La Sixième Commission poursuit son débat sur les mesures visant à éliminer le terrorisme mondial et s’inquiète de l’impact de la pandémie sur ce fléau
Près d’une trentaine de pays ont présenté cet après-midi à la Sixième Commission, chargée des questions juridiques, les mesures qu’ils ont prises aux niveaux national et international en matière de prévention et de répression pour lutter contre le terrorisme international. Sur fond de crise sanitaire, les délégations ont été nombreuses à estimer que la pandémie de COVID-19 représente un défi sans précédent et à réclamer un effort spécifique pour évaluer son influence potentielle sur les activités terroristes.
La COVID-19 a en effet été perçue dans ce débat comme un facteur d’amplification probable du terrorisme en raison de ses effets socioéconomiques désastreux pour les populations. L’accent a été également mis sur la façon dont les groupes terroristes exploitent l’omniprésence des technologies de l’information et de la communication pendant cette période de confinement mondial pour disséminer plus efficacement leurs idéologies violentes.
Selon le représentant du Cameroun, qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, la COVID-19 exacerbera sans aucun doute « les conditions connues pour engendrer le terrorisme ». Le représentant de l’Australie, au nom de la Nouvelle-Zélande et du Canada, a déploré que les terroristes aient exploité la pandémie pour « souffler sur les braises des revendications sociales », tandis que la représentante de la Suisse, l’un des nombreux intervenants à appeler à une recherche des causes profondes du terrorisme, a affirmé que les violations des droits de l’homme, la mauvaise gouvernance et l’absence d’état de droit constituaient des facteurs du terrorisme et de l’extrémisme violent. Si la lutte contre le terrorisme se déroule au détriment des paramètres juridiques internationaux, elle aura non seulement manqué sa cible mais aussi contribué à attiser d’autres formes d’extrémisme potentiellement propices au terrorisme, a averti son homologue du Brésil.
De plus, les États ont exprimé leur crainte que la pandémie n’entrave les efforts internationaux de lutte contre le terrorisme, particulièrement à cause de la réorientation des ressources des pays développés vers d’autres objectifs nationaux au détriment de l’aide au développement ou à la sécurité des pays en voie de développement.
Le Cameroun, alarmé par l’augmentation des attaques terroristes en Afrique et par la prolifération des groupes, pour certains liés à Daech, sur ce continent, a rappelé que la situation actuelle exigeait plutôt d’accélérer les efforts d’assistance et de renforcement des capacités. Le Groupe des États d’Afrique a ainsi fait savoir qu’il redoublait d’efforts de coopération au niveau régional, évoquant la création du Centre africain d’études et de recherches sur le terrorisme à Alger, ainsi que le rôle de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM). À l’instar de l’Éthiopie, Djibouti a souligné que la Corne de l’Afrique était « la zone de prédilection » des groupes extrémistes et terroristes tels que Al-Qaida et les Chabab qui ont prêté allégeance à l’État islamique.
La plupart des interventions ont également noté que la pandémie, en provoquant la fermeture des frontières, limitait les déplacements physiques des groupes armés, mais qu’elle avait, en revanche, accéléré la diffusion et accru l’efficacité de la propagande extrémiste et des discours violents. Les discussions ont souvent abordé le problème de la radicalisation par le biais d’Internet de populations plus vulnérables à la propagande en raison du confinement, et loué, comme le Qatar, des initiatives d’éducation contre le terrorisme. Pour sa part, l’Australie a mentionné l’Appel de Christchurch contre la radicalisation sur Internet au titre des initiatives importantes contre l’extrémisme en ligne.
Le financement du terrorisme était aussi au cœur des préoccupations, comme l’a montré l’hommage des délégués au travail du Groupe d’action financière (GAFI) dans la lutte contre les transferts de fonds illicites et le blanchiment d’argent. Autre problème crucial, celui du rapatriement des combattants terroristes étrangers, qui se justifie, selon la représentante des États-Unis, par des impératifs humanitaires mais aussi par « le besoin d’éviter la radicalisation de la prochaine génération ». Concernant les combattants terroristes étrangers, le représentant de la Turquie a rappelé que son pays restait en première ligne du conflit en Syrie, et que la présence de ces combattants avait des implications directes pour la sécurité de la Turquie et au-delà.
Enfin, le débat sur la lutte contre le terrorisme a donné l’occasion aux intervenants de rappeler leur attachement à leur souveraineté, et la crainte que la lutte contre la violence terroriste ne donne prétexte à des ingérences extérieures dans leurs politiques nationales. Le Cameroun a ainsi proclamé l’impossibilité pour les États de déroger à leurs obligations concernant le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de tous les États. Cette question a donné lieu à une vive réaction du représentant de la Chine aux propos jugés « mensongers et diffamatoires » tenus par les États-Unis sur la politique de déradicalisation lancée par la Chine dans la région du Xinjiang.
Les États Membres sont parties à plusieurs instruments juridiques internationaux relatifs à la prévention et à la répression du terrorisme international. On dénombre à l’heure actuelle 55 instruments consacrés au terrorisme international: 19 sont universels et 36 ont une portée régionale.
La Commission poursuivra ses travaux le jeudi 8 octobre, à 15 heures.
MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL (A/75/176)
Suite du débat
M. MICHEL TOMMO MONTHE (Cameroun), au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé que le Groupe condamnait fermement et sans équivoque le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, où qu’ils se produisent, quels qu’en soient les auteurs et les cibles - y compris le terrorisme d’État. Il a en outre réaffirmé que le terrorisme ne pouvait et ne devait être associé à aucune religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique.
C’est pourquoi le Groupe des États d’Afrique perçoit tout acte de terrorisme comme une violation flagrante du droit international, y compris du droit international humanitaire et des droits de l’homme. Le représentant a en outre reconnu « l’obligation impossible à déroger » des États concernant le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de tous les États.
Le Groupe des États d’Afrique apprécie « l’engagement sincère » du Secrétaire général en faveur d’une révision réussie de l’architecture antiterroriste de l’ONU, a rapporté M. Tommo Monthe. Réitérant son soutien au Bureau de lutte contre le terrorisme, il a jugé important de noter que l’actuelle pandémie de COVID-19 nécessitait d’accélérer les efforts d’assistance et de renforcement des capacités. L’impact socioéconomique dévastateur de la pandémie « exacerbera sans aucun doute les conditions connues pour engendrer le terrorisme », a prévenu le représentant. Les circonstances sont inquiétantes en Afrique, où les attaques terroristes ont augmenté et où les groupes prolifèrent sur tout le continent, y compris ceux affiliés à Daech.
Appréciant le travail accompli jusqu’à présent par le comité ad hoc pour rédiger une convention générale sur le terrorisme international, le représentant a réaffirmé l’importance d’établir un tel instrument, et s’est dit prêt à travailler avec d’autres délégations pour parvenir à un consensus sur ce projet. L’effort et l’engagement continus du continent africain par l’intermédiaire de l’Union africaine ont redoublé. Il a notamment cité la création du Centre africain d’études et de recherches sur le terrorisme (ACSRT) à Alger, ainsi que la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM). Ces entités ont pour objectifs de « guider, promouvoir, sensibiliser, prévenir, protéger et renforcer les capacités des parties prenantes », en prodiguant des conseils, un soutien opérationnel et technique, et en organisant des sessions de formation.
M. MITCHELL FIFIELD (Australie), au nom de la Nouvelle-Zélande et du Canada, a déclaré que les femmes sont « un rempart » contre l’extrémisme violent, avant de souligner la nécessité d’identifier et de remédier aux causes profondes du terrorisme. Les terroristes ont exploité la pandémie pour souffler sur les braises des revendications sociales, a-t-il dit, en notant que la pandémie a entravé les efforts antiterroristes internationaux. Il a insisté sur l’importance de protéger Internet de la propagande extrémiste et terroriste et mentionné l’Appel de Christchurch pour agir contre le terrorisme et l’extrémisme violent en ligne.
Face au phénomène des combattants terroristes étrangers, le délégué a prôné une approche globale conjuguant prévention et réhabilitation, tout en prenant en compte la spécificité de chaque cas. Il a ensuite souligné l’importance de protéger les droits des victimes du terrorisme, avant de rappeler que les trois pays au nom desquels il s’exprime font partie de la Coalition internationale contre le terrorisme en Iraq. « Nous voulons un Iraq stable et nous devons vaincre Daech », a-t-il affirmé. Enfin, il a redit l’engagement de ces trois pays à œuvrer avec le secteur privé et les entités de l’ONU pour vaincre le fléau du terrorisme et de l’extrémisme violent.
Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a affirmé que la lutte contre le terrorisme est une priorité de son pays, qui fonde son action sur les quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU. Elle s’est félicitée de son partenariat avec l’Organisation et a renouvelé son appel à l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme international qui comporterait une définition du terrorisme et ne l’associerait pas à une religion. La déléguée a rappelé son appui aux agences pertinentes de l’ONU dans ce domaine et sa contribution de 75 millions de dollars aux efforts du Bureau de lutte contre le terrorisme. En tant que pays pilote dans la lutte contre le blanchiment de fonds terroristes, le Qatar, a ajouté la déléguée, collabore fructueusement avec le Groupe d’action financière (GAFI) et avec le Fonds monétaire international (FMI). Il est en outre l’initiateur d’une journée internationale pour l’éducation contre le terrorisme.
Mme LILA DESTA ASGEDOM (Éthiopie) a indiqué que son pays est victime du terrorisme, avant d’insister sur les efforts de son gouvernement pour le combattre. L’Éthiopie a ainsi mis en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité et ratifié les traités internationaux pertinents. Elle a récemment amendé sa législation antiterroriste qui autorise désormais les forces de sécurité à prendre les mesures préparatoires nécessaires et vise à punir les actes terroristes de manière proportionnée, a précisé la déléguée. Certaines lacunes antérieures ont été comblées conformément au droit international.
La déléguée a insisté sur le rôle joué par son pays dans la lutte contre le terrorisme, notamment en Afrique de l’Est. L’Éthiopie s’acquitte par ailleurs de ses responsabilités dans le cadre de l’Union africaine et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement. Enfin, Mme Asgedom a affirmé que son pays a ratifié plusieurs instruments antiterroristes obligeant les parties à punir les responsables et les crimes définis par lesdits textes. « Nous devons redoubler les efforts internationaux en vue de prendre des mesures concrètes et de renforcer notre coopération aux niveaux régional et international dans la lutte contre le terrorisme. »
Mme AL-MASHHRI (Yémen) a rejeté toute association du terrorisme avec un groupe ou une religion en particulier. Elle a souligné la pertinence de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU et de ses quatre piliers, avant d’insister sur les efforts de son gouvernement contre le terrorisme. Ce dernier a ainsi promulgué des lois pour empêcher le recrutement par des groupes terroristes, ainsi que pour tarir leur financement, conformément au droit international. La déléguée a mentionné les mesures vigoureuses prises par la Banque centrale basée à Aden pour lutter contre le blanchiment d’argent. Toutes les personnes figurant sur des listes noires de gel des avoirs se voient interdites de toute transaction financière. Le Yémen respecte tous les instruments internationaux de lutte contre le terrorisme et n’épargne aucun effort dans la lutte contre les groupes affiliés à Daech et Al-Qaida, a assuré la représentante. Enfin, elle a tenu à dire que son pays fait face au défi posé par les milices armées houthistes, véritable menace pour la stabilité régionale.
M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a évoqué l’importance que revêt pour son pays la coopération avec l’ONU et les organisations régionales dans le domaine du terrorisme. La Mongolie, a-t-il assuré, n’a détecté aucun attentat ou groupe actif sur son territoire. Il a cité plusieurs mesures nationales, dont la première loi antiterroriste de 2004, qui a été actualisée en 2019.
Le délégué a rappelé que la Mongolie a organisé une conférence interrégionale sur le rôle de l’ensemble de la société dans le combat contre le terrorisme, en coopération avec le Bureau de lutte contre le terrorisme et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Elle a signé le protocole pour la structure antiterroriste régionale de l’Organisation de coopération de Shanghai, ainsi que plusieurs accords de coopération avec la Turquie, le Kazakhstan, le Kirghizistan et la Fédération de Russie. En outre, la Mongolie a pris l’engagement de travailler avec le Groupe d’action financière (GAFI) pour lutter contre le blanchiment d’argent et a accueilli une visite du GAFI destinée à évaluer les réformes entreprises dans ce pays.
Mme RABAB FATIMA (Bangladesh) a expliqué la vision de la lutte contre le terrorisme de son pays, laquelle, pour être efficace, doit être collective puisque le terrorisme ignore les frontières. L’ONU doit, selon elle, orienter le discours et l’action mondiaux sur la lutte contre le terrorisme « d’une manière plus robuste ». Mme Fatima a ensuite appelé de ses vœux des progrès concrets vers la conclusion d’une convention générale sur le terrorisme international prenant en compte les causes profondes du terrorisme et prévoyant des mesures spécifiques pour les éliminer. Nous nous félicitons de la création d’un groupe de travail pour finaliser le processus lié à ce projet, a-t-elle noté.
Pour la représentante, le renforcement des capacités nationales et la formation du personnel antiterroriste des pays en développement devraient rester au premier rang des priorités des Nations Unies, cela pour aider à la mise en œuvre des diverses obligations en vertu de la Stratégie antiterroriste mondiale. Parce que les femmes et les enfants sont touchés de manière disproportionnée par le terrorisme, la déléguée a souligné l’importance d’accorder une attention particulière à l’intégration de la dimension du genre dans les campagnes nationales et internationales contre le terrorisme et l’extrémisme violent. Enfin, après avoir rappelé que le respect des droits de l’homme et de l’état de droit doit guider le programme international de lutte contre le terrorisme, Mme Fatima a appelé les États Membres à trouver des solutions innovantes pour contrer les tendances nouvelles du terrorisme afin, en particulier, de réaliser pleinement le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Mme ELIZABETH MARYANNE GROSSO (États-Unis) a déclaré que la situation actuelle s’agissant du terrorisme est plus fluide et complexe que jamais, avant d’insister sur la pertinence des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU. Elle a espéré que son prochain examen sera l’occasion de remédier aux lacunes de certaines résolutions. Elle a regretté qu’en août dernier, le Conseil de sécurité ne se soit pas montré à la hauteur de ses responsabilités en ne prévoyant pas le rapatriement dans son projet de résolution sur la poursuite, la réhabilitation et la réintégration des combattants terroristes étrangers et de leurs familles. « L’adoption d’une telle résolution aurait été pire qu’aucune résolution. » Alors que des milliers de ces combattants sont emprisonnés en Iraq et en Syrie et que des milliers de familles croupissent dans des camps de déplacés, la déléguée a jugé essentiel les rapatriements pour des raisons humanitaires mais aussi pour prévenir la radicalisation terroriste de la prochaine génération. « Nous avons, avec nos partenaires, détruit le soi-disant califat territorial de Daech, nous ne devons pas baisser la garde contre la menace grandissante de ses branches et réseaux au niveau mondial. »
La représentante a indiqué que les gouvernements ne doivent pas user de l’antiterrorisme comme d’un prétexte pour étouffer la liberté de religion et les autres libertés fondamentales, en mentionnant la situation au Xinjiang. Elle a souligné l’importance de contrer l’utilisation d’Internet à des fins terroristes, tout en respectant les droits de l’homme, notamment la liberté d’expression. Enfin, la représentante a appelé à remédier aux activités terroristes parrainées par l’Iran, y compris au moyen de désignations et de sanctions rejetant « la distinction fallacieuse entre les soi-disant ailes politiques et militaires du Hezbollah ».
M. NÉSTOR POPOLIZIO (Pérou) a réaffirmé l’engagement du Pérou par rapport à la Charte des Nations Unies, ainsi que sa condamnation du terrorisme dans toutes ses manifestations. Il a mentionné les différentes politiques engagées par son Gouvernement, notamment les actions multisectorielles de lutte contre le terrorisme et contre le crime organisé, en matière de renseignement financier et pour empêcher les groupes terroristes de se servir des technologies de l’information. De plus, le délégué a souligné l’importance pour la communauté internationale de gérer le retour et la réintégration des combattants terroristes étrangers en conformité avec le droit international et les droits de l’homme. Il a rappelé la nécessité urgente d’une convention générale sur le terrorisme international « qui dépasse l’acquis symbolique d’une définition consensuelle à l’Assemblée générale ».
Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a fait part de sa préoccupation face à la menace terroriste, en particulier dans ses effets sur les groupes les plus vulnérables comme les femmes et les enfants. Elle a renouvelé son appel à la coopération mondiale et à l’échange d’informations et insisté sur l’application de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU. La déléguée a insisté sur la nécessité d’instruments juridiques contraignants, à commencer par une convention internationale contre le terrorisme. À cet égard, El Salvador a pris des mesures internes sous la forme d’une loi spéciale contre les actes de terrorisme et d’un plan de contrôle territorial qui constitue une ferme réponse au crime organisé, via la reconstruction du tissu social, la reconquête de territoires et d’espaces publics et la promotion du rôle civique de la jeunesse.
M. EDGAR DANIEL LEAL MATTA (Guatemala) a exprimé sa « stupéfaction » devant les conséquences du terrorisme, qui s’attaque à la dignité humaine même et génère une très forte insécurité mondiale. Il a demandé des règles plus rigoureuses dans l’encadrement du commerce des armes classiques, avant d’insister sur l’importance de remédier aux causes profondes du terrorisme. Même si la communauté internationale dispose de nombreux instruments, le délégué a souligné la perception parmi les peuples d’une insuffisance desdits instruments. Il a demandé une actualisation des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU, avant d’enjoindre l’Organisation à jouer un rôle plus visible dans les efforts antiterroristes. Il a exhorté les États à s’acquitter de leurs obligations dans le domaine des transactions financières, insistant sur les efforts de son pays contre les flux financiers illicites. Le délégué a mentionné le guide national de gestion des risques sur le blanchiment d’argent suivi par les banques guatémaltèques, ainsi que le travail accompli par la Commission présidentielle contre le blanchiment d’argent.
Mme NATHALIE SCHNEIDER RITTENER (Suisse) a déclaré que les violations des droits de l’homme, la mauvaise gouvernance et l’absence d’état de droit constituent des facteurs du terrorisme et de l’extrémisme violent. Faisant un lien entre la prévention de l’extrémisme violent et la lutte contre le terrorisme, d’une part, et les efforts de l’ONU en matière de prévention des conflits et de maintien de la paix, d’autre part, elle a encouragé à investir dans des institutions responsables, efficaces et légitimes. Selon elle, tous les acteurs concernés, les États comme la société civile, doivent œuvrer de concert à la prévention du terrorisme et de l’extrémisme violent en s’assurant du plein respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire.
La Suisse salue dans ce contexte le travail accompli par le Bureau de lutte contre le terrorisme dans l’élaboration d’une stratégie d’engagement de la société civile qui met l’accent sur les droits de l’homme, le genre et les jeunes. Le meilleur moyen d’assurer une collaboration efficace entre l’ONU et ce bureau serait de créer une entité en son sein capable de développer et coordonner la mise en œuvre de programmes concrets sur le terrain en partenariat étroit avec la société civile, les États Membres et les autres entités onusiennes, a préconisé la représentante. Par ailleurs, La Suisse dénonce l’amalgame entre la lutte contre le terrorisme et les engagements humanitaires, qui fait que des populations entières, vivant dans des zones contrôlées par des groupes armés répertoriés, se retrouvent sans assistance ni protection. À titre de solution, la représentante a proposé la tenue de discussions ouvertes et inclusives au niveau international concernant la forme que pourraient revêtir les exemptions humanitaires prévues dans les régimes de sanctions et dans le cadre de la lutte antiterroriste, la résolution 2462 (2019) du Conseil de sécurité constituant un excellent exemple.
Mme MAITÊ DE SOUZA SCHMITZ (Brésil) a estimé que « le patchwork » actuel de conventions interdisant des actes spécifiques liés au terrorisme manque de l’unité et de la cohérence qu’offrirait une convention générale contre le terrorisme international. « Il est nécessaire de sortir de l’impasse dans les processus de négociation devant mener à l’adoption d’une telle convention et à la convocation d’une conférence de haut niveau de l’ONU qui permettrait de l’entériner », a-t-elle ajouté. La représentante a insisté sur le fait qu’avancer juridiquement sur le projet de convention redynamiserait la dimension « état de droit » de la lutte contre le terrorisme, « condition préalable à son efficacité ». Cela créerait également les conditions adéquates pour garantir que les mesures adoptées aux niveaux régional et national respectent les droits de l’homme, a-t-elle encore jugé.
La représentante s’est dite consciente que franchir la dernière étape de cette tâche juridique exige un véritable élan politique. Notant à cet égard que, l’an dernier, le Secrétaire général a organisé la toute première Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la lutte contre le terrorisme, elle a souhaité que la deuxième édition de la conférence soit l’occasion de d’aboutir à la convention générale sur le terrorisme international. Concernant l’obstacle que constituent les désaccords sur une définition universellement acceptée du terrorisme, elle a estimé que l’émergence de nouvelles expressions telles que « radicalisme » et « extrémisme violent » peuvent ajouter de la confusion, « à la fois dans la compréhension des causes et dans la recherche des meilleurs moyens de prévenir et de contrer ces phénomènes ».
Par ailleurs, la représentante a affirmé que la Sixième Commission était particulièrement bien placée pour assurer que le droit international est au cœur des débats sur la lutte contre le terrorisme. « Les efforts de lutte contre le terrorisme ne seront durables et efficaces que s’ils sont conformes à la Charte des Nations Unies et aux autres normes du droit international, y compris les droits de l’homme, les droits humanitaires et les droits des réfugiés », a-t-elle encore insisté. En conclusion, la représentante a averti que si la lutte contre le terrorisme se déroule au détriment des paramètres juridiques internationaux, elle aura non seulement manqué sa cible mais aussi contribué, peut-être, à attiser d’autres formes d’extrémisme potentiellement propices au terrorisme.
M. ALIE KABBA (Sierra Leone) a réitéré sa condamnation du terrorisme et fait part de ses actions nationales, telle une loi de 2005 amendée en 2012 sur le financement du terrorisme. Il a rappelé les initiatives de son pays au sein de l’Afrique de l’Ouest pour le maintien de la stabilité économique et la sécurité régionale. Ces efforts, a-t-il ajouté, se sont traduits par la présence du Président de la Sierra Leone au Sommet des chefs d’État au Mali, où a été exprimée la crainte d’une propagation du terrorisme du Mali vers le Niger, ce qui représente un grand danger pour toute l’Afrique de l’Ouest.
Après avoir loué les efforts de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDAO) et l’engagement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), le représentant s’est déclaré favorable à une convention générale sur le terrorisme international et, dans cet objectif, à une conférence de haut niveau sous les auspices de l’ONU. Il a, en conclusion, rappelé l’aide fournie par la Sierra Leone aux autres États Membres de la région pour la création d’un cadre juridique permettant de lutter de façon organisée et structurée contre le terrorisme dans le Sahel et dans l’Afrique de l’Ouest.
M. HAZAA MOHAMMED SAIF AL REESI (Oman) a indiqué que son pays était partie à tous les instruments et accords régionaux et internationaux liés à la lutte contre le terrorisme, au blanchiment d’argent et à d’autres manifestations du terrorisme. Sa politique nationale en la matière repose sur les buts et principes de la Charte des Nations Unies, sur le droit international et sur son rejet total de toutes formes d’extrémisme et d’idéologies prônant le terrorisme et l’extrémisme. Le pays s’efforce à favoriser l’entente et le dialogue, ainsi que l’esprit de tolérance et d’harmonie, a assuré le représentant, en exhortant au resserrement de la coopération internationale dans la lutte antiterroriste.
M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) s’est déclaré favorable à la tenue d’une conférence de haut niveau qui permettrait d’aborder les difficultés freinant les efforts mondiaux contre le terrorisme, sans qu’elle repose sur la conclusion d’une convention générale sur le terrorisme international.
La Malaisie craint que la pandémie n’exacerbe une menace terroriste déjà complexe, évolutive et de plus en plus localisée, car, même si la COVID-19 peut gêner les déplacements des terroristes, elle expose le public au danger de la radicalisation et du recrutement sur Internet.
Citant les propos de son Premier Ministre, le délégué a réitéré l’importance de « gagner les cœurs et les esprits » dans la guerre psychologique contre le terrorisme. À cette fin, il a vanté le rôle d’une communication efficace, transparente ainsi que d’une bonne coopération dans le domaine du renseignement. Pour lutter contre la désinformation, a-t-il ajouté, la Malaisie a entrepris une veille continue des activités en ligne. Le Centre régional d’Asie du Sud-Est pour la lutte contre le terrorisme met en garde les jeunes contre les dangers de la radicalisation et la Malaisie a rejoint la France et la Nouvelle-Zélande dans l’Appel de Christchurch contre les contenus violents et extrémistes sur Internet. Enfin, le délégué a mentionné les efforts de détection et de prévention visant les adeptes et les sympathisants locaux de Daech, ainsi que le plus strict contrôle des frontières. Il a aussi noté la vigilance de son pays face aux cyberattaques contre les infrastructures et à la menace du bioterrorisme.
M. ELSADIG ALI SAYED AHMED (Soudan) a noté les graves répercussions de la pandémie, qui a entravé les efforts contre le terrorisme. Le multilatéralisme est plus important que jamais, a-t-il dit. Le délégué a mentionné la révolution qui a eu lieu dans son pays et le nouveau chapitre qui s’est en conséquence ouvert. Le Soudan lutte contre le terrorisme, tout en œuvrant à la promotion des droits de l’homme et à la pleine participation des femmes. Le délégué a prôné une approche globale contre l’extrémisme violent, prenant en compte les aspects idéologiques et culturels, en plus des aspects sécuritaires. Il a souligné la pertinence de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU, ainsi que la nécessité de renforcer les capacités grâce à une coopération respectant la souveraineté des pays. La coopération internationale et régionale est le meilleur moyen de lutter contre ce fléau dans le respect des droits humains, a conclu le représentant soudanais.
Historiquement, a indiqué M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur), son pays a été épargné par le terrorisme jusqu’en 2018 quand il a subi une dizaine d’attentats dans des localités de sa frontière nord commis par des groupes armés liés au crime transnational organisé. Pour répondre à cette menace complexe, le Gouvernement a fondé un comité national de sécurité frontalière assorti d’un plan de défense. L’Équateur, a ajouté le délégué, met en garde contre les connexions entre le terrorisme, le crime organisé et la corruption. C’est pourquoi il demande une coopération plus fluide par les accords d’échange d’informations pour mener des enquêtes efficaces sur la question du financement du terrorisme et du blanchiment d’argent.
Dans ce contexte, il a reconnu l’importance la résolution 2482 (2019) du Conseil de sécurité.
M. THABO MICHAEL MOLEFE (Afrique du Sud) a affirmé qu’il n’y a aucune justification au terrorisme et souligné la nécessité d’avancer dans le projet d’élaboration d’une convention générale contre le terrorisme international, dans un esprit de compromis. Une telle convention permettrait de promouvoir les efforts existants. La pandémie a rendu encore plus urgente la lutte contre le terrorisme, en s’accompagnant de suppressions d’emplois massives qui forment un terreau fertile pour les terroristes, a déclaré le délégué. Il a souhaité que les droits des victimes du terrorisme soient expressément mentionnés dans un tel instrument. Enfin, le délégué a déclaré que la lutte antiterroriste doit respecter les droits de l’homme et ne pas entraîner la marginalisation de certains groupes, avant de demander un renforcement des capacités des pays en développement.
Mme AAHDE LAHMIRI (Maroc) s’est félicitée de la signature hier, d’un accord de siège pour l’établissement, à Rabat, au Maroc, du Bureau du Programme pour la lutte contre le terrorisme et la formation en Afrique du Bureau de lutte contre le terrorisme. Elle a expliqué que ce bureau est le fruit d’une ambition commune de conjuguer les efforts afin de faire face aux défis liés à la menace terroriste grandissante en Afrique. Il veillera, a-t-elle dit, à ce que ses actions soient en parfaite adéquation avec les besoins des États africains, qu’elles soient complémentaires aux différentes initiatives lancées par ces États et développées avec la contribution des États africains. Le terrorisme portant, selon elle, atteinte au développement économique durable et à la consolidation de l’état de droit dans certaines régions déjà instables, la représentante a insisté sur l’importance du plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États. En matière de lutte contre la menace terroriste, le Maroc adopte une approche globale, multidimensionnelle et respectueuse des droits de l’homme et du droit international humanitaire, accompagnée de mesures concrètes, a-t-elle encore indiqué.
Concernant le Forum mondial de lutte contre le terrorisme (GCTF), que copréside le Maroc avec le Canada, la représentante a signalé l’adoption le mois dernier d’une déclaration ministérielle véhiculant un message d’unité et d’engagement face à la menace constante posée par le terrorisme dans le contexte pandémique actuel. Elle a également souligné l’adoption de deux nouveaux documents cadres, le mémorandum sur les bonnes pratiques pour le renforcement de la coopération entre les autorités nationales et locales en matière de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent pouvant mener au terrorisme, et l’addendum aux bonnes pratiques de La Haye sur le lien entre la criminalité transnationale organisée et le terrorisme. Par ailleurs, consciente que l’approche sécuritaire ne peut à elle seule suffire pour faire face à la montée du terrorisme, elle a jugé impératif que le contre-terrorisme soit complété de mesures d’inclusion économique et sociale et d’une éducation religieuse et civique appropriée. La précarité sociale et économique à laquelle s’ajoute le fossé de la non-éducation offre un terreau pour la radicalisation, notamment chez les jeunes, a-t-elle averti, précisant que la stratégie du Maroc repose sur plusieurs fondements dont l’Initiative nationale pour le développement humain, l’insertion sociale des ex-détenus, les programmes de villes sans bidonvilles, la formation des imams et la promotion de l’islam modéré.
La pandémie offre des conditions propices à l’aggravation du terrorisme, a déploré M. GENG SHUANG (Chine), un fléau qui, tout en nuisant au développement, contribue à un cercle vicieux et constitue une menace à long terme. Ce défi, à ses yeux, requiert de renforcer la coopération et le multilatéralisme en se fondant sur le respect du droit international. Le délégué chinois a demandé davantage de consensus et moins d’ingérence dans les affaires intérieures des États Membres sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme.
Reconnaissant l’importance du respect des résolutions de l’ONU et la nécessité d’une lutte contre la radicalisation, il a appelé chaque pays à se pencher sur ses mesures propres de lutte contre la radicalisation et contre les sources de financement illicites. Il a appelé à une analyse profonde des causes du terrorisme et rappelé son soutien au pays en voie de développement, au Bureau de lutte contre le terrorisme et aux efforts de renforcement de la gouvernance. En conclusion, le délégué s’est insurgé contre les propos « diffamatoires » tenus par les États-Unis sur sa politique antiterroriste dans le Xinjiang, reprochant à ce pays « ses mensonges et son ingérence », et rappelant que la Chine mène sa politique de « déradicalisation » dans une région qui a beaucoup souffert d’actes terroristes, avec une efficacité telle qu’aucun attentat n’a eu lieu ces trois dernières années.
Mme SARAH WEISS MA’UDI (Israël) a réitéré l’engagement de son pays à combattre le terrorisme sous toutes ses formes et rappelé les avancées réalisées au niveau national avec l’adoption d’une vaste loi antiterroriste en 2016, ainsi que la création du Bureau national contre le financement du terrorisme en 2018. La même année, Israël a rejoint le Groupe d’action financière. La déléguée s’est félicitée de voir son pays offrir son expertise à l’ONU et aux États Membres confrontés à des défis similaires. Elle a loué la contribution de certains États, qui ont identifié de nouvelles organisations terroristes.
Elle s’est aussi déclarée satisfaite de la collaboration d’Israël avec les organes de l’ONU dans ce domaine, dont la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et le Bureau de lutte contre le terrorisme, mentionnant la participation récente de son pays au programme de lutte contre le terrorisme axé sur les déplacements. Enfin, la représentante a salué le prochain examen de la Stratégie antiterroriste mondiale et rappelé, en tant que membre du Groupe des Amis des victimes du terrorisme, l’attachement d’Israël à une convention générale sur le terrorisme international qui adopterait une approche de « tolérance zéro » contre le terrorisme et toutes ses manifestations. « Aucune cause ou grief, a-t-elle affirmé, ne peut et ne doit justifier ou excuser le terrorisme. »
M. ABDELAZIZ (Égypte) a souligné la nécessité d’avancer dans le projet d’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme, notamment en ce qui concerne une définition du terrorisme international. Il a détaillé les efforts de son pays contre le terrorisme et la propagande radicale. Ces efforts passent notamment par une lutte résolue contre la pauvreté, afin que les jeunes ne deviennent pas des proies pour les groupes terroristes. Il a mentionné les diverses lois adoptées dans le domaine antiterroriste, notamment deux lois contre le blanchiment d’argent et sur la lutte contre l’extrémisme en ligne. Les institutions religieuses égyptiennes, dont l’université al-Azhar, n’épargnent pas leurs efforts dans la lutte contre le terrorisme et la promotion d’une coexistence pacifique. Les forces égyptiennes ont déjoué récemment plusieurs attaques terroristes, notamment dans le mont Sinaï. Enfin, il a indiqué que son pays compte jouer un rôle actif lors de la révision de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU.
M. MOUSSA (Djibouti) a constaté que la crise sanitaire actuelle fait émerger de nouveaux défis dans la lutte commune contre le terrorisme, défis d’autant plus importants que les États ont réorienté leurs ressources vers la lutte contre la pandémie de COVID-19 et ses conséquences économiques. S’inquiétant du risque d’une exploitation de ces perturbations par les groupes terroristes, le délégué a insisté sur les actions à engager dans le domaine des technologies de l’information, car « les victimes de l’embrigadement idéologique de ces groupes sont souvent caractérisées par un isolement social qui risque de se renforcer avec les discours de haine et les théories du complot en période de pandémie ».
Le délégué a ajouté que malgré la fermeture des frontières, les groupes terroristes restent actifs dans plusieurs pays africains, ce qui rend nécessaire un renforcement de l’action collective et une mise en œuvre équilibrée des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale. L’Afrique de l’Est, a-t-il souligné, est « la zone de prédilection » des groupes extrémistes et terroristes tels que Al-Qaida et les Chabab qui ont fait allégeance à l’État islamique. Il a craint que les progrès militaires dans la Corne de l’Afrique, en particulier le succès de la Mission de l’Union africaine en Somalie, ne soient remis en question, tout comme le travail du Centre d’excellence pour la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent des pays de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), situé à Djibouti.
Enfin, il s’est inquiété des conséquences de la forte perturbation du flux d’aide humanitaire pour les réfugiés et déplacés de sa région ainsi que de la réduction ou de l’arrêt des opérations militaires, qui souffrent déjà d’un manque de financement. Rappelant que Djibouti occupe une place centrale dans l’action antiterroriste dans la Corne de l’Afrique et contre la piraterie dans le Golfe d’Aden, le délégué a appelé les États partenaires de la région, tant au niveau bilatéral que régional et continental au sein de l’IGAD et de l’Union africaine, à renforcer leur appui en matière de lutte contre le terrorisme.
M. ANIL KAYALAR (Turquie) a exhorté la communauté internationale à agir avec la même détermination contre toutes les organisations terroristes. Une approche sélective vis-à-vis des organisations terroristes est contre-productive pour notre sécurité collective, a-t-il estimé, jugeant que « lutter contre une organisation terroriste tout en comptant sur le soutien d’autres, conduit à de graves lacunes dans les efforts globaux de lutte contre le terrorisme ». Ainsi, pour le représentant, une position de principe contre toutes les organisations terroristes est une condition préalable à un succès viable dans la lutte contre le terrorisme. Poursuivant, il a appelé à des mesures dissuasives visant les auteurs potentiels d’actes terroristes et ceux qui apportent un soutien financier et participent à la propagande du terrorisme. Regrettant que les membres d’organisations terroristes soient encore autorisés à exploiter le droit d’asile dans certains pays pour contourner la justice, il a aussi demandé l’application universelle du principe « extrader ou poursuivre ».
Concernant les combattants terroristes étrangers, il a rappelé que son pays reste en première ligne du conflit en Syrie, et que la présence de ces combattants a des implications directes pour la sécurité de la Turquie et au-delà. C’est pourquoi, au niveau bilatéral et dans toutes les enceintes multilatérales, y compris l’ONU et la Coalition mondiale contre Daech, nous défendons l’idée que des solutions temporaires et juridiquement mal fondées sur la prévention des retours de combattants terroristes étrangers ne résoudront pas ce problème de sécurité, a-t-il déclaré. Pour le délégué, la détention de ces combattants « ne doit pas être laissée à d’autres groupes terroristes ». Surtout, a-t-il ajouté, les États devraient éviter les actions qui, même de manière implicite, donneraient une légitimité aux autres organisations terroristes sur le terrain. Sur cette même question, il a indiqué que la Turquie a, au cours des dernières années, expulsé plus de 8 000 ressortissants étrangers soupçonnés d’être des combattants terroristes étrangers. « En outre, nous avons inclus environ 100 000 ressortissants étrangers ayant des liens avérés avec le terrorisme international dans notre base de données de liste d’interdiction d’entrée. » La Turquie, a assuré le représentant, continuera d’expulser ces combattants et leur famille vers leur pays d’origine et d’encourager d’autres pays à rapatrier leurs propres ressortissants.
M. KAWASE TARO (Japon) a fait remarquer que la pandémie de COVID-19, qui crée une dépendance accrue envers les technologies de l’information et de la communication ainsi que des difficultés inédites en matière de gouvernance, pose également des défis aux efforts mondiaux en matière de contre-terrorisme. Le représentant a donc recommandé une plus grande vigilance dans le cyberespace où les terroristes profitent du confinement des populations pour intensifier leur propagande, leur recrutement et leur financement.
La crise sanitaire souligne le besoin de coopération internationale entre les États mais aussi avec les différents éléments de la société civile, allant des universitaires aux chefs d’entreprise. Le délégué a rappelé les efforts conjoints du Japon avec les organes compétents de l’ONU, dont le Bureau de lutte contre le terrorisme, en vue de renforcer les compétences de divers pays d’Asie pour enquêter sur le « dark Web » et l’usage de la cybermonnaie.
Outre l’activité sur Internet, le représentant a également appelé la communauté internationale à se préparer aux nouveaux risques liés aux déplacements et aux mouvements transfrontières.
Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a rappelé que Cuba condamne tous les actes, méthodes et pratiques terroristes, y compris ceux dans lesquels les gouvernements sont directement ou indirectement impliqués. Aussi a-t-elle dénoncé toute action visant à encourager, soutenir, financer ou dissimuler tout acte, méthode ou pratique terroriste, ainsi que les actes et mécanismes unilatéraux de certains États, tels que les États-Unis, qui prétendent avoir le droit d’établir des listes à motivation politique, contraires au droit international. « Malgré les mécanismes bilatéraux existants de coopération dans la lutte contre le terrorisme, le Département d’État américain a arbitrairement et unilatéralement inclus Cuba dans la liste des pays qui ne coopéreraient pas pleinement dans la lutte contre le terrorisme », a dénoncé la représentante. Cette liste, bien connue pour son manque de fondement ou de soutien international, vise à diffamer et contraindre les pays qui refusent de se plier à la volonté du Gouvernement américain dans leurs décisions souveraines, a-t-elles ajouté.
Paradoxalement, a soutenu la délégation cubaine, le Gouvernement américain a choisi de ne pas reconnaître le caractère terroriste de l’attaque perpétrée par Alexander Alazo contre l’ambassade de Cuba à Washington en avril dernier, bien que cet individu ait mis en danger la vie et la sécurité du personnel diplomatique. En refusant de qualifier cette attaque grave de terroriste, le Gouvernement américain ne tient pas compte de la mise en œuvre d’instruments internationaux tels que la Convention sur la prévention et la répression des infractions contre les personnes jouissant d’une protection internationale, y compris les agents diplomatiques, à laquelle les deux pays sont parties. « Cet acte terroriste est le résultat direct de la politique agressive et du discours de haine du Gouvernement américain contre Cuba, et de l’incitation permanente à la violence de la part de ses politiciens, y compris de hauts fonctionnaires du Département d’État; ainsi que par des groupes extrémistes anticubains qui ont fait de ce type d’attaques leur moyen de subsistance », a encore accusé la représentante.
M. GIORGI MIKELADZE (Géorgie) a déclaré que d’après le « Global Terrorism Index », la Géorgie est placée sur la liste des pays à « très faible » impact s’agissant du terrorisme. Cependant, l’évaluation des défis et l’élaboration de politiques pour contrer toute forme de menace restent au premier rang des priorités de son gouvernement, a-t-il assuré. Au niveau national, il continue de promouvoir des mesures antiterroristes efficaces, y compris dans les champs de l’application des lois, de la législation, de la coordination interne et de la coopération internationale. La Géorgie, a-t-il dit, a considérablement amélioré sa législation antiterroriste, notamment en adoptant une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme et son plan d’action pour 2019-2021, qui a été élaboré sur la base des recommandations de la société civile, d’experts et de partenaires internationaux. « L’an dernier, nous avons adopté une nouvelle loi sur la facilitation de la répression du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme, qui crée un mécanisme juridique permettant de mieux prévenir, détecter et supprimer les activités illégales, y compris le financement de la prolifération des armes de destruction massive », a poursuivi le représentant.
En outre, a-t-il dit, la Stratégie nationale de lutte contre le terrorisme et son plan d’action couvrent les questions liées à la prévention de l’extrémisme et de la radicalisation. Selon la stratégie, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, les mesures préventives sont prioritaires, ainsi que l’identification du rôle particulier des enfants et des jeunes, en termes de prévention de la radicalisation, de la déradicalisation et de la resocialisation. Afin d’empêcher les mouvements de combattants terroristes étrangers, une attention particulière est accordée au renforcement de la sécurité des frontières de l’État, tandis que toutes les douanes et points de passage des frontières de l’État sont strictement contrôlés, a-t-il ajouté. Malheureusement, nous vivons dans un monde où nous avons encore des soi-disant « zones grises », des territoires échappant au contrôle des gouvernements centraux qui créent un terrain fertile pour les activités illicites, y compris les activités liées au terrorisme, a regretté le délégué. « Les exemples frappants sont les régions de Géorgie occupées par la Russie, l’Abkhazie et Tskhinvali, qui constituent une menace sérieuse, car elles restent en dehors du contrôle et de la surveillance nationaux et internationaux », a-t-il affirmé en conclusion.
Droits de réponse
Le délégué de l’Inde a exercé son droit de réponse pour réagir à la déclaration du Pakistan, « un tissu d’affabulations », avant de dénoncer des chiffres fantaisistes. Il a accusé le Pakistan d’avoir commis un génocide contre son propre peuple il y a des décennies, d’abriter des terroristes qui figurent sur les listes noires et de réprimer les minorités religieuses. « Le visage du Pakistan, c’est terrorisme, nettoyage ethnique et prolifération nucléaire. » Enfin, il a rappelé que le Jammu-et-Cachemire fait partie intégrante de l’Inde et enjoint le Pakistan à se retirer de la partie qu’il occupe illégalement.
Le délégué du Pakistan a réfuté toutes les allégations proférées par son homologue indien. « C’est l’Inde qui a eu recours au terrorisme contre chacun de ses voisins, en particulier le Pakistan. » Il a accusé l’Inde de mener un terrorisme d’État au Jammu-et-Cachemire, de financer et d’organiser des groupes illégaux le long de la frontière indo-pakistanaise et de réprimer violemment les minorités en Inde. « Modi a été responsable d’un pogrom dans le Gujarat. » Enfin, il a apporté son appui indéfectible à la lutte du peuple du Jammu-et-Cachemire.