En cours au Siège de l'ONU

8407e séance – matin
CS/13592

Conseil de sécurité: les missions de maintien de la paix de l’ONU en Afrique ont accompli des progrès, affirme le Secrétaire général

« Nos missions de maintien de la paix sur le continent africain ont accompli des progrès encourageants ces dernières années », s’est félicité aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres.  Dans le cadre d’un débat public sur le thème « Paix et sécurité en Afrique: renforcement des opérations de maintien de la paix en Afrique », organisé par la Chine, qui préside le Conseil ce mois-ci, et auquel ont participé près d’une soixantaine d’intervenants, le Secrétaire général a insisté sur le haut niveau de coopération entre l’ONU et l’Union africaine. 

En Côte d’Ivoire et au Libéria, a précisé le Secrétaire général, les mandats ont été menés à bien et les missions ont pu se retirer.  En République démocratique du Congo, au Mali, en République centrafricaine et au Darfour, l’Union africaine et l’ONU ont collaboré étroitement pour appuyer les processus politiques, les dialogues nationaux et les efforts de médiation dans la région, « ce qui a désamorcé les tensions et ouvert la voie à des accords de paix et à des élections ».  Au Soudan du Sud, a continué M. Guterres, nous avons travaillé avec l’Union africaine en soutien de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) afin de parvenir à la signature de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit. 

Parce que les opérations de paix africaines, y compris celles mandatées par l’Union africaine, ont joué un rôle clef dans le maintien de la paix et de la sécurité sur le continent, elles doivent pouvoir bénéficier de financements plus prévisibles et durables, y compris, le cas échéant, au moyen de contributions statutaires, a insisté le Secrétaire général.  Faisant écho à cette présentation, le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, M. Smaïl Chergui, intervenant par visioconférence, a lui aussi confirmé que l’Union africaine et l’ONU avaient renforcé leur partenariat. 

En avril 2017, rappelle la note de cadrage distribuée avant le débat, M. Guterres et le Président de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, ont signé le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, qui donne des orientations pour resserrer la coopération entre les deux organisations, à tous les niveaux, dans ce domaine. 

Cela dit, a souligné M. Chergui, ces efforts de coopération doivent encore être renforcés par le Conseil de sécurité, dans un contexte où 60% de ses résolutions concernent l’Afrique.  C’est pour cette raison qu’il a appuyé le projet de résolution qui sera présenté dans les semaines à venir et qui devrait permettre au Conseil d’accepter que les contributions des États Membres de l’ONU puissent, au cas par cas, être utilisées pour financer des opérations de soutien à la paix mandatées par l’Union africaine.

Aujourd’hui, plus de la moitié des 20 principaux fournisseurs de contingents aux opérations de maintien de la paix de l’ONU sont des pays africains, et les cinq plus grandes missions de maintien de la paix, sur les 14 que compte l’Organisation, sont déployées en Afrique.

Face à ces réussites, plusieurs délégations, notamment celles des pays contributeurs de troupes, comme l’Indonésie, l’Inde, les Philippines ou encore la Bolivie, le Koweït, les Pays-Bas et l’Algérie, ont salué ce dialogue et cette coopération renforcée, tout en insistant sur la nécessité de les poursuivre et de les coordonner davantage.  Soulignant le rôle de premier plan que joue l’Afrique dans le règlement de ses problèmes de sécurité, la Chine a estimé que cela permettrait d’améliorer la prise de décisions et de privilégier « la recherche de solutions africaines aux problèmes africains ». 

« La détermination de l’Union africaine à s’approprier la sécurité collective sur le continent n’est plus à démontrer », a assuré le représentant ivoirien au nom du « Groupe A3 », composé des trois pays africains membres du Conseil de sécurité, à savoir l’Éthiopie, la Guinée équatoriale et la Côte d’Ivoire.  Pour preuve de cette détermination, l’Architecture africaine de paix et de sécurité s’est considérablement renforcée depuis une décennie, comme en témoigne d’ailleurs la création du Fonds pour la paix, le 17 novembre dernier.  À ce jour, les contributions des États membres de l’Union africaine s’élèvent à 60 millions de dollars sur les 400 millions de dollars requis d’ici à l’année 2021, ont complété MM Guterres et Chergui.

Le Cadre commun ONU-Union africaine est un partenariat « stratégique », dans le contexte où les opérations africaines de paix sont mieux adaptées à leur environnement et à la menace, a résumé la France, tandis que le Kazakhstan notait que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’IGAD avaient bel et bien prouvé leur capacité à résoudre les conflits les plus complexes.  Dans ce contexte, nombre de délégations, dont celles de la France et de la Fédération de Russie ont dit ne pas être opposées au dit projet de résolution, qui permettra que le Conseil consente, au cas par cas, à financer des opérations décidées ou mandatées par l’Union africaine.

Mais la vraie question est de savoir comment cette proposition contribuera à la paix, à la sécurité et aux droits de l’homme en Afrique, a prévenu le représentant des États-Unis, faisant observer que les résolutions 2320 (2016) et 2378 (2017) définissent clairement les conditions à remplir avant que le Conseil puisse envisager d’utiliser les contributions onusiennes pour financer des opérations sous conduite africaine.  « Ces conditions ne sont pas encore remplies », a-t-il estimé, précisant que cette position n’est pas une opposition à la proposition. 

Outre ces considérations budgétaires, les délégations ont également évoqué la question des mandats.  Pour l’Inde ou le Brésil, par exemple, il faut éviter d’assortir les mandats de maintien de la paix, par nature multidimensionnels, de composantes « disproportionnées » et garder à l’esprit la nécessité de « prioriser les mandats », compte tenu des « maigres ressources » allouées à leur mise en œuvre.  Les mandats décidés par l’Union africaine doivent pour leur part être complémentaires de ceux décidés par l’ONU, ont plaidé d’autres délégations, notamment celles de l’Iran, de la Chine, de l’Égypte et du Royaume-Uni.

Les facteurs qui alimentent les conflits en Afrique, en particulier la pauvreté, le chômage des jeunes, les changements climatiques, la concurrence pour les ressources et la criminalité transnationale menacent la sécurité mondiale.  « Améliorer l’impact et l’efficacité du maintien de la paix en Afrique est une responsabilité collective », a conclu le Secrétaire général. 

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE

Renforcement des opérations de maintien de la paix en Afrique (S/2018/1004)

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a commencé par demander une minute de silence pour les huit soldats de la paix morts la semaine dernière dans l’exercice de leurs fonctions.  Originaires du Malawi et de la Tanzanie, ils tentaient de prévenir une attaque contre la ville de Beni, en République démocratique du Congo, dans le but de créer un environnement sûr pour ceux qui luttent contre l’épidémie d’Ebola.

M. Guterres a ensuite indiqué que le continent africain accueille sept des 14 opérations de maintien de la paix de l’ONU et plus de 80% des soldats de la paix.  Près de la moitié des Casques bleus déployés dans le monde sont Africains, dont pratiquement les deux-tiers des femmes soldats et la majorité des personnels de police. 

« Nos missions de maintien de la paix sur le continent africain ont accompli des progrès encourageants ces dernières années », s’est félicité le Secrétaire général.  Les mandats ont été menés à bien en Côte d’Ivoire et au Libéria et nos missions ont pu se retirer.  En République démocratique du Congo, au Mali, en République centrafricaine et au Darfour, l’Union africaine et l’ONU ont collaboré étroitement pour appuyer les processus politiques, les dialogues nationaux et les efforts de médiation dans la région, ce qui a désamorcé les tensions et ouvert la voie à des accords de paix et à des élections.

Au Soudan du Sud, a poursuivi M. Guterres, nous avons travaillé avec l’Union africaine en soutien de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) afin de parvenir à la signature de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit.  Ces 10 dernières années, l’Architecture africaine de paix et de sécurité de l’Union africaine a été considérablement renforcée et l’un de ses piliers essentiels, le Fonds pour la paix, est en cours de mise en œuvre.  À ce jour, les contributions des États membres de l’Union africaine s’élèvent à 60 millions de dollars sur les 400 millions de dollars requis d’ici à l’année 2021. 

Mais en dépit de ces succès, « le maintien de la paix en Afrique reste l’un des plus grands défis du moment », a relevé le Secrétaire général.  Les opérations de maintien de la paix ont des mandats multidimensionnels complexes et doivent intervenir dans des environnements extrêmement dangereux.  La criminalité transnationale organisée, les groupes armés non étatiques et autres groupes terroristes menacent et ciblent directement les soldats de la paix, a expliqué M. Guterres.

Heureusement, il y a une excellente coopération au plan international, s’est réjoui le Secrétaire général.  À titre d’exemple, il a signé avec le Président de la Commission de l’Union africaine, M. Moussa Faki Mahamat, deux cadres conjoints sur le partenariat renforcé pour la paix et la sécurité et sur la mise en œuvre de l’Agenda 2063 et du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  À cela s’ajoutent les nombreuses visites conjointes sur le continent menées par la Vice-Secrétaire générale, Mme Amina J.  Mohammed, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Pierre Lacroix, et de hauts responsables de l’Union africaine, dont le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, M. Smaïl Chergui. 

Le Secrétaire général s’est également dit encouragé par le soutien africain à son initiative Action pour le maintien de la paix qui vise notamment à mobiliser les partenaires pour réorienter le maintien de la paix autour de mandats plus réalistes, et à rendre les missions plus fortes et plus sûres.  Plus de 150 gouvernements ont signé la Déclaration d’engagements communs, dont 42 sur le continent africain.

M. Guterres a reconnu que les opérations de paix africaines, y compris celles mandatées par l’Union africaine, ont joué un rôle clef dans le maintien de la paix et de la sécurité sur le continent.  Pour cette raison, il est d’avis qu’elles méritent des systèmes de soutien prévisibles, d’autant qu’elles sont aujourd’hui confrontées à des situations qui ne peuvent être menées que par l’Union africaine et diverses configurations sous-régionales.  « Il est donc essentiel que les opérations de paix dirigées par l’Afrique et placées sous l’autorité du Conseil de sécurité se voient attribuer des mandats forts et des financements prévisibles, durables et flexibles, y compris, le cas échéant, au moyen de contributions statutaires des Nations Unies », a-t-il plaidé. 

Soulignant qu’il a appelé la communauté internationale à appuyer la Force conjointe du G5 Sahel, le Secrétaire général a déploré qu’à ce jour, près de la moitié des contributions promises n’ont pas été affectées ni déboursées.  Et pourtant, il y a eu des progrès cette année: la Force conjointe a atteint sa capacité opérationnelle initiale, a-t-il souligné. 

« À notre époque interconnectée, les problèmes de sécurité sur un continent représentent un risque pour le monde entier », a conclu le Secrétaire général.  Les facteurs qui alimentent les conflits en Afrique, en particulier la pauvreté, le chômage des jeunes, les changements climatiques, la concurrence pour les ressources et la criminalité transnationale menacent la sécurité mondiale.  « Améliorer l’impact et l’efficacité du maintien de la paix en Afrique est une responsabilité collective », a-t-il insisté. 

M. SMAЇL CHERGUI, Commissaire à la paix et la sécurité de l’Union africaine (UA), a mis en avant trois grands domaines dans lesquels l’UA a fait des progrès pour renforcer le partenariat avec l’ONU.  Premièrement, le Fonds de la paix revitalisé a été lancé le 17 novembre 2018 et son conseil d’administration veillera à sa gestion effective et à sa redevabilité.  Jusqu’à présent, a fait savoir M. Chergui, 60,5 millions de dollars de contributions par les États membres de l’UA ont été enregistrés, montant qui devrait atteindre 100 millions d’ici au début 2019. 

Deuxièmement, la Commission de l’UA a enregistré des progrès significatifs dans le renforcement de son cadre de respect des droits de l’homme pour les opérations d’appui à la paix de l’Union africaine.  Les normes internationales ont toujours fait partie des processus de gestion de l’Union, a voulu signaler le commissaire.  Par exemple, depuis le premier déploiement de l’UA au Burundi en 2003, l’UA a appliqué des mesures de prévention, d’intervention et de réparation afin d’éviter et de répondre à toute violation de ces normes par son personnel.

Troisièmement, le partenariat entre l’UA et l’ONU sur des théâtres d’opérations tels que la Somalie permet de renforcer la coopération et la consultation entre les deux institutions, a fait observer M. Chergui, signalant les quatre examens conjoints UA-ONU menés depuis 2013 dans ce pays.  Les engagements conjoints récents des représentants spéciaux des deux institutions à pousser le Gouvernement fédéral de Somalie et ses États à résoudre leurs différends politiques par le biais d’un dialogue constructif illustrent bien ce travail, a-t-il ajouté.  Toutefois, des progrès doivent être faits pour faciliter les visites conjointes sur ces théâtres d’opérations de même que pour assurer une meilleure cohérence et une plus grande convergence entre les orientations stratégiques et les tâches du Conseil de paix et de sécurité de l’UA et les résolutions du Conseil de sécurité.

Pour le Commissaire pour la paix et la sécurité de l’UA, ces résultats montrent l’engagement réciproque des deux Secrétariats en faveur d’un alignement des processus visant à renforcer ou à joindre les efforts.  Toutefois, il a prié le Conseil de sécurité de renforcer encore davantage son engagement et son cadre stratégique avec le Conseil de paix et de sécurité de l’UA.  Il a invité à cet égard les membres du Conseil de sécurité à saisir l’occasion de l’adoption de la résolution, qui sera présentée dans les semaines à venir, sur la nécessité pour l’UA d’accéder au cas par cas aux contributions versées par les États Membres pour les opérations autorisées par l’ONU.  Cela permettrait à son sens d’avancer sur la voie de la mise en place d’un cadre plus effectif, prévisible et durable, pour parvenir à la paix et à la sécurité sur le continent. 

Cette résolution, a expliqué M. Chergui, doit déterminer qu’en principe, le Conseil est d’accord sur l’utilisation des contributions à l’ONU pour financer des opérations de soutien à la paix mandatées par l’UA et ce, au cas par cas.  Selon lui, ce texte ne liera pas les mains du Conseil pour un soutien illimité puisque, avant que toute décision ne soit prise, il y aura des consultations au Conseil sur chaque situation de conflit requérant un tel soutien.  C’est pourquoi M. Chergui a demandé de ne pas surcharger la résolution de « conditionnalités », qui ajouteraient des délais dans les processus de prise de décisions et ne représenteraient pas l’esprit du Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité signé le 19 avril 2017.

Après avoir rappelé que les cinq plus grandes missions de maintien de la paix, sur les 14 que compte l’Organisation, sont déployées en Afrique, M. ZHAOXU MA (Chine) s’est dit satisfait de constater que, depuis la signature en avril 2017 du Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, qui donne des orientations pour resserrer la coopération entre les deux organisations, à tous les niveaux, dans ce domaine, les deux organisations avaient encore renforcé leur coopération.  Le représentant a toutefois estimé qu’il fallait continuer d’étoffer ce partenariat, notamment en vue d’améliorer encore la prise de décisions, et afin de privilégier la recherche de solutions africaines aux problèmes africains. 

M. Ma s’est, en outre, déclaré favorable à ce que le Secrétariat de l’ONU et la communauté internationale continuent d’accroître l’aide apportée aux pays africains fournisseurs de contingents sous forme de contribution en personnel, en moyens de formation et en matériel.  Sa délégation s’est également prononcée en faveur du renforcement des opérations de paix dirigées par l’Union africaine et de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, en particulier de la Force africaine en attente, qui doit disposer des moyens nécessaires.  Pour sa part, a-t-il ajouté, la Chine participe activement aux opérations de paix en Afrique et vient de lancer un fonds en appui à l’Union africaine pour dynamiser les initiatives de maintien de la paix africaines.  La Chine continuera en outre d’appuyer les pays dans le domaine de la lutte contre la piraterie dans le golfe de Guinée. 

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a assuré que la détermination de l’Union africaine à s’approprier la sécurité collective sur le continent n’est plus à démontrer, en dépit de contraintes conjoncturelles qui obèrent ses capacités en matière de maintien de la paix et dans un environnement marqué par l’exacerbation des menaces sécuritaires protéiformes.  Si l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA) constitue un pas décisif dans l’appropriation de la prévention, de la gestion et de la résolution des crises en Afrique, l’efficacité des opérations africaines de soutien à la paix reste toutefois tributaire de la disponibilité de ressources financières prévisibles et durables, a mis en garde M. Adom. 

Il a appelé à l’engagement de toutes les parties prenantes afin que les efforts en cours aboutissent à l’adoption, en décembre, d’une résolution qui apporte des réponses pérennes à cette question à travers les contributions statutaires des Nations Unies. 

En conclusion, M. Adom s’est fait l’écho de l’appel pressant des pays africains membres du Conseil de sécurité, à savoir l’Éthiopie, la Guinée équatoriale et la Côte d’Ivoire, en faveur d’une dynamique solidaire, dans la recherche de solutions pérennes aux défis multiples qui jalonnent les opérations africaines de soutien à la paix. 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a déclaré que l’Union africaine est un partenaire essentiel de l’ONU sur les questions de paix et de sécurité en Afrique.  Selon lui, le Cadre commun pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité et le Cadre commun de développement durable représentent un nouvel échelon du partenariat stratégique entre les deux organisations.  Les organisations régionales telles que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) ont prouvé leur capacité à résoudre les conflits les plus complexes, a noté le représentant, en appelant à renforcer les liens entre l’ONU et les organisations régionales. 

Cependant, les solutions politiques, la médiation et la diplomatie préventive doivent être au cœur des opérations de maintien de la paix.  « Nous ne réussirons que si nous parvenons non seulement à gérer les symptômes de l’instabilité mais aussi à en éliminer les facteurs », a poursuivi le délégué.  Il a estimé que le financement des opérations de maintien de la paix devrait être décidé au cas par cas, et conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  Il a encouragé, en terminant, l’Union africaine à poursuivre ses réformes institutionnelles afin de renforcer l’Architecture africaine de paix et de sécurité. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a jugé essentiel de continuer d’œuvrer de conserve pour régler les défis auxquels sont confrontés certains pays africains.  Lorsque l’on déploie des opérations de maintien de la paix en Afrique, il faut s’assurer que celles-ci disposent du matériel adéquat pour remplir leur mission, d’autant qu’elles sont aujourd’hui confrontées à des situations dangereuses, a dit le représentant.

Il faut également s’assurer que les opérations déployées par l’Union africaine soient complémentaires de celles déployées par les Nations Unies ou même par certains pays de l’Union européenne, a ajouté le représentant, pour qui il faut s’assurer d’une bonne répartition des rôles. 

Le représentant a rappelé que le Royaume-Uni assure la formation de 10 000 membres du personnel de la paix déployés chaque année et qu’il est présent en Somalie au sein de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), ainsi qu’au sein de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS).  Il faut reconnaître, a-t-il dit, que certaines missions ne sont pas suffisamment dimensionnées pour lutter efficacement contre le terrorisme ou pour le maintien de la paix. 

M. MANSOUR AYYAD SH.  A.  ALOTAIBI (Koweït) a déclaré que le Conseil de sécurité devrait renforcer sa coopération avec la Commission de l’Union africaine et appliquer le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité.  Il a rappelé que son pays avait rejoint l’Union africaine en sa qualité d’État observateur, avant de dire que cette organisation régionale était déterminée à relever les défis qui se posent dans le domaine du maintien de la paix. 

Si la délégation s’est félicitée du lancement officiel par l’Union africaine de son « fonds pour la paix », il y a deux jours, elle a estimé que « nous ne serons pas en mesure de récolter les fruits de la générosité des bailleurs de fonds en l’absence de mandats réalistes » pour les opérations de maintien de la paix.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a jugé nécessaire d’approfondir et de renforcer les activités liées au maintien et à la consolidation de la paix.  Il faut aussi renforcer et améliorer le dialogue et les mécanismes de coopération et de coordination.  Ces mécanismes sont des instruments utiles pour affronter les défis que sont le terrorisme, la criminalité transnationale ou les crises humanitaires. 

La Bolivie cherche à accroître un tel niveau de coopération entre le Conseil de sécurité, l’Union africaine, conformément aux résolutions 2320 (2016) et 2378 (2017).  Dans ce contexte, la Bolivie appuie pleinement le projet de résolution préparé par le « A3 », le Groupe des trois pays africains membres du Conseil de sécurité, a indiqué son représentant. 

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a débuté son intervention en soulignant l’importance d’opérationnaliser le partenariat stratégique entre l’Union africaine et l’ONU, comme le prévoit la résolution 2320 (2016) du Conseil de sécurité.  Selon lui également, il est indispensable de renforcer la collaboration avec les pays contributeurs de troupes, dont dépend le succès des opérations de la paix de l’ONU ou sous conduite africaine. 

Enfin, le représentant a souligné le besoin d’un financement prévisible et durable pour les opérations de paix autorisées par l’Union africaine, ce qui suppose des discussions sur différentes modalités de financement entre l’ONU et l’UA.  En conclusion, la délégation néerlandaise a donc recommandé de mettre pleinement en œuvre la résolution 2320 (2016) du Conseil de sécurité sur un financement plus prévisible des opérations de paix de l’Union africaine et de renforcer le processus collaboratif avec les pays fournisseurs de contingents. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a déclaré qu’alors que l’Union africaine est le partenaire le plus important des Nations Unies en ce qui concerne la paix et la sécurité en Afrique, les Nations Unies et elle doivent renforcer leur coopération.  Les mécanismes d’alerte sur le continent doivent également être renforcés, afin d’en faire des partenaires de la paix et la sécurité.  Il faut par ailleurs renforcer le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, afin de s’assurer que les opérations de maintien de la paix respectent les droits de l’homme. 

La Pologne a également estimé qu’une approche globale peut permettre de mieux répondre aux défis rencontrés par les opérations de maintien de la paix.  Elle apprécie dans ce contexte le concept de coopération intermissions, qui aide à mieux répondre aux défis régionaux.  Elle estime aussi que l’appropriation nationale est un élément clef de la réussite d’une opération.  Dans ce contexte, la Pologne soutient le principe d’évaluation des opérations de maintien de la paix, afin de veiller à ce que leurs mandats soient correctement remplis, a dit la représentante. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a qualifié le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine de stratégique, car s’inscrivant pleinement dans l’évolution actuelle du maintien de la paix, notamment depuis la signature, en avril 2017, du Cadre Commun ONU-UA pour un partenariat renforcé en matière de maintien de la paix.  Stratégique pour la France également, en raison de la montée en puissance des opérations africaines de paix, face à l’évolution des menaces, et la nécessité de gagner en réactivité et en efficacité.  M. Delattre a jugé les opérations africaines de paix « mieux adaptées à leur environnement et à la menace », citant en exemple le G5 Sahel, la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) ou la Force multinationale mixte déployée au bassin du lac Tchad.  Leur mandat clair avec un objectif unique les rend, selon lui, moins onéreuses que les opérations de maintien de la paix de l’ONU.

Il a cependant noté qu’elles ne disposaient pas de financements prévisibles et durables, raison pour laquelle la France soutient l’initiative des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine « d’abonder le Fonds pour la paix de l’UA, qui permettra de prendre en charge 25% du coût des opérations africaines de paix », ainsi que la demande de l’UA à l’ONU de prendre en charge 75% du coût des futures opérations, y compris via les contributions obligatoires. 

Saluant les réformes menées par l’UA et les progrès réalisés en coopération avec les Nations Unies depuis l’adoption des résolutions 2320 (2016) et 2378 (2017), il a répété que les progrès devaient s’inscrire dans un cadre répondant à deux principes: celui de la primauté du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales; et la nécessité de mandats clairs, avec « un théâtre et une durée limités ».  Dans ce contexte, la France a appelé le Conseil de sécurité à soutenir les progrès réalisés par l’UA, à travers l’adoption d’une résolution-cadre qui actera définitivement la possibilité au Conseil de mobiliser, « au cas par cas », les contributions obligatoires des Nations Unies pour financer des opérations africaines dirigées par l’UA ou mandatées par celle-ci. 

« Rendre les missions de maintien de la paix plus efficaces et plus responsables vis-à-vis des populations qu’elles servent est une priorité absolue » pour son pays, a déclaré M. JONATHAN R.  COHEN (États-Unis).  Il a reconnu les sacrifices que l’Union africaine et les pays fournisseurs de contingents africains consentent déjà aux opérations de maintien de la paix en Afrique.  « L’Éthiopie à elle seule a plus de 8 000 soldats affectés aux opérations de maintien de la paix de l’ONU et plus de 4 000 autres à la Mission de l’UA en Somalie.  Le Burkina Faso compte plus de 2 000 soldats dédiés au maintien de la paix des Nations Unies.  Le mois dernier, il a payé le prix ultime en perdant deux soldats à la suite d’un attentat terroriste au Mali. »  La question qui nous est posée aujourd’hui, a poursuivi le représentant, est la suivante: comment pouvons-nous améliorer la relation unique entre l’ONU et l’Union africaine - non pas au profit des organisations elles-mêmes, mais pour aider les peuples d’Afrique à se bâtir un avenir pacifique et prospère? 

Nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, ont appelé le Conseil de sécurité à rendre disponibles les contributions versées par l’ONU en tant que moyen d’appui prévisible et durable aux opérations de maintien de la paix en Afrique, a relevé M. Cohen.  Cette action proposée, en particulier, exige de nous de « faire une pause » pour examiner comment cela contribuera à la paix, à la sécurité et aux droits de l’homme en Afrique.  Les résolutions 2320 (2016) et 2378 (2017) du Conseil de sécurité, a-t-il dit, définissent clairement les conditions que l’UA doit remplir avant que le Conseil puisse même envisager d’utiliser les contributions mises en recouvrement auprès de l’ONU pour financer des opérations sous conduite africaine.  Ces conditions supposent que l’UA assume au moins 25% du coût des opérations et ses troupes doivent adhérer à des normes de performance élevées et adopter une conduite et une discipline respectueuses des droits de l’homme.

« Des progrès ont été accomplis et nous en félicitons l’Union africaine », a-t-il reconnu.  Mais il reste selon le délégué américain encore beaucoup à faire avant de pouvoir considérer que les conditions énoncées par le Conseil de sécurité ont été remplies.  Il est trop tôt pour prendre des décisions sur la modification des relations de maintien de la paix entre l’ONU et l’UA alors que celle-ci ne poursuive ses réformes internes.  « D’autres problèmes laissent penser aux États-Unis qu’il est prématuré de prendre cette mesure maintenant. » 

Il existe des questions sérieuses sans réponse sur la manière de protéger l’autorité du Conseil de sécurité sur les questions relatives à la paix et à la sécurité internationales, dans tout arrangement futur soutenant les opérations de soutien de la paix de l’UA avec des contributions de l’ONU, a fait observer le représentant.  Et les membres du Conseil de sécurité doivent avoir le temps de s’assurer que leurs capitales bénéficient du soutien politique et législatif total avant de prendre un tel engagement, a-t-il ajouté.  « L’accord de notre Congrès est un impératif pour les États-Unis.  Je sais que c’est le cas pour d’autres pays et leurs assemblées législatives.  Et nous ne pourrons pas engager notre nouveau Congrès sur cette question importante et complexe avant le Nouvel An, qui est le plus tôt que nous pourrions envisager de rejoindre un consensus sur une nouvelle résolution », a annoncé M. Cohen.

En dépit de cette prudence, « ce serait une erreur d’interpréter notre mise en garde comme un manque de soutien ».  Les États-Unis sont depuis longtemps et resteront le principal contributeur des Nations Unies aux missions de maintien de la paix des Nations Unies, a rappelé la délégation américaine. 

M. DMITRY A.  POLYANSKIY (Fédération de Russie) a dit être en faveur d’une coopération graduelle et d’un partenariat d’égal à égal entre « les Africains, l’Union africaine et les Nations Unies ».  La Fédération de Russie ne peut pas accepter que l’on impose à l’Afrique des solutions clefs en mains de réponses de crise, sans recueillir leur accord, a dit le représentant: « Il faut des solutions africaines aux problèmes africains ». 

Alors qu’elle n’est pas opposée à un renforcement onusien de ces opérations, sa délégation estime que cela doit se faire au cas par cas.  Elle pense aussi que les mandats doivent être élaborés en accord avec les pays hôtes et les contributeurs de troupes.  Les mandats doivent en outre être clair, prévoir des stratégies de sortie et ne pas être trop complexes.  Attribuer aux opérations de maintien de la paix des missions de protection de l’environnement ne fait que compliquer leur tâche, a estimé le représentant. 

Le délégué a également exigé que l’on consulte les pays africains avant toute décision les concernant, arguant qu’ils ont une meilleure connaissance des nuances du terrain et qu’ils n’ont pas d’agenda double.  À propos de double agenda, la Fédération de Russie se souvient du cas du Soudan du Sud: un embargo sur les armes avait été imposé au Soudan, contre l’avis de l’Union africaine, compliquant ainsi les négociations de paix entre les deux pays.  La Fédération de Russie se souvient aussi du cas de la Libye: à cause du double agenda des « partenaires européens », ce pays se retrouve aujourd’hui fragmenté, et il est devenu un facteur de déstabilisation et un refuge des terroristes de la région ou d’ailleurs.  Le délégué russe s’est dès lors étonné que « ceux qui en sont aujourd’hui responsables de la déstabilisation de la Libye ne cessent de dire que ce n’est que par une solution politique que ce pays sortira de sa crise ». 

M. IRINA SCHOULGIN NYONI (Suède) a souligné que son pays plaidait depuis longtemps en faveur d’un renforcement du partenariat stratégique entre l’ONU et les organisation régionales et sous-régionales en Afrique, thème qui a, selon lui, le vent en poupe à l’heure actuelle.  Dans ce cadre, le représentant a salué les mesures prises par l’Union africaine (UA) pour augmenter sa capacité à prévenir et mettre fin aux conflits sur le continent africain, y compris via le renforcement de son Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA).  Pour y parvenir, le représentant a estimé que le lancement, la semaine dernière, du Fonds de l’UA pour la paix était un pas particulièrement important, notamment afin d’améliorer l’autonomie de financement de l’organisation régionale et de ses activités.

Toutefois, il a jugé que l’amélioration du partenariat entre l’ONU et l’UA devait passer par davantage d’appui politique et financier de la première envers la seconde, notamment en puisant dans les contributions des États Membres pour financer des activités de l’UA.  Notre effort pour améliorer les capacités africaines doit aller au-delà du simple renforcement militaire, a-t-il insisté, appelant à adopter une approche exhaustive prenant en compte l’ensemble du cycle des conflits.

Le représentant a, par ailleurs, salué l’engagement de l’UA en faveur de la mise en œuvre du Programme 2030 comme moyen de garantir la paix, la stabilité, la sécurité et la prospérité sur le continent, avant de souligner la nécessité d’améliorer la participation des femmes dans les processus de paix.  Enfin, le délégué suédois a appelé à développer la coopération triangulaire au-delà de l’ONU et de l’UA.  À titre d’exemple, l’Union européenne (UE) a été un fervent soutien des opérations de paix de l’UA en Somalie et dans le Sahel, a-t-il précisé, appelant à rechercher davantage d’opportunités de coopération triangulaire.

M. PAUL DUCLOS (Pérou) a salué « l’engagement, la vision et l’unité » des États africains envers la prévention et la résolution des conflits sur le continent.  Selon lui, les fondements juridiques des structures administratives et des mécanismes de coordination favorisent la réalisation de l’objectif commun de l’ONU et des organisations africaines d’institutionnaliser l’architecture paix et sécurité en Afrique.  Ainsi, les opérations africaines d’appui à la paix ont pu bénéficier de l’expérience acquise lors des opérations mandatées par le Conseil de sécurité, notamment en matière de planification, de respect des droits de l’homme et de redevabilité. 

M. Duclos a souligné l’importance de mettre en place des mécanismes de coordination « fluides » afin de renforcer la complémentarité opérationnelle et géographique.  À cette fin, il a encouragé le Département des opérations de maintien de la paix à poursuivre sa coopération étroite avec l’Union africaine, notamment par la mise en place de stratégies et de politiques d’appui aux opérations de paix africaines.  Afin d’assurer le déploiement rapide et opportun des opérations de paix, le représentant a appelé à un financement prévisible, durable et flexible des opérations de maintien de la paix. 

M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a expliqué que son pays considère le maintien de la paix comme une responsabilité partagée par la communauté internationale, mais que les organisations régionales africaines et les gouvernements du continent sont les mieux placés pour trouver des solutions aux défis qui se posent chez eux.  Dès lors, il est de la responsabilité de la communauté internationale, « et dans notre intérêt collectif », de prêter assistance à l’Afrique, a considéré le représentant.  Selon lui, bien que les mandats de maintien de la paix soient par nature multidimensionnels, il faut se réfréner d’ajouter des « composantes disproportionnées » et garder à l’esprit la nécessité de « prioriser les mandats », compte tenu des « maigres ressources » allouées à leur mise en œuvre.

Pour sa délégation par ailleurs, il est irréaliste de demander à des opérations de maintien de la paix en Afrique de protéger les civils dans des environnements particulièrement difficiles et vastes, comme c’est le cas en République démocratique du Congo (RDC), sans leur fournir les moyens, y compris aériens, pour un déploiement rapide.  Dans ces conditions, un financement prévisible et durable est une condition préalable au succès de toutes les opérations de maintien de la paix, a relevé M. Akbaruddin, en saluant la recommandation du Secrétaire général de veiller à ce que les opérations de paix autorisées par l’Union africaine soient couvertes par les contributions au budget de l’ONU pour le maintien de la paix.  Le délégué a en conclusion pointé la « distribution inégale du travail » parmi les troupes déployées en Afrique, qui est la conséquence, selon lui, de disparités entre les pays fournisseurs de contingents, assurant qu’il est temps de « changer ces pratiques ».

M. JÜRG LAUBER (Suisse) a salué les différents accords-cadres signés entre l’ONU et l’Union africaine.  En tant que Présidente de la configuration Burundi de la Commission de consolidation de la paix, la Suisse se félicite que cette dernière et le Fonds pour la consolidation de la paix aient intensifié leur coopération avec l’Union africaine ces dernières années.  Le pays est engagé depuis près d’une décennie dans le soutien aux centres de formation des différentes communautés régionales en Afrique pour le renforcement des capacités des opérations de paix africaines, a rappelé le représentant.  La Suisse appuie notamment le centre de maintien de la paix Alioune Blondin Beye de Bamako, au Mali; le Kofi Annan International Peace Training Center d’Accra, au Ghana; l’International Peace Support Training Center de Nairobi, au Kenya. 

M. KORO BESSHO (Japon), convaincu de l’importance de la consolidation de la paix en Afrique, a jugé que les pays africains jouaient un rôle important dans la paix et sécurité de leur continent, puisque 13 des plus gros pourvoyeurs en troupes de maintien de la paix étaient africains.  Le Japon a soutenu les efforts de ces pays depuis de nombreuses années, a noté M. Bessho, de manière multilatérale et bilatérale.  Par exemple, il a dispensé une formation en ingénierie à 200 fonctionnaires de huit pays d’Afrique, dans le cadre du projet de partenariat triangulaire des Nations Unies au Kenya depuis 2015.  Le Japon a aussi soutenu l’École des transmissions militaires des Nations Unies à Entebbe, Ouganda.  Convaincu que l’autonomisation des institutions africaines et de leurs peuples est une des méthodes les plus efficaces pour créer un environnement plus pacifique et sécurisé, le Japon, a assuré M. Bessho, continuera à travailler avec l’ONU pour améliorer la qualité du maintien de la paix, en vue de parvenir à une Afrique stable et pacifique. 

Après avoir rappelé que son pays contribue actuellement à six opérations de maintien de la paix de l’ONU, dont la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), dont la force est placée sous commandement brésilien, M. MAURO VIEIRA (Brésil) a déclaré que les mandats élaborés par le Conseil de sécurité devraient toujours être axés sur des objectifs politiques fondamentaux.  Selon lui également, ces mandats doivent bénéficier des ressources humaines et financières nécessaires.  « Il est essentiel que les perspectives africaines soient prises en compte dans le processus de décision s’agissant des questions africaines, en particulier des mandats de maintien de la paix des opérations déployées sur le continent », a poursuivi le représentant. 

Pour sa délégation, les prérogatives de membre permanent du Conseil de sécurité vont de pair avec des responsabilités particulières s’agissant du financement des décisions de ce Conseil.  « Il n’est pas raisonnable d’attendre de pays en développement qu’ils assument des responsabilités financières supplémentaires vis-à-vis des opérations de maintien de la paix en l’absence de réforme de la composition de ce même Conseil », a analysé le représentant.  Il a en conclusion attiré l’attention sur l’importance de renforcer les partenariats avec l’Union africaine.

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a déclaré que son pays est l’un des 10 premiers contributeurs de troupes au monde.  Depuis 1960, l’Égypte a déployé plus de 30 000 personnels en uniforme dans 38 opérations de maintien de la paix différentes.  Forte de cette expérience, l’Égypte est d’avis qu’il faut adopter une approche globale dans l’élaboration des mandats des opérations de maintien de la paix.  Il ne faut privilégier uniquement les solutions militaires, a dit le représentant, ajoutant que l’ONU doit donc engager plus de ressources dans les processus de paix, respectant les priorités des pays hôtes. 

L’ONU doit également doter les personnels d’équipements nécessaires pour assurer leur protection.  Elle doit aussi doter les opérations de maintien de la paix de mandats clairs et réalistes, qui permettent aussi de faire le suivi de l’évolution de la situation sur le terrain, a plaidé le représentant. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a préconisé d’améliorer la coopération entre l’ONU et l’Union africaine et de veiller à ce que les efforts de maintien de la paix répondent aux besoins des populations locales.  Dès lors, les mandats doivent refléter les réalités du conflit, les ressources doivent être à la hauteur des mandats, et les mandats soutenus par une volonté politique au Conseil de sécurité.  Pour sa délégation, il faut faire un meilleur usage du Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, en mettant l’accent sur la coopération opérationnelle pour faire une différence réelle sur le terrain, comme par exemple en privilégiant l’analyse, la planification et les examens conjoints.  Pour l’Irlande, des options de financement doivent être explorées à l’ONU, et au-delà, pour appuyer les initiatives de paix africaines.  À cet égard, sa délégation a salué les engagements pris par l’Union africaine de financer à hauteur de 25% ses opérations de paix d’ici à 2020 et le lancement récent du Fonds pour la paix de l’UA.

Mme MARIA ANGELA ZAPPIA (Italie) a déclaré que les partenariats jouent un rôle majeur dans la résolution des crises régionales, comme il est dit dans la Déclaration d’engagements communs.  C’est ce à quoi s’emploie l’Italie, non seulement au sein de l’Union européenne, mais également en fournissant des troupes pour les opérations de maintien de la paix de l’ONU, de la Somalie au Sahel.  Les gendarmes italiens ne ménagent aucun effort pour former les forces locales à lutter contre le terrorisme et le crime transnational organisé.  Le 25 octobre dernier, l’Italie a organisé une conférence ministérielle, dont l’un des thèmes était la paix et la sécurité en Afrique.  L’Italie estime aussi que les opérations conjointe Union africaine-ONU ont un avantage comparatif en termes de flexibilité, de déploiement rapide ou de capacité à répondre aux défis environnementaux.  Elles sont en outre capables de disposer de mandats robustes.  C’est pour cette raison que l’Italie déplore que la Force conjointe du G5 Sahel ne dispose pas de ressources suffisantes, a dit sa représentante. 

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a estimé que l’ONU a la responsabilité de faire le meilleur usage des capacités des pays africains pour promouvoir la paix et la sécurité, sur la base du principe des « solutions africaines aux problèmes africains ».  Pour y parvenir, toutes les opérations de paix sous conduite africaine doivent être basées sur le respect des principes fondamentaux du maintien de la paix, nommément le consentement des parties, l’impartialité et le non-usage de la force sauf en situation d’autodéfense et de défense du mandat.  Parallèlement, les pays africains et les organisations du continent devraient recevoir une assistance dans la promotion de la paix et de la sécurité internationales, dans la mesure où plusieurs opérations sous conduite africaine ou auxquelles des pays africains contributeurs de troupes fournissent des contingents manquent déjà de ressources suffisantes. 

Depuis 58 ans, l’Argentine participe aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Elle est aujourd’hui présente, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo (RDC) au Soudan du Sud et Sahara occidental.  Mais sa délégation constate que l’on engage de plus en plus ces opérations de maintien de la paix dans des missions de plus en plus dangereuses et instables. 

C’est aussi pour cette raison, que la délégation s’est engagée et a soutenu l’initiative Action pour la paix du Secrétaire général et a signé la Déclaration d’engagement commun, dans le but de souligner le rôle des organisations régionales en matière de paix et de sécurité.  À cette fin, l’Argentine est déterminée à appuyer l’Union africaine pour l’aider à renforcer et mettre en œuvre ses politiques, procédures et moyens de résolutions et prévention des conflits. 

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a estimé que le renforcement du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine (UA) est essentiel à celui des sept opérations de maintien de la paix actuellement en cours sur le continent.  Pour lui, la décision prise au plus haut niveau par l’UA d’assumer la responsabilité financière de 25% de ses activités de paix démontre son engagement à garantir la paix sur le continent.  Petit pays d’environ 2,3 millions d’habitants, la Namibie est contributeur de troupes et d’équipements depuis longtemps, a fait valoir le représentant, ajoutant qu’elle est proche de l’objectif du Département des opérations de maintien de la paix de 15% de participation des femmes dans les missions. 

« Les femmes ont joué un rôle incalculable dans la longue lutte de libération de la Namibie », a souligné M. Gertze.  C’est en partie ce qui a conduit le pays à présenter la résolution 1325 2000, qui réaffirme que les processus de paix, la médiation et la résolution de conflits ont plus de chances de réussir si les femmes sont parties prenantes.  Si de grands progrès ont été enregistrés depuis l’adoption de cette résolution, beaucoup reste à faire et le représentant a assuré qu’il n’y aura pas de paix, de sécurité et de développement durables sans égalité entre les sexes.

M. TORE HATTREM (Norvège) a salué, au nom des pays nordiques, l’engagement « de plus en plus actif » des pays africains et de l’Union européenne en faveur des opérations de paix en Afrique, « au bénéfice de notre sécurité commune ».  Malgré ces efforts, la situation demeure difficile et requiert une approche globale mettant l’accent sur la formation du personnel et l’utilisation de technologies modernes.  Selon M. Hattrem, les opérations de paix devraient toujours être déployées en appui à un processus politique, notamment des évaluations communes de l’ONU et de l’Union africaine (UA).  Il faut également accroitre le nombre de femmes parmi les Casques bleus.  Le représentant s’est dit encouragé à cet égard par la mission commune au Soudan du Sud du Département des opérations de maintien de la paix, d’ONU-Femmes et du Commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA. 

M. Hattrem a appelé l’ONU et l’UA à « unir leurs forces » afin de combattre le « fléau » de la violence sexiste.  Les opérations de maintien de la paix devraient s’efforcer de prévenir et de combattre l’exploitation et les abus sexuels.  Nous devons en outre renforcer le partenariat stratégique entre les deux organisations, et mettre en place un système de financement qui combine les contributions des Nations Unies au financement de l’Union africaine, a-t-il conclu. 

M. ARIEL RODELAS PENARANDA (Philippines) a déclaré que, depuis 50 ans, son pays a participé à 19 opérations de maintien de la paix en Asie et en Afrique.  En tant que tel, son pays est attaché au maintien de la paix en Afrique et verse des contributions aux Fonds pour la consolidation de la paix.  Il participe également aux efforts de médiation comme le montre la participation des Philippins aux missions politiques spéciales en Afrique, a dit le représentant. 

Dans l’esprit de la Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix, M. MATHIAS LICHARZ (Allemagne) s’est dit résolu à améliorer la coopération entre l’ONU et les organisations régionales telles que l’Union africaine (UA).  L’Allemagne a fourni des formations à des pays africains contributeurs de troupes et contribué à la diffusion des meilleures pratiques sur le contrôle des armes légères et de petit calibre par les opérations de paix de l’ONU.  De plus, l’Allemagne est le plus important contributeur aux sept missions africaines appuyées par l’Union européenne, notamment au Mali et en Somalie. 

Se tournant vers le financement, le délégué a souhaité la tenue d’un débat élargi sur la performance, le respect des droits de l’homme ainsi que le nexus entre les opérations de paix et les activités de prévention et de consolidation de la paix.  Il a prôné à cet effet l’établissement d’un mécanisme par lequel les opérations de maintien de la paix de l’UA seraient, au cas par cas, financées en partie par l’ONU.  En outre, la mise en place d’un cadre « robuste » de responsabilité et de respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire devrait être examinée.  Évoquant le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, le représentant a souhaité que ce partenariat s’étende à toutes les phases d’un conflit, de la prévention à la consolidation de la paix. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) s’est prononcé en faveur d’un mandat plus robuste et plus réaliste pour les opérations de maintien de la paix, et d’une coordination plus étroite entre les commandants des missions de l’ONU.  Il a aussi appelé à une meilleure préparation et à une meilleure interopérabilité des troupes, pour qu’elles soient davantage prêtes à assumer leurs tâches.  Saluant le travail du Conseil de sécurité, notamment dans la problématique hommes-femmes, il a rappelé que l’Estonie s’efforçait de parvenir à la parité parmi ses propres troupes de maintien de la paix.  Rappelant que l’Agenda 2063 de l’Union africaine mettait l’accent sur une synergie croissante, il a salué les initiatives africaines en matière de prévention des conflits et encouragé à redoubler d’efforts en la matière.  Aucune nation ne pouvant régler de conflit seule, l’Estonie s’est engagée à continuer à contribuer à la paix et la sécurité en collaborant avec l’opération Barkhane et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). 

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a souligné qu’en Afrique comme dans le monde entier, l’inclusion et le développement des communautés dans un tissu social sain, dans lequel toutes les personnes peuvent développer leur potentiel, est d’une importance vitale pour leur prospérité et pour la prévention des conflits et aussi des extrémismes violents.  Le rôle des communautés, des femmes et des jeunes doit être dument reflété dans les solutions proposées par l’ONU, a assuré le représentant. 

Le Mexique se félicite à nouveau de la restructuration du pilier de la paix et de la sécurité ainsi que de la réforme de la gestion du Secrétariat.  Conscient que les priorités de l’Organisation vont à la dotation des opérations de paix en Afrique en personnel formé pour la réalisation de ses mandats, le Mexique a augmenté sa participation dans ces opérations, avec des observateurs dans la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO).  Depuis 2017, le Mexique participe aussi à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et va commencer à participer à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) cette année. 

Le représentant a également informé le Conseil que le Mexique a, depuis cette année, un Centre d’entraînement conjoint des opérations de paix, qui vise à fournir des capacités au personnel d’autres pays.  En outre, le Mexique a souhaité manifester son engagement ferme à continuer de participer aux opérations de paix en Afrique. 

Enfin, M. Sandoval a réitéré qu’il est essentiel que les opérations de paix en Afrique disposent d’un mandat clair du Conseil de sécurité pour parvenir à une meilleure efficacité, effectivité et sécurité sur le terrain. 

M. GUSTAVO MARTIN PRADA, délégué de l’Union européenne, a pointé que le maintien de la paix restait un outil crucial pour trouver des solutions politiques aux conflits.  Soutenant l’initiative Action pour le maintien de la paix, il s’est félicité que « les opérations de paix en Afrique ouvrent la voie à l’autonomisation des pays africains ».  Les conclusions du groupe de haut niveau pour les opérations de maintien de la paix avaient souligné dès 2015 qu’il fallait développer le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine (UA), a-t-il rappelé, et l’Union européenne (UE) et ses États membres ont réitéré leur soutien au Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité. 

La participation croissante des pays africains aux opérations de maintien de la paix sur leur continent montre que l’Afrique change, et que le maintien de la paix évolue également, a noté M. Prada.  En l’occurrence, « les opérations mandatées par l’UA se font dans un environnement dégradé et dans des espaces où les principes régissant les opérations de maintien de la paix sont mis à mal ».  De plus en plus, les troupes sont amenées à jouer un rôle de médiateur, et la menace terroriste nécessite des ajustements constants, profonds et quotidiens, a-t-il poursuivi.  C’est pourquoi les troupes doivent bénéficier d’un soutien logistique adapté à ces changements.  Le délégué a également jugé impératif qu’elles respectent les droits de l’homme et le droit international humanitaire.  De plus, la contribution des femmes est une donnée fondamentale dans le succès des opérations. 

Appelant à tirer collectivement les leçons des crises passées, dans la région des Grands Lacs par exemple, notamment en matière de gouvernance, M. Prada a espéré que les échanges d’aujourd’hui permettront de capitaliser sur les acquis et d’améliorer les opérations de maintien de la paix en Afrique. 

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a estimé que la situation en Afrique nécessitait une approche globale capable de traiter de manière efficace les nombreux défis du continent, qui repose sur le renforcement de la coopération entre l’UA et l’ONU.  Le plus souvent, les pays de la région sont mieux équipés pour comprendre les défis auxquels la région est confrontée et pour y répondre, a-t-elle relevé avant de saluer l’engagement de l’UA à stabiliser les situations de conflits et à régler les différends en Afrique.  Mme Lodhi a plaidé pour un dialogue continu entre le Conseil de sécurité et l’UA lorsqu’il s’agit d’apporter une réponse efficace aux questions de paix et de sécurité en Afrique.  À cela, il a ajouté l’engagement en Afrique des organes des Nations Unies y compris l’Assemblée générale.  La dernière réunion annuelle de la Commission de consolidation de la paix focalisée uniquement sur le Sahel en est un exemple, a indiqué la déléguée du Pakistan qui a rappelé que son pays déploie des contingents en Afrique et a contribué à de nombreux succès comme au Liberia, en Côte d’Ivoire et en Sierra Leone. 

Le Pakistan reste engagé à explorer et soutenir les initiatives visant à améliorer le maintien de la paix, pour que celui-ci soit adapté à l’objectif visé, à l’environnement et aux besoins.  Mais un maintien de la paix réussi est une voie à double sens, a prévenu la déléguée en faisant remarquer que sa réussite dépend autant du dévouement et du professionnalisme des Casques bleus que de l’adéquation des ressources et des mandats réalistes et réalisables.  Mme Lodhi a exhorté le Conseil de sécurité à investir des ressources flexibles, durables et prévisibles, à bien utiliser la coopération triangulaire, et encore à écouter et inclure les opinions des pays fournisseurs de contingents qui sont les yeux et les oreilles du Conseil sur le terrain, au moment de l’évaluation et de la mise à jour des mandats. 

M. THABO MICHAEL MOLEFE (Afrique du Sud) a fait savoir que l’Afrique du Sud est parmi les 20 principaux pays contributeurs de troupes, actuellement déployées en RDC, au Soudan du Sud et dans l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).  Le représentant a relevé que le rôle important que l’UA joue dans les opérations de paix sur le continent africain illustre la relation de complémentarité entre l’ONU et l’UA.  Selon lui, il faut continuer de trouver des moyens de renforcer cette coopération, et le Conseil de paix et sécurité de l’UA et le Conseil de sécurité de l’ONU devraient organiser des missions de terrain conjointes régulières. 

Il a relayé l’appel à des mécanismes de financement soutenu, prévisible et flexible pour les opérations de paix de l’UA et plaidé pour l’adoption de la résolution qui traite de la question du financement des opérations de paix dirigées par l’UA, soulignant que l’Afrique a la volonté politique et les ressources humaines pour se déployer sur le terrain mais qu’elle a besoin de renforcer certaines de ses capacités afin de répondre aux conflits.  À cet égard, M. Molefe s’est félicité du lancement du Fonds de la paix de l’UA, qui vise à développer un mécanisme d’autofinancement des activités de paix et de sécurité de l’Afrique. 

Enfin, le représentant a rappelé qu’il n’y aura jamais de paix durable sans développement et qu’il faut donc veiller à prendre les mesures nécessaires pour veiller à ce que les pays qui sortent d’un conflit bénéficient du soutien nécessaire pour ne pas retomber dans une situation conflictuelle. 

M. JEROEN COOREMAN (Belgique) a estimé que le partenariat entre l’ONU et l’UA ne représentait pas un choix, mais une nécessité.  Il a salué le fait que la Déclaration d’engagement commun concernant les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, à laquelle 150 États et 4 organisations internationales ont souscrit, accorde une attention prioritaire au partenariat entre les deux organisations.  Sachant que les opérations sous commandement africain contribuent à la paix et à la sécurité internationales, le représentant a estimé que ces dernières méritaient un soutien multilatéral.  Il a salué l’UA et ses États membres pour les progrès réalisés dans la mise sur pied et l’approvisionnement du Fonds pour la paix, qui devra financer à terme les opérations de paix africaines à hauteur de 25%. 

Il ne saurait être question d’imposer aux missions menées par l’UA des critères plus sévères que ceux appliqués aux opérations menées par l’ONU, mais il n’est pas non plus question de revoir ces critères à la baisse, a en outre insisté M. Cooreman.  À ses yeux, lorsqu’une mission de l’UA cohabitera avec une mission de l’ONU, les cadres de référence et de conformité et les obligations en matière de respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme devront être cohérents d’une mission à l’autre.  « C’est, a fortiori, le cas pour les théâtres où l’UA mène des opérations seules », a-t-il précisé.

Une implication croissante des États africains dans la gestion des crises en Afrique suppose également d’augmenter les capacités africaines à déployer rapidement des forces sur le terrain, a poursuivi le représentant.  M. Cooreman a par ailleurs jugé que le Conseil de sécurité n’était sans doute pas l’enceinte idéale pour discuter des modalités de financement.  Quelle que soit la solution choisie, a-t-il précisé, il conviendra de s’assurer qu’elle soit compatible avec les exigences budgétaires imposées à l’ONU par les États Membres.  Des solutions financières durables ne pourront selon lui naître que d’un dialogue « sincère et soutenu » entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA.  « Pour progresser, nous devons mettre en place un véritable ‘plurilogue’ qui implique toutes les parties concernées », a-t-il proposé.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a rappelé que c’était à travers la présence des Casques bleus que les Nations Unies étaient les plus visibles sur la planète, et que dans un monde de plus en plus fragmenté, les opérations de maintien de la paix offraient une opportunité concrète à la communauté internationale de collaborer, à travers des activités diplomatiques, des contributions financières, de l’expertise, et par l’envoi de troupes et de personnel.  Notant que le terme « maintien de la paix » est parfois trompeur, car il sous-entend que la paix serait déjà en place là où les troupes de maintien de la paix interviennent, il a fait remarquer que ces troupes travaillent dans les zones parmi les plus hostiles et dangereuses du monde, risquant leur vie pour assurer les services les plus basiques aux populations dans le besoin.  Il a tenu à leur rendre hommage et à s’assurer que leur impact ne soit pas sous-estimé ou entravé par des attentes irréalistes à leur égard. 

Si de grandes ressources sont allouées aux programmes de développement en Afrique, Mgr Auza a aussi rappelé que le coût du maintien de la paix représente seulement une infime fraction des dépenses militaires mondiales.  Renforcer les opérations de maintien de la paix nécessite non seulement plus d’aides financières, mais doit aussi aller main dans la main avec les efforts diplomatiques indispensables visant à prévenir ou résoudre les conflits, a-t-il souligné, ajoutant que la communauté internationale devrait se tenir prête à investir.  Pour un engagement efficace, le Nonce a enfin appelé à ne pas négliger les populations africaines, qui brillent par leur jeunesse et méritent, selon lui, un meilleur accès à une éducation et un travail décents pour réaliser leur potentiel. 

M. ROBERT MARDINI, délégué du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a appelé à appuyer l’engagement des États africains à respecter le cadre du droit international humanitaire, ainsi que les autres cadres juridiques en vigueur, et rappelé qu’il était primordial que les forces mandatées par l’ONU et l’Union africaine (UA) connaissent les cadres juridiques régissant leurs opérations.  L’UA et ses États membres se sont engagés en faveur de normes élevées concernant la conduite et discipline de leurs Casques bleus, s’est-t-il réjoui.  Le CICR est en train d’aider l’UA à consolider son cadre de conformité, et chaque année, les deux organisations tiennent une table ronde pour discuter des meilleures pratiques en matière de maintien de la paix. 

Le CICR a ainsi proposé une assistance en termes de formation pour faire en sorte que les militaires et les policiers soient informés des cadres juridiques en vigueur, a expliqué son délégué.  À cet égard, le CICR a formé en 2017 plus de 25 000 Casques bleus sur les normes humanitaires.  Le CICR participe également aux discussions organisées par l’UA dans le cadre de la mise sur pied de la Force africaine en attente. 

M. JORGE SKINNER-KLEÉ ARENALES (Guatemala) a relevé que les opérations de soutien à la paix de l’UA contribuent à renforcer les capacités de l’ONU, ce qui met en évidence l’importance pour les deux organisations de travailler de façon plus étroite en matière de paix et de sécurité.  Du point de vue du Guatemala, la forte relation entre l’UA et l’ONU réaffirme l’importance de l’encadrement régional et national dans la consolidation de la paix.  Cela veut dire, selon la délégation, que la responsabilité de la stabilisation d’une société ne relève pas seulement de la communauté internationale mais aussi du pays concerné et de la région.  Les opérations de maintien de la paix ne sont pas éternelles et il faut s’attaquer aux causes profondes d’un conflit si l’on veut consolider la paix, a conclu M. Skinner-Kleé.

M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a déclaré, au nom du Mouvement des pays non alignés, que les opérations de maintien de la paix devraient s’accompagner d’un processus politique inclusif appuyé par les autorités nationales et la communauté internationale.  Les opérations de paix ne doivent pas se substituer à l’examen nécessaire des causes profondes des conflits.  En outre, elles doivent être dotées de mandats clairs et de ressources humaines et financières adéquates.  Le représentant a appelé à une « coopération renouvelée » entre le Conseil de sécurité, les États fournisseurs de contingents et le Secrétariat de l’ONU afin de mener des évaluations objectives des missions de paix.  Nous devons formuler des « mandats clairs et viables », à même de répondre aux défis sur le terrain, a-t-il argué. 

Le Mouvement des pays non alignés, a poursuivi le délégué, accueille avec satisfaction la détermination de l’ONU à intensifier sa relation et sa coopération avec les organisations régionales, notamment l’Union africaine (UA), conformément aux recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix.  Il a recommandé le renforcement de l’alliance stratégique entre l’ONU et l’UA afin d’améliorer la planification, le déploiement et la gestion des opérations africaines de maintien de la paix.  Dans l’esprit du principe de « solutions africaines à des problèmes africains » cher au Mouvement, le représentant a appelé à trouver de nouvelles voies afin d’assurer un financement « prévisible, durable et sûr » aux opérations de paix menées par l’UA et mandatées par le Conseil de sécurité. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a rappelé que son pays était à l’origine de la conclusion du Nouveau Partenariat stratégique Asie-Afrique en 2005, afin d’accélérer la coopération politique, économique et socioculturelle entre les deux continents.  La paix en Afrique est l’une des priorités de l’Indonésie, a-t-il affirmé, comme en témoigne le déploiement de 1 400 soldats et policiers indonésiens au sein de huit missions de maintien de la paix africaines.  Nous sommes de plus sur le point de finaliser le déploiement de 1 000 soldats supplémentaires au sein du bataillon à déploiement rapide de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et de l’unité de police constituée de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).  Ces deux contingents, a-t-il précisé, comporteront un certain nombre de personnels féminins. 

Par ailleurs, le représentant a salué les récentes évolutions positives en Afrique, marquées par la fin de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) et la levée des sanctions du Conseil de sécurité contre l’Érythrée.  Face, toutefois, à la persistance de nombreux conflits sur le sol africain, M. Triansyah Djani a appelé l’Union africaine (UA) et l’ONU à renforcer leur coopération.  De ce point de vue, il a salué la décision du Conseil de sécurité de l’ONU et du Conseil de paix et de sécurité de l’UA de formuler des positions et recommandations communes.  Il a également salué la décision des dirigeants africains de financer à hauteur de 25% les coûts des opérations de soutien à la paix de l’UA.  Dans cette perspective, le délégué a appelé à envisager les différentes options présentées par le Secrétaire général pour rendre le financement des opérations de paix de l’UA davantage prévisibles et pérennes.

M. YARON WAX (Israël) a déploré les défis sans précédent auxquels font face les opérations de maintien de la paix en Afrique, essuyant des attaques de plus en plus planifiées et sophistiquées.  Appelant à renforcer la sécurité des soldats de la paix comme indiqué dans le « Rapport Cruz », il a aussi demandé d’ajuster la mentalité des troupes aux nouvelles réalités du terrain.  L’année 2017 a été la plus sanglante depuis des décennies pour les Casques bleus, et l’incident tragique de cette semaine en RDC, où huit Casques bleus ont été tués, montre qu’il reste encore beaucoup à faire, a estimé le représentant.  « Nous devons reconnaître que porter un casque bleu n’est plus une garantie de protection. »  Attaché à renforcer les opérations de maintien de la paix en Afrique, Israël y organise des formations, appuie des opérations de maintien de la paix et apporte son savoir-faire pour améliorer les normes en matière de soins de santé ou d’évacuation médicale.  M. Wax a aussi rappelé l’appui d’Israël pour contrer les agressions sexuelles tant au Siège de l’ONU que sur le terrain. 

Alors que l’Union africaine vient tout juste de clore sa session extraordinaire à Addis-Abeba, M. ROBERT KAYINAMURA (Rwanda) a estimé que ce débat tombe à point nommé.  Les réformes envisagées par l’Union africaines visent justement à assurer une plus grande efficacité en matière de paix et de sécurité.  L’Afrique accueille sur son sol 75% du personnel de maintien de la paix dans le monde, dont une majorité de troupes africaines, a rappelé la représentante, et 60% des résolutions du Conseil de sécurité concernent l’Afrique.  Pour lui, ces chiffres suffisent à démontrer le besoin d’une plus grande implication de l’Union africaine dans les opérations de maintien de la paix. 

Après avoir réitéré son appui au Cadre commun pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité entre l’ONU et l’UA, le délégué a reconnu l’importance d’une coordination et d’une coopération étroites fondées sur des évaluations stratégiques des conflits, la planification et la responsabilité collective.  S’agissant du financement, la représentante a salué le lancement récent du Fonds pour la paix de l’Union africaine, « étape essentielle » pour faire en sorte que l’Afrique puisse financer la paix et la sécurité sur le continent.  Enfin, il a appuyé l’initiative prise par le « A3 » (Côte d’Ivoire, Éthiopie, Guinée équatoriale) sur le financement des opérations de l’Union africaine. 

M. COLLEN V.  KELAPILE (Botswana) a relevé que le continent africain devait répondre à des besoins contradictoires pour mener à bien la prévention de conflits, la médiation, le maintien et la consolidation de la paix et, de manière simultanée, mettre en œuvre le Programme 2030 et l’Agenda 2063 de l’UA pour le développement durable de ses pays.  Lorsque les interventions sont mieux gérées et prévoient notamment des transitions pour passer du rétablissement de la paix au maintien de la paix, puis à sa consolidation, des résultats sont possibles, a estimé le représentant, qui a mis en garde contre la tentation de procéder à des retraits prématurés pour économiser des coûts: l’histoire a montré que le coût de nouveaux déploiements est encore plus élevé. 

Pour parvenir à une paix durable, le contexte politique local et les dynamiques régionales doivent être pris en compte, a fait observer M. Kelapile.  Il a en outre insisté sur le fait que la responsabilité principale de l’assistance extérieure à la consolidation de la paix incombe aux acteurs nationaux eux-mêmes, et que le maintien de la paix doit être une mesure d’intervention temporaire pour faciliter certains éléments comme le dialogue pour la paix.  Au niveau local, le maintien et la consolidation de la paix doivent viser une participation inclusive et une distribution équitable des dividendes de la paix, et ouvrir la voie à la restauration de la bonne gouvernance, de la démocratie et de l’état de droit.

L’UA fait face à de graves lacunes en termes de capacités, a reconnu le représentant, qui a voulu rappeler que les dividendes de la paix observés aujourd’hui en Somalie proviennent d’une décision majeure et sans précédent de l’Assemblée générale en 2009 d’autoriser de manière exceptionnelle un soutien financier de l’ONU à une mission de l’UA.  Ce cas est un bon exemple de partenariat efficace, a-t-il conclu, se félicitant des accords et des efforts visant à le renforcer. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a loué le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité.  Il a noté que près de 80% du personnel est employé en Afrique, un continent qui mobilise 70% des travaux du Conseil de sécurité.  Il est donc évident pour le représentant que « les deux organisations n’ont d’autre choix de renforcer leur coopération ».  Louant leur complémentarité, il a pris pour exemple la République centrafricaine, où l’UA pilote le processus politique à travers l’initiative africaine.  Le Maroc est un grand pourvoyeur de troupes, a poursuivi M. Hilale.  Les Forces armées royales marocaines sont présentes au sein de la MINUSCA en République centrafricaine et de la MONUSCO en République démocratique du Congo. 

Remarquant que de nombreux pays africains avaient développé une grande expérience en matière de maintien de la paix, le représentant a remarqué qu’un soutien en termes de formation serait plus efficace s’il était fourni par un autre pays africain.  Fort d’une longue expérience en matière de maintien de la paix, qu’il partage sur le plan bilatéral avec de nombreux pays africains, le Maroc est en discussion avec le Secrétariat pour s’engager dans la voie de partenariats triangulaires.  M. Hilale a appelé à mettre en œuvre le mécanisme de formation prévu par le Secrétaire général afin de pouvoir assurer un soutien le plus efficace possible.  Concernant le financement des opérations de paix africaines mandatées par le Conseil de sécurité au moyen des contributions du budget ordinaire de l’ONU, il a souhaité qu’après cinq ans de discussions, les choses avancent.  Souhaitant que les positions et demandes de l’Afrique soient pleinement prises en considération, il a réclamé une approche innovante, flexible et une réelle volonté politique.

M. ION JINGA (Roumanie) a rappelé que, depuis 1991, date à laquelle le premier soldat de la paix roumain a été déployé dans le cadre de la Mission d’observation des Nations Unies pour l’Iraq et le Koweït (MONUIK), plus de 12 500 Roumains avaient participé à 25 missions de la paix au total.  La Roumanie est actuellement l’un des premiers contributeurs d’unités de police en Europe, a-t-il ajouté. 

Le représentant a rappelé les recommandations formulées par le Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix des Nations Unies.  Il a également appuyé l’initiative « Action pour le maintien de la paix », lancée par le Secrétaire général.  Suite à la Déclaration d’engagement commun concernant les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, la Roumanie s’est engagée à fournir quatre hélicoptères de manœuvre à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) à partir de 2019, a-t-il précisé, tout en se disant prêt à maintenir le taux actuel de 20%  de personnel féminin aux postes d’observateurs militaires et d’officiers d’état-major déployés dans le cadre d’opérations de maintien de la paix. 

Le représentant a, enfin, salué l’adoption par le Conseil de sécurité des résolutions 2320 (2016) et 2378 (2017), qui sont, selon lui, la pierre angulaire d’une coopération « solide et durable » entre les Nations Unies et l’Union africaine. 

M. RICHARD ARBEITER (Canada) a appelé à ne pas oublier que les États africains jouent un rôle de premier plan dans les efforts internationaux pour gérer et résoudre les conflits sur le continent.  Il a ainsi souligné la détermination et la persévérance de l’Union africaine (UA) dans la résolution des crises au Libéria et en Côte d’ivoire.  Aux yeux du représentant, le renforcement des opérations de maintien de la paix en Afrique n’est pas seulement une question de ressources, de volonté ou de moyens, mais également de capacité à « combiner nos efforts pour innover et maximiser notre impact ».  Il a ainsi appuyé la mise en œuvre intégrale du Cadre de coopération sur la paix et la sécurité entre l’ONU et l’UA.  Il a également appelé à renforcer la coopération entre les deux Organisations par d’autres moyens, y compris par l’entremise de visites conjointes du Conseil de sécurité de l’ONU et du Conseil de paix et de sécurité de l’UA.

M. Arbeiter a en outre encouragé les efforts entrepris afin de trouver des mécanismes de financement des opérations de paix menées par l’UA plus « prévisibles, souples et durables ».  Il a félicité les États membres de l’UA pour le leadership dont ils ont fait preuve, en vue d’accroitre le financement africain de ces opérations par le biais de la création du Fonds pour la paix de l’UA.  Le délégué canadien est enfin revenu sur les nombreuses contributions de son pays auprès d’opérations de maintien de la paix en Afrique, ainsi que sur l’établissement de partenariats innovants entre le Canada et divers pays africains.

M. FRANCIS M. KAI-KAI (Sierra Leone) a estimé que pour renforcer au mieux les opérations de maintien de la paix sur le continent africain, il importe de mettre en place une politique stratégique effective axée sur le renforcement du rôle de bons offices des dirigeants régionaux, ainsi que sur l’engagement politique de toutes les parties au conflit pour identifier des solutions sans exclusives.  Il a également souligné que le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies doit occuper une place centrale dans les mandats de maintien de la paix.  Cela nécessiterait, a-t-il indiqué, l’adoption d’une approche plus coordonnée et intégrée pour résoudre les conflits en Afrique, et d’accorder plus d’attention aux initiatives africaines, notamment celles émanent du Conseil pour la paix et la sécurité et de l’Assemblée de l’UA, entre autres.  Il a aussi insisté sur l’importance de répondre aux besoins financiers des opérations de paix de l’UA.

Étant donné l’évolution du rôle des organisations sous-régionales, il a jugé nécessaire de relayer ce partenariat aux communautés économiques sous-régionales, citant notamment l’efficacité dont elles font preuve pour répondre et promouvoir des initiatives régionales dans les domaines de la résolution de conflit et de l’édification de la paix.  Il est également important de renforcer les capacités de médiation de l’UA et des organisations sous-régionales, ainsi que celles des organisations de la société civile qui participent aux efforts de médiation, a-t-il ajouté. 

Pour ce qui est du financement des opérations de maintien de la paix, le représentant a jugé impératif de trouver des solutions durables pour répondre aux contraintes de financement qui continuent d’entraver le succès des opérations.  Des efforts supplémentaires sont également nécessaires pour aider les pays africains contributeurs de contingents en matière de formation et d’équipement.

M. MAGDI AHMED MOFADAL ELNOUR (Soudan) a réaffirmé l’importance du rôle de l’Afrique dans les missions de maintien de la paix, en particulier dans l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), et estimé que le Cadre commun ONU-Union africaine doit être complété par des mesures de financement.  « Le contexte local et la dimension régionale des conflits doivent être pris en compte pour la consolidation de la paix », a dit le représentant, qui a mis l’accent sur la nécessité de renforcer les capacités des pays africains afin de faire véritablement taire les armes en Afrique d’ici à 2020.  Quant au partenariat entre les missions et les pays hôtes, il a cité en exemple celui entre le Gouvernement soudanais et la MINUAD, qui se penche notamment sur les besoins.  Il a salué les efforts de l’UA pour créer un fonds de la paix afin que l’Afrique puisse faire face à ses propres difficultés en termes de maintien de la paix. 

Mme SAADA DAHER HASSAN (Djibouti) a rappelé que plus de la moitié des 20 principaux fournisseurs de contingents aux opérations de maintien de la paix de l’ONU sont des pays africains, et que les cinq plus grandes missions de maintien de la paix, sur les 14 que compte l’Organisation, sont déployées en Afrique.  Louant le lancement du Fonds pour la paix, comme permettant d’impulser une autonomie financière, elle a mis l’accent sur les efforts de Djibouti et sa contribution de près de 2 000 hommes aux opérations de maintien de la paix.  Réclamant plus de consultations en temps réel avec l’Union africaine (UA) et les organisations régionales afin de recommander aux organes décisionnels des options cohérentes pour prévenir les conflits, la représentante a souhaité davantage de flexibilité dans l’interprétation du Chapitre VIII de la Charte pour limiter « les écarts de conduite » en matière de paix et de sécurité internationales.  Elle a aussi préconisé des initiatives durables de reconstruction et de développement après un conflit pour renforcer la résilience.  Enfin, au sujet du financement des opérations de soutien à la paix africaine, Djibouti espère que la résolution qui sera présentée le mois prochain sous la présidence de la Côte d’Ivoire permettra un partenariat ONU-UA plus harmonieux. 

M. HAM SANG WOOK (République de Corée) a estimé que construire des partenariats forts et stratégiques est devenu un impératif et que l’ONU est la mieux placée pour coordonner les différents acteurs.  Le représentant a reconnu que le rôle des organisations régionales et sous-régionales était devenu particulièrement important.  Leurs avantages comparatifs par rapport à l’ONU sont évidents pour l’imposition de la paix et la lutte antiterroriste, aussi a-t-il appelé l’ONU à travailler de manière plus efficace avec elles, comme elle le fait avec l’UA.

Le représentant a dit souhaiter davantage de progrès à l’avenir sur la conception des mandats dans le cadre d’une stratégie politique plus large afin de faciliter des solutions durables.  Il a encouragé le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA à aligner leurs programmes. 

Le délégué a aussi reconnu la nécessité de fournir un financement prévisible, flexible et durable aux opérations dirigées par l’UA.  À cet égard, il a salué l’initiative de l’UA de renforcer son indépendance financière en revitalisant son Fonds de la paix.  Enfin, le représentant a fait savoir que, l’année prochaine, la République de Corée devrait faire partie des 10 principaux contributeurs financiers au budget des opérations de maintien de la paix.

M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal), en tant que contributeur majeur au maintien de la paix, a qualifié l’Initiative « Action pour le maintien de la paix » d’opportunité renouvelée pour faire de la prévention et de la médiation une priorité absolue en Afrique.  Il s’est aussi réjoui de l’attention accordée par la Commission de consolidation de la paix et le Conseil économique et social à la situation au Sahel, notamment en termes d’opportunités offertes par cette région.  Compte tenu de l’engagement croissant des pays francophones au sein des opérations de maintien de la paix ainsi que de l’implantation de ces Missions dans cette catégorie de pays, le délégué a réaffirmé l’impératif de la promotion du multilinguisme dans le cadre des Missions.

S’investissant de concert avec l’ONU, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’UA, le Sénégal a recommandé de faire « reposer les Missions sur une stratégie politique bien articulée, avec des mandats ciblés, clairs, réalistes et réalisables, sans omettre la prise en compte de la consolidation de la paix ». 

Évoquant la problématique de l’adaptation des Missions déployées en Afrique aux réalités économiques et sociales et à l’environnement sur le terrain, il a réclamé l’emploi de technologies modernes, arguant que les expériences de la MINUSCO, la MINUSCA et la MINUSMA avaient démontré qu’une utilisation responsable de ces outils induisait des effets bénéfiques.  Chantre du panafricanisme, ayant inscrit dans sa Constitution sa disponibilité à « abandonner toute ou partie de sa souveraineté pour réaliser l’unité africaine », le Sénégal a réaffirmé son engagement en faveur de la paix et de la sécurité en Afrique, y compris en contribuant aux opérations de maintien de la paix.

M. FRANCISCO DUARTE LOPEZ (Portugal) a fait savoir que six des sept missions et opérations de maintien de la paix auxquelles participe le Portugal se trouvent en Afrique, avec son plus grand contingent au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).  Il a partagé l’importance accordée par le Secrétaire général à la prévention des conflits, à la stabilisation des tensions, à la primauté du politique et au recours à la diplomatie en tant que moyens privilégiés de parvenir à une paix durable.  À cet égard, le Portugal soutient le renforcement de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine (UA) dans le cadre d’opérations de maintien de la paix et estime que « l’action complémentaire de l’Union européenne représente une plus-value ».  En outre, M. Duarte Lopez a jugé essentiel d’assurer un financement prévisible et durable aux opérations de paix africaines, qu’elles soient dirigées par l’UA ou par des organisations régionales à travers l’UA. 

L’Afrique est le théâtre de sept opérations de maintien de la paix de l’ONU, a souligné M. SABRI BOUKADOUM (Algérie), en notant que c’est là que les Casques bleus font face aux plus grandes difficultés.  Si les menaces ont évolué, le concept de maintien de la paix continue d’être basé sur le principe d’impartialité et de non recours à la force, a-t-il fait remarquer.  Le représentant a toutefois constaté un risque réel, « en raison des responsabilités croissantes des opérations de maintien de la paix qui, dans certains cas, se sont substituées à des États faillibles, y compris en matière de sécurité ».  Devenues des alternatives, elles ont remplacé les capacités au lieu de les renforcer, a-t-il déploré.  Le délégué a appelé au renforcement des partenariats compte tenu de l’évolution de la nature des menaces.  Depuis sa création, l’Union africaine (UA) a montré un avantage comparatif clair, avec des missions offensives, là où l’ONU ne peut être déployée, ni agir quand le Conseil de sécurité ne parvient pas à un consensus politique nécessaire.  Concernant la question du financement des missions de l’UA, la mission en cours en Somalie en est le témoin, il est nécessaire d’avoir un financement prévisible et constant pour les missions, a-t-il conclu.

Alors que l’Afrique continue de faire face à des défis importants liés à la paix et la sécurité, M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya) a reconnu que l’Union africaine (UA) dispose de ressources humaines et matérielles insuffisantes, qui limitent sa capacité à assurer le financement de la reconstruction après les conflits.  Ces problèmes peuvent toutefois être traités par une intensification de la coopération stratégique entre l’ONU et l’UA, comme le Cadre commun pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité.  Les interactions régulières entre ces deux entités ont permis d’améliorer la coordination stratégique et opérationnelle, a relevé le représentant.  Devant les menaces persistantes auxquelles sont confrontés la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et le G5 Sahel, M. Aamayo a estimé qu’il est temps de revoir le mode de financement et la doctrine qui sous-tend les opérations de maintien de la paix.  Enfin, il a souligné l’importance d’adapter la formation des troupes et l’équipement aux réalités sur le terrain. 

M. SAMSON SUNDAY ITEGBOJE (Nigéria) a fait observer que les causes des conflits en Afrique sont multiples et qu’une approche globale est nécessaire.  Il faut donc une vision stratégique partagée des objectifs, a-t-il prôné en rappelant que le maintien de la paix en Afrique fait partie intégrante du maintien de la paix et de la sécurité internationales, pour lequel le Conseil de sécurité a une responsabilité primordiale. 

Les questions de maintien de la paix posées à l’UA, comme au Conseil, dépassent largement ses ressources et ses capacités à y répondre efficacement, a fait observer le représentant, demandant de faire preuve de volonté politique pour veiller à ce qu’un soutien adéquat soit fourni lorsque les capacités régionales existent.  Étant donné que les cadres financiers pour un partenariat en matière de maintien de la paix ne permettent pas d’envisager une stratégie à long terme, il a jugé impératif que le Conseil approuve une option garantissant la prévisibilité, la durabilité et la flexibilité du financement des opérations de paix de l’UA mandatées par l’ONU. 

En outre, le délégué a encouragé l’UA à poursuivre son processus de réforme institutionnelle ainsi qu’à mettre en place une feuille de route de renforcement des capacités à long terme.  Il a aussi exhorté le Secrétaire général, avec le soutien de tous les États Membres à continuer à intensifier les efforts pour trouver un financement durable aux missions de maintien de la paix en Afrique.

Mme RAZIYE BILGE KOÇYIĞIT GRBA (Turquie) a déclaré que l’intensification et la sophistication des menaces asymétriques par les groupes terroristes et extrémistes pose un défi considérable au maintien de la paix de l’ONU à la fois en termes de protection et de mise en œuvre des mandats.  Dans ce contexte, des organisations régionales comme l’Union africaine (UA) sont devenues des acteurs de premier plan dans les efforts de maintien et de consolidation de la paix, que l’ONU devrait tout mettre en œuvre pour soutenir.  Dans ce contexte, la Turquie a encouragé le raffermissement du partenariat ente l’ONU et l’UA, dans les domaines du renforcement des capacités institutionnelles et de la lutte contre la criminalité organisée.  La délégation a ajouté qu’Ankara avait contribué à la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises et continuait de servir dans divers dans diverses opérations de l’ONU, de l’OTAN et de l’Union européenne. 

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a estimé qu’il est impératif de suivre les suggestions constructives du Secrétaire général au sujet du Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, y compris en termes de financement.  Le représentant a ensuite attiré l’attention sur le problème posé par les pertes humaines endurées par les Casques bleus dans certaines opérations de maintien de la paix en Afrique, pertes qui demeurent une source de vive préoccupation.  Il est donc indispensable d’améliorer les capacités des pays hôtes concernés à traduire en justice les responsables de crimes de haine, a préconisé le représentant.  Selon lui également, il serait préjudiciable d’engager les Casques bleus de l’ONU dans des opérations de lutte antiterroriste.  Par ailleurs, le délégué a assuré que le partage et la diffusion des pratiques optimales est une priorité du Bangladesh, qui bénéficie d’une expérience de 30 ans en matière de maintien de la paix, notamment en matière d’entraînement. 

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