En cours au Siège de l'ONU

8152e séance – après-midi
CS/13152

À la demande des États-Unis, un Conseil de sécurité divisé se réunit en urgence sur les manifestations en Iran

À la demande des États-Unis, le Conseil de sécurité s’est réuni en urgence, cet après-midi, pour se pencher sur les manifestations qui secouent la République islamique d’Iran depuis le 28 décembre dernier, une réunion vigoureusement contestée par la délégation iranienne et plusieurs membres du Conseil, pour lesquels cette question n’a pas sa place dans cette enceinte.  Certains y ont même vu une tentative, sous couvert des droits de l’homme, de « détruire » l’accord sur le nucléaire iranien.

« La voix du peuple iranien doit être entendue », a déclaré la représentante américaine, en appelant « le monde » à prendre note des événements qui se déroulent en Iran, « où le peuple se soulève dans 79 endroits ».  Elle y a lu « l’expression forte d’un peuple courageux qui en a assez de son gouvernement ».

Certains des slogans brandis par les manifestants expriment une déception vis-à-vis des « changements lents ou limités » dans les structures sociales et les libertés politiques, a confirmé le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, M. Tayé-Brook Zerihoun.  Ces slogans critiquent la « position privilégiée » du clergé et des forces de sécurité.  D’autres réclament que l’Iran cesse son « investissement coûteux » dans la région, a précisé le haut fonctionnaire.

À mesure que les manifestations s’intensifiaient, certaines d’entre elles sont devenues violentes, a-t-il reconnu, tout en prévenant que la faible présence sur place du Secrétariat de l’ONU ne permet pas de confirmer ou d’infirmer l’authenticité des images diffusées sur les réseaux sociaux ou dans les médias publics.  À en croire ces derniers, plus de 20 Iraniens, dont un adolescent et un policier, auraient perdu la vie lors des manifestations.

Le représentant de l’Iran n’a pas contesté le fait que « certains de ses concitoyens » expriment des « griefs légitimes ».  Le Président Hassan Rouhani a lui-même déclaré, le 31 décembre dernier, que le peuple iranien doit disposer d’un « espace » pour manifester et critiquer son gouvernement, tout en soulignant que la violence ne saurait être tolérée, a rappelé le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques.

Mais le représentant iranien s’est vigoureusement opposé à l’examen par le Conseil de sécurité de la situation dans son pays, qui relève strictement, a-t-il martelé, des affaires intérieures.  Il a été rejoint par son homologue de la Bolivie qui a jugé cette séance « inopportune ».

Diagnostiquant un « abus de pouvoir » des États-Unis, le délégué iranien a considéré que l’organe chargé de la paix et de la sécurité internationales s’est « discrédité » aujourd’hui en se livrant à une telle ingérence, « alors qu’il échoue lamentablement à lever le doigt face à l’occupation du territoire palestinien et aux bombardements aveugles au Yémen ».

« Au moment où les États-Unis accusent l’Iran de réprimer des manifestations, on ne peut qu’avoir le souffle coupé devant tant d’hypocrisie », a poursuivi le représentant, en rappelant l’image des manifestants d’Occupy Wall Street battus et traînés par des policiers américains, du passage à tabac de Rodney King à Los Angeles en 1992 ou des émeutes qui ont suivi.

À son tour, le représentant de la Fédération de Russie s’est demandé pourquoi le Conseil de sécurité n’a pas convoqué de réunion sur ces évènements.  Aucun doute, a-t-il estimé: la véritable raison de cette réunion « ce ne sont pas les droits de l’homme », mais un effort concerté pour « détruire » le Plan d’action global commun qui, comme l’a dit la représentante de la Suède, garantit la nature « exclusivement pacifique » du programme nucléaire iranien.  « On a l’impression qu’il y a, aux États-Unis, une allergie insurmontable à l’Iran, impossible d’expliquer rationnellement », a ironisé le représentant.  Son homologue de l’Iran a tenté une explication; « ce n’est rien d’autre qu’une fuite en avant désespérée de l’Administration américaine, qui a perdu toute once d’autorité morale, politique et juridique et de crédibilité aux yeux du monde entier ».

La représentante américaine a défendu avec force l’idée que du respect des droits de l’homme dépendent la paix et la sécurité, comme par exemple en Syrie, où l’Iran a, selon elle, versé au moins six milliards de dollars pour appuyer le régime de Bachar Al-Assad.  

Son homologue russe a jugé « inacceptable » cette « tentative » de détruire le Plan d’action global commun, alors que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) confirme le plein respect par l’Iran de ses obligations. 

Le Plan d’action nous engage tous.  L’enjeu est de l’appliquer rigoureusement car la perte de cet acquis marquerait pour la communauté internationale et pour le régime de non-prolifération nucléaire « un grave retour en arrière », a prévenu le représentant de la France, rejoint par les délégués du Pérou et de la Suède, qui, elle aussi, a émis des doutes sur le caractère opportun de la séance.

C’est bien mon pays, a encore fait valoir l’Iran, qui est en position de demander une enquête sur la manière dont des « éléments étrangers » ont pu, « en toute impunité », encourager et soutenir, notamment sur les réseaux sociaux, des troubles à l’ordre public et des violences « dans une nation souveraine ».

La libre circulation de l’information, a relevé la délégation, a propagé une « vague d’informations mensongères », contre lesquelles de nombreux pays estiment qu’il faut se protéger, dont la France, qui vient de se mobiliser contre les tentatives de « déstabilisation » menées par des chaînes de télévision contrôlées ou influencées par des puissances étrangères.

« Les mesures prises ne sont pas simplement nécessaires pour lutter contre les informations mensongères, les émeutiers et l’ingérence dans le processus électoral, mais de façon plus importante contre les terroristes, dont Daech.  Ce combat n’est pas à somme nulle: nous le gagnerons ensemble ou nous le perdrons ensemble », a conclu le délégué iranien.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. TAYÉ-BROOK ZERIHOUN, Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, a commencé par rappeler que les manifestations en République islamique d’Iran avaient débuté le 28 décembre dernier, lorsque des centaines d’Iraniens se sont réunis, de manière pacifique dans l’ensemble, à Machhad, la deuxième ville la plus importante du pays, en entonnant des slogans contre les contraintes économiques.  Les jours suivants, ces rassemblements se sont étendus à d’autres centres urbains, dont Téhéran, ainsi qu’à de nombreuses zones rurales.

Certains des slogans, a précisé le haut fonctionnaire, exprimaient également une déception vis-à-vis des « changements lents ou limités » dans les structures sociales et les libertés politiques, et critiquaient la position privilégiée du clergé et des forces de sécurité selon les manifestants.  Dans d’autres cas, ils demandaient que l’Iran cesse son « investissement coûteux » dans la région.

Alors que les manifestations s’intensifiaient, certaines d’entre elles sont devenues violentes.  Des vidéos postées sur des réseaux sociaux, dont plusieurs restent en grande partie bloqués par le Gouvernement, et des extraits diffusés par les chaînes d’État montrent des manifestants passés à tabac et l’incendie de locaux gouvernementaux, de banques et de centres religieux. 

Selon des informations diffusées par les médias iraniens officiels, plus de 20 Iraniens, dont un adolescent et un policier, ont été tués lors des manifestations, a poursuivi M. Zerihoun.  Le Ministre iranien de l’intérieur a déclaré que plus de 1 000 manifestants avaient été détenus, bien que nombre d’entre eux avaient été remis en liberté depuis.

Avec une présence limitée sur le terrain, le Secrétariat ne peut confirmer ou contester l’authenticité de ces images ni l’étendue des violences.  « Toutefois, nous avons reçu des informations selon lesquelles la police, davantage que les forces militaires, répondent aux manifestations », a déclaré le Sous-Secrétaire général. 

Le 3 janvier, le Corps des gardiens de la révolution islamique a annoncé la fin des manifestations antigouvernementales.  Des informations récentes font état de démonstrations de moindre ampleur et davantage éparpillées, a relevé M. Zerihoun.  Par ailleurs, entre le 3 et le 5 janvier, de vastes rassemblements progouvernementaux auraient été observés à travers le pays, les participants exprimant leur soutien au dirigeant suprême et condamnant la violence. 

Le 31 décembre, le Président Hassan Rouhani a déclaré que le peuple iranien devrait disposer d’un « espace » pour manifester et critiquer le Gouvernement, tout en soulignant que la violence ne saurait être tolérée, a-t-il noté.  Le 2 janvier, le « dirigeant suprême », l’Ayatollah Ali Khamenei a accusé les « ennemis de l’Iran », « sans les nommer », de « provoquer » les troubles qui secouent le pays. 

Mais le 3 janvier, le Représentant permanent de l’Iran auprès des Nations Unies a accusé dans une lettre adressée au Secrétaire général les États-Unis d’intensifier « leurs actes d’intervention de manière grotesque » dans les affaires internes de son pays, a relaté le haut fonctionnaire. 

À ce jour, les activités de développement de l’Organisation en Iran n’ont pas été significativement affectées par les récents évènements, a assuré le Sous-Secrétaire général.  Il a déclaré que le Secrétariat continuait de surveiller l’évolution de la situation sur le terrain, et de dialoguer avec les autorités iraniennes à ce sujet, avec pour objectif de contribuer aux efforts en vue de répondre aux préoccupations légitimes de la population par des moyens pacifiques et éviter des violences supplémentaires.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a appelé le monde à prendre note des événements qui se déroulent en République islamique d’Iran, « où le peuple se lève dans 79 endroits », y voyant « une manifestation forte d’un peuple courageux qui en a assez de son gouvernement ».  La voix du peuple iranien doit être entendue, a lancé la représentante.  

Elle a ensuite argué que la question du respect des droits de l’homme n’était pas la seule prérogative d’un gouvernement, signalant que si les préoccupations d’un peuple sont écartées d’un revers de main, la paix et la sécurité s’en voient menacées, comme c’est par exemple le cas en Syrie.

La représentante a ensuite affirmé que l’Iran consacrait au moins six milliards de dollars pour appuyer le régime de Bachar Al-Assad en Syrie et que le peuple iranien appelait à présent les autorités à se préoccuper de lui.  

Elle a affirmé que la famille iranienne moyenne était aujourd’hui 15% plus pauvre qu’il y a quelques années.  Elle a aussi dénoncé les contrats accordés à l’élite iranienne, notamment dans l’industrie du bâtiment.  « Cessez d’appuyer le terrorisme et de donner des milliards à des dictatures.  Cessez de financer des guerres de procuration.  Pensez à nous », a-t-elle lancé, se faisant la porte-parole de l’appel du peuple iranien.

La représentante a ensuite affirmé que l’accès à Internet était limité afin de bâillonner le peuple.  Elle a engagé le Conseil de sécurité à se joindre à elle pour faire entendre l’appel du peuple, demandant par ailleurs l’Iran à rétablir l’accès à Internet.  Elle a assuré que loin d’être la « marionnette de forces étrangères », le peuple iranien agissait de part lui-même et réclamait ce qu’aucun gouvernement ne pouvait lui refuser: ses libertés fondamentales.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a souligné la nécessité de préserver le Plan d’action global commun et de permettre sa pleine mise en œuvre.  Cette approche a recueilli un consensus lors de la réunion de ce Conseil le 19 décembre dernier, a-t-il dit.  « Cet accord nous engage tous.  L’enjeu est de l’appliquer rigoureusement.  La perte de cet acquis marquerait pour la communauté internationale et pour le régime de non-prolifération nucléaire un grave retour en arrière. »

« Nous devons également veiller à mener un dialogue exigeant et réaliste avec l’Iran pour encadrer son activité balistique et la limiter de manière à ce qu’elle ne constitue pas un facteur aggravant de déstabilisation régionale », a poursuivi M. Delattre.  « Nous devons, en outre, maintenir des échanges étroits et francs avec l’Iran pour aborder les préoccupations que soulève son influence au Moyen-Orient et son rôle dans les crises régionales plus précisément, ses actions en Iraq, en Syrie, au Liban et au Yémen. 

Dans chacun de ses pays, a-t-il dit, « nous devons trouver les voies qui permettent d’encadrer les hégémonies extérieures, qui sont le gage de l’échec de toute stabilisation ».

M. Delattre a ensuite exprimé ses inquiétudes face aux violences qui ont suivi les manifestations des derniers jours en République islamique d’Iran.  « Nous encourageons les autorités iraniennes à la retenue et l’apaisement.  Il est essentiel que les libertés fondamentales, notamment les libertés de conscience, d’expression, de communication et le droit de manifester pacifiquement soient pleinement respectés. » 

Les Iraniens doivent pouvoir manifester pacifiquement et faire valoir leurs opinions.  « Nous devons rester vigilants afin que ces droits et ces libertés ne soient pas bafoués.  C’est ce que le Président français, M. Emmanuel Macron, a dit à son homologue iranien, M. Hassan Rouhani, lors de leur entretien du 2 janvier », a indiqué le représentant.

Il a aussi déclaré que les évolutions de ces derniers jours ne constituaient pas une menace à la paix et à la sécurité internationales.  « Nous devons y réagir de manière appropriée, c’est-à-dire avec toute la vigilance requise par les risques de violences contre les manifestants pacifiques, mais en nous gardant de toute instrumentalisation de cette crise, qui ne ferait que renforcer les extrêmes.  Les changements en Iran viendront du peuple iranien lui-même, pas de l’extérieur. »

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a estimé que la tenue de cette réunion était « inopportune » et que le Conseil de sécurité était « instrumentalisé politiquement » par certaines délégations, qui veulent inscrire à son ordre du jour des questions sans rapport avec le mandat que lui a confié la Charte des Nations Unies. 

« Nous savons que les « actes unilatéraux et les politiques interventionnistes » se sont soldés historiquement par des conséquences militaires, sociales et économiques qui se font encore ressentir aujourd’hui pour un certain nombre de situations, a poursuivi le représentant.  

Il s’est dit convaincu en conclusion que tout conflit interne doit être réglé par les États concernés, dans le respect de leur souveraineté.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a noté avec regret les pertes en vies humaines et les actes de violence dans plusieurs villes iraniennes et a appelé au respect de la liberté d’expression.  Il a estimé important d’avoir recours à la diplomatie préventive et de renforcer le rôle du Conseil de sécurité pour contrecarrer les crises dès leur début pour empêcher qu’elles ne dégénèrent.

Il a aussi appelé au respect de la souveraineté et du principe de non-ingérence dans les affaires des États.  Constatant que plusieurs États avaient été le théâtre de manifestations pacifiques qui avaient ensuite dégénéré en violence avec des conséquences catastrophiques pour eux et leur région, il a espéré que la République islamique d’Iran ne connaîtrait pas le même sort.  

Il a aussi fait part du désir du Koweït de maintenir de bonnes relations avec l’État iranien, évoquant notamment le rôle que joue ce pays pour la stabilité régionale.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a appelé à la fin des violences et de la répression.  Il a cependant pris note des appels lancés par le régime iranien pour que le peuple iranien puisse bénéficier d’un espace pour faire entendre ses revendications. 

« Personne ne force la situation en Iran à être inscrite à l’ordre du jour du Conseil de sécurité », a-t-il ensuite assuré.  Cet organe a « parfaitement » le droit de se saisir d’une situation si un différend semble menacer la paix et la sécurité internationales, a tenu à rappeler le représentant.  Or, selon lui, les préoccupations relatives aux droits de l’homme en République islamique d’Iran vont au-delà des manifestations récentes, alors que ce pays continue par exemple d’appliquer la peine capitale aux mineurs. 

En même temps, il est nécessaire de reconnaître la légitimité des priorités de Téhéran en matière de sécurité régionale.  Mais trop souvent, a regretté M. Rycroft, ses intérêts sécuritaires sont le prétexte à des agissements dans la région en violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, « comme c’est le cas au Yémen, en Syrie et en Iraq », y compris en se livrant au transfert d’armes à des groupes armés. 

Il a encouragé en conclusion l’Iran à s’abstenir de se livrer à des tirs de missiles balistiques.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a déploré les pertes en vies humaines et a rappelé que la liberté d’expression et de réunion était des droits fondamentaux.  Il a estimé que le Conseil de sécurité devait toujours être en mesure de participer à la prévention des conflits, jugeant que la situation en République islamique d’Iran, pays important pour la stabilité régionale, pourrait dégénérer.

Le représentant a aussi estimé que le Conseil devait travailler de manière consensuelle, l’appelant notamment à préserver les régimes de non-prolifération nucléaire et à rester uni sur la question de l’Iran.  Aux yeux du délégué, la situation en Iran appelle à s’attaquer à ses causes profondes et à promouvoir le dialogue tout en mettant l’accent sur le désarmement, le développement durable et la prise en charge urgente des questions relatives aux droits de l’homme.

Le Conseil de sécurité a un rôle essentiel de prévention à jouer et il doit toujours pouvoir surveiller les premiers signes d’une crise, de la manière la plus appropriée et la plus constructive possible, quel que soit le pays affecté mais, a poursuivi Mme IRINA SCHOULGIN NYONI (Suède), nous avons des réserves quant au format et l’opportunité de cette réunion. 

Pour la Suède comme pour l’Union européenne, les droits de l’homme sont une question essentielle des relations avec la République islamique d’Iran.  Le droit de réunion pacifique et la liberté d’expression doivent être respectés, en Iran comme dans n’importe quel autre pays.  Les revendications avancées par les manifestants doivent être entendues et les questions soulevées doivent être résolues par le dialogue, en tant que partie intégrante du processus démocratique. 

La représentante a d’ailleurs noté que le Président iranien a réaffirmé le droit de son peuple à manifester pacifiquement.  Elle a dit attendre des autorités iraniennes qu’elles répondent aux manifestants conformément à leurs obligations, en vertu des droits de l’homme.  Dans ce cadre, a souligné la représentante, le dialogue avec l’Iran est de la plus haute importance. 

La Suède, a confié la représentante, a discuté avec les autorités iraniennes des derniers évènements et dans la franchise et le respect, elle a dit clairement qu’elle attend de tous qu’ils s’abstiennent d’un recours excessif et disproportionné de la force et qu’ils respectent la liberté d’expression, y compris l’accès à Internet. 

Les violations des droits de l’homme, a conclu la représentante, doivent être séparées du Plan d’action global commun que la Suède et l’Union européenne appuient fermement.  Il est crucial que le Plan continue d’être mis en œuvre, a souligné la représentante, parce qu’il garantit la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien et contribue à la stabilité de la région et au-delà.  Le Plan contribue aussi énormément au renforcement de l’architecture mondiale de non-prolifération.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas), après avoir rappelé l’origine des protestations antigouvernementales en Iran, a souhaité que la situation se stabilise.  Le représentant a appelé toutes les parties à s’abstenir de toute violence.  Il a appelé le Gouvernement iranien à lancer un processus complet de reddition de comptes qui devrait s’occuper de tous les cas graves de violation des droits de l’homme, y compris ceux impliquant le système judiciaire et les forces de l’ordre iraniens. 

S’agissant du respect des droits de l’homme, le représentant a salué les déclarations du Président iranien concernant la légitimité de la protestation pacifique dans le pays.  S’agissant toutefois des restrictions de l’accès à Internet des militants des droits à la liberté d’expression, d’opinion, d’association et de réunion pacifique, M. van Oosterom a exhorté la République islamique d’Iran à y mettre fin.  

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est dit profondément préoccupée par les tragiques pertes en vies humaines en République islamique d’Iran.  La représentante a appelé toutes les parties à s’abstenir de toute violence et à exercer le maximum de retenue.  Elle a ajouté que l’Iran était doté d’une société dynamique avec une jeunesse vibrante qui demande à être entendue. 

La Pologne, a dit la déléguée, encourage toutes les parties à participer à un dialogue pacifique qui serait la voie idéale pour faire face aux défis de la société iranienne.  Inquiète des tensions croissantes dans la région, la représentante polonaise a indiqué que l’Iran avait le potentiel de jouer un rôle constructif et de contribuer à la stabilité et la sécurité régionales.

C’est ainsi qu’elle a invité les autorités iraniennes et les autres pays de la région à la désescalade des tensions et d’éviter toute action qui pourrait contribuer à la violence, au sectarisme et à la polarisation.

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUE (Côte d’Ivoire) s’est réjoui de l’évolution positive de la situation sur le terrain et a espéré que cette tendance se poursuivra dans l’intérêt bien compris du peuple iranien.  Il a appelé le Gouvernement et les manifestants à poursuivre dans cette voie en vue de la résolution pacifique des problèmes à l’origine de la présente situation.  

Il a notamment espéré que des initiatives diligentes seront prises par les autorités iraniennes en vue de ramener le calme et la sérénité au sein de la population, afin de pouvoir poursuivre par la concertation les réformes devant aboutir au développement du pays.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a reconnu le droit de manifester des citoyens, soulignant que les manifestations devaient être l’expression pacifique du peuple et réglementées par le droit.  Il a relevé que la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran n’était pas inscrite à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, celle-ci ne constituant pas une menace à la paix et à la sécurité internationales.

Il a estimé que les questions liées aux droits de l’homme devaient être abordées par les organes compétents, en l’occurrence le Conseil des droits de l’homme et la Troisième Commission de l’Assemblée générale, et ce dans le respect du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un pays. 

Le représentant a appelé à trouver une solution pacifique aux différends par l’intermédiaire du dialogue.  Un dialogue franc et sans exclusive est la seule façon de régler la question iranienne et il revient aux Iraniens de trouver eux-mêmes des solutions à leurs problèmes, a-t-il affirmé.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a douté de la pertinence, pour le Conseil de sécurité, d’aborder des questions liées aux droits de l’homme, remarquant que cela risque de saper l’unité de l’organe à une époque où tant de questions appellent à une coopération accrue des membres du Conseil, à commencer par la question du Moyen-Orient.  

Il s’est dit convaincu qu’aucun effort ne doit être ménagé pour permettre à la République islamique d’Iran de contribuer à la paix et à la sécurité internationales.

M. WU HAITAO (Chine) a espéré que les pays de la région travailleront de conserve avec la communauté internationale pour trouver des solutions pour préserver la paix, la stabilité et le développement.  Évoquant les points chauds de la région, il a appelé les parties à promouvoir le dialogue, exhortant par ailleurs à lutter contre le terrorisme en s’attaquant notamment à ses causes profondes et à respecter la Charte des Nations Unies à commencer par le principe d’intégrité territoriale.

Après avoir plaidé pour la reprise du dialogue pour trouver une solution à la question palestinienne et à identifier une solution politique à la situation en Syrie, le représentant de la Chine a constaté que le Conseil de sécurité n’était pas mandaté pour débattre de la situation interne d’un pays, notant en outre que la situation en Iran ne menace pas la paix et la sécurité internationales.  L’examen, par le Conseil, de la situation dans ce pays, ne permettra pas de trouver une solution à ses problèmes internes, a-t-il estimé.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré qu’il n’avait compté présenter ses salutations au Président du Conseil de sécurité et aux six nouveaux membres élus que le 9 janvier, mais « nous y sommes forcés dès aujourd’hui par les États-Unis ».  Ceux-ci font, selon lui, un « mauvais usage » du Conseil de sécurité, dans la mesure où le thème retenu, « qui relève des affaires internes d’un pays », ne correspond pas au mandat du Conseil et viole l’Article 34 de la Charte des Nations Unies, lequel prévoit que cet organe « peut enquêter sur tout différend ou toute situation qui pourrait entraîner un désaccord entre nations ou engendrer un différend, afin de déterminer si la prolongation de ce différend ou de cette situation semble devoir menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales ». 

M. Nebenzia s’est interrogé sur les raisons d’une telle décision de la part de Washington alors que la situation sur le terrain se normalise.  « On a l’impression qu’il existe chez les États-Unis une allergie insurmontable à l’encontre de la République islamique d’Iran qu’il est impossible d’expliquer rationnellement », a ironisé le représentant. 

« Vous gaspillez l’énergie du Conseil de sécurité au lieu de la mettre au service du règlement de crises urgentes dans le monde entier », a-t-il tranché.  « À ce compte-là, pourquoi ne pas avoir convoqué de séance pour discuter de la répression du mouvement Occupy Wall Street? », s’est demandé le délégué.  « Pourquoi ne pas avoir convoqué une séance à chaque fois que des manifestations massives se déroulent dans un pays occidental? » 

En raison de très nombreuses violations des principes fondamentaux du droit international au cours des dernières décennies, des crises majeures ont éclaté au Moyen-Orient, en Libye, en Syrie ou encore au Yémen, s’est désolé M. Nebenzia, qui a dénoncé le « caractère nocif de l’ingénierie politique visant à transformer les pays et les peuples ».  La conséquence fut l’émergence de l’extrémisme violent et de la radicalisation, a-t-il analysé.

La véritable nature de la convocation de cette réunion, ce ne sont pas les droits de l’homme, mais un effort concerté pour « détruire » le Plan d’action global commun.  Une tentative que le représentant a considérée comme « inacceptable », alors que l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) confirme le plein respect par l’Iran de ses obligations en vertu de cet accord. 

Au lieu d’essayer d’impliquer le Conseil de sécurité dans les affaires internes d’un pays, il serait préférable que les membres concernés appuient les initiatives en faveur d’un dialogue régional, comme celle initiée par la Russie dans le golfe Persique. 

« Je veux croire qu’il n’y aura plus de séance comme celle d’aujourd’hui et que le Conseil de sécurité se consacrera aux tâches que lui confie la Charte », a conclu M. Nebenzia.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a déploré les pertes de vies en Iran, tout en estimant que la situation interne dans ce pays ne relevait pas du mandat du Conseil de sécurité.  Il a appelé à préserver la stabilité dans le monde, au Moyen-Orient notamment, en prévenant les nouveaux foyers de tensions et toute escalade de la violence.  

Le délégué a engagé la République islamique d’Iran à rétablir la confiance et le respect mutuel au sein de sa société.  Constatant que la situation dans le pays retournait à la normale, il a espéré qu’une résolution pacifique serait trouvée sur la base de la tolérance et du respect du peuple.

Il a ensuite appelé la communauté internationale à maintenir son appui au Plan d’action global commun.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a déploré les pertes de vies en Iran, tout en estimant que la situation interne dans ce pays ne relevait pas du mandat du Conseil de sécurité.  Il a appelé à préserver la stabilité dans le monde, au Moyen-Orient notamment, en prévenant les nouveaux foyers de tensions et toute escalade de la violence.  

Le délégué a engagé la République islamique d’Iran à rétablir la confiance et le respect mutuel au sein de sa société.  Constatant que la situation dans le pays retournait à la normale, il a espéré qu’une résolution pacifique serait trouvée sur la base de la tolérance et du respect du peuple.

Il a ensuite appelé la communauté internationale à maintenir son appui au Plan d’action global commun.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a déclaré que l’effort des États-Unis pour faire inscrire à l’ordre du jour du Conseil de sécurité la question des manifestations en Iran « par certains de nos citoyens exprimant des griefs légitimes » constitue un abus de pouvoir en tant que membre permanent et un abus du Conseil lui-même.  « Celui-ci se discrédite en se saisissant d’une question de nature purement intérieure alors qu’il échoue lamentablement à lever le doigt face à des questions légitimes, comme l’occupation du territoire palestinien et les bombardements aveugles du Yémen depuis trois ans », a constaté M. Khoshroo, en considérant que l’« approche obstructionniste » des États-Unis est à l’origine de cette situation.  

« Ceci n’est rien d’autre qu’une fuite en avant désespérée de l’Administration américaine, qui a perdu toute once d’autorité morale, politique et juridique et de crédibilité aux yeux du monde entier », a-t-il déclaré.

« Au moment où les États-Unis accusent l’Iran de ‘supprimer’ des manifestations, on ne peut qu’avoir le souffle coupé devant une telle hypocrisie quand on regarde les images des manifestants d’Occupy Wall Street battus et traînés par des policiers américains, de la Garde nationale en train de tirer sur des étudiants pacifiques de Kent State University ou des rassemblements devant la Convention nationale du Parti démocrate en 1968 », a observé le délégué. 

Nous avons des preuves de la violence perpétrée en Iran par une poignée de manifestants, dans certains cas résultant dans la mort de policiers et de membres des forces de sécurité, « une violence très clairement guidée depuis l’étranger », a assuré M. Khoshroo.  Ces éléments violents ont fait, selon lui, surface dans les rassemblements dès vendredi dernier, au moment où ceux-ci prenaient forme. 

« À ce stade, les mains de ces éléments extérieurs, y compris des instigateurs basés aux États-Unis et en Europe, ont commencé d’être visibles: une incitation à la violence consistant à encourager et à entraîner les manifestants à la préparation de cocktails Molotov, à s’emparer d’armureries et à préparer des insurrections armées », a-t-il souligné.  Un résident américain aurait d’après lui ordonné sur les réseaux sociaux l’assassinat de 120 membres des forces de sécurité iraniennes, et appelé à l’incendie de mosquées et de commissariats de police. 

« Le Président Trump et d’autres politiciens américains se sont joints à Daech et à ses bailleurs de fonds dans notre région pour inciter ouvertement à la violence », a poursuivi le délégué, qui s’en est ensuite pris à « l’historique de propos ignorants et belliqueux » qu’aurait tenus la Représentante permanente des États-Unis auprès des Nations Unies à l’encontre de son pays.  

Il a estimé que c’est plutôt son pays qui est en position de demander une enquête sur la manière dont des éléments étrangers ont pu, en toute impunité, encourager et soutenir des troubles publics et des violences dans une nation souveraine.  

Pour sa délégation, la libre circulation de l’information a également propagé une vague d’informations mensongères, contre lesquelles de nombreux pays ont estimé qu’il faut se protéger.  Il a cité l’exemple de la France, qui s’est mobilisée pour lutter contre toute tentative de déstabilisation par des chaînes de télévision sous le contrôle de puissances étrangères ou influencées par elles. 

« Ces mesures ne sont pas simplement nécessaires pour lutter contre les informations mensongères, les émeutiers et l’interférence électorale, mais de façon plus importante contre les terroristes, dont Daech.  Ce combat n’est pas à somme nulle: nous le gagnerons ensemble, ou nous le perdrons ensemble », a conclu M. Khoshroo.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.