Diamants du sang: l’Assemblée générale se félicite de l’efficacité du Processus de Kimberley et de sa contribution à la consolidation de la paix
L’Assemblée générale a réaffirmé, ce matin, son « appui ferme et constant » au Processus de Kimberley et à son Système de certification, s’engageant à poursuivre le renforcement de cette plateforme afin de la rendre « mieux à même de résoudre les problèmes auxquels font face l’industrie diamantaire et les populations qui en dépendent, y compris les problèmes découlant de l’instabilité et des conflits ».
En adoptant à l’unanimité la résolution A/74/L.39, présentée par l’Inde en sa qualité de Présidente du Processus en 2019, l’Assemblée générale a encouragé à faire en sorte que le Processus garde toute son utilité à l’avenir et continue de contribuer à la consolidation de la paix et à la réalisation des objectifs de développement durable.
Par ce texte, l’Assemblée générale réitère en outre son appui au Système de certification du Processus de Kimberley, se félicite qu’il facilite l’application effective des résolutions adoptées par le Conseil de sécurité pour réprimer le commerce illicite de diamants bruts, notamment les « diamants de la guerre » qui contribuent à entretenir les conflits, et engage tous les participants à œuvrer au respect général des normes du Processus.
Elle constate à cet égard que le commerce des diamants de la guerre, « sujet de grave préoccupation à l’échelle internationale », peut être rattaché directement à la persistance des conflits armés, aux activités de mouvements rebelles visant à déstabiliser ou à renverser des gouvernements légitimes et au trafic et à la prolifération des armes, en particulier des armes légères et de petit calibre.
Lancé en 2000 à l’initiative des pays producteurs de diamants d’Afrique australe, le Processus de Kimberley est une instance technique internationale et tripartite de négociation réunissant des États, l’industrie mondiale du diamant et la société civile, avec comme objectif majeur d’endiguer le flux de diamants bruts, dits « diamants du sang » ou « diamants de la guerre », tout en protégeant l’industrie légitime du diamant. Le Processus, qui compte 55 participants, a donné naissance à un régime international de certification des diamants dit « Système de certification ».
Prenant la Présidence du Processus en 2020, la Fédération de Russie a, par la voix de son Vice-Ministre des finances, affirmé que le cadre de Kimberley a permis d’assurer le contrôle des importations et exportations d’environ 99% des diamants bruts, en faisant le commerce de minerais le plus contrôlé au monde. Le Processus, a-t-il aussi affirmé, a contribué au rétablissement de la paix en Angola, en Sierra Leone et ailleurs. Mais, a prévenu le Vice-Ministre, les perceptions et attentes ont changé, en particulier celles des acheteurs de diamants qui demandent plus de transparence sur l’origine et les méthodes d’extraction ainsi que l’atténuation de l’impact environnemental de cette industrie pour ne citer que quelques aspects de ce dossier. Dès lors, le Processus doit renforcer son mandat, a estimé le Vice-Ministre.
La communauté internationale aura la possibilité de poursuivre la réflexion sur le terme « diamants de la guerre » et la Fédération de Russie, a dit le Vice-Ministre, a fait un certain nombre de propositions en ce sens ainsi que pour appuyer la reconstruction en République centrafricaine et les initiatives sectorielles. Vice-Président pour 2020 et un des membres fondateurs du Processus de Kimberley, le Botswana a insisté sur l’impact positif de l’industrie du diamant sur le développement. Il a appuyé les discussions sur l’examen et la réforme des mécanismes collégiaux et de la mise en place d’un secrétariat permanent du Processus. Le Botswana a plaidé pour que les pays producteurs de diamants bénéficient de plus de coopération et d’assistance pour ce qui est du partage des meilleures pratiques, du renforcement des capacités et de la conformité aux exigences minima et règles de procédures du Processus de Kimberley. Le Botswana s’est dit disposé à partager les leçons tirées de son expérience avec les autres pays producteurs de diamants, en particulier ceux qui sortent d’un conflit.
Si vous n’avez pas encore connu la guerre, a commenté la République démocratique du Congo (RDC), vous ne pouvez mesurer l’importance du Processus. C’est un instrument de combat contre les antivaleurs et le sang de tout un peuple, au Congo et en Afrique. Grâce au Processus, a poursuivi la RDC, nous avons constaté une forte évolution, au niveau de l’Afrique centrale, des opérations militaires autrefois menées par des groupes armés qui bénéficiaient de l’argent des diamants du sang. Grâce au Processus, les groupes armés se retrouvent dans l’incapacité d’exporter illégalement ces diamants du sang et déposent les armes, a-t-elle dit, ajoutant que ce mécanisme, assorti d’une chaîne d’exportation responsable, permet à son pays de bénéficier des recettes du commerce licite des diamants.
« Les diamants appartiennent aux communautés qui les produisent et non pas aux milices », c’est ce message qu’a, selon l’Union européenne, renforcé le Processus de Kimberly. Il importe, a-t-elle ajouté, que les participants et les observateurs du Processus continuent de tenir compte de la « nature changeante des conflits » et du lien existant entre le Processus et les objectifs de développement durable.
L’Union européenne a également appuyé les appels visant à faire en sorte que le Processus s’adapte aux nouveaux défis dans la chaîne d’approvisionnement mondiale, s’agissant notamment de la traçabilité des diamants bruts. Elle a dit continuer à encourager la coopération dans la mise en œuvre du Processus à l’échelle régionale, en faisant fond de l’expérience des pays du fleuve Mano, en Afrique de l’Ouest.
L’Inde a d’ailleurs souligné que l’un des principaux objectifs de sa Présidence en 2019 a été de renforcer le Système de certification du Processus en Afrique centrale, en se concentrant sur cinq pays: l’Angola, le Cameroun, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo et la République du Congo. L’Afrique du Sud a salué, à son tour, les efforts visant à prêter main forte à la République centrafricaine.
En fin de séance l’Assemblée générale a désigné MM. Tesfa Alem Seyoum de l’Érythrée, Gönke Roscher de l’Allemagne, Victor Moraru de la République de Moldavie et Jesus Miranda Hita de l’Espagne en tant que membres du Corps commun d’inspection pour un mandat de cinq ans à partir du 1er janvier 2021 et jusqu’au 31 décembre 2025.
L’Assemblée a également pris note de la décision du Gouvernement de l’Ukraine de se retirer du Comité des droits inaliénables du peuple palestinien à partir du 1er janvier 2020.