Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix donne le coup d’envoi de sa session 2020 avec des appels au consensus
Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix a donné aujourd’hui le coup d’envoi des travaux de sa session 2020 et entendu de multiples appels à sortir de l’impasse de la session précédente qui s’était soldée sans consensus et donc sans recommandations.
Comme l’a dit le Président du Groupe de travail plénier, M. Richard Arbeiter, il faut maintenant faire fond sur l’accord trouvé en juillet dernier sur les nouvelles méthodes de travail et la nouvelle structure du rapport annuel laquelle sera désormais articulée autour des huit domaines d’action prioritaires de l’initiative « Action pour le maintien de la paix ». Le fait de n’avoir pas pu adopter nos recommandations l’année dernière permet au Comité spécial de commencer ses travaux avec une page vierge, de se focaliser sur les questions les plus pertinentes et de repenser son approche, a estimé l’Union européenne.
L’organisation du rapport autour des thématiques d’Action pour le maintien de la paix est un signal fort, a salué le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix. C’est dans le droit fil du soutien politique des 152 États Membres qui ont d’ores et déjà endossé la « Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix des Nations Unies ». Ce document adopté il y a près d’un an représente, a expliqué M. Lacroix, « notre feuille de route » pour améliorer cet instrument unique du multilatéralisme qu’est le maintien de la paix. Il a espéré que cette session se déroulera dans un esprit de compromis et qu’elle verra le triomphe du dialogue et de la coopération dans l’intérêt du consensus.
C’est en effet le Comité spécial qui oriente l’action du Secrétariat pour améliorer les capacités du maintien de la paix, a ajouté le Président de l’Assemblée générale, M. Tijjani Muhammad Bande. Il a notamment insisté sur l’importance de la formation des personnels avant déploiement, un appel repris par de nombreuses délégations qui y ont vu une étape essentielle pour pouvoir optimiser la performance.
La question de la performance est en effet revenue beaucoup dans le débat d’aujourd’hui. L’élaboration d’un cadre général de mesure de cette performance et du système global d’évaluation (CPAS) ont été applaudis par la Suisse comme des développements positifs. Il reste encore beaucoup à faire, ont tranché les États-Unis, pour avoir des missions efficaces, s’agissant de la sécurité du personnel, de la protection des civils et de la capacité d’amener ces missions à faire la transition vers leur sortie. Le CPAS fait suite à la résolution 2436 (2018) du Conseil de sécurité laquelle appelle à l’élaboration d’un dispositif de gestion de la performance complet et intégré qui définisse des normes claires pour l’évaluation de l’ensemble du personnel civil et en uniforme des opérations de maintien de la paix de l’ONU et qui prévoit des méthodes complètes et objectives fondées sur des critères précis et bien définis pour sanctionner les résultats insuffisants.
Un contingent ne peut être blâmé, a fait observer le Mouvement des pays non alignés, pour une prétendue sous-performance alors qu’il n’a pas reçu le matériel nécessaire. L’on ne peut pas non plus critiquer son niveau de formation si les modules pertinents sont inadaptés. La formation prédéploiement, a reconnu l’Union européenne, est essentielle pour améliorer la performance. Cette formation ne doit pas se limiter aux domaines militaire et politique. Elle doit s’élargir aux domaines du genre et des droits de l’homme, de la protection des enfants et des femmes, et de la lutte contre la violence sexuelle et sexiste et l’exploitation et les abus sexuels. Ces formations doivent faire partie du menu de la coopération avec les acteurs régionaux.
Il faut, a ajouté le CANZ , une meilleure intégration des données sur les performances dans les processus de planification et de prise de décisions afin de mieux affecter les ressources. C’est à partir de la disponibilité de ces dernières, a prévenu l’Inde, que l’on peut effectuer une évaluation rigoureuse de la performance. Le phénomène actuel qui voit les « mandats suivre les ressources » et pas le contraire n’est pas viable. Nous ne pouvons pas, a martelé l’ASEAN, exiger de plus en plus des missions tout en leur donnant de moins en moins de ressources. Le Président de l’Assemblée générale a fait observer que le budget actuel des opérations de paix s’élève à 6,5 milliards de dollars pour l'exercice budgétaire du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020, alors que les dépenses militaires mondiales étaient estimées en 2018 à plus de 1 800 milliards de dollars. L’évaluation de la performance doit tenir compte du rapport entre ressources et mandat, a renchéri le Pakistan. L’ASEAN dont les membres ont environ 5 000 Casques bleus sur le terrain, a exigé des mandats « réalisables, hiérarchisés, séquencés, ciblés et clairs ».
En début de séance, le Comité a élu M. Samson Sunday Itegboje du Nigéria à sa présidence et reconduit aux vices-présidences M. Alejandro Guillermo Verdier de l’Argentine; M. Richard Arbeiter du Canada; M. Hiroyuki Namazu du Japon et M. Mariusz Lewicki de la Pologne. M. Abdullah Attelb de l’Égypte a été élu au poste de Rapporteur.
*A/AC.121/2020/L.1
DÉBAT GÉNÉRAL
Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. OMAR HILALE (Maroc) a indiqué que la Commission, qui est le seul forum onusien habilité à examiner les opérations de maintien de paix sous tous leurs aspects, ne peut se permettre une autre session sans rapport. Le représentant a rejeté l’idée selon laquelle les États membres du Mouvement sont davantage des contributeurs de troupes que des contributeurs financiers. Lorsque l’on y regarde de plus près, a-t-il rectifié, les pays contributeurs de troupes engagent des ressources considérables pour former leur personnel aux normes onusiennes et couvrir des dépenses qui ne sont pas remboursées. Le représentant en a profité pour demander aux pays hôtes d’enquêter sur les attaques commises contre les Casques bleus et de traduire leurs auteurs en justice. Le Secrétariat, a-t-il estimé, devrait fournir un appui technique à cette fin. Il a salué la condamnation des auteurs d’une attaque en République centrafricaine qui avait tué 10 soldats de la paix en 2017.
Le représentant a aussi plaidé pour la fin des restrictions qui entravent l’exécution des mandats et la capacité du commandant d’une force de précisément commander ses troupes. Ces restrictions, a-t-il insisté, ont un effet délétère sur la sécurité des opérations de paix. Enfin, au sujet de la performance, il a jugé qu’une opération de paix doit être évaluée comme un tout. On ne saurait se concentrer sur les contingents sans se préoccuper du reste. Il faut une approche systémique, englobant les composantes militaire et civile. En outre, un contingent ne peut être blâmé pour une prétendue sous-performance alors qu’il n’a pas reçu le matériel nécessaire. L’on ne peut pas non plus critiquer son niveau de formation si les modules pertinents sont inadaptés. « Le maintien de la paix est une responsabilité collective », a martelé le représentant.
Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a souligné que les membres de son association sont fiers de leur contribution aux opérations de paix de l’ONU, comme en attestent leurs 5 000 Casques bleus sur le terrain. À ce titre, a poursuivi le représentant, l’ASEAN confirme le rôle du Comité spécial comme le seul forum de l’ONU habilité à examiner l’ensemble de la question des opérations de paix sous tous leurs aspects. L’ASEAN souligne aussi que la recherche de solutions politiques durables doit toujours guider les opérations de l’ONU. Il faut donc des mandats réalisables, hiérarchisés, séquencés, ciblés et clairs. Le Conseil de sécurité doit les élaborer en consultation étroite avec les pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police, les pays hôtes, les organisations régionales et le Secrétariat de l’ONU. L’ASEAN appelle donc au renforcement du rôle du Groupe de travail sur les opérations de paix.
L’ASEAN, a encore dit le représentant, appuie un partenariat étroit entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, lesquelles jouent un rôle important et font une contribution précieuse aux opérations de paix, tant au niveau stratégique qu’opérationnel. Le représentant a d’ailleurs rappelé la Déclaration conjointe sur un partenariat global entre l’ASEAN et l’ONU (2016-2020) au titre de laquelle sont organisés depuis 2019, en coopération avec le Japon et le Secrétariat de l’ONU, des projets de partenariat triangulaire.
Nous ne pouvons pas, a aussi prévenu le représentant, exiger de plus en plus des missions tout en leur donnant de moins en moins de ressources. L’ASEAN appelle donc les États Membres de l’ONU à honorer leurs obligations financières en totalité, à temps et sans condition. Le représentant a aussi regretté que la dernière réunion du Groupe de travail sur le matériel appartenant aux contingents n’ait pas réussi à dégager un consensus sur les taux de remboursement. Enfin, a-t-il conclu, l’ASEAN appuie une plus grande participation des femmes au maintien de la paix, défendant leur présence à des postes de direction tant au Siège que sur le terrain.
M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, a d’emblée salué le courage et le sacrifice des troupes du maintien de la paix de l’ONU qui ont contribué à protéger les civils vulnérables, favoriser des processus de paix difficiles et stabiliser des régions qui seraient tombées dans le chaos. Les conflits que nous demandons à l’ONU de régler ont profondément changé, de même que le concept de maintien de la paix, a-t-il noté. Aujourd’hui, les missions multidimensionnelles complexes requièrent une adaptation constante et la flexibilité de l’architecture de paix et de sécurité de l’ONU en général, et des opérations de paix, en particulier. Le rôle du Comité spécial est donc de promouvoir un maintien de la paix plus efficace dans un environnement changeant, et il y va de son intérêt de le faire, et de sa responsabilité de le faciliter.
L’année dernière, a rappelé M. Gonzato, nous n’avons pas pu adopter nos recommandations. Cette année, le Comité spécial commence donc ses travaux avec une page vierge, ce qui devrait lui permettre de se focaliser sur les questions les plus pertinentes et de repenser son approche. L’Union européenne se félicite de ce que le Comité ait décidé de structurer son rapport en tenant compte de l’initiative « Action pour le maintien de la paix » du Secrétaire général.
Renforcer le maintien de la paix, a poursuivi le représentant, c’est renforcer le leadership et la responsabilité et c’est se concentrer sur la performance. Cette performance peut et doit être évaluée, à tous les niveaux du maintien de la paix. Le représentant a salué l’adoption de la résolution 2436 (2018) du Conseil de sécurité sur la performance des opérations de paix. Ce texte, a-t-il estimé, est une étape importante vers la mise en œuvre des recommandations du rapport Cruz et d’ « Action pour le maintien de la paix ». Mais ce n’est qu’une étape, a reconnu le représentant, en disant attendre des mesures claires pour évaluer la performance de tous les personnels civils, militaires et policiers, ainsi que des critères pour évaluer celle d’une mission dans son ensemble. Il a attiré à cet égard, l’attention sur le nouveau rapport du Comité des Commissaires aux comptes relatif aux opérations de maintien de la paix. La formation prédéploiement prise sur le terrain est essentielle afin d’améliorer la performance et assurer le succès des missions et la sécurité des Casques bleus. La formation ne doit pas se limiter aux domaines militaire et politique. Elle doit s’élargir aux domaines du genre et des droits de l’homme, de la protection des enfants et des femmes, et de la lutte contre la violence sexuelle et sexiste et l’exploitation et les abus sexuels. Ces formations doivent faire partie du menu de la coopération avec les acteurs régionaux. La protection des civils, a insisté le représentant, doit être au cœur des opérations de paix.
Le représentant a appuyé l’agenda du Secrétaire général sur la prévention des conflits et l’agenda « femmes, paix et sécurité ». L’Union européenne, a-t-il assuré, entend travailler à une plus grande participation des femmes aux missions et à une meilleure intégration de la perspective genre dans tous les aspects du maintien de la paix. L’Union européenne réitère son ferme appui à la politique de tolérance zéro face à l’exploitation et aux abus sexuels, a confirmé M. Gonzato, en demandant, pour conclure, que dans la lutte contre le terrorisme, les rôles des Casques bleus et des autres forces soient clairement définis et coordonnés.
Au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), M. MARK JENNINGS (Australie) a souligné d’emblée que les partenariats sont la clef du succès en matière de maintien de la paix qu’il s’agisse de la génération stratégique des forces ou de la promotion des solutions politiques durables. Le CANZ, a-t-il dit, soutient des partenariats étroits, plus souples, plus clairement définis et fondés sur les avantages comparatifs de l’ONU et de l’Union africaine mais aussi des autres organisations régionales et sous-régionales. Les partenariats, a-t-il souligné, peuvent améliorer l’efficacité opérationnelle. Les schémas multinationaux de rotation, les codéploiements, les équipes mobiles de formation et les partenariats triangulaires élargis sont autant d’éléments que l’ONU peut utiliser pour assurer des capacités plus fortes sur le terrain.
Passant à l’agenda « femmes, paix et sécurité », le représentant a appelé à la pleine mise en œuvre de la Stratégie sur la parité des sexes applicable au personnel en uniforme. Il a, à cet égard, attiré l’attention sur l’initiative ELSIE, lancée en 2017 par le Canada, qui est un programme pilote multilatéral. Le Fonds de l’Initiative prévoit d’ailleurs des ressources financières pour aider les pays contributeurs de troupes et d’effectifs de politique qui veulent déployer plus de femmes sur le terrain. Nous devons aussi, a estimé le représentant, appuyer une perspective sexospécifique dans tous les processus de planification et de prise de décisions mais également dans les analyses des conflits et les stratégies, y compris celles liées à la protection des civils.
Le représentant a conclu en appuyant fermement la culture de l’évaluation des performances et l’application du principe de responsabilité dans l’ensemble du système de l’ONU, en particulier dans les opérations de paix. Malgré les progrès, le CANZ, a-t-il dit, voudrait une meilleure intégration des données sur les performances dans les processus de planification et de prise de décisions, y compris au moment du renouvellement des mandats, dans les processus de génération des forces et dans les missions afin de mieux affecter les ressources. Le représentant a aussi relevé des lacunes dans l’approche globale et intégrée nécessaire à une mise en œuvre efficace des mandats multidimensionnels. Il faut pour corriger les choses un leadership fort, de la responsabilité et un changement des mentalités. L’approche intégrée ne doit plus être une aspiration. Elle doit devenir une nécessité opérationnelle et stratégique.
M. NESTOR POPOLIZIO (Pérou) a remarqué que le maintien de la paix est un exercice en constante transformation. C’est pourquoi, les Nations Unies ont dû revoir leur action et accorder plus d’importance à la prévention des conflits et à une plus grande coordination entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale. Le représentant a salué l’initiative « Action pour le maintien de la paix » dont les éléments saillants sont reflétés dans la nouvelle structure du rapport du Comité spécial. Il a dès lors espéré que le rapport pourra être adopté par consensus cette année. Il a plaidé pour la prise en compte de certains éléments notamment les mesures pour renforcer la sécurité du personnel de maintien de la paix dont les systèmes modernes d’alerte et d’évacuation médicale.
Tout doit être fait, a-t-il poursuivi, pour favoriser un rapprochement entre les contingents et les populations locales. Il faut des dialogues triangulaires pour trouver des réponses innovantes aux problématiques sur le terrain. À son tour, le représentant a appuyé la politique de tolérance zéro du Secrétaire général, l’évaluation de la performance des différents contingents et une participation accrue des femmes aux opérations de paix. Aujourd’hui, les femmes représentent 20% des contingents déployés par le Pérou dans les missions onusiennes, a précisé le représentant.
M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a demandé des mesures pratiques afin « d’institutionnaliser » la coopération entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. Il a ajouté que la performance des opérations de paix doit être mesurée à l’aune des réalités opérationnelles et politiques, des priorités des mandats et du montant des ressources allouées. Le phénomène actuel qui voit les « mandats suivre les ressources » n’est pas viable, a-t-il dit, ajoutant que ce sont les ressources qui doivent suivre les mandats. Le délégué a aussi demandé une évaluation rigoureuse des cas de sous-performance des missions, qu’il s’agisse d’un manque de ressources ou d’un manque de clarté des résultats attendus. Une évaluation de la performance sans détermination des responsabilités est le gage d’une répétition des erreurs, a-t-il prévenu. Le délégué indien s’est ensuite dit préoccupé par la situation financière des missions, en particulier le non-paiement des arriérés dus aux pays contributeurs de troupes. Le non-paiement des arriérés liés aux opérations fermées est toujours une question d’actualité, s’est-il impatienté. M. Akbaruddin a vu de la « mauvaise foi » dans le fait de détourner ces ressources vers d’autres engagements.
Pour M. DOMINIQUE FAVRE (Suisse), la session de cette année offre une occasion unique de produire un nouveau rapport complet qui contienne des recommandations politiques claires et concises, afin d’accomplir le mandat du Comité spécial de manière efficace. Le représentant a salué la nouvelle structure du rapport basée sur les domaines thématiques de l’initiative Action pour le maintien de la paix. La prévention des conflits et la promotion d’une paix durable doivent figurer au cœur de toutes les activités de l’ONU, y compris les opérations de paix. La nouvelle architecture de paix et de sécurité du Secrétariat, qui accorde un rôle central au Bureau d’appui à la consolidation de la paix, et donc aussi à la prévention, est une étape importante en ce sens, a estimé le représentant. L’examen de l’architecture de la consolidation de la paix cette année, représente une opportunité pour en dresser un premier bilan.
Le représentant a encouragé le Secrétariat à renforcer les analyses et planifications conjointes entres les opérations de paix et les équipes de pays de l’ONU, notamment dans le cadre de la planification de nouveaux projets du Fonds de consolidation de la paix. Il a souligné l’importance des mesures visant à appuyer la bonne performance de toutes les composantes du maintien de la paix ainsi que le respect du principe de responsabilité. L’élaboration d’un cadre général de mesure de la performance ainsi que d’un système global d’évaluation de la performance pour les opérations de paix sont des développements positifs, a relevé le représentant avant d’insister sur l’importance de la formation des contingents dans ce contexte. La formation prédéploiement relève de la responsabilité des États contributeurs de contingents sur la base des normes et matériels pédagogiques mis à disposition par le Secrétariat, a-t-il rappelé. La Suisse, a-t-il conclu, continue à s’engager en faveur de la mise en œuvre de l’agenda « femmes, paix et sécurité » et salue la publication de la politique actualisée sur la protection des civils dans les opérations de paix de l’ONU.
M. GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a rappelé que l’Irlande est le plus grand fournisseur de Casques bleus par habitant de toute l’Europe et qu’elle reste fidèle à cette cause depuis plus de 60 ans. Le maintien de la paix, a-t-il affirmé, fait partie de l’ADN de l’Irlande dont les troupes sont présentes dans plus de la moitié des opérations de paix de l’ONU. En prévision des recommandations que le Comité spécial devrait adopter à la fin de la session, le représentant a rappelé que le travail du Comité est d’assurer que le système du maintien de la paix soit responsable, performant et qu’il protège les citoyens par tous les moyens nécessaires. Il a insisté sur la protection des civils, laquelle doit être au centre des formations prédéploiement. L’Irlande elle-même a contribué à la formation des Casques bleus du Ghana, du Togo, de la Namibie, du Bhoutan et Viet Nam, l’année dernière.
La coopération et les partenariats doivent aussi être au cœur du maintien de la paix, a ajouté le représentant. La coopération avec les organisations régionales et sous-régionales est « vitale » pour faire face à des défis complexes. Il a particulièrement salué les efforts pour renforcer le partenariat avec l’Union africaine qui a, selon lui, les capacités nécessaires pour jouer un plus grand rôle dans la médiation, la prévention et le règlement des conflits et la consolidation de la paix. L’Irlande a donc pris la décision de débourser la somme d’1,5 million d’euros entre 2019 et 2021 pour soutenir les institutions de la Commission de paix et de sécurité de l’Union africaine. L’Irlande, a poursuivi le représentant, est un fervent défenseur de l’agenda « femmes, paix et sécurité » et des efforts du Secrétaire général pour avoir plus de femmes Casques bleus. L’évolution et le succès des femmes Casques bleus ne sauraient être bloqués, s’est impatienté le représentant, en dénonçant les « barrières arbitraires ». Il a salué le travail de l’ONU sur l’évaluation des performances et estimé que la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels peut être renforcée par des formations ciblées et innovantes, des formations qui doivent être assorties de mesures d’accompagnement pour évaluer leur efficacité.
M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a rappelé que son pays est avec le Mexique, l’Argentine et l’Uruguay, membre fondateur du Comité spécial. Il a qualifié de « prometteuse » l’initiative « Action pour le maintien de la paix ». Mais, a-t-il tempéré, il reste un travail « immense » à abattre notamment pour ce qui est de la sécurité du personnel. Le représentant a en effet déploré le nombre des Casques bleus qui ont été victimes « d’actes odieux » en 2019. Nous attendons des moyens efficaces, un soutien logistique et médical et des formations spécialisées parce que le Brésil est, a rappelé le représentant, un fournisseur de contingents de longue date. Nous sommes prêts, a affirmé le représentant, à fournir des formations prédéploiement au Centre conjoint de formation ou par l’envoi d’équipes mobiles sur le terrain. Il s’est réjoui du nouveau mécanisme de coordination souple de la formation.
Le succès des opérations de paix, a aussi souligné le représentant, dépend de mandats clairs, séquencés et dotés des moyens nécessaires. Le Conseil de sécurité devrait interagir le plus possible avec les responsables des composantes militaires, civiles et de police des opérations sur le terrain. N’oublions pas non plus que toutes les missions doivent être dotées d’une composante « consolidation de la paix » robuste, a-t-il poursuivi, et coopérer avec les organisations régionales et sous-régionales. Le représentant a encouragé le Conseil de sécurité à solliciter l’avis consultatif de la Commission de consolidation de la paix. Après avoir félicité le Conseil pour avoir adopté la résolution 2493 (2019) sur les femmes dans les opérations de maintien de la paix, le représentant a espéré, à son tour, que les nouvelles méthodes de travail et la nouvelle structure du rapport du Comité spécial faciliteront le consensus et permettront d’éviter l’impasse de l’année dernière. La nouvelle structure du rapport est une occasion de fournir des recommandations claires et concrètes, a-t-il estimé.
Nous devons, a dit M. SUPARK PRONGTHURA (Thaïlande), investir dans une bonne préparation au déploiement du personnel de maintien de la paix, grâce à une planification détaillée et aux équipements et des formations adéquates. La priorité, a-t-il insisté, doit être de déployer des Casques bleus bien équipés avec les bonnes capacités, connaissances, compétences et attitudes. Il s’agit non seulement de l’efficacité des opérations de paix mais aussi de la sécurité des Casques bleus. Pour que la paix s’enracine, il faut des efforts pour la soutenir mais aussi pour la consolider et pour contribuer au développement en promouvant les droits politiques, sociaux et économiques des populations locales. Les opérations de paix doivent être vues comme des facilitateurs des processus de paix, ancrées dans une coordination étroite avec les agences de développement et fondées sur les principes d’appropriation nationale et de responsabilité de l’État.
Toutes les parties prenantes doivent échanger les informations à partir d’une évaluation franche et claire de la situation. On ne saurait surestimer l’importance des consultations étroites avec les pays hôtes. Les mandats, a aussi souligné le représentant, doivent avoir les ressources nécessaires. Nous devons identifier les approches qu’il faut pour surveiller, suivre et évaluer les résultats de chaque mission. Le représentant a conclu en plaidant pour la levée des obstacles au recrutement, à la promotion et au déploiement de femmes Casques bleus.
M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a tenu à souligner que le Comité spécial est le seul organe de l’Assemblée générale qui se penche sur tous les aspects des opérations de paix. Il a déploré la tendance consistant à exiger des missions qu’elles fassent toujours plus avec de moins en moins de ressources. Le budget des opérations de paix, a-t-il souligné, représente moins de 0,50% des dépenses militaires mondiales. Il a donc demandé un soutien adéquat aux missions et plaidé pour une plus grande participation des femmes, conformément à l’agenda « femmes, paix et sécurité ». Le prochain rapport du Comité spécial, a pressé le représentant, doit être adopté en temps voulu, dans son nouveau format décidé par le Comité. Il a terminé en saluant le courage des Casques bleus et en rendant hommage à ceux qui ont fait le sacrifice ultime l’an dernier.
Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a dit appuyer la pleine mise en œuvre de l’initiative « Action pour le maintien de la paix » et des missions efficaces avec les normes de conduite, de performance et de responsabilité les plus élevées, ainsi que la recherche de solutions politiques durables, la promotion des partenariats, l’inclusion de femmes et la priorité qu’est la protection des civils. Les opérations de paix sont essentielles et les États-Unis, a dit la représentante, saluent les composantes civiles et militaires. Si le Conseil de sécurité a la responsabilité première du maintien de la paix et la sécurité internationales, c’est au Comité spécial de faire des recommandations pour orienter le travail du Secrétariat. Il nous faut, a dit la représentante, un rapport constructif, transparent et consensuel. Elle a insisté sur les cinq principes qui doivent régir la réforme de l’architecture du maintien de la paix à savoir le consentement et la coopération du pays hôte; le soutien aux solutions politiques; l’ajustement aux progrès et aux échecs; des mandats réalistes et réalisables et une bonne stratégie de sortie.
Il reste encore beaucoup à faire pour avoir des missions efficaces, a estimé la représentante, s’agissant de la sécurité du personnel, de la protection des civils, de la capacité d’amener les missions à faire la transition vers leur sortie. C’est dans cet esprit que les États-Unis n’ont eu de cesse depuis trois ans de travailler pour améliorer la culture de la responsabilité et de la performance. En adoptant la résolution 2436, le Conseil de sécurité a fait de ces deux éléments ses priorités. En décembre 2019, a rappelé la représentante, nous avons coorganisé une manifestation de haut niveau sur une meilleure application du principe de responsabilité pour renforcer la performance des différentes composantes du maintien de la paix. En dépit des progrès faits, il est essentiel que toutes les composantes du maintien de la paix soient intégrées dans un cadre de responsabilisation.
La représentante a conclu en saluant la contribution des pays africains contributeurs de troupes et d’effectifs de police à la sécurité et à la paix sur leur continent. Depuis 2015, les États-Unis ont alloué une somme d’1,5 milliard de dollars à l’aide au renforcement des capacités des pays contributeurs.
M. MOHAMED EDREES (Égypte) a déploré le fait que les engagements pris pour améliorer les opérations de maintien de la paix ne soient pas toujours mis en œuvre. Il a aussi regretté que la dernière session du Comité n’ait pas débouché sur un rapport. Il a déploré le fait que la réunion du Groupe de travail sur le matériel appartenant aux contingents, tenue en janvier dernier, n’ait pas décidé de l’augmentation des taux de remboursement pour aligner les chiffres aux prix actuels et tenir compte de l’inflation. Le représentant a salué le fait que la méthodologie du nouveau rapport du Comité spécial est censée tenir compte des huit thèmes de l’initiative « Action pour le maintien de la paix ». Il a demandé un travail collectif pour faire avancer les recommandations de ladite initiative. S’il s’est dit d’accord avec une meilleure évaluation de l’efficacité des missions de maintien de la paix, le délégué égyptien a souhaité que cette évaluation commence par le mandat des missions et leur faisabilité, afin d’avoir un processus d’évaluation crédible.
M. Edrees a ensuite souhaité l’amélioration de la prise en charge médicale des Casques bleus, notamment les systèmes d’évacuation. Il a insisté sur l’importance de la politique de tolérance zéro en matière d’exploitation et d’atteintes sexuelles, avant de souligner le caractère crucial pour l’ONU de collaborer avec les organisations régionales. Dans ce contexte, le délégué a rappelé que l’Union africaine avait, au cours d’une rencontre au Caire, adopté la « Feuille de route du Caire pour renforcer les opérations de maintien de la paix », un document qui se présente comme une position africaine unie par rapport aux opérations internationales de maintien de la paix. Il a, à son tour, insisté sur une plus grande participation des femmes aux opérations de maintien de la paix.
M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a souhaité que les travaux du Comité spécial soient désormais axés sur la mise en œuvre des mesures contenues dans l’initiative « Action pour le maintien de la paix ». Il a déploré la diminution des ressources consacrées aux opérations de paix, ce qui met en danger la vie des Casques bleus et sape leur efficacité. Pour évaluer la performance de ces opérations, il faut, a plaidé le représentant, des critères propres à chacune d’entre elles, étant donné que les mandats sont différents d’une mission à l’autre. S’attardant sur la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels, le représentant a affirmé que son gouvernement a pris des mesures fortes pour punir les éléments de ses troupes. Des tests génétiques sont par exemple effectués pour vérifier la paternité des enfants nés de ces écarts de conduite. Il a invité l’ONU à investir pour élargir et accélérer l’accès à de tels tests.
La sûreté et la sécurité des Casques bleus sont une source de préoccupation que les technologies de l’information et des communications approfondissent. L’ONU doit s’adapter à cette réalité, a estimé le représentant. De même, a-t-il poursuivi, il est vital de renforcer la coopération entre l’ONU et l’Union africaine, afin notamment de coordonner la riposte à des situations de conflit. Le représentant n’a pas manqué d’exiger le financement durable des opérations de paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité. Il a conclu, à son tour, sur la nécessité de faciliter une plus grande participation des femmes aux opérations de paix, d’autant que cette année marque le vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000) sur « les femmes, la paix et la sécurité ».
M. DAVID CLAY (Royaume-Uni) a indiqué que l’enjeu du Comité spécial sera d’affiner l’ensemble des propositions avancées par ses membres pour aboutir à un rapport concis. Ce ne sera pas aisé, a-t-il reconnu. Il a insisté sur l’esprit de compromis qui anime sa délégation en vue de promouvoir les réformes dans le domaine du maintien de la paix. Il a rendu hommage aux 98 soldats de la paix qui ont trouvé la mort en 2018 et souligné la nécessité de renforcer la sécurité des Casques bleus, grâce notamment à un changement de mentalité, l’amélioration des formations et un appui médical suffisant au sein des missions. Ce défi de la sécurité est lié à celui de la performance, a-t-il dit, en appuyant le système global d’évaluation de la performance (CPAS). Ce système devrait aider à l’adoption de mesures proportionnées visant à remédier à la sous-performance. Le Royaume-Uni, a affirmé le représentant, veille à adhérer aux meilleures pratiques dans ses contributions aux opérations de maintien de la paix. Le représentant a mentionné les 250 soldats britanniques déployés à la Mission de l’ONU au Mali. Il a insisté sur l’importance des partenariats en matière de formation et a indiqué que son pays continuera de former 11 000 soldats de la paix par an. Enfin, le délégué a exhorté le Comité à renforcer la participation des femmes à tous les efforts visant à promouvoir la paix et la sécurité.
M. VICTOR HASUNDUNGAN SIMATUPANG (Indonésie)a indiqué que son pays compte 3 000 éléments dans huit missions de la paix à travers le monde. La poursuite d’une solution politique doit guider le maintien de la paix onusien, a-t-il dit, une opération ne pouvant elle-même instaurer la paix. Les mandats des opérations doivent être en conséquence réalistes et précis. Le représentant a plaidé pour la poursuite des consultations entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes, les pays hôtes et les organisations régionales tout au long du processus de maintien de la paix. S’il s’est dit en faveur d’une amélioration de la performance des opérations, il a rappelé que cette performance dépend de facteurs comme la formation, l’équipement et un appui financier suffisant. « Il n’est pas réaliste d’attendre que les Casques bleus fassent plus avec moins. » Il a, en conséquence, demandé une allocation de ressources suffisantes et exhorté les États Membres à s’acquitter de leurs responsabilités. Le délégué a souligné l’importance de la formation, ajoutant que son pays adhère aux normes les plus élevées en la matière. Enfin, il a appuyé une plus grande participation des femmes à ces opérations, le nombre de Casques bleus indonésiennes étant passé de 77 en 2018 à 159 en 2019.
Au nom d’un pays qui est l’un des plus grands contributeurs de contingents aux opérations de paix des Nations Unies, Mme RABAB FATIMA (Bangladesh) a indiqué que son pays contribue également à l’initiative « Action pour le maintien de la paix » et qu’il est responsable de l’inclusion de certains thèmes. Les enjeux des opérations de paix sont multidimensionnels, a-t-elle constaté, en espérant que la nouvelle structure du rapport du Comité spécial permettra le consensus cette année. La représentante a insisté sur l’importance du dialogue triangulaire entre le Conseil, les pays contributeurs et le Secrétariat. Elle a aussi insisté sur le caractère réaliste et réalisable des mandats. L’ONU doit systématiquement prendre en compte les points de vue de ceux qui travaillent sur le terrain, s’agissant en particulier de la prévention des conflits. S’agissant de la performance des opérations, Elle a estimé que l’évaluation doit dûment tenir compte des réalités opérationnelles. Elle a exigé que la question des taux de remboursement des pays contributeurs de troupes soit réglée sans plus tarder, avant d’apporter son ferme appui aux agendas « femmes, paix et sécurité », et « jeunes, paix et sécurité ».
M. CARLOS AMORÎN (Uruguay) a déploré que le Comité spécial ait été incapable l’année dernière de s’entendre sur des recommandations mais s’est tout de même félicité qu’il ait adopté une nouvelle approche et décidé de calquer ses rapports sur l’initiative « Action pour le maintien de la paix ». L’amélioration des méthodes de travail doit s’accompagner, a souligné le représentant, d’une volonté réelle de parvenir à un résultat consensuel. Il a dénoncé les restrictions imposées par certains États contributeurs de troupes, craignant pour l’efficacité des opérations. La protection des civils, a-t-il martelé, doit rester au cœur des mandats. Le Comité spécial doit aux milliers de gens qui risquent leur vie sur le terrain des recommandations consensuelles, a conclu le représentant, en insistant à son tour sur l’importance de l’agenda « femmes, paix et sécurité ».
M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a estimé que maintenir la paix, c’est s’attaquer aux causes profondes des conflits, garantir le développement socioéconomique, faciliter les processus politiques, protéger les civils, réaliser les objectifs de développement durable et défendre l’égalité femmes-hommes. Pour garantir le succès des opérations de paix, il faut des mandats correspondant aux besoins du pays hôte dont l’identification pourrait se faire par des visites sur le terrain. Le succès dépend aussi de la culture des soldats de la paix qui doit être en harmonie avec celle des pays hôtes, puisque ce sont eux qui sont en contact avec la population locale. Mon Gouvernement, a affirmé le représentant, s’attache à la mise en œuvre de la résolution 1325 sur « les femmes, la paix et la sécurité ». Investir dans les femmes, c’est investir dans la paix, a-t-il souligné, insistant sur l’importance qu’il y a à allouer les ressources nécessaires au maintien de la paix. L’Iraq s’est d’ailleurs déjà acquitté de toutes ses obligations financières vis-à-vis de l’ONU.
M. RENÉ ALFONSO RUIDÍAZ PÉREZ (Chili) a insisté sur la cohérence des mandats des opérations de paix et plaidé pour une utilisation plus efficace des ressources. Il faut tenir compte des besoins des personnels militaire et civil, et préserver le lien entre sécurité et développement. Le représentant a voulu que l’on s’inspire des succès et pressé le Comité de s’entendre sur un rapport qui joigne les actes à la parole.
M. TAYE ATSKESELASSIE AMDE (Éthiopie) a rappelé que son pays prend une part active aux opérations de maintien de la paix depuis 1950, convaincu que cette activité représente le cœur même de la Charte des Nations Unies. Maintenant que les opérations de paix se heurtent à des problèmes croissants, le représentant a jugé bon d’accorder une plus grande attention à la sécurité des Casques bleus. Il est indispensable que les opérations soient dotées des moyens financiers et humains nécessaires à leur succès. Parce que les Casques bleus doivent être capables de s’adapter aux nouvelles dynamiques, il faut qu’ils soient formés avant leur déploiement. Il faut aussi, a ajouté le représentant, qu’ils aient des mandats « clairs, spécifiques, réalistiques et réalisables ». Notant que les Nations Unies ne peuvent, à elles seules, faire face à tous les défis de la paix et de la sécurité internationales, M. Amde a mis l’accent sur l’importance de partenariats forts. Il a plaidé pour la consolidation du partenariat stratégique entre l’ONU et l’Union africaine et pour une coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat.
M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) a plaidé pour que la priorité soit donnée à un règlement politique des conflits et pour une plus grande participation des femmes aux opérations de paix. Il a appelé à la poursuite des efforts visant le renforcement des capacités dans la protection des civils. Les mandats sur ce sujet doivent être plus clairs et réalistes, a-t-il conseillé, avant de saluer la nouvelle politique de l’ONU s’agissant des violences commises contre les civils, y compris sexuelles, en particulier le prochain guide visant à prévenir et remédier à la violence sexuelle liée à un conflit. Afin de renforcer la sécurité des soldats de la paix, le délégué a exhorté les États Membres à faire en sorte que les contingents déployés soient suffisamment formés. Ils doivent notamment avoir répété les procédures d’évacuation des victimes avant leur déploiement.
Nous devons évaluer et comprendre les raisons pour lesquelles une mission échoue ou réussit, a poursuivi M. Kvalheim, en appuyant le système global d’évaluation de la performance. Ce système est unique, en ce qu’il se concentre sur la performance de chaque composante de la mission. Il a parlé de l’unité de police spécialisée que son pays a dépêchée au Mali pour aider les autorités dans la gestion « des scènes de crime ». Il a appelé au renforcement de la relation stratégique entre l’ONU et l’Union africaine. Appuyant la stratégie du Secrétaire général sur la parité dans les opérations, le représentant a jugé « vital » d’augmenter le nombre de femmes Casques bleus. Tout le personnel de l’ONU doit agir conformément aux normes de professionnalisme consacrées. Tout échec en la matière ne peut que saper la crédibilité de l’Organisation.
M. YEVHENIIA FILIPENKO (Ukraine) a déploré le fait que les causes de la Deuxième Guerre mondiale en Europe soient encore d’actualité. Revitalisées, ces causes ont conduit à des agressions étrangères et à l’occupation de parties de l’Ukraine « au XXIe siècle ». Mon pays, a dit le représentant, attend de l’ONU qu’elle prenne des mesures pratiques pour mettre fin à cette agression étrangère et restituer les territoires temporairement occupés. L’ONU, a-t-il précisé, doit déployer une opération de paix qui contribuerait à réunir les conditions pour faire avancer le processus de paix et assurerait la protection des civils, y compris en mettant un terme à l’entrée illégale des armes et des mercenaires. Le représentant a plaidé pour une réforme du secteur du maintien de la paix, dont un recours plus systématique au renseignement et aux technologies modernes. Il a insisté sur une formation adéquate du personnel et sur une plus grande coopération entre l’ONU et les organisations régionales. Il a conclu sur l’importance du dialogue entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat des Nations Unies, avant l’établissement des mandats et leur renouvellement.
Le maintien de la paix est une responsabilité partagée, a souligné M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala), estimant que l’évaluation de la performance doit englober toutes les composantes d’une opération et tenir compte des budgets et ressources qui doivent suivre les mandats et pas le contraire. Les mandats, a-t-il insisté, doivent être cohérents et assortis des moyens adéquats qu’il s’agisse du financement, de la logistique et des ressources humaines. Il a, à cet égard, reconnu l’importance de la formation et appelé le Secrétariat à améliorer sa capacité à protéger son personnel. Les infrastructures médicales doivent par exemple être disponibles 24h/24 sur toute la zone couverte par une mission. Le représentant a, à son tour, contesté la validité des restrictions que certains États contributeurs imposent à leurs troupes. Il a conseillé au Conseil de sécurité de mieux exploiter le potentiel de la Commission de consolidation de la paix, surtout quand il renouvelle un mandat.
M. GHANSHYAM BHANDARI (Népal) a souligné la nécessité de doter les opérations de maintien de la paix de ressources suffisantes et de mandats réalistes, clairs et séquencés. Les opérations de maintien de la paix doivent respecter les principes de consentement des parties, d’impartialité et de non-recours à la force sauf pour les cas de légitime défense et de défense du mandat. Le délégué a souligné la nécessité d’une appropriation locale des processus de prévention et de règlement des conflits. Les opérations ne sauraient se substituer à des solutions politiques pour remédier aux causes profondes des conflits. La performance des soldats de la paix dépend de mandats réalistes, de ressources suffisantes et de la volonté politique de tous les acteurs. Le remboursement des paiements aux pays contributeurs de troupes est tout aussi essentiel pour maintenir les capacités opérationnelles des missions. Le représentant a appelé le Secrétariat à mettre en place un plan de sortie crédible pour les soldats de la paix déployés dans des environnements caractérisés par des menaces asymétriques. Enfin, le délégué a redit la détermination de son pays à augmenter le nombre de femmes Casques bleus.
Pour M. MANUEL DE JESÚS PIREZ PÉREZ (Cuba), les Nations Unies ont la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales et doivent à cet égard respecter strictement les principes de la Charte à savoir l’égalité souveraine des États, leur indépendance politique et leur intégrité territoriale, sans oublier la non-ingérence dans leurs affaires intérieures. Le maintien de la paix doit reposer sur les principes de l’impartialité, du consentement des parties et du non-recours à la force sauf en cas de légitime défense. Tout action qui contrevient à ces principes est contraire au droit international, a tranché le représentant.
Ces principes fondamentaux sont de plus en plus violés, compte tenu de la tendance accrue à élargir les mandats des opérations de paix et à les rendre de plus en plus complexes, a estimé le représentant. Il est essentiel que les mandats restent conformes à ces principes. Les missions ne sauraient se substituer au règlement des causes profondes des conflits. Le représentant a en effet dénoncé la tendance à se servir des missions pour « imposer la paix » ou combattre le terrorisme, l’extrémisme et la criminalité transnationale organisée. Cela ne fait qu’augmenter les risques auxquels sont exposés les soldats de la paix, le personnel civil et les organisations partenaires des Nations Unies. Les missions ne sont pas une fin en soi mais une mesure temporaire pour apporter un cadre sécuritaire permettant la mise en œuvre d’une stratégie à long-terme de développement socioéconomique, a fait valoir le représentant.
Le Comité spécial, a-t-il poursuivi, est la seule enceinte de l’ONU habilitée à faire une analyse approfondie des questions relatives au maintien de la paix sous tous ses aspects. Le représentant a également rappelé que la protection des civils incombe en premier lieu aux États et qu’il est « inacceptable « que cette question soit manipulée à des fins politiques pour déguiser l’ingérence dans les affaires intérieures des États. Il a demandé le renforcement du dialogue triangulaire, en constatant que trop souvent encore les pays fournisseurs de contingents ne sont pas activement impliqués à tous les stades des décisions sur les opérations de paix. Cuba, a-t-il dit, se méfie de l’idée de recourir aux nouvelles technologies sur le terrain. Ces technologies ne peuvent que complémenter le travail des troupes mais pas le remplacer. Elles devraient être utilisées au cas par cas et conformément aux principes de la Charte.
M. DINH QUY DANG (Viet Nam) a exhorté les membres de la Commission à parvenir au consensus et à assurer le succès de cette session. Il a jugé nécessaire que les opérations de maintien de la paix respectent en tout temps les principes de souveraineté, d’indépendance et de non-ingérence dans les affaires intérieures de l’État hôte. Soulignant l’importance de la formation du personnel, il a demandé que davantage de ressources soient allouées à cette formation et au renforcement des capacités. L’engagement auprès des populations locales est une bonne manière d’établir la confiance, a-t-il dit, ajoutant que la connaissance des mœurs locales est également importante. Il a cité, à l’appui de son propos, l’engagement de médecins vietnamiens auprès de la population au Soudan du Sud. Il a appuyé une plus grande participation des femmes, les femmes Casques bleus étant de véritables agentes de la paix. Il a indiqué que les femmes représentent 16,5% du personnel vietnamien dans les missions de l’ONU contre une moyenne globale de 4,4%.
M. MUHAMMAD IMRAN KHAN (Pakistan) a espéré que le Comité spécial parviendra à des recommandations consensuelles cette année. Si les opérations de paix ont connu quelques progrès au fil du temps, ils risquent néanmoins de ralentir compte tenu des coupes budgétaires. Les ressources doivent être à la hauteur des enjeux, a martelé le représentant. En ce qui concerne l’évaluation de la performance, il a voulu qu’elle se fonde sur les données et qu’elle tienne compte du rapport entre ressources et mandat. Le représentant a, à son tour, dénoncé les restrictions que certains contributeurs imposent à leurs troupes, une pratique qui influe négativement sur l’efficacité des opérations. Il a aussi prôné une plus grande coopération entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de contingents. Il s’est dit déçu des chiffres agréés par le Secrétariat pour le remboursement du matériel appartenant aux contingents. En tant que fournisseur de contingents depuis 1960, le Pakistan juge important de partager son expérience et c’est ce que fait le Centre de formation d’Islamabad, inauguré en 2013 par le Secrétaire général de l’ONU de l’époque, M. Ban Ki-moon.
Mme KSHENUKA DHIRENI SENEWIRATNE (Sri Lanka) a rappelé que son pays est un grand contributeur de troupes et s’est dès lors dite préoccupée par l’augmentation du nombre de victimes parmi les Casques bleus et le personnel civil du maintien de la paix. La représentante a plaidé pour davantage de coopération et de coordination entre toutes les parties prenantes. Prenant note de l’initiative « Action pour le maintien de la paix » du Secrétaire général, elle a endossé la Déclaration d’engagements communs et a espéré qu’elle contribuera à améliorer les efforts collectifs pour rendre les opérations de paix plus efficaces et conformes aux autres priorités des Nations Unies comme les droits de l’homme, la consolidation de la paix, le développement durable et la protection de l’environnement. Le succès des missions est directement lié au degré de coopération et de synergie entre les Nations Unies, les pays fournisseurs de contingents, les contributeurs financiers et le pays hôte, a estimé la représentante. Elle a réaffirmé l’attachement de son pays à la politique de tolérance zéro face aux abus sexuels commis par des soldats de la paix et a soutenu l’appel à inclure davantage de femmes aux efforts de paix.