentant a demandé que des mesures supplémentaires efficaces soient prises pour s’atteler à ses causes profondes et a appelé toutes les parties à respecter le cessez-le-feu. Le rôle de l’IGAD, en tant que garant de l’accord de paix, restera crucial au cours de la période de transition, a-t-il anticipé en appelant l’ONU, l’UA et l’IGAD à appuyer davantage de mesures de confiance pour faciliter le travail du Gouvernement de transition. Saluant par ailleurs les prévisions économiques pour le Soudan du Sud, avec un taux de croissance estimé de 8,2%, le représentant a appelé le Gouvernement à tout faire pour améliorer les conditions de vie de la population. Il a insisté pour que les mesures de sanctions soient ajustées en fonction des progrès dans le processus de paix.
M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) s’est félicité des développements encourageants observés dans le processus de paix au Soudan du Sud, y compris les pourparlers en cours en vue de former un gouvernement provisoire d’union nationale revitalisé. Le représentant s’est aussi félicité de la signature par le Gouvernement, avec le soutien de l’UNICEF, d’un plan d’action visant à faire cesser et à prévenir les violations graves contre les enfants. Néanmoins, il s’est inquiété que 19 000 enfants soient toujours présents dans les rangs du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition (M/APLS dans l’opposition), et d’autres groupes armés, selon un rapport 2020 de la Commission des droits de l’homme au Soudan du Sud. Il a exhorté tous les signataires à mettre en œuvre ce plan rapidement.
Par ailleurs, le représentant s’est inquiété des besoins humanitaires considérables de 7,5 millions de personnes, alors que 3,5 millions de personnes sont déplacées de force. La lutte contre les violences sexuelles doit rester une priorité et tous les auteurs de violation de droits humains doivent être sanctionnés, a-t-il plaidé avant de souligner aussi la nécessité de promouvoir la participation des femmes à toutes les sphères de la vie politique, allant de la mise en œuvre du processus de paix à la formation d’un gouvernement de transition. S’inquiétant en outre de la persistance de violences communautaires, il a rappelé que la responsabilité première en matière de protection repose sur le Gouvernement. Or, il a noté que la MINUSS a été empêchée d’agir contre des violences à 46 reprises en raison de restrictions de mouvement imposées par le précédent Gouvernement. Dans ce contexte, il a exhorté les dirigeants du Soudan du Sud à faire face aux violations de l’accord sur le statut des forces.
M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) s’est félicité de la décision des parties au Soudan du Sud de former un gouvernement d’unité nationale de transition et salué l’esprit de compromis du Président Kiir et de M. Riek Machar. Il a regretté que le conflit perdure dans certaines parties du pays malgré le maintien du cessez-le-feu. Il a dit la nécessité de finaliser la formation d’un gouvernement d’unité nationale avec la mise en place de mécanismes de sécurité transitoire et la constitution de trois zones administratives.
Il a félicité l’engagement de l’IGAD et des pays de la région, de l’Union africaine et de plusieurs acteurs internationaux pour apporter la stabilité.
M. Syihab s’est ensuite inquiété de la situation humanitaire et a appelé au financement du Plan de réponse humanitaire 2020 lancé avec un appel à l’aide d’un montant de 1,5 milliard de dollars, destiné à 5,6 millions de personnes, sur les 7,5 millions qui sont dans le besoin. Le représentant de l’Indonésie a appuyé un renouvellement du mandat de la MINUSS qui reflète l’évolution de la situation, notamment les nouvelles opportunités en matière d’acheminement de l’aide. Le peuple du Sud-Soudan est à un tournant, a-t-il dit.
M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a félicité le Président Salva Kiir Mayardit, Dr. Riek Machar Teny et les dirigeants des autres groupes d’opposition pour s’être accordé sur la formation, le 22 février, d’un gouvernement d’unité nationale de transition. Il a salué l’organisation, prévue le 16 mars, de la conférence du dialogue national, tout en soulignant que ces avancés doivent se traduire en dividendes de la paix dont la population pourra bénéficier au quotidien.
Le représentant s’est dit encouragé par la cessation continue des hostilités, « illustration de la volonté politique des dirigeants », tout en exprimant sa préoccupation face aux violences intercommunales et aux accrochages « sous-claniques » dans les régions de Jongleï et Pibor. Il a également appelé les donateurs internationaux à appuyer le Plan de réponse humanitaire pour le Soudan du Sud qui vise à lever 1,5 milliard de dollars. Il a, par ailleurs, jugé nécessaire de maintenir les effectifs actuels de la MINUSS et de s’assurer qu’elle dispose des capacités nécessaires pour s’acquitter de son mandat.
Mme ISIS AZALEA MARIA GONSALVES (Saint Vincent-et-les Grenadines) a dit être consciente que la formation d’un gouvernement de transition ne résoudra pas tous les problèmes du Soudan du Sud d’un seul coup, mais a espéré que le pays soit sur une voie productive pour garantir un avenir prospère. Elle a salué la décision des parties sud-soudanaises de former un gouvernement provisoire d’union nationale revitalisé, conformément à l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud. L’esprit de compromis dont ont fait preuve les parties pour laisser de côté leurs différends au bénéfice du pays est positif, a affirmé Mme Gonsalves qui a aussi salué les efforts pour atteindre le quota de 35% de femmes dans le processus de mise en œuvre de l’Accord revitalisé.
La représentante a encouragé les dirigeants du pays à assumer leurs responsabilités de maintenir tout ce qui a été durement acquis, ce qui passe par la pleine mise en application de l’Accord revitalisé, dont la cessation permanente des combats, le démarrage de la Conférence du dialogue national, l’établissement d’une Constitution permanente et la bonne gestion du Gouvernement de transition, jusqu’aux élections générales. Après avoir énuméré les différents défis à relever, Mme Gonsalves a estimé qu’ils ne sont pas insurmontables et a encouragé les dirigeants sud-soudanais à travailler ensemble pour assurer la paix, la sécurité et le développement. Elle a conclu en saluant les efforts de la MINUSS, de l’IGAD, de l’UA, de la Communauté de Sant’Egidio et du Gouvernement sud-africain, pour leur rôle constructif.
« Là où nous sommes aujourd’hui au Soudan du Sud, nous y étions déjà en 2016 », a déclaré M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) qui a appelé à une certaine prudence, notant qu’il n’y a toujours pas de Gouvernement en place. Il a espéré que la promesse d’octroyer aux femmes 35% des postes au sein du futur gouvernement sera respectée. Pour ce qui est des arrangements sécuritaires transitoires, il s’est inquiété du retard « dangereux », notamment dans la formation des recrues. De plus, il y a de nouvelles violences régionales, une autre preuve que les changements climatiques ont un effet direct sur la situation sécuritaire au Soudan du Sud. Le représentant a appelé à lutter contre l’impunité et la corruption et à exiger plus de transparence. À cet égard il a évoqué le rapport du Groupe d’experts qui a fait état d’un manque de transparence quant aux fonds alloués aux zones et centres de formation, mais aussi pour ses observations au sujet du commerce illicite des ressources du Soudan du Sud, notamment du pétrole.
Le Soudan du Sud est un pays riche et pourtant des millions sont dépensés chaque année par la communauté internationale pour soutenir le pays, a-t-il enchaîné. L’Allemagne attend plus de transparence et moins de corruption, notamment pour ce qui est de l’exploitation et de l’allocation des recettes du commerce des ressources nationales. Elle insiste en outre sur l’importance de la liberté des médias. Pour ce qui est de la MINUSS, le représentant s’est dit favorable à un renouvellement de son mandat qui mettrait l’accent sur la protection des civils et la mobilité des Casques bleus. Au sujet des sanctions, il faut se demander si ce régime est à jour, a estimé le représentant qui a indiqué que son gouvernement est réticent à les lever à ce stade. Il a ensuite assuré que l’Allemagne continuera d’appuyer le développement du Soudan du Sud et ses efforts pour traiter les causes sous-jacentes au conflit.
M. BEN LAGHA (Tunisie) s’est félicité des dernières évolutions qui ont abouti à la décision des parties au Soudan du Sud de former un gouvernement d’unité nationale de transition. Il a salué la contribution de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de l’Afrique du Sud sous les auspices de l’Union africaine. Il a dit la nécessité de renforcer la participation des femmes, pour ensuite exhorter les parties non signataires de l’Accord revitalisé à y adhérer. Il a jugé urgent d’avancer dans la démarcation des frontières des États. « Les derniers développements ne doivent pas faire l’économie des défis en suspens », a-t-il estimé. Il a dit son inquiétude face à la détérioration économique et humanitaire sur fonds de persistance de violations de droits de l’homme, dont des violences sexuelles. Il a exhorté le Gouvernement à améliorer la situation sécuritaire et faciliter l’accès à la justice pour les civils. Il a aussi jugé urgent de former une armée unifiée.
M. ABDOU ABARRY (Niger) a relevé qu’en 2011, lorsque le Soudan du Sud a accédé à l’indépendance, le monde entier a cru que le temps était venu pour ce jeune État de « tourner définitivement les pages sombres des conflits armés » et de « se tourner vers l’œuvre de construction nationale ». Malheureusement, a-t-il déploré, cet optimisme a été de courte durée et a cédé la place à de nouvelles violences, lesquelles ont occasionné des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés. De surcroît, les accords de paix signés sous l’égide de l’IGAD ont été violés à plusieurs reprises. Cependant, le représentant a vu dans le rapport du Secrétaire général quelques motifs d’espoir. Le Niger, a-t-il dit, se réjouit que le cessez-le-feu permanent ait été respecté dans l’ensemble et que le renforcement de la confiance entre les parties se soit poursuivi. Il soutient par ailleurs la décision de l’IGAD de demander une révision de la composition et du rôle de la force de protection régionale de la MINUSS. Il souhaite en outre que les parties s’entendent au plus vite sur la nomination d’un président permanent pour la commission mixte de suivi et d’évaluation, chargée de la surveillance du cessez-le-feu et de l’application des dispositions transitoires.
Pour le délégué, le discours d’apaisement prononcé le 22 février par le Président Salva Kiir et son appel au pardon et à la réconciliation « entre tous les fils du pays », constitue un « moment historique ». De même, a-t-il noté, l’amélioration des principaux indicateurs macro-économiques est un signe positif susceptible de renforcer cette dynamique. Il a cependant rappelé qu’en dépit du retour à Djouba de Riek Machar, les discussions sont toujours en cours pour la formation du Gouvernement, la mise en place du Parlement et la constitution d’une nouvelle armée. Dans ces conditions, a-t-il conclu, il importe de mettre en œuvre les dispositions de l’accord de paix revitalisé de novembre 2018, en particulier celles relatives à la justice transitionnelle.
M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a assuré le plein soutien de son pays à la MINUSS et au processus de paix au Soudan du Sud. Il s’agit d’un pays très jeune qui vit un moment important de son histoire, a-t-il remarqué, en encourageant la communauté internationale à aider les Sud-Soudanais à surmonter les défis actuels. À cet égard il a salué la volonté politique et les concessions faites par le Président Salva Kiir, ainsi que celles de M. Riek Machar qui a accepté de devenir Vice-Président. Les parties doivent maintenant dépasser leurs différends grâce à un dialogue franc et sincère en vue de passer à la pleine mise en œuvre de l’accord pour la période transitoire, a exigé le représentant.
M. Polyanskiy a ensuite relevé que la signature de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud avait débouché sur une baisse de la violence, ce qui avait facilité l’acheminement de l’aide humanitaire et entraîné des retours plus importants de personnes déplacées et de réfugiés sud-soudanais. Il a appelé au plein respect du cessez-le-feu et de l’Accord revitalisé, y compris par les parties non signataires « qui doivent se joindre promptement au processus de paix ».
Saluant les efforts de l’IGAD, du Soudan et de l’Afrique du Sud pour soutenir le règlement du conflit sud-soudanais, le représentant a noté que cela s’inscrit dans la vision des « solutions africaines aux problèmes africains ». Les progrès dont nous sommes les témoins aujourd’hui ont été réalisés grâce à cette approche, a affirmé M. Polyanskiy pour qui le régime de sanctions imposé au Soudan du Sud n’a pas contribué à ces résultats. Il a ensuite appelé le Conseil à procéder à une évaluation du régime de sanctions afin de l’adapter à la situation sur le terrain.
M. HAITAO WU (Chine) a salué les progrès très positifs enregistrés au Soudan du Sud qui ont culminé avec la décision des parties de former un gouvernement d’unité nationale de transition. Il a salué l’esprit de courage des dirigeants qui ont permis un « grand pas en avant vers la paix ». Il a appelé à respecter le rôle des dirigeants du Soudan du Sud qui ont la responsabilité première en matière de mise en œuvre de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit. « Il convient de continuer à appuyer l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) en tant que principal acteur de cette concertation et de médiation », a dit le délégué. Il a aussi jugé nécessaire de continuer à apporter une aide économique et humanitaire au pays en investissant d’avantage dans l’agriculture, les infrastructures et en aidant à la reconstruction des foyers. Le représentant de la Chine a assuré que son pays continuera d’appuyer le processus de paix au Soudan du Sud et apportera l’aide nécessaire pour apporter la paix et la sécurité et réaliser le développement économique.
M. AKUEI BONA MALWAL (Soudan du Sud) a tout d’abord salué la présidence chinoise du Conseil de sécurité, notant que l’engagement constructif de la Chine avec la région et l’Union africaine pour pousser les dirigeants du Soudan du Sud à travailler ensemble était apprécié par la population sud-soudanaise. Il a ensuite évoqué les interventions des membres du Conseil pour souligner que le rôle des femmes sud-soudanaises est irréversible. « Il y a une lueur d’espoir dans mon pays, mais également une lueur d’amitié au sein de ce Conseil », s’est ému le représentant qui a salué les membres du Conseil pour leurs réactions positives aux dernières évolutions dans son pays.
M. Malwal a salué le fait que, dans le rapport du Secrétaire général, figure la « décision historique retentissante » du Président Salva Kiir Mayardit de rétablir, le 21 février, le système fédéral de 10 états plus trois zones administratives. Depuis cette décision, les cinq vice-présidents ont prêté serment et M. Riek Machar a regagné Djouba pour y résider en permanence, a-t-il fait savoir. Les parties signataires de l’accord ont participé à des négociations continues pour définir une formule permettant la répartition équitable des portefeuilles ministériels et la population attend l’annonce imminente de la formation du nouveau cabinet d’unité nationale.
Le représentant a toutefois estimé que le nouveau gouvernement ne devrait pas avoir à entamer son mandat en devant gérer l’impact des sanctions. La communauté internationale doit donner à ce nouveau gouvernement la possibilité d’avancer librement pour faire avancer le pays. Si ses mains sont liées par les sanctions, les progrès risquent d’être lents, a-t-il prévenu.
M. Malwal a reconnu qu’alors que l’on célèbre ces lueurs d’évolutions positives au Soudan du Sud, des défis d’envergure persistent. Il a appelé la communauté internationale à fournir une aide à la population pour permettre à l’accord de paix de tenir à long terme. Le Gouvernement d’unité nationale aura notamment besoin d’une expertise technique et de matériaux pour établir des sites de cantonnements viables et assurer le retour ordonné et pacifique des personnes déplacées et des réfugiés.
« Si vous vous êtes tenu auprès du peuple du Soudan du Sud pendant six années difficiles, c’est à présent le moment le plus opportun de doubler ou de tripler votre appui, au nom de la paix durable et de l’unité au Soudan du Sud », a-t-il dit. Il a ensuite longuement remercié l’Allemagne pour son appui aux projets de développement dans son pays.