Comité spécial du maintien de la paix: sécurité et performance du personnel déployé sur le terrain au cœur des débats
Au premier jour de la session de 2019 du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, la première depuis la mise en place de la nouvelle architecture de la paix des Nations Unies et de ses trois départements phares, les délégations se sont surtout attardées sur la sécurité et la performance des quelque 100 000 hommes et femmes déployés sous la bannière des Nations Unies dans les différentes zones de conflit.
Avant cela, elles ont salué l’initiative, une nouvelle fois, « Action pour le maintien de la paix » lancée en mars 2018 par le Secrétaire général et la « Déclaration d’engagements communs » qui a suivi, totalisant à ce jour 151 adhésions. Les engagements portent sur sept domaines: promouvoir des solutions politiques aux conflits et amplifier les effets politiques du maintien de la paix; renforcer la protection assurée par les opérations de maintien de la paix; renforcer la sûreté et la sécurité du personnel de maintien de la paix; appuyer la bonne performance de toutes les composantes du maintien de la paix et le respect du principe de responsabilité; renforcer les effets du maintien de la paix sur la pérennisation de la paix; améliorer les partenariats relatifs au maintien de la paix; et renforcer la conduite des opérations et du personnel de maintien de la paix.
Du côté de l’ONU, trois nouveaux Départements vont y contribuer, celui des opérations de paix, de l’appui opérationnel, et des stratégies et politiques de gestion et de la conformité. Ces trois Départements, a indiqué le Sous-Secrétaire général à celui des opérations de paix, travaillent ensemble pour assurer coordination et appui aux missions sur le terrain. Mon Département, a indiqué la Secrétaire générale adjointe aux stratégies et politiques de gestion et à la conformité, s’est fixé comme objectif de répondre aux exigences spécifiques de chaque mission et d’assurer le bien-être du personnel, en particulier dans les environnements à haut risque. Le Comité spécial doit réfléchir aux moyens d’améliorer la sécurité du personnel, a pressé le Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel.
La sécurité du personnel a été particulièrement défendue par les pays contributeurs de troupes et de personnel de police. Après la mort de 15 Casques bleus au Mali et à Abyei, pour lesquels le Comité spécial a observé une minute de silence, les délégations ont insisté sur des mandats, clairs, réalistes et réalisables dotés des moyens adéquats et sur une bonne formation du personnel des missions, comprenant, a précisé la Suisse, la collecte d’informations, une sensibilisation à la perception des troupes par les populations locales ainsi que des informations spécifiques à la région de déploiement. L’Union européenne a conseillé un recours plus systématique aux technologies modernes et aux capacités de renseignement des opérations. Beaucoup ont appelé à la pleine application des recommandations contenues dans le « rapport Cruz » et insisté sur des consultations entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes, car comme l’a dit le Mouvement des pays non alignés, « les bottes qui parcourent le terrain sont les garants du succès et leur avis est nécessaire ».
Le Mouvement a en effet réclamé un rôle plus actif dans l’élaboration des mandats, étant donné que les 10 premiers pays contributeurs de troupes et de personnel de police font partie de ses membres tout comme 19 des 20 premiers et 27 des 30 premiers. À ce propos, il a estimé que toute restriction, notification, condition ou limite qui a un impact direct sur la mise en œuvre du mandat et la faculté du commandant de la force à déployer des Casques bleus doit entrer dans la catégorie des « réserves », lesquelles sont préjudiciables à la sûreté et à la sécurité du personnel de maintien de la paix.
La question des « réserves » pose celle de la performance des missions, a estimé le Mouvement des pays non alignés. Parler de performance opérationnelle, a professé la France, c’est parler de la qualité des hommes et des femmes déployés sur le terrain, mais aussi du principe de responsabilité et des moyens de la mesurer, et de l’amélioration de la planification intégrée et de la prise de décisions au sein des missions. La résolution 2436 (2018) du Conseil de sécurité, ont ajouté les États-Unis, est claire sur le fait que la performance et la responsabilité des missions de la paix est la priorité. La résolution appelle à un rapport transparent et en temps voulu au Conseil quand il y a des échecs, avec des informations sur les responsables de ces échecs et des mesures concrètes pour les surmonter. Il faut une approche systémique, a tempéré le Mouvement des pays non alignés. On ne saurait reprocher à un contingent de ne pas avoir les équipements nécessaires si l’ONU ne les a pas inclus dans la « Déclaration sur l’état des besoins par unité ». De même qu’on ne saurait lui reprocher de ne pas avoir la formation nécessaire si les modules fournis par l’ONU n’en parlent pas.
Au moment où le système international basé sur le droit est mis à rude épreuve, il est essentiel, a souligné le Royaume-Uni, que nous travaillions ensemble pour améliorer le maintien de la paix. Cette année doit donc être celle de l’action: l’action qui équipe mieux les soldats de la paix pour remplir leur mandat; l’action qui soutient les transitions du maintien à la consolidation de la paix; et l’action qui protège les plus vulnérables du monde et restore la foi dans les Casques bleus comme symbole du meilleur que l’ONU peut apporter. À ce propos, le Mali s’est élevé contre l’idée de réduire l’engagement sécuritaire de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) au profit du volet politique. Le vide que cette mesure créerait présente le risque de remettre en cause les acquis fragiles du processus de paix. « Les populations civiles des localités concernées auraient un sentiment d’abandon. »
En début de séance, le Comité spécial a réélu M. Tijjani Muhammad Bande, du Nigéria, à sa présidence et MM. Alejandro Verdier, de l’Argentine; Richard Arbeiter, du Canada; Hiroyuki Namazu, du Japon; et Mariusz Lewicki, de la Pologne; aux vices-présidences. M. Tarek Mahfouz, de l’Égypte, assumera les fonctions de Rapporteur.
Le Comité spécial poursuivra son débat général demain, mardi 12 février, à partir de 10 heures.
DÉBAT GÉNÉRAL
Au nom de la Présidente de l’Assemblée générale, M. LANG YABOU, Vice-Président, a rappelé que par leurs actions, les soldats de la paix sauvent des vies, préviennent les conflits et encouragent le développement. En soutenant la paix, ils contribuent à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il est donc essentiel, a-t-il souligné, que les mandats des opérations de maintien de la paix soient pratiques et bien financés et que les soldats de la paix soient correctement équipés. Le Vice-Président a également insisté sur l’égalité des genres au sein des opérations, déplorant le fait que les femmes ne représentent pour l’instant que 5% des contingents. Soulignant le principe de prévention des conflits, il a plaidé pour une collaboration plus étroite entre l’ONU et les acteurs régionaux, dont l’Union africaine.
M. ATUL KHARE, Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel, a mis en exergue l’impact des réformes du Secrétaire général sur la façon dont les trois Départements concernés par le maintien de la paix travaillent déjà. Les réformes sont nécessaires en ce qu’elles rapprochent le processus de prise de décisions du terrain. Le Département de l’appui opérationnel et le Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité s’engagent à apporter un appui plus spécialisé et plus intégré aux opérations de paix. Des mécanismes d’intégration entre ces Départements et celui des opérations de paix sont prévus. À l’ONU, le maintien de la paix, dont 90% du personnel civil et en uniforme est déployé sur le terrain, a fait ses preuves, a affirmé M. Khare. À ce jour, les Nations Unies représentent la deuxième plus grande force déployée dans le monde avec un budget de seulement 0,5% des dépenses militaires mondiales. M. Khare a insisté sur la sécurité des Casques bleus et a invité les membres du Comité spécial à se pencher sur cette question.
Mme JAN BEAGLE, Secrétaire générale adjointe aux stratégies et politiques de gestion et à la conformité, a expliqué que dans la nouvelle architecture de gestion, les différents pouvoirs qui, historiquement, étaient centralisés au Siège ou dans les bureaux centralisés, sont désormais délégués aux entités dans tout le Secrétariat lesquelles ont autorité sur les questions de financement, de recrutement, de gestion des propriétés et d’achat des biens et services. Le chef de chaque entité peut déléguer son pouvoir et mettre ainsi un système où « les administrateurs administrent », grâce à des décisions plus proches de leurs cibles et dans un cadre très clair. La réforme a comme fondamentaux la simplification, la transparence et la responsabilité. Le Département est responsable, a expliqué la Secrétaire générale adjointe, des stratégies et politiques globales de gestion et réunit les différentes fonctions de contrôle et d’évaluation des performances et de conformité aux pouvoirs délégués. Le Département, travaillera avec les Départements des opérations de paix et d’appui opérationnel pour autonomiser le leadership des missions et assurer les flux d’informations entre Siège et terrain pour apprendre et s’améliorer. Le Département s’est fixé comme objectif de répondre aux exigences spécifiques de chaque mission et d’assurer le bien-être du personnel, en particulier dans les environnements à haut risque.
Le financement des opérations est crucial, a souligné la Secrétaire générale adjointe, promettant de travailler à des propositions financières stratégique, réaliste et fidèle à la réalité sur le terrain. Le remboursement des pays contributeurs de troupes et de personnel de police demeure la priorité absolue du Secrétaire général, a-t-elle affirmé. Quant à la question de la conduite et de la discipline, elle a indiqué que son Département est en train d’installer une « fonction » au sein du Bureau des ressources humaines pour se doter d’une approche intégrée, à l’échelle du Secrétariat et conforme aux normes de conduite des personnels civil et militaire.
Au nom du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. ALEXANDER ZOUEV, Sous-Secrétaire général à l’état de droit et aux institutions chargées de la sécurité, a estimé que la session du Comité spécial intervient à un moment « transformateur » pour le maintien de la paix et l’ONU dans son ensemble. Nous sommes en train, s’est-il expliqué, de mettre pleinement en œuvre les réformes du Secrétaire général qui ont déjà commencé à porter des fruits. Je vous parle, a précisé le Sous-Secrétaire général, au nom du nouveau « Département des opérations de paix », créé le 1er janvier dernier dans le cadre de la réforme de l’architecture « paix et sécurité ». Les réformes du système de développement sont en bonne voie et les nouveaux coordonnateurs résidents « indépendants » commencent à assumer leur rôle sous la direction du Secrétaire général.
Nous sommes aussi, a ajouté le Sous-Secrétaire général, en train de réformer en profondeur nos structures, processus et règles de gestion, lesquels devraient donner lieu à des missions plus efficaces ayant la pleine autorité de mettre en œuvre leur mandat. Pour fournir un appui plus robuste aux missions, deux Départements entièrement nouveaux ont été créés au début de l’année, à savoir le Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité et le Département de l’appui opérationnel. Ces deux Départements et celui des opérations de paix travaillent ensemble pour assurer coordination et appui aux opérations de maintien de la paix.
Faire en sorte que l’instrument de multilatéralisme unique qu’est le Comité spécial réponde aux défis présents et futurs est exactement ce que vise l’initiative « Action pour le maintien de la paix », a souligné le Sous-Secrétaire général. L’adhésion de 151 États à la Déclaration d’engagement commun de l’initiative est un témoignage clair de la volonté commune. Mais l’avenir de la Déclaration et du maintien de la paix exigera de nous que nous ne revenions pas aux débats d’hier mais que nous prenions des engagements concrets, a conclu le Sous-Secrétaire général.
Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. OMAR KADIRI (Maroc) s’est félicité de la réforme de l’architecture « paix et sécurité » et s’est dit confiant que les nouveaux arrangements élimineront les silos au sein du Secrétariat et amélioreront la performance générale des opérations de maintien de la paix. Il a aussi salué l’initiative « Action pour le maintien de la paix », avant d’insister sur le fait qu’un rôle plus actif de son Mouvement dans les débats à venir est « nécessaire et légitime ». Il a en effet rappelé quelques chiffres: tous les 10 premiers pays contributeurs de troupes et de personnel de police sont membres du Mouvement, 19 des 20 premiers et 27 des 30 premiers le sont aussi. Ces chiffres, en a conclu le représentant, montrent clairement l’engagement du Mouvement en faveur des efforts de maintien de la paix de l’ONU. Il est donc légitime de traduire cet engagement dans la formulation des politiques.
Ces pays, a-t-il relevé, sont souvent appelés « pays contributeurs de troupes et de personnel de police » au lieu de « contributeurs financiers ». Mais, a estimé le représentant, en y regardant de plus près, l’on voit que ces pays engagent des sommes énormes pour assurer des rotations tous les six mois, hisser leurs troupes aux normes de l’ONU et couvrir d’autres dépenses non remboursées. Après avoir parlé de la question importante de la sécurité des Casques bleus, le représentant a estimé que toute restriction, notification, condition ou limite qui a un impact direct sur la mise en œuvre du mandat et la faculté du commandant de la force à déployer des Casques bleus doit être entrée dans la catégorie des « avertissements », lesquels, a-t-il souligné, sont préjudiciables à la sûreté et à la sécurité dans les opérations de maintien de la paix. Qu’ils soient ou non déclarés, ces « avertissements » sont contraires au principe fondamental d’égalité et placent les soldats de la paix à des niveaux différents, tout en ajoutant un fardeau supplémentaire sur ceux qui ne font l’objet d’aucun avertissement.
Le représentant est revenu sur 14 fondamentaux dont le fait que la création d’une opération de maintien de la paix ou le renouvèlement d’un mandat doit obéir strictement aux principes de consentement préalable des parties, d’impartialité et de non-recours à la force sauf en cas de légitime défense ou de défense du mandat. À ces principes, il a ajouté ceux d’égalité souveraine, d’indépendance politique, d’intégrité territoriale et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États. Il a aussi appelé le Conseil de sécurité à rédiger des mandats clairs et réalisables, en consultation avec les pays contributeurs de troupes et de personnel de police, et les États concernés. Les mandats doivent se fonder sur une évaluation objective et être dotés d’une bonne base politique et de ressources suffisantes. Le représentant a rejeté l’idée de modifier les mandats sans en référer au préalable aux pays contributeurs de troupes et de personnel de police. « Les bottes qui parcourent le terrain sont les garants du succès et leur avis est nécessaire. »
Le représentant a en effet insisté sur la pleine participation des pays contributeurs de troupes et de personnel de police à la formulation des politiques et à la prise de décisions. Il a souligné la nécessité d’une coopération triangulaire entre ces États, le Secrétariat et le Conseil de sécurité. Le maintien de la paix, a-t-il aussi estimé, ne devrait jamais être utilisé comme alternative pour traiter des causes sous-jacentes des conflits ni pour gérer les conflits. La gestion des conflits doit être basée sur des outils politiques, sociaux et de développement pour assurer une transition sans heurt vers une paix, une sécurité et un développement durables. Toute stratégie de sortie doit être agréée dès le tout premier stade de la planification d’une mission et être réexaminée régulièrement. Le représentant a d’ailleurs jugé que le moment est venu de parler sérieusement de la dimension « protection des civils » que doivent assurer des Casques bleus dépourvus des ressources humaines, financières et logistiques nécessaires.
Il a aussi plaidé pour un meilleur appui financier des Nations Unies aux opérations de paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité. Il s’est félicité des mesures prises en ce sens, avant d’estimer que lorsqu’on parle de performance, il faut parler de celle d’une opération dans son ensemble et pas seulement de celle des contingents. Il nous faut, s’est-il expliqué, une approche systémique. On ne saurait reprocher à un contingent de ne pas avoir les équipements nécessaires si l’ONU ne les a pas inclus dans la « Déclaration sur l’état des besoins par unité ». De même, on ne saurait reprocher à un contingent de ne pas avoir la formation nécessaire si les modules fournis par l’ONU n’en parlent pas. Les « avertissements » sont aussi un sérieux obstacle à une juste évaluation des performances, a ajouté le représentant.
Au nom de l’Association des nations de l’’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a estimé que face à l’augmentation du nombre des conflits dans le monde, il faut changer la manière dont les Nations Unies travaillent. L’un des domaines identifiés par l’ASEAN, a-t-il dit, est celui de la sécurité du personnel déployé sur le terrain. À cet égard, il a appuyé l’initiative « Action pour le maintien de la paix ». Les réformes du maintien de la paix doivent viser un plus grand impact politique des opérations. Même la mission la mieux financée et la plus équipée ne saurait réussir sans que sa facilitation politique ne parvienne pas à la conclusion d’un accord sur une paix durable. Le succès d’une mission, a poursuivi le représentant, dépend aussi de la quantité des ressources. « On ne peut continuer à faire plus avec moins », s’est-il impatienté, en rappelant que l’un des premiers mandats du C34 en 1965 était précisément de trouver les moyens de surmonter les difficultés financières des opérations de maintien de la paix de l’époque. Par conséquent, le représentant a exhorté tous les États Membres de l’ONU à honorer leurs obligations financières à temps et sans conditions. La chose la plus importante, a-t-il conclu, c’est la mise en œuvre et donc la traduction des engagements en actes. Aujourd’hui, plus de 4 500 policiers, conseillers militaires et soldats de l’ASEAN sont déployés dans 13 opérations de maintien de la paix, a rappelé le représentant, en assurant que son Association est prête à augmenter le nombre de femmes. L’Indonésie, les Philippines, la Thaïlande et le Viet Nam travaillent avec le Secrétariat pour déployer des contingents spécialisés dans le cadre du nouveau modèle de génération des forces. Le Cambodge, l’Indonésie, la Thaïlande et le Viet Nam vont aussi à tour de rôle organiser des formations au projet sur le partenariat triangulaire, a encore indiqué le représentant.
Au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a rappelé que cette année, le Comité spécial va se pencher sur l’initiative « Action pour le maintien de la paix » que le CANZ a d’ores et déjà approuvée. Le représentant a reconnu le rôle de chef de file que jouent les États africains, en fournissant le plus grand nombre de Casques bleus. À cet effet, il a appuyé les progrès continus dans le renforcement des relations entre l’ONU et l’Union africaine et a encouragé les efforts visant à trouver des mécanismes de financement plus prévisibles, plus souples et plus durables pour les opérations menées par l’Union africaine. Le représentant a aussi appuyé une culture bien ancrée d’évaluation des performances et de responsabilisation. Le CANZ, a-t-il aussi souligné, s’est engagé à atteindre l’objectif de la résolution 2436 du Conseil de sécurité qui vise à doubler le nombre de femmes en uniforme -militaires et policières- au sein des opérations de maintien de la paix d’ici cinq ans. La performance et les capacités opérationnelles ne peuvent s’améliorer sans des ressources adéquates, a reconnu le représentant. Il a insisté sur la formation des Casques bleus et a, en l’occurrence, estimé que le mécanisme de coordination sera un instrument précieux pour mettre ensemble les différentes capacités des États. Le représentant s’est félicité des réformes lancées jusqu’ici même s’il reste encore beaucoup à faire. Cette session, a-t-il conclu, nous offre l’occasion d’apporter des changements réels et d’améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix. C’est l’objectif unificateur que nous devons garder à l’esprit au cours des prochaines semaines.
M. GUILLAUME DABOUIS, de l’Union européenne, a salué la réforme mise en œuvre au Secrétariat de l’ONU et l’initiative « Action pour le maintien de la paix ». Il a souligné l’importance indiscutable des solutions politiques aux conflits et de la priorité qui doit être accordée à la prévention. Même l’opération la plus réussie ne peut remplacer le dialogue. L’une des tâches essentielles des opérations est et reste d’appuyer les processus politiques, a insisté le représentant. La prévention et la médiation doivent être la priorité. Seule une approche intégrée peut conduire à une paix véritablement durable, a-t-il ajouté. S’agissant de la sécurité des Casques bleus, le représentant a appelé à un recours plus systématique aux technologies modernes et aux capacités de renseignement des opérations. Il a ensuite parlé des agendas « femmes, paix et sécurité » et « jeunes, paix et sécurité », de la protection des enfants, de la formation des Casques bleus et du renforcement des forces de police dans les opérations, avant de s’attarder sur la performance et la nécessité de doter les opérations de mandats clairs, cohérents et réalisables. Après avoir soulevé la question de l’empreinte écologique des missions, le représentant a conclu sur la nécessité d’une utilisation efficace, responsable et transparente des ressources. Il n’a pas manqué de se féliciter des efforts pour renforcer le partenariat entre l’Union européenne et les Nations Unies et de l’élargir à l’Union africaine. Il a d’ailleurs réitéré ses appels à une meilleure définition du rôle des organisations régionales dans les interventions des Nations Unies.
M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a estimé que l’optimisation des opérations de maintien de la paix exige des réformes structurelles, le renforcement de la sécurité des soldats de la paix, l’amélioration des performances et la création de partenariats pour renforcer les capacités. Le représentant a mis en garde contre toute différence entre doctrine et pratique. Il n’y a pas de substitut à la compétence, a dit le représentant qui a appelé à un cadre d’évaluation des performances qui couvrirait toutes les parties prenantes et toutes les phases des opérations. Il a jugé « injuste » l’impact que les « avertissements » peuvent avoir sur la performance puisque les soldats de la paix sont « placés différemment, traités différemment et notés différemment ». Déclarés ou non, ces « avertissements » sont contraires au principe d’égalité et placent un fardeau supplémentaire sur les soldats de la paix. Le représentant a donc appelé à une culture de « tolérance zéro » face à ces « avertissements ».
Nous devons, a poursuivi le représentant, nous focaliser sur la disponibilité des ressources pour la mise en œuvre des mandats prioritaires. Des soldats de la paix sous-financés vont avoir du mal à accomplir leur mandat, au risque de saper la crédibilité du maintien de la paix. Il faut, a insisté le représentant, tenir dûment compte de l’avis des pays contributeurs de troupes et de personnel de police. Les retards dans le remboursement de ces pays sont en effet une source de préoccupations. Parfois, a-t-il noté, ces pays attendent des sommes équivalentes à 100 ou 200 fois le montant de leur contribution annuelle à l’ONU. Ces mauvaises pratiques comptables peuvent être interprétées comme de la mauvaise foi, s’est impatienté le représentant.
M. ALEJANDRO GUILLERMO VERDIER (Argentine) a exprimé l’intention de son pays de renforcer progressivement sa participation dans des domaines spécifiques des opérations de maintien de la paix. Mais, a-t-il prévenu, on ne peut pas d’un côté demander à ces missions de faire toujours plus et geler ou réduire leurs ressources et leurs équipements. Les opérations doivent avoir des mandats clairs et être mieux planifiées, en consultation avec les pays contributeurs de troupes. Membre du Groupe informel pour la coordination des positions de l’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay et du Mexique (ABUM), l’Argentine, a assuré le représentant, continuera à proposer des réponses aux questions qui seront examinées dont la sécurité des personnels des opérations et le suivi d’« Action pour le maintien de la paix ». Il a réitéré la nécessité de se doter d’une stratégie commune « claire » pour que les missions puissent s’acquitter de leurs mandats.
M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a plaidé pour une meilleure valorisation des activités de consolidation de la paix et pour des opérations de maintien de la paix plus fortes dont le rôle politique est souligné. Le Mexique, a rappelé le représentant, a contribué à la création du guide sur les enfants soldats et depuis son retour, en 2015, dans la famille des contributeurs de troupes et de personnel de police, le Mexique a déployé 81 de ses ressortissants, dont 15% de femmes. Le représentant a aussi appelé à des efforts pour renforcer la sécurité des soldats de la paix.
Au cours de cette session de fond du C34, M. MAURO VIERA (Brésil) a estimé que les attaques contre les soldats de la paix mettent en lumière la nécessité urgente d’efforts coordonnés pour assurer la bonne formation, les bons équipements et le bon appui logistique aux Casques bleus. Les troupes ne peuvent être déployées sans une formation adaptée à l’environnement dans lequel elles vont opérer, a insisté le représentant. Dans ce cadre, il a appelé le Secrétariat à poursuivre la mise en œuvre du rapport Cruz sur la sécurité des Casques bleus. Le Brésil, qui a de l’expérience en matière de formation, entend d’ailleurs poursuivre sa coopération avec le Secrétariat, le Japon, le Kenya et la Suisse. Mais la formation n’est qu’un aspect de la question, a reconnu le représentant. Les projets à impact rapide et les activités programmatiques peuvent générer l’appui qu’il faut aux composantes militaires et policières des missions. Il faut aussi une perspective globale de l’évaluation des performances laquelle doit tenir compte des variables politiques, financières et opérationnelles. Un des éléments importants du succès d’une opération est un mandat bien défini, réalisable et doté des ressources humaines, matérielles et financières nécessaires. Il est donc important, a estimé le représentant, que le Conseil de sécurité consulte les pays contributeurs de troupes et de personnel de police.
Le déploiement d’une opération est toujours une décision de dernier recours, a ajouté le représentant qui a dit privilégier la diplomatie préventive. Les Nations Unies doivent, en coopération avec les organisations sous-régionales et régionales, trouver de meilleurs moyens d’anticiper et de traiter des menaces à la paix. Une fois créée, une mission doit avoir une composante « paix et consolidation de la paix » forte. En l’occurrence, le Conseil de sécurité devrait consulter plus souvent la Commission de consolidation de la paix. Le représentant a d’ailleurs souhaité que le lien entre maintien et consolidation de la paix soit pleinement reconnu dans le rapport du C34. Il a enfin demandé que le Programme « femmes, paix et sécurité » se traduise concrètement par une augmentation des effectifs féminins parmi les Casques bleus.
Plutôt que de traiter des vraies questions de la sécurité du personnel de maintien de la paix, comme la mise à disposition des ressources et des capacités, certains, a regretté Mme MALEEHA LODHI (Pakistan), préfèrent appuyer les opérations robustes, l’imposition de la paix ou les opérations antiterroristes menées par des Casques bleus. Brouiller la ligne de démarcation entre maintien et imposition de la paix est risqué et peut avoir un impact sur la neutralité et la crédibilité des Nations Unies. Personne ne peut soutenir une ONU « partie au conflit », a prévenu la représentante. En tant que grand pays contributeur de troupes, le Pakistan, a dit la représentante, estime que les fondamentaux du maintien de la paix doivent être respectés même lorsqu’on les adapte aux réalités changeantes.
Pour le Pakistan, les décisions concernant les déploiements doivent être fondées sur la consultation, la préparation et connaissance de la situation du terrain. La coopération triangulaire est essentielle: les pays fournisseurs de contingents doivent être consultés. De même, en ces temps de coupes budgétaires, nous devons reconnaître, a poursuivi la représentante, que les opérations de maintien de la paix sont rentables. Il faut mettre en place des mécanismes équitables, réalistes et permanents pour examiner le coût des contingents et assurer des remboursements rapides aux pays fournisseurs. Il faut évaluer les engagements déjà pris par ces pays fournisseurs et se concentrer sur les manques. L’entretien du matériel et des troupes est une entreprise coûteuse pour les pays contributeurs surtout quand les mandats sont révisés et les ressources réduites. De plus, s’il est acquis que la sécurité des forces de maintien de la paix incombe au pays hôte, il ne faut non plus que cela serve de prétexte pour limiter la liberté de mouvement ou pour imposer des restrictions qui empiéteraient sur la mise en œuvre du mandat. « Faire plus avec moins » n’est pas viable. Il est de mise de donner aux soldats de maintien de la paix les moyens de réaliser l’idéal auquel nous prétendons être attachés.
Pour M. HIROYUKI NAMAZU (Japon), l’initiative « Action pour la paix » et la Déclaration d’engagements communs sont les pierres angulaires de la réforme que cette session doit promouvoir. Il a axé son intervention sur les capacités médicales et d’ingénierie des missions, soulignant qu’elles ont un impact direct sur la sécurité des soldats de la paix. Il a donc salué les efforts du Secrétariat pour renforcer les capacités des pays fournisseurs de contingents en termes de soins d’urgence, d’évacuations médicales et de facilités médicales. Il s’est félicité des normes définies pour les hôpitaux de l’ONU et des efforts de formation du personnel médical grâce aux partenariats triangulaires. Après avoir visité les opérations au Liban et au Soudan du Sud, le représentant a dit réaliser les besoins dans les domaines médical et de l’ingénierie. Il a salué le nouveau cadre du partenariat triangulaire pour combler les écarts et l’élargissement géographique de la formation des ingénieurs. Le Japon reste disposé à participer à ces efforts, notamment par des contributions financières et en déployant ses formateurs.
M. HAITO WU (Chine) a insisté pour que les principes cardinaux des opérations soient respectés, dont le consentement du pays hôte et le recours à la force qu’en cas de légitime défense. À son tour, le représentant a insisté sur l’aspect politique des opérations pour mettre fin aux conflits. Il a aussi insisté sur la formation des soldats de la paix et leur bien-être dont le renforcement des capacités médicales. De manière générale, a estimé le représentant, les opérations doivent travailler en collaboration avec les organisations régionales telles que l’Union africaine. Il a rappelé que son pays est le second contributeur au budget des opérations de maintien de la paix et qu’il a déployé environ 8 000 personnes sur le terrain. La Chine a aussi formé 200 soldats de la paix africains au cours de l’année écoulée. Elle a mis en place un fonds de coopération pour la paix et la sécurité en faveur de l’Afrique et entend apporter son soutien à l’Union africaine.
Mme ANNE GUEGUEN (France) a commencé par rendre hommage aux 15 Casques bleus qui ont récemment perdu la vie au Mali et à Abyei ainsi qu’aux 100 000 déployés actuellement. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité, contributeur financier et contributeur en troupes dans les opérations de maintien de paix ou dans les opérations européennes et nationales, la France « est mobilisée pour l’amélioration du maintien de la paix ». C’est pour cette raison qu’elle a soutenu l’initiative « Action pour le maintien de la paix » et qu’elle a estimé qu’à présent, il faut passer des déclarations aux actes et s’inscrire résolument dans une logique de performance et dans un esprit de coopération et de solidarité.
Tout d’abord, a précisé la représentante, il faut œuvrer à la performance des missions. La performance opérationnelle se mesure notamment par la qualité des hommes et des femmes déployés sur le terrain, a souligné Mme Gueguen, saluant au passage l’agenda « femmes, paix et sécurité » et en particulier la stratégie sur la parité des sexes.
Parler de performance suppose aussi le principe de responsabilité et les moyens de la mesurer, a-t-elle ajouté, invitant les États Membres à assurer le plus haut niveau de conduite et de discipline, afin d’assurer le respect des principes onusiens, notamment dans la lutte contre les abus sexuels. Accroître la performance nécessite également l’amélioration de la planification intégrée et de la prise de décisions au sein des missions, a également souligné la représentante. Elle a rappelé que dans l’esprit des réformes engagées par le Secrétaire général, les décisions doivent pouvoir être prises au plus près des acteurs en charge des opérations. En effet, le nouvel environnement opérationnel et les menaces auxquelles font face les personnels des missions nécessitent plus que jamais l’anticipation et la prise de décisions très courte. Or, force est de constater aujourd’hui, que l’architecture de commandement et de contrôle n’est plus adaptée aux besoins des missions, a-t-elle regretté en espérant que les négociations à venir permettront de faire des progrès sur ce plan.
Enfin, améliorer la performance, c’est donner aux opérations de maintien de la paix des mandats adaptés et des moyens appropriés, a-t-elle conclu tout en reconnaissant que le Comité spécial n’est pas le lieu pour discuter de ces deux aspects. Mme Gueguen a également plaidé pour la coopération entre l’ensemble des parties prenantes aux missions pour assurer leur succès et les inscrire dans une perspective de paix durable. Elle a aussi plaidé pour la solidarité entre États Membres et en particulier avec les États pourvoyeurs de soldats et de policiers pour renforcer leurs capacités. La France milite aussi pour que la dimension francophone dans les opérations de maintien de la paix soit mieux prise en compte notamment à travers le recrutement de personnels francophones pour les postes opérationnels comme pour les fonctions de soutien.
Mme MONA JUUL (Norvège) a annoncé qu’au mois de mai, son pays va déployer pour six mois un avion de transport des troupes, se réjouissant que le concept multinational de rotation de son pays ait servi de modèle pour la génération des forces. La représentante s’est en effet félicitée de la restructuration du pilier « paix et sécurité » et s’est dite convaincue que le système global d’évaluation de la performance renforcera l’efficacité des missions. Elle a ensuite insisté sur la parité parmi le personnel en uniforme, « une priorité » pour la Norvège. Insistant également sur la mise en œuvre du rapport Cruz, la représentante a plaidé pour le renforcement du personnel de police, compte tenu de la menace terroriste sur le terrain. Elle a conclu en confirmant l’appui de son pays au partenariat entre l’ONU et l’Union européenne.
M. NIRMAL RAJ KAFLE (Népal) a rappelé que son pays est le cinquième plus important contributeur de troupes et de personnel de police, avec 6 098 personnes dans 11 opérations et 3 missions politiques spéciales. Il s’est élevé contre les « avertissements », estimant qu’ils compromettent la performance des soldats de la paix. Il a souligné l’importance des mandats réalistes et réalisables, avec une stratégie de sortie claire et des ressources adéquates. Il a aussi appelé à un dialogue soutenu entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes et de personnel de police. Il a insisté sur la formation, fier que son pays abrite le Centre d’excellence, le plus ancien de sa région. Le représentant a aussi argué que les femmes peuvent être des agents de changement au sein des opérations, car elles apportent une perspective globale et innovante. Leur leadership dans la prévention des conflits, leur engagement dans les négociations de paix et leur protection compatissante des civils ne sont plus à prouver. C’est la raison pour laquelle le Népal a déployé parmi ses contingents plus de 15% d’observatrices militaires et plus de 20% de femmes officiers de police hors contingent.
M. SAPENAFA KESONI MOTUFAGA (Fidji), a rappelé que son pays participe aux opérations de paix depuis 40 ans. Une mission de paix a pour objectif de créer un espace favorable aux solutions politiques, a-t-il rappelé. Si les soldats de la paix ne sont pas à la hauteur des attentes, c’est un rendez-vous manqué. En tant que pays de contributeur de troupes, il est de notre devoir d’améliorer la performance de nos soldats et de respecter les normes les plus élevées. Nous savons, a dit le représentant, que quand les communautés ont de bons rapports avec les Casques bleus, les perspectives de dialogue et de réconciliation nationale s’ouvrent. C’est la raison pour laquelle les femmes sont une part cruciale du maintien de la paix. Soulignant le travail ardu des Casques bleus, le représentant a indiqué que son pays travaille avec tous ses partenaires bilatéraux pour renforcer la performance globale de ses contingents.
Mme KIRA CHRISTIANNE DANGANAN AZUCENA (Philippines) a estimé que l’évaluation des performances doit se fonder sur la protection des civils, celle des enfants et la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels. Elle a réitéré son appui aux plateformes intergouvernementales qui permettent aux États Membres d’apprendre les uns des autres. Elle a soutenu la collaboration de l’ONU avec les organisations régionales, en attirant l’attention sur les contributions croissantes de l’ASEAN et de l’Union africaine. La représentante a aussi appuyé les appels à investir dans les solutions politiques aux conflits que les opérations de maintien de la paix doivent renforcer et non remplacer.
M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a souhaité un renforcement de la relation triangulaire entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat lors de l’élaboration des mandats. Les soldats de la paix doivent se voir assignés un mandat clair, réaliste et faisables, adapté à leurs capacités et aux réalités du terrain. Le maintien de la paix doit être considéré comme un facteur facilitant la recherche d’une solution politique à un conflit, non pas comme une panacée pour tous les défis, a dit le délégué qui a plaidé pour une meilleure sécurité des soldats de la paix. Les défis excédant la capacité des missions, comme ceux découlant du terrorisme et des acteurs non étatiques, doivent être réglés par d’autres moyens, pour protéger la crédibilité et la sécurité des Casques bleus. S’il s’est dit en faveur d’une « culture de la performance », le délégué a tenu à rappeler les liens entre ladite performance et la mise à disposition des ressources et d’éléments habilitants suffisants. Il a appuyé la politique de tolérance zéro contre l’exploitation et les abus sexuels, souhaité un nombre accru de Casques bleus femmes et estimé que l’utilisation de drones ne doit pas soulever des problèmes au regard de la souveraineté du pays hôte.
Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a jugé important que les soldats de la paix soient dotés des outils adéquats pour se protéger, indiquant que son pays a dispensé à des troupes au Burkina Faso une formation contre les engins explosifs improvisés avant leur déploiement au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). L’Irlande organisera également cette année une formation sur le traitement des traumatismes. La rentabilité n’est pas forcément synonyme d’efficacité opérationnelle. « Sauver des vies doit toujours être plus important que faire des économies », a souligné la représentante qui a insisté sur l’urgence de remédier au défi pressant du financement des opérations de paix de l’Union africaine. Elle a regretté que les efforts des membres africains du Conseil de sécurité n’aient pas encore porté leurs fruits, « comme cela aurait dû être le cas ». Elle a résolument appuyé les efforts du Secrétaire général visant à accroître le nombre de femmes dans les opérations de maintien de la paix.
M. JORGE SKINNER-KLEE ARENALES (Guatemala) a salué la réforme du pilier « paix et sécurité » et a souscrit à l’initiative « Action pour le maintien de la paix ». Il a demandé au Secrétariat d’en assurer le suivi et d’en rendre compte aux États Membres et toutes les parties prenantes, en particulier les pays contributeurs de contingents. Il a condamné dans les termes les plus fermes les attaques contre le personnel de maintien de la paix et a exhorté les pays où se déroulent ces attaques à lancer des enquêtes et à traduire les responsables en justice. Le Secrétariat devrait également garantir les moyens d’assurer la sécurité physique des bases opérationnelles, a ajouté le représentant dont le pays insiste aussi sur l’accès aux facilités et personnels médicaux dans toutes les zones où sont déployées des missions. Le représentant a également exhorté le personnel au plus haut niveau de professionnalisme, avant d’exiger, à son tour, des mandats clairs et réalisables prévoyant une formation adéquate du personnel et des ressources financières adéquates.
M. MBAMBO (Afrique du Sud) a plaidé pour un financement pérenne, prévisible et flexible des opérations de paix dirigées par l’Union africaine. Les contributions volontaires constituent le mode de financement le plus pertinent, a-t-il estimé, en ajoutant que ces contributions doivent se faire « au cas et pas cas », sur la base d’une évaluation commune entre l’ONU et l’UA. « Nous espérons que cette question critique recevra une attention prioritaire et bénéficiera d’un élan renouvelé en 2019, après les négociations approfondies de 2018 ». Il a plaidé pour des consultations plus poussées entre les délégations porte-plumes au Conseil de sécurité des mandats des missions et les acteurs responsables de leur application. Les mandats doivent être plus réalistes, mieux adaptés aux réalités et plus flexibles. Le représentant a plaidé pour une participation accrue des femmes au sein des opérations de maintien de la paix, la présence de ces dernières étant de nature à encourager des victimes à porter plainte, y compris pour des faits de violence sexuelle. Mon pays a pris des mesures draconiennes contre les individus coupables d’atteintes et d’exploitation sexuelle au sein des missions de paix, a-t-il affirmé. « Un point focal « Paternité » contenant l’ADN de chaque soldat en voie de déploiement a ainsi été créé. »
M. HAM SANG-WOOK (République de Corée) a mis en exergue trois domaines sur lesquels le Comité spécial devrait se pencher cette année à commencer par la mise en œuvre de l’initiative « Action pour le maintien de la paix ». Le Comité devrait faire fond sur la prochaine conférence ministérielle sur le maintien de la paix pour mobiliser un soutien tangible aux Casques bleus, en particulier ceux déployés dans des environnements volatiles et à haut risque. En tant que coprésident du Groupe des Amis des opérations de paix, la République de Corée continuera de travailler avec le Secrétariat et les États Membres pour maintenir l’élan politique en faveur de l’initiative. Le représentant a ensuite mis l’accent sur la nécessité d’améliorer la sûreté et la sécurité des Casques bleus, ce qui passe par une meilleure formation et l’accès à de bons équipements, aux médicaux et aux nouvelles technologies. Il a rappelé que son pays avait accueilli la formation des formateurs des contingents l’an dernier.
Constatant le rôle de plus en plus marqué des organisations régionales et sous-régionales, le représentant a souligné l’action de l’Union africaine et a appelé les Nations Unies à lui fournir un soutien politique, logistique et financier, sur la base d’une division claire de leurs activités respectives. À ce titre, il a jugé importante la coopération avec l’Union africaine notamment pour ce qui est de la définition des mandats sur la base d’évaluations conjointes. Il a plaidé à son tour en faveur d’un financement prévisible et flexible des opérations africaines.
Mme CHRISTINE RENEE BAILEY (Jamaïque) a plaidé pour la stabilisation d’Haïti et des institutions démocratiques. La tenue des élections à la fin de 2019 sera un moment critique, a noté la représentante qui a aussi appelé toutes les parties prenantes à apporter une assistance électorale à Haïti. Maintenant que la fin du mandat de la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH) est fixée au 15 avril prochain, il est impératif que la planification de la transition tienne compte de la réalité du terrain. La représentante a insisté pour le remboursement en temps des pays contributeurs de troupes et de personnel de police. Elle a soutenu, à son tour, la participation active des femmes dans la prévention et le règlement des conflits, et le maintien et la consolidation de la paix. Elle a aussi parlé de la sécurité des Casques bleus, arguant qu’en la matière leur formation est cruciale.
M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay) a rappelé que son pays a déployé plus de 45 000 soldats de la paix depuis son entrée aux Nations Unies. Il a soutenu l’initiative « Action pour le maintien de la paix » et a espéré que le rapport du Comité spécial reprendra les engagements pris dans ce contexte et comprendra des recommandations pour faciliter la mise en œuvre des engagements pris par les États Membres. S’agissant de la sécurité des Casques bleus, un an après la publication du rapport Cruz, le représentant a salué les efforts importants des États Membres de l’ONU et les a encouragés à mettre en œuvre toutes les recommandations du rapport. L’Uruguay, a-t-il dit, attache une attention particulière à la question des « avertissements », qu’ils soient déclarés ou pas, car ils peuvent avoir une incidence sur la sécurité du personnel. Le représentant a également pris acte du cadre intégré pour l’évaluation de la performance. La conférence ministérielle sur le maintien de la paix, qui aura lieu en mars au Secrétariat offre, a-t-il estimé, une plateforme pour débattre au plus haut niveau des questions prioritaires et des défis ainsi que de la mise en œuvre d’« Action pour le maintien de la paix ». Le Comité spécial devra tirer parti des résultats obtenus.
M. ALEXANDRE PERREN (Suisse) a salué l’initiative « Action pour le maintien de la paix » et sa Déclaration d’engagements communs adoptée par plus de 150 États Membres, qui donnent « un signal fort pour des opérations de paix adaptées aux défis politiques et opérationnels d’aujourd’hui et de demain ». Voulant souligner quatre éléments importants, le délégué a tout d’abord mis l’accent sur l’importance de la prévention des conflits et de la pérennisation de la paix. La Suisse est en effet convaincue que « les opérations de paix multidimensionnelles sont un instrument crucial pour prévenir l’éclatement, l’escalade, la persistance et la récurrence des conflits ». Le délégué a estimé que les réformes, avec le nouveau département, permettront aux opérations de paix de mieux contribuer à la prévention des conflits, à l’élaboration de solutions politiques et à l’établissement d’une paix pérenne.
Considérant, en deuxième lieu, que l’un des plus grands défis des opérations de paix aujourd’hui reste la sûreté et la sécurité des personnels militaires, policiers et civils déployés, le représentant a dit qu’il est « de notre responsabilité de continuer à prendre les mesures appropriées afin d’atténuer au maximum les risques encourus par le personnel déployé ». Parmi ces mesures, il a cité avant tout l’amélioration de la formation prédéploiement dans le domaine des risques sécuritaires. Des éléments tels que la collecte d’informations, une sensibilisation à la perception des troupes par les populations locales ainsi que des informations spécifiques à la région de déploiement devraient systématiquement faire partie de ces formations, a-t-il recommandé.
En troisième lieu, le représentant a fait remarquer qu’une paix durable ne peut être garantie que par le développement et le renforcement des capacités régionales et locales. La Suisse investit ainsi dans la coopération avec les organisations régionales telles que l’Union africaine. Elle a notamment soutenu la composante civile de l’École de maintien de la paix de Bamako dans l’élaboration d’un cours de médiation. Enfin, la Suisse encourage le Secrétariat à continuer à mettre en œuvre des mesures visant à atteindre une meilleure représentation des femmes dans tous les domaines des opérations de paix et particulièrement aux postes à responsabilité, et à ne pas relâcher les efforts dans la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels.
M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya) a déclaré qu’en dépit du travail remarquable des opérations sous conduite de l’Union africaine, celles-ci n’en sont pas moins insuffisamment financées. La Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) livre un combat depuis 10 ans contre l’organisation terroriste Al-Shabaab, mais avec des contraintes logistiques, dont un manque cruel de multiplicateurs de force. S’il a dit apprécier le partenariat stratégique entre l’ONU et l’Union africaine, il a toutefois jugé nécessaire d’en faire plus pour la Somalie, où Al-Shabaab est encore actif et constitue une source d’insécurité à la fois dans le pays et dans la sous-région. La récente attaque perpétrée contre le camp de l’Armée nationale somalienne à Jilib, ainsi que d’autres incidents contre les troupes de l’AMISOM en Somalie et l’attaque terroriste à Nairobi sont une indication claire que l’organisation conserve sa force de nuisance, a mis en garde M. Amayo. Ce que fait cette Mission en Somalie, elle le fait au nom du Conseil de sécurité, a-t-il martelé, et, en tant que tel, elle devrait être financée à partir du budget de l’Organisation. Après avoir appelé le Conseil à travailler en étroite coopération avec les organisations régionales et les pays contributeurs de troupes et de personnel de police au moment de l’élaboration des mandats pour garantir une inclusivité politique et stratégique, le représentant a condamné toutes les formes de harcèlement et d’exploitation sexuels commis par les Casques bleus. Aussi, a-t-il soutenu l’appel lancé aux pays fournisseurs de contingents pour qu’ils mènent des enquêtes rigoureuses et prennent les mesures qui s’imposent en cas de culpabilité avérée.
Mme ELAINE FRENCH (États-Unis) a estimé que les opérations de maintien de la paix doivent: soutenir les solutions politiques; avoir la coopération du pays hôte; avoir des mandats réalistes et réalisables; avoir une stratégie de sortie; et s’ajuster aux progrès et aux échecs. Même si les missions sont de plus en plus efficaces, des choses doivent être faites pour assurer la sécurité des soldats de la paix, mieux protéger les civils, et préparer le terrain politique de la transition et éventuellement la fermeture de la mission. Les États-Unis rappellent, a insisté la représentante, que la résolution 2436 (2018) du Conseil de sécurité est claire sur le fait que la performance et la responsabilité des missions de la paix est la priorité. La résolution appelle à un rapport transparent et en temps voulu au Conseil quand il y a des échecs, avec des informations sur les responsables de ces échecs et des mesures concrètes pour les surmonter. La résolution 2436 (2018) est bâtie à partir du travail que le Comité spécial a effectué l’année dernière. Elle va faire la différence dans la capacité des soldats de la paix à mettre effectivement en œuvre les mandats.
La représentante a aussi jugé utile de mieux intégrer la police dans tous les aspects de la planification d’une mission et de veiller à ce que la Division de la police de l’ONU ait les capacités nécessaires pour évaluer, planifier, déployer, gérer et soutenir les missions. Elle a fermement soutenu une participation plus active des femmes et a affirmé que son pays partagera le fardeau des missions mais continuer d’appeler à des réformes pour un « meilleur retour sur investissement ».
Mme French a salué le rôle des troupes africaines. Dès 2005, les États-Unis ont promis la somme d’1,5 milliard de dollars pour le renforcement des capacités des pays qui ont déployé du personnel dans les opérations de paix régionales, notamment en Afrique. En 2018, les États-Unis ont soutenu la formation de militaires et policiers devant être déployés en République centrafricaine, au Mali, en République démocratique du Congo, au Darfour, à Abyei et au Soudan du Sud. « Personne ne devrait hésiter à faire sa part pour rendre le maintien de la paix aussi efficace que possible », a conclu la déléguée.
M. CHUMPHOT NURAKKATE (Thaïlande) a indiqué que les soldats de la paix doivent bénéficier des capacités nécessaires pour s’acquitter de leur mandat. « Le fossé qui existe entre ce qui est demandé aux opérations et ce qu’elles peuvent accomplir doit être comblé. » Mon pays, a dit le représentant, fait en sorte que les soldats de la paix thaïlandais soient dûment préparés, formés et équipés pour répondre aux défis sur le terrain. Il a également affirmé que son pays souhaite devenir un pôle d’excellence sur la question des enfants dans les conflits armés. Il a voulu que l’on voit les opérations comme des éléments encourageant un processus de paix, en étroite coordination avec les agences de développement sur le terrain, et sur la base des principes d’appropriation nationale et de responsabilité publique.
Mme RAZIYE BILGE KOÇYIĞIT GRBA (Turquie) a demandé au Comité spécial de mettre l’accent sur trois aspects: faire que les missions de maintien de la paix soient plus sûres et plus solides; veiller à ce que les attentes placées en elles soient réalistes; et mobiliser un plus grand soutien à des solutions politiques et à des forces mieux structurées, mieux équipées et entraînées. Dans le contexte d’insécurité, les missions doivent pouvoir améliorer leur connaissance du terrain et partager les informations, grâce à des systèmes d’alerte précoce. La représentante a relevé que le Centre de formation à la paix et au partenariat d’Ankara continue d’accueillir des réunions de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et des membres de l’ONU. La Turquie espère comme d’autres voir plus de femmes participer aux opérations.
Pour M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) cette réunion se tient à un moment où le maintien de la paix est confronté à de nombreux défis à commencer par des environnements opérationnels non traditionnels. Il a salué les analyses et recommandations des différents rapports et a souscrit à l’initiative « Action pour le maintien de la paix ». Le représentant a appelé à une meilleure planification et à de meilleures capacités en matière d’ingénierie, de déploiement rapide et d’accès aux soins médicaux adéquats. En tant que pays contributeur de contingents, l’Égypte a tenu une conférence internationale de haut niveau sur l’évaluation de la performance, l’an dernier. Cette conférence a eu des résultats positifs, a indiqué le représentant, notamment la « Feuille de route du Caire » qui prévoit un cadre de mise en œuvre « équilibrée » des engagements pris dans le contexte de l’initiative « Action pour le maintien de la paix ». Cette « Feuille de route » encourage notamment des mandats aux priorités claires et l’établissement des responsabilités des soldats de la paix qui ne s’acquitteraient pas au mieux de leur mission. La « Feuille de route » insiste sur la nécessité d’assurer des formations adéquates.
M. ISSA KONFOUROU (Mali) a indiqué que la mise en œuvre effective du mandat des missions de maintien de la paix relève de la responsabilité collective mais différenciée du Conseil de sécurité, du Secrétariat, des contributeurs financiers et de matériels, des contributeurs de troupes et de ressources humaines et des pays hôtes. Le Mali appelle à des concertations régulières entre toutes ces parties. Mon pays, a rappelé le représentant, est l’hôte d’une mission depuis 2013. Il a salué les efforts immenses déployés de la « Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) » et avoué que « c’est avec beaucoup de peine que le pays assiste aux attaques meurtrières contre les forces internationales et nationales ». Le représentant a dit avoir « une pensée particulière émue » pour les soldats tchadiens et sri lankais tombés au champ d’honneur en janvier dernier. Il a plaidé pour la dotation de la MINUSMA en équipements adéquats et pour l’adaptation de ses règles d’engagement, y compris une posture « proactive et robuste » pour anticiper les attaques, sans pour autant porter atteinte à la doctrine et au principe de base des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.
M. Konfourou s’est élevé contre l’idée de réduire l’engagement sécuritaire de la MINUSMA au profit du volet politique. Le vide que cette mesure créerait présente le risque de remettre en cause les acquis fragiles du processus de paix. Les populations civiles des localités concernées auraient un sentiment d’abandon. Le représentant s’est félicité de la signature, en décembre 2017, de l’accord technique entre l’ONU, l’Union européenne et les États membres du G5 Sahel, en vue de fournir, par l’intermédiaire de la MINUSMA, un appui opérationnel et logistique à la Force conjointe du G5 Sahel.
M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a salué la réforme du pilier « paix et sécurité » et l’initiative « Action pour le maintien de la paix ». Il a dit tenir à ce que toutes les opérations respectent les principes et objectifs établis, dont le consentement préalable des parties et l’impartialité. Leur efficacité dépend du soutien politique dont elles bénéficient ainsi que du caractère réaliste et clair des mandats qui doivent être assortis de moyens adéquats. En tant que pays fournisseurs de contingents, El Salvador dénonce les atteintes à la sécurité du personnel. Sa formation permanente est fondamentale pour qu’il puisse correctement s’acquitter des tâches qui lui incombent. El Salvador a d’ailleurs élaboré un test à l’intention de ses policiers. Le représentant a également réitéré l’engagement de son pays à favoriser la participation des femmes au maintien de la paix, même s’il n’y a que 10 femmes parmi les 276 Salvadoriens déployées. Il n’a pas oublié, avant de conclure, de dénoncer les retards dans le remboursement des pays contributeurs de troupes.
Mme IRINA SCHOULGIN NYONI (Suède) a souligné la nécessité pour les soldats de la paix de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger les civils sur lesquels pèse une menace imminente. Les opérations doivent jouer un rôle accru dans la protection des centres et du personnel médical et dans l’accès aux soins médicaux. Elle a salué l’inclusion d’aspects relatifs à la consolidation de la paix dans les mandats des missions permettant de contribuer ainsi à une paix plus pérenne. Elle a souhaité des procédures de déploiement transparentes et claires. Les entorses à ces procédures, qui sont dissimulées aux structures de commandement sur le terrain, mettent les soldats de la paix en danger. La déléguée a aussi souhaité que les procédures encadrant le recours à l’aviation militaire soient revues, aux mêmes fins de sécurité accrue pour les soldats de la paix. Enfin, elle a souhaité la création d’un poste permanent de « conseiller genre » dans toutes les opérations de maintien de la paix et même ici au Siège à New York.
M. MOHAMMAD REZA SAHRAEI (Iran) a demandé le respect des principes régissant les opérations de maintien de la paix. Il s’est félicité de l’initiative « Action pour le maintien de la paix » et estimé que la protection des civils relève de la responsabilité première des pays hôtes. Toute intervention de l’ONU ou de forces étrangères doit être évitée. De même, le recours à la technologie et aux renseignements doit certes servir à assurer la sécurité du personnel mais il faut d’abord bien définir leur cadre d’utilisation. À son tour, le représentant a plaidé pour que les pays contributeurs de troupes et de personnel de police soient impliqués dans toutes les étapes de la planification et la mise en œuvre des mandats. Il a exprimé la disposition de son gouvernement à accroître sa contribution aux opérations de la paix, tant sur le plan militaire que politique.
Pour M. KRAVETS (Ukraine), malgré les critiques justifiées à l’encontre des Nations Unies, il n’existe pas d’autres outils que les opérations de paix pour répondre aux défis contemporains. Il a appuyé « Action pour le maintien de la paix » et souhaité voir l’engagement collectif renforcé. Il a souligné le rôle du Secrétaire général pour donner au Conseil de sécurité des orientations claires pour des missions « audacieuses ». Précisant que l’Ukraine a toujours défendu la paix et qu’elle continuera à participer aux opérations de l’ONU, le représentant a tout de même dénoncé l’incapacité de l’Organisation de venir à bout du conflit qui ravage son pays et d’obtenir de la Fédération de Russie qu’elle mette fin à son occupation. Ce pays, a-t-il accusé, poursuit sa politique d’agression. Il a d’ailleurs appelé les États Membres au débat que l’Assemblée générale a prévu sur la situation dans les territoires occupés de l’Ukraine, la semaine prochaine.
M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a estimé que l’initiative « Action pour le maintien de la paix » a « galvanisé » la communauté internationale et l’a obligée à prendre l’engagement de rechercher l’excellence. Il a appelé tous les membres du Comité spécial à se focaliser sur des recommandations pratiques pour mettre en œuvre de cette initiative. Il a aussi rappelé que la résolution 2436 (2018) du Conseil de sécurité représente une étape cruciale en faveur de la sécurité des soldats de la paix. Ce texte doit servir de base aux efforts visant à renforcer la performance et améliorer la sécurité dans les missions de paix, au même titre que le Plan d’action découlant du rapport Cruz. Le représentant a dit souhaiter une feuille de route « claire » qui précise comment les mesures vont être appliquées, y compris la pleine mise en œuvre d’un cadre de performance intégrée. La performance, a insisté le représentant, est inextricablement liée à la formation avant et pendant la mission.
Le temps et l’histoire ont démontré que les soldats de la paix ne peuvent créer la paix sans une volonté politique chez les parties, a poursuivi le représentant. Au moment où le système international basé sur le droit est mis à rude épreuve, il est essentiel que nous travaillions ensemble pour améliorer le maintien de la paix, a-t-il encouragé. Cette année doit donc être celle de l’action: l’action qui équipe mieux les soldats de la paix pour remplir leur mandat; l’action qui soutient les transitions du maintien à la consolidation de la paix; et l’action qui protège les plus vulnérables du monde et restore la foi dans les Casques bleus comme symbole du meilleur que l’ONU peut apporter.
M. LOT THAUZENI PANSIPADANA DZONZI (Malawi) a souligné l’importance d’une session qui doit pencher sur l’initiative « Action pour le maintien de la paix ». Il a souscrit aux recommandations du Secrétaire général s’agissant en particulier de la performance des missions, du principe de responsabilité ou encore de la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix. Il a douté de la volonté d’y faire suite. En tant que pays fournisseur de contingents, le Malawi, a-t-il dit, tient à mettre l’accent sur l’application de ces recommandations. Pour avoir perdu six de ses soldats de la paix à la Mission en République démocratique du Congo (MONUSCO), cette question nous tient à cœur. Le représentant a appelé au renforcement de la coopération entre l’ONU et les organismes régionaux et sous régionaux, notamment au moment de la définition des mandats ou de leur renouvellement. Il a assuré que son pays va parvenir sous peu au seuil de 15% de femmes dans son personnel de maintien de la paix. En outre, le pays a pris des mesures importantes pour poursuivre en justice les auteurs de violence sexuelle.
Pour que les missions puissent s’acquitter de leur mandat, il faut, a dit M. DOUGLAS VLADIMIR SEJAS CRESPO (Bolivie), la collaboration du pays hôte et cette collaboration est possible si les soldats de la paix sont vus comme impartiaux et pas comme une force d’intervention. Il a également jugé fondamental que ces missions aient un mandat clair et réalisable, assorti d’un calendrier précis. L’évaluation de la performance est importante mais elle ne vaut que si une mission est dotée des ressources dont elle a besoin. Le représentant a conclu sur la participation des femmes aux processus de paix et a plaidé pour la parité dans les contingents.
Mme LEYLA VÁSQUEZ (Chili) a salué, à son tour, l’initiative « Action pour le maintien de la paix » et la réforme en cours pour faire converger l’action des différents départements de l’ONU et optimiser l’utilisation des ressources. Le lien entre paix et développement est indéniable. Il faut donc multiplier les projets qui ont fait leurs preuves comme les projets à impact rapide. S’agissant du personnel, la représentante a voulu qu’on lui donne les moyens de ses mandats, dont une bonne formation et les équipements adéquats.
M. MOUNZER MOUNZER (Syrie) a insisté sur le principe du consentement préalable du pays hôte avant le déploiement de toute mission. Il a aussi souligné que le principe selon lequel la protection des civils relève de la responsabilité première du pays hôte et qu’il ne doit en aucun cas servir de prétexte à des ingérences étrangères. Il a soutenu le travail de la Force des Nations Unies chargée d’observer le dégagement (FNUOD) et accusé Israël d’avoir provoqué la mise en place de pas moins de trois missions de la paix des Nations Unies dans la région. Il a aussi déploré les attaques contre les soldats de la paix de la FNUOD qui ont dû quitter certaines de leurs positions du fait de l’action de groupes terroristes soutenus par Israël et certains régimes arabes de la région.