En cours au Siège de l'ONU

8553e séance – après-midi 
CS/13848

Conseil de sécurité: appels pressants pour contenir le conflit dans le nord-ouest syrien et éviter des conséquences humanitaires et politiques dévastatrices

Trois semaines après la dernière séance sur la Syrie, le Conseil de sécurité s’est de nouveau réuni, cet après-midi, pour se pencher sur la situation à Edleb dans le nord-ouest syrien, laquelle a été jugée alarmante par la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, et le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock.

Ces six dernières semaines, la violence a provoqué la mort de 230 civils, dont 69 femmes et 81 enfants, a indiqué M. Lowcock.  Des centaines d’autres ont été blessés et, depuis le 1er mai, quelque 330 000 personnes ont été forcées de fuir vers le nord près de la frontière turque, soit le double du nombre des nouveaux déplacés depuis son dernier briefing.  Les camps de déplacés sont débordés, avec des gens qui dorment même en plein air.  Les hôpitaux, les écoles et les marchés sont frappés par des bombes, les centrales électriques aussi et les récoltes, incendiées, a indiqué le haut fonctionnaire. 

Dans un tel environnement, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques, nos efforts pour faciliter une solution politique conforme aux aspirations légitimes du peuple syrien ne peuvent avancer.  Nos efforts seront bloqués, a-t-elle précisé, si la Fédération de Russie et la Turquie ne peuvent pas faire respecter le cessez-le-feu.  Nos efforts, a-t-elle insisté, souffriront si ce Conseil de sécurité, le Groupe d’Astana et le « Small Group », « dont beaucoup de membres sont autour de cette table », ne trouvent pas les moyens de travailler ensemble pour appuyer ensemble l’action de l’Envoyé spécial visant à mettre en œuvre la résolution 2254 (2015).

« La situation à Edleb est complexe », a reconnu Mme DiCarlo: pour la Fédération de Russie, la présence de Hay‘at Tahrir el-Cham (HTS) dans la zone de désescalade « n’est pas tolérable » et pour la Turquie, il faut du temps pour isoler effectivement et régler le problème des combattants les plus radicaux du groupe terroriste.  Mais, a-t-elle prévenu, la lutte contre le terrorisme ne saurait avoir la primauté sur les obligations du droit international de protéger les civils et de respecter strictement les principes de distinction et de proportionnalité.  Le problème posé par HTS doit être réglé de manière plus efficace et plus durable, d’une manière où les civils n’en paient pas le prix, et cela ne peut se faire qu’avec le rétablissement du calme, a souligné la Secrétaire générale adjointe. 

Cette position a été défendue par l’Allemagne, au nom de la Belgique et du Koweït, les deux autres « porte-plume » des résolutions humanitaires sur la Syrie.  L’utilisation aveugle d’armes dans des zones densément peuplées est « inadmissible » et s’inscrit dans une stratégie de « punition collective », a condamné l’Allemagne qui a dit craindre que l’incendie des récoltes et du matériel agricole signifie que le conflit a pris une nouvelle tournure.  Nous avions de l’espoir lors de l’annonce de l’accord de cessez-le-feu le 13 juin dernier, ont avoué les États-Unis, alarmés par les informations selon lesquelles les positions turques sont prises pour cible par les forces syriennes. 

La Turquie a d’ailleurs prévenu qu’elle n’hésitera pas à réagir avec détermination.  Elle a aussi assuré qu’elle continuera à coordonner ses efforts avec la Fédération de Russie pour préserver le statut d’Edleb en tant que zone de désescalade.  L’heure est grave, a commenté la France, en fixant trois priorités: la protection des personnes et infrastructures civiles, l’exigence non négociable du respect du droit international humanitaire en toutes circonstances, y compris dans la lutte contre le terrorisme, et la nécessité d’une solution politique durable. 

Le Royaume-Uni a tout simplement jugé « mystérieux » que la Fédération de Russie ne soit pas capable de convaincre la partie syrienne de respecter l’accord de cessez-le-feu du 13 juin dernier.  L’accord est pleinement mis en œuvre, a rétorqué la Fédération de Russie, ajoutant qu’il prévoit aussi la lutte contre le terrorisme.  Le mécanisme d’Astana est le seul qui fonctionne, a-t-elle tranché, soupçonnant certains membres du Conseil de sécurité de vouloir maintenir les territoires qui échappent au contrôle de Damas sous la coupe des autres forces, dont le HTS, car « le but est de renverser l’autorité de Damas ».  Si la zone de désescalade d’Edleb ne tient pas, les perspectives d’une solution politique viable s’amoindriront de manière considérable, a averti la Turquie.  « Les attaques lancées actuellement par le régime syrien visent clairement à faire s’effondrer le processus politique », a-t-elle accusé.

Au lieu de lancer de fausses accusations contre les autorités syriennes et leurs alliés, la communauté internationale devrait plutôt s’attaquer aux groupes terroristes qui opèrent avec le soutien de certains de ses membres, a argué la Syrie.  Le Conseil de sécurité a adopté 46 résolutions sur la lutte antiterroriste, « et pourtant certains de ses membres continuent d’investir dans des groupes terroristes qu’ils voient comme des alliés », a-t-elle dénoncé.  En prévision de la réunion du G20, « où seront présents les dirigeants qui peuvent contenir le conflit », la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques a mis l’accent sur l’importance de la diplomatie pour parvenir à un résultat qui puisse créer les conditions nécessaires à l’avancement du processus politique en Syrie. 

Mme DiCarlo a appelé les parties prenantes internationales, en particulier la Fédération de Russie et la Turquie, garantes du mémorandum d’accord de septembre 2018 sur Edleb, de déployer tous les efforts nécessaires pour mettre fin à la violence et rétablir le calme. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a d’emblée déclaré que la violence dans le nord-ouest de la Syrie se poursuit sans désemparer.  Dans un tel environnement, nos efforts pour faciliter une solution politique conforme aux aspirations légitimes du peuple syrien ne peuvent avancer, a-t-elle prévenu.  Nos efforts seront bloqués, a-t-elle précisé, si la Fédération de Russie et la Turquie ne peuvent pas faire respecter le cessez-le-feu.  Nos efforts souffriront si ce Conseil de sécurité, le Groupe d’Astana et le « Small Group », dont beaucoup de membres sont autour de cette table, ne trouvent pas les moyens de travailler ensemble pour appuyer ensemble l’action de l’Envoyé spécial visant à mettre en œuvre la résolution 2254. 

Pour la Fédération de Russie, la présence de Hay‘at Tahrir el-Cham (HTS) dans la zone de désescalade « n’est pas tolérable » et pour la Turquie, il faut du temps pour isoler effectivement et régler le problème des combattants les plus radicaux de HTS.  Comme l’a dit le Secrétaire général: « La situation à Edleb est particulièrement dangereuse et une nouvelle fois, ce sont les civils qui en paient un prix horrible. »  Il est impératif, a martelé la Secrétaire générale adjointe, que l’on traite de HTS sans déclencher la catastrophe humanitaire qui se déploie sous nos yeux, avec des centaines de milliers de gens en fuite vers la frontière turque.

Malgré la violence, les lignes de front ont à peine bougé, ce qui montre une impasse.  Mais c’est une impasse sanglante et inutile qui a des conséquences humanitaires dévastatrices dépassant de loin les dégâts causés par HTS.  La situation à Edleb est complexe mais la lutte contre le terrorisme ne saurait avoir la primauté sur les obligations du droit international de protéger les civils et de respecter strictement les principes de distinction et de proportionnalité.  Le problème posé par HTS doit être réglé de manière plus efficace et plus durable, d’une manière où les civils n’en paient pas le prix.  Cela ne peut se faire qu’avec le rétablissement du calme, a prévenu la Secrétaire générale adjointe. 

Elle s’est félicitée des efforts de la Fédération de Russie et de la Turquie pour contenir la violence mais si une solution n’est pas trouvée, les conséquences seront « inimaginables » et pas seulement en termes humanitaires.  N’oublions pas qui sont les acteurs internationaux et le potentiel d’escalade, a-t-elle dit.  En prévision de la réunion du G20 où seront présents les dirigeants qui peuvent contenir le conflit, nous soulignons, a dit Mme DiCarlo, l’importance de la diplomatie pour parvenir à un résultat qui puisse créer les conditions nécessaires à l’avancement du processus politique.  Elle a appelé les parties prenantes internationales, en particulier la Fédération de Russie et la Turquie, garantes du mémorandum d’accord de septembre 2018 sur Edleb, de déployer tous les efforts nécessaires pour mettre fin à la violence et rétablir le calme. 

Ce qu’il faut, a-t-elle insisté, c’est la volonté politique.  Il n’y a pas de solution militaire à la crise.  La solution est politique.  Sommes-nous vraiment en train de demander au peuple syrien de payer encore plus?  Nous devons travailler ensemble pour faire en sorte que la réponse soit « non », a conclu la Secrétaire générale adjointe. 

M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a indiqué que ces six dernières semaines, la violence a provoqué la mort de 230 civils, dont 69 femmes et 81 enfants.  Des centaines d’autres ont été blessés.  Depuis le 1er mai, quelque 330 000 personnes ont été forcées de fuir vers le nord près de la frontière turque.  C’est presque le double du nombre des nouveaux déplacés depuis mon dernier briefing, il y a un mois, s’est désolé le Coordonnateur des secours d’urgence. 

Une évaluation rapide a montré que beaucoup ont fui plusieurs fois depuis le début du conflit et parfois 10 fois.  C’est une caractéristique de la région d’Edleb, a-t-il souligné.  Les camps de déplacés sont débordés, avec des gens qui dorment même en plein air.  Ceux qui sont retournés chez eux vivent constamment dans la peur d’une nouvelle attaque compte tenu de la proximité des combats.  Les hôpitaux, les écoles et les marchés sont frappés par les bombes.  Les centrales électriques aussi, alors que les récoltes sont incendiées.  Hier encore, 19 personnes ont perdu la vie après des attaques aériennes et des tirs d’artillerie. 

L’ONU et ses partenaires ont apporté une aide humanitaire à plus de 190 000 personnes au mois de mai et une aide alimentaire à près de 800 000 personnes.  De l’eau, des médicaments et des produits d’assainissement ont été distribués à quelque 180 000 déplacés et des camions-citernes ont circulé dans quelque 342 camps et camps de fortune. 

Rien de ceci n’aurait été possible, a reconnu le Coordonnateur des secours d’urgence, sans le renouvellement de la résolution 2165 car l’assistance transfrontière reste le seul moyen d’aider les gens dans et autour d’Edleb.  Mais l’aide s’épuise et les besoins augmentent à cause des combats.  Depuis le mois d’avril, plus de 250 000 enfants ont été déscolarisés et 400 000 étudiants ont dû renoncer à leurs examens.  Quelque 94 écoles servent désormais d’abris. 

Les centres de santé n’ont pas été épargnés.  Certains hôpitaux qui ont été placés sous la protection du mécanisme de déconfliction des Nations Unies ont été pris pour cible.  C’est « intolérable », a martelé le Coordonnateur des secours d’urgence, déplorant le fait que certains pensent que donner les coordonnées géographiques aux parties au conflit, c’est désigner une cible.  Ils pensent même que le bombardement des hôpitaux est une tactique pour terroriser la population.  Ce nouvel épisode suscite des questions sur le système de déconfliction, a avoué le Coordonnateur des secours d’urgence, en promettant ses conclusions. 

Le groupe terroriste HTS, que le Conseil de sécurité, a lui-même désigné est très présent à Edleb mais les efforts antiterroristes ne sauraient absoudre les États de leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  C’est simple, a conclu le Coordonnateur des secours d’urgence: le droit international humanitaire doit être respecté et les attaques contre les personnes et infrastructures civiles, cesser. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne), au nom des trois porte-plume humanitaires, s’est alarmé de la situation.  L’utilisation aveugle d’armes dans des zones densément peuplées est « inadmissible » et s’inscrit dans une stratégie de « punition collective », a-t-il dénoncé.  Incendier des récoltes et du matériel agricole nous montre que le conflit a pris une nouvelle tournure, s’est inquiété le représentant.  Il a rappelé les parties à leur responsabilité de respecter les principes humanitaires, soulignant que les auteurs de violations du droit international humanitaire devront répondre de leurs actes.  Le représentant a voulu que l’on privilégie la désescalade et a averti que toute offensive à grande échelle entraînerait immanquablement une catastrophe à grande échelle pour la Syrie et la région tout entière.  La lutte contre le terrorisme et le groupe HTS ne saurait justifier les attaques contre les personnes et infrastructures civiles, a-t-il insisté.  Il a appelé l’ensemble des parties à faciliter un accès sans conditions à l’aide humanitaire car l’ONU doit être en mesure d’évaluer la situation et de fournir une aide sans obstacles, a-t-il martelé.

Nous avons une position simple sur Edleb, a expliqué M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis).  Ce que nous voulons, c’est une désescalade immédiate et complète de la part de toutes les parties et en particulier des forces syriennes.  Nous avions de l’espoir, a avoué le représentant, lors de l’annonce de l’accord de cessez-le-feu le 13 juin dernier.  Or aujourd’hui, ce cessez-le-feu est déjà compromis.  Les informations selon lesquelles les positions turques sont prises pour cible par les forces syriennes sont « alarmantes » car elles ne font qu’aggraver les tensions dans la région.  Les États-Unis, a souligné le représentant, restent aux côtés de leurs alliés de l’OTAN et réclament le respect du mémorandum d’accord de Sotchi.  Il faut rétablir la ligne de cessez-le-feu, a insisté le représentant, qui a dit craindre des obstacles à l’acheminement de l’aide humanitaire dans le nord-ouest.  Il n’y a pas de solution militaire au conflit syrien, a-t-il affirmé à son tour, avant de renouveler son appel à toutes les parties pour qu’elles respectent leurs obligations en vertu du mémorandum d’accord.

M. MARIUSZ LEWICKI (Pologne) s’est inquiété de l’évolution « extrêmement dangereuse » de la situation et s’est dit préoccupé de l’augmentation du nombre des frappes aériennes qui pleuvent sur la province d’Edleb et dans le nord de Hama.  Il est essentiel d’éviter une bataille d’envergure à Edleb si l’on veut éviter « la pire tragédie humanitaire du XXIe siècle ».  Le représentant a dénoncé les attaques contre les zones densément peuplées et les camps de déplacés.  La protection des civils et l’accès sans entrave de l’aide humanitaire ne sont pas un choix, mais une obligation juridique qui incombe à toutes les parties au conflit, a-t-il rappelé.  Il a aussi appelé au plein respect de la zone de désescalade à Edleb afin d’éviter une catastrophe humanitaire, se préoccupant par ailleurs du sort des plus de 270 000 déplacés.  Il a salué le « travail héroïque » des agents humanitaires et souligné, à son tour, qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit. 

L’heure est grave, s’est alarmé, à son tour, M. FRANÇOIS DELATTRE (France) pour qui tout doit être fait pour protéger la vie des plus de trois millions de civils, dont un million d’enfants, et éviter qu’Edleb ne devienne un nouvel Alep.  Pour venir en aide aux personnes les plus vulnérables, la France, a-t-il annoncé, débloquera dans les jours qui viennent une somme de 5 millions d’euros pour le Fonds du Bureau de la coordination des affaires humanitaires à Gaziantep.  La France concentrera aussi ses efforts sur trois priorités: la protection des personnes et infrastructures civiles, l’exigence non négociable du respect du droit international humanitaire en toutes circonstances, y compris dans la lutte contre le terrorisme, et la nécessité d’une solution politique durable. 

La protection des civils, y compris des personnels humanitaires et médicaux, ainsi que des infrastructures civiles, est un impératif pour tous et n’est pas négociable, a prévenu M. Delattre.  Il a jugé « totalement inacceptable » que les infrastructures de santé et les écoles continuent à être la cible d’attaques.  La lettre signée par 60 médecins et coordonnée par l’ONG « Syria Campaign », dont la France demande la diffusion comme document du Conseil, est à cet égard sans appel.  Les attaques contre les hôpitaux et les personnels de santé sont constitutives de crimes de guerre, a martelé le représentant qui a appelé les signataires du cessez-le-feu à tenir leurs engagements et à les réaffirmer dans le nord-est en vue du gel des fronts et d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale, conformément à la résolution 2254 (2015). 

La Russie, a-t-il précisé, doit exercer toutes les pressions nécessaires sur le régime.  Le représentant a aussi appelé à la poursuite des discussions entre la Turquie et la Russie pour permettre immédiatement une désescalade de la situation.  S’agissant de la lutte contre le terrorisme, il a exigé qu’elle s’inscrive dans le cadre du droit international humanitaire et qu’elle ne soit invoquée pour justifier des violations du droit international humanitaire.  M. Delattre a estimé que l’escalade actuelle risque de remettre en cause les efforts en vue de parvenir à une solution politique en Syrie.  Alors qu’un compromis sur le Comité constitutionnel semblait se profiler et aurait permis d’entamer enfin des discussions de fond, le régime syrien a choisi une stratégie d’obstruction systématique, bloquant la formation de cette instance pour prendre en otage les discussions. 

Réaffirmant son appui à l’Envoyé spécial pour la Syrie, le représentant a dit qu’il est essentiel que le Conseil le soutienne clairement pour avancer dès à présent sur les autres sujets.  Il a aussi déclaré qu’il est nécessaire de travailler sur tous les aspects de la résolution 2254 (2015) y compris la question électorale.  Les Syriens doivent pouvoir choisir librement l’avenir qu’ils souhaitent et nous devons assurer qu’ils en ont les moyens.  Il faut réfléchir dès à présent aux conditions qui garantiront que le scenario n’est pas écrit à l’avance, comme par le passé, que les élections seront libres et régulières, que l’ensemble des Syriens, y compris les réfugiés, pourront avoir librement voix au chapitre et que l’ONU sera impliquée dans la supervision du processus. 

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) s’est alignée sur la position défendue par la France et dénoncé, à son tour, les attaques contre les positions turques.  L’état des lieux en Syrie semble prouver « une inversion totale des responsabilités ».  Les dégâts causés à Edleb dépassent de loin l’acceptable, d’autant qu’aucun avantage militaire n’en a découlé.  Dès lors, nous sommes devant des violations très claires de l’Accord de Sotchi, a constaté la représentante, un accord, a-t-elle poursuivi, que le Royaume-Uni exhorte toutes les parties à respecter à la lettre.  Elle a d’ailleurs jugé « mystérieux » que la Russie ne soit pas capable de convaincre la partie syrienne de le respecter. 

La représentante a également demandé des explications à la Russie et à la Syrie sur le bombardement des hôpitaux.  Ces attaques sont-elles délibérées?  Si oui, en quoi respectent-elles le principe international de la proportionnalité?  Pourquoi ces hôpitaux n’ont pas été prévenus à temps des attaques, comme le stipule le droit international?  Si ces attaques ne sont pas délibérées, alors comment les expliquer et quelles sont les unités militaires russes et syriennes qui y sont impliquées?  Le Royaume-Uni, a poursuivi la représentante, continue d’apporter une aide humanitaire considérable mais, a-t-elle précisé, il ne contribuera en aucun cas à la reconstruction de la Syrie en l’absence d’un processus politique préalable et crédible.  En cas d’une nouvelle attaque à l’arme chimique, le Royaume-Uni envisagera des mesures de riposte, a mis en garde la représentante. 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) s’est déclaré vivement préoccupé par la reprise des combats dans la province d’Edleb depuis le 29 avril 2019.  Il a rappelé aux Forces de défense et de sécurité syriennes et aux groupe armés qu’il leur incombe de s’abstenir de toutes formes de violence à l’encontre des populations civiles.  Il a estimé que les acteurs du conflit syrien ont l’obligation de créer les conditions d’un accès sûr et sans entrave de l’aide humanitaire aux populations affectées.  Il a affirmé qu’en dépit de l’exacerbation du conflit, la paix est possible en Syrie, dans le cadre d’un processus politique de sortie de crise inclusif et crédible.  Il a invité les parties syriennes à privilégier le dialogue et à se conformer aux dispositions de l’accord russo-turc sur la zone démilitarisée, pour un cessez-le-feu durable.

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a condamné « l’inaction » de la communauté internationale face au « drame humanitaire » qui se déroule actuellement à Edleb, dans le nord-ouest de la Syrie, où l’intensification des combats et des attaques contre la population civile ont engendré la vague de déplacements la plus importante depuis le début du conflit, soit plus 200 000 personnes.  En dépit de la pression militaire exercée par Damas dans la zone, les groupes armés et jihadistes sont parvenus à s’emparer de certaines localités et à couper les voies de ravitaillement entre les villes contrôlées par l’armée syrienne, a poursuivi le représentant, voyant dans ces développements le signe que la situation actuelle est amenée à perdurer. 

Dans ce contexte, il a plaidé en faveur d’un « véritable éveil international » pour tenter de stabiliser la situation dans le nord-ouest du pays, à commencer par des mesures efficaces pour couper l’herbe sous le pied des groupes terroristes.  Il a également appelé les parties à garantir la sécurité des civils et à instaurer un cessez-le-feu.  À ses yeux, cela suppose que les pays garants du processus d’Astana continuent de présenter un front uni.

Le représentant a par ailleurs tiré son chapeau à la Turquie et au Liban pour avoir accueilli des millions de réfugiés syriens depuis le début du conflit, en dépit de la pression économique qu’un tel afflux fait peser sur eux.  En contrepartie, il a appelé la communauté internationale à maintenir un niveau d’aide financière suffisant à destination des réfugiés.  Le représentant a en outre exhorté la Fédération de Russie et la Turquie à continuer d’œuvrer de concert à la réduction des tensions dans la zone de conflit, conformément aux accords existants.  Enfin, il a appuyé les négociations politiques en cours pour parvenir à des avancées concrètes, dont la formation d’une assemblée constituante, l’instauration d’un cessez-le-feu à l’échelle du pays et, à terme, l’organisation d’élections « libres, transparentes et ouvertes ». 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a rappelé que plus de 11 millions de Syriens dépendent à l’heure actuelle de l’aide humanitaire pour survivre, une population qui ne cesse de s’accroître et dont les besoins sont de plus en plus pressants.  Parallèlement, l’opération humanitaire en Syrie semble frappée d’épuisement, s’est inquiété le représentant.  À cette situation alarmante s’ajoute la suspension de l’aide dispensée par plusieurs partenaires humanitaires de l’ONU dans le pays, en raison de l’insécurité grandissante, et le sous-financement du Plan humanitaire 2019 pour la Syrie, actuellement financé à hauteur de 20%.

Dans le même temps, l’incapacité du Conseil de sécurité à faire front pour exiger une cessation des hostilités dans le nord-ouest du pays traduit, selon le représentant, une « indifférence apparente et déconcertante » face au nombre de meurtres, de blessés et d’attaques contre la population civile, comme en témoigne selon lui la persistance des raids aériens dans la zone.  En conséquence, les déplacements de population ont atteint des niveaux sans précédent, a poursuivi le représentant.  Si certains n’ont d’autre choix que de fuir à pied et de vendre au fur et à mesure le peu de biens qu’ils possèdent pour pouvoir s’offrir des moyens de transport, d’autres, a-t-il ajouté, se voient contraints de trouver refuge sous des arbres, sans la moindre protection.

Le représentant a appelé le Conseil à prendre ses responsabilités en appuyant du mieux qu’il peut le processus politique en Syrie pour mettre fin au carnage.  « Malheureusement, la fragilité du processus politique aujourd’hui a justement trait à la façon dont progresse la situation dans le nord-ouest de la Syrie et à la position de ce Conseil sur la question », a déploré le délégué dominicain, appelant les parties à prendre des mesures décisives pour obtenir des résultats concrets, en faveur d’un « avenir plein d’espoir et de justice » pour tous les Syriens.

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a constaté d’emblée que trois millions de personnes, dont un million d’enfants, sont pris au piège des tirs croisés à Edleb, avant de demander ce qui leur arrivera si l’escalade de la violence continue.  « Êtes-vous d’accord avec moi pour dire que cela ne fera que compliquer davantage les opérations humanitaires et entraîner de nouvelles vagues de déplacements de personnes? » a-t-il lancé à la salle.  Je suis pourtant certain que chacun dans cette salle souhaite sincèrement éviter ce scénario catastrophe, a-t-il poursuivi, en affirmant que l’heure est venue de conjuguer les efforts.  La population du nord-ouest de la Syrie a plus que jamais besoin de nous, s’est-il impatienté en exhortant toutes les parties à mettre fin à la violence et à faire preuve de retenue.

Saluant la Fédération de Russie et la Turquie pour les efforts déployés afin de négocier le cessez-le-feu de la semaine dernière, le représentant a appelé toutes les parties à le respecter ainsi que les arrangements de cessez-le-feu de l’accord russo-turc de 2018.  Il a également insisté sur l’urgence de la réponse humanitaire à apporter aux habitants d’Edleb et de ses environs ainsi qu’aux personnes déplacées.  À ce sujet, il a précisé qu’il y a 300 000 personnes déplacées supplémentaires et qu’il faut leur apporter une assistance humanitaire, notamment à boire et à manger. 

Soulignant que de nombreux hôpitaux ont été forcés de suspendre leurs services, il a également appelé à une assistance sanitaire et médicale en particulier « pour les personnes déplacées qui vivent sous des arbres et qui sont vulnérables aux maladies infectieuses ».  Dès lors, l’Indonésie appelle toutes les parties à faciliter un acheminement sans entrave et sûr de l’aide humanitaire et médicale dans le nord-ouest de la Syrie.  En conclusion, le représentant a encouragé toutes les parties à redoubler d’efforts et à privilégier le dialogue pour trouver une solution pacifique au conflit syrien, et plus précisément une solution politique sur la base de la résolution 2254 du Conseil de sécurité.

Préoccupé par la violence dans certaines régions de Syrie, Mme HARSHANA BHASKAR GOOLAB (Afrique du Sud) a appelé toutes les parties à arrêter les bombardements des infrastructures civiles et à veiller à que les civils ne servent pas de boucliers humains.  La représentante a demandé aux parties de respecter leurs engagements de cesser les hostilités et leurs obligations découlant du droit international.  Mme Goolab a en outre voulu que les parties s’abstiennent d’attaquer les écoles et les centres de santé qui doivent servir de refuges et de lieux de sûreté dont le statut particulier en vertu du droit international humanitaire doit être respecté.  La Syrie, les communautés régionales et internationales ne peuvent se permettre une incursion militaire à grande échelle, car cela pourrait entraîner une catastrophe humanitaire de grande ampleur dans laquelle la Syrie pourrait ne jamais s’en sortir, a prévenu la représentante. 

« Nous devons tout faire pour aider les organisations humanitaires et ceux qui ont besoin de leurs secours », a dit Mme Goolab, pour qui il est essentiel que la livraison de l’aide à tous ceux qui en ont le plus besoin soit garantie par toutes les parties.  Elle a demandé la pleine mise en œuvre de tous les accords, y compris le mémorandum sur le cessez-le-feu de septembre 2018 et le dernier cessez-le-feu négocié entre la Russie et la Turquie.  La représentante a en outre demandé à toutes les parties de participer pleinement au processus politique en cours sur un conflit qui ne peut pas être résolu par des moyens militaires. 

M. HUMBERTO VELÁSQUEZ (Pérou) a déploré l’escalade de la violence qu’il a imputée aux groupes terroristes et à la riposte militaire qui, s’est-il inquiété, ne fait pas de distinction entre les civils et les autres cibles.  Il a appelé à redoubler d’efforts pour éviter que le nord-ouest ne se dégrade davantage et préserver le cessez-le-feu conclu entre la Fédération de Russie et la Turquie.  Il a aussi souligné que la lutte contre le terrorisme ne peut servir de prétexte pour commettre des violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  Il s’est inquiété du sort des personnes déplacées qui se trouvent à proximité de la frontière avec la Turquie.  Il a mis en garde contre une partition de facto de la Syrie.

M. YAO SHAOJUN (Chine) a rappelé qu’en septembre dernier, la Fédération de Russie et la Turquie ont signé un mémorandum d’accord pour un cessez-le-feu en Syrie.  Nous appelons au respect de ce document pour pouvoir trouver une solution à long terme au conflit syrien, y compris à la situation humanitaire dans le nord-ouest du pays, a dit le représentant.  À cet égard, il a rappelé la présence de groupes terroristes dans la région et s’est dit inquiet des problèmes humanitaires dans les camps de déplacés surpeuplés.  La communauté internationale doit renforcer le dialogue sur la question du camp de Roukban et appuyer le Gouvernement syrien dans ses efforts de reconstruction dans les parties relativement stables du pays.  La Chine, a conclu le représentant, insiste sur le respect des principes directeurs de l’aide humanitaire et encourage la poursuite du processus politique, sous l’égide des Nations Unies et sur la base de la résolution 2254 du Conseil de sécurité.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a tout d’abord indiqué que sa délégation avait prévu de demander la convocation d’une réunion de ce type sur la situation qui prévaut à Edleb.  Il a dénoncé la propagation des messages qui, a-t-il affirmé, ne correspondent pas à la réalité.  Lorsque les forces occidentales qui se trouvent illégalement en Syrie défendaient des localités où des infrastructures civiles avaient été ciblées, personne n’en parlait.  Les habitants des autres localités ne méritaient donc pas de faire l’objet d’une réunion du Conseil de sécurité?  Ce n’est pas la situation humanitaire qui, a-t-il reconnu, risque de s’aggraver, qui préoccupe le Conseil.  Non, ce qu’il veut, a affirmé le représentant, c’est que les territoires qui échappent au contrôle de Damas restent sous la coupe des autres forces, dont le HTS.  Le but est de renverser l’autorité de Damas, a soupçonné le représentant.

Il a estimé que le mémorandum de Sotchi est pleinement mis en œuvre et qu’il promeut d’ailleurs la lutte contre le terrorisme.  Il a dénoncé les actions menées par HTS contre les forces syriennes avec, a-t-il affirmé, des armes occidentales.  Hier, ces combattants ont même lancé des obus, faisant plusieurs morts et blessés et frappant des infrastructures civiles.  Mais personne n’en parle, s’est emporté le représentant.  « Ne savez-vous pas que ces attentats ont eu lieu? » s’est-il interrogé, rappelant que sa délégation diffuse ces informations régulièrement au Conseil de sécurité.

Le représentant a expliqué que les forces russes coordonnent leur action pour éviter une escalade mais qu’elles ne ménageront aucun effort pour contrer la menace terroriste.  Le mécanisme d’Astana est le seul qui fonctionne.  Les forces russes et turques ne visent que des cibles terroristes, a-t-il insisté.  Si des combattants utilisent les hôpitaux et les écoles comme poste de commandement, la Russie n’attaque jamais les civils.  Le représentant a appelé l’ONU et les États Membres à ne faire circuler que des informations « vérifiées », critiquant les données diffusées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et relevant que l’identité des « sources fiables » n’est jamais dévoilée.  Il a aussi affirmé que les Casques blancs sont les auteurs des attaques à l’arme chimique et que HTS dispose d’une cellule consacrée à telles attaques.

Le représentant s’est aussi inquiété de la situation dans l’est de la Syrie et des tentatives d’ingérence qui y sont appuyées par la coalition occidentale.  Nous risquons la révolte, a-t-il prévenu.  Il faut éviter l’escalade et, pour cela, mettre fin à l’occupation illégale dirigée par les États-Unis, a-t-il dit.  Il a également évoqué le camp el-Hol, qui échappe au contrôle syrien, et où la situation est catastrophique avec plus de 47 000 mineurs et une population d’adultes constituée d’un grand nombre de combattants radicaux qui, a-t-il alerté, mettent en péril la vie même des agents humanitaires.  Le représentant n’a pas oublié de mentionner la situation dans le camp de Roukban qui démontre, avec celle de celui d’el-Hol, que les problèmes auxquels se heurtent les réfugiés et déplacés surviennent dans des zones contrôlées par les forces étrangères.  Il faut, a-t-il martelé, liquider les foyers terroristes dans le nord-ouest et remettre cette zone sous le contrôle syrien.

Cette réunion tombe à point nommé, a estimé M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne), pour informer le Conseil des attentats terroristes perpétrés par des groupes terroristes à partir d’Edleb.  L’attaque la plus récente est le massacre dans le village de Wahidi, au sud d’Alep, il y a deux jours.  La vie quotidienne de ces villageois s’est transformée en cauchemar alors même que des missiles du Front el-Nosra, « appuyé par le régime d’Erdogan », pleuvaient.  Le représentant a précisé qu’il ne s’agissait que d’un des nombreux crimes de HTS, un groupe que le Conseil de sécurité lui-même a inscrit sur la liste des terroristes.  Le représentant a ensuite passé en revue un certain nombre d’autres crimes et attaques aux missiles et aux roquettes commis par ces terroristes qui ont fait de nombreuses victimes civiles.  Les sites de l’armée syrienne et les positions russes n’ont pas non plus échappé aux missiles.

« Où ces groupes terroristes obtiennent-ils leurs armes? » s’est demandé le représentant, en tournant le regard vers certains membres du Conseil.  Plus de 100 000 terroristes étrangers sont entrés en Syrie, s’est-il indigné, pour donner la mesure de l’ampleur du problème.  La déclaration que le Secrétaire général a faite aujourd’hui prouve que chacun comprend bien qu’il y a un problème à régler à Edleb, a poursuivi le représentant, en rappelant que le problème est dû au fait que le régime turc continue d’apporter son soutien aux groupes terroristes dans le nord-ouest, qui comptent plus de 15 000 Européens dans leurs rangs.  Il les a accusés de détruire les hôpitaux et les écoles, de prendre pour bouclier humain la population civile d’Edleb et de perpétrer de nombreuses autres attaques.

S’agissant du chiffre avancé par Mme DiCarlo et l’OMS sur les 17 hôpitaux détruits à Edleb, il a précisé que Damas ne compte que 10 hôpitaux publics et quelques cliniques privées, alors qu’Edleb n’en compte que quatre.  Nous nous interrogeons sur les sources de ces informations fallacieuses, a commenté le représentant.  Après huit ans de conflit, les États-Unis et l’Union européenne interdisent toujours l’exportation d’équipements médicaux, comme les scanners, vers la Syrie.  « Honte à vous car c’est un crime et OCHA ferme les yeux », s’est-il empoté, en affirmant que le régime syrien ne vise ni les écoles ni les hôpitaux.  « Ce sont nos écoles et nos hôpitaux », a-t-il rappelé.

Plutôt que de lancer de fausses accusations contre la Syrie et ses alliés, la communauté internationale devrait plutôt s’attaquer aux groupes terroristes qui opèrent avec le soutien de certains de ses membres.  Mais certains membres du Conseil ferment les yeux sur ces crimes terroristes et les pays qui les soutiennent, a accusé le représentant syrien, qui n’a pas hésité à dire que le camp de Roukban est désormais un territoire occupé par les forces américaines.

Pour mettre un terme aux souffrances des civils en Syrie, il faut s’attaquer à leurs causes profondes, a-t-il estimé en accusant, une nouvelle fois, les groupes terroristes, et les pays qui les soutiennent.  Quant aux champs de blé incendiés, il a accusé le régime turc de ne pas respecter les règles de bon voisinage et l’a sommé de bloquer l’accès des milliers de combattants étrangers à la Syrie pour y infiltrer des armes chimiques.

Il faut également mettre un terme à la présence illégitime des forces américaines, lever les mesures de sanction unilatérales et mettre fin à la politisation de la question humanitaire, a poursuivi le représentant qui a encouragé la communauté internationale à se pencher sur la reconstruction du pays et la facilitation du retour des réfugiés syriens.

En conclusion, il a rappelé que le Conseil de sécurité a adopté 46 résolutions sur la lutte antiterroriste, « et pourtant certains de ses membres continuent d’investir dans des groupes terroristes qu’ils voient comme des alliés », a-t-il fait remarquer.  Le Gouvernement syrien, a-t-il promis, continuera d’exercer son droit constitutionnel et souverain pour lutter contre les terroristes et la présence illégitime de combattants étrangers sur son territoire.

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) s’est alarmé de l’augmentation du nombre de violations du cessez-le-feu et des attaques contre des installations médicales dont l’emplacement a été signalé au travers du mécanisme de déconfliction dirigé par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).  Il a aussi expliqué que ces dernières semaines, les postes d’observation de la Turquie situés dans la zone de désescalade d’Edleb ont été pris pour cible à maintes reprises.  Le poste 10 a été gravement endommagé à deux reprises par des tirs de mortier, le 4 mai puis le 13 juin, blessant cinq soldats turcs.  Ce week-end, un autre acte d’agression a endommagé le poste 9.  La Turquie, a-t-il prévenu, qui doit prendre des précautions pour protéger la vie de ses soldats, n’hésitera pas à réagir avec détermination.  Nous continuerons également de coordonner nos efforts avec la Russie pour mettre un terme aux violations du régime et préserver le statut d’Edleb en tant que zone de désescalade, a-t-il dit. 

Le représentant a estimé que la lutte contre le terrorisme ne peut en aucun cas justifier les attaques indiscriminées contre les personnes et les infrastructures civiles, dénonçant dans la foulée l’utilisation de barils d’explosifs.  Il a constaté que HTS est un problème grave, aggravé par la présence de combattants terroristes étrangers.  Mais il a estimé que le « problème HTS » ne pourra pas être surmonté en ciblant des civils.  Il faut, a-t-il conseillé, répondre au problème HTS avec une stratégie à long terme plus sophistiquée et globale contre son idéologie et sa structure.  Les avancées réalisées dans le cadre du processus politique en seront un élément essentiel, a-t-il ajouté.

M. Sinirlioğlu a constaté que la formation du Comité constitutionnel a atteint une étape critique et a appelé l’ensemble des parties à appuyer les efforts pour convoquer sa première réunion.  Il a également estimé qu’il ne peut y avoir de solution humanitaire durable sans processus politique crédible.  Si la zone de désescalade d’Edleb ne tient pas, les perspectives d’une solution politique viable s’amoindriront de manière considérable, a-t-il averti.  Les attaques lancées actuellement par le régime visent clairement à faire s’effondrer le processus politique, a tranché le représentant, qui a refusé de répondre aux accusations « fantaisistes » de la Syrie.

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (Iran) a dit attacher la plus grande importance à la désescalade dans la région d’Edleb.  Il a soutenu, dans ce cadre, le droit souverain du Gouvernement syrien de combattre les terroristes.  Si le droit international humanitaire doit être respecté sans exception, il ne doit pas non plus servir de prétexte pour arrêter la lutte contre le terrorisme.  Lutter contre des groupes terroristes dangereux qui prennent les civils comme otages est une nécessité.  C’est en réalité une manière de protéger les civils.  On ne peut laisser ces groupes terroristes contrôler une grande partie du territoire d’un État souverain et risquer de faire d’Edleb le havre de paix du terrorisme le plus cruel.  Après tout, la zone de désescalade d’Edleb a été créée pour protéger les civils des terroristes et pas pour livrer les civils aux terroristes.

Tout en respectant le droit international humanitaire, le Gouvernement syrien, a poursuivi le représentant, a le droit de rétablir son contrôle sur tout le territoire.  Il a la responsabilité d’assurer la sécurité et la sûreté de tous ses citoyens contre les terroristes.  On ne saurait tolérer une situation où des terroristes peuvent faire de plus de deux millions de civils des boucliers humains et mener leurs opérations, au risque d’empêcher le retour des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur, retarder la reconstruction du pays et faire obstacle à la solution politique.  M. Takht Ravanchi a insisté sur le respect du droit international humanitaire mais aussi sur la souveraineté, l’indépendance politique, l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie.  Dans ce contexte, a-t-il dit, « nous condamnons dans les termes les plus forts la violation du droit international par les États-Unis en Syrie, en particulier le droit humanitaire ».  Il a demandé l’arrêt immédiat de la présence américaine illégale sur le sol syrien. 

Reprenant la parole, le représentant du Royaume-Uni a expliqué que la différence entre les attaques contre des hôpitaux en zone rebelle et celles commises en zones sous contrôle syrien, est que dans les zones rebelles, l’emplacement des hôpitaux est signalé grâce au mécanisme de déconfliction d’OCHA.  Il est donc légitime de se demander pourquoi ils sont pris pour cible.

J’en déduis donc que les bombardements qui rayent des hôpitaux complétement de la carte sont acceptables quand ils ont lieu dans les zones contrôlées par le Gouvernement syrien, a rétorqué la Fédération de Russie.  Son représentant a avoué nourrir des doutes sur les statistiques relatives aux centres de santé détruits.  Ces informations, qui ne sont pas vérifiées, semblent s’appuyer sur des sources fiables avec qui l’OMS est en contact.  Nous voulons savoir sur quelle base elle est accusée d’avoir commis telle ou telle chose, a dit le représentant.

À en croire la Russie, a repris son homologue du Royaume-Uni, pour être fiables, les informations doivent provenir d’une source russe.

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