En cours au Siège de l'ONU

8429e séance – matin
CS/13629

Moyen-Orient: « en l’absence d’horizon politique », le processus de paix est condamné à l’impasse, prévient le Coordonnateur spécial

Au cours d’une séance aux allures de bilan, le Conseil de sécurité a pris la mesure de la « dangereuse escalade » des tensions, cette année, entre Israéliens et Palestiniens, à l’écoute du Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, qui a prévenu qu’« en l’absence d’horizon politique, tous nos efforts collectifs et individuels ne feront que contribuer à la gestion du conflit plutôt qu’à sa résolution ». 

« Avant toute chose », le haut fonctionnaire a mis en garde contre le cycle d’attaques terroristes, d’affrontements et de violences meurtrières en Cisjordanie occupée, se disant alarmé de la hausse des incidents sur place qui ont causé la « mort tragique » de civils israéliens et palestiniens et de soldats israéliens.  « Bien que Gaza ait été la zone plus instable, le risque d’explosion en Cisjordanie s’est également intensifié au cours des derniers mois », a-t-il souligné.

Pour M. Mladenov, les derniers développements sont « indissociables » d’un contexte plus large caractérisé par les éléments suivants: la poursuite par Israël de son occupation militaire du territoire palestinien; les incertitudes quant à l’avenir du processus de paix et de la solution des deux États; le maintien de l’emprise du Hamas sur Gaza et son activité militante; la menace persistante de la guerre; les actions unilatérales qui fragilisent les efforts de paix; la réduction du soutien des bailleurs de fonds à la Palestine; et la tourmente régionale.

Venu présenter le huitième rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, le Coordonnateur spécial a constaté qu’au cours de la période considérée -de septembre au 14 décembre-, Israël n’avait pris aucune mesure pour arrêter « immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est », et pour « respecter pleinement toutes les obligations juridiques qui lui incombent à cet égard », comme l’exige ce texte.

Dans le même temps, 2 200 logements supplémentaires ont été planifiés dans des colonies de peuplement en Cisjordanie ou approuvés par les autorités israéliennes, la grande majorité à Jérusalem-Est, consolidant ainsi l’« anneau » que forment ces colonies au nord de la ville, a décrit le Coordonnateur spécial.  Les démolitions ou saisies de structures palestiniennes se sont poursuivies, a-t-il ajouté, tandis qu’il est devenu presque impossible pour les Palestiniens d’obtenir la délivrance de permis de construire.

« Parlons maintenant de la question de la violence », a poursuivi M. Mladenov, en faisant état d’un bilan de 75 Palestiniens tués par les Forces de sécurité israéliennes dans plusieurs incidents distincts.  De plus, 7 Israéliens, dont 3 soldats et 4 civils, ont été tués par des Palestiniens lors d’attaques en Cisjordanie et d’une opération militaire à Gaza, qui a pratiquement été le théâtre d’une nouvelle guerre entre Israël et le Hamas, lequel a été accusé de se livrer à une « rhétorique incitative et incendiaire ».  Les responsables israéliens ont également fait des déclarations « provocatrices et très problématiques », de nature à mettre en péril la solution des deux États, a précisé le haut fonctionnaire.

« Même si les tendances négatives dominent », « il y a eu quelques développements positifs », a nuancé M. Mladenov.  Il s’est félicité du geste financier du Qatar vis-à-vis de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), menacé d’une grave crise financière, et de la reconstruction et de la réhabilitation de 360 maisons totalement détruites et la réparation de 30 maisons partiellement endommagées lors du conflit de 2014 à Gaza.  « Autre signe encourageant », des organisations de la société civile continuent de se mobiliser en faveur de la paix, comme en témoigne une conférence « remarquable », organisée par Women Wage Peace, une ONG réunissant des femmes juives et arabes préconisant une solution négociée au conflit, a relevé M. Mladenov. 

La représentante des États-Unis a, elle aussi, déclaré être porteuse de bonnes nouvelles, puisqu’elle a pris connaissance du plan de paix entre Israéliens et Palestiniens, qu’a préparé l’Administration Trump et qui sera rendu public ultérieurement.  « Contrairement aux tentatives précédentes visant à résoudre ce conflit, ce plan ne se limite pas à quelques pages et à des directives vagues et dénuées d’imagination », mais apporte de nouveaux éléments au débat, tirant parti du « nouvel environnement technologique dans lequel nous vivons », a indiqué la déléguée.

« Ce plan sera différent de tous les précédents.  La question cruciale est de savoir si la réponse sera différente », a-t-elle poursuivi, en annonçant que les parties au conflit, comme tous les pays du monde intéressés par le règlement de ce conflit, auront donc un choix important à faire.  « Ils peuvent se concentrer sur les parties du plan qu’ils n’aiment pas.  Pour les parties irresponsables, ce serait la chose la plus facile à faire.  Il suffit de rejeter le plan car il ne satisfait pas toutes vos demandes.  Nous reviendrions ensuite au statu quo qui a échoué depuis 50 ans, sans perspectives de changement », a mis en garde la représentante américaine.  L’autre option consiste à se concentrer sur les aspects de ce plan « que vous aimez » et « je vous assure qu’il y a beaucoup à aimer de part et d’autre », a-t-elle assuré.  Si le Royaume-Uni, la France et la Guinée équatoriale, entre autres membres du Conseil, ont favorablement accueilli cette annonce, la Fédération de Russie, attachée à la réalisation de la solution des deux États, a réitéré sa proposition d’accueillir un sommet entre dirigeants israéliens et palestiniens.

Mais la réalité, a dit la délégation française, c’est que « nous sommes proches du point de non-retour ».  « L’ensemble territorial morcelé qui prend forme sous nos yeux fait, d’ores et déjà, coexister de manière inégalitaire deux populations sur un même territoire », a-t-elle analysé, et l’aboutissement de ce processus marquerait, pour les Palestiniens, l’abandon de leurs aspirations nationales, qui passent par l’établissement d’un État; et, pour les Israéliens, « la renonciation au caractère démocratique de l’État d’Israël ». 

Pour le Coordonnateur spécial, « c’est seulement en réalisant la vision de deux États coexistant dans la paix, la sécurité et la reconnaissance mutuelle, avec Jérusalem comme capitale d’Israël et de la Palestine, et toutes les questions relatives au statut final définitivement résolu par la négociation, « que les aspirations légitimes des deux peuples seront atteintes ».  Malheureusement, a-t-il constaté, la fin de 2018 ne pouvait pas être plus éloignée d’une revitalisation des efforts pour une solution négociée.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. NICKOLAY MLADENOV, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, a présenté la situation sur le terrain au cours du mois écoulé, les derniers développements étant indissociables d’un contexte plus large: la poursuite par Israël de l’occupation militaire du territoire palestinien; les incertitudes quant à l’avenir du processus de paix et de la solution des deux États; le maintien de l’emprise du Hamas sur Gaza et son activité militante; la menace persistante de la guerre; les actions unilatérales qui fragilisent les efforts de paix; la réduction du soutien des donateurs à la Palestine; et la tourmente dans laquelle se trouve plus largement la région.  Avant toute chose, le haut fonctionnaire a tenu à mettre en garde contre la « dangereuse escalade » des attaques terroristes, des affrontements et des violences en Cisjordanie, se disant alarmé de la hausse des incidents qui ont provoqué la « mort tragique » de civils israéliens et palestiniens et de soldats israéliens.  Les mesures de sécurité prises à la suite de ces incidents, les opérations de recherche dans Ramallah, ainsi que les affrontements et manifestations qui dégénèrent en violences, ont ravivé des tensions déjà fortes.

Au cours de la période considérée, Israël n’a pris aucune mesure pour arrêter « immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est », et pour respecter « pleinement toutes les obligations juridiques qui lui incombent à cet égard », comme le demande la résolution 2334 (2018).  M. Mladenov a répété que toutes les activités de peuplement constituent une violation du droit international et un obstacle majeur à la paix.  En revanche, au cours du mois écoulé, environ 2 200 logements ont été planifiés dans des colonies de peuplement en Cisjordanie ou approuvés par les autorités israéliennes.  La grande majorité de ces logements serait à Jérusalem-Est, consolidant ainsi l’« anneau » de colonies de peuplement au nord de la ville.

Le 15 novembre, la Haute Cour de justice d’Israël a rejeté le recours de deux familles palestiniennes vivant dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est et permis l’expulsion de quelque 40 de ces personnes, a relevé le Coordonnateur spécial.  Le 19 novembre, a-t-il précisé, la Knesset a adopté une législation permettant, sous certaines conditions, la planification à des fins résidentielles dans les parcs nationaux situés dans les limites des municipalités.  « Cet amendement pourrait faciliter la construction de logements supplémentaires dans le quartier de Silwan à Jérusalem-Est », a-t-il observé.  Le 21 novembre, la Haute Cour de justice a rejeté une requête présentée par plus de 100 Palestiniens du même quartier qui demandaient la fin d’une organisation israélienne visant à les expulser de leurs maisons.  Par ailleurs, les autorités israéliennes ont continué de démolir et de saisir des structures appartenant à des Palestiniens en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, alors qu’il est presque impossible pour ces derniers d’obtenir la délivrance de permis de construire. 

« Parlons maintenant de la question de la violence », a poursuivi M. Mladenov.  Au total, 75 Palestiniens ont été tués par les Forces de sécurité israéliennes, y compris au cours de manifestations, d’affrontements, de frappes aériennes, d’opérations de sécurité et autres incidents.  Et 7 Israéliens, dont 3 soldats et 4 civils, ont été tués par des Palestiniens lors d’attaques en Cisjordanie et d’une opération militaire à Gaza.  La période considérée a été de nouveau marquée par une forte escalade à Gaza, qui a pratiquement amené Israël et le Hamas à la guerre, s’est alarmé le haut fonctionnaire.  Après avoir énuméré tous les incidents provoqués de part et d’autre, le Coordonnateur spécial a indiqué que le Hamas avait continué de recourir à une « rhétorique incitative et incendiaire », y compris sur les réseaux sociaux.  Les responsables israéliens ont également fait des déclarations « provocatrices et très problématiques », de nature à mettre en péril la solution des deux États, a-t-il ajouté. 

Au cours du mois écoulé, « il y a eu quelques développements positifs, même si les tendances négatives dominent », selon M. Mladenov.  Parmi les avancées, il a cité la mobilisation du soutien international à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  À Gaza, la communauté internationale a pris un certain nombre de mesures pour améliorer la vie de deux millions de personnes qui sont sous le contrôle du Hamas et souffrent des bouclages israéliens, a constaté le haut fonctionnaire.  Tout d’abord, grâce au généreux financement du Qatar, l’ONU a pu importer une quantité de carburant vitale pour exploiter la centrale électrique de Gaza, a-t-il noté. 

Par ailleurs, le 4 décembre, l’ONU a achevé un examen complet du Mécanisme de reconstruction de Gaza, en partenariat avec l’Autorité palestinienne et Israël.  « Il en a résulté plusieurs changements importants qui seront mis en œuvre à compter du 1er janvier 2019. » 

Par ailleurs, la reconstruction et la réhabilitation de 360 maisons totalement détruites et la réparation de 30 maisons partiellement endommagées lors du conflit de 2014 sont terminées, s’est félicité le Coordonnateur spécial.  Enfin, à Gaza, l’ONU a renforcé sa capacité de mise en œuvre de projets en mettant sur pied une unité de gestion de projets chargée de collaborer avec toutes les parties concernées.  « Autre signe encourageant », des groupes de la société civile continuent de se mobiliser pour soutenir la paix, comme en témoigne la conférence « remarquable » organisée par Women Wage Peace, une ONG réunissant des femmes juives et arabes préconisant une solution négociée au conflit, a expliqué M. Mladenov. 

« Bien que Gaza ait été la zone plus instable, le risque d’explosion en Cisjordanie s’est également intensifié au cours des derniers mois », a mis en garde le Coordonnateur spécial.  Au cours des trois derniers mois, nous avons été témoins de coups de couteau, de coups de bélier et de trois attaques par balle contre des Israéliens, dont l’une a entraîné la mort d’un bébé.  Une Palestinienne a également été tuée par une pierre.  Ces actions continuent d’alimenter « un climat de haine et de peur » et d’éloigner Israéliens et Palestiniens d’une résolution du conflit, a-t-il constaté.  La « violence liée aux colons » a également augmenté en 2018, avec le nombre le plus élevé d’incidents depuis 2014.  « Bien que je reconnaisse les efforts des autorités pour prévenir et enquêter sur la violence des colons, je demande de nouvelles mesures pour garantir qu’Israël s’acquitte de son obligation de protéger les civils palestiniens et enquête sur les responsables de ces actes », a déclaré M. Mladenov.  « Il est impératif que le calme soit préservé à tout prix.  Personne ne peut se permettre une autre guerre. » 

Malheureusement, cette année, les parties n’ont pris aucune mesure positive pour inverser les tendances négatives, a conclu le Coordonnateur spécial.  Bien que la réconciliation intrapalestinienne n’ait pas progressé, il est essentiel que ce processus important dirigé par l’Égypte se poursuive.  L’ONU soutient fermement les efforts de l’Égypte à cet égard et exhorte les parties à faire des efforts sérieux pour assurer le retour du Gouvernement palestinien légitime à Gaza.  Le haut fonctionnaire s’est déclaré préoccupé par l’affaiblissement du consensus international et l’absence d’efforts collectifs pour mettre fin à l’occupation et à parvenir à la résolution négociée du conflit israélo-palestinien.  En l’absence d’horizon politique, tous nos efforts collectifs et individuels ne font que contribuer à la gestion du conflit plutôt qu’à sa résolution, a-t-il prévenu. 

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) s’est dite étonnée depuis sa prise de fonctions par la fréquence des discussions sur la question palestinienne à l’ONU, notamment au Conseil de sécurité, et par leur aspect « unilatéral ».  Elle en a voulu pour preuve le fait que l’Assemblée générale n’ait pas adopté la résolution sur le Hamas, il y a deux semaines.  Au cours des deux dernières années, a assuré Mme Haley, elle a cherché à présenter une autre vision des questions relatives au Moyen-Orient pour montrer que la plupart des problèmes de la région n’ont rien à voir avec la question israélo-palestinienne.  Mon but était de faire cesser cette « obsession » de l’ONU avec la question palestinienne, a–t-elle expliqué.  D’après elle, cette voie semée de « préjugés » ne mène qu’à l’impasse. 

Comme il s’agit, aujourd’hui, de sa dernière réunion au Conseil sur cette question, Mme Haley a décidé d’aborder « directement » la question du conflit israélo-palestinien.  Elle a évoqué, sans rentrer dans les détails, le nouveau plan de paix élaboré par l’Administration Trump, qu’elle a dit avoir lu mais sur lequel elle n’a pas livré de détails.  Ce plan a-t-elle relevé, « apporte de nouveaux éléments à la discussion, en profitant du nouveau monde de la technologie dans laquelle nous vivons. »  Il reconnaît, a-t-elle ajouté, que « les réalités sur le terrain au Moyen-Orient ont changé de manière puissante et importante. »

Ce plan est basé sur l’idée qu’il est « possible de faire des choses au Moyen-Orient jusque-là impensables ».  Israël a, selon Mme Haley, clairement démontré sa volonté de faire un sacrifice pour la paix, mais « pas à n’importe quel prix ».  Il ne serait pas judicieux pour Israël de signer un accord qui remettrait en cause sa sécurité, a-t-elle souligné.  De son côté, le peuple palestinien, « un peuple fier », n’a pas besoin non plus d’un accord de paix à n’importe quel prix.  Elle a cependant mis l’accent sur le rôle et la responsabilité des terroristes palestiniens « qui dirigent une bonne partie du territoire palestinien », leur reprochant d’être responsables de la situation humanitaire et des conditions de vie difficiles à Gaza. 

« Ce plan sera différent de tous les précédents », a affirmé la représentante américaine.  « La question cruciale est de savoir si la réponse qui lui sera donnée sera différente. »  « Il y a des choses dans le plan que chaque partie va aimer, et il y a des choses que chaque partie n’aimera pas », a-t-elle prévenu.  Selon elle, les Palestiniens ont « tout à gagner » d’un accord de paix.  Mme Haley a mis toutes les parties au défi en expliquant qu’elles auront un choix majeur à opérer: soit rejeter ce plan parce qu’il ne répond pas à toutes leurs exigences, soit l’accepter en insistant sur les aspects qui leur plaisent.  Dans tous les cas, les décisions finales seront du ressort des Israéliens et des Palestiniens, même si les États Membres de l’ONU, notamment les pays européens et arabes, auront à faire les mêmes choix, a poursuivi Mme Haley.  S’adressant à ses « amis arabes », elle a regretté qu’ils ne fassent pas front commun pour essayer de parvenir à la paix dans la région.  Les États-Unis seront toujours investis dans la paix au Moyen-Orient, a-t-elle conclu, non sans rappeler leur appui « inébranlable » à Israël. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a demandé que davantage de rapports écrits soient rendus publics sur l’état de mise en œuvre de la résolution 2334 (2016).  Il a pris acte de l’évolution de la situation à Gaza, « à la suite des crimes commis par Israël contre le peuple palestinien », dénonçant en particulier l’« agression » commise le 11 novembre. 

Selon lui, des rapports de Médecins sans frontières ont révélé que plus de 1 000 personnes ont été blessées par balles réelles par les Forces de défense israéliennes.  « Nous devons mettre un terme à ces crimes, et protéger les civils palestiniens », a martelé le représentant.  Il a insisté sur la nécessité d’appliquer la résolution 2334 (2016), qui réaffirme que les colonies de peuplement israéliennes sont une violation du droit international. 

Sa délégation a renouvelé la condamnation des « agressions israéliennes répétées » contre la mosquée Al-Aqsa, en soulignant qu’il y avait là une intention évidente de modifier le statut historique de lieux saints.  Le Koweït s’est en conclusion félicité de l’adoption récente de la résolution de l’Assemblée générale sur l’établissement d’une paix juste et durable au Moyen-Orient. 

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a déclaré que la situation au Moyen-Orient nécessite des efforts collectifs, en dépit des divergences d’approches.  Il faut présenter un front le plus large possible pour faire des progrès considérables en termes de lutte contre le terrorisme, stabiliser la situation au Yémen ou encore permettre le retour des réfugiés syriens, a estimé le représentant.  Pour sa délégation les solutions sont pourtant possibles sur la base du droit international, et, pour cela, il faut remettre en place un dialogue avec toutes les parties prenantes, à commencer sur le conflit israélo-palestinien, qui est « l’épicentre des tensions dans la région », selon la Fédération de Russie. 

Son représentant a regretté les « tentatives de révision agressives » des accords précédemment passés, ainsi que l’agressivité qui est de mise actuellement et l’élargissement du fossé et de la méfiance entre Israéliens et Palestiniens.  La mise en œuvre des recommandations contenues dans le rapport du Quatuor permettrait pourtant de sortir de l’impasse actuelle, a-t-il estimé.  Il est urgent de faire en sorte que les initiatives diplomatiques se multiplient, selon lui, afin que les efforts de la communauté internationale « ne tombent pas à l’eau » et que la solution des deux États puisse se concrétiser en répondant à toutes les questions « délicates et épineuses » du statut définitif.

La Fédération de Russie reste attachée à un règlement sur la base des initiatives de paix internationales, et rejette la politique du fait accompli sur le terrain, a indiqué le représentant, en citant à ce titre les activités de peuplement israéliennes.  En tant que membre du Quatuor, la Fédération de Russie réitère sa proposition d’organiser un sommet entre dirigeants israéliens et palestiniens en Russie.  Le représentant a ajouté que son pays continuerait de soutenir l’UNRWA.  Il est essentiel, a-t-il conclu, de rétablir la confiance pour pouvoir faire avancer la paix et stabiliser la région.

« Aujourd’hui, c’est avec le cœur lourd que nous constatons que les espoirs se sont volatilisés et qu’aucun processus de paix n’est en vue », a déploré M. OLOF SKOOG (Suède).  La solution des deux États nous échappe, l’expansion des colonies de peuplement israéliennes constituant de plus en plus la réalité sur le terrain, a-t-il déclaré.  Il a indiqué que la résolution 2234 (2016), qui devait inverser cette tendance, reste plus pertinente que jamais, sa mise en œuvre étant un élément clef du retour de la paix.  Il s’est dit très déçu qu’aucun rapport écrit sur la mise en œuvre de ce texte n’ait été soumis avant la réunion, comme cela est le cas pour toute autre résolution.  Il en va de la responsabilité du Conseil et dire le contraire, en ne soumettant pas de rapport, revient à décharger le Conseil de ses responsabilités, a-t-il regretté. 

M. Skoog a demandé des efforts accrus des États Membres pour appliquer ce texte, rappelant que, selon la politique de l’Union européenne, les produits des colonies ne peuvent être assimilés à des produits israéliens et tout accord entre l’Union et Israël ne s’applique pas dans les territoires occupés.  « Cela ne constitue pas un boycott et respecte pleinement la résolution. »  Enfin, le délégué suédois a apporté son soutien à la solution des deux États. 

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) s’est déclarée préoccupée par l’autorisation de la construction de nouveaux logements en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, rappelant que les colonies de peuplement sont illégales au regard du droit international.  Elle s’est également élevée contre la démolition de structures palestiniennes.  La représentante a ensuite annoncé qu’hier, le Gouvernement britannique avait déboursé 7 millions de dollars de contributions supplémentaires à l’UNRWA. 

Le Hamas, l’Autorité palestinienne et Israël devraient tout mettre en œuvre pour atténuer les tensions sur le terrain, a-t-elle demandé.  Mme Pierce s’est félicitée d’apprendre que le plan de paix des États-Unis serait prêt.  Elle s’est dite disposée à l’examiner, soulignant qu’il revient maintenant aux parties de prendre des mesures de renforcement de la confiance.  La déléguée a, en conclusion, réitéré le soutien du Royaume-Uni à la solution des deux États, dans le respect des frontières d’avant 1967. 

« L’illusion du statu quo recouvre une dégradation quotidienne de la situation, qui peut dégénérer à tout moment et sape chaque jour les fondations de la paix », a déclaré M. FRANÇOIS DELATTRE (France).  Il a condamné avec la plus grande fermeté l’attaque perpétrée, le 9 décembre, contre des civils israéliens aux abords de la colonie d’Ofra, en Cisjordanie, avant de regretter les nouvelles décisions des autorités israéliennes en faveur de la colonisation.  La colonisation est illégale, dangereuse et contreproductive, détruisant progressivement la solution des deux États, a-t-il déclaré. 

M. Delattre a déploré les annonces portant sur de nouvelles unités de logement à Jérusalem et dans les colonies de Cisjordanie, notamment à Hébron, ainsi que les démolitions et déplacements forcés.  M. Delattre a également appelé les autorités israéliennes à revenir sur les initiatives législatives visant à régulariser les colonies dites sauvages.  « Nous sommes proches du point de non-retour », a-t-il déclaré.  « Nous le savons tous, les destins des Israéliens et des Palestiniens sont liés: aucun des deux peuples ne réalisera durablement ses aspirations aux dépens de l’autre. »  À cette aune, et en conclusion, M. Delattre a appelé à la mise en œuvre, par la négociation, de la solution des deux États.

Pour le représentant de la Chine, M. ZHAOXU MA, les questions brulantes au Moyen-Orient sont exacerbées et reliées entre elles et la question palestinienne est au cœur de ces tensions.  Ainsi la Chine regrette l’absence de progrès et l’escalade des tensions à Gaza.  « Répondre à la violence par la violence ne mène nulle part », s’est indigné le représentant qui a appelé les parties à faire preuve de retenue.

Il a également appelé le Conseil de sécurité à envisager une perspective à long terme et à créer un climat propice à la reprise du dialogue.  Par ailleurs, la communauté internationale devrait accroître son appui à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), y compris son soutien aux pays qui accueillent les réfugiés palestiniens, a poursuivi le représentant. 

Le règlement de cette question passe pour la Chine par le respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité dont les membres « doivent faire preuve d’unité ».  Par ailleurs, la Chine exhorte les parties à s’abstenir de prendre des mesures unilatérales et, à ce titre, le représentant a dénoncé la politique de peuplement israélienne notamment.

Pour la délégation chinoise, il faut appuyer la solution des deux États, et la communauté internationale devrait faire respecter les résolutions pertinentes de l’ONU, les Principes de Madrid et l’Initiative de paix arabe.  Le représentant a indiqué attendre le prochain rapport du Secrétaire général sur l’application de la résolution 2234 (2016).  En guise de conclusion, il a réaffirmé le soutien de la Chine au processus de paix au Moyen-Orient, ainsi qu’au droit à l’autodétermination du peuple palestinien.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a appelé les États-Unis, la Fédération de Russie et l’Union européenne à exhorter Israël et la Palestine à retourner à la table des négociations, en vue de parvenir à un règlement acceptable pour les deux parties sur la base de la coexistence pacifique des deux États.  Il a mis en garde contre un nouveau conflit entre Israël et le Hamas à Gaza, avant de se dire préoccupé par la recrudescence de la violence dans la Cisjordanie occupée.  « Mon pays est un fervent partisan de la solution des deux États, nous pensons toujours que la paix est possible. »  Enfin, le délégué a indiqué que le Kazakhstan, dont le mandat au Conseil s’achève, va continuer d’œuvrer pour la paix au sein de l’Assemblée générale et d’autres enceintes, en tant « qu’État Membre passionné, profondément engagé en faveur de la paix et de la sécurité ». 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a rappelé que la résolution 2334 (2016) a été adoptée par le Conseil de sécurité il y a exactement deux ans, et que les accords d’Oslo ont été adoptés il y a 25 ans.  Malgré ses lacunes, ce document était un compromis historique, a–t-elle estimé, mais, « malheureusement », depuis le conflit israélo-palestinien n’a pas connu de développements significatifs pour arriver à la paix.  Au contraire, s’est-elle indignée, en faisant remarquer la récente intensification des tensions dans la situation sécuritaire en Israël et dans les territoires occupés, et d’appeler à la désescalade et au respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme par toutes les parties.

Face à la récente violence en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, la délégation polonaise a regretté la perte de vies humaines et a exhorté les parties à faire preuve de retenue.  Sa priorité est de rétablir un « horizon politique » pour la reprise d’un processus de paix significatif.  À cet égard, la représentante a réaffirmé son soutien à la négociation de la solution des deux États et au règlement des questions en instance en termes de statut final, y compris Jérusalem, les colonies de peuplement, l’avenir des réfugiés palestiniens, les frontières et les arrangements sécuritaires.  Pour la Pologne, cette solution doit répondre aux aspirations nationales des deux parties au conflit, y compris à l’aspiration au droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple palestinien et au droit d’Israël à sa sécurité et à la normalisation des relations avec les États arabes.

S’agissant de la situation à Gaza, la représentante a regretté l’absence de progrès sur les plans politique, humanitaire et sécuritaire, et a mis l’accent sur l’importance de la réconciliation intrapalestinienne et de réinstaurer un « Gouvernement palestinien légitime » à Gaza, en remerciant l’Égypte pour ses efforts en ce sens. 

À la lumière de la situation humanitaire alarmante à Gaza, la Pologne a appelé la communauté internationale à satisfaire les besoins de base de la population et a pointé du doigt les difficultés financières de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), rappelant que 80% de la population de Gaza dépend des services humanitaires de l’Office.  Saluant la mobilisation des donateurs qui doit permettre à l’Office de poursuivre son mandat l’année prochaine, elle a tiré la sonnette d’alarme en expliquant que le l’absence d’espoir des jeunes de Gaza risque de conduire à une rhétorique inflammatoire et qu’une baisse de l’aide internationale aurait des conséquences humanitaires et sécuritaires à la fois dans les territoires palestiniens et dans les pays-hôte de réfugiés palestiniens.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a déploré que deux ans, jour pour jour, après l’adoption de la résolution 2334 (2016), la majorité de ses dispositions n’ont pas été mises en œuvre.  De plus, la situation sur le terrain est bien pire qu’il y a deux ans.  Dans ce contexte, les Pays-Bas rappellent que toutes les parties peuvent et doivent agir pour ramener la paix, comme le Quatuor l’avait recommandé en 2016.  En attendant, le représentant a condamné les récentes attaques terroristes palestiniennes contre des Israéliens en Cisjordanie, de même que les déclarations de réjouissance du Hamas et d’autres groupes terroristes concernant ces « actes lâches ».  À cet égard, M. van Oosterom a déploré que le projet de résolution condamnant le Hamas et présenté par les États-Unis ait été rejeté par l’Assemblée générale, « au moment même où l’ONU se prononce contre le terrorisme. » 

En même temps, les Pays Bas restent opposés à la politique de colonisation israélienne, tant elle est illégale au regard du droit international.  Depuis l’adoption de la résolution 2334 (2016), Israël a lancé la construction de plus de 1700 unités de peuplement en 2017.  Au cours des six premiers mois de 2018, mille autres ont été entamées, tandis que le double est prévu, y compris à Hébron et à Jérusalem-Est, a constaté le représentant, avant de demander aux autorités israéliennes de renoncer à leurs projets d’implantation. 

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) s’est dit préoccupé de constater qu’en dépit de tous les efforts déployés cette année, il n’ait pas été possible de parvenir à faire des progrès dans le cadre du processus de paix au Moyen-Orient, en particulier s’agissant du conflit israélo-palestinien.  Qu’en est-il de tous les projets de résolution déjà adoptés, s’est demandé le représentant, qui en a souhaité la mise en œuvre.  Il a ensuite regretté les échanges de tirs récents entre le Hamas et les Forces de défense israéliennes, exhortant celles-ci à faire preuve de proportionnalité dans leurs réponses aux attaques.  La délégation a estimé qu’il est clair qu’il n’y a pas de solution militaire à ce conflit, avant de se dire impatiente de prendre connaissance du plan de paix américain évoqué aujourd’hui par la représentante des États-Unis. 

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) s’est dite préoccupée par l’escalade de la violence dans le territoire palestinien occupé, en particulier à Gaza, au cours du mois dernier.  Sa délégation persiste à apprécier les efforts des Nations Unies, en étroite consultation avec des pays comme l’Égypte et d’autres parties pertinentes, pour essayer de rétablir le calme et de promouvoir le dialogue politique entre les parties sur la base de la solution des deux États à laquelle l’Éthiopie souscrit pleinement.  La détérioration politique, humanitaire et sécuritaire à Gaza est, pour la représentante, extrêmement inquiétante.  Elle a saisi cette opportunité pour souligner que la situation humanitaire ne peut être améliorée sans que les services de base y soient rétablis, à commencer par l’approvisionnement en eau, en électricité et en essence, les services de santé et la libre circulation des biens et des personnes.  Pour l’Éthiopie, il est également essentiel d’encourager la réconciliation intrapalestinienne et de soutenir les efforts de l’Égypte pour faire passer Gaza sous contrôle de l’Autorité palestinienne. 

Selon Mme Guadey, il ne fait pas de doute que si le processus de paix n’avance pas et que les causes profondes de la crise ne sont pas réglées de manière pacifique, « la tragédie actuelle se répètera jusqu’au point de non-retour ».  C’est la raison pour laquelle il lui semble essentiel de trouver des moyens pour relancer le processus de paix et faire avancer la solution des deux États.  Pour l’Éthiopie, cela passe par une reprise des négociations directes entre les parties au conflit, sans précondition et sans plus tarder.

M. VERÓNICA CORDOVA SORIA (Bolivie) a rappelé que son pays n’avait cessé d’appeler Israël, Puissance occupante depuis plus de 70 ans, à mettre un terme à sa politique expansionniste et aux violations du droit international.  Le blocus maritime, aérien et terrestre imposé à la bande de Gaza a paralysé son économie augmentant encore le chômage qui atteint 70% chez les jeunes et même 78% chez les femmes.  Les coupures d’électricité se prolongent sur 18 à 20 heures par jour, entravant la distribution de services de base. 

Dans tous les forums internationaux où elle siège, comme ici, la Bolivie n’a de cesse d’interpeller la communauté internationale pour lui demander comment elle peut laisser ainsi attenter aux droits humains des Palestiniens.  Dans ce contexte, le représentant a salué la solidarité du Qatar qui a livré d’importantes quantités de fuel pour améliorer le sort des habitants de Gaza.

De nouveau, la Bolivie a appelé à une solution pacifique du conflit sur la base de la feuille de route du Quatuor, des Principes de Madrid ou de l’Initiative de paix arabe.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a condamné les attaques indiscriminées du Hamas contre la population civile et la riposte disproportionnée d’Israël qui, dans les deux cas, alimentent une dynamique hostile.  La nécessité d’un geste politique est plus que jamais nécessaire pour établir un climat favorable au dialogue et à la négociation entre les parties, accompagnées par la communauté internationale et le Conseil de sécurité.  À cette fin, il a suggéré d’explorer la possibilité de réactiver le Quatuor et de faciliter la reprise de négociations autour de la vision des deux États aux frontières sûres et internationalement reconnues.

Parallèlement le représentant a insisté sur l’urgence d’agir pour soulager la situation humanitaire à Gaza et avancer dans le processus de réconciliation inter-palestinien.  Il a salué les efforts de l’Égypte en ce sens et appelé le Conseil à les suivre de près et à leur apporter tout le soutien requis.

Pour M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) la crise israélo-palestinienne est porteuse de risques élevés de dégradation des situations socioéconomiques dans la région: de nombreux rapports indiquent que le chômage atteint 27%, soit le taux le plus élevé au monde et que l’état de santé des Palestiniens se détériore, a-t-il fait valoir.  Il a réitéré l’appel de son pays à une « mobilisation générale » et à la responsabilité collective des membres du Conseil afin qu’une assistance humanitaire et financière soit apportée aux populations en détresse et pour que les partenaires internationaux continuent de soutenir financièrement l’UNWRA. 

M. Adom a invité les parties israélienne et palestinienne à engager de nouveaux pourparlers et souhaité que le Conseil appuie l’ensemble des initiatives de médiation.

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