De retour du Mali et du Burkina Faso, une délégation du Conseil de sécurité dresse un bilan de la situation sécuritaire au Sahel
Tout juste de retour du Mali et du Burkina Faso, les délégations de la France, de l’Allemagne et de la Côte d’Ivoire ont, ce matin, informé les membres du Conseil de sécurité de leurs activités dans ces deux pays, où ils ont conjointement dirigé une mission entre le 21 et le 26 mars.
Le représentant de la France, pays qui préside les travaux du Conseil ce mois-ci, a rappelé le triple objectif de cette mission. Premièrement, témoigner un soutien à la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation de 2015 au Mali. Deuxièmement, évaluer l’état d’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S). Troisièmement, mesurer la détérioration de la situation sécuritaire au Burkina Faso.
Lors de son premier segment, au Mali, la mission du Conseil a expliqué que la visite avait permis aux trois délégations de s’entretenir avec le Président du pays, M. Ibrahim Boubacar Keïta, son Premier Ministre, ainsi que des membres du gouvernement et des membres de la société civile. Tous ont souligné le rôle crucial joué par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), dont les activités seront examinées lors d’une séance du Conseil le 29 mars.
Pour sa part, le Conseil a insisté sur la nécessité d’accélérer et de donner la priorité à la mise en œuvre de l’Accord de paix, ainsi qu’à la nécessité de briser le cycle de la violence qui sévit dans le centre du Mali depuis plusieurs mois maintenant. Les membres du Conseil ont également encouragé la MINUSMA à poursuivre sa mission de protection des civils et à soutenir les efforts du Gouvernement sur le plan sécuritaire, a ajouté le délégué français.
Quant à la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S), son commandant, le général Hanana Ould Sidi, le Secrétaire permanent du G5 Sahel, M. Mamane Sidikou, ainsi que les Ministres des affaires étrangères du Burkina Faso et du Mali ont informé les membres du Conseil des efforts déployés pour l’opérationnaliser. « La Force conjointe a pu mener trois opérations depuis le début de l’année 2019, malgré les retards imputables à l’attaque terroriste contre le quartier-général du G5 Sahel à Sévaré, perpétrée en juin 2018 », a précisé le représentant de la Côte d’Ivoire.
Les interlocuteurs du Conseil ont cependant fait ressortir, a-t-il ajouté, les difficultés liées aux dispositions de l’accord technique, en particulier des contraintes territoriales du soutien que la MINUSMA peut fournir à la Force conjointe. « En conséquence, seuls deux des sept bataillons de la Force conjointe opérant sur le territoire malien peuvent en bénéficier », a précisé le représentant ivoirien, en recommandant une révision de l’accord technique, afin de mieux l’adapter aux réalités du terrain, afin de renforcer l’efficacité de la Force conjointe.
Rendu à Ouagadougou, le Conseil a eu une séance de travail avec les membres du Gouvernement burkinabé, qui ont exposé leurs priorités dans le cadre des activités censées impulser le développement économique et social dans l’espace géographique du G5 Sahel. À cette occasion, les responsables gouvernementaux ont informé les membres de la délégation de leur volonté de veiller au respect des droits de l’homme et de conduire des enquêtes sur des violations présumées commises par les forces de défense et de sécurité.
Devant les « informations accablantes » portées à sa connaissance, le représentant de l’Allemagne a indiqué que le « message, c’est que le combat doit être mené dans le respect des droits de l’homme ».