Au Conseil de sécurité, les appels se multiplient pour placer les « soldates de la paix » sur un pied d’égalité avec leurs homologues masculins
S’il a prévu pour le 23 avril prochain, son débat semestriel sur les femmes, et la paix et la sécurité, le Conseil de sécurité a réfléchi aujourd’hui à la manière d’appuyer plus efficacement la participation “pleine, effective et véritable” des soldates de la paix aux opérations des Nations Unies. « Ce n’est pas seulement une question de statistique. Il s’agit aussi de l’efficacité avec laquelle nous nous acquittons de notre mandat », a affirmé le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres.
La présence de personnel féminin dans les contingents, les services de police et les effectifs d’experts civils transmet aux populations des pays hôtes un message important quant à l’égalité entre les genres et l’autonomisation des femmes. Elle remet en cause les normes traditionnelles relatives au genre, rend le personnel des forces de maintien de la paix plus facile à aborder pour les femmes des populations locales et, parallèlement à d’autres mesures, contribue à la prévention de l’exploitation et des atteintes sexuelles, souligne la note de cadrage distribuée par l’Allemagne, Présidente du Conseil ce mois-ci.
Même si les progrès sont lents, l’ONU a pris d’importantes mesures pour que la participation des femmes aux opérations de paix devienne une réalité. La Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) en est un parfait exemple: pour la première fois dans l’histoire du maintien de la paix, une mission est dirigée par une représentante spéciale du Secrétaire général, une commandante de la force et une conseillère principale pour les questions de police.
L’ex-commandante de la Force, la générale de division Kristin Lund, aujourd’hui Chef de l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST), a parlé de son expérience devant les membres du Conseil et la quarantaine d’États Membres qui ont participé au débat. Beaucoup de femmes, a-t-elle confié, renoncent à une carrière militaire à cause de la « culture masculine » dominante. Il suffit, a-t-elle dit, de voir la multitude de posters de femmes à moitié nues dans les salles de gym des soldats. Mais franchement, combien de femmes font du sport en bikini? Pourquoi pas des posters de femmes en survêtement? s’est demandé celle qui a fait arracher les photos.
À son arrivée à l’UNFICYP, les femmes ne représentaient que 4% des militaires et la Représentante spéciale d’alors, Mme Lisa Buttenheim, l’a amenée à toutes les réunions avec les pays contributeurs de contingents où elles ont placé la question de l’égalité des sexes en tête de l’ordre de jour. La participation des femmes a alors augmenté de 8% et de 25% au sein de la police des Nations Unies, s’est enorgueillie la générale. Dans sa résolution 2242 (2015), le Conseil a appelé à doubler le nombre de femmes dans les composantes militaires et de police des opérations de maintien de la paix d’ici à 2020.
Le Secrétaire général a rappelé le lancement, cette année, d’une « Stratégie sur la parité des sexes applicable au personnel en tenue », qui va encore plus loin que l’engagement pris dans la résolution 2242. Les cibles de cette Stratégie vont de 15% à 35% d’ici à 2028 pour les effectifs militaires, de police, de justice et de services pénitentiaires.
Des cibles d’autant plus ambitieuses que, depuis décembre 2015, le nombre de femmes militaires n’a augmenté que d’environ 1%, a constaté le haut fonctionnaire. « Ce n’est clairement pas suffisant ». S’agissant du personnel de police, leur représentation s’est accrue de plus de 3% depuis 2017, a salué M. Guterres, en précisant que les unités de police sont aujourd’hui constituées de 9% de personnels féminins.
« Je lance un appel à vous et à vos capitales pour que vous fassiez tout ce qui est en votre pouvoir pour atteindre les objectifs de la Stratégie sur la parité entre hommes et femmes en uniforme », a exhorté le Chef de l’Organisation. Un appel auquel a répondu l’Allemagne, par la voix de sa Ministre de la défense, Mme Ursula Von Der Leyen, pour qui les soldates de la paix ne sont pas « meilleures » que les hommes, juste « différentes », une « diversité » qui est aussi une « force ».
« Nous avons besoin de modèles pour nourrir l’imagination. Nous avons besoin de femmes mentors qui racontent leur succès aux jeunes filles », a-t-elle déclaré. C’est la raison pour laquelle, a expliqué la Ministre, son pays a pris l’initiative de créer un réseau mondial de soldates de la paix qui appuiera l’Initiative Elsie, essentielle pour améliorer la part des femmes dans les opérations de maintien de la paix. L’Initiative Elsie, a expliqué le Canada, adopte une approche novatrice en faisant la promotion financière du déploiement de femmes formées et qualifiées, dont le versement de primes pour le déploiement d’unités mixtes. Ottawa y a déjà contribué à hauteur de 15 millions de dollars, a fait valoir la délégation.
Le renforcement de la présence des femmes dans les opérations de paix ne saurait être « une fin en soi », a mis en garde la Fédération de Russie qui a préconisé un processus « réfléchi » répondant aux besoins « réels » des missions et de la particularité de chaque pays hôte. Il faut avant tout évaluer les compétences de chacun et se méfier de tout « engouement excessif » pour des « mesures temporaires spéciales » qui, a-t-elle prévenu, donneraient lieu à une discrimination à l’encontre des hommes.
Tandis que Mme Lorna Merekaje, Secrétaire générale du Programme de surveillance et d’observation de l’engagement démocratique au Soudan du Sud et Représentante des femmes au Comité national de révision constitutionnelle, insistait sur le renforcement de l’interaction entre pays contributeurs de troupes et pays hôte –sentiment partagé par la République dominicaine–, plusieurs pays contributeurs de contingents aux opérations des Nations Unies ont expliqué leurs mesures pour accroître le nombre de femmes déployées et améliorer les conditions sur le terrain.
Ainsi, l’Indonésie a mis à jour sa feuille de route relative au déploiement de 4 000 soldats de la paix pendant la période 2015-2019, pour y inclure une stratégie sur la participation accrue des femmes. L’Inde a annoncé le déploiement d’ici à 2019 d’une équipe de liaison de 22 femmes officiers et soldates dans la Brigade d’intervention rapide de la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO).
Beaucoup de progrès peuvent être réalisés, ont estimé les Pays-Bas, avec de simples mesures comme l’augmentation des efforts de recrutement de femmes, la nomination de conseillers sur les questions du genre, l’adoption de critères de déploiement sexospécifiques et la mise en place d’hébergements et d’équipements adéquats. « Il faut opérer un changement culturel pour être à l’écoute et réactif aux besoins sexospécifiques », ont insisté les Pays-Bas. Grand pays contributeur de troupes aux opérations de l’ONU, le Pakistan a aussi défendu son lot de mesures simples: incitations sous la forme d’allocations supplémentaires, cycles de rotation plus courts, centres de soins mieux adaptés et meilleurs moyens de communication avec la famille restée au pays.
OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES
Les femmes dans les opérations de maintien de la paix (S/2019/275 et S/2019/293)
Déclarations
Le Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÒNIO GUTERRES, est revenu sur son action pour promouvoir la présence de femmes dans les contingents onusiens de maintien de la paix. Après le lancement de ma « Stratégie sur la parité des sexes » en 2017, a-t-il rappelé, l’Organisation s’est engagée à améliorer cette présence « à tous les niveaux et dans tous les domaines ». L’augmentation du nombre de femmes dans les opérations de maintien de la paix, qu’il s’agisse du personnel civil ou en uniforme, figure parmi les « priorités essentielles » de cette initiative, a-t-il précisé. « Ce n’est pas seulement une question de statistique. Il s’agit aussi de l’efficacité avec laquelle nous nous acquittons de notre mandat », a poursuivi le Secrétaire général.
Les données disponibles démontrent en effet qu’une hausse du nombre de soldates de la paix se traduit par une meilleure protection sur le terrain, au bénéfice de tous les membres des communautés locales. Dans les unités de patrouille, les femmes sont mieux à même de rentrer en contact avec les populations, d’obtenir des « renseignements essentiels » et d’offrir une vision globale des problèmes de sécurité, a précisé M. Guterres. La présence des femmes a également contribué à une baisse des tensions aux points de contrôle, a-t-il ajouté, ainsi qu’à une augmentation des cas signalés de violence sexuelle et sexiste. Ces éléments, a poursuivi le Secrétaire général, permettent de jeter les bases d’un second objectif commun, à savoir l’instauration de processus de paix davantage représentatifs et ouverts.
À l’approche du vingtième anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, M. Guterres a appelé à redoubler d’efforts pour faire en sorte que les droits et la participation des femmes soient au centre des décisions concernant le maintien de la paix. Pour y parvenir, il a cité l’objectif fixé en 2015 par le Conseil dans sa résolution 2242 sur la paix et la sécurité des femmes, qui appelle à doubler le nombre de femmes dans les composantes militaires et de police des opérations de maintien de la paix d’ici à 2020, et à examiner les obstacles à leur recrutement et à leur avancement.
Dans cette perspective, le Secrétaire général a souligné que son initiative « Action pour le maintien de la paix » appelle à la participation « pleine, égale et significative » des femmes à toutes les étapes des processus de paix, et à l’intégration d’une perspective sexospécifique à toutes les étapes de l’analyse, de la planification, de la mise en œuvre et des rapports. « Je remercie les plus de 150 États Membres qui ont souscrit à cet engagement », a-t-il salué.
En termes de progrès concerts, s’agissant du personnel civil, chaque mission a mis au point ses propres stratégies de parité hommes-femmes, de sorte que le leadership sur le terrain est désormais composé à plus de 40% de femmes. Nous devons également veiller à ce que les listes de personnel au sein desquelles nous recrutons soient équilibrées, a-t-il reconnu, appelant également à ce que les gains obtenus ces dernières années ne soient pas remis en cause par la réduction des effectifs des missions.
S’agissant du personnel militaire, le Secrétaire général a rappelé le lancement, cette année, d’une « Stratégie sur la parité des sexes applicables au personnel en tenue », qui va encore plus loin que l’engagement pris dans la résolution 2242. Les cibles de cette Stratégie vont de 15% à 35% d’ici à 2028 pour les effectifs militaires, de police, de justice et de services pénitentiaires. La réalisation de ces cibles représentera un pas important vers la parité, a estimé M. Guterres.
Or, depuis décembre 2015, le nombre de femmes en uniforme n’a augmenté que d’environ 1%. « Ce n’est clairement pas suffisant ». Le Secrétaire général a toutefois mentionné certaines avancées notables dont le quasi-doublement du nombre de femmes officiers d’état-major et observateurs militaires depuis la première réunion ministérielle sur le maintien de la paix en novembre 2017. Ces dernières représentant désormais plus de 13% du personnel déployé. En outre, depuis cette première réunion ministérielle, 27 pays qui n’avaient jusqu’ici déployé aucune femme sur le terrain ont inversé la tendance.
S’agissant du personnel de police, la représentation des femmes a augmenté de plus de 3% depuis la réunion ministérielle de 2017, a salué M. Guterres, précisant que les unités de police étaient aujourd’hui constituées de 9% de personnel féminin. Le nombre de femmes chefs de composante de police des Nations Unies sur le terrain a également augmenté, notamment à Abyei, à Chypre, au Darfour et au Soudan du Sud.
Pour continuer sur cette lancée, M. Guterres a appelé les États Membres à nommer davantage de femmes officiers et à accorder une place plus importante aux femmes dans les bataillons et unités de police constituées. « Je lance également un appel à vous et à vos capitales afin que vous fassiez tout ce qui est en votre pouvoir pour atteindre les objectifs de la Stratégie sur la parité entre hommes et femmes en uniforme. »
Le Secrétaire général s’est félicité du fait que, pour la première fois de son histoire, l’ONU soit « très proche » de la parité entre hommes et femmes au niveau de ses hauts responsables. « Nous devons faire preuve de ce même esprit pour nos opérations de paix », a conclu M. Guterres.
La générale de division KRISTIN LUND, Chef de l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST), a raconté que lorsqu’elle était à la tête de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP), elle avait été surprise par l’étendue de son pouvoir. Mon premier objectif, a-t-elle expliqué, était de faire équipe avec la Représentante spéciale du Secrétaire générale de l’époque, Mme Lisa Buttenheim, et pour une fois, je n’avais pas à convaincre mon chef de l’importance de la question du genre, a-t-elle souri. À mon arrivée, les femmes ne représentaient que 4% des militaires et Mme Buttenheim m’a amenée à toutes les réunions avec les pays contributeurs de contingents où nous avons mis la question du genre en tête de l’ordre de jour. La participation des femmes a alors augmenté de 8% et de 25% au sein de la police des Nations Unies. Je me suis toujours demandé, a-t-elle avoué, pourquoi les commandants de force n’usaient pas de leur pouvoir pour promouvoir la question de genre. L’UNFICYP avait 26 postes qui opéraient 24 heures sur 24 pendant toute l’année, dont plusieurs n’avaient jamais été organisés en tenant compte des deux sexes. Un projet a donc été mis sur pied pour changer les choses et, à mon départ, tout était réglé.
La générale de division Lund a estimé que beaucoup de femmes renoncent à une carrière militaire à cause de la « culture masculine ». Il suffit, a-t-elle dit, de voir la multitude de posters de femmes à moitié nues dans les salles de gym des soldats. Mais franchement, combien de femmes font du sport en bikini? Pourquoi des posters de femmes en survêtement? À Chypre, a-t-elle dit, j’ai fait retirer tous les posters aguichants. Mme Lund a également dit avoir profité des réunions des chefs de secteur pour mettre l’accent sur les directives sur l’exploitation et les abus sexuels commis par des Casques bleus, en sensibilisant tout particulièrement les commandants des pays contributeurs de contingents qui avaient « légalisé » la prostitution. Mme Lund a aussi dit avoir lancé un réseau de femmes militaires.
En tant que commandante de la force d’une mission, je fais tout ce que les hommes font, mais je passe aussi beaucoup d’autres portes ouvertes aux femmes. Par exemple, je fais des interventions publiques pratiquement toutes les semaines, ce qui me permet d’interagir avec tous les segments d’une société, a souligné la générale. Elle a précisé que dans ses fonctions actuelles, elle a atteint un taux de 12% d’observatrices militaires. Elle a exhorté les pays contributeurs de contingents à faire plus. Chaque chef d’état-major a le pouvoir d’apporter du changement « Nous qui sommes sur le terrain devons toucher la société dans son ensemble. Or, vous êtes les seuls à pouvoir y veiller », a conclu la générale.
Mme LORNA MEREKAJE, Secrétaire générale du Programme de surveillance et d’observation de l’engagement démocratique au Soudan du Sud et Représentante des femmes au Comité national de révision constitutionnelle, s’est félicitée de l’Accord de paix revitalisé du 12 septembre 2018, qui a porté de 25% à 35% le quota des femmes dans la vie politique. Les défis auxquels se heurtent les pays contributeurs de troupes peuvent être résolus avec la volonté politique. Des décisions fondamentales ont été prises par ce Conseil de sécurité, a rappelé l’intervenante, en citant la résolution pionnière 1325 (2000) et la résolution 2242 (2015) qui appelle à doubler le nombre de soldates de la paix d’ici à 2020. Elle s’est dite favorable à une interaction positive entre les pays contributeurs de troupes, comme c’est le cas du Bangladesh à la MINUJUSTH en Haïti. Elle a demandé au Conseil de veiller à ce que ses décisions reflètent les engagements pris jusqu’ici et d’élaborer des normes et des critères spécifiques pour renforcer la relation entre les opérations de paix et les pays hôtes. Soutenant le principe d’un programme de mentorat pour les femmes, l’oratrice a ajouté qu’il faut consolider les acquis dans la problématique « femmes, paix et sécurité » et jugé essentiel de ne pas perdre de vue la justice et l’établissement des responsabilités pour tout manquement dans les opérations de paix.
Les soldates de la paix ne sont pas meilleures que les hommes, a souligné Mme URSULA VON DER LEYEN, Ministre de la défense de l’Allemagne, mais elles sont « différentes » et cette diversité est une force. Elle a présenté cinq principales idées pour avancer dans la mise en œuvre de la résolution 1325 sur les « femmes, la paix, la sécurité ». La clef, a-t-elle dit, c’est la visibilité. Nous avons besoin de « modèles » pour nourrir l’imagination. Nous avons besoin de femmes mentors qui racontent leur succès aux jeunes filles. C’est la raison pour laquelle, a expliqué la Ministre, l’Allemagne a pris l’initiative de créer un réseau mondial de soldates de la paix qui appuiera l’Initiative Elsie, essentielle pour améliorer la part des femmes dans les opérations de maintien de la paix. Elle a d’ailleurs applaudi le Canada pour sa contribution de 2 millions d’euros.
Pour pouvoir déployer plus de femmes dans les opérations, il nous faut déjà plus de femmes dans nos armées nationales, a poursuivi la Ministre qui a créé dans son Ministère une composante « égalité des chances, gestion de la diversité et intégration », laquelle a donné lieu à un programme de mentorat pour les jeunes officiers femmes et à des échanges réguliers sur les meilleures pratiques. L’Allemagne examine déjà, a-t-elle indiqué, aux raisons pour lesquelles les femmes ne s’enrôlent pas davantage dans l’armée, ce qui aidera à comprendre pourquoi elles ne sont pas plus nombreuses dans les opérations de maintien de la paix. La Ministre a invité les Nations Unies et les États Membres à faire part de leurs propres évaluations.
En attendant, a-t-elle dit, l’Allemagne a renforcé ses cours de formation pour les observateurs militaires, en mettant l’accent sur le rôle des femmes dans le maintien de la paix. Les cours sont ouverts aux étrangers comme en atteste le fait que 22 femmes issues de 20 pays ont pris part à la phase pilote, l’année dernière. Faisons tout, a-t-elle conclu, pour que les Casques bleus soient portés par de plus en plus de femmes, a conclu la Ministre.
Également au nom de la Guinée équatoriale et de l’Afrique du Sud, M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a rappelé qu’alors que l’Afrique accueille sept missions de maintien de la paix et dispose de sa propre mission de paix, la participation des femmes reste un défi majeur à relever. « Nous sommes convaincus que le déploiement de soldates de la paix est essentiel à la transformation des missions de l’ONU ainsi qu’à la réforme du secteur de la sécurité », a ajouté le représentant. Les missions d’enquêtes conjointes Union africaine-ONU sur « les femmes, la paix et la sécurité » menées en 2017 et en 2018 ont clairement établi que les femmes victimes de guerre et de conflits se confiaient plus aisément aux femmes militaires et policières. Ne pas en tenir compte pourrait avoir une incidence sur les processus de « réconciliation et de consolidation de la paix ».
Bien qu’elle génère une plus-value indéniable, l’inclusion des femmes dans les opérations de paix se heurte encore à de nombreuses pesanteurs politiques et culturelles. Il s’agit entre autres des stéréotypes, d’une formation inadaptée ou de mécanismes de recrutement défavorables. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour éliminer ces obstacles, y compris toutes les formes de violence et d’intimidation. À cet effet, l’Union africaine a adopté un code de conduite et une politique de tolérance zéro contre la violence, l’exploitation et les abus sexuels commis par des soldats de la paix et du personnel militaire.
Les stéréotypes de genre doivent être combattus au moment de l’attribution de rôles stratégiques dans les missions, et l’ONU devrait continuer à améliorer les infrastructures en matière de logement et d’assainissement, afin de mieux répondre aux besoins spécifiques des femmes. L’Union africaine, a encore indiqué le représentant, a mis en place un réseau de femmes médiatrices « Femwise-Africa », en relation avec « Africa Women Leadership Network ». L’Union africaine a également affecté des responsables des questions de genre aux différentes opérations de soutien à la paix, afin de veiller à ce que les voix des femmes soient entendues dans les processus de règlement des conflits et de consolidation de la paix.
Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a insisté sur le « sens opérationnel » des femmes et leur faculté à développer des contacts avec les populations locales. Elle a engagé l’ONU et les opérations de paix à nommer davantage de femmes aux postes de direction et les États Membres à présenter plus de candidates. La représentante a aussi souligné la dimension que peuvent apporter les soldates de la paix aux enquêtes sur les allégations d’exploitation et d’abus sexuels. Elle a indiqué, en conclusion, que son pays a adopté son premier plan d’action sur les femmes et le maintien de la paix.
M. MANSOUR AYYAD SH A. ALOTAIBI (Koweït) a souligné que la présence des femmes est essentielle dans la plupart des missions chargées de la protection des civils. Les femmes, s’est-il expliqué, dialoguent plus facilement avec les communautés locales. S’il a plaidé en faveur d’une hausse du nombre de femmes dans les contingents militaires des opérations de paix, le représentant a cependant souligner qu’il faut d’abord des formations adaptées. Le Koweït, a-t-il précisé, s’est engagé à augmenter leur nombre de soldates de paix et espère que les délibérations d’aujourd’hui permettront de mettre en lumière le travail accompli par les femmes officiers de haut rang, comme la générale de division Kristin Lund, qu’il a d’ailleurs décorée.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a estimé que l’augmentation du personnel féminin dans les contingents militaires et de police, en tant qu’élément central du processus de réforme en cours à l’ONU, contribue directement à cristalliser la participation des femmes comme agents positifs dans les processus de paix. De plus, le renforcement du leadership des femmes est un instrument puissant pour atteindre les objectifs de développement durable. Le Pérou, pays contributeur de troupes, a expliqué le représentant, s’est engagé à incorporer systématiquement une perspective sexospécifique dans les mandats des opérations de maintien de la paix et à protéger les droits des femmes et des filles dans les situations de conflit. Il copréside depuis 2018 le Groupe informel d’experts sur les femmes, la paix et la sécurité, et vise à atteindre le taux de 15% de femmes dans les contingents d’ici à 2020. Le Centre national de formation pour les opérations de paix (CECOPAZ) a élaboré des guides d’action à cette fin. Au niveau local, le Ministère de la défense péruvien a créé un comité de coordination et de suivi de la parité des sexes dans les politiques et la gestion des forces armées.
Reconnaissant les progrès réalisés dans la participation des femmes aux opérations de paix de l’ONU, M. JOSE SINGER RATZINGER (République dominicaine) a toutefois encouragé le Conseil de sécurité à poursuivre ses efforts en ce sens. Il a regretté que les initiatives dans le cadre « Femmes, paix et sécurité », notamment sur le terrain, pâtissent d’un manque de ressources et « dépendent de façon disproportionnée des contributions extrabudgétaires volontaires ». En outre, a fait valoir le représentant, s’il faut prendre en compte la parité des sexes dans la conception des opérations de paix, il faut aussi inclure des données ventilées dans tous les rapports des missions. Il faut également renforcer la politique de tolérance zéro par rapport aux actes de violence sexuelle et sexistes commis par le personnel du maintien de la paix.
D’après le délégué, la présence accrue de femmes sur le terrain « ouvre des canaux de communication pour les femmes et les filles dans des situations de conflit ». C’est là un facteur critique pour augmenter l’efficacité des missions à tous les égards et améliorer leur image, accessibilité et crédibilité vis-à-vis de la population locale. Pour réaliser la parité dans les missions, a poursuivi le représentant, il est indispensable de travailler de pair avec les pays contributeurs de troupes. Il est également indispensable que les missions de l’ONU donnent la priorité au respect, à l’intégrité physique, à la sécurité et à la santé, y compris sexuelle et reproductive, des femmes.
M. ZHAOXU MA (Chine) a estimé que les femmes Casques bleus sont plus susceptibles de susciter l’espoir dans les populations locales. Brandissant des photos de ses concitoyennes déployées dans différentes opérations de la paix, le représentant a insisté sur le fait que ces soldates sont perçues comme de véritables « anges gardiens ». Il a aussi cité le journal d’une femme Casque bleu tuée dans des conditions tragiques en Haïti et laissant derrière elle un orphelin de 4 ans. Cette femme, a raconté le représentant, disait à quel point elle était pressée de faire une contribution à la paix même si « je ne suis peut-être qu’une goutte d’eau dans l’océan ou une plume dans le vent ». Le représentant a appelé à une approche holistique et à une meilleure communication pour renforcer la présence des femmes dans les opérations de paix. Il faut leur créer un environnement favorable, en préconisant la mise sur pied de projets pilotes. La Chine vient d’ailleurs d’organiser à Beijing, un séminaire sur cette question.
Il faut pleinement intégrer l’agenda « Femmes, paix et sécurité » dans les opérations de maintien de paix, a souligné M. FRANÇOIS DELATTRE (France). Dans les mandats, cette intégration recouvre plusieurs réalités: de la prévention et la protection contre les violences sexuelle en temps de conflits à la participation des femmes aux processus politiques. La participation des femmes aux opérations de maintien de la paix, a fait valoir M. Delattre, rend les opérations plus efficaces dans de nombreux domaines, comme l’accès aux communautés locales ou encore l’accès des victimes aux soins et à la justice. « Il faut donc des opérations de maintien de la paix mixte. Aucun poste ne doit être réservé aux hommes. »
Le taux de féminisation des contingents français est de 5,5%, a précisé le représentant, soit un taux supérieur à la cible 2019 de l’ONU fixée à 5,25%. Et en février dernier, le taux était de 8,4%. « Mais, bien entendu, beaucoup reste à faire. Il faut notamment accroître le nombre de femmes nommées aux postes d’officiers d’état-major. » « Pour que les États assument cette responsabilité, ils doivent conduire un réel changement de paradigme dans leurs armées nationales. » C’est ce que fait la France, s’est félicité M. Delattre. L’armée française est l’une des plus féminisées au monde, avec un taux de 20% au total et de 15,5% pour le personnel militaire. Et la France souhaite aller plus loin, a-t-il assuré. La France soutient également la participation des femmes au sein des écoles de formations policière et militaire dans plusieurs pays africains, y compris avec des cursus sur les violences faites aux femmes et aux filles et sur le rôle des femmes dans la médiation.
M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a rappelé qu’avec la loi américaine sur les femmes, la paix et la sécurité de 2017, son pays aura été le premier à inscrire la résolution 1325 (2000) dans la législation nationale. Les femmes, a-t-il plaidé, améliorent l’efficacité opérationnelle des missions de maintien de la paix et peuvent être des modèles importants, à la fois au sein des communautés et de leurs propres systèmes nationaux. Mais nous avons encore beaucoup de travail à faire pour surmonter la faible participation des femmes aux contingents militaires, aux unités de police et aux forces de soutien civiles, sans parler de l’absence des femmes en uniforme aux postes de direction des opérations de paix. Les États-Unis continuent de collaborer avec les pays fournisseurs de contingents dans le cadre de l’Initiative américaine en faveur des opérations de paix dans le monde et des programmes de soutien international à la police dans ces opérations. Plus de 11 000 soldates et policières ont déjà participé aux États-Unis à une formation. Le Gouvernement américain a également investi dans les infrastructures, telles que la construction de casernes et de latrines pour femmes et la suppression des obstacles à la participation effective des femmes aux entraînements. Depuis 2010, les pays partenaires de l’Initiative ont accru de 89% le nombre de leurs soldats dans les opérations de l’ONU contre 7% pour les non partenaires. Depuis 2014, a conclu le représentant, le nombre de policières francophones éligibles aux opérations de l’ONU a augmenté de 36% à plus de 50%.
M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a indiqué que son gouvernement a publié une feuille de route relative au déploiement de 4 000 soldats de maintien de la paix pendant la période 2015-2019, mise à jour en 2017 pour inclure une stratégie sur la participation accrue des femmes. À l’heure actuelle, a précisé le représentant, plus de 3 000 soldats de la paix indonésiens, dont 86 femmes, sont engagés dans huit missions de maintien de la paix de l’ONU. De plus, l’Indonésie s’apprête à envoyer en République centrafricaine une unité composée de 140 policiers, dont 14 femmes. L’Équipe d’appui au Système de forces et moyens en attente des Nations Unies a également validé 81 officiers de police indonésiens, dont 26 femmes. Par ailleurs, M. Djani a demandé que des ressources adéquates soient disponibles pour répondre aux besoins spécifiques des soldates de maintien de la paix.
M. MARC PECSEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a dit que si en 2019, 4% des Casques bleus et 8% des policiers dans les opérations des Nations Unies sont des femmes, il faut faire plus, à tous les niveaux hiérarchiques, et dans toutes les fonctions. Le représentant a présenté des solutions. Premièrement, a-t-il dit, nous devons vaincre les obstacles liés au déploiement et adapter les conditions aux besoins professionnels et personnels des candidates, notamment les infrastructures et les services médicaux. Dans ce cadre, le rôle des conseillers pour les questions de genre est primordial. Deuxièmement, a poursuivi le représentant, nous devons aider les contributeurs de troupes à déployer davantage de femmes. Cette année, la Défense belge propose la création d’une « Mixed Gender Engagement team » au sein des forces spéciales belges qui devrait être effective début 2020. Troisièmement, le représentant a proposé de « créer un environnement sain pour les femmes en opération ».
Nous avons tous la responsabilité de mettre en place un système de responsabilisation transparent et accessible. Les formations sur la prévention du harcèlement et sur la protection doivent se poursuivre, l’omerta doit être brisée et des moyens pratiques doivent être mis en place permettant de dénoncer ces faits en toute confiance. Enfin, a indiqué le représentant, nous devons promouvoir l’agenda « femmes, paix et sécurité », au sein du Conseil. Le Conseil de sécurité doit continuer à mettre en avant le rôle essentiel des femmes tout au long du cycle du conflit: de la prévention à la consolidation de la paix. Les exigences sont fortes, et la société civile nous montre la voie. Le Conseil de sécurité doit être à la hauteur. Nous avons une responsabilité, en particulier celle de traduire ces exigences dans les mandats des opérations de maintien de la paix, comme par exemple le soutien aux conseillers en protection des femmes dans les missions.
Mme DINA A. GILMUTDINOVA (Fédération de Russie) a estimé que le renforcement de la présence des femmes dans les opérations de paix ne saurait être « une fin en soi ». Ce doit être un processus « réfléchi » qui réponde aux besoins réels des missions. Il faut d’abord et avant tout évaluer les compétences de chacun et se méfier de tout « engouement excessif » pour des mesures temporaires spéciales qui, a-t-elle ajouté, donneraient lieu à une discrimination contre les hommes. Il faut aussi tenir compte de la particularité de chaque pays. Les femmes et les hommes ont des avantages comparatifs et il est vrai que les soldates de la paix peuvent être plus efficaces dans les contacts avec les populations locales. Mais, a mis en garde la représentante, il ne faut pas oublier que le maintien de la paix comprend des tâches militaires qui requièrent une certaine « force physique ». Il ne faut pas non plus oublier, a-t-elle poursuivi, que beaucoup de femmes renoncent à leur carrière pour s’occuper de leur famille. Le Secrétariat de l’ONU doit donc tenir compte de tout cela dans ses politiques paritaires et consulter, ce faisant, les pays contributeurs de troupes. En attendant, il faut noter que les effectifs déployés par la Fédération de Russie dans les opérations des Nations Unies comptent 17% de femmes, s’est enorgueillie la représentante, en vantant aussi la riche expérience russe en matière de formation.
M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a annoncé non sans fierté que son pays a dépassé la cible fixée par le Conseil de sécurité pour le nombre de femmes déployées au sein des forces armées nationales, puisqu’elles représentent désormais 20% du personnel en tenue. Si nous sommes fiers de nos progrès accomplis, nous savons qu’il reste encore beaucoup à faire, a reconnu le représentant, pour qui il faut continuer de cultiver l’égalité des chances sur le terrain, notamment dans l’accès aux formations, au logement et aux équipements. Il a jugé important d’augmenter le nombre de femmes dans les opérations de paix de l’ONU, en soulignant la détermination des Britanniques à fournir aux Casques bleus les compétences requises. Ainsi, tous ceux qui sont déployés par le Royaume-Uni ont suivi une formation contre la discrimination à l’égard des femmes, a fait valoir le délégué, qui s’est en conclusion tourné vers Mmes Lund et Merekaje pour les interroger sur les interventions qu’elles attendent des États Membres pour que les « environnements » soient davantage favorables aux femmes.
M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a indiqué que son pays est prêt à participer à la réforme du maintien de la paix, citant le défi majeur que représente la migration dans le monde. Il a expliqué que son gouvernement avait décidé d’augmenter de 1 000 à 1 200 le nombre de Casques bleus hongrois, ajoutant que 60 d’entre eux seront déployés au sein de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et placés sous commandement italien. Au niveau national, a-t-il poursuivi, les femmes représentent 20% des forces armées et 23% des effectifs de police. Des directives à l’intention des militaires sont en cours d’élaboration, a-t-il ajouté.
M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a indiqué qu’à moins de pleinement comprendre les barrières que doivent affronter les femmes, il ne sera pas possible d’agir de manière effective. Il a salué l’étude élaborée à ce sujet par le Centre pour le contrôle démocratique des forces armées, basé à Genève, tout en estimant qu’il faut faire davantage. « Il faut mieux écouter les véritables expertes: les femmes », a-t-il insisté, relatant avoir entendu que des femmes souffrent de déshydratation car elles cessent de boire à partir d’une certaine heure afin d’éviter tout déplacement risqué aux toilettes pendant la nuit. Il faut faire de ces histoires une chose du passé, a-t-il lancé, avant de saluer le lancement récent de l’Elsie Initiative Fund qui, s’est-il félicité, permettra de faire des recherches supplémentaires sur les obstacles au sein des pays contributeurs de contingents et des missions.
M. van Oosterom a ensuite souligné que beaucoup de progrès peuvent être réalisés avec de simples mesures comme augmenter les efforts de recrutement de femmes, nommer des conseillers sur les questions du genre, adopter des critères de déploiement sexospécifiques et offrir des hébergements et équipements adéquats. Mais plus que tout, a-t-il souligné, « il faut opérer un changement culturel pour être à l’écoute et réactif aux besoins sexospécifiques ». Pour ce faire, le représentant a insisté sur l’importance de la formation et d’instauration d’une attitude sensible au genre à tous les échelons et parmi tous les membres du personnel des missions.
La générale KRISTIN LUND a insisté sur l’augmentation du nombre de femmes parce que « les chiffres comptent ». Les hommes doivent défendre l’égalité des sexes et en parler entre eux. Mme LORNA MEREKAJE a, quant à elle insisté, sur le mentorat et encouragé les pays contributeurs de contingents à examiner leur législation nationale pour promouvoir l’entrée des femmes dans l’armée, sans oublier la nécessité d’améliorer la formation.
M. LE HOAI TRUNG, Vice-Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a fait observer que les femmes Casques bleus peuvent accéder sur le terrain à des segments de la population souvent fermés aux hommes, et que leur présence au sein des communautés locales permet d’autonomiser les femmes et les filles des pays hôtes, les incitant ainsi à participer aux processus de paix. Il a aussi cité une étude qui indique que même une petite augmentation du nombre de femmes dans les unités militaires des opérations de maintien de la paix permet de réduire de plus de moitié les allégations d’abus sexuels.
Le Vice-Ministre a cependant reconnu que les femmes qui participent aux opérations de maintien de la paix font face à des obstacles qui les empêchent d’atteindre leur plein potentiel. Il a cité, entres autres, l’absence de politiques familiales, la discrimination et le manque de perspectives de formation, ainsi que le manque de mécanismes appropriés pour répondre à l’isolement et à la vulnérabilité auxquels les femmes risquent d’être confrontées en cas de harcèlement ou d’exploitation sexuelle. Il s’est aussi inquiété de l’absence de sécurité et d’hébergement adéquat pour les femmes déployées sur le terrain. M. Trung a ensuite appelé à renforcer la mise en œuvre de la résolution 2242 (2015) et conseillé au Secrétaire général de mener une recherche à l’échelle des pays pour identifier les barrières qui entravent la participation des femmes aux forces de sécurité et leur déploiement au sein des contingents de Casques bleus dans le but d’élaborer un cadre de solutions. Il a aussi encouragé les pays développés à augmenter leur appui à l’Elsie Intiative Fund.
M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a déclaré que la résolution 1325 (2000) avait créé un précédent, en réaffirmant le rôle central des femmes dans les opérations de maintien de la paix. Il est clair que si celles-ci ne sont pas intégrées aux processus visant à élaborer des politiques nationales, la paix ne se consolidera pas, a mis en garde le représentant. Dans ce contexte, toutes les mesures visant à garantir leur autonomisation est un pas dans la bonne direction, a-t-il ajouté. Au Guatemala, les femmes sont largement associées à la vie politique locale, a assuré M. Solares, qui a fait valoir le fait que des Guatémaltèques participent à des « projets à impact positif » en Haïti et en République démocratique du Congo (RDC). En outre, le Guatemala, dans le cadre de son Centre de commandement régional de formation aux opérations de maintien de la paix, sensibilise ses personnels en tenue à la protection des femmes, à leurs besoins spécifiques et au respect de leurs droits dans les situations de conflit et post-conflit.
M. FLOR DE LIS VASQUEZ MUÑOZ (Mexique) a regretté que l’absence de femmes dans les processus de paix ait, historiquement, exacerbé les inégalités économiques et sociales et la discrimination politique dans les pays sortant d’un conflit. « Nous ne pouvons plus tolérer cela », a-t-il déclaré, appelant à ce que les femmes participent sur un pied d’égalité avec les hommes aux initiatives de maintien de la paix. Le représentant a en outre déploré que la proportion de femmes déployées au sein des opérations de maintien de la paix demeure si faible, ces dernières ne représentant que 4% du personnel militaire et 10% du personnel politique. Il a espéré que la Stratégie révisée du Secrétaire général sur la parité des sexes applicable au personnel en tenue dans les opérations de paix puisse remédier à cette insuffisance. À titre national, le représentant a indiqué que le Mexique était parvenu, depuis 2015, à respecter l’objectif de 15% de personnel féminin déployé dans le cadre de missions de maintien de la paix et qu’il avait l’intention d’augmenter davantage cette participation.
La participation des femmes dans les opérations de maintien de la paix est impérative, a déclaré M. RICHARD ARBEITER (Canada). C’est un point admis par tous, avec lequel le Canada est pleinement d’accord. Ce consensus doit toutefois se traduire en changements opérationnels. Or « rien n’a changé », a-t-il constaté. « Les chiffres sont très loin des attentes. Quelque chose cloche. » L’Initiative Elsie du Canada pour la participation des femmes aux opérations de paix vise à corriger cette erreur, a expliqué le représentant. Son concept et son architecture sont fondés sur les avis des femmes qui ont personnellement participé à des opérations de paix. Les témoignages entendus sont anecdotiques, mais précis. « C’est la raison pour laquelle la Norvège et le Canada financent la création d’une méthode d’évaluation des obstacles dans le but de recueillir ce genre de preuves empiriques qui peuvent nous aider à affiner notre connaissance des obstacles systématiques auxquelles font face les femmes dans les opérations de paix. »
Le Fonds Elsie adopte une approche novatrice en faisant la promotion financière du déploiement de femmes formées et qualifiées, dont le versement de primes pour le déploiement d’unités mixtes, a poursuivi M. Arbeiter. Le Canada a déjà apporté une contribution de 15 millions de dollars au Fonds. Le représentant a invité tous les États Membres à faire des demandes de financement pour soutenir les efforts dans leur pays ou bien à verser une contribution au Fonds. Il a souligné aussi l’importance d’établir des réseaux de femmes déployées dans des missions de paix, qui a été soulignée lors de la rencontre préparatoire sur les femmes, la paix et la sécurité de la réunion ministérielle sur le maintien de la paix, organisée par l’Éthiopie et le Canada en janvier dernier.
Mme MARI SKÅRE (Norvège) a jugé que dans les mandats qu’il confie aux opérations, le Conseil devrait plus explicitement insister sur la nécessité de déployer plus de femmes, de veiller à ce qu’elles soient présentes dans toutes les catégories de personnel et d’intégrer les questions de genre dans tout le travail. Il doit aussi insister plus explicitement sur l’importance qu’il y a à assurer la pleine participation des femmes aux processus politiques car c’est « vital » pour le règlement des conflits et pour une bonne transition d’une opération à une autre présence de l’ONU. La représentante a également insisté sur la formation tant pour renforcer la présence des femmes dans les opérations que pour veiller à ce que tous les soldats comprennent bien la perspective genre. Les États Membres, a-t-elle poursuivi, doivent promouvoir les femmes aux postes de direction pour exploiter leur potentiel mais aussi pour offrir des modèles aux autres femmes. Nous avons une certaine expérience, a souligné la représentante, en jetant un regard à sa compatriote, la générale Lund. Elle a également vanté les mérites des réseaux comme le Réseau des femmes militaires que son pays et la Suède ont créé ici à New York l’année dernière.
M. KORO BESSHO (Japon) a salué le Secrétaire général pour ses efforts visant à augmenter la proportion de soldates de la paix dans les contingents, notamment par le biais de sa Stratégie sur la parité des sexes applicable au personnel en tenue. Pour améliorer la mise en œuvre de la Stratégie, le représentant a appelé les pays fournisseurs de contingents et d’unités de police à augmenter la proportion de femmes dans leurs régiments et corps de police nationaux. En effet, comment ces pays peuvent-ils aider l’ONU à réaliser les objectifs de la Stratégie s’ils n’atteignent pas ces objectifs chez eux, s’est interrogé M. Bessho.
Il a indiqué que le Japon a levé toutes les restrictions aux candidatures de femmes à des postes militaires, notamment dans l’infanterie, la reconnaissance, l’ingénierie, l’aviation et même dans les unités de sous-marins. Ce « changement de politique important » doit aussi s’accompagner d’un changement des mentalités. À cette fin, le Ministre de la défense a lancé en avril 2017 une initiative qui vise à lever tous les obstacles restants à la participation des femmes aux forces de défense nationales. Par ailleurs, M. Bessho a appelé les États Membres à utiliser davantage la formation préalable au déploiement pour faciliter le déploiement des soldates de la paix, notamment les cours dispensés par l’École des transmissions militaires des Nations Unies et la formation destinée aux femmes officiers dispensée par ONU-Femmes.
Selon Mme MARIA ANGELA ZAPPIA (Italie), il faut redoubler d’efforts pour adapter les missions de maintien de la paix aux femmes et accroître leur présence. Ces dernières années, l’Italie a fait des efforts pour intégrer la perspective de genre à tous les niveaux et dans toutes les branches de l’armée. Le Ministère de la défense a un conseiller en genre, un conseil conjoint sur les perspectives de genre, et une unité égalité des chances. La formation des forces armées, des Carabinieri, des douaniers inclut des questions relatives au genre. Le représentant a réitéré l’offre de son gouvernement aux pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police, pour cette année, d’un nouvel ensemble de formation de conseillers pour ces questions et d’équipes de liaison féminine et de perspective genre.
Le Conseil de sécurité a un rôle à jouer en appelant le Secrétariat, les chefs de mission ainsi que les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police pour s’assurer que la perspective de genre est toujours dûment prise en compte, en abordant les obstacles persistants et les défis au déploiement des femmes. Les représentants spéciaux du Secrétaire général et les commandants des forces devraient faire tout leur possible pour promouvoir l’implication active des femmes dans l’analyse de la situation, dans le domaine de la planification ainsi que dans les activités sur le terrain, en particulier celles visant à renforcer la confiance de la population locale et renforcer les partenariats avec les organisations féminines locales, a suggéré la représentante. La création du réseau des femmes en uniforme, qui sera mis en œuvre d’ici en juin 2020, doit également être considérée comme un mécanisme permettant de favoriser le dialogue avec les organisations de femmes présentes dans les pays hôtes, a indiqué Mme Zappia.
Mme EENAM GAMBHIR (Inde) a affirmé que son pays s’est engagé à accroître le nombre de soldates de la paix et à atteindre les objectifs fixés par le Conseil dans les délais impartis. Dans ses contingents au Libéria, l’Inde a déployé la « toute première » unité de police constituée féminine qui est devenue un exemple pour les Indiennes, les encourageant à s’investir dans le maintien de l’ordre. La représentante a annoncé que son gouvernement est prêt à déployer une équipe de liaison féminine formée de 22 femmes officiers et soldats dans le cadre de la Brigade d’intervention rapide de la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO) d’ici à 2019, de même qu’une autre unité de police constituée exclusivement de femmes à la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) d’ici à la fin 2018.
Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a constaté que la participation équitable des femmes au maintien de la paix n’est toujours pas atteinte, vingt ans après l’adoption de la résolution 1325. La parité n’est pas simplement une question de sous-représentation des femmes dans le maintien de la paix mais aussi une question de sous-utilisation « chronique » du meilleur outil pour atteindre les objectifs fixés. Elle a salué le lancement de la « Stratégie sur la parité des genres applicable au personnel en tenue » et s’est enorgueillie de ce que la contribution de son pays à la composante maritime de la Force des Nations Unies au Liban comporte un pourcentage de soldates trois fois plus important que la moyenne onusienne. Elle s’est aussi dite fière que grâce à ses contributions budgétaires considérables à l’UNFICYP, la Grèce appuie la Mission qui s’approche le plus de la parité à tous les niveaux. Il faut faire plus, a-t-elle toutefois estimé, insistant sur l’importance de la formation à la question du genre, la construction de bâtiments tenant compte des besoins des femmes, une gestion sensible des ressources humaines et l’amélioration de la protection contre le harcèlement sexuel. Créer un environnement opérationnel débarrassé des préjugés ou du sexisme doit être la première des choses à examiner lorsqu’on affecte les ressources humaines et budgétaires.
M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a estimé que l’égalité des sexes doit figurer au cœur de l’Action pour le maintien de la paix. Il a parlé des contributions de l’Ukraine au maintien de la paix, notamment au Libéria, insistant sur le fait que son pays intègre la thématique « femmes, paix et sécurité » dans la réforme de son secteur de sécurité et de défense. Il s’est enorgueilli du fait que les femmes représentent 10,6% des militaires et que 70 femmes ont atteint le rang de colonel au sein des forces armées ukrainiennes. Il a aussi parlé de l’adoption, au mois d’octobre, d’une loi sur l’égalité des sexes pendant le service militaire, et de la révision du plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325.
Le délégué a ensuite indiqué qu’outre leurs contributions au maintien de la paix, les Ukrainiennes agissent pour protéger leur propre terre de l’agression étrangère, notamment en participant aux opérations interarmées dans le « Donbass ukrainien ». Il a estimé que le déploiement d’une force de maintien de la paix, mandatée par le Conseil de sécurité, serait un facteur décisif pour amener la paix en Ukraine. Aujourd’hui, a-t-il ajouté, nous aimerions que le potentiel de maintien de la paix de l’ONU permette de résoudre le conflit russo-ukrainien.
Mme MARÍA BASSOLS DELGADO (Espagne) a déclaré qu’en 2015, son pays, aux côtés du Royaume-Uni, avait mis en place le Groupe informel d’experts pour le suivi de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) et qu’il appliquait une politique de tolérance zéro s’agissant de l’exploitation et des abus sexuels, soutenue par une formation spécifique à cet égard. En outre, l’Espagne a été le troisième pays au monde à avoir adopté un plan national d’action pour la mise en œuvre de l’agenda femmes, paix et sécurité, s’est enorgueillie la délégation. En 2015, a-t-elle rappelé, nous étions tombés d’accord pour actualiser la résolution 1325 (2000), riche sur le plan « doctrinal », mais insuffisamment mise en œuvre en pratique. La séance d’aujourd’hui est l’occasion de relancer la pleine participation des femmes au maintien de la paix, a estimé la représentante.
M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a rappelé que les délibérations sur le sujet « femmes, paix et sécurité », en mai 2000, avaient donné naissance à la Déclaration de Windhoek, qui avait ensuite formé la base de la résolution 1325. Le représentant a vanté les mérites des plans d’action nationaux qui sont cruciaux pour la mise en œuvre de ladite résolution. À la date de novembre 2018, 79 États Membres avaient adopté de tels plans, a-t-il relevé en encourageant tous les pays à faire de même. Pour ce qui est de la Namibie, son plan intègre les questions émergentes, tels que les changements climatiques, la cybersécurité et la traite des personnes. Le Gouvernement va en outre veiller à adopter un plan de suivi et d’évaluation.
M. Gertze a cependant relevé que le taux de femmes parmi le personnel de maintien de la paix était encore faible et risquait même, selon le rapport du Secrétaire général, de diminuer dans les années à venir du fait de la réduction des effectifs des missions. Il a indiqué que son pays déployait des soldates de la paix dans trois missions, celles présentes au Darfour, à Abyei et au Soudan du Sud. En décembre 2018, la Namibie a atteint son objectif de 15% de femmes dans les missions de maintien de la paix. Le représentant s’est également prévalu d’accueillir en ce moment même la troisième réunion de points focaux sur la question. Son pays a en outre comme projet de créer un centre de paix des femmes, qui se concentrera sur la résolution des conflits sur les plans national, régional et international, et sur les activités de médiation et de négociations. Il a appelé la communauté internationale et les partenaires de développement à apporter leur soutien à la création de ce centre.
M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a constaté la faible augmentation de la proportion de femmes déployées au sein des opérations de maintien de la paix de l’ONU, qui est passée de 4,2% à 5% depuis 2015. « À ce rythme, il nous faudrait des décennies pour atteindre les objectifs de la résolution 2242 (2015) », a ironisé le représentant. Il a par conséquent appelé le Conseil à faire de cette question une priorité. Il a en outre salué le Secrétaire général pour le leadership dont il a fait preuve dans le cadre du lancement de son initiative « Action pour le maintien de la paix » et de sa Stratégie sur la parité des sexes applicable au personnel en tenue. Selon lui, ces deux instruments permettront d’atteindre les objectifs fixés lors de la réunion ministérielle sur le maintien de la paix, qui a eu lieu à Londres en 2016.
En tant que Président actuel de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), le représentant a précisé que la Slovaquie avait lancé de nombreuses initiatives et mesures pratiques en ce sens. Au niveau national, le pays s’est également efforcé d’augmenter la proportion de femmes dans ses forces armées, désormais de 12%, une tendance à la hausse qui devrait selon lui se maintenir. S’agissant de la participation du pays aux opérations de paix de l’ONU, le représentant s’est enorgueilli du fait que 44% des femmes déployées au sein de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) proviennent de la Slovaquie.
M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay) a dit que son pays a déployé des observateurs militaires dans les missions de maintien de la paix, dont des femmes en tant qu’officiers, médecins, dentistes, traductrices, conductrices de véhicules, opératrices de radio. L’Uruguay est devenu l’un des principaux fournisseurs de contingents féminins dans les missions de maintien de la paix grâce à la présence de plus en plus importante des femmes dans les institutions publiques. Elles sont aussi présentes en nombre dans les forces armées et de police et dans les écoles militaires et de police. Le Gouvernement a prévu différents arrangements pour elles comme le temps de relève fixé à trois mois de présence sur terrain pour les femmes qui ont des enfants en bas âge. Au niveau international, l’Uruguay appuie la stratégie sur la parité du Secrétaire général lancée au début de cette année. Nous avons participé au groupe de travail sur l’exploitations et les atteintes sexuelles. Nous participons aussi à l’Initiative Elsie, du Canada, et nous comptons participer au réseau « femmes, paix et sécurité », a annoncé le représentant.
M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a jugé impératif d’augmenter le nombre de femmes dans les missions de maintien de la paix et a fait part de son ferme appui à la « Stratégie sur la parité des genres applicable au personnel en tenue ». Il a constaté que de nombreux obstacles entravent la pleine mise en œuvre de la résolution 1325 et expliqué que son pays a triplé le nombre de femmes en uniforme, ce qui présage bien de la parité dans les troupes de l’ONU. Le représentant a insisté sur l’importance de sensibiliser l’ensemble des Casques bleus à la question du genre, jugeant impératif d’offrir des formations de prédéploiement, en particulier sur la violence sexuelle et l’exploitation et les abus sexuels. M. Jürgenson a remercié la Canada pour avoir lancé l’Initiative Elsie, y voyant la voie à suivre pour atteindre les objectifs établis sur la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix.
M. MALEEHA LODHI (Pakistan) a rappelé que son pays est l’un des plus important pays contributeur de troupes et qu’il a toujours plaidé pour l’intégration d’une perspective sexospécifique dans le maintien de la paix. Il s’est enorgueilli de ce que la Pakistanaise Shahzadi Gulfam ait reçu le premier Prix international des policières du maintien de la paix de l’ONU en 2011. Le Pakistan a également mis sur pied le Centre pour la paix et la stabilité internationales qui aide les Casques bleus à répondre et à protéger les civils de la violence sexiste. Le représentant a milité pour l’augmentation du nombre des femmes Casques bleus mais aussi dans la médiation. Il a jugé utile d’offrir des incitations comme des allocations supplémentaires, des cycles de rotation plus courts, des centres de soins mieux adaptés, de meilleurs hébergements et de meilleurs moyens de communication avec la famille restée au pays. M. Lodhi a fait observer que c’est à chaque État qu’il revient de veiller à la sécurité et au respect des droits des femmes. Il a appelé la communauté internationale à leur fournir un appui dans ce domaine. La politique de tolérance zéro à l’égard de l’exploitation et des abus sexuels doit être mise en œuvre pour promouvoir le déploiement des femmes Casques bleus.
M. GERTON VAN DER AKKER, représentant de l’Union européenne (UE), a déclaré que l’UE accueillait très favorablement la Stratégie du Secrétaire général sur la parité des sexes applicable au personnel en tenue 2018-2028, son initiative « Action pour le maintien de la paix », ainsi que l’adoption par le Département des opérations de maintien de la paix et le Département de l’appui aux missions d’une politique concernant la problématique femmes-hommes dans les opérations de maintien de la paix à l’ONU. Selon lui, ces différents efforts ont déjà porté leurs fruits, comme en témoigne la nomination de la première commandante d’une mission, à la tête de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP).
Toutefois, le représentant a constaté les retards encourus quant à la réalisation des objectifs de la réunion ministérielle sur le maintien de la paix de 2016. À titre d’exemple, a-t-il précisé, l’objectif de 15% d’observatrices militaires et d’officiers femmes fixés à Londres n’a pas été atteint. De même, moins de 5% des soldats de la paix et moins de 8% des unités de police déployés sont des femmes. Le représentant a dit que l’UE était confrontée à des difficultés similaires, alors que 30% de son personnel civil dans les missions de l’UE sont des femmes et seulement 5% des opérations militaires de l’Union.
Pour M. Van Der Akker, la responsabilité première pour surmonter ces difficultés incombe aux pays fournisseurs de contingents. Il a toutefois indiqué que l’UE s’efforçait de faire de la question une priorité, notamment par le biais d’initiatives visant à améliorer la coopération entre les pays membres de l’UE et les pays fournisseurs de contingents. Au niveau de l’Organisation, le représentant a estimé que des unités genre et des conseillers en la matière devaient être déployés dans toutes les missions de l’ONU. Des activités de formation doivent également être dispensées pour faire en sorte que le théâtre des opérations soit plus propice aux femmes et réduire les violences et atteintes sexuelles et sexistes. Enfin, le représentant a appelé à renforcer la collecte des données pour assurer la surveillance du déploiement des femmes dans toutes les missions de l’ONU.
M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a indiqué que son gouvernement vient d’adopter son troisième plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325. Ce nouveau plan met l’accent sur la participation de la société civile, la protection des droits des femmes et de filles, la pénalisation de la violence sexuelle et la participation des femmes et des filles à la prévention des conflits et à la consolidation de la paix. Il a toutefois déploré que malgré les progrès réalisés depuis l’adoption de la résolution 1325, l’intégration d’une perspective sexospécifique dans les opérations de maintien de la paix demeure insuffisante. Il a salué le lancement d’« Action pour le maintien de la paix » et de la « Stratégie sur la parité des genres applicables au personnel en tenue ». Le Portugal, a-t-il dit, est disposé à organiser des cours de formations. Il déploie déjà pour la première fois des femmes dans des opérations de combat.
Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a déclaré que les soldates de la paix doivent être formées pour faire face aux situations les plus dangereuses même si la question de leur capacité à s’acquitter des mêmes tâches que les hommes n’est pas remise en cause. Tous les postes dans les Forces de défense irlandaises sont ouverts aux hommes et aux femmes, a-t-elle indiqué. La représentante a estimé que faire des changements positifs et pratiques pour augmenter le nombre de femmes dans les missions de maintien de la paix est essentiel. Toutefois, nous reconnaissons que ce n’est pas une panacée pour résoudre les inégalités dans ces missions. « Nous ne pouvons pas simplement ajouter des femmes et dire que ça ira. » Il faut vraiment un changement culturel et structurel dans les organisations et les institutions de sécurité, a insisté Mme Byrne Nason. En termes concrets, les Forces de défense de l’Irlande ont déployé des conseillers pour les questions de genre dans tous les états-majors. « Nous avons des points focaux y compris dans les missions à l’extérieur. Nous avons aussi mis en œuvre des politiques favorables aux familles notamment la réduction du temps de déploiement à l’extérieur. Ces mesures profitent aussi bien aux femmes qu’aux hommes. »
Mme FATIMA KYARI MOHAMMED, Union africaine, a d’abord souligné qu’au 31 décembre 2018, 18 États africains étaient classés dans le top 30 des pays contributeurs de troupes aux opérations de l’ONU et que près de 50% du personnel de l’ONU en uniforme est africain tout comme 63,4% des femmes déployées. À la suite des missions d’établissement des faits menées en 2017 et en 2018 par l’Union africaine et les Nations Unies sur les « femmes, la paix et la sécurité », le leadership de l’Union africaine a appelé tous les acteurs à intensifier leurs efforts pour que les femmes deviennent des acteurs à part entière sur le terrain. Quand les femmes sont poussées à la marge des processus de paix, c’est la viabilité des accords qui est en jeu. L’Union africaine, a poursuivi la représentante, a lancé le Réseau des femmes dans la médiation, « Femwise-Africa » et a coopéré avec l’ONU pour l’opérationnalisation du Réseau africain des femmes leaders. À ce jour, le continent compte 25 pays qui se sont dotés d’un plan d’action national sur les femmes la paix et la sécurité. L’Union africaine a aussi adopté un code de conduite et aune politique de tolérance zéro contre l’exploitation et les abus sexuels commis par des Casques bleus. Dans sa Mission en Somalie, l’Union africaine s’attaque aux obstacles à une plus grande présence dans les opérations de paix et travaille à la mise en place d’un environnement plus équilibré et plus accueillant pour elles.
M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) a exhorté à placer la parité des sexes en tête des priorités de l’ONU tel qu’envisagé par le Secrétaire général. Le changement transformateur dans les trois piliers de l’Organisation devrait être réalisé de façon à faire des femmes des catalyseurs du progrès. C’est dans ce cas seulement que le maintien de la paix continuera d’être un moyen important de prévention et de résolution, a estimé le représentant. « Nous devons travailler sans relâche si nous voulons accroître le nombre des femmes dans les contingents militaires et de police avant 2020. Cela signifie que nous devons encourager les femmes à intégrer les forces armées. » Les femmes doivent être autonomisées non seulement dans les opérations de maintien de la paix mais même dans la vie de tous les jours par le biais d’investissements dans le développement, leur éducation, les opportunités économiques et la formation au leadership. Le représentant a tenu à démentir la croyance selon laquelle la présence de femmes dans les missions de paix affaiblira la cohésion et l’efficacité. Au contraire, il a été prouvé que « la présence des soldates de la paix améliore la performance et aide les commandants à s’acquitter de leurs mandats ».
M. OMAR KADIRI (Maroc) s’est dit conscient de l’importance et de la nécessité de renforcer la présence des femmes au sein des opérations de maintien de la paix. À cette fin, le Maroc a déployé des efforts « considérables » en vue d’atteindre l’objectif 15% d’officiers d’état-major femmes déployées au sein des missions de l’ONU, seuil qu’il est parvenu à atteindre. Le pays s’apprête à augmenter de manière significative sa contribution féminine en matière de personnel médical, d’observatrices militaires et d’officiers femmes au sein des Groupe de la coopération entre civils et militaires. Dans cette optique, le représentant a notamment indiqué que son pays a déployé un module entièrement féminin au sein des forces de déploiement rapide de la Mission en République démocratique du Congo (MONUSCO). Le Maroc contribuera également pour la première fois à la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), avec le déploiement d’une observatrice militaire.
Le représentant a par ailleurs salué le lancement par le Secrétaire général de la Stratégie sur la parité des sexes applicable au personnel en tenue, qui propose un taux de participation des femmes de 25% pour les officiers d’états-majors et les observatrices militaires et de 15% pour les contingents. Rappelant les conséquences positives de la participation des femmes au maintien de la paix, le représentant a appelé l’ONU et les États à multiplier les initiatives pour la renforcer, y compris en prévoyant davantage de modules de formation spécifiquement dédiés aux femmes et en favorisant les candidatures féminines aux postes à caractère civil. En matière de prévention des conflits, il a soutenu la pleine participation des femmes dans les processus de médiation, comme c’est notamment le cas dans la médiation entre le Maroc et l’Espagne en Méditerranée.
M. ARIEL RODELAS PENARANDA (Philippines) a indiqué que plus de 50% du total des contingents philippins dans les six missions de maintien de la paix sont des femmes. Depuis le lancement en 2017 du deuxième cycle du Plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité, le pays a réalisé les trois étapes importantes suivantes: autonomisation et participation, protection et prévention, et promotion et intégration. Les Philippines sont l’un des premiers pays à élaborer et mettre en œuvre un plan d’action régional conformément à la résolution 1325 (2000). Le représentant a fait part des contributions de son pays dans ce domaine notamment l’adoption de la loi sur le quota des femmes au Parlement et au Gouvernement. Les Philippines comptent organiser un forum sur les femmes, la paix et la sécurité pour familiariser le secteur de la sécurité avec l’impact et la signification de la participation des femmes aux missions de maintien de la paix dans le monde.
M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a déclaré qu’en dépit de l’évidence que l’inclusion améliore l’efficacité et l’efficience du maintien de la paix, les femmes restent sous-représentées, en particulier parmi le personnel en uniforme. Nous pouvons améliorer la situation si nous utilisons à bon escient les données. Le Secrétaire général devrait toujours fonder les recommandations qu’il fait au Conseil sur la perspective genre, a dit le représentant qui a insisté sur la formation, le mentorat ou encore le soutien au leadership des femmes. Il a prôné la pleine application de la politique de tolérance zéro pour les cas d’exploitation et d’abus sexuels commis par les Casques bleus et comme ce sont les pays eux-mêmes qui assument la responsabilité première dans l’agenda « femmes, paix et sécurité », il leur revient de lever les obstacles à la participation des femmes dans les opérations de paix, a-t-il souligné.
Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA (Saint Siège) a indiqué que les femmes qui participent aux opérations de maintien de la paix apportent, dans leurs fonctions, une sensibilité toute particulière qui leur permet d’interagir de manière plus efficace avec les populations locales, de mieux évaluer les besoins en permettant aux femmes, filles et garçons d’exprimer leurs préoccupations et de galvaniser les efforts locaux en faveur de la paix et du développement. L’observateur a aussi parlé des femmes qui vivent dans des zones de conflit, évoquant leur rôle essentiel pour renforcer la confiance et faciliter la réconciliation. Il a constaté que dans les situations de crise, le leadership féminin est souvent trouvé dans les communautés confessionnelles, affirmant qu’en raison de leur ouverture à « l’Autre », leur conviction religieuse et leurs valeurs, elles excellent dans le dialogue, la collaboration et la non-violence. Il a jugé important de consolider les efforts de ces communautés, notamment dans les régions où la religion est manipulée pour inciter à la division ou empêcher l’enracinement des processus de paix. Il a milité pour une pleine mise en œuvre de l’agenda « femmes, paix et sécurité ».
M. SATYENDRA PRASAD (Fidji) a assuré que son gouvernement cherche à autonomiser les femmes dans tous les secteurs de la société. Ainsi le Parlement compte-t-il 20% de femmes. Les soldats de la paix fidjiens ont servi au Kosovo, en Namibie, en Afghanistan, au Koweït, au Timor-Leste, en Somalie, en Iraq, en Syrie, au Liban, en Égypte, au Soudan, aux Îles Salomon ou au Soudan du Sud et ont perdu 59 des leurs. « Nous savons, a dit le représentant, que lorsque les soldats de la paix entretiennent un rapport positif avec les communautés, ils renforcent les perspectives de réconciliation ». Nous savons que les femmes soldates savent mieux apaiser les tensions aux points de contrôle, qu’elles sont mieux à même de comprendre les dimensions cachées des conflits, qu’elles peuvent jouer un rôle important dans les unités médicales ou qu’elles savent mieux identifier les signes de violence sexuelle. M. Prasad a indiqué que 21% de ses officiers d’état-major, 9,1% de son personnel militaire, et 51% de ses officiers de police dans les opérations de paix de l’ONU sont des femmes. En partenariat avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande, Fidji s’est engagée à renforcer cet effort.
Mme NOA FURMAN (Israël) a reconnu la nécessité d’incorporer plus de femmes dans les missions de maintien de la paix. Elle s’est dit ravie de voir que les graines plantées il y a 19 ans par la résolution 1325 (2000) commencent à porter des fruits. De plus en plus de femmes assument des responsabilités managériales aux Nations Unies et leur nombre dans le maintien de la paix a doublé. Toutefois, en dépit de ces avancées, le chemin à parcourir est encore long. Comme « composante majeure » d’une meilleure participation des femmes aux opérations de maintien de la paix, la représentante a cité l’adéquation de l’environnement et des installations. Si nous voulons plus de femmes, nous devons créer un environnement inclusif, en assurant la sûreté dans les camps et les installations et services nécessaires comme des soins de santé adaptés. Pour accroître le nombre de femmes dans les postes de direction à l’ONU, il faut ajuster les conditions de travail et les services offerts.
M. MHER MARGARYAN (Arménie) s’est dit convaincu que le maintien de la paix est le plus efficace quand les femmes participent aux processus de règlement des conflits et aux missions de l’ONU. À la veille du vingtième anniversaire de la résolution 1325, le représentant a indiqué que son pays est plus que jamais déterminé à mettre en œuvre les objectifs fixés. Il a salué dans ce cadre la Stratégie sur la parité des sexes applicable au personnel en tenue, avant d’indiquer que son pays s’est doté l’an dernier d’un plan d’action sur la diffusion transversale de la résolution 1325 qui fait de la carrière militaire des femmes une priorité. L’Arménie a également déployé des soldates de la paix dans plusieurs opérations de la paix onusiennes et devrait renforcer encore davantage ses effectifs féminins au prochain cycle de rotation de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), afin d’atteindre l’objectif de 15%.
M. GEORG HELMUT ERNST SPARBER (Liechtenstein) a souhaité une augmentation rapide de la participation des femmes à toutes les activités des opérations de maintien de la paix de l’ONU, et à tous les stades du conflit. Les soldates de la paix améliorent l’efficacité, l’accessibilité et la crédibilité des missions, a-t-il fait valoir. Elles aident à renforcer les liens avec les communautés, ce qui contribue à une résolution plus rapide des différends et permet aux missions de s’acquitter de leurs mandats, y compris la protection des civils. Ces soldates, a poursuivi M. Sparber, ont accès aux femmes dans les conflits; elles servent d’exemple pour autonomiser les femmes et les filles. Leur participation contribue à la réalisation des objectifs 5 sur l’égalité des sexes et 16 sur l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous aux fins du développement durable. Le représentant a en outre souhaité que les opérations de maintien de la paix assurent un meilleur suivi avec les femmes qui sont de retour pour tirer parti de leur expérience.
Dans les situations de conflit, a fait observer M. ION JINGA (Roumanie), il est toujours difficile pour les soldats de la paix de nouer des liens de confiance avec les femmes et les enfants victimes de violence. C’est là que les soldates peuvent combler les lacunes et cette faculté est essentielle pour exécuter les mandats. Le représentant a donné l’exemple de son pays qui a déployé en Afghanistan des « équipes féminines d’engagement » qui ont réussi à interagir avec les Afghanes et à établir des relations de confiance dans un environnement pourtant complexe. Il faut aussi plus de femmes aux postes de commandement, a poursuivi le représentant, qui s’est dit fier qu’une femme, officier de police roumaine, ait reçu le titre de policière internationale en 2015. Quand elle était Présidente de la Commission de consolidation de la paix, la Roumanie, a indiqué le représentant, avait inscrit à l’ordre du jour la question du financement de la dimension genre dans la consolidation de la paix.
Le représentant a ajouté que lors de sa visite dans les régions du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, l’année dernière, il a compris pourquoi les femmes doivent être intégrées à tous les processus de paix et pourquoi leur participation à tous les niveaux de la société est « essentielle » pour une paix durable. S’agissant du déploiement, la Roumanie a déjà dépassé en 2019 l’objectif de 16% puisque les femmes observatrices et officiers roumains représentent 17% des contingents contre une moyenne de 13%. Le pays a aussi créé une équipe mobile de formation sur l’intégration de la dimension genre dans les secteurs de la sécurité et de la défense et son Ministère de la défense a adopté un plan d’action sur l’agenda « femmes, paix et sécurité » applicable jusqu’en 2024.
Au nom du Mouvement des non-alignés, M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) a souhaité rappeler la position du Mouvement en matière de maintien de la paix, telle qu’ils l’ont à nouveau énoncée lors de la vingt-huitième conférence ministérielle sur le maintien de la paix d’avril 2018. À cette occasion, le Mouvement des non-alignés a réaffirmé l’importance du respect des principes de souveraineté et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États. « Le respect de ces principes est fondamental », a insisté le représentant. Tout en reconnaissant que les opérations de maintien de la paix ont été un outil essentiel dans la promotion de la paix mondiale, le représentant a estimé que la mise en œuvre de toutes ces missions devait s’accompagner d’un « processus politique plus large », basé sur le consensus de la communauté internationale et le consentement des parties. Les opérations de maintien de la paix ne doivent pas été considérées comme une alternative pour gérer les conflits, a-t-il insisté.
Cela étant dit, le représentant s’est félicité de l’adoption par le Secrétaire général de sa Stratégie sur la parité des sexes applicable au personnel en tenue. À l’aube du vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, il a réaffirmé l’engagement du Mouvement à accroître la participation des femmes à toutes les étapes des processus de paix.
M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a dit que son pays a déployé plus de 1 600 soldates de la paix dans les missions depuis 2010. Nous envoyons 150 à 200 Casques bleus femmes chaque année. Pour atteindre l’objectif de 15%, nous avons pris toutes les mesures possibles notamment le déploiement de 14 femmes officiers comme responsables des opérations et de la liaison sur les 22 requises. Sur le plan national, a poursuivi le représentant, le pays est en train d’élaborer son plan d’action sur les femmes, la paix et la sécurité. Pour encourager l’entrée des femmes dans les forces armées, les obstacles sont levés et la décision a été prise d’affecter les époux dans la même région et d’assurer une meilleure prise en charge des enfants. Les plus méritantes ont reçu les plus hautes distinctions. Conscient de l’obstacle que constituent les violations et les abus sexuels, le Bangladesh appuie la politique de tolérance zéro du Secrétaire général et sa Première Ministre est membre du Cercle des dirigeants sur la prévention et la réaction aux cas d’exploitations et d’abus sexuels commis par les Casques bleus.
M. ALEX GIACOMELLI DA SILVA (Brésil) a souligné que le renforcement de la présence des femmes dans le maintien de paix est un engagement à long terme pour son pays. Mais des progrès ont déjà été accomplis depuis le lancement il y a deux ans du Plan d’action national. En 2017, l’Académie militaire a admis pour la première fois 30 femmes dans les cours de formation au combat. En 2019, la marine a commencé à accueillir des candidates dans les positions de combat. Quant aux troupes déployées dans les opérations de l’ONU, le Brésil n’est pas loin de l’objectif de 15% et de 12% pour les soldats et les officiers. Le représentant s’est félicité de la Stratégie sur la parité des genres applicable au personnel en tenue et il n’a pas manqué de saluer sa compatriote, le commandant Maria Andrade Braga, officier de marine, qui travaille actuellement à la Mission en République centrafricaine comme conseillère genre et qui a reçu le Prix du Casque bleu pour l’égalité des sexes.
M. SOVANN KE (Cambodge) a indiqué qu’à ce jour, son pays a déployé plus de 800 Casques bleus dans différentes opérations de l’ONU. Considérant que les femmes sont les forces motrices de la culture de paix, le pays s’est engagé à augmenter leur nombre dans les personnel civil et militaire à tous les niveaux pour non seulement assurer la parité mais aussi pour améliorer l’efficacité des missions et promouvoir la stabilité dans les populations affectées. La présence des femmes peut réduire les risques d’exploitation et d’abus sexuels, améliorer les politiques, contribuer à une meilleure collecte des informations et améliorer la capacité des missions de régler les différends entre les populations locales. En conséquence, le Cambodge compte 42 femmes en uniforme dans 22 différentes missions de l’ONU et est déterminée à hisser le taux à 20% de ses effectifs. Pour ce faire, a dit le représentant, nous avons besoins d’assistance financière et technique.
Mme MILICA PEJANOVIĆ ĐURIŠIĆ (Monténégro) a indiqué que le nombre des femmes dans les forces armées monténégrines est passé de 8,69% en 2011 à 10,62% en 2019. Sept femmes ont participé à la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) en Afghanistan. Le nombre est toujours insuffisant mais les progrès reflètent l’engagement clair du pays à réaliser les aspirations communes dont celles de la Stratégie sur la parité des genres applicable au personnel en tenue. En juin 2018, le Ministre de la défense a adopté des directives sur l’augmentation du nombre des femmes dans l’armée et au niveau régional, avec la Bosnie-Herzégovine et la République de Macédoine du Nord, le Monténégro participe à la mise en œuvre du projet sur le renforcement de la coopération dans l’intégration de la perspective genre dans le secteur de la sécurité des Balkans occidentaux. Conformément au Plan à long terme du développement du secteur de la défense, le Monténégro compte attirer plus de jeunes femmes dans l’armée. Il est déjà à l’étape finale du second Plan d’action quadriennal sur la mise en œuvre de la résolution 1325.
Les études ont montré, a affirmé M. RAI (Népal) que les femmes sont bien efficaces que les hommes pour désamorcer les tensions et établir des liens de confiance avec les communautés locales. Il va sans dire que leur participation contribue aussi à prévenir et à combattre l’exploitation et les abus sexuels. Toutes ces ramifications positives ne peuvent que contribuer à une bonne mise en œuvre des mandats. Les femmes, a poursuivi le représentant, sont aussi des « faiseuses de paix » efficaces. Il a expliqué qu’en 2011, le Népal a adopté son premier Plan quinquennal sur la mise en œuvre des résolutions 1325 (2000) et 1820 (2008). Il a été le premier pays d’Asie du sud et le second d’Asie à le faire et le deuxième Plan est d’ailleurs en cours d’élaboration. Des arrangements constitutionnels et juridiques ont été faits pour encourager le recrutement des femmes dans les forces armées, outre le fait que 33% des postes dans tout le secteur public leur sont réservés.
Le Népal a déjà réalisé les objectifs fixés pour les femmes officiers, observateurs militaires et policiers dans les opérations de maintien de la paix. Il a commencé à intégrer les équipes d’engagement de 30 à 35 soldates de la paix dans ses bataillons. Le représentant a conclu en félicitant le Canada pour l’initiative Elsie. Il a insisté sur la sûreté, la sécurité et la dignité des soldates de la paix qui doivent jouir d’un environnement de travail « encourageant » et de périodes de déploiement plus courtes. Il a aussi insisté sur l’intégration de la perspective genre dans toutes les opérations de paix.
M. TAYE ATSKESELASSIE AMDE (Éthiopie) a rappelé que son pays a accueilli avec le Canada la réunion préparatoire de la réunion ministérielle sur les femmes, la paix et la sécurité en janvier dernier qui a attiré l’attention des ministres de la défense du monde sur la nécessité de mettre en place des mesures concrètes pour améliorer l’agenda femmes, paix et sécurité. « La pleine participation des femmes est essentielle à la performance du maintien de la paix », a assuré le représentant. Cela a été prouvé par les 800 soldates de la paix éthiopiennes déployées dans la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie. « Nous partageons la vue selon laquelle la paix et la stabilité durables dépendent d’une communauté internationale qui garantit que les femmes bénéficient de l’égalité des chances dans leur participation, y compris dans les processus de prise de décisions », a ajouté M. Aske-Selasie. C’est la raison pour laquelle l’Éthiopie s’efforce d’intégrer la parité des sexes au sein de son personnel en uniforme pour s’aligner avec la stratégie de l’ONU visant 15% de femmes dans les contingents militaires et 20% dans la police.
M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya) a constaté qu’un pays ne peut déployer pour soutenir les opérations de paix que les femmes qui sont disponibles dans ses rangs et que cela est compliqué encore par la durée du déploiement compte tenu des responsabilités familiales qu’elles assument. Le représentant a recommandé quelques mesures pour relever le défi des femmes dans le maintien de la paix. Ainsi les gouvernements devraient-ils être encouragés à intégrer la perspective de genre dans leurs institutions nationales de sécurité afin de créer un vivier dans lequel puissent être recrutées les soldates de la paix. La formation sur le genre est essentielle pour améliorer la préparation et l’efficacité des Casques bleus femmes. Leur déploiement devrait être plus court dans le temps et attentif aux différences culturelles dans les missions. Pour sa part, s’est félicité M. Amayo, le Kenya a dépassé le seuil de participation de 15% recommandé pour les missions de maintien de la paix avec un taux de 19%.
M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a estimé que le succès de la Stratégie du Secrétaire général sur la parité des sexes pour le personnel en uniforme dépend de la pleine implication des États Membres, d’où la nécessité de favoriser un dialogue constant entre le Secrétariat et les pays contributeurs dont les politiques genre ont enregistré des progrès assez variables. Une telle approche aura le mérite de permettre à l’ONU de continuer à accompagner ces pays, tout en fixant des objectifs réalistes et réalisables en la matière. Au Sénégal, a expliqué le représentant, l’intégration des femmes dans les forces de défense et de sécurité est relativement récente. En outre, le pays est « totalement en phase » avec la politique de tolérance zéro sur l’exploitation et les abus sexuels et il reste convaincu qu’une présence accrue des femmes dans les opérations de maintien de la paix contribue à une meilleure prise en charge des victimes.
Le Gouvernement sénégalais a mis en place une politique nationale d’intégration des femmes dans les forces de défense et de sécurité, reposant sur un cadre attractif, sous-tendu par des campagnes de sensibilisation qui mettent en valeur la femme en uniforme, « pour contribuer à briser certaines barrières socioculturelles ». La nomination d’une femme commissaire à la tête de la police nationale, en 2013, a été un signal fort, s’est félicité le délégué. La Stratégie sectorielle genre 2012-2022 vise également à atteindre 10% de femmes dans les effectifs des forces armées, par la création de conditions favorables à l’intégration, l’avancement et l’épanouissement socioprofessionnel des femmes.
M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Équateur) a indiqué que son gouvernement appuie de manière active la participation des femmes aux forces armées et de police et s’est doté d’une politique pour augmenter leur nombre. Il a passé en revue plusieurs des mesures lancées pour appuyer l’autonomisation des femmes en général, citant notamment l’adoption en février 2018 d’une loi organique sur la prévention et l’élimination de la violence faite aux femmes. Le représentant a indiqué que le nombre de femmes au sein des forces armées était passé de 1,1% en 2009 à 3,5% en 2018, se félicitant en outre de la contribution des femmes observateurs à la Mission des Nations Unies au Sahara occidental.
Soulignant le rôle bénéfique d’une participation accrue des femmes aux opérations de maintien de la paix, M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a précisé que 25 Salvadoriennes étaient actuellement déployées dans le cadre d’opération de l’ONU, soit 8,71% des 287 soldats de la paix et policiers du pays participant à sept missions onusiennes. Le représentant a indiqué qu’El Salvador redoublait d’efforts pour atteindre les objectifs fixés de 15% de participation des femmes aux opérations de maintien de la paix, « pas seulement parce que l’ONU le demande, mais parce que nous sommes convaincus que c’est la bonne chose à faire ». Dans ce cadre, le représentant s’est félicité de l’Initiative Elsie pour la participation des femmes aux opérations de paix. Toutefois, il a dit partager les craintes exprimées par le Secrétaire général dans son rapport d’octobre dernier, concernant une possible diminution des effectifs féminins déployés dans le cadre d’opérations de maintien de la paix dans les années à venir. Il a appelé à approfondir encore davantage les analyses sur cette future tendance et les solutions pour s’en prémunir.
Les femmes représentent près de la moitié de la population mondiale et pourtant elles ne représentent que 4% du personnel militaire et 10% du personnel de police des opérations de paix de l’ONU, s’est étonnée Mme GILLIAN BIRD (Australie), ajoutant que cette situation met à mal les objectifs de l’Organisation en matière de rapprochement avec les communautés locales, de compréhension globale de la situation sur le terrain et de protection dans le cadre des missions de paix. La représentante a salué l’adoption par le Secrétaire général de la Stratégie sur la parité des sexes applicable au personnel en tenue. Elle a insisté sur la nécessité de nommer davantage de femmes à des postes de leadership, comme cela s’est produit en janvier dernier, lorsque la première commandante d’une force de l’histoire de l’Organisation a pris la tête de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP). « Mais attendre 70 ans pour franchir cette étape importante est beaucoup trop long », a regretté Mme Bird.
Pour la représentante, le principal facteur de sous-représentation des femmes dans les opérations de maintien de la paix est leur sous-représentation dans les armées nationales. Elle a par conséquent appelé les États Membres à promouvoir davantage le recrutement des femmes dans leurs forces armées. « Ce n’est pas qu’une question de statistique, mais également de changement culturel et organisationnel », a-t-elle estimé.
M. BACHIR SALEH AZZAM (Liban) a déclaré avoir été l’un des premiers pays à soutenir la Stratégie du Secrétaire général sur la parité des sexes applicable au personnel en tenue. Il a rappelé les données publiées il y a quelques mois concernant la participation des femmes dans le maintien de la paix, à savoir 4% au niveau des effectifs militaires, 10% dans les unités de police et 28% pour le personnel civil. « Ces chiffres reflètent le fossé profond en matière de représentation des femmes dans les processus de paix », a déploré le représentant, jugeant que l’instauration de la parité entre hommes et femmes serait la « victoire d’un droit inaliénable pour la moitié de la société humaine ». À ses yeux, ce « principe indiscutable » est également un besoin pour les opérations de l’ONU, dans la mesure où les femmes apportent des « avantages considérables » au maintien de la paix. Le représentant a par ailleurs salué les soldates de la paix déployées dans son pays au sein de la Force des Nations Unies au Liban, dont le taux a récemment augmenté à plus de 5%. « Néanmoins, le taux actuel demeure bien inférieur à nos aspirations », a-t-il dit, appelant à redresser le déséquilibre actuel.
M. MOHAMED OMAR MOHAMED GAD (Égypte) a souligné que la Feuille de route du Caire sur la question des femmes dans le maintien de la paix est partiellement fondée sur le document final de la conférence régionale de haut niveau sur le renforcement des opérations de maintien de la paix. Elle vise à renforcer la réforme en cours en présentant des recommandations concrètes et pratiques pour la mise en œuvre de l’Action pour le maintien de la paix. Les recommandations prennent en compte l’objectif du Secrétaire général d’améliorer l’efficacité du maintien de la paix. En ce qui le concerne, le délégué a réitéré que l’Égypte vise un taux de 10% de femmes dans ses unités de police de maintien de la paix. Dix femmes sont désormais intégrées dans chaque unité de police déployée. Il est nécessaire que les États Membres et le Secrétariat adoptent des stratégies concrètes et des mesures d’encouragement pour appuyer le déploiement accru des soldates de la paix et des policières, y compris dans le commandement.