En cours au Siège de l'ONU

Soixante-quatorzième session,
4e & 5e séances – matin & après-midi
AG/EF/3516

La Deuxième Commission s’inquiète du principal obstacle sur la voie du développement durable: la crise climatique

Effets négatifs des changements climatiques, baisse de la croissance économique ou accroissement des flux migratoires, tels sont quelques-uns des indicateurs en berne qui ont suscité, aujourd’hui, les inquiétudes des délégations de la Deuxième Commission (questions économiques et financières), lors de ce second jour du débat général. 

Le constat en a été dressé à maintes reprises: en raison de ces nombreux défis et contraintes, du retard a été pris dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Il ne nous reste que 10 ans, et le temps presse », comme l’a résumé la délégation éthiopienne.  « Il est temps d’agir », a renchéri le Kazakhstan, recommandant d’utiliser le plein potentiel de la Deuxième Commission afin d’engranger des résultats en la matière.  En effet, 11% de la population mondiale vit dans des conditions d’extrême pauvreté, a rappelé le Togo, ce qui est loin de l’objectif de développement durable (ODD) no1: « Pas de pauvreté. »

Pour beaucoup, les changements climatiques sont le plus grand défi de notre époque, qui ne peut être surmonté par un seul pays.  « Nous sommes à un tournant », a confirmé le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), précisant que « le niveau et l’intensité des défis environnementaux restent redoutables », et que « la fenêtre d’action est en train de se refermer ». 

Les effets des changements climatiques risquent même de faire perdre tous leurs acquis aux pays en développement, a souligné Sri Lanka, et constituent le « principal obstacle au développement durable », ont estimé les Maldives.  Aussi, nombreux sont les représentants qui ont salué le Sommet Action Climat et le Sommet de la jeunesse sur l’action pour le climat, organisés par le Secrétaire général le mois dernier.  D’autres n’ont pas manqué d’appeler la communauté internationale à respecter ses engagements au titre de l’Accord de Paris sur le climat.

Certaines délégations ont fait part des mesures prises au niveau national pour faire face aux défis posés par les changements climatiques.  Ainsi, la Grèce, suivant la vision stratégique de l’Union européenne, Monaco ou le Sénégal veulent parvenir à la neutralité en carbone d’ici à 2050.  Pour sa part, l’Éthiopie a mis en place un grand programme de reboisement de quatre milliards d’arbres sur 18 mois, ce qui correspond à 40 arbres par habitant.  De son côté, la République démocratique du Congo veut installer des microcentrales électriques rurales et tente de « sortir d’un système agricole archaïque à faible productivité et destructeur du patrimoine forestier ».  

Comme l’a fait observer le Mexique, si la croissance ne respecte pas l’environnement, ce n’est pas un progrès.  « La Terre nourricière peut se passer de nous, mais nous ne pouvons pas nous passer d’elle », a renchéri la Bolivie.  Quant à l’Égypte, elle a souligné le problème de la rareté de l’eau: « Vous n’êtes pas sans savoir que l’eau détermine l’existence de l’homme sur la planète et que son accès est inaliénable. »

Faisant remarquer que nombre des obstacles à la réalisation des objectifs de développement durable sont d’ordre transnational, plusieurs délégations ont souligné qu’ils ne peuvent être levés qu’avec des actions à l’échelle mondiale.  Pour le Bangladesh, le succès de Programme 2030 dépendra de la capacité à forger des partenariats.  Même son de cloche du côté de l’Éthiopie, qui a en outre appelé les pays développés à redoubler d’efforts pour fortifier les capacités des pays les moins avancés (PMA). 

Comme l’a rappelé le Kenya, le thème de la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale témoigne de l’urgence à renforcer la coopération internationale alors que le multilatéralisme est menacé.  « Seuls le consensus multilatéral et la diplomatie peuvent aider à parvenir à une société économiquement durable et équitable », a ajouté le Kazakhstan.  Ce dernier a soumis une nouvelle idée aux délégations de la Deuxième Commission: un partenariat entre les pays en développement sans littoral, les PMA et les petits États insulaires en développement (PEID), qui font face à des problèmes communs et au défi posé par les changements climatiques, ce qui les empêche de participer sur un pied d’égalité à l’économie mondiale.  Pour le Népal, c’est bien ces pays-là qui devraient être au centre des discours sur le développement. 

Pour sa part, le Mexique a donné un exemple de coopération face au problème des migrations: il travaille avec le Guatemala, El Salvador et le Honduras, avec le soutien de la Communauté économique pour l’Amérique latine (CEPAL), à un plan de développement intégral, qui vise à identifier les causes profondes des migrations.  Ce plan se concentre notamment sur la promotion de l’agriculture durable, sachant qu’environ 80% des personnes en situation d’extrême pauvreté vivent en zone rurale.

Un autre sujet présent dans les discussions de ce débat général a été celui du commerce mondial, plusieurs délégations s’inquiétant des tensions commerciales et de la tendance à mettre en place des politiques protectionnistes.  Le Myanmar a appelé à un système commercial multilatéral plus juste, basé sur les règles et tenant compte des besoins spécifiques des PMA.

En ce qui concerne le financement du développement, Cabo Verde s’est réjoui de l’initiative du Secrétaire général, visant à réaligner le système financier international avec les objectifs de développement durable.  Le Togo a salué la tenue du Dialogue de haut niveau sur cette question en septembre, qui a permis de faire un constat sans complaisance, quant à la baisse de l’aide publique au développement, à l’augmentation du niveau de la dette des pays en développement ou encore au fait que les PEID subissent le coût élevé des dérèglements climatiques.  De leur côté, le Chili et le Timor-Leste ont vu d’un bon œil les mécanismes novateurs tels que l’annulation de la dette en échange d’investissements dans des infrastructures résilientes, comme l’a proposée la CEPAL.

« Nous entrons dans une ère nouvelle qui nécessite l’innovation et une façon de penser originale », a conclu le PNUE.

La Deuxième Commission poursuivra ses travaux jeudi 10 octobre, à partir de 10 heures.

Débat général

Pour M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh), le succès de Programme de développement durable à l’horizon 2030 dépendra de la capacité à forger des partenariats et à refléter de façon réaliste les défis auxquels le monde est confronté.  Le Bangladesh a l’un des taux de pauvreté qui baisse le plus rapidement au monde, le Gouvernement ayant des programmes ciblant les groupes vulnérables, soit près d’un quart de la population, a expliqué le représentant. Des jalons ont également été atteints en ce qui concerne l’égalité des sexes.  De plus, un réseau de cliniques communautaires a été créé pour garantir la couverture sanitaire de la population et des services publics en ligne ont été mis en place pour atteindre les personnes éloignées, a encore expliqué M. Bin Momen.

Enfin, le représentant n’a pas manqué de rappeler que le Bangladesh accueille 1,1 million de réfugiés rohingya du Myanmar, dont la présence a des impacts négatifs sur les conditions économiques et sociales ainsi que sur l’environnement.  Il a donc plaidé pour la résolution de cette crise.

M. DEE-MAXWELL SAAH KEMAYAH (Libéria) a estimé que les questions thématiques examinées au sein de la Deuxième Commission sont pertinentes, car elles sont liées aux points essentiels du Programme 2030, notamment la croissance économique et le développement social.  La pauvreté reste un défi mondial et les effets des changements climatiques sont bien réels, ce qui risque de saper le développement durable, a-t-il fait observer.  C’est la raison pour laquelle le représentant a appelé à tout faire pour bâtir des sociétés inclusives. 

Pour relever les défis redoutables actuels, il faut absolument des partenariats et un environnement qui permette un dialogue significatif, ce qui est l’essence même du multilatéralisme, a fait valoir M. Saah Kemayah.  Il s’est dit convaincu que la réalisation des objectifs de développement durable dépendra de la mise en place d’un environnement propice au développement.

M. TALAL ALI RASHED ALJAMAL (Yémen) a souhaité que la communauté internationale assume sa responsabilité historique à l’égard de l’humanité et de la planète.  « Les problèmes menacent notre avenir », a-t-il souligné, et nous avons élaboré une feuille de route pour combattre la pauvreté sous toutes ses formes et atténuer les changements climatiques, via le Programme 2030 et l'Accord de Paris.  À l’heure où nous devons faire le bilan de leur mise en œuvre, nous comprenons que nous ne sommes pas sur la bonne voie pour le moment, a-t-il ajouté.  Le représentant a donc appelé à accélérer les efforts pour ne laisser personne de côté.

Constatant que les progrès sont inégaux entre pays, et que les pays en conflits souffrent et sont laissés de côté, il a rappelé que le Programme 2030 oblige la communauté internationale à donner à ces pays le soutien qu’ils méritent.  Le représentant a également évoqué les actions des milices rebelles houthistes, qui, a-t-il affirmé, rançonnent la population et provoquent des conséquences désastreuses sur le pays.  Le Gouvernement travaille à mettre fin à leur recrutement de jeunes, et à arrêter la détérioration du taux de change de la devise yéménite causée par les troubles.   

Mme KSHENUKA SENEWIRATNE (Sri Lanka) a déclaré que le monde d’aujourd'hui offrait à la fois des défis et des opportunités immenses.  Elle s’est réjouie de la baisse de la pauvreté et du taux de mortalité infantile au niveau mondial. Cependant, d’autres tendances mondiales, comme les migrations irrégulières et la croissance économique en baisse, sont des indicateurs inquiétants, selon elle, tout comme les changements climatiques, « principal défi de la planète » pour leur caractère nouveau, généralisé, et leur potentiel de faire perdre tous leurs acquis aux pays en développement.  Elle a appelé à prendre des actions collectives pour soutenir les États les plus vulnérables, et les aider à s’adapter aux changements climatiques. 

M. LUIS LAM (Guatemala) a indiqué que le Guatemala avait intégré les objectifs de développement durable dans son plan de développement, et ce, avec des visées à long terme.  Mais les défis auxquels il est confronté sont pour la plupart à caractère transnational et ne pourront être résolus qu’à l’échelle mondiale, comme les changements climatiques ou la criminalité transnationale organisée.  Le représentant a insisté sur l’importance du projet de résolution sur le tourisme durable en Amérique centrale, qui sera présenté au cours de la session.  Quant aux activités opérationnelles de développement, M. Lam a relevé que sa réforme est d’une complexité particulière et a espéré que les changements aideront les pays à réaliser les objectifs de développement durable, conformément à leurs priorités nationales. 

M. ABDUL GHAFOOR MOHAMED, Secrétaire aux affaires étrangères des Maldives, a assuré que la Deuxième Commission joue un rôle essentiel dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Pour les Maldives, les changements climatiques sont le principal obstacle au développement durable, et il a appelé la communauté internationale à respecter ses engagements au titre de l’Accord de Paris.  Les petits États insulaires en développement (PEID) sont disproportionnellement touchés par la crise climatique actuelle et les Orientations de Samoa constituent un effort collectif qui exige que chacun fasse sa part, a-t-il relevé. 

Les Maldives, qui sont attachées aux réformes fiscales et à la lutte contre la corruption, appellent les partenaires et les institutions financières internationales à les soutenir par le biais de financements à des conditions préférentielles.  La vulnérabilité des Maldives aux changements climatiques et autres catastrophes fait courir le risque au pays de voir des années de croissance difficilement obtenue anéanties par une seule catastrophe, a fait observer M. Ghafoor Mohamed.

M. TOSHIYA HOSHINO (Japon) a rappelé que le travail de la Deuxième Commission doit être aligné sur le processus de mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le Japon accorde la priorité à la question de la santé, c’est pourquoi le pays a organisé le Groupe des amis de la couverture sanitaire universelle au cours de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale, avec à la clef une Déclaration sur le sujet que le Japon entend bien mettre en œuvre.

Le délégué a également mis l’accent sur la réduction des risques de catastrophe qui, a-t-il argué, pourrait aider dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le Japon souhaiterait, d’ailleurs, que cette question soit intégrée, de manière transversale, dans la mise en œuvre de ces objectifs.  De même, le pays appelle tous les États à s’engager, de manière urgente, en faveur de l’action climatique.  M. Hoshino a déclaré que le financement du développement et l’innovation sont indispensables pour la réalisation des objectifs de développement durable.  En tant que Président du Groupe sur les financements innovants, le Japon a accueilli un événement parallèle sur la question au cours de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale.  Le Japon croit aussi fermement au rôle de la science, de la technologie et de l’innovation dans la perspective de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

M. PHILIP GOUGH (Brésil) a déploré qu’à côté des questions comme les changements climatiques, la biodiversité et l’énergie durable, la Deuxième Commission n’ait toujours pas pu débattre de sujets comme la consommation et la production durables.  Pour le Brésil, les moyens à mobiliser pour atteindre les objectifs de développement durable sont le plus grand défi à court terme.  Étant donné que l’aide publique au développement (APD) demeure la principale source de financement du développement, les engagements, à cet égard, doivent être respectés, a-t-il lancé avant de rappeler qu’il faut aussi compter sur l’engagement du secteur privé.  Cela doit se faire dans un cadre empreint de transparence et de responsabilité, a-t-il précisé.  Le Brésil a salué le fait que la Commission ait prévu d’examiner au cours de cette session, pour la première fois, un projet de résolution sur l’investissement en faveur des objectifs de développement durable, le pays devant, du reste, assurer la facilitation des négociations y afférentes.  M. Gough a ensuite dit que son pays soutient la lutte contre les flux financiers illicites.

Le délégué a, en outre, salué les mesures prises pour réformer le système des Nations Unies pour le développement, souhaitant que les nouveaux outils envisagés permettent plus d’efficacité et de responsabilité.  La réforme n’est pas une fin en soi, a-t-il précisé, mais elle doit permettre de sortir les gens de la pauvreté, d’éradiquer la faim et de contribuer à une meilleure éducation et à des soins de santé pour tous.  Le représentant a précisé que les objectifs communs ne seront atteints pleinement que si l’on respecte l’appropriation nationale et les priorités de chaque pays.

M. XOLISA M. MABHONGO (Afrique du Sud) a rappelé que le Forum politique de haut niveau, placé sous les auspices de l’Assemblée générale avait permis, le mois dernier, de relever qu’il reste beaucoup à faire pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Comme l’a également laissé voir le Sommet sur le financement du développement, les fonds manquent énormément.  L’Afrique du Sud invite donc les pays développés à augmenter leur contribution au titre de l’APD, notamment, en respectant l’engagement de dédier 0,7% de leur PIB à cet effet.  M. Mabhongo a ensuite demandé aux pays de respecter leur engagement en rapport avec l’action climatique, rappelant que l’Afrique du Sud entend renforcer son engagement national afin de parvenir à la neutralité en carbone d’ici à 2050.  En outre, la délégation a déploré les flux financiers illicites qui privent le continent africain d’immenses fonds nécessaires pour réaliser les objectifs de développement durable, avant de demander que l’ONU serve de tête de proue dans la lutte contre ce fléau.

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a souhaité que l’ONU abandonne l’approche classique de gestion des affaires et s’engage véritablement dans un dialogue substantiel.  Elle a voulu que les Nations Unies travaillent à apporter une valeur ajoutée au processus de transformation déjà engagé.  Pour la Grèce, en renforçant le multilatéralisme et la coopération internationale, on pourrait trouver la voie de gestion des défis du monde et garder le cap face aux changements rapides qui ont lieu. 

La Grèce entend lutter contre les changements climatiques et le pays a fait sienne la vision stratégique de l’Union européenne (UE) qui veut parvenir à la neutralité en carbone d’ici à 2050.  Le représentant a dit également être conscient que les changements climatiques affectent aussi les vestiges du passé et l’héritage culturel, le thème d’une conférence internationale tenue à Athènes en juin dernier.  Sur le plan national, le pays entend passer à une économie circulaire et à un mode de production et de consommation qui soit durable, afin de créer des emplois, réduire et recycler les déchets et améliorer la gestion des ressources.

Pour M. GEBEYEHU GANGA GAYITO (Éthiopie), les objectifs de développement durable donnent l’occasion de croître de manière inclusive, mais en raison de nombreux défis et contraintes, du retard a été pris: « il ne nous reste que 10 ans, et le temps presse », a-t-il souligné.  Le renforcement des partenariats est une nécessité, et les pays développés devraient redoubler d’efforts pour renforcer les capacités des pays les moins avancés (PMA), a-t-il ajouté.

L’Éthiopie a déjà fait d’encourageants progrès depuis 10 ans, en réduisant la pauvreté.  Elle bénéficie de « la croissance la plus rapide du monde cette année », s’attelant à résoudre les goulets d’étranglement structurels, à stimuler le secteur privé, et l’inclusivité en direction des jeunes.  Le Gouvernement a élargi le secteur manufacturier, qui continue d’attirer de plus en plus d’investisseurs étrangers, et multiplié les privatisations du secteur public pour stimuler l’économie.

Concernant les changements climatiques, l’Éthiopie se considère comme un « chef de file », et a mis en place un grand programme de reboisement de quatre milliards d’arbres en un an et demi, « 40 arbres par habitant pour une nouvelle Éthiopie ».  Engagée dans la transition énergétique, elle a exhorté à donner une suite au Sommet Action Climat, et réaffirmé que les partenaires devraient tenir leurs engagements envers les PMA afin qu’ils réussissent leurs objectifs.

M. SYED MOHD HASRIN TENGKU HUSSIN (Malaisie) a rappelé l’importance que le système des Nations Unies pour le développement reconnaisse la diversité et le large spectre de la coopération Sud-Sud.  Il a aussi souhaité que le système onusien développe des cadres de partenariats adaptés aux défis de chaque pays. 

En ce qui concerne son pays, le délégué a déclaré que malgré les efforts nationaux de conservation et en dépit du fait que la Malaisie soit l’une des nations les plus diverses en matière biologique, le Gouvernement est injustement accusé de placer ses besoins de développement avant ceux de la préservation forestière.  Il a rappelé que l’industrie de l’huile de palme dans son pays est gérée de manière durable et responsable, à preuve, sa production est certifiée jusqu’en 2020.

Le délégué a ensuite invité les États-Unis et la Chine à trouver une solution au différend commercial qui les oppose, étant donné que cette situation a de graves implications sur l’économie mondiale.

M. LAZARUS O. AMAYO (Kenya) s’est félicité de la tenue du Sommet sur les objectifs de développement durable et du Dialogue de haut niveau sur le financement du développement à l’Assemblée générale le mois dernier.  Le représentant s’est inquiété des conséquences des changements climatiques qui sont la principale menace de notre temps, et la seule concernant les générations présentes comme les futures: elles coûtent déjà 3% du PIB kényan et influent gravement sur la faim et la pauvreté.

Les bâtiments zéro carbone, la résilience urbaine sont autant de buts que le Kenya s’attelle à atteindre, même s’il est clair qu’une vaste majorité de la population des pays en développement est encore laissée pour compte.  Le thème de la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale, selon lui, témoigne de l’urgence de renforcer la coopération internationale alors que le multilatéralisme est menacé.  La mobilisation des ressources nationales reste le principal moyen de financement des objectifs de développement durable pour le Kenya, comme les recettes fiscales et les investissements publics, a indiqué le représentant.  Il a appelé à « juguler le gaspillage en matière de production alimentaire », à profiter des progrès de la science dans la mise en œuvre des programmes de développement national, et à combler le fossé numérique.  Les technologies de l'information et des communications (TIC) deviennent un outil de développement majeur pour le Kenya, dans une économie mondiale de plus en plus basée sur la connaissance, a-t-il ajouté.

Mme ALEJANDRA GONZALEZ (Mexique) a indiqué que le Programme 2030 est une priorité d’État pour le Mexique, qui considère que tous les objectifs de développement durable sont importants.  Quinzième économie mondiale et premier exportateur d’Amérique latine, le Mexique jouit d’une prospérité qui n’a pas profité à tous: malheureusement, encore une partie de sa population se trouve en situation de pauvreté.  La représentante a dit que son pays met l’accent sur la lutte contre la corruption, la réduction des inégalités et la promotion du développement durable.  Plus généralement, le Mexique estime que les projets de développement doivent s’appuyer sur des objectifs précis afin d’optimiser les ressources.  La représentante a souhaité que l’ONU dispose d’un recueil des meilleures pratiques en matière technologique afin de soutenir ces projets.

En ce qui concerne les migrations, le Mexique travaille avec le Guatemala, El Salvador et le Honduras, avec le soutien de la Communauté économique pour l’Amérique latine (CEPAL), à un plan de développement intégral qui vise à en identifier les causes profondes et se concentre notamment sur la promotion de l’agriculture durable, sachant qu’environ 80% des personnes en situation d’extrême pauvreté vivent en zone rurale.  À propos de l’environnement, la représentante a jugé important que les cadres existants ou à créer découragent certaines pratiques, telles que la déforestation illégale ou le trafic d’espèces sauvages. Si la croissance ne respecte pas l’environnement, ce n’est pas un progrès, a-t-elle fait observer.

M. PAUL LOSOKO EFAMBE EMPOLE (République démocratique du Congo) a appelé l’ONU à continuer à assurer la coordination multilatérale, la cohérence et la responsabilisation au sein du système pour garantir une solidarité internationale véritable, efficiente et efficace.  Il a souligné que « sans financement conséquent, les objectifs de développement durable sont voués à l’échec.  Il a d’ailleurs jugé que la communauté internationale n’était pas sur la bonne voie pour réaliser le Programme 2030, notamment en matière d’éradication de la pauvreté et de la faim.  « La RDC veut faire partie de la solution », avec ses terres arables, ses eaux abondantes et ses sous-sols recelant 70% des réserves mondiales de métaux stratégiques indispensables pour réaliser la transition énergétique et numérique qui s'impose à l’humanité. 

Aspirant à l'émergence, la RDC est engagée dans la mise en œuvre d’un programme de développement communautaire et à accroître l’accès des populations aux services sociaux de base, notamment à travers la promotion de microcentrales électriques rurales, dont plus de 700 sites sont déjà identifiés, et d’autres grands projets d’infrastructure publique, comme la construction d’autoroutes et de barrages hydroélectriques.  Le pays tente également de « sortir d’un système agricole archaïque à faible productivité et destructeur du patrimoine forestier », comme l’atteste l’inauguration, ce jour même à Bukavu, d’un laboratoire de transformation des produits agricoles de la station de recherche de l’Institut international pour l’agriculture tropicale (IITA).

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a relevé que malgré les efforts entrepris, les progrès vers le développement durable restent inadéquats.  Les changements climatiques sont l’un des plus grands défis de notre époque, dont les effets pèsent de manière disproportionnée sur les pays en développement, a-t-il remarqué.  Aussi, le représentant a-t-il jugé indispensable de renforcer la coopération internationale et de fournir les fonds nécessaires aux pays qui en ont besoin.  Le Tadjikistan accueillera une série de conférences dans le cadre de la Décennie internationale de l’eau potable et de l’assainissement, qui offre une plateforme pour faire avancer notamment l’objectif de développement durable no6 lié à l’eau.

Pour Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE (Ghana), les efforts engagés pour la mise en œuvre du Programme 2030 ne sont pas à la hauteur des exigences, et les inégalités se creusent entre pays.  La représentante a appelé à ce que l’élimination de la pauvreté reste au cœur des efforts, comme le fait le Ghana.  Les changements climatiques, « plus grand défi de notre époque », remettent en cause la sécurité alimentaire, a noté la représentante avant de souligner que les flux financiers pour y remédier ne sont pas à la hauteur.  Elle a appelé à davantage de financement: « c’est de 5 à 7 milles milliards de dollars dont nous avons besoin », a-t-elle plaidé.  Le détournement des ressources étant également un problème important, elle a appelé à davantage de coopération entre les pays pour lutter contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites.  Enfin, la représentante a souhaité que les efforts des pays en développement soient appuyés par des cadres règlementaires encourageant les investissements, en parallèle d’une amélioration de l’accès au TIC. 

Selon M. ENIAN LAMCE (Albanie), il n’est pas facile de mettre en œuvre les objectifs de développement durable sans un programme de développement efficace permettant d’aider les pays.  À cet égard, l’Albanie soutient les réformes du Secrétaire général permettant d’intégrer les approches sans faire de laissés-pour-compte, et attend que la Deuxième Commission soit toute entière tournée vers la réalisation des objectifs de développement durable, a dit le représentant.  Il a ensuite parlé des réformes ambitieuses entreprises dans son pays, à la fois pour réaliser les objectifs de développement durable et intégrer l’Union européenne.  Il a cité notamment la réforme du secteur judiciaire, qui vise à rendre la justice albanaise plus efficace et transparente, à lutter contre la corruption et à respecter l’état de droit.  Par ailleurs, le représentant a assuré que tous les investissements dans les infrastructures et l’industrie prennent en compte le facteur de l’environnement en Albanie, ainsi que l’accès à une éducation de qualité.

Mme RAZIYE BILGE KOÇYIGIT GRBA (Turquie) a rappelé que, selon les termes du Programme 2030, la pauvreté est le plus grand défi à relever.  La Turquie s’efforce de suivre ce programme et a intégré les objectifs de développement durable dans ses plans de développement, a témoigné la représentante, en précisant que le pays a progressé dans les trois dimensions du développement durable pour réduire la pauvreté et les inégalités et aider les plus vulnérables.  Des efforts seront déployés pour répartir la prospérité dans tous les groupes de la société, a précisé la représentante.

La Turquie est, par ailleurs, l’un des pays les plus touchés par les effets des changements climatiques, a souligné la représentante, en rappelant que son pays avait codirigé les efforts visant à renforcer le rôle des villes dans l’adaptation.  Également prête à soutenir les efforts des acteurs locaux, la Turquie est en train de revoir sa stratégie d’action.  Pour combler le fossé qui se creuse entre pays développés et pays en développement, il faut renforcer le transfert de technologies, a fait observer la représentante, soulignant le rôle de la banque de technologies, devenue opérationnelle en juin dernier.

Mme LILIANA OROPEZA (Bolivie) a expliqué que l’objectif prioritaire de la Bolivie depuis 15 ans est la réduction de la pauvreté et des inégalités, en se félicitant des résultats: par exemple l’écart entre les plus riches et les plus pauvres a été réduit de 47 fois, et le PIB a une croissance annuelle moyenne soutenue de 4%.  Des programmes sociaux ont permis également d’augmenter le salaire minimum et de faire reculer le chômage, tandis que la mortalité infantile a diminué et l’espérance de vie augmenté.

Pour la Bolivie, ces résultats positifs, en matière de développement durable, sont liés à « l’harmonie, l’équilibre et la complémentarité » entre êtres humains et avec la nature: « La Terre nourricière peut se passer de nous mais nous ne pouvons pas nous passer d’elle », a dit Mme Oropeza.  Malheureusement, la crise climatique est devenue le plus grand défi de notre époque et la plus grande menace pour l’existence de plusieurs écosystèmes, a-t-elle déploré.  À cet égard, elle s’est félicitée de l’initiative du Secrétaire général de tenir un Sommet Action Climat et un Sommet de la jeunesse sur l’action pour le climat, qui a montré l’urgence d’agir dès maintenant et la nécessité d’engagements ambitieux et concrets.  Pour la Bolivie, il faut également s’attaquer aux causes profondes de cette crise, la plus importante étant le système capitaliste et ses modèles non durables de production et de consommation qui épuisent la Terre nourricière.

Pour Mme SALOME SUPATASHVILI (Géorgie), le rapport du Secrétaire général est clair: d’ici à l’échéance de 2030, nous devons trouver des solutions pratiques pour accélérer les progrès et réaliser le Programme 2030.  En Géorgie, la mise en œuvre des réformes structurelles a permis d’instaurer un climat attrayant pour les investissements, et la Géorgie est classée sixième dans la liste de la Banque mondiale des pays du monde où il est propice de faire des affaires.  Les politiques nationales de la Géorgie sont alignées avec le Programme 2030, a-t-il ajouté, en mettant en avant son système de surveillance numérique, qui permet de cibler précisément les objectifs de développement durable. 

Le Sommet Action Climat de l’ONU montre que les changements climatiques sont un défi partagé, et qu’il faut mettre en place une coopération avec toutes les parties prenantes pour réaliser le Programme 2030.  Attachée à la réduction des effets des changements climatiques, la Géorgie élabore son plan d’action climat et des politiques d’atténuation des gaz à effet de serre, d’une manière holistique, tout en promouvant le commerce international en tant que catalyseur pour l’élimination de la pauvreté.

M. ION JINGA (Roumanie) a souligné que le financement du développement reste insuffisant et que la préoccupation première de la communauté internationale doit être la réduction de la pauvreté.  La Roumanie est engagée à mettre en œuvre l’Accord de Paris, a-t-il dit, en expliquant que la stratégie nationale sur les changements climatiques vise à bâtir une économie résiliente face aux aléas climatiques.  De même, le pays s’est attelé à faire avancer l’agenda européen en matière de changements climatiques au cours du premier semestre de l’année, période pendant laquelle la Roumanie a assuré la présidence tournante de l’UE. 

M. Jinga a relevé que la transformation vers une société durable et résiliente requiert une constante adaptation des politiques, des ressources et de la prise en charge des couches les plus vulnérables.  La Roumanie soutient en outre le partenariat mondial pour le développement en promouvant la coopération triangulaire, a ajouté le représentant.

M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a dénoncé le fossé financier et les différents modes de consommation entre pays développés et pays en développement.  Pour relever le défi de respecter le Programme 2030 et pour parvenir à un monde équitable et prospère, le Sénégal poursuit sa politique d’investissements dans les secteurs stratégiques de l’agriculture, de l’élevage, de l’énergie, de l’habitat et des infrastructures hôtelières. 

Attaché à prendre soin des couches les plus vulnérables de la population, notamment les femmes et les jeunes sans emploi, le Sénégal poursuit une politique visant à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, en promouvant le développement de transports sobres en carbone, l’agroécologie, la reconstitution des milieux naturels et la gestion intégrée de l’eau.  Dans le cadre du Fonds vert pour le climat, le Sénégal invite la communauté internationale à redoubler d’efforts, afin que ce dernier atteigne 100 millions de dollars.

M. ARMAN ISSETOV (Kazakhstan) a regretté que les progrès soient inégalement répartis entre les États Membres, quatre ans après la mise en œuvre du Programme 2030.  « Il est temps d’agir », a-t-il lancé, recommandant d’utiliser le plein potentiel de la Deuxième Commission afin d’engranger des résultats.  Il est clair que les 17 objectifs de développement durable ont un impact sur les pays en développement sans littoral et que la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne est essentielle pour eux.

Tous les pays en situation particulière tels que les pays en développement sans littoral, les PMA et les PEID font face à des problèmes communs et notamment au défi posé par les changements climatiques, ce qui les empêche de participer sur un pied d’égalité à l’économie mondiale, a fait observer M. Issetov.  Il est clair que les solutions varient selon les pays mais, selon lui, un partenariat entre les trois groupes de pays apporterait une valeur ajoutée aux travaux de la Deuxième Commission.  

Par ailleurs, les défis ayant une nature transnationale, une coordination à l’échelle du système doit être mise en place entre les différentes agences de l’ONU.  Seuls le consensus multilatéral et la diplomatie peuvent aider à parvenir à une société économiquement durable et équitable sur le plan économique, a conclu le délégué. 

M. JEAN-LAURENT IMBERT (Monaco) a relevé qu’alors que l’on entame la décennie d’action en faveur des objectifs de développement durable, il faut faire plus et mieux, notamment en mobilisant un financement adéquat et bien ciblé, en renforçant la mise en œuvre au niveau national, et en mettant davantage l’accent sur la transformation numérique au service du développement durable. 

La principauté entend accélérer son action climatique en réduisant sa production de gaz à effet de serre de 50% d’ici à 2030, et atteindre la neutralité carbone en 2050.  Monaco s’est aussi engagée à augmenter sa part de financement en faveur du climat, avec une hausse moyenne de 4,5% par an jusqu’en 2030, et l’État a récemment rejoint la Coalition des ministres des finances pour l’action climatique.  Monaco, a ajouté le représentant, entend contribuer à hauteur de 3 millions d’euros au Fonds vert pour le climat sur la période 2020-2022.

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a souligné l’importance du développement du capital humain ainsi que de l’autonomisation des femmes et des jeunes.  Face aux défis qui risquent de remettre en cause les moyens de subsistance, il faut des approches adaptées, a-t-il ajouté. Il a également plaidé pour débloquer le potentiel humain afin de le mettre au service de l’innovation.  L’Arménie, qui est attachée à son partenariat avec le système de l’ONU pour le développement, se réjouit de la réforme du système, qui permettra, à son avis, de combler les brèches.

Mme SHEYAM EL-GAR (Égypte) a rappelé que son pays avait mis en œuvre un programme ambitieux de réformes économiques pour assurer un développement général et durable, tout en augmentant la compétitivité et en améliorant les conditions de vie des femmes et des enfants.  L’État a relevé les défis des changements climatiques, défis majeurs qui, couplés avec la croissance démographique, amènent à la rareté de l’eau en Égypte.  « Vous n’êtes pas sans savoir que l’eau détermine l’existence de l’homme sur la planète et que son accès est inaliénable », a pointé la représentante, appelant la communauté internationale à « préserver les droits et les intérêts de tous les peuples qui partagent un même bassin, sans quoi les conséquences internationales seront néfastes ».  Renforcer le progrès agricole est aussi une priorité de l’Égypte, comme répété lors de divers sommets internationaux.  « La mise en œuvre du Programme 2030 requiert des efforts authentiques, dont la Deuxième Commission est un levier fort », a conclu la représentante.

M. ABDULLAH AL-SHARRAH (Koweït) a qualifié 2019 d’année extrêmement importante pour le développement durable.  Il a estimé que le nouveau système de coordonnateur résident devait être mis en place selon les ressources des différents pays pour parvenir à la paix et la prospérité.  Respecter le principe des « responsabilités communes mais différenciées » est important, et « il nous faudra préserver nos acquis au fil des ans tout en préservant la planète et assurant à nos peuple une vie décente », a-t-il pointé.  État à hauts revenus, le Koweït a réalisé depuis son indépendance l’importance des partenariats pour renforcer le multilatéralisme, notamment en créant le Fonds koweïtien pour le développement international, a indiqué le représentant.  Fournissant de l’aide à plus d’une centaine de pays du monde, le Koweït fait mieux que les taux recommandés par la communauté internationale de consacrer 0,7% du PIB à l’APD, selon le représentant.  Il y a vu la preuve de la volonté du Koweït d’aider tous les pays du monde et de créer un environnement international propice aux partenariats pour combler le fossé existant entre le Nord et le Sud.  

M. COLLEN V. KELAPILE (Botswana) a relevé que les changements climatiques sont l’une des menaces de notre temps qui pourraient saper la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  L’année 2019 a été déclarée comme une année de sécheresse au Botswana comme dans de nombreux pays avoisinant, a-t-il rappelé en faisant remarquer que cette situation, due aux changements climatiques, conduit au déclin de la production agricole et accroît l’insécurité alimentaire.  Les mesures nationales prises par le Gouvernement ne peuvent réussir sans l’aide de la communauté internationale, notamment en matière de renforcement de capacités, a déclaré le représentant.  Il a donc plaidé pour la facilitation des transferts technologiques, y compris par le biais de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire, ainsi que pour un soutien à travers les financements climatiques.

Le Botswana plaide également pour que les préoccupations des pays en développement sans littoral soient prises en compte, rappelant que le tiers de leur population vit dans l’extrême pauvreté.  M. Kelapile a ensuite appelé à un système commercial juste et basé sur les règles, afin de permettre aux pays en développement de réaliser les objectifs de développement durable. 

M. MATÍAS PAOLINO LABORDE(Uruguay) a considéré qu’il est important que la communauté internationale se concerte pour l’élimination de la pauvreté en relevant le niveau d’APD effectivement versée, et qu’elle prenne soin de l’environnement.  « L’être humain doit être au cœur des dispositifs », c’est pourquoi l’Uruguay loue l’action du Secrétaire général dans ce domaine, a dit le délégué.  Il a considéré l’Accord de Paris comme fondamental, et souhaité que l’ONU travaille sur des principes d’universalité.  Il a aussi salué les pays en développement s’ouvrant au secteur privé et au marché, tout en appelant à les soutenir dans leurs efforts.  L’Uruguay est parvenu à changer de catégorie, mais cette médaille a son revers, car l’accès aux aides lui est maintenant plus difficile, a-t-il indiqué. 

M. PEDRO BAYLEY ANGELERI (Venezuela) a défendu le multilatéralisme et le développement des sociétés dans le respect de leur souveraineté nationale.  Les objectifs de développement durable, au Venezuela, sont directement liés aux politiques nationales de développement, a-t-il dit.  Les liens entre le pays et l’ONU se sont récemment resserrés, s’est d’ailleurs réjoui le représentant.  Rejetant avec force les mesures de restrictions politiques et économiques unilatérales incompatibles avec la Charte des Nations Unies, il a indiqué que celles dont le Venezuela est victime, ont affecté beaucoup le bien-être et les droits fondamentaux des habitants.  « Les peuples sont punis, car on les prive de l’accès au système financier international », a-t-il insisté.  Enfin, il a été d’avis que la coopération internationale en faveur du développement doit tenir compte qu’il n'existe pas de modèle unique applicable à tous les pays.  Il a aussi appelé les pays développés à tenir leurs promesses envers les pays en développement. 

M. JOSE LUIS ROCHA (Cabo Verde) s’est voulu optimiste face aux nombreux obstacles sur la voie de la réalisation du Programme 2030, tout en estimant que la Deuxième Commission devrait agir résolument.  S’agissant du financement du développement, il s’est réjoui de l’initiative du Secrétaire général visant à réaligner le système financier international avec les objectifs de développement durable.  En tant que pays à revenu intermédiaire, Cabo Verde se voit privé de l’accès à certains financements, a indiqué le représentant, avant de demander des solutions concrètes pour pallier les limites des critères d’accès au financement conditionnel.

Sur la question de la dette, le représentant a jugé nécessaire de trouver des mécanismes novateurs permettant de réaliser les objectifs de développement durable tout en faisant face au fardeau de la dette.  À cet égard, il faut envisager des rééchelonnements, a suggéré M. Rocha.  Il a demandé une approche consensuelle de la communauté internationale, qui doit se traduire par des actes pour aider les PEID à accéder à des financements.  Pour sa part, Cabo Verde a adopté un plan stratégique de développement prévoyant un changement de paradigme, donnant la priorité au secteur privé et à la transformation de secteurs clefs.  Son principal objectif est de créer des partenariats inclusifs pour passer à un nouveau stade de développement.

Pour M. ALLASANE CONTE (Guinée), « le temps est jalousement contre nous et nous oblige à agir maintenant et concrètement » pour réaliser les objectifs de développement durable.  Il s’est, en particulier, alarmé des effets négatifs des changements climatiques dus à l’activité de l’homme.  Sur le plan interne, la Guinée a initié un plan stratégique de développement économique et social pour la période 2016-2020, qui pose les bases de la transformation structurelle de l’économie nationale, ainsi qu’un plan à plus long terme.  Il s’agit d’accroître l’indice de développement humain du pays, de réduire l’incidence de la pauvreté, d’accélérer la croissance du secteur primaire, d’augmenter la part du secteur manufacturier dans le PIB ainsi que les exportations des produits manufacturiers, a précisé M. Conté.  Pour assurer une meilleure répartition des richesses issues de ces mesures, le Gouvernement a créé deux institutions et alloué 15% des recettes minières aux collectivités locales.

Sur le plan environnemental, a poursuivi le représentant, la Guinée s’est engagée à réduire de 15% les émissions de gaz à effet de serre et à reboiser une grande part du territoire national.  Pour ce faire, elle compte sur les partenariats bilatéraux et multilatéraux, a plaidé M. Conte.

Selon M. OMAR ANNAKOU (Libye), depuis quatre ans qu’a été adopté le Programme de développement durable à l’horizon 2030, et après les réunions en marge de la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale, il a été indiqué que plusieurs défis empêchaient de réaliser le Programme 2030, parmi eux la faible croissance économique et le taux de chômage des jeunes.  Plus généralement, il a été souligné que sa mise en œuvre nécessite des efforts inlassables et une coopération entre pays développés et pays en développement, car il faut n’exclure personne, ni aucune région du développement durable.

Pour ce faire, il faut accorder la priorité aux pays sortant de conflits ou actuellement en conflits, a poursuivi le représentant.  Dans le cas de la Libye, il a recommandé d’appuyer le Gouvernement, « sans dialoguer avec des putschistes ou des partis illégitimes, ce que font pourtant certains États, en violation des résolutions sur le sujet au Conseil de sécurité ».  La Libye et d’autres pays ont du mal à contrôler leurs frontières, du fait de la criminalité organisée et de la situation de pays de transit, a-t-il souligné.  « Il faut travailler sur les causes, non les symptômes » des trafics, a appuyé M. Annakou, qui a appelé les États voisins de la Libye à mieux contrôler leurs frontières et à appréhender ceux qui exploitent les migrants.  Il a enfin réitéré son appel aux États qui détiennent des fonds libyens à restituer ceux-ci, afin que la Libye puisse investir dans son futur.

M. FIRAS AL-HAMMADANY (Iraq) a considéré la session de la Deuxième Commission comme une occasion unique pour les pays de partager leurs expériences dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Pour élargir les sources de revenus publics, s’ouvrir au secteur privé, les partenariats entre pays en développement et pays développés sont cruciaux, surtout dans le transfert de nouvelles technologies et l’ouverture au secteur privé.  Il est important de respecter ses engagements quant à l’APD, a plaidé le représentant, en faisant remarquer que ces aides publiques au développement ont un impact important dans les travaux d’infrastructure, surtout pour les pays en développement en situation de conflit comme l’Iraq.  Ce pays, où les activités terroristes ciblent les infrastructures, se retrouve dans une situation très difficile, alors justement qu’il veut s’impliquer à fond dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Malgré les guerres et le terrorisme, l’Iraq n’épargne donc pas ses efforts pour combattre le terrorisme, un grand défi qui pèse sur plusieurs pays.  Il s’est toutefois plaint que les fonds pour le développement durable sont, hélas, réinjectés dans la lutte contre le terrorisme.

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a réaffirmé à titre national son attachement au développement durable et aux objectifs de développement durable, comme l’élimination de la pauvreté, le renforcement de l’état de droit et la lutte contre la corruption, tous trois intégrés à la stratégie nationale péruvienne. Attaché au système multilatéral, le Pérou cherche avant tout à réduire sa vulnérabilité aux changements climatiques et ses émissions de carbone.  Les mesures d’adaptation aux changements climatiques s’inspirent d’approches transversales intergénérationnelles et interculturelles, a précisé le délégué.  Il a expliqué que le Pérou est impacté de beaucoup de manières par les changements climatiques et par la multiplication des catastrophes naturelles.  M. Ugarelli a, dès lors, appelé à une meilleure gestion des risques pour préserver les générations présentes et futures.

M. MILENKO SKOKNIC TAPIA (Chili) s’est dit persuadé que les changements climatiques doivent être au cœur même des décisions de la Deuxième Commission et qu’il est nécessaire d’augmenter les ambitions pour lutter contre la pauvreté et atténuer leurs effets sur l’environnement. Pour sa part, le Chili vise à décarboner son économie et va adopter un plan de reboisement ambitieux.  La COP25 (Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques) aura lieu, en décembre, au Chili et ce sera la dernière pour la pleine entrée en vigueur de l’Accord de Paris, a fait remarquer le représentant, pour qui le succès dépendra de l’union et de la coopération face à cette tâche. 

Seul un effort collectif permettra d’atteindre les objectifs de développement durable, a dit le représentant, raison pour laquelle cela relève d’une politique d’État.  Pour ce qui est du commerce international et du développement, il a rappelé toute l’importance d’un ordre international ouvert.  Il faut également, a-t-il ajouté, mettre de côté les politiques protectionnistes qui ont pu être récemment observées.  Il s’est félicité des résultats de la Conférence internationale sur la coopération Sud-Sud, qui a eu lieu à Buenos Aires cette année.  Enfin, il a rappelé son attachement au processus de réforme du Secrétaire général.

M. ESSOHANAM PETCHEZI (Togo) a rappelé que plus de 780 millions de personnes vivent en dessous du seuil international de pauvreté tandis que 11% de la population mondiale vit dans des conditions d’extrême pauvreté.  Espérant que la Deuxième Commission avance sur ces questions dans un esprit de compromis et d’ouverture, il a toutefois remarqué que certains facteurs internationaux, comme les guerres commerciales, le protectionnisme, le manque de ressources financières pour les pays en développement, annihilent les actions de la communauté internationale.  Appelant à accélérer les actions à tous les niveaux, par toutes les parties prenantes, pour réaliser le Programme 2030, il a rappelé que le financement restait le pivot de la réalisation des objectifs de développement durable, « un test pour mesurer notre sérieux », a-t-il déclaré, paraphrasant le Secrétaire général António Guterres.

Saluant la tenue du dialogue de haut niveau sur le financement du développement qui a permis de faire un constat sans complaisance, quant à la baisse de l’APD, l’augmentation du niveau de la dette des pays en développement ou encore du fait que les PEID subissent le coût élevé des dérèglements climatiques, il s’est réjoui des idées émergentes impliquant les marchés financiers dans la réalisation des objectifs de développement durable, comme l’adoption, sous l’égide de l’ONU, des Principes de l’ONU pour une banque responsable, qu’ont signés 130 banques représentant au total 47 milliards de dollars d’actifs.

Pour M. ESTEBAN CADEN (Équateur), il faut que le progrès aille de pair avec la nature et le bien-être des générations futures.  Le représentant a réaffirmé la suprématie des droits de l’homme sur toute autre norme juridique, avant de rappeler son soutien aux accords mondiaux tels que le Programme 2030.  Il a plaidé pour une approche inclusive et solidaire pour mettre en œuvre ces accords et rappelé l’engagement de l’Équateur dans le secteur social, en particulier l’éducation, la santé et le logement, comme outils de réduction de la pauvreté.

Mme MAY MUFEEZ (Bahreïn) a assuré que le Bahreïn avait été l’un des premiers pays à mettre en place des programmes de développement.  Il a signé le premier partenariat stratégique de la région avec les institutions de l’ONU.  Le pays a accompli beaucoup de progrès pour améliorer la vie de ses citoyens, a continué la représentante, précisant qu’il a éradiqué l’analphabétisme et comblé l’écart entre les sexes.  Le Bahreïn va également mettre en place cinq villes durables, en utilisant des matériaux de construction écologiques et moins d’énergie, a-t-elle annoncé.

M. MICHAEL TIERNEY (Irlande) a exprimé son attachement à la communauté internationale d’autant plus que le monde est de plus en plus incertain.  Comment arriver à la paix et la prospérité sans détruire l’environnement? s’est-il interrogé.  « Nous devons faire mieux et profiter de la Deuxième Commission pour partager nos idées. »  Notant que les PEID, ainsi que les PMA, font face à de grands défis, le représentant a expliqué que la mise en œuvre des objectifs de développement durable doit prendre leur dette en compte.  Il a estimé que les Orientations de SAMOA constituent une feuille de route précieuse pour l’aide des pays développés aux PEID.  La volonté de combattre les changements climatiques et la mise en œuvre des promesses énoncées durant le Sommet Action Climat sont d’une importance capitale, selon le représentant qui a souligné combien l’écosystème est menacé. Enfin, saluant le groupe de travail informel constitué pour réfléchir à l’amélioration des travaux de la Deuxième Commission, le délégué a appelé à ce que les intérêts en cause soient négociés pour que les travaux bénéficient à tous. 

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a estimé qu’un monde pacifique, prospère et sûr ne sera possible que lorsque des millions de gens sortiront de la pauvreté.  Pour cela, un partenariat international solide est crucial, surtout dans le cas des pays en situation spéciale, notamment les PMA, les pays en développement sans littoral et les PEID qui sont à la traîne en matière de développement.  Pour le délégué, c’est bien ces pays-là qui devraient être au centre des discours sur le développement. 

Il a déploré le fait que la mondialisation n’ait pas marché pour tous, étant donné que des éléments d’inclusion, d’équité et de justice sociale manquent dans ce processus.  Et avec la révolution technologique en marche, une nouvelle vague de marginalisation s’installe du fait du partage inéquitable des bénéfices de la technologie.  M. Rai a donc proposé un dialogue multilatéral afin de définir un cadre normatif sur la coopération numérique.  « Nous voulons des garde-fous avant que les vagues ne nous prennent par surprise », a-t-il justifié.  Il a enfin appelé à plus d’action climatique, notamment en faveur des pays comme le Népal qui voient leur couvert neigeux à la cime des montagnes fondre inexorablement.

M. WILLY LOUIS (Haïti) a déclaré que les autorités haïtiennes s’emploient à trouver des solutions durables aux difficultés auxquelles le pays est confronté.  Il a souligné qu’éradiquer la pauvreté, pérenniser la paix et s’attaquer collectivement aux nouveaux phénomènes planétaires et régionaux constituent une condition essentielle à la poursuite et l’atteinte des objectifs de développement durable.  Il a donc appelé à une plus grande mobilisation de la communauté internationale en vue d’accélérer le processus de suivi du financement pour le développement, ainsi que les résultats des grandes conférences des Nations Unies dans les domaines économiques et social en relation avec le financement du développement.

M. HMWAY HMWAY KHYNE (Myanmar) a mentionné les tensions commerciales en cours entre les plus grandes économies, une situation qui a conduit, selon lui, à des incertitudes et à un risque de récession économique.  Il a appelé, de ses vœux, un système commercial multilatéral plus juste, basé sur les règles et tenant compte des besoins spécifiques des PMA.  Le délégué a aussi noté le problème du financement du développement, plaidant pour l’augmentation de l’APD et appelant à faire revivre l’esprit d’Addis-Abeba où avait été adopté, en 2015, le Programme d’action visant à financer les objectifs de développement durable. 

Pour le Myanmar, la paix et la stabilité sont cruciaux pour atteindre le développement durable.  M. Khyne a, en outre, relevé que le Myanmar est l’un des pays au monde parmi les plus exposés aux catastrophes naturelles, dont des inondations, des cyclones, des tremblements de terre, des glissements de terrain et des phases de sécheresse.  Il a reconnu que la question climatique actuelle ne peut être résolue par un seul pays.  De ce fait, la coopération internationale, dans un cadre solide, est cruciale pour faire face à la menace climatique, a-t-il conclu.

Mme KAOUTHAT CHELBI (Tunisie) a résumé les défis persistants en matière d’éradication de la pauvreté et relevé que les pays africains, qui subissent de plein fouet les changements climatiques, ont besoin d’aide de la part des pays développés.  Compte tenu des défis économiques, sociaux et écologiques, « il faut assumer nos responsabilités communes », a-t-elle dit, en invitant à renforcer le multilatéralisme et les partenariats pour réaliser les objectifs de développement durable.  En matière de développement durable, la représentante a indiqué que la Tunisie avait inclus de nombreux objectifs dans son plan quinquennal 2015-2020.  Compte tenu des défis des changements climatiques, la Tunisie a ratifié l’Accord de Paris, a-t-elle aussi fait valoir.  Enfin, Mme Chelbi a dit que son pays met en avant les droits de la femme et favorise leur participation dans le secteur public.  Pour conclure, la représentante a appelé à l’augmentation de l’APD. 

M. RODRIGO ALBERTO CARAZO (Costa Rica) a encouragé la communauté internationale à en faire davantage pour la mise en œuvre du Programme 2030 dans une approche globale.  Le développement durable n’est possible qu’à condition que les droits de l’homme soient pleinement protégés, a insisté M. Carazo. 

Sur le plan national, le Costa Rica s’est donné pour objectif de créer une croissance inclusive et durable en harmonie avec l’environnement, avec cinq objectifs: la production et la consommation durables, l’emploi décent, l’élimination de la pauvreté, la réduction des inégalités et la décarbonisation de l’économie.  Le Gouvernement a ainsi lancé un plan de décarbonisation à longue échéance, qui soutient son plan de développement, et a conclu un partenariat avec le Chili, qui préside la COP25.  Quant au transfert de technologie et au renforcement des capacités, ce sont des éléments prioritaires car la quatrième révolution industrielle oblige à revoir l’avenir du travail, la conceptualisation de l’apprentissage et la durabilité de la protection sociale basée sur l’emploi.

L’époque pose également de nouveaux défis de traçabilité, de transparence et de durabilité dans le domaine commercial, a poursuivi M. Carazo.  Il a prié les États Membres de renforcer les plateformes de coopération permettant de partager des connaissances en matière budgétaire.  Quant au financement pour le développement, le Chili voit d’un bon œil les mécanismes novateurs tels que l’annulation de la dette en échange d’investissements dans des infrastructures résilientes, comme l’a proposé la CEPAL.  Enfin, il a suggéré de considérer le désarmement comme une source novatrice de financement pour le développement durable.

Mme IVA JEMUOVIC (Serbie) a rappelé que son pays avait présenté, en juillet de cette année, son premier examen national volontaire sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  La vision d’un avenir durable des enfants et des jeunes prend une grande partie du rapport établi à cette occasion, parce que ce sont eux qui seront les décideurs en 2030, a-t-elle expliqué.  En outre, le rapport souligne l’importance des communautés locales, car ce sont les lieux où les décisions sont prises.  C’est à ce niveau que la mise en œuvre des objectifs de développement durable doit se faire si l’on veut s’assurer que personne ne soit laissé de côté, a argué la déléguée.   Sur le plan des mesures, elle a indiqué que la Serbie s’efforce de lutter contre l’exode rural, de réduire les inégalités, d’améliorer l’inclusion sociale et la solidarité ainsi que l’autonomisation des femmes et des filles pour atteindre la pleine égalité.

Pour faire face aux conséquences des changements climatiques, la Serbie a mis en place un plan d’action dans la foulée de l’adoption de l’Accord de Paris, a poursuivi le représentant, en soulignant que son pays figure ainsi parmi les premiers à avoir soumis sa contribution prévue: la Serbie s’est engagée, en effet, à 9,8% de réduction de gaz à effet de serre jusqu’en 2030.  Parmi d’autres initiatives pour contrer les changements climatiques, le représentant a évoqué la stratégie et le plan d’action à long terme qui ont été préparés avec la coopération de l’Union européenne.  La Serbie s’est lancée dans un processus de réforme totale de son économie, a aussi expliqué le représentant, qui a parlé de « travail dynamique » visant à aligner le Programme 2030 sur les priorités nationales et sur le processus d’intégration dans l’UE.

M. SIDDHARTH MALIK (Inde) a salué le fait que la Mission nationale d’inclusion financière ait permis l’ouverture de 370 millions de nouveaux comptes bancaires au cours des cinq dernières années en faveur des pauvres du pays.  Grâce à des identités biométriques liées à ces comptes, le Gouvernement a pu fournir des allocations tout en évitant des dépenses superflues de l’ordre de 20 milliards de dollars.  De même, la plus grande campagne d’installations sanitaires au monde a vu la construction par le Gouvernement de 110 millions de toilettes en cinq ans. 

Le délégué a également salué les avancées faites par l’Inde dans les domaines de la recherche et l’innovation qui sont les catalyseurs de la quatrième révolution industrielle.  Aujourd’hui, l’Inde est le troisième pays du monde avec le plus de start-ups, s’est enorgueilli le délégué an précisant que le pays a les services de payement en ligne les moins coûteux au monde.  Enfin, il a rappelé le lancement, en 2017, du Fonds Inde-ONU pour le partenariat au développement visant la mise en œuvre des objectifs de développement durable, qui sera doté de 150 millions de dollars pour les 10 prochaines années afin de financer les projets de développement dans les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID).

Mme EIMAN ALNAQBI (Émirats arabes unis) a annoncé que son pays avait joué un rôle stratégique comme bailleur de fonds pour soutenir les projets de développement de plusieurs pays.  Les Émirats arabes unis accueilleront également la prochaine conférence de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), ainsi qu’une conférence spéciale pour les PMA, a dit la représentante, expliquant que le pays accorde une attention particulière à la préparation aux transformations futures.  Enfin, la représentante a qualifié les changements climatiques de menace majeure à laquelle il faut se préparer.

M. BAKHTIYOR IBRAGINMOV Ouzbékistan) a annoncé la présentation prochaine à la Deuxième Commission d’un projet de résolution sur « le tourisme durable et le développement durable en Asie centrale ».  Il a plaidé pour l’exploitation du potentiel touristique de cette région qui avait connu, dans le passé, la grande route de la soie reliant l’Est à l’Ouest par le commerce, la culture et des liens de civilisations.  Il a relevé que le tourisme pourrait contribuer, directement ou pas, à la réalisation de tous les ODD.  Ainsi, promouvoir le tourisme pourrait avoir un impact positif sur la réduction de la pauvreté et une croissance économique inclusive, a fait valoir le délégué.  Pour lui, le tourisme durable, y compris l’écotourisme, est une activité transversale.  C’est pour cette raison que le Gouvernement ouzbèque entend prendre des mesures concrètes pour assurer la réalisation des ODD par l’industrie touristique.

Mme SEBASTIANA BARROS (Timor-Leste) a indiqué qu’avec les changements climatiques, la production agricole du pays et la sécurité alimentaire sont mises à mal à cause notamment des risques de sécheresse et de mauvaises récoltes.  Pour ce pays, qui fait partie de la catégorie des PEID, les phénomènes climatiques extrêmes affectent encore plus la vie des citoyens.  C’est dans ce contexte que le Gouvernement a mis en place un Plan d’action national d’adaptation.  Il a notamment prévu de mettre sur pied des infrastructures résistantes aux aléas climatiques et de se tourner vers les énergies renouvelables, a-t-elle noté.  Le pays est d’avis que seules des actions à l’échelle mondiale seront à même de faire face à la situation des PEID en proie aux changements climatiques, notamment dans le contexte de la hausse du poids de leur dette.  Des mesures innovantes, comme l’action climatique en échange de la dette, doivent ainsi être considérées, a-t-elle suggéré.

M. MEZANG AKAMBA (Cameroun) a déclaré que les objectifs de développement durable ne seront pas atteints sans la coopération ni la coordination entre toutes les parties prenantes.  Par conséquent, le représentant a invité la Commission à assurer la mise en œuvre d’alliances et de partenariats stratégiques, devant conduire à des transformations, en faveur du financement du développement, par le biais de la mobilisation des ressources nationales par les pays du Sud.  Cela doit s’accompagner nécessairement d’un engagement renforcé de tous à lutter contre les flux financiers illicites, et à retourner les fonds et indûment sortis des pays d’origine.  Il a ensuite lancé un appel à tous les États Membres et aux institutions spécialisées pour que chacun apporte son soutien au Réseau des institutions africaines de financement des collectivités locales, et afin d’assurer la mise en œuvre de l’Alliance mondiale des institutions financières pour les collectivités locales.  Dans le cadre de son Document de développement « Vision 2035 », le Cameroun a accompli des progrès notables dans les secteurs de l’éducation et de la réduction des inégalités, entre autres, a-t-il témoigné.

Le représentant a enchaîné en disant que son pays est confronté à la rupture de la paix dans le bassin du lac Tchad à cause de Boko Haram.  « C’est pourquoi nous demandons à nos partenaires de maintenir et de renforcer les divers soutiens qu’ils nous accordent dans cette lutte », a lancé le délégué.  L’autre préoccupation majeure a été, ces trois dernières années, la crise dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun où des groupes séparatistes ont tenté de porter atteinte à l’intégrité, à l’unité et à la stabilité du Cameroun.  Face à cette conjoncture, le Gouvernement a toujours fait montre de retenue et n’a cessé d’œuvrer pour un retour à la stabilité dans ces régions sans violence et de manière inclusive, a affirmé le représentant.  Dans cette optique, les assises du dialogue national viennent de se tenir, a-t-il dit, en mentionnant aussi des mesures d’apaisement, comme la libération de 333 combattants incarcérés et d’une centaine d’autres personnes poursuivies dans le cadre de troubles postélectoraux.  Le processus pour la gestion de la situation sécuritaire dans les régions susmentionnées, et pour un retour définitif à la paix, est en très bonne voie, a assuré le représentant.

M. WILLIAM HERRARA (El Salvador) a réclamé un accès à des financements favorables même pour les pays à revenu intermédiaire.  C’est pourquoi El Salvador lutte pour l’instauration de nouveaux critères, pour ne pas dépendre que de la simple mesure des revenus par habitant, a expliqué le représentant avant d’appeler les banques de développement à instaurer des politiques plus graduelles.  Les déficits structurels doivent être reconnus à tous les niveaux, selon lui.

Le représentant a aussi appelé à adopter différents mécanismes de financement dans le cadre de la coopération Sud-Sud, avec en vue, la réalisation du Programme 2030, ainsi que promouvoir le partenariat public-privé.  Chaque objectif de développement durable est interdépendant, a-t-il souligné.  Il a aussi fait observer qu’El Salvador, comme toute l’Amérique centrale, est particulièrement vulnérable aux changements climatiques, notamment les catastrophes naturelles comme les ouragans El Niño et La Niña.  El Salvador proposera une résolution sur le tourisme durable, a annoncé la délégation, en terminant par un appel à la communauté internationale pour qu’elle se penche sur ce thème.

Mgr FREDERICK HANSEN, observateur du Saint-Siège, a apprécié l’approche large qui est suivie pour traiter des questions économiques et financières, qui illustre la base des travaux de l’ONU: un modèle économique utilitaire non motivé par le profit mais plutôt par les personnes humaines et le bien commun.  Relevant que les six grandes commissions de l’Assemblée générale correspondent aux principaux domaines de la responsabilité de l’Assemblée, il a souhaité que chaque commission reste concentrée sur ses propres discussions et projets de résolution.  Cela permettra, a-t-il argué, d’éviter les doublons ainsi que l’introduction de sujets controversés.

De manière générale, le nonce a appelé à respecter les droits de l’homme universels et la dignité humaine dans la lutte contre la pauvreté et la promotion du développement humain intégral.  Selon lui, cela favorise les progrès pour arriver à des systèmes économiques et financiers inclusifs et justes, et cela évite de fragmenter le programme de développement.  En même temps, a-t-il relevé, les questions relatives aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales doivent être discutées en priorité au sein de la Troisième Commission.  En conclusion, Mgr Hansen a souhaité que la Deuxième Commission se concentre sur ses tâches, qui vont de la croissance économique à la sécurité alimentaire, en passant par l’éradication de la pauvreté et le financement du développement.

Selon M. MARCO TOSCANO-RIVALTA, du Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes, la trajectoire de développement, actuellement suivie, crée des risques de catastrophe plutôt que de les réduire.  Le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe a pourtant montré qu’investir dans la résilience porte ses fruits.  La réalisation de la cible E de ce Cadre est essentielle, a précisé M. ???, à savoir la stratégie fondée sur la connaissance des risques de catastrophe.

Il est, par ailleurs, essentiel d’élaborer une stratégie de financement et d’examiner la réalisation des objectifs de développement durable, en se fondant sur les connaissances des risques de catastrophe, a poursuivi le représentant.  La pauvreté et l’exclusion sont les moteurs les plus puissants des catastrophes mais aucun pays ne saura gérer seul ces risques, a-t-il prévenu.  À son avis, un partenariat est nécessaire pour y arriver, de même qu’un engagement des pays dans tous les secteurs.  Pour réaliser les objectifs de développement durable, il faut investir dans la réduction des risques de catastrophe avec plus de volonté, a-t-il conclu.

Pour M. JAMIL AHMAD, du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), « nous sommes maintenant à un tournant ».  Malgré les efforts collectifs soutenus par une ambition sans précédent, a-t-il constaté, le niveau et l’intensité des défis posés par l’environnement restent redoutables.  La situation générale de l’environnement est en train de se détériorer à l’échelle mondiale et la fenêtre d’action est en train de se refermer, a-t-il mis en garde, en constatant que la santé de la planète se détériore à un taux sans précédent.  Un changement pour passer à l’économie circulaire et des solutions basées sur la nature sera nécessaire.

Le temps presse, nous devons agir et le Programme 2030 offre le cadre pour procéder aux changements nécessaires, a martelé M. Ahmad.  Cependant l’intégration n’est pas un principe aisé, a-t-il reconnu.  Mais le PNUE s’est engagé dans cette voie avec d’autres agences de l’ONU pour réfléchir à une meilleure collaboration et à des points de contact, car il s’avère que les mandats et les expertises sont souvent sous-utilisés en raison d’inerties.  « Nous entrons dans une ère nouvelle qui nécessite l’innovation et une façon de penser originale », a-t-il conclu.

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