En cours au Siège de l'ONU

8585e séance – après-midi
CS/13898

Conseil de sécurité: sur une bonne lancée électorale, l’Afrique de l’Ouest et le Sahel restent fragilisés par l’insécurité et les atteintes à la démocratie

En dépit de cycles électoraux couronnés de succès dans plusieurs pays de la région, l’Afrique de l’Ouest et le Sahel continuent de vivre sous la menace du terrorisme, a déclaré, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest (UNOWAS), M. Mohamed Ibn Chambas.

Au cours des six derniers mois, s’est réjoui le Représentant spécial, la région est restée sur sa trajectoire positive d’élections démocratiques et de consolidation de la démocratie, comme au Nigéria, au Sénégal et en Mauritanie, même si les scrutins ont parfois été émaillés de tensions.  Son Bureau, a-t-il indiqué, a accompagné de très près ces élections, organisant même plusieurs fora de la paix au Nigéria pour apaiser les tensions dans les points chauds électoraux.  

M. Chambas a également salué l’ouverture de l’espace politique ainsi que les dialogues engagés entre Gouvernement et opposition au Bénin et au Burkina Faso.  Mais bien que les élections aient pour la plupart permis l’alternance pacifique du pouvoir dans la sous-région, les périodes préélectorales et postélectorales continuent d’être marquées par des tensions et des contestations, comme au Bénin, au Nigéria, au Sénégal et en Sierra Léone.  C’est ce qui ressort du dernier rapport du Secrétaire général sur les activités de l’UNOWAS que M. Chambas était venu présenter au Conseil.  Dès lors, l’une des priorités de son Bureau est de se pencher sur les potentielles sources de conflit à la veille des prochains cycles électoraux au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Ghana, en Guinée, au Niger et au Togo.

Comme l’a dit le Représentant spécial, la voie de la consolidation de la démocratie en Afrique de l’Ouest et au Sahel n’a pas été facile et rien ne peut être considéré comme acquis.  Il s’est dit notamment préoccupé par les difficultés qui persistent dans certains pays de la région en termes de respect des droits de l’homme et des droits de la personne ou encore par l’instrumentalisation du judiciaire à des fins politiques ainsi que par le sentiment d’impunité pour des crimes violents.  Certains pays semblent pourtant être sur la bonne voie, a souligné M. Chambas en parlant de la Gambie et de sa Commission vérité, réconciliation et réparations.  Les efforts de la Gambie, du Libéria et de la Sierra Leone en matière de réconciliation nationale, de reconstruction postconflit et de réforme du secteur de la sécurité méritent notre appui, a renchéri le représentant de la Belgique en soulignant aussi le rôle clef de la Commission de consolidation de la paix et du Fonds pour la consolidation de la paix. 

La situation politique régionale est restée stable, s’est réjouie la Côte d’Ivoire en soulignant en plus que, malgré les défis actuels, les tendances économiques sont portées par une prévision de croissance moyenne de 3,6% en 2019 et 2020.  Son représentant a exhorté l’UNOWAS à poursuivre ses missions de médiation et de bons offices, dans la perspective notamment des échéances électorales prévues dans nombre de pays de la région au cours de l’année 2020.  Il a aussi demandé à l’UNOWAS d’œuvrer au renforcement des capacités nationales et régionales de résilience aux conflits.

Son homologue allemand a néanmoins constaté que le verre est à moitié plein, quand on parle de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, avec d’un côté, des avancées démocratiques indéniables et, de l’autre, une situation sécuritaire toujours tendue avec la présence de groupes terroristes et armés, ainsi qu’une situation humanitaire grave qui en découle en grande partie.  La Belgique s’est, elle aussi, inquiétée de la situation sécuritaire précaire dans la sous-région, en référence à l’intensification des violences intercommunautaires au Nigéria, au Burkina Faso et au Mali, ainsi qu’à la persistance des attaques terroristes à travers la région.

Pour la Russie « l’internationale terroriste » y gagne de l’ampleur, alors que pour la France c’est « une véritable course contre la montre » pour la stabilisation de cette région: d’autres États feront prochainement face aux mêmes défis si l’on n’apporte pas, d’urgence, des réponses adéquates, a prévenu la délégation française en préconisant une mise en œuvre urgente de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, une lutte déterminée contre les groupes terroristes dans la région, la bonne gouvernance ainsi que la création de perspectives économiques durables pour les populations.

Le cas du Burkina Faso a été jugé particulièrement alarmant avec la propagation et la multiplication des attaques contre la population et l’État burkinabé dans le nord, l’est et le sud du pays.  Ces attaques hypothèquent le développement national et menacent la stabilité régionale, ce qui a amené le Secrétaire général de l’ONU à y renforcer la présence des Nations Unies en mettant en place une équipe spéciale pour le Burkina Faso, en plus de l’équipe de la mission interagence dirigée par M. Chambas.  Ensemble, ces équipes ont défini une riposte multisectorielle et un plan de riposte humanitaire, a dit le Représentant spécial. 

Qu’il s’agisse du bassin du lac Tchad, du Mali, du Burkina Faso ou d’autres pays de la sous-région, il est impératif, selon le Représentant spécial, que la communauté internationale fasse son possible pour éviter l’expansion de la menace terroriste, pour permettre à la sous-région de s’engager sur la voie de la stabilisation à moyen et long termes, notamment par le biais de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.  Il a évoqué de nouvelles initiatives régionales en ce sens, notamment celle du Forum des gouverneurs du bassin du lac Tchad, lancée le 18 juillet pour la stabilisation du bassin, ou encore le Sommet extraordinaire de la CEDEAO sur le terrorisme qui doit avoir lieu à Ouagadougou le 14 septembre.

La contribution de l’UNOWAS à ces efforts et son appui aux processus électoraux dans la sous-région ont été reconnus par tous les membres du Conseil.  Avec le soutien de celui-ci, et guidé par la prise en main nationale, le Représentant spécial se dit confiant de voir la démocratie être consolidée en Afrique de l’Ouest et au Sahel, et de pouvoir mieux contrer la menace terroriste et l’extrémisme violent à travers des mesures préventives.  Il espère cependant que l’examen stratégique de l’UNOWAS débouche sur l’allocation de ressources adéquates pour lui permettre d’améliorer ses outils de prévention de conflits et de consolidation de la paix.

CONSOLIDATION DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L’OUEST – (S/2019/549)

Déclarations

Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest (UNOWAS), M. MOHAMED IBN CHAMBAS, a présenté quatre messages clefs.  Le premier est la consolidation démocratique en Afrique de l’Ouest et au Sahel.  Le deuxième est que l’espace démocratique n’a pas été linéaire ou sans complications.  Troisièmement, a-t-il poursuivi, les progrès démocratiques ont été retardés et compliqués.  Son dernier message est un message d’espoir pour l’avenir et de confiance dans la détermination du soutien du Conseil de sécurité à travailler à ses côtés en faveur de la consolidation de la paix et de la prévention des conflits dans cette partie du monde.

« Nous devons nous réjouir et célébrer les progrès réalisés dans la consolidation de la démocratie dans la région, y compris à travers le transfert pacifique du pouvoir », a déclaré M. Chambas, en rappelant les élections tenues ces six derniers mois au Nigéria (23 février), au Sénégal (24 février) et en Mauritanie (22 juin).  En amont de ces élections contestées, M. Chambas avait rencontré tous les candidats présidentiels et leur avait demandé de respecter les plus hautes normes électorales dans la région, a-t-il dit.  Au Nigéria, son Bureau avait également organisé, en collaboration avec la Commission nationale pour la paix, différents fora pour la paix dans le but d’apaiser les tensions dans les points chauds électoraux.

Au-delà des élections réussies, les six derniers mois ont aussi été marqués par l’ouverture de l’espace politique et de dialogue entre les gouvernements en place et l’opposition, notamment au Burkina Faso et au Bénin, alors qu’au Ghana, les parties prenantes politiques ont engagé un dialogue avec les groupes d’opposition.  Au Libéria, le 7 juillet, le Gouvernement a respecté le droit du peuple de protester de manière pacifique et a accepté d’entamer un dialogue sur le renforcement de l’économie, a encore précisé M. Chambas. 

Cependant les périodes pré et post-électorales ont été marquées par des tensions et des contestations, au sujet notamment d’amendements constitutionnels et non consensuels.  Pour M. Chambas, l’une des priorités est de se pencher sur les potentielles sources de conflit à l’aube des cycles électoraux présidentiels de l’année à venir au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Ghana, en Guinée, au Niger et au Togo.

Pour M. Chambas, les avancées démocratiques de la région ne doivent pas être considérées comme des acquis.  Plusieurs pays de la région ont toujours des problèmes avec les droits de la personne, a-t-il noté en s’inquiétant de l’instrumentalisation du secteur judiciaire à des fins politiques et du sentiment d’impunité pour des crimes violents, ce qui sape l’état de droit.  Il a salué la Gambie pour avoir mis en place une commission vérité, réconciliation et réparation ainsi qu’une commission nationale des droits de l’homme dans le contexte de la justice transitionnelle et pour favoriser la cohésion sociale.  M. Chambas a, par ailleurs, noté une augmentation du nombre de femmes dans la sphère politique dans la région, même si elle reste trop faible.

Depuis son dernier exposé, la région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel a connu une situation sécuritaire instable avec une augmentation des actes terroristes et une crise humanitaire qui se dégrade avec un total de plus de 5,1 millions de personnes dans le besoin au Burkina Faso, Nigéria et au Mali.  Au Burkina Faso, cette escalade rapide des tensions a amené le Secrétaire général de l’ONU à mettre en place une équipe spéciale pour le Burkina Faso, et l’équipe de la mission interagence dirigée par M. Chambas.  Ensemble, ces équipes ont défini une riposte multisectorielle et un plan de riposte humanitaire, a dit le Représentant spécial. 

Dans le bassin du lac Tchad, Boko Haram continue de menacer la stabilité de la région, même si le nombre des attaques terroristes a baissé par rapport à la même période l’an dernier, grâce aux efforts du groupe de travail multinational.  Cependant, cette période a été marquée par les attaques les plus meurtrières, avec 23 militaires tchadiens tués par Boko Haram à Dangdala, alors qu’au mois de juin, au moins 147 civils ont été kidnappés dans la région de Diffa, au Niger. 

Compte tenu de l’escalade rapide des tensions et des corrélations croissantes entre le terrorisme, le crime organisé et les violences intercommunautaires, les Chefs d’État de la CEDEAO ont décidé d’organiser un sommet sur le terrorisme à Ouagadougou, le 14 septembre, a annoncé M. Chambas.  Ce sera l’occasion, a-t-il précisé, d’adopter une approche concertée pour la sécurité dans la région, en harmonisant les arrangements sécuritaires fragmentés.

S’agissant de la mise en œuvre de l’action humanitaire, il a estimé qu’elle avait été louable.  M. Chambas a toutefois exhorté la communauté internationale à aller plus loin dans son soutien à la lutte contre le terrorisme à travers un appui plus grand à la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et à la stratégie régionale pour la stabilisation du bassin du lac Tchad, notamment.

Le Représentant spécial s’est dit confiant, avec le soutien du Conseil de sécurité et guidé par la prise en main nationale, de voir la démocratie consolidée en Afrique de l’Ouest et au Sahel, et de pouvoir mieux contrer la menace terroriste et l’extrémisme violent à travers des mesures préventives.  En conclusion, M. Chambas a espéré que l’examen stratégique de l’UNOWAS permettra de déboucher sur des ressources adéquates pour permettre au Bureau d’améliorer ses outils de prévention de conflits et de consolidation de la paix. 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) qui parlait également au nom de l’(Afrique du Sud) et de la (Guinée équatoriale), a noté que la situation politique régionale est stable et que les tendances économiques sont portées par une prévision de croissance moyenne de 3,6% en 2019 et 2020 malgré les défis actuels.  En conséquence, il a exhorté le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) à poursuivre ses missions de médiation et de bons offices, dans la perspective notamment des échéances électorales dans nombre de pays de la région au cours de l’année 2020.  Il a également exhorté l’UNOWAS à œuvrer au renforcement des capacités nationales et régionales de résilience aux conflits, à soutenir l’ancrage de la démocratie et de la bonne gouvernance, afin de créer des environnements favorables à la réalisation des objectifs de développement durable. 

Préoccupés par les menaces sécuritaires non étatiques, la détérioration de la situation humanitaire et l’exacerbation des violences communautaires, les trois pays ont estimé urgent d’élaborer des mesures pour résoudre les conflits entre agriculteurs et éleveurs ainsi que la violence intercommunautaire.  Ils se disent convaincus que l’UNOWAS reste un outil institutionnel pertinent dont les actions s’inscrivent parfaitement dans l’éventail des efforts régionaux de lutte contre l’insécurité et l’instabilité, et de recherche de solutions durables aux causes sous-jacentes.  Le Bureau doit demeurer un outil de médiation et de prévention des conflits, a demandé le représentant en recommandant de lui attribuer des ressources additionnelles, arguant qu’elles sont indispensables à la mise en œuvre de son mandat. 

La situation sécuritaire précaire en Afrique de l’Ouest et au Sahel continue de nous préoccuper, s’est inquiété M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique), en référence à l’intensification des violences intercommunautaires au Nigéria, au Burkina Faso et au Mali, ainsi qu’à la persistance des attaques terroristes à travers la région.  Cette dégradation a un effet direct sur la situation humanitaire de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, où des centaines de milliers d’innocents sont en souffrance, a regretté le représentant.  La persistance des conflits entre éleveurs et agriculteurs mérite une attention particulière, car ces tenions sont un facteur majeur d’insécurité dans la sous-région et au-delà, a poursuivi le représentant, appelant à mettre en œuvre les bonnes pratiques identifiées par l’UNOWAS, en coopération avec la CEDEAO. 

Au Burkina Faso, le délégué a jugé particulièrement alarmante la propagation et la multiplication des attaques contre la population et l’État burkinabé dans le nord, l’est et le sud du pays.  à ses yeux, ces attaques hypothèquent le développement national et menacent la stabilité régionale.  Il a toutefois salué les efforts du Secrétaire général visant à adapter la présence des Nations Unies au Burkina Faso, pour aider le pays à faire face à ces défis.  Quant au Nigéria, le représentant s’est inquiété de la persistance d’attaques violentes perpétrées par Boko Haram.

De manière générale, le représentant a salué le courage et le sacrifice des forces de défense et de sécurité de la région dans leur combat contre les terroristes.  « Néanmoins, mon pays estime que l’on ne pourra sortir de ce conflit en ignorant les droits de l’homme », a-t-il mis en garde en craignant, dans le cas contraire, des succès seulement éphémères.  Par ailleurs, le représentant a estimé que l’approche de l’ONU en Afrique de l’Ouest et au Sahel ne pouvait pas être uniquement centrée sur un volet sécuritaire.  Il a plaidé pour une approche holistique face à l’extrémisme violent, mettant l’accent sur la promotion de la bonne gouvernance, la lutte contre l’impunité et le développement durable.

Les efforts de la Gambie, du Libéria et de la Sierra Leone en matière de réconciliation nationale, de reconstruction postconflit et de réforme du secteur de la sécurité méritent également notre appui, a estimé M. Pecsteen de Buytswerve, appelant à ancrer la démocratie dans la région.  Il a souligné pour cela le rôle clef de la Commission de consolidation de la paix et du Fonds pour la consolidation de la paix, dont les efforts préventifs doivent s’appuyer sur la nouvelle structure des Coordinateurs résidents dans une optique intégrée.  Il a mentionné également le rôle moteur de l’UNOWAS dans l’analyse des effets des changements climatiques sur la sécurité de la région.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que l’UNOWAS constitue un outil précieux au regard de son rôle en matière de prévention des conflits, de consolidation de la paix et de soutien aux diverses initiatives régionales, alors que la situation de l’Afrique de l’Ouest « mérite aujourd’hui toute notre attention ».  De plus, l’UNOWAS s’inscrit pleinement dans la vision du Secrétaire général en faveur d’une action sur l’ensemble du « continuum de paix », a ajouté le représentant, qui a souhaité que l’examen stratégique des prochains mois, veille à ce que l’UNOWAS bénéficie de tous les moyens nécessaires à l’accomplissement de sa mission.  Il a noté que les États du G5 sont les premiers touchés par la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire au Sahel, ce qui fait peser un « risque sans précédent » sur la stabilité de l’Afrique de l’Ouest tout entière.

Pour M. de Rivière, c’est « une véritable course contre la montre » pour la stabilisation de cette région car d’autres États feront prochainement face aux mêmes défis si l’on n’apporte pas, d’urgence, des réponses adéquates.  Il a préconisé une mise en œuvre urgente de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, une lutte déterminée contre les groupes terroristes dans la région, une bonne gouvernance ainsi que la création de perspectives économiques durables pour les populations.  Il faudra également agir davantage dans le bassin du lac Tchad pour soutenir la mobilisation continue des États de la force multinationale mixte et s’assurer que son action soit conduite selon des modalités garantissant le plein soutien des populations.

Proposant une approche combinant les volets politique, sécuritaire et de développement pour changer la donne à moyen terme, il a estimé que les Nations Unies ont un « rôle central » à jouer pour aider les États de la région à définir des réponses adéquates sur tous ces volets.  Il a appuyé le processus engagé au Burkina Faso à l’initiative du Secrétaire général, espérant que la réponse de l’ONU serait ambitieuse et à la hauteur des attentes des autorités burkinabè dans le domaine humanitaire, du développement, de la formation des forces de sécurité, du respect des droits de l’homme, de la promotion de l’état de droit et de l’appui à la lutte contre le terrorisme.

Dans le souci de « préserver les fondamentaux » de la stabilité régionale en Afrique de l’Ouest et au Sahel, le représentant a suggéré la tenue de processus électoraux « crédibles, transparents et inclusifs ».  Il a jugé essentiel qu’en Guinée-Bissau, les autorités respectent leur engagement à organiser l’élection présidentielle en novembre prochain selon les modalités énoncées par la CEDEAO et par le Conseil.  Il a encouragé le Togo, le Bénin et la Guinée à faciliter la poursuite des concertations entre tous les acteurs et à renforcer la représentation des femmes dans les sphères de responsabilité.     

Il a en outre plaidé pour la lutte contre l’impunité en tant que facteur essentiel de stabilité, pour l’accompagnement dans la durée des pays en sortie de crise, notamment au Liberia après la fermeture de la MINUL, et pour que soit établi un lien entre climat et sécurité.  Les effets des changements climatiques provoquent en effet dans les pays du Sahel des tensions autour des ressources ayant un impact direct sur les populations, a-t-il relevé.  

Pour Mme JOANNA WRONECKA (Pologne), les périodes avant et après les élections dans la région continuent d’être caractérisées par les tensions, les contestations et les différends.  C’est la raison pour laquelle elle a encouragé les autorités et les parties prenantes à travailler ensemble pour assurer les conditions nécessaires à la tenue d’élections pacifiques, inclusives et crédibles.  La participation des femmes et des jeunes dans les processus politique, social et économique est d’une importance capitale, a-t-elle estimé.  Elle a donc appelé les autorités de la région à améliorer la participation des femmes et des jeunes à l’élaboration des stratégies nationales pour la paix, la sécurité et le développement.

La déléguée s’est aussi dit préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest et au Sahel ainsi que par l’implication de plus en plus visible des groupes extrémistes dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest.  Il est nécessaire de renforcer la résilience de ces pays face aux menaces y compris les conflits ethniques et religieux, a-t-elle plaidé.  Il est également important, à son avis, d’aider les gouvernements locaux dans leurs efforts de prévention des conflits intertribaux et de lutte contre les préjugés.  La représentante a ainsi appelé les partenaires nationaux, régionaux et internationaux à intensifier les efforts pour lutter contre les causes de l’insécurité et de l’instabilité dans la région.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a dit soutenir les efforts de M. Chambas en saluant les résultats de son travail notamment à propos des élections qui ont eu lieu dans de nombreux pays de la région.  La Russie espère que le cycle électoral qui va se poursuivre dans cette région continuera sur cette lancée positive.  Toutefois, a constaté le représentant, « l’internationale terroriste y gagne de l’ampleur ».  Il a expliqué ce phénomène en partie par les interventions étrangères dans certains pays de la région.  Des mesures collectives des États de la région, et de leurs partenaires, n’ont pas permis de faire une percée dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il regretté, comme en témoigne la situation au Mali.  Les terroristes déplacent leurs activités dans les pays voisins et le nombre des victimes du terrorisme augmente, a remarqué le représentant pour lequel il serait prématuré de retirer la MINUSMA.

La communauté africaine et la communauté internationale portent leur attention sur la région du Sahel où il est important de mettre en œuvre la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, a poursuivi le délégué en rappelant que la Russie soutient cette stratégie tout en déployant des actions bilatérales.  Il a cité, à ce titre, la récente visite du G5 Sahel à Moscou cette année et les aides de son pays en matière de renforcement des capacités militaires de la région, à travers notamment des formations qui sont dispensées.  Le représentant a conclu en soulignant le rôle essentiel de l’UNOWAS pour les pays de la région et en appelant à renforcer la Stratégique intégrée des Nations Unies pour le Sahel ainsi que son plan d’appui, en tenant compte des avis des pays concernés.

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a salué la conduite « en grande partie pacifique » d’élections au Nigéria, au Sénégal et en Mauritanie, ainsi que les fortes perspectives de croissance économique en Afrique de l’Ouest et au Sahel en 2019 et 2020.  Elle s’est toutefois inquiétée des difficultés croissantes rencontrées par la région en matière de sécurité et de gouvernance.  La criminalité organisée transnationale et le trafic de drogue illicite continuent de saper la bonne gouvernance et d’alimenter la corruption en Guinée-Bissau, a notamment déploré la représentante, appelant les autorités à maintenir l’élan en faveur de l’organisation d’élection présidentielle « véritablement libre et équitable » en novembre prochain. 

Au Burkina Faso, la menace terroriste originaire du Mali alimente également l’instabilité, a poursuivi Mme Chalet, précisant que cette menace avait contribué au déplacement de centaines de milliers de personnes, limité la fourniture de services publics dans certaines régions et perturbé les moyens de subsistance du pays.  Nous sommes également préoccupés par les retombées potentielles de la situation dans les pays voisins, a-t-elle ajouté, avant d’encourager le Gouvernement burkinabé à coopérer avec les partenaires régionaux pour faire face à la menace croissante du terrorisme.  Nous demandons à l’UNOWAS de poursuivre ses efforts en faveur de la réforme du secteur de la sécurité du pays, a-t-elle ajouté.

Au Mali, Mme Chalet s’est dite préoccupée par les progrès insuffisants dans la mise en œuvre de l’Accord de paix d’Alger de 2015 et par l’insécurité dans le centre du pays, exacerbée par des tensions ethniques et intercommunautaires.  Cette violence a eu des effets négatifs sur les établissements de santé et les écoles et a forcé des centaines de milliers de personnes à quitter leur domicile, a-t—elle déploré, appelant le Gouvernement et les groupes armés signataires de l’Accord de paix à saisir l’occasion du renouvellement récent de la MINUSMA pour mettre en œuvre les mesures de la résolution 2480 (2019) du Conseil.

La représentante a rappelé que les États-Unis avaient alloué 111 millions de dollars pour rendre opérationnelle la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel (G5 Sahel).  Elle a toutefois appelé le Conseil à examiner de manière exhaustive les fondements de la menace terroriste, non pas uniquement au Sahel, mais dans toute la région d’Afrique de l’Ouest.  Cet examen plus large devrait attirer l’attention sur les effets des conflits et les efforts de tous les gouvernements régionaux pour prévenir et combattre la radicalisation et le terrorisme en général, a-t-elle estimé.

S’agissant des menaces émanant du nord-est du Nigéria dans la région du lac Tchad, Mme Chalet a appelé les pays touchés à redoubler d’efforts pour contrer les terroristes, protéger la population civile et créer les conditions d’un retour digne et sûr des personnes déplacées.  Elle a également jugé nécessaire de s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité et de l’instabilité, notamment les inégalités, l’exclusion, la marginalisation, les violations des droits de l’homme, la violence sexuelle et le manque d’opportunités économiques et de moyens de subsistance.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a salué les activités de l’UNOWAS en appui aux gouvernements de la région où des élections ont eu ou vont avoir lieu.  Il a mis l’accent sur la sécurité, le développement et la situation humanitaire en Afrique de l’Ouest et au Sahel.  Face à la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel et dans le bassin du lac Tchad, il a estimé qu’il incombe aux gouvernements de la région et à la communauté internationale de redoubler d’efforts pour faire face à la menace terroriste notamment à travers un appui renforcé à la force G5 Sahel et à la force conjointe internationale.  Le représentant a également salué le rôle de la CEDEAO dans ce contexte ainsi qu’en matière de coopération régionale dans la lutte antiterroriste.

S’agissant de la situation humanitaire dans la région, le représentant a tenu à faire le lien avec la dégradation de la situation sécuritaire.  La faim et la pauvreté augmentent alors que les épidémies se multiplient et le nombre de personnes déplacées ne cesse de croître, a-t-il constaté avant de saluer l’action humanitaire des Nations Unies et des pays qui ont accueilli des réfugiés.  Le représentant a plaidé par ailleurs pour une approche globale du développement économique de la région pour pouvoir s’attaquer aux causes profondes des conflits.  L’UNOWAS a un rôle critique à jouer dans les secteurs du développement et de la sécurité, a souligné le représentant qui a salué les efforts de M. Chambas et de son équipe à cet égard.

M. SHAOJUN YAO (Chine) a salué la stabilité qui règne globalement à travers l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.  Il a toutefois noté la persistance d’attentats terroristes et de conflits intercommunautaires qui menacent la sécurité de la région.  Le représentant a, par conséquent, appelé à renforcer la capacité nationale des pays de la région à lutter contre le terrorisme.  Dans ce cadre, il a estimé que l’ONU devait fournir l’appui et les ressources en personnel nécessaires à la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel (G5 Sahel). 

La situation en Libye est lourde de conséquences pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, a poursuivi le représentant, estimant que les organisations régionales, telles que l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), bénéficiaient d’une position « unique » pour trouver des solutions politiques à ces défis.  L’ONU doit donc renforcer sa coopération avec ces organisations, a-t-il estimé.

Le représentant a, par ailleurs, appelé à investir dans les pays de la région pour développer l’agriculture et les infrastructures nationales, créer des emplois, éliminer la pauvreté et mettre l’Afrique de l’Ouest et le Sahel sur la voie du développement durable.  Tout en appuyant les travaux de l’UNOWAS dans la région, le représentant a appelé le Bureau à continuer à respecter la souveraineté des pays concernés.  Il a indiqué que la Chine s’attachait à agir dans les domaines de coopération identifiés en décembre dernier lors du Sommet de Beijing du Forum sur la coopération sino-africaine. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) s’est dit très préoccupé de l’augmentation des activités terroristes et de l’extrémisme violent dans la région, ainsi que de la grave crise humanitaire et du nombre alarmant des déplacés.  Concernant le Burkina Faso, le représentant s’est inquiété de la violence et de l’instabilité croissantes.  Il est important, a noté M. Heusgen, que la présence de l’ONU reflète les besoins sur le terrain.  Il a encouragé le Burkina Faso à poursuivre son dialogue avec la Commission de consolidation de la paix afin d’éviter d’autres déstabilisations.  L’Allemagne a promis 51 millions de dollars pour appuyer le secteur de la sécurité et les efforts de stabilisation au Burkina Faso, a-t-il dit.

En ce qui concerne la région du lac Tchad, le délégué allemand a exprimé sa préoccupation quant au terrorisme et aux attaques complexes et coordonnées.  Pour ce qui est de la situation humanitaire, l’Allemagne a promis 100 millions d’euros entre 2018 et 2020 pour la région.  Il a estimé que la stratégie régionale de stabilisation, le Forum des gouverneurs et le cadre de stabilisation régionale pour le lac Tchad du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pouvaient créer un cadre pour renforcer la stabilité régionale, la paix et le développement.  Préoccupé par les conséquences des changements climatiques dans la région, M. Heusgen a salué le fait que le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel prépare un rapport sur les risques sécuritaires liés au climat. 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a pris note de la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest et au Sahel qui est restée relativement stable, ce dont témoignent la tenue d’élections pacifiques et la célébration de dialogues politiques ainsi que les progrès dans l’application des accords.  Il a toutefois regretté qu’au Burkina Faso, au Mali et dans le bassin du lac Tchad les groupes terroristes continuent d’attaquer les civils et les forces de sécurité.  Pour y faire face, il a préconisé une réforme du secteur de la sécurité dans chaque pays concerné ainsi qu’un renforcement de la coopération transfrontière.  Cette situation a eu pour conséquence des déplacements massifs de population et une situation humanitaire grave dans la région, a-t-il poursuivi en regrettant que seuls 23% de l’appel humanitaire pour la région ait été financé à ce stade.

Le représentant a également soulevé le problème des conséquences des changements climatiques sur la sécurité dans le bassin du lac Tchad en appelant la communauté internationale à en tenir compte.  Il faut, a-t-il ajouté, une analyse régionale détaillée des origines des conflits en Afrique de l’Ouest et au Sahel pour pouvoir développer des stratégies ciblées avec une feuille de route et des points de référence clairs. I l a aussi jugé impératif de renforcer les stratégies des Nations Unies dans la région et d’offrir des opportunités aux jeunes et aux femmes.

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a relevé que le dernier rapport du Secrétaire général faisait état de la recrudescence d’attaques terroristes et de la violence intercommunautaire alimentée par les activités des groupes extrémistes violents dans la région.  Il a également constaté que les crimes maritimes, la criminalité transnationale organisée et le trafic illégal avaient augmenté, ce qui a non seulement conduit à des pertes en vies humaines mais aussi exacerbé la situation humanitaire.  L’Indonésie a loué l’initiative conjointe des États de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel pour endiguer le terrorisme par des efforts collectifs dans le domaine de la sécurité comme l’Équipe spéciale conjointe multinationale et la Force conjointe du G5 Sahel, qu’il importe d’appuyer.  Le représentant a salué l’élargissement de l’appui de la MINUSMA à tous les contingents de ladite Force en vertu de la résolution 2480 (2019) relative à la situation au Mali.  Il a toutefois estimé que les efforts collectifs doivent être complétés par les efforts nationaux tendant à combattre le terrorisme, par un renforcement de la présence et des institutions étatiques, y compris la police et l’appareil judiciaire.

L’Indonésie, a poursuivi le représentant, recommande aussi de remédier aux causes profondes de l’insécurité, car l’approche sécuritaire n’est pas « la panacée » pour faire face aux insécurités dans la région.  Il a conseillé de répondre aux doléances locales de sorte à prévenir l’expansion du terrorisme.  Il a appelé les partenaires internationaux, par exemple, à poursuivre leur appui à la mise en œuvre du programme de stabilisation pour les pays affectés par Boko Haram, au Plan de priorité d’investissement G5 Sahel, à la Stratégie intégrée de l’ONU pour le Sahel et au Plan d’appui de l’ONU pour cette région.  Enfin, le représentant a souligné la nécessité d’adopter des approches de gestion et de résolution des conflits englobant toute la région.  En effet, la proximité de ces nations, l’activité transfrontalière des groupes extrémistes et d’autres facteurs rendent probable la propagation de l’insécurité dans la région, a-t-il mis en garde, en encourageant à la coopération entre les pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel et au renforcement des synergies et de l’appui des agences de l’ONU aux organisations régionales et sous-régionales.     

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a salué la tenue récente d’élections en Afrique de l’Ouest et au Sahel, estimant que cela devrait créer un environnement propice à des investissements dans la région et appelant l’ONU à œuvrer pour que les prochaines échéances électorales de la région se déroulent de façon crédible.  Par ailleurs, le représentant a déploré la détérioration de la situation sécuritaire dans le nord-est du Nigéria, une situation qui, à ses yeux, déstabilise tout le bassin du lac Tchad, une zone selon lui « oubliée ces dernières années par le Conseil ».  Il a par conséquent appelé à renforcer l’autorité de l’État dans la zone.

Le représentant a annoncé que son pays allait déployer 250 soldats de la paix supplémentaires au sein des effectifs de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).  Nous devons faire plus encore pour nous attaquer aux causes profondes des conflits dans la région, a-t-il ajouté, appelant à renforcer les services de base et à aider les habitants à s’adapter aux effets des changements climatiques.  Il faut pour cela faire un meilleur usage des mécanismes de coopération dans la région, y compris entre le Conseil, l’Alliance pour le Sahel et la Commission du bassin du lac Tchad, a suggéré le représentant qui a appelé le Conseil à intégrer davantage la question des effets des changements climatiques dans ses travaux.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a estimé que les bons offices et la diplomatie préventive du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) seraient d’une importance capitale dans le cadre des futurs processus électoraux au sein de la région, notamment pour la promotion d’un dialogue national ouvert et le renforcement des capacités nationales à organiser des scrutins transparents.  L’UNOWAS s’est imposé comme un acteur clef avant et après les élections, de par sa capacité à concourir au relâchement des tensions et à prévenir l’aggravation des crises politiques via le recours à des mécanismes d’alerte précoce, a également estimé le représentant.

Par ailleurs, le délégué péruvien a souligné le rôle de l’UNOWAS dans la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, en coopération avec la Commission de consolidation de la paix et du Fonds pour la consolidation de la paix.  Le représentant a également mis l’accent sur l’attention accordée par le Bureau aux conflits intercommunautaires qui surviennent entre agriculteurs et éleveurs en raison des effets des changements climatiques, ainsi que ses activités de promotion de la participation des femmes au sein des gouvernements d’Afrique de l’Ouest et du Sahel.  Enfin, il a estimé que la coopération transfrontalière et la recherche de synergies sous-régionales étaient des facteurs importants pour améliorer la sécurité de la région, notamment face à la menace présentée par le terrorisme, l’extrémisme violent et le crime organisé.

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