Conflit israélo-palestinien: le Président Abbas et la Ligue des États arabes rejettent devant le Conseil de sécurité la « nouvelle Vision pour la paix » du Président Trump
« Gruyère », « apartheid en Terre sainte », « Bantoustan ». C’est en ces termes catégoriques que le Président de l’Autorité palestinienne et le Secrétaire général de la Ligue des États arabes ont rejeté aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, la « nouvelle Vision pour la paix « que le Président des États-Unis a dévoilée le 28 janvier dernier, à Washington, aux côtés du Premier Ministre israélien. Si les États-Unis et Israël ont défendu le plan, les autres délégations ont noté qu’il s’écarte des paramètres internationalement agréés pour une paix juste et durable.
La « nouvelle Vision pour la paix », se sont défendus les États-Unis, offre au peuple palestinien la perspective réaliste de voir, de son vivant, un État autonome et pleinement reconnu. Elle respecte le rôle spécial du Royaume de Jordanie et garantit aux musulmans du monde entier l’accès à la Mosquée Al-Aqsa. Parce ce qu’un règlement politique ne suffit pas, le plan propose en outre des niveaux « historiques » d’investissements économiques dans le futur État de Palestine, à savoir plus de 50 milliards de dollars.
Ce n’est pas une proposition de paix en théorie, c’est une proposition de dignité, en pratique, ont poursuivi les États-Unis. C’est une offre d’ouverture et c’est le début de la conversation et non la fin. Le fait qu’Israël ait accepté la carte conceptuelle de la proposition est une étape « historique » de la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale, ont estimé les États-Unis qui ont exhorté les leaders palestiniens à regarder le plan comme la chance qu’il est et à se saisir de cette opportunité pour entamer la conversation avec les leaders israéliens. « Si vous faites le choix de la paix, l’Amérique et bien d’autres pays seront là pour vous! »
Les États-Unis ont annoncé la création d’un comité joint avec Israël pour élaborer une version plus détaillée de la carte conceptuelle, a indiqué le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient. M. Nickolay Mladenov a dit craindre, à cet égard, la reconnaissance de la décision israélienne d’appliquer ses lois dans des régions spécifiées de la Cisjordanie. De telles mesures, a-t-il prévenu, auraient un impact dévastateur sur la perspective d’une solution des deux États et fermeraient la porte aux négociations avec des répercussions négatives sur les chances d’une normalisation et d’une paix régionales.
« La proposition israélo-américaine », a tranché le Président de l’Autorité palestinienne, remet en question nos droits légitimes, notamment le droit à notre indépendance dans notre propre territoire. Aucun élément de cette proposition, a estimé M. Mahmoud Abbas, ne saurait être considéré comme une base pour des négociations. Il a dénoncé un plan prescriptif qui barre l’accès à la paix et retire Jérusalem-Est de la souveraineté palestinienne.
La proposition « tuerait dans l’œuf » toute possibilité de paix, a insisté le Président. On nous propose « un gruyère », s’est-il indigné, en brandissant une carte qui montre l’évolution de la Palestine qui, en 2010 n’avait plus que 9% du territoire agréé dans le Plan de partage de 1947. La proposition « israélo-américaine » va encore plus loin, a-t-il dénoncé. C’est la consécration de l’occupation, c’est l’annexion de territoires, c’est le durcissement d’un régime d’apartheid. C’est aussi, a-t-il ajouté, l’impunité pour tous les crimes perpétrés contre notre peuple et ses territoires.
À ceux qui accusent les Palestiniens de « ne rater aucune occasion de rater une occasion », le Président Abbas a répondu par un appel au Quatuor et au Conseil de sécurité pour qu’ils organisent une conférence internationale sur la paix. Tous les pays peuvent se rallier au Quatuor mais pour être franc, a-t-il avoué, les États-Unis ne peuvent plus être le seul médiateur. M. Abbas a tendu la main à Israël pour construire une paix véritable, favorable aux Palestiniens comme aux Israéliens, réitérant que les Palestiniens sont prêts à entamer des négociations avec Israël à condition qu’elles soient encadrées par le Quatuor.
Nous ne progresserons jamais tant que le Président Abbas sera au pouvoir, « c’est la réalité », a réagi Israël. Nous avons toujours été prêts à négocier et nous avons donné cette chance au Président Abbas à plusieurs reprises. Mais chaque fois, il nous a opposé une fin de non-recevoir, a affirmé Israël, qui a loué l’approche « saine et pragmatique » du Président américain. Stupéfaction, c’est le sentiment qui a saisi le Secrétaire général de la Ligue des États arabes devant l’appel « très clair » à l’exclusion du Président Abbas. Cette façon de faire montre clairement un problème de « personnalisation ». Ce que le Président palestinien n’accepte pas, a expliqué le Secrétaire général, c’est ce qui est « inacceptable » pour tous les Palestiniens.
Les dispositions du plan américain, a-t-il fait observer, contiennent de nouveaux paramètres qui se résument ainsi: accorder les territoires et les colonies et Jérusalem à Israël et obtenir des Palestiniens qu’ils se contentent d’un « Bantoustan sans véritable autonomie ». Ce plan ne fait rien pour la solution des deux États. Il propose au contraire de créer un seul État avec deux catégories de citoyens. C’est un plan « d’apartheid en Terre sainte ».
Si les autres délégations se sont montrées moins catégoriques, la plupart d’entre elles, à l’instar de celle de l’Allemagne, ont indiqué que ce plan s’écarte des paramètres internationalement agréés. Le Ministre des affaires étrangères de la Belgique, qui présidait la séance, s’est voulu pédagogue: une solution durable implique un État d’Israël à la légitimité reconnue par tous et un État palestinien indépendant, démocratique, d’un seul tenant, souverain et viable, vivant côte-à-côte dans la paix et la sécurité. Le respect de la légalité internationale est la seule solution réaliste pour mettre fin à l’occupation et apporter une paix juste et donc durable, a renchéri la France. Le plan n’est pas idéal, mais c’est un premier pas, a concédé le Royaume-Uni, en encourageant les Palestiniens à l’examiner et à négocier.
Nous n’accepterons qu’un accord jugé acceptable par les deux parties, a prévenu la Fédération de Russie, satisfait que malgré leurs divergences, Israéliens et Palestiniens aient parlé aujourd’hui de l’importance de négocier. Elle les a donc invités à exploiter la plateforme qu’offre Moscou. La Chine a noté les consultations intenses en cours au Conseil de sécurité. La Tunisie a en effet confirmé qu’avec l’Indonésie, elle a lancé des négociations sur un projet de résolution réaffirmant la nécessité d’une solution juste et durable et appelant à la fin de l’occupation israélienne.
L’heure du dialogue, de la réconciliation et de la raison doit sonner, s’est impatienté le Secrétaire général de l’ONU. M. António Guterres a exhorté les dirigeants israéliens et palestiniens à faire montre de la volonté politique nécessaire pour promouvoir la cause d’une paix juste et durable, avec l’appui de la communauté internationale. Soyez sûrs du plein engagement des Nations Unies en faveur d’une paix basée sur notre cadre multilatéral commun élaboré par les résolutions des Nations Unies et le droit international, a-t-il conclu. La libération et l’élection de Nelson Mandela à la présidence d’une Afrique du Sud unie et démocratique a montré que ce qui peut sembler « insoluble et irréaliste » est en fait « soluble et réaliste ». Que ceci serve de leçon dans la recherche de la paix entre Israéliens et Palestiniens, a déclaré l’Afrique du Sud.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Déclarations
M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a dit s’exprimer aujourd’hui avec une très profonde préoccupation alors que « nous sommes les témoins de tensions croissantes et de l’instabilité dans le monde, en particulier au Moyen-Orient ». Il a mentionné le niveau préoccupant des tensions et risques dans le Golfe et les nouvelles escalades dans les conflits en Libye, au Yémen et en Syrie, après certains développements positifs. Ce contexte volatile souligne la nécessité d’une solution politique au conflit israélo-palestinien, qui dure depuis bien trop longtemps, a-t-il martelé, ajoutant que cette solution demeure cruciale pour une paix durable au Moyen-Orient.
« Je réitère mon total engagement personnel, ainsi que l’engagement des Nations Unies, à appuyer les parties dans leurs efforts de parvenir à la solution des deux États », a souligné le Secrétaire général. Il a rappelé que la position des Nations Unies a été définie, au fil des ans, par les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, lesquelles lient le Secrétariat. Les Nations Unies demeurent déterminées à aider les Israéliens et les Palestiniens à régler le conflit sur la base des résolutions pertinentes de l’ONU, du droit international et des accords bilatéraux et à contribuer à la réalisation de la vision des deux États –Israël et la Palestine– vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, dans des frontières internationalement reconnues, sur la base des frontières d’avant 1967.
M. Guterres a déclaré que l’heure du dialogue, de la réconciliation et de la raison doit sonner. Il a exhorté les dirigeants israéliens et palestiniens à faire montre de la volonté politique nécessaire pour promouvoir la cause d’une paix juste et durable, avec l’appui de la communauté internationale. Soyez sûrs du plein engagement des Nations Unies à une paix juste et globale entre Israéliens et Palestiniens sur la base de notre cadre multilatéral commun élaboré par les résolutions des Nations Unies et le droit international, a conclu le Secrétaire général.
M. NICKOLAY MLADENOV, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a rappelé que le 28 janvier dernier, les États-Unis ont présenté leur vision de la paix entre Israéliens et Palestiniens, comme base des négociations entre les deux parties. Le Gouvernement palestinien a rejeté la proposition, alors que la Ligue des pays arabes et l’Organisation de la coopération islamique faisaient de même dans des déclarations, en indiquant que la proposition ne répond pas aux droits et aspirations minimum du peuple palestinien. La Haute Représentante de l’Union européenne a affirmé, à son tour, que la proposition s’éloigne des « paramètres internationalement agréés » et un certain nombre d’États africains ont également rejeté la proposition lors de leur dernier Sommet.
Des hauts responsables du Gouvernement israélien ont, en revanche, salué la proposition, en indiquant leur disposition à en faire la base de négociations directes. Certains États Membres ont exprimé l’espoir que la présentation de la vision serait l’occasion de ramener les parties à la table des négociations, dans l’intérêt d’une solution des deux États. Or, quelques jours à peine après la présentation de la vision, nous avons malheureusement vécu des incidents violents en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est et dans et autour de Gaza, a fait savoir le Coordonnateur spécial. Une autre escalade et d’autres provocations constitueraient une évolution préoccupante, a-t-il alerté. Après la présentation de la proposition américaine, des hauts responsables israéliens ont, en effet, promis d’annexer unilatéralement de larges pans de la Cisjordanie, y compris toutes les colonies de peuplement et la vallée du Jourdain.
Les États-Unis ont annoncé la création d’un comité joint avec Israël pour élaborer une version plus détaillée des cartes conceptuelles incluses dans la proposition, laquelle reconnaîtrait ainsi la décision israélienne d’appliquer ses lois dans des régions spécifiées de la Cisjordanie. Le Secrétaire général, a rappelé le Coordonnateur spécial, n’a cessé de s’ériger contre les mesures et plans d’annexion unilatéraux. De telles mesures, dont la possible annexion de territoires en Cisjordanie, auraient un impact dévastateur sur la perspective d’une solution des deux États. Elles fermeraient la porte aux négociations, auraient des répercussions négatives sur toute la région et compromettraient gravement les chances d’une normalisation et d’une paix régionales.
En revanche, ceux qui rejettent la proposition ne devraient en aucun cas se livrer à la violence, laquelle serait la pire des réponses possibles à ce moment délicat. Ce qu’il faut, a estimé le Coordonnateur spécial, c’est un leadership politique et une réflexion sérieuse sur les mesures à prendre pour ramener les parties à la table des négociations. Les Nations Unies, a-t-il souligné, appuient depuis longtemps la solution des États sur la base des résolutions pertinentes, du droit international et des accords antérieurs. Mais il ne suffit pas de réaffirmer ses positions. Le temps est venu, a pressé le Coordonnateur spécial, d’entendre des propositions sur la manière de faire avancer le processus et de revenir à un cadre agréé de médiation pour assurer le lancement de négociations de fond.
Évitons le statu quo, a-t-il encouragé, en parlant d’un statu quo qui ne ferait qu’éloigner encore plus les Israéliens et Palestiniens, consolider l’occupation et mettre en péril la viabilité de la solution des deux États. L’objectif ne peut être que la réalisation de la vision des deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem comme capitale des deux États. Pour y arriver, il n’y a pas d’autre chemin que les négociations. Il n’y a pas d’autre chemin que celui où Israéliens et Palestiniens se mettent d’accord sur un cadre fondé sur les résolutions pertinentes des Nations Unies, le droit international et les accords bilatéraux. En l’absence d’une voie crédible vers la reprise des négociations, nous ferions face à un risque accru de violence, a martelé le Coordonnateur, en craignant une violence qui pousserait les deux peuples et toute la région, dans une spirale sans fin.
Je suis venu ici pour plaider en faveur d’une paix juste au nom des 13 millions de Palestiniens, a déclaré d’emblée M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’État observateur de Palestine. Il a rejeté la proposition « israélo-américaine, fruit des mesures unilatérales ». Il a énuméré ceux qui appuient sa position: l’Organisation de la coopération islamique, l’Union européenne, la Ligue des États arabes, le Secrétaire général de l’ONU lequel a réaffirmé son engagement en faveur de la solution des deux États et des résolutions pertinentes des Nations Unies. La proposition « israélo-américaine », s’est expliqué le Président, remet en question les droits légitimes des Palestiniens, notamment le droit à « notre indépendance dans notre propre territoire ». La proposition, a-t-il encore accusé, légitime des mesures illégales contraires au droit international. Aucun élément de cette proposition ne saurait être considéré comme une base pour des négociations, a-t-il tranché. C’est un plan prescriptif élaboré par Israël et les États-Unis, un plan qui barre l’accès à la paix et qui retire Jérusalem-Est de la souveraineté palestinienne. Cela suffit pour rejeter la proposition car elle « tuerait dans l’œuf » toute possibilité de paix, a souligné le Président.
On nous propose « un gruyère », s’est-il indigné, en brandissant une carte qui montre l’évolution de la Palestine qui en 2010 n’avait plus que 9% du territoire agréé dans le Plan de partage de 1947. La proposition « israélo-américaine » va encore plus loin. Cette proposition, a-t-il commenté, c’est la consécration de l’occupation, c’est l’annexion de territoires, c’est le durcissement d’un régime d’apartheid. C’est aussi, a-t-il dit, l’impunité pour tous les crimes perpétrés contre notre peuple et ses territoires.
Le Président a remercié tous les membres de la communauté internationale et les organisations internationales et régionales qui ont pris position contre cette proposition, au nom de la légalité internationale. Il n’a pas oublié de remercier aussi les Israéliens qui ont manifesté contre la proposition à Tel Aviv et les 107 membres de la Chambre des représentants et les 12 sénateurs américains qui l’ont rejetée. Il a également salué les Palestiniens et les autres peuples arabes qui, par le monde, sont descendus par centaines de milliers dans les rues pour dénoncer la proposition. « Pourtant certains insistent sur l’équité de ce plan! » s’est-il étonné. Il s’est dit, en revanche, convaincu que la paix est toujours à portée de main. Je suis venu ici pour établir un partenariat international en faveur d’une paix juste et durable, a-t-il promis, ajoutant « je ne comprends pas pourquoi l’on s’est entêté à rédiger ce projet israélo-américain ». En 2017, a-t-il affirmé, nous entamions un dialogue constructif avec le Gouvernement américain. Avec le Président Donald Trump, nous avions abordé toutes les questions soulevées à Oslo. Mais quelle a été ma surprise, a avoué M. Abbas, de voir les États-Unis proclamer par la suite Jérusalem, capitale d’Israël, fermer le Bureau de l’Autorité palestinienne à Washington et mettre fin à l’aide aux Palestiniens. Je ne sais pas qui a influencé M. Trump, mais je sais que le Président américain n’est pas comme ça, a-t-il dit savoir.
Jérusalem, a-t-il martelé, est un territoire occupé. Qui a le droit d’en faire cadeau à l’un ou l’autre État? À ce jour, a-t-il aussi rappelé, 140 pays ont reconnu l’État de Palestine lequel est devenu un acteur de la communauté internationale et un État observateur à l’ONU. La Palestine, a-t-il souligné, fait partie de 120 organisations internationales et régionales et a même présidé le Groupe des 77 et la Chine, ici à l’ONU. Qui peut, dans ces conditions, nier son existence? Le Président Abbas a plutôt exhorté le Conseil de sécurité à dépêcher une mission en Palestine pour constater les progrès de la gouvernance dont la lutte contre la corruption. La culture de paix est promue auprès des jeunes palestiniens tout comme le rejet du terrorisme et de la violence. « Nous ne sommes pas des terroristes. »
Certains disent, a-t-il constaté, que « nous ne ratons aucune occasion de rater une occasion » et que nous avons laissé passer notre chance de réaliser la paix. Rien n’est plus faux, s’est défendu le Président. Il a rappelé les multiples accords signés par l’Autorité palestinienne qui a strictement respecté ses engagements alors que le « Gouvernement d’occupation » sapait les efforts internationaux. Nous avons essayé de tirer parti de toutes les occasions qui s’offraient à nous, a insisté le Président. Plusieurs pays, a-t-il confié, nous ont convié à une réunion avec M. Benyamin Netanyahu. Je suis allé trois fois à Moscou et c’est le Premier Ministre israélien qui a refusé de venir. Qui, dans ces conditions, refuse la reprise des pourparlers?
M. Abbas a rejeté le lien que les États-Unis essayent d’établir entre solution politique et solution économique. Il faut d’abord une solution politique. J’aimerais dire à M. Trump que le projet américain ne nous permettra pas de parvenir à paix et la sécurité parce qu’il rejette la légalité internationale, a-t-il prévenu. M. Trump, s’est-il étonné, a fait abstraction de cette légalité et des droits du peuple palestinien. Il considère même que Jérusalem-Est ne fait plus partie du territoire palestinien. Une paix imposée est une paix non viable, a-t-il souligné, en ajoutant « bâtissons la paix entre nos deux peuples, comme nous avons commencé à le faire à Oslo ».
L’Autorité palestinienne, a-t-il confirmé, reste attachée à l’Accord d’Oslo et appelle le Quatuor ainsi que les membres du Conseil de sécurité à organiser une conférence internationale de paix afin de faciliter la mise en œuvre des résolutions pertinentes sur le terrain. Vers qui se tourner quand aucune des résolutions du Conseil de sécurité n’est respectée? Tous les pays peuvent se rallier au Quatuor mais pour être franc, a avoué le Président, les États-Unis ne peuvent plus être le seul médiateur.
M. Abbas a tendu la main à Israël pour construire une paix véritable, favorable aux Palestiniens comme aux Israéliens. Nos peuples ne peuvent plus tolérer cette occupation car c’est une situation susceptible d’imploser à tout moment. Nous avons besoin d’un espoir, celui de la justice, de la paix et de l’indépendance. Ne nous privez pas de cet espoir, a plaidé le Président. Mais en regardant la carte de l’évolution de l’occupation, mon espoir disparaît, a-t-il dit. Comment en sommes-nous arrivés là, à ces petits îlots de terre séparés les uns des autres?
Aux Israéliens, le Président a répondu que la poursuite de l’occupation et le joug imposé aux Palestiniens n’amélioreront pas leur sécurité. Réengageons-nous à faire le choix de la paix. Nous ne luttons pas, a assuré le Président, contre le peuple juif. Pour un musulman, s’opposer à un juif est un blasphème. Les Palestiniens luttent contre ceux qui les attaquent quelle que soit leur confession. Nous sommes prêts, a conclu le Président, à entamer des négociations avec Israël à condition qu’elles soient encadrées par le Quatuor. Je suis prêt à rester ici aux Nations Unies pour entamer ces négociations immédiatement. « Prenez garde à ne pas priver le peuple palestinien d’espoir », a-t-il prévenu, en conclusion.
Si le Président Abbas voulait véritablement la paix, il ne serait pas là aujourd’hui, il serait à Jérusalem et pas à New York, a commenté M. DANNY BEN YOSEF DANON (Israël). Le feu Président Anouar el-Sadate, a-t-il rappelé, était venu à Jérusalem et avait tendu la main au peuple israélien. Cela a été un moment incroyable. Tout Israël était rivé à son poste de télévision. Si le Président Abbas voulait vraiment négocier, il ne serait pas à New York, mais à Washington, comme l’a fait avant lui le Roi Hussein de Jordanie, dans un geste qui a abouti au Traité de paix entre Israël et la Jordanie, a poursuivi M. Danon. Il a maintenu la position de son pays: le Président Abbas ne veut pas négocier et refuse de rencontrer le Premier Ministre Netanyahu. En 10 ans, il ne l’a rencontré qu’une seule fois. Pourquoi, a insisté le représentant, le Président Abbas ne vient pas à Jérusalem parce que M. Netanyahu pourrait, lui, aller à Ramallah.
Aujourd’hui, s’est étonné le représentant, le Président Abbas veut imputer la responsabilité des échecs aux Israéliens. Ses paroles ne sont que de vaines promesses et ses appels à la souveraineté, des cris de guerre. Le représentant a regretté que certains pays aient conformé le Président Abbas dans sa position, en votant pour des résolutions unilatérales. Est-ce que nous pouvons encore parler de négociations quand on pose comme condition préalable le respect des frontières de 1967? Non, M. Abbas, vous êtes venus à New York pour critiquer Israël et les États-Unis et éloigner encore plus la perspective des négociations. Le représentant a demandé à la communauté internationale de faire pression pour obtenir de la Palestine le retour à la table des négociations. Accusant le Président Abbas de mentir ouvertement, il a loué « l’approche saine » du Président Trump dont le plan met fin aux mesures obsolètes et à une formule qui ne marche pas depuis 70 ans. Le plan du Président Trump est animé par la volonté « pragmatique » de lever toutes les difficultés. Ce n’est qu’un outil pour passer à des négociations. Or, s’est résigné le représentant, nous ne progresserons jamais tant que le Président Abbas sera au pouvoir, « c’est la réalité ». Nous avons toujours été prêts à négocier et nous avons donné cette chance au Président Abbas à plusieurs reprises. Mais chaque fois, il nous a opposé une fin de non-recevoir, a affirmé le représentant. M. Danon a exhorté les membres du Conseil à faire le choix de la paix, contrairement au Président Abbas.
Le conflit israélo-palestinien est à un tournant, avec la remise en cause des paramètres agréés, a commenté M. TAREK LADEB (Tunisie). Il a rappelé qu’avec l’Indonésie, il a lancé des négociations sur un projet de résolution qui aurait réaffirmé la nécessité d’une solution juste et durable, sur la base des résolutions de l’ONU, y compris la résolution 2334 (2016), et aurait appelé à la fin de l’occupation israélienne des territoires occupés, y compris Jérusalem-Est. Le représentant a insisté sur l’engagement de son pays en faveur de la Charte et du droit international. Il a exhorté la communauté internationale à rester unie et à rejeter toute violation du droit international et toute politique du fait accompli. Les droits des Palestiniens sont inaliénables, a-t-il martelé, avant d’appuyer, une nouvelle fois, les principes de Madrid et l’Initiative arabe de paix.
M. DIAN TRIANSYAH DANI (Indonésie) a rendu hommage au dévouement et aux compétences de son « frère », l’Ambassadeur de Tunisie, M. Moncef Baati. Nous avons demandé la convocation de cette réunion en réponse aux récents développements dans la région, y compris l’annonce le 28 janvier d’un plan relatif au Moyen-Orient, qui pourrait affecter la stabilité de la région, a-t-il dit. Il a rappelé que les pays africains et asiatiques ont, lors de la Conférence de Bandoeng en 1955, appuyé l’indépendance de la Palestine. Ce Conseil a une dette envers le peuple palestinien et doit répondre à ses besoins humanitaires critiques. « Combien de temps allons-nous encore attendre avant de voir un État palestinien souverain et indépendant? »
Le délégué a plaidé pour la solution des deux États, avec Israël et la Palestine vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, et dans des frontières reconnues sur la base des frontières du 4 juin 1967. Il a insisté sur la nécessité de « négociations multilatérales crédibles ». Tout accord devra être trouvé en associant étroitement les deux parties, si nous voulons une paix durable et la stabilité au Moyen-Orient, a-t-il prévenu. La nécessité d’une solution pratique ne doit pas être comblée au détriment du droit international, y compris les différentes résolutions de l’ONU. Le Conseil de sécurité ne saurait être vu comme un simple spectateur du maintien de la paix et de la sécurité internationales, s’agissant en particulier de l’indépendance de la Palestine, a conclu le représentant.
Depuis leur création, a commenté, à son tour, Mme KELLY CRAFT (États-Unis), les Nations Unies ont consacré un nombre incalculable d’heures à des débats sur la paix israélo-palestinienne, adoptant plus de 800 résolutions. Mais ni ces débats ni ces résolutions n’ont conduit à une paix véritable et durable. Avec un échec « aussi spectaculaire », ce serait de la folie que de suggérer que ce qu’il faut aujourd’hui c’est d’autres débats et d’autres résolutions. C’est la raison pour laquelle, a dit la représentante, que le Président Trump a proposé une « nouvelle Vision pour la paix » qui vient véritablement bousculer le statu quo. Président Abbas, a affirmé la représentante, je vous ai entendu, je vous ai entendu parler d’espoir et j’ai entendu vos paroles sur l’importance de l’espoir. Mais pour garder l’espoir vivace, a-t-elle prévenu, il faut la volonté de faire des compromis, de s’impliquer de bonne foi. Il est temps, a encouragé la représentante, de dresser la table pour une conversation d’un genre nouveau, une conversation où l’on ne parle pas aux autres mais où l’on parle avec les autres. Une conversation, a-t-elle ajouté, qui n’est que le point de départ et pas la ligne d’arrivée. Nous sommes ici, a-t-elle souligné, pour offrir un partenariat fondé sur des intérêts et des valeurs communs. Mais nous devons d’abord comprendre que la paix se trouve non pas dans les papiers mais bien dans une expérience concrète de sécurité, d’opportunités économiques et de liberté.
Ce genre de paix, a estimé la représentante, est ancré dans le plan du Président Trump, du 28 janvier dernier. Le fait qu’Israël ait accepté la carte conceptuelle est une étape « historique » de la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale. La nouvelle Vision respecte le rôle spécial du Royaume de Jordanie et garantit aux musulmans du monde l’accès à la Mosquée Al-Aqsa. Le plan, a poursuivi la représentante, offre au peuple palestinien la perspective « réaliste » de voir de son vivant un État autonome et pleinement reconnu. Le plan reconnaît aussi que le règlement politique ne suffit pas. Il propose donc des niveaux « historiques » d’investissements économiques dans le futur État de Palestine, à savoir plus de 50 milliards de dollars au total pour inverser le cycle brutal de la pauvreté qui a piégé des milliers de femmes, d’enfants et d’hommes palestiniens pendant des décennies.
Ce n’est pas une proposition de paix en théorie, c’est une proposition de dignité, en pratique, a affirmé la représentante. C’est une offre d’ouverture et c’est le début de la conversation et non la fin, a-t-elle répété. Elle a espéré qu’Israéliens et Palestiniens auront « le courage » de se parler et que le Conseil évitera de revenir à ses vieilles habitues qui ne peuvent en aucun cas conduire à la paix. Le peuple d’Israël n’a pas meilleur ami que les États-Unis qui resteront toujours à leur côté. Mais les États-Unis sont aussi aux côtés du peuple palestinien, a affirmé la représentante. Nous espérons, a-t-elle dit, que les leaders palestiniens regarderont le plan comme la chance qu’il est, qu’ils retrousseront les manches et qu’ils saisiront cette opportunité pour s’assoir avec les leaders israéliens et entamer la conversation. « Si vous faites le choix de la paix, l’Amérique et bien d’autres pays seront là pour vous! », a-t-elle conclu.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a souligné qu’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens passe par le respect du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité ainsi que par l’établissement, aux côtés d’Israël, d’un État palestinien, viable et souverain, dans les cadres internationalement agréés. Il a rappelé que les paramètres du règlement du conflit israélo-palestinien sont connus et ont été endossés à plusieurs reprises par le Conseil de sécurité, dernièrement avec la résolution 2334 (2016). La France, a-t-il assuré, continuera de défendre une solution négociée conforme au droit international et inscrite dans les résolutions de ce Conseil. Le représentant a souligné que le respect de la légalité internationale est la seule solution réaliste pour mettre fin à l’occupation et apporter une paix juste et donc durable. La non-mise en œuvre de cette solution, le vide politique qui en découle et la dégradation continue de la situation sur le terrain alimentent le désespoir des nouvelles générations et le risque de radicalisation de la jeunesse, a prévenu le représentant.
La France, a-t-il martelé, ne transigera jamais avec la sécurité d’Israël et condamne fermement ceux qui la menacent. Dans ce contexte, le représentant a jugé urgent de relancer les négociations sur la base des paramètres agréés en vue de recréer un horizon politique. Une implication active des principaux pays de la région, ainsi que des Européens, est nécessaire pour contribuer à la reprise du processus politique, a ajouté le représentant avant de rappeler que l’Initiative de paix arabe reste d’actualité. Il a demandé aux deux parties de retourner à la table des négociations, et ce, « de bonne foi » et les a exhortées à mettre en place un environnement propice à la reprise des discussions. Cela exige que tous s’abstiennent de violence ou de la menace d’y recourir, a insisté le représentant qui a appelé à la fin de la colonisation et à toute mesure unilatérale contraire au droit international.
M. JUN ZHANG (Chine) a dénoncé les colonies de peuplement israéliennes qui ne cessent de s’étendre sur le territoire palestinien. Il a pris note du plan américain et des réactions des représentants de la Palestine et de la Ligue arabe. Il a plaidé pour une solution politique, dans le respect du point de vue de toutes les parties, en particulier celui des Palestiniens. Il a noté les consultations intenses en cours au sein de ce Conseil et appuyé les efforts de l’Indonésie et de la Tunisie. Le représentant a réitéré l’appui de son pays à la solution des deux États et au respect du droit international. Il a encouragé les parties à poursuivre les consultations afin de créer des conditions propices à un règlement de la situation. Il a exhorté Israël à lever le blocus de Gaza et à améliorer la situation dans les territoires palestiniens, avant d’appeler à remédier à la situation difficile de l’UNRWA. Le Conseil doit jouer un rôle constructif pour une solution juste et durable, a-t-il déclaré, ajoutant que la Chine a toujours défendu la cause juste et les droits légitimes des Palestiniens.
M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) s’est félicité de tous les efforts menés pour parvenir à un règlement pacifique du conflit israélo-palestinien et a salué les États-Unis pour leur initiative consistant à raviver le processus de paix. Il est essentiel, a-t-il dit, que l’Union européenne et les États-Unis travaillent aussi étroitement que possible sur cette question mondiale complexe. Il a appelé Israël et la Palestine à prendre des mesures qui permettent de reprendre des négociations directes et significatives, de résoudre toutes les questions permanentes relatives au statut, y compris celles relatives aux frontières, au statut de Jérusalem, à la sécurité et à la question des réfugiés, dans le but de parvenir à une paix juste et durable.
La position de l’Estonie sur le processus de paix au Moyen-Orient, a-t-il précisé, reste inchangée: il faut des négociations directes entre Israël et la Palestine, en prenant en compte les aspirations légitimes des deux parties. Il a aussi redit son attachement à une solution négociée des deux États, qui réponde aux besoins de sécurité des Israéliens et des Palestiniens et aux aspirations des Palestiniens à un État. Celui-ci doit être basé sur les lignes de 1967, avec un échange de terres équivalentes, comme il sera agréé par les parties, et en respectant les paramètres agréés internationalement et les résolutions de l’ONU.
Reconnaissant qu’il y ait encore plusieurs questions sensibles à régler, M. Jürgenson a exhorté toutes les parties à faire preuve de retenue et à s’abstenir de prendre des mesures unilatérales susceptibles d’aggraver encore les tensions et de saper la viabilité de la solution des deux États. Il s’est dit inquiet des activités de colonisation d’Israël dans le Territoire palestinien occupé, en violation du droit international, et a prévenu que l’annexion d’une partie ou d’une autre de la Cisjordanie enfreindrait ce même droit ainsi que les résolutions du Conseil de sécurité. Enfin, il a appelé les parties à s’abstenir d’actes de violence, de terreur et d’incitation, avant de conclure en réitérant son engagement envers la sécurité d’Israël.
Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a souligné que l’objectif « moral » des Nations Unie est d’assurer la liberté à tous les peuples et à toutes les nations, grandes ou petites. La promesse « fondamentale » de respecter l’indépendance politique et l’intégrité territoriale de tous les États est une que promesse que l’on ne saurait prendre à la légère, au risque de provoquer l’anarchie et d’immenses souffrances humaines. Pour un petit État comme le mien, dont l’existence pacifique dépend si lourdement d’un organe robuste du droit international, il est particulièrement troublant de voir le déclin de ces normes internationalement agréées, a avoué la représentante. Elle s’est dit profondément troublée par les tentatives de s’écarter des paramètres agréés de la recherche de la paix entre Israël et la Palestine. Elle a appelé à la pleine mise en œuvre de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale et a déclaré nulle et non avenue, sans aucune validité juridique, toute mesure visant à altérer le caractère légal, géographique et démographique de Jérusalem et du Territoire palestinien occupé.
Nous restons attachés à la position internationale et à l’appui aux droits inaliénables du peuple palestinien, y compris son droit à l’autodétermination, et à la solution des deux États fondés sur les frontières d’avant 1967, a dit la représentante. Elle a insisté sur la première résolution adoptée depuis huit ans, à savoir la résolution 2336 (2016) dans laquelle le Conseil assure « qu’il ne reconnaîtra aucune modification aux frontières du 4 juin 1967, y compris en ce qui concerne Jérusalem, autres que celles convenues par les parties par la voie de négociations ». La représentante a prévenu qu’il ne saurait y avoir de dialogue et donc de solution, sans y impliquer les deux parties.
M. DINH QUY DANG (Viet Nam) a constaté que toute solution équitable et durable au conflit israélo-palestinien reste une préoccupation majeure pour les pays de la région et la communauté internationale. Il a soutenu la solution des deux États, selon les frontières définies par les résolutions pertinentes des Nations Unies. Voyant que « la paix continue de nous échapper », le représentant a appelé les parties concernées à reprendre le dialogue en vue de trouver une solution conforme aux résolutions du Conseil de sécurité. Un tel accord de paix ne peut être atteint que si les parties s’abstiennent de toute action qui pourrait le saper. Le représentant a donc salué tout effort visant à relancer le processus de paix israélo-palestinien sur la base du droit international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.
M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a déclaré qu’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens passe par le respect du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité ainsi que par l’établissement, aux côtés d’Israël, d’un État palestinien, viable et souverain, dans les cadres internationalement agréés. Il a qualifié d’« inutiles » les mesures unilatérales vivant à imposer une solution et mis en garde contre toute remise en cause des paramètres internationalement agréés. Il a estimé que le plan américain s’écarte précisément de ces paramètres, s’agissant en particulier de Jérusalem et des colonies de peuplement. L’éloignement d’une perspective de paix, a-t-il prévenu, nourrit les « frustrations ». Voyant tout de même dans le plan américain des propositions qui méritent d’être examinées, le représentant a suggéré la création d’un format multilatéral pour ce faire. Il a pris note des idées du Président Abbas et souligné l’importance pour les deux parties de formuler des propositions.
L’un des principaux obstacles à la paix est la poursuite des colonies de peuplement, qui sont illégales au regard du droit international, a prévenu le représentant, préoccupé par les déclarations des dirigeants israéliens sur une possible annexion de la vallée du Jourdain et d’autres parties de la Cisjordanie occupée. Toute annexion serait illégale, saperait la perspective d’une paix durable et aurait de graves conséquences, a-t-il insisté. Il a donc exhorté Israël à ne pas s’engager dans cette voie et a prévenu que « nous ne reconnaîtrons aucune modification des frontières du 4 juin 1967, sauf échanges de territoires agrées par les parties ». Le représentant a conclu en appelant à des élections pour légitimer l’Autorité palestinienne et remédier aux divisions politiques entre Gaza et la Cisjordanie. Le Hamas doit cesser ses tirs de roquette contre Israël, qui a le droit de se défendre lorsque son territoire est menacé.
M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) s’est dit heureux que cette réunion donne l’occasion d’entendre la voix du Président Mahmoud Abbas et donc celle du peuple palestinien. Le Conseil de sécurité, a-t-il rappelé, a tenu sa première réunion sur la Palestine le 9 décembre 1947. En plus de 72 ans, a-t-il souligné, nous n’avons pas progressé puisque que la vision et les aspirations des Palestiniens continuent d’être ignorées, y compris par la dernière initiative en date. Seules les initiatives élaborées avec la pleine participation de toutes les parties, en particulier les Palestiniens eux-mêmes, permettront une paix et une stabilité durables, a prévenu le représentant. Un dialogue véritable, inclusif et ouvert, où les deux parties sont à la table, est la seule façon de surmonter l’impasse actuelle. La paix ne peut être imposée car elle ne peut naître que d’une solution mutuellement acceptée et juste.
Le Conseil de sécurité, a poursuivi le représentant, doit donc appuyer l’environnement nécessaire à l’implication sur un pied d’égalité des Israéliens et des Palestiniens pour relancer le processus de paix. Toute initiative de paix doit être conforme aux termes de référence et paramètres agréés au niveau international dont les principes de Madrid, l’Initiative de paix arabe, le Plan de paix du Quatuor et les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, dont les résolutions 242, 338 et 2334. Les violations flagrantes du droit international au nom de ce qui est présenté comme « la réalité politique » ou une « opportunité » ne font que compromettre l’état de droit et le système multilatéral développés au cours de ces 75 dernières années.
La position de l’Afrique du Sud est claire, a martelé le représentant. Elle est conforme à celle du Sommet de l’Union africaine qui vient de s’achever à Addis-Abeba: nous voulons un État palestinien viable, vivant côte à côte et dans la paix avec Israël dans des frontières internationalement reconnues, basées sur celles qui existaient le 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément à toutes les résolutions pertinentes des Nations Unies, au droit international et aux paramètres internationalement agréés. Aucun plan de paix ne saurait mener à un État palestinien sans souveraineté ni continuité territoriale et encore moins de viabilité économique, a prévenu le représentant. Toute solution doit se fonder sur un règlement juste avec des lois justes facilitant l’égalité et l’équité de tous ceux qui ont le droit de vivre dans les territoires d’Israël et de la Palestine. C’est ce qu’on appelle l’égalité souveraine entre États, a insisté le représentant. La libération et l’élection de Nelson Mandela à la Présidence d’une Afrique du Sud unie et démocratique, a-t-il conclu, a montré que ce qui peut sembler « insoluble et irréaliste » est en fait « soluble et réaliste ». Que ceci serve de leçon dans la recherche de la paix entre Israéliens et Palestiniens.
Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a rappelé que le conflit israélo-palestinien a fait sombrer toute une région dans le chaos et que cela fait trop longtemps qu’il perdure. Notre position reste inchangée: nous voulons un règlement négocié, sur la base de la solution des deux États, qui soit réaliste et acceptable, y compris s’agissant de la question des réfugiés. Force est de reconnaître que nous n’avançons pas, s’est impatientée Mme Pierce. Or, les Israéliens et les Palestiniens méritent mieux. Un État palestinien et la sécurité d’Israël ne seront possibles que si les parties reprennent des négociations directes. Les dernières négociations datant d’il y a près de 10 ans, la représentante a vu dans le plan américain, une tentative de sortir de l’impasse. Le plan n’est pas idéal, a-t-elle concédé, mais c’est un premier pas vers des négociations. Il est très différent de ce dont il a été question jusqu’ici et nous savons tous, a-t-elle ajouté, qu’il faudra du temps. Elle a pris note des vives préoccupations du Président Abbas, « c’est parfaitement son droit ». Mais, a-t-elle dit, nous vous encourageons à examiner le plan américain et à négocier. En attendant, a conclu la représentante, nous nous opposons d’emblée à toute mesure unilatérale par quel que partie que ce soit, y compris une éventuelle annexion d’une partie de la Cisjordanie par Israël. Le temps est venu de prendre les premières mesures pour relancer les négociations.
M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a expliqué que son pays, qui respecte les droits de l’homme et le droit international, qui reconnaît l’ordre juridique international garantissant le respect des droits fondamentaux à la paix, la justice et le développement politique, social, économique et culturel des nations, qui est aussi engagé dans la coexistence pacifique et solidaire entre les nations, appelle à rechercher une solution juste, durable et intégrale qui permette de répondre aux besoins légitimes des parties au conflit. La République dominicaine reste attachée au respect de la souveraineté et de l’autodétermination des peuples, a-t-il dit en réaffirmant son appui à une solution basée sur deux États, comme le prévoient les différentes résolutions.
Pour parvenir à un accord entre les parties, le représentant a recommandé de redoubler d’efforts de conciliation, avec l’accompagnement de la communauté internationale, afin de garantir le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et le droit d’Israël à vivre en paix, au sein de frontières sûres et reconnues. « Nous sommes convaincus qu’il ne sert à rien de formuler de nouvelles résolutions ou de revenir sur des voies déjà empruntées. » La République dominicaine reste attachée au cadre de référence basé sur les résolutions et les accords bilatéraux existants entre Israéliens et Palestiniens, a insisté le représentant en encourageant les parties à promouvoir un vrai dialogue et à relancer les négociations en vue de parvenir à un plan de paix, sur la base des accords internationalement agréés. L’action collective de la communauté internationale doit contribuer de manière impartiale et efficace à la recherche de solutions réelles, a-t-il ajouté.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a défendu une solution juste sur la base des résolutions pertinentes des Nations Unies, des principes de Madrid et de l’Initiative de paix arabe. Le but est de déboucher sur un État de Palestine, vivant dans la paix et la sécurité aux côtés d’Israël. Or, la solution américaine ne tient pas compte des principes fondamentaux. Nous n’accepterons qu’un accord jugé acceptable par les deux parties, a prévenu le représentant. Que ferez-vous si la partie palestinienne refuse ce plan? Comment comptez-vous aboutir à la paix avec des mesures unilatérales? Le représentant a tout de même vu un avantage à la situation actuelle: la question palestinienne est de nouveau au cœur des préoccupations et le soi-disant « accord du siècle » a mis en lumière la nécessité d’une solution. Il a appelé à l’intensification des efforts du Quatuor et au rétablissement de l’unité palestinienne. Relevant que malgré leurs divergences, les représentants palestiniens et israéliens ont parlé aujourd’hui de l’importance de négocier, il les a appelés à exploiter la plateforme offerte par Moscou.
M. PHILIPPE GOFFIN (Belgique) a souligné que son pays a toujours défendu un processus de négociations crédibles inscrit dans le respect du droit international, dont les résolutions du Conseil de sécurité. Il a aussi souligné la nécessité d’un accord sur les frontières des deux États, sur la base des frontières du 4 juin 1967, avec des échanges de territoires définis d’un commun accord entre les parties. Il a jugé indispensable une solution juste, équitable et réaliste en ce qui concerne la question des réfugiés en saluant l’indispensable travail de l’UNRWA sur le terrain. En outre, le représentant a jugé important de trouver un moyen de régler, par la négociation, le statut de Jérusalem en tant que future capitale des deux États, répondant aux aspirations de tous ses habitants.
Enfin, M. Goffin a appelé à des dispositions en matière de sécurité qui, pour les Palestiniens, respectent leur souveraineté et montrent que l’occupation est finie, et qui, pour les Israéliens, assurent leur sécurité. Une solution durable implique un État d’Israël à la légitimité reconnue par tous et un État palestinien indépendant, démocratique, d’un seul tenant, souverain et viable, pour que les deux États puissent vivre côte à côte dans la paix, la sécurité, et la reconnaissance mutuelle, a dit le représentant. Estimant que la vision américaine a remis la question du conflit israélo-palestinien en haut de l’agenda politique et diplomatique, il a souligné l’urgence pour la communauté internationale de se remobiliser et de créer un environnement propice à la reprise des négociations de bonne foi entre les parties.
Le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, M. AHMED ABOUL GHEIT, a fait part de la décision prise le 1er février dernier par le Conseil des Ministres des États arabes de refuser le plan de paix proposé par les États-Unis. Le droit international est du côté des Palestiniens, a-t-il tranché. Ces derniers doivent « tenir bon » et la communauté internationale doit agir. Si les négociations du passé n’ont mené à rien, il n’en reste pas moins, a-t-il commenté, que les mesures proactives proposées par les États-Unis visent tout simplement à écarter certaines questions de l’agenda pour satisfaire la partie israélienne. Les Palestiniens n’ont même pas été informés de ce plan et encore moins consultés et aujourd’hui, on leur demande de s’y soumettre. C’est comme si on cherchait un moyen d’imposer en violation des principes mêmes d’une négociation neutre, s’est-il indigné.
La Ligue des États arabes, a-t-il ajouté, constate que les dispositions du plan américaine contiennent de nouveaux paramètres qui se résument ainsi: accorder les territoires et les colonies et Jérusalem à Israël et obtenir des Palestiniens qu’ils se contentent d’un « Bantoustan sans véritable autonomie ». Ce plan ne fait rien pour la solution des deux États, s’est-il indigné. Il propose de créer un seul État avec deux catégories de citoyens. C’est un plan « d’apartheid en Terre sainte », a-t-il martelé. La communauté internationale peut-elle accepter une telle solution? La Ligue, a-t-il indiqué, demande que l’on revienne à l’Initiative de paix arabe laquelle aspire à aider les deux parties à parvenir à une solution par des négociations alors que le plan américain sape le principe même de ces négociations. Il ne peut y avoir de paix entre deux parties si cette paix ne se base pas sur la justice, a-t-il encore martelé. La paix ne peut naître si une partie doit reconnaître sa défaite et se soumettre. C’est ce que l’on fait en essayant de forcer les Palestiniens à se soumettre à un règlement injuste. Ce que la Ligue demande, a-t-il insisté, c’est que la communauté internationale préserve sa crédibilité, en revenant aux paramètres internationalement reconnus pour le règlement du conflit, « des paramètres auxquels les Palestiniens croient depuis 30 ans ».
M. Gheit s’est dit « stupéfait » d’entendre un appel « très clair » à l’exclusion d’« Abou Mazen » au motif qu’il ne serait pas un vrai partenaire de la paix. Cette façon de faire montre clairement un problème de personnalisation. Ce que le Président palestinien n’accepte pas, a expliqué le Secrétaire général, c’est ce qui est « inacceptable » pour tous les Palestiniens. Pour avoir été témoin d’un discours similaire sur un autre Président palestinien il y a 15 ans, la Ligue appelle à la vigilance, a conclu M. Gheit.