RDC: espoirs et inquiétudes exprimés au Conseil de sécurité après l’exposé de la Représentante spéciale et le train de réforme du Président Tshisekedi
« Satisfaction » et « préoccupation » ont été les maîtres mots de l’exposé fait, ce matin, par la Représentante spéciale du Secrétaire général, Mme Leïla Zerrougui, qui s’adressait au Conseil de sécurité par visioconférence depuis Kinshasa, alors que la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), dont elle est à la tête, a commencé à fermer ses bureaux dans certaines parties du pays dans la perspective de la fin de son mandat. Plus de six mois après la tenue des élections de décembre 2018, une analyse juste du contexte politique actuel « oblige à exprimer à la fois satisfaction et préoccupation », selon elle.
De l’avis de la Représentante spéciale, les « réformes audacieuses » que le Président Félix Tshisekedi compte initier peuvent conduire au renforcement des institutions congolaises et à l’amélioration des conditions de vie de la population. Elle a également mis en avant les efforts du Président tendant à « transformer la région des Grands Lacs en un havre de paix », et l’engagement de celui-ci et des dirigeants de la région pour la paix et l’intégration économique.
La MONUSCO a fermé ses bureaux dans des régions où il n’y a plus d’événements graves, a-t-elle indiqué en expliquant que la Mission continue à protéger la population civile là où elle est en danger. Mme Zerrougui a en effet signalé que, dans la province de l’Ituri, certains profitent des tensions ethniques pour attiser la violence intercommunautaire. Des attaques des Forces démocratiques alliées (ADF) continuent de faire des victimes parmi les civils, a-t-elle déploré. Il en résulte que la RDC est confrontée à toute une « série de situations d’urgence simultanées », y compris des déplacements de masse.
En ce qui concerne la lutte contre l’Ebola, la Représentante spéciale a salué les efforts concertés du Gouvernement, de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), de la MONUSCO et d’autres partenaires, tout en se disant inquiète devant l’aggravation de la situation en matière de sécurité dans les régions touchées par l’épidémie ainsi que par les attaques dont les équipes d’intervention contre l’Ebola font l’objet. Les membres du Conseil ont d’ailleurs condamné, d’une même voix, les attaques contre le personnel de santé luttant contre l’épidémie.
Inquiet lui aussi de ces violences contre le personnel médical, le Représentant du Koweït, en sa qualité de Président du Comité 1533 (2004), M. Mansour Ayyad Sh. A. Alotaibi, a fait part de ses constatations lors d’un déplacement sur le terrain en avril: il a souligné les points positifs décrits par la Représentante spéciale tout en pointant du doigt « les violences, les conflits armés, l’escalade des tensions, les assassinats et les enlèvements ». Il a appelé toutes les parties à « servir l’intérêt public, à soutenir le Gouvernement et à se lancer dans la reconstruction.
Au chapitre des difficultés, à l’instar de Mme Zerrougui, plusieurs membres du Conseil de sécurité ont regretté le retard pris dans la formation d’un nouveau gouvernement, d’aucuns l’attribuant à des blocages intentionnels. « On comprend que l’ancien Président Kabila s’accroche au pouvoir mais il faut lui dire que cela suffit et qu’il faut aller de l’avant », a ainsi déclaré l’Allemagne. Des « négociations laborieuses » se poursuivent entre les deux plateformes de la coalition au pouvoir -Cap pour le changement, CACH, du Président Tshisekedi; et le Front commun pour le Congo, de l’ex-Président Joseph Kabila-, a pourtant indiqué Mme Zerrougui en appelant chacun à « dépasser ses divergences ».
Parmi les événements positifs enregistrés depuis les élections de décembre 2018, les intervenants ont cité la nomination d’un Premier Ministre en la personne de Sylvestre Ilunga Ilunkamba, la mise en place progressive du Parlement et des gouvernements provinciaux, le retour de plusieurs chefs de file de l’opposition en exil, la libération de 700 prisonniers politiques comme M. Firmin Yangambi et le chef de l’opposition Franck Diongo, la volonté d’ouverture du Président, ou encore le nouvel élan insufflé au Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région.
Dès son accession à la magistrature suprême, le Président congolais a pris des mesures importantes pour la décrispation de l’environnement politique, la préservation des droits de la personne et l’ouverture de l’espace démocratique, a confirmé le représentant de la République démocratique du Congo.
Revenant sur les flambées de violence dans les parties orientales du pays, qui s’accompagnent de violences sexuelles, le Pérou a loué la conduite de missions conjointes entre la MONUSCO et les autorités provinciales congolaises, afin de neutraliser les groupes armés dans cette région, ainsi que la conclusion d’accords pour mettre fin au recrutement d’enfants. Cette violence, a indiqué la Guinée équatoriale, fait que 12,8 millions de personnes ont toujours besoin d’aide humanitaire, tandis que 4,8 millions sont déplacées à l’intérieur du pays et 540 000 réfugiés se trouvent toujours en RDC: la communauté internationale doit financer le plan humanitaire sur trois ans, a demandé la délégation.
Reconnaissant la présence continue des groupes armés étrangers et nationaux dans l’est du pays, la RDC s’est demandé comment ces groupes parviennent à se doter d’armes aussi lourdes, sophistiquées et en aussi grande quantité, alors que le pays vit sous un régime d’embargo sur les armes depuis plus de 10 ans. Il a invité le Groupe d’experts des Nations Unies à établir la responsabilité des pays qui violent l’embargo et à examiner de plus près le lien entre le trafic d’armes et celui des ressources naturelles.
La RDC a également jugé « impérieux » de renforcer l’efficacité opérationnelle de la MONUSCO en privilégiant la qualité de la formation des troupes, celles-ci devant être plus spécialisées dans la traque des groupes armés et davantage en mesure de faire face aux menaces asymétriques.
La Côte d’Ivoire a appelé les autorités congolaises à renforcer le processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) des ex-combattants des groupes armés opérant dans la province du Tanganyika, tandis que les États-Unis ont suggéré de fournir aux anciens combattants la possibilité de retourner à une vie civile « pacifique et productive », plutôt que de simplement les absorber au sein des forces armées du pays et de risquer ainsi de perpétuer des violations des droits de l’homme et des abus.
LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO – (S/2019/575)
Déclarations
Intervenant par visioconférence depuis Kinshasa, Mme LEILA ZERROUGUI, Représentante spéciale du Secrétaire général et Chef de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a présenté les grandes lignes du rapport du Secrétaire général pour la période du 8 mars au 28 juin 2019, conformément à la résolution 2463 (2019) du Conseil, notamment les progrès réalisés dans le processus de transition post-électorale ainsi que les principaux défis qui persistent.
Plus de six mois après la tenue des élections de décembre 2018, elle a dit sa conviction qu’une analyse juste du contexte politique actuel « oblige à exprimer à la fois satisfaction et préoccupation » et elle a réitéré ses messages « porteurs d’espoir et d’optimisme ». Elle a évoqué l’intention du Président Tshisekedi d’initier des réformes audacieuses, lesquelles, si elles sont totalement mises en œuvre, conduiront au renforcement des institutions congolaises et à l’amélioration des conditions de vie de la population. Dans le droit fil de transformer la région des Grands Lacs en un havre de paix, le Président congolais est résolument engagé en ce sens avec les dirigeants de la région et en faveur d’une intégration économique régionale. Mme Zerrougui a dit vouloir coopérer avec l’Envoyé spécial pour la région des Grands Lacs et avec les organisations régionales afin de soutenir les autorités dans la mise en œuvre des engagements contenus dans l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région.
Bien que le Premier Ministre ait été nommé le 20 mai dernier, nous sommes toujours dans l’attente de la formation d’un nouveau gouvernement et des « négociations laborieuses » se poursuivent entre les deux plateformes de la coalition au pouvoir -Cap pour le changement, CACH, du Président Tshisekedi; et le Front commun pour le Congo, de l’ex-Président Joseph Kabila- a indiqué Mme Zerrougui, en appelant chacun à « dépasser ses divergences » pour répondre rapidement aux attentes de la population. Au cours des derniers mois, elle a rencontré les principales parties prenantes et les a vivement engagées à faire les concessions nécessaires.
Au niveau local, la Représentante spéciale a aussi fait état de démarches constructives et mentionné la prise d’initiatives significatives en faveur de la stabilité et du développement de la part de certains gouverneurs. Dans le cadre de son futur retrait, la MONUSCO a fermé ses bureaux dans des régions où il n’y a plus d’événements graves, a-t-elle indiqué en expliquant que cela permettra de continuer à protéger la population civile là où la situation et les activités des groupes armés continuent d’avoir des effets dévastateurs sur les civils.
La Chef de la MONUSCO a noté que dans la province de l’Ituri, certains tentaient de jouer sur les tensions ethniques pour attiser la violence intercommunautaire. Des attaques des Forces démocratiques alliées (ADF) continuent de faire des victimes inacceptables parmi les civils, a-t-elle déploré. Elle a signalé qu’à Masisi, des groupes armés, comme le NDC-Russie de Guidon Shimiray Mwissa, se sont rendus coupables d’atrocités, notamment des violences sexuelles.
À présent, le pays est confronté à toute une série de situations d’urgence simultanées y compris les déplacements de masse et des menaces quant à la protection des civils, a poursuivi Mme Zerrougui. Dans l’Ituri, plus de 350 000 personnes sont déplacées dans les territoires de Djugu, Mahagi et Irumu suite à la recrudescence de la violence, ce qui a interrompu le processus de retour progressivement entamé depuis 2018, a-t-elle indiqué en expliquant que ces nouveaux déplacements se font vers Bunia et contraignent la communauté humanitaire à réorienter son assistance vers les populations les plus vulnérables. Elle a dit qu’actuellement, plus de 733 000 personnes auraient besoin d’assistance dans la province de l’Ituri, tandis que dans le Sud-Kivu, la nouvelle flambée de violence intercommunautaire et les activités des groupes armés ont déplacé 180 000 personnes.
Mme Zerrougui a aussi mis l’accent sur la propagation de l’épidémie d’Ebola qui a coûté la vie à plus de 1 700 personnes, ce qui a poussé l’OMS à déclarer une urgence sanitaire d’ordre international suite au dépistage de nouveaux cas à Goma et à la frontière avec l’Ouganda. Elle a souligné que la lutte contre l’épidémie est affectée non seulement par des facteurs épidémiologiques mais également des facteurs politiques et sociaux, comme les activités des groupes armés tels que les ADF et les groupes maï-maï. Il y a une méfiance communautaire par rapport à cette lutte, a-t-elle relevé, raison pour laquelle les travailleurs médicaux sont menacés, voire tués par les groupes armés. Dans ce contexte, Mme Zerrougui a exhorté à appuyer le quatrième plan contre l’Ebola présenté il y a une semaine à Genève. Elle a aussi parlé de l’épidémie de rougeole, qui a coûté la vie à plus de 2 000 personnes depuis début 2019, soit plus que l’Ebola.
La Représentante spéciale a ensuite expliqué qu’en RDC, l’ONU suit l’approche « Unis dans l’action » en utilisant toute une gamme d’outils. Il s’agit en effet de répondre de manière adéquate aux activités des groupes armés, de faire exécuter le mandat d’arrêt contre l’ancien chef de guerre Guidon ou encore de renforcer les capacités de la justice nationale pour combattre l’impunité. La MONUSCO fournit également un appui politique et logistique au nouveau Coordonnateur de l’ONU pour la réponse à l’Ebola, a-t-elle ajouté.
Mme Zerrougui a dit que la MONUSCO coopère étroitement avec les autorités congolaises en mobilisant des fonds de la Banque mondiale. Elle œuvre en faveur de la protection communautaire pour les anciens combattants et leur conseille d’éviter l’intégration dans les forces nationales de sécurité, qui n’a donné lieu qu’à la création de réseaux parallèles qui ont pris en otage ces forces. L’examen stratégique indépendant, qui a achevé ses efforts de collecte d’informations, pourra présenter les enjeux du pays, a-t-elle annoncé. La Représentante spéciale a aussi prévenu que les ressources budgétaires de la MONUSCO sont utilisées jusqu’à leurs limites.
M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït), qui s’exprimait en sa qualité de Président du Comité des sanctions 1533 du Conseil de sécurité, a déclaré que depuis la dernière réunion du Conseil, le Comité a tenu sept réunions en 2018. En 2019, le Comité a organisé trois réunions jusqu’à présent: le 1er février tous les États Membres ont pu écouter le Coordonnateur du Groupe d’experts présenter son rapport à mi-parcours; le 25 mars, le Coordonnateur a fait un exposé sur l’exploitation illégale des ressources naturelles en RDC; et le 24 mai, le Coordonnateur par intérim a fait une présentation du rapport final. Le 8 juillet, le Comité a reçu un compte rendu du déplacement de son Président en RDC, en Ouganda et aux Émirats arabes unis (27 avril-6 mai). Le Koweït a en outre organisé six réunions informelles avec le responsable du Mécanisme de suivi sur la RDC, M. Robert Petit, et son équipe. Ces derniers ont aidé le Gouvernement congolais dans l’enquête sur le meurtre de deux anciens membres du Comité d’experts en 2017, Zaida Catalan et Michael Sharp. Le Président a aussi indiqué avoir organisé deux réunions informelles en avril 2019.
Lors de sa visite en RDC, M. Alotaibi a entendu l’avis de plusieurs interlocuteurs selon lequel les sanctions devraient être mises à jour et réorganisées de manière à identifier clairement les saboteurs de la transition politique et ceux qui ont commis des violations des droits de l’homme. Il a rappelé que le Conseil de sécurité, en adoptant la résolution 2371 (2019), avait demandé au Groupe d’experts sur la RDC de donner des informations actualisées sur les individus et les entités sanctionnés. Durant la visite de terrain, le Président du Comité a noté l’intérêt divergent des membres du Comité et de la MONUSCO quant à l’établissement d’une liste d’individus sur la base des critères du paragraphe 7 de la résolution 2293 (2016). M. Alotaibi a aussi affirmé qu’il y a une différence nette entre les discours des autorités gouvernementales sortantes et les déclarations publiques positives du nouveau Président sur les travaux de la MONUSCO et de la communauté internationale en RDC. « Je compte tirer parti de l’élan donné par cette visite dans mes travaux à New York », a ajouté le Président du Comité qui a estimé que cette mission avait été un excellent forum de suivi pour les États et une voie pour continuer à construire des canaux de communication et promouvoir une meilleure compréhension du travail du Comité des sanctions.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a noté un climat d’optimisme en RDC depuis les élections du 30 décembre. Le Président Tshisekedi a marqué sa volonté de répondre au désir de changement exprimé par les Congolais lors des scrutins et plusieurs mesures ont été prises pour satisfaire ce souhait, a-t-il constaté en relevant aussi que plusieurs opposants sont rentrés au pays, des prisonniers d’opinion ont été libérés et le pays connaît une certaine ouverture de l’espace politique. Sur le plan sécuritaire, il a noté que le Président congolais s’était engagé à travailler à mettre un terme aux conflits dont souffre le pays et aux affrontements intercommunautaires dans certaines régions, alors que plusieurs groupes rebelles ont annoncé vouloir déposer les armes et retourner à la vie civile. Il a formé le vœu que la voie tracée ces derniers mois puisse être poursuivie, en matière de libertés publiques comme de réconciliation nationale. La prise en charge des combattants souhaitant se démobiliser est une urgente nécessité pour éviter qu’ils ne soient tentés par un retour dans la brousse et renoncent à la vie civile, a souligné le représentant rappelant que le Conseil de sécurité a donné pour mandat à la MONUSCO d’assister les autorités congolaises en ce sens. Cependant, a-t-il mis en garde, la Mission ne pourra le faire sans le leadership déterminé des autorités.
M. de Rivière a également salué les initiatives prises par le Président Tshisekedi sur le plan régional pour relancer l’Accord-cadre pour la paix et la sécurité en RDC et dans les pays voisins. Cependant, il a noté les défis qui restent à relever, notamment pour affronter l’action prédatrice de groupes armés à l’est du pays, financée par l’exploitation illégale de ressources naturelles. Il a plaidé pour la pérennisation de la professionnalisation de l’armée et de la police, même s’il a reconnu que l’engagement militaire sera toujours insuffisant sans dialogue politique pour convaincre ces groupes de désarmer. La France appelle la RDC et les pays de la région à agir de manière concertée et déterminée pour mettre fin à ces conflits, ainsi que pour assécher les finances des groupes armés et mettre fin à leurs trafics, a poursuivi le représentant, en rappelant que les travaux du Comité des sanctions avaient démontré la nécessité de s’y attaquer fermement et collectivement. La région tirera un bénéfice sans égal d’une formalisation du secteur minier et des échanges, a fait valoir M. de Rivière: des bénéfices économiques et la paix.
Le représentant a ensuite salué l’engagement exemplaire des autorités congolaises, de l’OMS et des acteurs humanitaire dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola, ainsi que l’appui apporté par la MONUSCO. Avant de conclure, il a rappelé que lors de sa visite en RDC le 20 mai, le Ministre français des affaires étrangères avait annoncé la relance d’un partenariat de long terme entre la France et la RDC, doté de 300 millions d’euros sur cinq ans, dans trois domaines prioritaires qui sont l’éducation, la santé et l’appui à la stabilisation via la formation de cadres de haut niveau et un soutien à la réforme du secteur de la sécurité.
Mme CHERITH NORMAN CHALET (États-Unis) a salué la décision de plusieurs milices de déposer les armes depuis l’entrée en fonction du Président Tshisekedi et exhorté les autorités congolaises à mener à son terme le processus de DDR. Dans ce cadre, Mme Chalet a encouragé les principaux responsables à déterminer si ce processus devrait fournir aux ex-combattants volontaires la possibilité de retourner à une vie civile « pacifique et productive », plutôt que de simplement les absorber au sein des forces armées du pays et risquer de perpétuer des violations des droits de l’homme et des abus. Nous encourageons le Gouvernement à clarifier les choses, a-t-elle dit en estimant qu’il y a une certaine confusion au sujet du point focal du processus de DDR.
La circulation d’armes et le commerce illicite de l’or et d’autres minéraux précieux alimentent la persistance des violences dans l’est du pays, a par ailleurs relevé Mme Chalet, constatant que des généraux congolais objets de sanctions américaines, tels que le général Gabriel Amisi Kumba, continuaient de prendre part au trafic illicite d’or. La représentante a appelé à neutraliser ces acteurs pour mettre fin aux violences dans la zone.
Mettre fin à l’épidémie d’Ebola demeure également une priorité absolue pour les États-Unis, a poursuivi Mme Chalet, rappelant que son pays était le principal donateur de la réponse à l’épidémie, plus de 98 millions de dollars y étant consacré. Elle a exhorté tous les donateurs à appuyer financièrement la réponse et a salué la récente décision de l’OMS de faire de l’épidémie une « urgence de santé publique de portée internationale ».
La représentante a enfin estimé que les progrès sur le terrain, aussi bien en matière de lutte contre l’épidémie que de DDR, étaient « trop lents ». Selon elle, l’absence de Gouvernement national, en raison principalement de « l’intransigeance » d’acteurs politiques dans la droite ligne de l’ancien Président Kabila, compromet tous les autres progrès auxquels le peuple congolais aspire. « Nous appelons ceux qui bloquent la formation du Gouvernement à faire preuve de la souplesse nécessaire pour former un cabinet et répondre aux espoirs du peuple congolais en un avenir meilleur », a insisté Mme Chalet, précisant que les États-Unis envisageaient des sanctions et des restrictions de visa pour les personnes impliquées dans des actes portant atteinte à la paix, à la stabilité et à la sécurité de la RDC.
M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a dit être préoccupé par la situation sécuritaire en RDC, particulièrement dans les provinces du Kivu et en Ituri. Le représentant a appelé les parties à réduire les tensions et à respecter la population civile. Il a aussi exprimé ses préoccupations quant à la situation humanitaire en assurant que son pays continuerait à fournir une aide humanitaire. Le respect des droits de l’homme et la restauration de l’état de droit restent des enjeux cruciaux, a-t-il ajouté en se disant inquiet de constater que les FARDC et la PNC aient pu continuer à commettre des violations des droits de l’homme dans la période couverte par le dernier rapport. La réforme du secteur de sécurité passant par la professionnalisation des forces de sécurité doit rester une priorité, selon lui.
Le délégué a estimé que la MONUSCO ainsi que le nouveau régime de sanctions doivent continuer de contribuer à la protection de la population civile, à la pacification et à la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire. Dans le contexte actuel d’examen stratégique indépendant, la Belgique, a-t-il dit, s’attend à l’élaboration d’indicateurs permettant de mesurer clairement les capacités des autorités congolaises à assumer les différentes tâches actuellement assurées par la MONUSCO. Enfin, comme le futur de la RDC et celui de la région des Grands Lacs restent étroitement liés, le représentant a appelé toutes les parties à saisir l’élan positif actuel. Une meilleure coopération régionale pourrait avoir des bénéficies considérables pour la population congolaise, à la fois dans le contexte de la lutte contre les différents groupes armés mais également dans le cadre de la coopération économique ou encore celui de la lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles, a conclu M. Pecsteen de Buytswerve.
Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est félicitée, concernant le processus politique en RDC, de la transformation du paysage au cours de ces derniers mois, avec notamment le retour de certains acteurs dans le pays, la libération de prisonniers et le processus de réforme. La création du nouveau gouvernement et le déploiement des institutions étatiques dans tout le pays sont déterminants, a-t-elle estimé en espérant que l’approche actuelle allait se confirmer. Elle a conseillé de poursuivre la coopération avec la société civile, y compris les associations féminines. La représentante a salué la décision courageuse de certains groupes armés de rejoindre les programmes de DDR.
La déléguée a, toutefois, remarqué que le risque d’escalade de violence et de tensions perdure. Les violences sexuelles restent aussi le fait d’agents étatiques, d’où l’obligation de rendre la justice pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité. La représentante a, par ailleurs, encouragé les signataires de l’Accord-cadre à travailler d’arrache-pied pour la mise en œuvre de ses différentes dispositions. Du point de vue économique, elle a salué la reprise récente de la coopération avec le FMI et les efforts d’intégration économique régionale. Elle a aussi loué les efforts conjugués des autorités congolaises, de l’ONU, de l’OMS et d’autres partenaires dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola. Enfin, elle a dit attendre l’issue de l’examen stratégique de la MONUSCO afin de consolider les acquis en RDC.
M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a salué l’évolution positive de la situation en RDC, marquée par la nomination d’un Premier Ministre et la mise en place progressive du Parlement et des gouvernements de provinces, dans la foulée des dernières élections. Le retour au pays de plusieurs chefs de file de l’opposition traduit bien, selon lui, la volonté d’ouverture des nouvelles autorités du pays. Le représentant a également salué la nouvelle dynamique insufflée par le Gouvernement congolais au mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région, y compris l’accent mis sur la réforme du secteur de la justice, la lutte contre l’impunité ainsi que le désarmement, la démobilisation et la réintégration des ex-combattants (DDR). Le représentant a exhorté les autorités congolaises à poursuivre dans cette voie, notamment en finalisant la formation du nouveau gouvernement, afin de mettre en œuvre les réformes sectorielles nécessaires.
La persistance des violences intercommunautaires et des attaques perpétrées par des groupes armés contre les populations civiles et le personnel humanitaire engagé dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola dans l’est de la RDC demeure toutefois un sujet de vive préoccupation, s’est inquiété le représentant. Il a notamment déploré les attaques perpétrées à Béni, le 23 juillet, par des milices ougandaises des Forces démocratiques alliées (ADF), dans lesquelles 12 civils, dont 2 enfants, ont trouvé la mort. Il a, par conséquent, appelé les autorités congolaises à renforcer le processus de DDR des ex-combattants des groupes armés opérant dans la province du Tanganyika et à sensibiliser tous les autres groupes armés pour les inciter à abandonner définitivement la violence. M. Ipo a également appelé les partenaires internationaux à appuyer le programme de DDR, ainsi que les efforts des autorités congolaises et de la MONUSCO en vue de rétablir la stabilité dans l’est de la RDC.
Le représentant a enfin appelé les organisations humanitaires, les donateurs et tous les partenaires du pays à accroître leur assistance en vue d’apporter des réponses urgentes aux besoins de 13 millions de personnes, dont des réfugiés provenant de pays limitrophes, ainsi qu’à l’épidémie d’Ebola dans l’est du pays.
M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a partagé la vision positive de Mme Leila Zerrougui et du Président de la RDC, mais estimé que la situation n’était pas encore idéale dans ce pays où les défis persistent, comme la formation du gouvernement qui n’est toujours pas finalisée. « On comprend que l’ancien Président Kabila s’accroche au pouvoir mais il faut lui dire que cela suffit et qu’il faut aller de l’avant », a recommandé le délégué. Il a aussi parlé des troubles dans l’est du pays, qui s’accompagnent de violences sexuelles dont les principales victimes sont les femmes et les enfants.
Le pays fait également face à l’épidémie d’Ebola ainsi qu’aux attaques contre les travailleurs humanitaires, a déploré le représentant qui a d’ailleurs estimé nécessaire que le Conseil de sécurité organise une séance spéciale consacrée à l’Ebola. La région et les pays voisins doivent, en outre faire front commun, a-t-il suggéré. S’il a jugé le processus DDR très important, il a recommandé d’aller plus loin: il faut coopérer avec la société civile et les jeunes. Le représentant a souligné, enfin, le rôle clef de la MONUSCO. Il a dit attendre les recommandations du Groupe d’experts indépendants. Il faut que la MONUSCO ait le plus d’impact positif possible sur le terrain, a-t-il souhaité.
M. HAITAO WU (Chine) a remarqué que la situation est stable en RDC depuis les élections, notant les évolutions positives qui prouvent, selon lui, la volonté du Président congolais et l’efficacité de la MONUSCO. Le représentant a cependant noté que la situation est rendue précaire par l’épidémie d’Ebola. Il a donc appelé la communauté internationale à aider le pays à renforcer la situation sécuritaire. Il a aussi invité à respecter scrupuleusement les dirigeants du pays, souhaitant que les partenaires puissent convaincre tous les groupes armés de déposer les armes et de se joindre au processus de consultations. L’ONU doit aussi jouer un rôle de coordination et de synergie sur le plan international pour la pleine application de l’Accord-cadre et appuyer fermement les travaux de l’OMS et d’autres organisations pour juguler l’épidémie de l’Ebola, a-t-il recommandé.
Le représentant a également appelé à aider la RDC à renforcer ses capacités, à s’attaquer aux causes profondes du conflit et à favoriser la stabilité et le développement. Par ailleurs, il a souligné que les sanctions ne sont pas une fin en soi mais un moyen d’y parvenir. La Chine fournit une assistance humanitaire d’urgence pour lutter contre l’Ebola, a-t-il signalé en précisant que des experts chinois ont été dépêchés en RDC et en Ouganda pour aider à contrôler la propagation du virus sur le terrain et en Afrique de l’Est.
M. XOLISA MABHONGO (Afrique du Sud) a reconnu le rôle important joué par la MONUSCO pour faire face à l’instabilité à l’est de la RDC, ainsi que dans la protection des civils, tout en saluant les mesures positives prises par le Président Tshisekedi en faveur d’un cadre de réformes. Il a noté une relative stabilité dans les provinces à l’ouest du pays, mais s’est dit préoccupé par l’instabilité dans certaines parties de l’est de la RDC, en particulier dans les provinces du Kivu et de l’Ituri. Il faut continuer d’apporter le soutien nécessaire à la MONUSCO dans ses efforts de stabilisation de ces provinces et de DDR, a-t-il plaidé. M. Mabhongo a noté avec satisfaction que la RDC s’est engagée sur la voie positive, évoquant notamment l’approche stratégique du Président Tshisekedi pour le règlement de conflit et la consolidation de la paix dans toute la région. Il a ainsi cité son initiative en faveur de mesures de confiance avec les pays voisins et son engagement renforcé dans le Cadre de coopération pour la paix et la sécurité avec la nomination d’un coordonnateur à la tête du mécanisme de suivi national de la mise en œuvre de ce cadre. L’Afrique du Sud reste convaincue que ce cadre peut apporter la stabilité à la région, ainsi que la paix et le développement économique.
L’Afrique du Sud soutient en outre l’engagement continu de la SADC auprès de la RDC mais reste préoccupée par l’épidémie d’Ebola, a poursuivi le représentant. Il a condamné les attaques qui ont visé des centres de soins d’Ebola et leur personnel, mais salué les efforts de la MONUSCO et des Nations Unies pour lutter contre cette épidémie. Enfin, le représentant a souligné à nouveau que tout régime de sanctions doit venir complémenter des efforts de paix et que les sanctions ne doivent être ni politisées, ni empêcher d’apporter une assistance humanitaire ou affecter les citoyens ordinaires.
M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a salué les décisions prises par le Président Tshisekedi depuis sa prise de pouvoir, les visites dans les pays voisins qu’il a effectuées, les mesures d’ouverture politique qu’il a décidées ainsi que d’autres mesures comme la réforme de la justice, la lutte contre l’impunité ainsi que l’approche globale et régionale de lutte contre les groupes armés dans l’est de la RDC. Le représentant a appelé toutes les parties à servir l’intérêt public, à soutenir le Gouvernement et à se lancer dans l’œuvre de reconstruction.
Le représentant a, par ailleurs, dénoncé les violences et les conflits armés, l’escalade des tensions, les assassinats, les kidnappings notamment des membres du personnel médical déployés pour lutter contre l’épidémie d’Ebola. Saluant le travail de la MONUSCO contre les groupes armés, le représentant a rappelé que 12 millions de personnes en RDC ont actuellement besoin d’aide alimentaire. Avant de terminer, il a déclaré que les attaques des groupes armés contre le personnel médical doivent cesser, en particulier les attaques subies par les agents de santé qui travaillent dans le cadre de la lutte contre l’Ebola.
Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a appelé le Gouvernement et tous les acteurs politiques congolais à tirer profit de la « conjoncture historique » qui a permis le transfert pacifique du pouvoir dans le pays, à la suite d’élections démocratiques. Elle a salué la mise en place du Parlement et des gouvernements de provinces, ainsi que le retour au pays de plusieurs chefs de file de l’opposition. La représentante a appelé les autorités congolaises et les acteurs politiques impliqués à poursuivre les négociations en vue de finaliser la formation du gouvernement central. Elle a salué l’engagement du nouveau Président de la RDC en faveur de la paix, de la démocratie, du développement économique, de la réforme du secteur de la sécurité et du renforcement des bonnes relations avec les pays voisins.
Toutefois, la déléguée a déploré la persistance des violences intercommunautaires et des attaques perpétrées par des groupes armés contre les populations civiles, une situation qui fait que 12,8 millions de personnes ont toujours besoin d’aide humanitaire, tandis que 4,8 millions sont déplacées à l’intérieur du pays et 540 000 réfugiés se trouvent toujours en RDC. Ces populations sont particulièrement vulnérables à la malnutrition, au choléra et à l’épidémie d’Ebola, a observé la représentante, appelant la communauté internationale à financer le plan humanitaire sur trois ans pour le pays, finalisé en janvier dernier. Elle a, en outre, condamné les attaques contre des agents humanitaires et le personnel de santé du pays.
La représentante a salué l’engagement du nouveau Président congolais en faveur du processus de DDR, ainsi que son appui au Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région. Elle a appelé tous les acteurs régionaux, y compris la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, l’Union africaine, l’Organisation internationale de la Francophonie et la Communauté de développement de l’Afrique australe, à soutenir les efforts des autorités congolaises en ce sens.
M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a dit être témoin d’un changement majeur dans l’un des plus grands pays de l’Afrique centrale. Il a appelé les Congolais à poursuivre les actions en faveur de la paix en prenant des mesures tendant à éviter toute forme de violence. Il a regretté les confrontations interethniques dans certaines parties du pays. La MONUSCO doit continuer à accompagner les efforts de Kinshasa, a-t-il déclaré, ajoutant néanmoins que « toute ingérence de l’ONU dans les affaires congolaises serait inacceptable ». Il a salué la visite dans la région de M. Alotaibi, Président du Comité du Conseil de sécurité établi par la résolution 1533 (2014), en avril, avant d’appeler à faire jouer davantage la responsabilité dans le régime de sanctions. Le rétablissement de l’ordre et la stabilité du pays sont les principaux objectifs, a-t-il rappelé.
M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a signalé que malgré une stabilité relative, la situation sécuritaire dans la partie orientale de la RDC demeure préoccupante. Les attaques contre la population civile et les forces armées aux mains de groupes armés, congolais et étrangers, font encore perdre des vies et provoquent de nouveaux déplacements, a-t-il remarqué en exhortant les autorités du pays à ne ménager aucun effort pour neutraliser les groupes armés et faire rendre des comptes pour les violations des droits de l’homme, « sans exception aucune ». Il a aussi appelé à lutter résolument contre la corruption et à donner un élan au Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération. La République dominicaine a également encouragé à accorder plus d’attention à la réforme de la justice, la lutte contre l’impunité et le processus de DDR.
Le représentant a, par ailleurs, exhorté la communauté internationale à appuyer les efforts nationaux pour lutter contre l’épidémie de l’Ebola tout en condamnant toute attaque contre le personnel humanitaire et médical. Il faut aussi veiller à ce que ce personnel puisse accéder à toutes les régions où sévit la maladie, a-t-il souligné. Le représentant a ensuite déploré les cas de violences sexuelles contre des filles, des garçons et des femmes, ainsi que des violences graves commises contre les enfants. À ce propos, il a salué l’engagement de certains groupes armés à ne pas commettre ce type de violations. Les progrès dans la coopération entre les pays de la région des Grands Lacs permettront des actions pour faire face ensemble aux causes du conflit, a-t-il conclu.
M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) s’est félicité de la visite effectuée en RDC par les membres du Comité 1533 en mai dernier, dont il faisait partie. Il a ensuite félicité M. Sylvestre Illunga Ilukamba pour avoir été nommé au poste de Premier Ministre de la RDC, estimant que cette nomination est porteuse d’espoir pour la transition pacifique du pouvoir. Depuis le mois de mars, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité les résolutions 2463 et 2478, portant respectivement sur la reconduction du mandat de la MONSUCO et les sanctions visant la RDC, a rappelé le représentant. L’Indonésie, qui attend avec intérêt les conclusions de l’examen stratégique indépendant de la MONUSCO, souhaiterait que cet examen se fasse en étroite consultation avec toutes les parties concernées, y compris le Gouvernement congolais et les pays contributeurs de troupes.
L’Indonésie appelle en outre la communauté internationale à apporter une assistance humanitaire durable à la RDC, a dit le représentant en exprimant sa solidarité avec les personnes frappées par l’Ebola et en saluant la réponse rapide de l’OMS pour contrer cette épidémie. Sur le plan de la sécurité, le représentant a dit être préoccupée par la présence continue de groupes armés dans l’est de la RDC, regrettant notamment que le trafic illégal de ressources naturelles, qui va au-delà de la région des Grands Lacs, reste la principale source de financement de ces groupes. Enfin, il a félicité la MONUSCO pour son travail en RDC, notamment en termes de protection des civils et de programmes de DDR. En tant que l’un des principaux contributeurs de troupes de la MONUSCO, l’Indonésie a déployé 1044 Casques bleus, dont 28 femmes, a-t-il fait valoir.
M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a dénoncé la détérioration de la situation sécuritaire dans le Nord-Kivu et dans d’autres régions de l’est de la RDC. Le représentant a demandé que ceux qui sont responsables de cette situation et des exactions commises répondent de leurs actes et soient traduits en justice. Le délégué a exhorté le Groupe d’experts à donner au Conseil de sécurité des recommandations qui incluent une liste de personnes et de groupes ayant commis des violences, en particulier des violences sexuelles. Il s’est aussi dit alarmé que certains éléments des FARDC aient collaboré avec des éléments des groupes armés. Il a exigé que ces éléments soient tenus responsables et rendent compte de leurs actions.
Notant un « hiatus » dans la démobilisation de certains groupes armés, le représentant a estimé qu’il était important de poursuivre le processus de démobilisation des groupes armés qui ont déposé les armes. Concernant la situation humanitaire préoccupante, il a rappelé qu’actuellement, un Congolais sur 10 a besoin d’aide humanitaire. Le Royaume-Uni a consacré 124 millions de dollars à l’aide humanitaire en RDC, a-t-il souligné à cet égard. Le délégué britannique a insisté sur la nécessité de disposer plus de fonds pour lutter contre l’Ebola et pour financer le travail des experts. Avant de conclure, il a rappelé l’organisation des élections locales de 2019 et 2020 pour souligner l’importance d’installer une nouvelle direction à la Commission électorale nationale indépendante pour que le peuple ait un sentiment de confiance envers le processus électoral. En outre, il est vital que le Président de la RDC puisse continuer de mettre en œuvre les mesures qu’il a promises, a-t-il ajouté.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire en RDC, notamment la résurgence des violences intercommunautaires qui continuent de faire des victimes parmi les civils et de forcer de nombreuses personnes à quitter leur foyer. Dans ce contexte, il a appelé les autorités congolaises à redoubler d’efforts pour mener à bien les programmes de DDR. Il a salué la conduite de missions conjointes entre la MONUSCO et les autorités provinciales congolaises, afin de neutraliser les groupes armés dans l’est du pays, ainsi que la conclusion d’accords pour mettre fin au recrutement d’enfants.
L’urgence de la situation sécuritaire ne doit toutefois pas faire oublier la fragilité de la situation humanitaire dans laquelle se trouve la RDC, dont souffrent 13 millions de personnes, a rappelé le représentant qui a appelé les autorités locales, le Gouvernement, les organisations régionales et les agences des Nations Unies à adopter une approche globale pour lutter contre l’épidémie d’Ebola. Il a aussi condamné les attaques contre du personnel de santé faisant partie de la réponse contre l’épidémie.
Le représentant a, par ailleurs, salué les avancées positives en matière de liberté d’expression dans le pays, comme en témoigne, selon lui, la libération de 700 prisonniers politiques. Il a toutefois dénoncé les « conditions sanitaires déplorables » dans les prisons du pays. Enfin, le représentant a salué l’adoption par la MONSUCO d’un plan exhaustif pour lutter contre les violences sexuelles à l’encontre des femmes dans les zones de conflit, les efforts de la Mission pour inclure davantage les femmes dans les processus politiques et de résolution des conflits en RDC, ainsi que la mise en œuvre par la MONUSCO d’une politique de tolérance zéro vis-à-vis des atteintes sexuelles commis par le personnel onusien.
M. PAUL EMPOLE LOSOKO EFAMBE (République démocratique du Congo) a dit que la situation politique en RDC reste dominée par l’installation de nouvelles institutions, la finalisation du processus électoral ainsi que la concrétisation des promesses de campagne du Président de la République sur l’application des « mesures de décrispation politique ». La concrétisation de ces promesses est au cœur de l’action de M. Félix Tshisekedi, a assuré le délégué en indiquant que dès son accession à la magistrature suprême, le Président avait pris des mesures importantes pour la décrispation de l’environnement politique, la préservation des droits de la personne et l’ouverture de l’espace démocratique. Ces mesures ont permis notamment le retour au pays des leaders de l’opposition et des opposants politiques, la libération des opposants politiques, la liberté de manifester pour toutes les tendances politiques, l’accès de tous les acteurs de toutes les tendances politiques aux médias publics et la lutte contre l’impunité et la corruption.
Concernant le volet sécuritaire, a poursuivi le représentant, la présence continue des groupes armés étrangers et nationaux dans l’est du pays et la nocivité des activités de ces groupes constituent un sujet de grande préoccupation pour les autorités nationales. Pour le Président de la République, le rétablissement de la paix sur l’ensemble du territoire est une priorité car il y va de la survie de centaines de milliers de Congolais, de la stabilité des institutions, de la relance économique et du climat de paix avec tous les pays voisins, a-t-il fait remarquer. Il a assuré que, aussi longtemps que cette partie du pays ne connaîtra pas une paix durable, l’attention de toute la République restera focalisée sur cette partie du territoire national. C’est la raison pour laquelle le Gouvernement reste mobilisé et déterminé avec le concours de l’armée pour rétablir l’ordre, la paix et la sécurité ainsi que pour poursuivre la lutte pour l’éradication de ces groupes armés nationaux et étrangers, a-t-il dit. Le représentant a confirmé que le Gouvernement et les forces armées restent déterminés à poursuivre cette noble mission avec le concours de leurs partenaires, dont la MONUSCO, jusqu’à l’éradication totale de ces criminels. L’objectif, a-t-il expliqué, est « que nos populations puissent vivre en paix d’une manière durable en vue de contribuer au développement de leur pays ».
Au sujet des groupes armés, le représentant a souligné la quantité et la qualité des armes utilisées par les groupes armés et a posé la question suivante: comment ceux-ci parviennent-ils à se doter d’armes aussi lourdes, sophistiquées et en aussi grande quantité, alors que le pays vit sous un régime d’embargo sur les armes depuis plus de 10 ans? Il a invité le Groupe d’experts des Nations Unies à faire la lumière sur le circuit d’approvisionnement en armes et munitions pour établir la responsabilité des pays qui violent l’embargo et pour approfondir l’examen du lien qui existe entre ces approvisionnements illégaux avec le trafic illicite des ressources naturelles de la RDC. Saluant ensuite la nouvelle dynamique dans la région des Grands Lacs depuis la prise de pouvoir du Président Tshisekedi, le représentant s’est dit convaincu que cette nouvelle dynamique au niveau régional allait prendre à cœur le renforcement des mesures sécuritaires et les contrôles au niveau des frontières, afin de lutter efficacement pour le respect de l’embargo sur les armes et le trafic des ressources naturelles de la RDC qui constitue une des principales causes profondes du conflit dans le pays.
En ce qui concerne la MONUSCO, le Gouvernement est engagé dans un dialogue avec l’équipe d’experts qui conduit l’examen stratégique indépendant, a indiqué le représentant. Il a exprimé les attentes du peuple congolais qui souhaitent que les recommandations issues de ce dialogue ne sacrifient pas les acquis obtenus pendant 20 ans, mais qu’elles privilégient l’intérêt de la RDC et des Congolais, et qu’elles prennent en compte les vœux du peuple de voir les forces négatives et les différents groupes armés être totalement éradiqués. En outre, de l’avis de la délégation, il est impérieux de renforcer l’efficacité opérationnelle de la MONUSCO en privilégiant la qualité des troupes qui doivent être plus spécialisées dans la traque des groupes armés et capables de faire face aux menaces asymétriques. Ces troupes devront continuer à travailler en étroite collaboration avec les forces armées de la RDC, jouir d’une plus grande agilité et mobilité, et être dotés d’un équipement adapté pour plus d’efficacité. Le représentant a poursuivi en expliquant que la présence des FARDC aux alentours des zones minières se justifie en termes de sécurité de ces sites.
Sur le plan social, la situation reste dominée par la réalisation du programme d’urgence de 100 jours du Chef de l’État et par la lutte contre la maladie à virus Ebola, a enfin indiqué le représentant qui a assuré le Conseil de la détermination du Président, du Gouvernement et du peuple congolais d’éradiquer l’épidémie d’Ebola.